Post on 02-Aug-2020
-‐ J'en ai marre, je crie en shootant dans les cailloux de la route. Je ne veux plus aller à l'école!
Je n'arrive pas à me défendre: je suis trop petit, trop maigre, et peut-‐être pas assez courageux. Quand Guillaume s'avance vers moi avec la mine gourmande du chat qui a vu une souris, je deviens tout raide, comme paralysé. Je ne me sauve pas, il en serait trop content. Je serre les dents, les poings, j'attends qu'il ait fini. Et j'essaie de ne pas pleurer.
Ce soir, j'ai du mal. Heureusement que je suis presque à la maison. C'est pas juste, pourquoi Guillaume m' a-‐t-‐il choisi, moi? Je ne suis pas le seul petit de la classe, mais les autres lui font des sourires et des courbettes pour avoir la paix. C'est écœurant. Si j'avais un copain grand et fort, jamais Guillaume n'oserait me toucher.
-‐ Tu n'as qu'à t'en trouver un, dit une voix dans ma tête.
On dirait que la maîtresse est aveugle. Elle ne voit pas que Guillaume cherche tous les prétextes pour m'agresser. Non seulement elle l'a mis à côté de moi hier, juste avant le contrôle de calcul, mais ce matin, en lui rendant son cahier, elle a averti:
-‐ La prochaine fois, tu éviteras de copier sur ton voisin.
-‐ Sale mouchard, m'a craché Guillaume, t'es encore allé te plaindre!
Ce n'est pas mon genre et je ne m'étais même pas aperçu qu'il avait triché. Mais ça ne change rien, ce soir à la sortie il m'attendait avec Sélim. Nous étions trop près de l'école pour qu'ils osent me frapper. Ils m'ont balancé de l'un à l'autre comme un vieux sac en me traitant de tas de noms humiliants et ils ont craché par terre en s'en allant.
1. Si j’avais un copain grand et fort
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Si j’avais un copain grand et fort
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A la récréation de trois heures, Jonathan file à l'autre bout de la cour.
C'est un mauvais plan. Plus il sera isolé, loin des maîtresses, plus Sélim le harcèlera. Ça ne rate pas. En quelques enjambées, Sélim l'a rattrapé, entraînant Nicolas et Fred pour avoir des spectateurs. Jonathan ne tiendra pas le coup, je ne peux pas le laisser seul.
-‐ Alors, la chochotte, tu te caches? lance Sélim.
-‐ Laisse-‐moi tranquille, proteste Jonathan, les larmes aux yeux.
-‐ Le bébé pleure avant qu'on le touche. Il va finir par appeler sa mère, vous verrez.
-‐ Sélim, tu es dégueulasse!
Je ne sais comment j'ai fait, mais c'est moi qui ai dit ça.
-‐ Le petit David se rebiffe, rigole Sélim.
-‐ Tu t'attaques toujours aux plus faibles qui n'ont personne pour les défendre, comme un vrai lâche. La chochotte, c'est toi!
Je suis si furieux que je ne vois ni ses poings brandis ni ses yeux qui jettent des éclairs.
-‐ Toi et Guillaume, vous êtes pareils, des sales types qui profitent de leur force ou de celle de leurs frères.
Nicolas et Fred reculent prudemment, en nous laissant face à face.
Mais nous ne sommes pas longtemps seuls, Guillaume a entendu son nom, je l'ai crié assez fort.
-‐ Qu' est-‐ce que tu as dit? menace-‐t-‐il.
-‐ Que tu es un lâche! C'est toujours mes affaires que tu casses parce que je suis moins fort que toi, et maintenant vous allez vous attaquer à Jonathan qui est encore plus petit. Vous ne prenez pas de risque, vous êtes sûrs de gagner. Eh bien moi, j'en ai marre, je vais le raconter partout, et si tu veux me faire taire, je me battrai, même si je dois perdre!
2. Cà suffit !
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Je suis trop en colère pour avoir peur. Fred et Nicolas approuvent de la tête et, autour d'eux, Brice, Carine, Fatiah et plusieurs autres sourient de plaisir. Je crois que Joe, derrière eux, applaudit.
Guillaume n'en revient pas. Tous ces mots sont sortis de moi comme un torrent, je n'aurais pas pu les retenir.
-‐ Sale chouchou, gronde Guillaume, tu profites de la protection de la maîtresse!
Il nous tourne le dos et s'en va en ricanant avec Sélim.
-‐ T'en fais pas, Jonathan, dis-‐je quand ils se sont éloignés, Sélim tout seul n'est pas très dangereux. Quant à Guillaume, il a peur qu'on écrive à son père. S'il te cherche, tu t'arranges pour que les maîtresses le voient. il se calmera.
-‐ Tu es un vrai copain, David. Tu sais, entre nous, Jonathan ça fait trop sérieux. Tu pourrais m'appeler Jo?
Depuis ce jour, Guillaume et Sélim ont choisi de nous ignorer.
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