Post on 08-Aug-2020
« Panorama des politiquesde jeunesse en France »
Patricia Loncle – septembre 2010
Plan de l’intervention
Introduction Qu’est-ce que la jeunesse pour les politiques
publiques ? Quelles interventions publiques? Quelles mises en œuvre? Conclusion : les enjeux actuels de l’intervention
publique en direction des jeunes
Introduction Un intérêt accru des pouvoirs publics de tous les échelons de
décision en faveur de ce public Par ordre chronologique de la mise sur agenda récente
Collectivités territoriales Territoires de projet Instances européennes Etat
Une mise à l’agenda qui « dit » la nature politique duproblème public à traiter
Une multiplication des actions ciblant spécifiquement lajeunesse
Ces actions conduisent-elles à la constructionde politiques éducatives locales de jeunesse?
Des éléments positifs L’ouverture du jeu d’acteurs, de tous les niveaux de
décision La culture croissante du partenariat, de l’approche
transversale Les relations privilégiées des établissements scolaires
avec un certain nombre d’acteurs de terrain de différentsdomaines d’intervention
Des éléments moins favorables Le système d’éducation français reste très hiérarchisé et
centralisé Problème de cohérence d’ensemble des actions menées à
la fois nationalement et localement
Quelles explications possibles del’intérêt accru des pouvoirs publics ?
Des éléments structurels Problèmes liés à la situation économique et au
chômage des jeunes Des jeunes plus exposés que les autres catégories de
population au risque de chômage ( ~ 25 % de chômage) et à lapauvreté
Risque accentué en période de crise économique
Problèmes liés au vieillissement des sociétéseuropéennes Impératifs de financement des politiques sociales Société vieillissante qui éprouve des difficultés à comprendre
les jeunes, leurs pratiques et comportements
Des éléments relatifs aux contenus de l’actionpublique
La jeunesse, son utilisation métonymique pour lesdécideurs
Idée de faire passer la partie pour le tout La jeunesse est dynamique = en m’intéressant à elle je
suis dynamique moi-même = cela légitime monintervention
La jeunesse apparaît donc particulièrement légitime
La jeunesse, intervention parée des traitsstructurels de l’action publique en Europeaujourd’hui
Individualisation des interventions
Sanitarisation des questions sociales Souci de réduction des coûts de l’action publique
I. Qu’est-ce que la jeunesse pour lespolitiques publiques?
Trois figures principales d’intervention Jeunesse ressource
À mobiliser au bénéfice de la société dans son ensemble Symbole de dynamisme et d’avenir
fêtes de la jeunesse, construction européenne, citoyenneté… Jeunesse à protéger
Idée proposer des dispositifs spécifiques Apprentissage, promotion de la santé, réduction des risques
Idée de développer des droits renforcés monde du travail (heures supplémentaires, travail de nuit) Protection de l’enfance
Jeunesse menace pour l’ordre public Une jeunesse vécue comme prompte à la rébellion, à la remise
en cause des valeurs établies Éducation surveillée, répression de la délinquance
Au-delà de la coexistence de ces trois figures Des valences particulières
Dans le temps En période de conflit armé, de besoin d’affirmation
démocratique… Jeunesse ressource dominante
En période d’affrontements sociaux, de tensions internes Jeunesse menace dominante
En période de crise économique et sociale Jeunesse à protéger dominante
Dans l’espace Des perceptions différentes en fonction des pays, des
territoires Institutions européennes et pays scandinaves Jeunesse comme ressource Pays libéraux Jeunesse comme menace (au moins comme
potentiellement dépendante)
Une construction sociale de catégoriesévolutives Des âges différents en fonction
Des dispositifs, des niveaux d’intervention, des pays Des formulations de problèmes publics contrastées
en fonction Des valeurs, des ressources, de la connaissance, de
l’histoire, des problématiques qui touchent la jeunesse Des mises à l’agenda variées en fonction
Des priorités politiques, de la sensibilité à telle ou tellequestion, des influences jouées par telle ou telle catégoried’acteurs
II. Quelles interventions publiques?
Pourquoi les jeunes?Légitimité renforcée de cette catégorie
d’intervention publique Des territoires autonomes ayant besoin d’affirmer leur
identité et leur légitimité Ex : pays, communautés de communes, Europe, Régions
Jeunesse « captive » des institutions éducatives Une intervention publique plus facile à déployer en
direction de publics « captifs » Ex du champ de la prévention Des jeunes pas forcément plus exposés que les autres
catégories de la population mais Faciles à atteindre
Alcool Suicide
Action facile à légitimer
A. Ensemble des échelons de décision aujourd’huiconcernés
Approche ancienne de la jeunesse dans les territoires Communes et départements
Depuis la fin du 19ème siècle Des actions associatives et publiques de plus ou moins grande
envergure en fonction des territoires Objectifs
Lutte contre la pauvreté Lutte contre les mauvaises mœurs Hygiénisme
Délégation de pouvoir plus ou moins importante au secteur associatif Evolution progressive vers plus d’institutionnalisation et de
professionnalisation Réglementation croissante Organisation des diplômes professionnels Neutralisation des batailles idéologiques entre confessionnels et
laïcs
Aujourd’hui en charge de nombreux domaines d’intervention Communes
Socio-culturel Loisirs de proximité Equipements sportifs et culturels
Départements Fonds d’aide aux jeunes Aide sociale à l’enfance Education spécialisée
Des projets de politiques de jeunesse nettement affirmés, uneexpertise croissante
Documents cadres présentant les enjeux territoriaux et lesvaleurs d’intervention
Elus possédant des délégations jeunesse ou clairement enréférence
Services jeunesse, mission jeunesse
Approche nouvelle de la jeunesse Europe, Régions, Intercommunalités
Des espaces plus récemment mobilisés en direction desjeunes
Se mobilisent avec des méthodes différentes Mainstreaming Méthode de coordination ouverte
Des entrées thématiques nouvelles Agenda 21, développement durable
Réflexion sur les intercessions territoriales, la subsidiaritédes territoires
Europe >Etat > région Agglomérations >communes
Deux exemples : Youth partnership et Agglomérationrennaise
Ex 1 : Site du youth partnership
http://youth-partnership.coe.int/youth-partnership/
Ex 2 : Politique jeunesse del’agglomération rennaise Peu de compétences communautaires a priori Entrée par la formulation de l’Agenda 21 de l’agglomération Deux idées fédératives
La jeunesse participe au développement durable Les communes, hors la ville centre, sont peu à même de proposer des
services hors « socioculturel » Transport Accès à l’emploi Culture
Travail bâti sur le principe du mainstreaming Initiatives en matière de transport en commun de nuit, en matière
d’environnement, de logement étudiant Problèmes
Pour les élus des communes comment garder les jeunes dans leur territoire? Comment les faire se sentir partie prenante de ce territoire?
Le retour de l’Etat?
Historiquement, un acteur faible de l’intervention en directiondes jeunes
Des préoccupations sectorielles Autonomie des jeunes
( feu le ) Haut commissariat à la jeunesse Livre vert Fonds d’expérimentation
Commission jeunesse au Sénat Santé des jeunes
Plan santé des jeunes du Ministère de la santé Projet de loi HPST (feu la ) Défenseure des enfants
Quid des réorganisations de l’administration jeunesse et sports? Notamment des liens avec la cohésion sociale
B. Des domaines d’intervention enévolution
Raisons de la grande sensibilité au changement évolution générale des politiques publiques contenu très idéologique de l’intervention faiblesse des moyens qui obligent les acteurs de
terrain à une quête constante de financements etdonc à « épouser » les nouvelles valeursd’intervention
faible aspect réglementaire de ces politiques
Des politiques d’éducation au cœur dusystème
Politiques centrales pour Qualifier les jeunes, les socialiser
Néanmoins, un certain nombre de questions Disqualification partielle du diplôme qui tout en restant
essentiel ne garantit plus une entrée aisée sur le marché dutravail
Une pression à la qualification qui reste très forte en Francepar rapport à d’autres pays européens
Mais dont la légitimité ne semble plus totalement acquise Un accroissement des inégalités sociales face à
l’éducation?
Des politiques d’éducation au cœur du système(suite)
Un système d’apprentissage très linéaire qui ne permet pasbeaucoup d’essais/erreurs Qui laisse peu de place pour les « hésitations » adolescentes Et qui correspond peu aux trajectoires d’accès contemporaines à
l’âge adulte (trajectoires yoyo) Une survalorisation des filières générales vis-à-vis des filières
professionnelles Alors qu’une ouverture des possibilités de formation serait
souhaitable pour de nombreux jeunes Le système le plus centralisé d’Europe Une réponse dans la promotion des politiques éducatives
locales? Mais avec quels leviers?
Les autres domaines d’intervention endirection de la jeunesse
Le socioculturel largement organisé Un domaine systématisé progressivement à partir des années 60 Héritage des traditions d’éducation populaire et des patronages Une réponse souvent connexe à d’autres problèmes
Le travail salarié des femmes > couvrir le temps libre des enfants etadolescents
Assurer la paix sociale dans les quartiers urbanisés > «blousons noirs »
Aujourd’hui, prise en charge quasi systématique, même dans lespetites communes
Une question sociale toujours centrale ? A partir du début des années 80 : croissance des
préoccupations sociales à l’égard des jeunes Chômage en très fort développement Délinquance dans les banlieues
Des réponses multiples : Missions locales, ZEP, politiques de la ville, opérations anti-
été chaud, conseils communaux de prévention de ladélinquance
Approche globale, transversale, territoriale et collective A partir du milieu des années 90 : baisse d’influence de
cette dimension au niveau étatique Retrait progressif de l’Etat Individualisation du traitement des populations Mouvement de sanitarisation du social
3 préoccupations croissantes L’appel à la participation
Raisons : les jeunes votent peu et se défient de la classe politique
En particulier les jeunes les plus en difficulté se mobilisent dans le secteur associatif mais dans les
associations locales à fonctionnement horizontal De ce fait, les autorités publiques multiplient les
Conseils locaux de jeunes Limites
Initiatives formelles Faible représentativité des jeunes concernés Budgets exsangues Thématiques de consultation étroites Statut généralement consultatif Faible prise en compte des recommandations des jeunes
La répression de la délinquance Un phénomène ancien mais qui prend de l’ampleur depuis une
décennie Organisé par l’Etat
Système de répression renforcé, surveillance plus organisée Programmes d’action des préfets en région
Repris par les collectivités locales Institutionnalisé par la loi de mars 2007 sur le traitement de la
délinquance
Cible prioritaire : les jeunes issus de l’immigration Résultat d’une double évolution
L’individualisation des problèmes sociaux Une société vieillissante, encline à se protéger
La santé Un phénomène ré-émergent (préoccupations hygiénistes de
la fin du 19è) Rappel : 85% des jeunes en bonne santé Jeunes : les cibles principales des politiques de prévention,
notamment locales Des jeunes sur exposés aux risques? Des jeunes captifs des messages de prévention? Expériences multiples : maisons de l’adolescence, réseaux
locaux de prévention et de promotion de la santé, PAEJ,prévention des conduites de consommation à risque…
La jeunesse, part à la fois précieuse et dangereuse de lapopulation, soumise à une injonction de préserver son «capital santé »
III. Quelles mises en œuvre? Des politiques essentiellement contractuelles
Dans de nombreux domaines, les dispositifs reçoivent desfinancements divers Santé, social, emploi, prévention de la délinquance… Ex : missions locales pour l’emploi des jeunes Financement :
Communes Agglomérations Conseils généraux Conseils régionaux Etat Europe
Conséquences Une action publique complexe Imposant une constante recherche de fonds Posant largement la question du leadership des décideurs
Faiblesse des conceptions D’une manière générale, un cadre d’intervention qui
reste flou sur les valeurs et les objectifs qui guidentl’action publique
Ou bien cadre fixé au niveau micro Problème également pour penser
l’articulation des compétences des différents échelonsd’intervention
et plus globalement les intercessions territoriales
Conséquences Des objectifs flous pour les opérateurs (ce qui n’est pas
toujours une mauvaise chose) Des objectifs parfois discordants, voire contradictoires
Faiblesse des moyens Moyens financiers limités
pour les actions menées par les nouveaux échelonsquand elles s’appuient sur le mainstreaming et la MOC
pour le secteur associatif, en butte à une baisse drastiquedes financements publics
pour les institutions de la jeunesse et des sports quisubissent fortement la RGPP Fermeture de l’INJEP et des CREPS
Moyens humains peu stabilisés Des professionnels largement précaires
Nombreux accès à la profession sans diplôme reconnu,contrats à durée déterminée, temps incomplets
Avec des référentiels professionnels non stabilisés Dans le secteur de l’animation socioculturelle Mais aussi dans les nouveaux métiers
Animateurs de prévention Animateurs territoriaux
Inégalités de mise en œuvre Exemple du Fonds d’aide aux jeunes
Etude comparative en 2007 sur 6départements français
Disparités multiples Budgétaires Règlements intérieurs Critères d’attribution Intégration à la politique jeunesse des
départements
Conclusion : les enjeux actuels des politiques dejeunesse En dépit de la mise à l’agenda plus systématique de la
jeunesse Deux écueils majeurs
Les dangers de la « table rase » Disparition possible du secteur de l’éducation populaire
Depuis toujours, le lieu de formulation des cadres cognitifs del’intervention en direction de la jeunesse
Le vivier d’opérateurs de terrain, de connaissance des jeunes endifficulté ou à accompagner
Refonte sans visibilité de l’administration déconcentréejeunesse et sports Disparition des lieux de formation, possiblement des lieux de
définition des enjeux politiques Une spécificité susceptible de demeurer dans les directions
régionales de la cohésion sociale?
Les dangers de la mise en avant des figuresnégatives de la jeunesseJeunesse menace, jeunesse à protéger
Stigmatisation dommageable des jeunes qui sesentent exclus de la société française
Quelles garanties pour le dialogue à venir entreles générations?
Jeunes français les plus pessimistes d’Europe
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40
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POadultes
POjeunes
Fjeunes
UKjeunes
UKadultes
Ijeunes
Iadultes
RUjeunes
Fadultes
EUjeunes
EUadultes
FINjeunes
GERadultes
SPjeunes
RUadultes
GERjeunes
USjeunes
ESjeunes
SWjeunes
USadultes
SPadultes
ESadultes
Finadultes
SWadultes
DKjeunes
NOjeunes
NOadultes
DKadultes
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appartenance
confiance
Sentiment d’appartenance et de confiance dans les autres
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15
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0 10 20 30 40 50 60 70
Chine
Russie
Inde
Norvège
Estonie
Danemark
Finlande
Etats-Unis
Royaume-Uni
Suède
Taïwan
Italie
Allemagne
Pologne
Espagne
Japon
France
Êtes vous prêts à payer pour les gens âgés?
Dans ce contexte, quels rôles possibles despolitiques éducatives locales? Permettraient de travailler
À une mise en cohérence des interventions autour de lafonction centrale d’intégration que joue l’école
À un renforcement de l’accompagnement global des jeunesdans leurs parcours éducatifs
Le maillage et les intercessions dans les interventions et depallier d’éventuelles contradictions entre objectifs depolitiques publiques
À une évolution des perceptions de la jeunesse parl’interconnaissance des acteurs