Post on 30-Jul-2020
PANORAMA DE PRESSE
09/06/2015 12h16
CCE SNCF - Quotidien
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE(12 articles)
mardi 9 juin 2015
Grèce : Berlin, Paris et Washington veulent un accord rapide(745 mots)
Parallèlement au G7, le ministre des Finances grec Yánis Varoufákis a rencontré,à Berlin, son homologue allemand, Wolfgan…
Page 7
mardi 9 juin 2015
Loi Macron : la tentation de plus en plus plausible du 49.3(598 mots)
C'est leur premier test post-congrès. Le premier cas pratique pour la direction duParti socialiste, qui a voulu afficher l…
Page 9
mardi 9 juin 2015
Neuf points de crispation sur la loi Macron (1196 mots)
C'est reparti pour un tour. Après l'échec – prévisible – de la commission mixteparitaire, la commission spéciale de l'Asse…
Page 10
mardi 9 juin 2015
Le gouvernement à la peine sur le plan en faveur des PME(508 mots)
DEPUIS DES ANNÉES, elles se vivent comme les « grandes oubliées » de lapolitique économique. Les TPE-PME sont pourtant le poumon de…
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mardi 9 juin 2015
« Plafonner les indemnités prud'homales est inacceptable »(151 mots)
« Introduire un plafonnement des indemnités prud'homales pour faciliter l'emploiserait contre-productif et moralement ina…
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mardi 9 juin 2015
Laurent Berger Secrétaire général de la CFDT (281 mots)
L'ACTION DU GOUVERNEMENT POUR LES PME /TPE : « Je n'attends qu'unechose : qu'on ne fa…
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mardi 9 juin 2015
Pierre Gattaz : « Il y a une réelle peur d'embaucher »(1474 mots)
Pierre Gattaz appelle à rendre les entreprises plus compétitives sur le marchémondial afin de relancer la croissance. …
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mardi 9 juin 2015
Le prélèvement à la source attendra 2018, au mieux (867 mots)
Régulièrement évoquée depuis trente ans, promise en 2012 par FrançoisHollande, oubliée puis relancée fin mai par le chef …
Page 17
mardi 9 juin 2015
Le système de retraites reste loin de l'équilibre financier(617 mots)
Le compte n'y est pas. Selon les projections actualisées du Conseil d'orientationdes retr…
Page 19
mardi 9 juin 2015
Le déficit de la Sécurité sociale sera un peu moins élevé queprévu en 2015 malgré un contexte dégradé (658 mots)
Depuis le début de l'année, la Sécurité sociale accumule les bonnes nouvelles. Enmars, le…
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mardi 9 juin 2015
Des milliards d'euros sur le dos des plus modestes (601 mots)
« La sécurité des Français ne se discute pas », mais leur « logement » et leur« santé », si. Voilà en résumé l'échelle des …
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mardi 9 juin 2015
Les élus du personnel en première ligne face aux risquespsychosociaux (549 mots)
Ils sont aux avant-postes de la lutte contre les risques psychosociaux dans lesentreprises et en sont aussi les grands oubliés… Les élus d…
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AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE(1 article)
mardi 9 juin 2015
Les services publics locaux font cause commune à Guéret(957 mots)
ÀGuéret (Creuse), le week-end prochain, les services publics feront causecommune en convergeant dans une manifestation nat…
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TRANSPORT FERROVIAIRE(5 articles)
mardi 9 juin 2015
Le TGV Tours-Bordeaux enfin sur les rails ? (446 mots)
PLUS DE TRAINS sur la future ligne TGV Tours-Bordeaux, mais pas forcémentautant que les élus le souhaiteraient. Voilà en substance …
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mardi 9 juin 2015
Des sièges qui pivotent dans le sens de la marche en premièreclasse à partir de 2017 (126 mots)
La SNCF entend faire de la ligne inaugurée en 2017 une vitrine de la qualité deson offre TGV. La compagnie fera circuler sur ces Paris-Bor…
Page 29
mardi 9 juin 2015
Les entreprises peinent à recourir au transport ferroviaire(752 mots)
Euro Cargo Rail, une filiale de Deutsche Bahn, fait partie des compagnies qui ontsu profiter de l'ouver…
Page 30
mardi 9 juin 2015
Les petites compagnies prêtes à relever le défi (535 mots)
A l'image des « short lines » américaines, plusieurs initiatives ont en Franceabouti à la création d'opérateurs ferroviaires de proximité …
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mardi 9 juin 2015
Le port de Bayonne mise sur le train (571 mots)
Actif sur les deux berges de l'estuaire de l'Adour, le port de Bayonne a commevoisine immédiate, depuis 1854, la voie ferrée Paris-Bordeau…
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INDUSTRIE FERROVIAIRE(1 article)
mardi 9 juin 2015
Alstom : Le groupe veut participer à la consolidation del'industrie ferroviaire au niveau mondial, et étudiera toutes lesopportunités d'acquisition, a indiqué M. Henri POUPART-LAFARGE, président d'A (208 mots)
Alstom : Le groupe veut participer à la consolidation de l'industrie ferroviaire auniveau mondial, et étudiera toutes les …
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TRANSPORT URBAIN ET MOBILITÉ(6 articles)
mardi 9 juin 2015
Le requin Vortex croque le transport public des enfantshandicapés (1909 mots)
Le récit de Morada, recrutée en 2011 pour l'agence Vortex de Lyon (Rhône),résume l'étendue des dégâts : « Je travaille à p…
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mardi 9 juin 2015
Vortex Mobilité, c'est plus de 40 millions d'euros de chiffred'affaires annuel, 17 (655 mots)
Vortex Mobilité, c'est plus de 40 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, 17agences dans toute la France, plus de 2…
Page 40
mardi 9 juin 2015
Mais où sont passés les agents du métro ? (394 mots)
STATION Châtelet-les Halles (Paris I er), un lundi matin. Planté devant ledistributeur automatique de tickets de métro,…
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mardi 9 juin 2015
Uber lance un défi aux taxis… et à l'État (998 mots)
ANALYSE Bertille Bayart £@BertilleBayart L'ambiance éta…Page 42
mardi 9 juin 2015
Moins de patrouilles chez Cofiroute (494 mots)
Les Ulis (Essonne) LES « PETITS HOMMES JAUNES » voient rouge. Les agentsroutiers de Cofiroute, fili…
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mardi 9 juin 2015
Mme Elisabeth BORNE, présidente-directrice générale de laRATP, est nommée présidente du conseil de surveillance deSystra (232 mots)
Mme Elisabeth BORNE, ingénieure générale des ponts, des eaux et des forêts,présidente-directrice générale de la RATP, est …
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TRANSPORT FLUVIAL ET MARITIME(2 articles)
mardi 9 juin 2015
Eurotunnel solde son aventure dans les ferries (598 mots)
En 2012, DFDS avait d'ailleurs été candidat à la reprise des navires de l'ex-SeaFrance, en alliance avec l'armateur frança…
Page 47
mardi 9 juin 2015
Deux nouveaux candidats en piste pour reprendre la SNCM(876 mots)
« Si on reporte à septembre, ce sera la liquidation ! » CHRISTIAN GARIN, EX-PRÉSIDENT DU PORT DE MARSEILLE …
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TRANSPORT AÉRIEN(2 articles)
mardi 9 juin 2015
Lufthansa ouvre un nouveau front sur les coûts de distributionet attaque les agences de voyages (610 mots)
Lufthansa a jeté un gros pavé dans la mare, le 2 juin dernier. Le numéro un dutransport aérien européen a surpris tout le monde en décidan…
Page 50
mardi 9 juin 2015
Le transport aérien redoute le retour des surcapacités et de laguerre des prix (684 mots)
Entre des cours du pétrole toujours très bas, une demande mondiale toujours enhausse et d…
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VIE ECONOMIQUE ETSOCIALE
6
Grèce : Berlin, Paris et Washington veulent un accord rapideLes pays du G7 veulent limiter les menaces sur la reprise et poussent pour une solution rapide dudossier grec.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 8745 mots
MONDE—MULTILATÉRAL
Parallèlement au G7, le ministre
des Finances grec Yánis Varoufá-
kis a rencontré, à Berlin, son ho-
mologue allemand, Wolfgang
Schäuble.
L'Europe et les Etats-Unis ont profité
de la réunion du G7 pour appeler à
une solution rapide du dossier grec,
mais tous n'ont pas exactement les
mêmes attentes. « Si nous affirmons
tous, les Grecs, les Européens, que la
Grèce doit rester dans la zone euro,
il faut aller à un bon rythme vers la
conclusion d'un accord » pour lever
les incertitudes sur la conjoncture et
éviter des spéculations, a averti lundi
François Hollande, qui devrait ren-
contrer le Premier ministre grec
Aléxis Tsípras mercredi à Bruxelles
avec Angela Merkel, en marge d'un
sommet entre l'Union européenne et
les pays d'Amérique latine. « I l
convient qu'il y ait rapidement,
quand je dis rapidement, c'est quand
même là dans les heures ou les jours
qui viennent, des discussions tech-
niques pour qu'il y ait un rapproche-
ment et que les propositions qui ne
peuvent pas être acceptées du côté
grec soient remplacées par des solu-
tions alternatives », a ajouté le pré-
sident, semblant ouvrir la voie à un
compromis.
« Entretien constructif »
La situation « nécessite des décisions
difficiles… pour toutes les parties
concernées », a ajouté le président
américain Barack Obama, appelant à
des « choix politiques difficiles »
pour la Grèce mais poussant aussi les
acteurs internationaux à reconnaître
le défi extraordinaire auquel elle est
confrontée. Un message à Berlin et
au Fonds monétaire international
(FMI), qui plaident pour une ligne
dure. « La solidarité des Européens et
du FMI exige que la Grèce prenne des
mesures et fasse des propositions », a
déclaré Angela Merkel, affirmant que
tous les membres du G7 souhaitaient
le maintien de l'intégrité de la zone
euro. « Il ne reste pas beaucoup de
temps », a-t-elle ajouté. Exsangue,
Athènes doit rembourser 1,6 milliard
d'euros au FMI fin juin mais doit
s'accorder d'ici là avec le Fonds, la
Commission européenne et la
Banque centrale européenne pour re-
cevoir 7,2 milliards. Ces déclarations
interviennent après qu'Aléxis Tsípras
eut jugé « absurdes » les propositions
présentées par les créanciers
d'Athènes à l'issue d'un mini-som-
met à Berlin. Cette réaction avait
suscité la frustration de ses parte-
naires européens, dont le président
de la Commission, Jean-Claude Jun-
cker, jugé pourtant favorable à un
compromis. « On est ouvert à pas mal
de solutions, mais on attend de voir
des propositions réalistes, indiquent
des sources proches du FMI. Tant
qu'on est dans des postures, on est
coincé. » Le fonds ne veut pas mettre
en cause sa crédibilité en accordant
des concessions trop larges.
Parallèlement au G7, le ministre des
Finances grec Yánis Varoufákis a ren-
contré, à Berlin, son homologue al-
lemand, Wolfgang Schäuble.
« L'entretien des deux ministres a été
ouvert et constructif », a fait savoir
ce dernier. « Il est temps que nous
arrêtions de nous accuser mutuelle-
ment, et il est temps que nous fas-
sions notre travail […] pour parvenir
à un accord », a dit Yánis Varoufákis.
Parallèlement au G7, le ministre des Fi-nances grec Yánis Varoufákis a rencon-tré, à Berlin, son homologue allemand,Wolfgang Schäuble. Photo : Photo Mi-
chael Sahn/AP/Sipa
Les négociateurs réussiront-ils à te-
nir les délais ? François Hollande es-
père un accord mi-juin, qui permet-
trait au Bundestag de donner son feu
vert, selon la loi allemande. Dans le
pire des cas, le Parlement allemand
pourrait aussi le faire lors de sa der-
nière session régulière avant la ren-
trée de septembre, entre le 29 juin et
le 3 juillet. Pour hâter un compromis,
la possibilité est évoquée d'accorder
à la Grèce une extension de son plan
d'aides afin de lui donner plus de
marge de manoeuvre, selon plusieurs
sources. Le « Wall Street Journal »
mentionne le report à mars 2016
comme ayant été proposé par les
créanciers. « Une extension, c'est
dans un coin de la tête de tout le
monde. Ce serait une façon d'aider
Tsípras à faire accepter un accord et
des réformes difficiles », expliquait la
semaine dernière un officiel euro-
péen de haut rang. La Grèce pourrait
↑ 7
alors puiser dans les 10,9 milliards du
fonds réservé aux banques (« Les
Echos » du 3 juin).
Bureau de Bruxelles et T. M. ■
par Renaud Honoré
Tous droits réservés Les Echos 2015
B37F45D05DCaD10CB06C51263B0061DD40F0737886EB7BBBF52541E
Parution : Quotidienne
Diffusion : 125 172 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 8
Loi Macron : la tentation de plus en plus plausible du 49.3
N° 10591mardi 9 juin 2015
Page 7598 mots
NONE
C 'est leur premier test post-
congrès. Le premier cas pra-
tique pour la direction du Parti socia-
liste, qui a voulu afficher l'unité re-
trouvée à Poitiers et claironné que la
ligne du parti a été tranchée par le
vote des militants… Quatre mois
après son adoption à marche forcée
en première lecture, la loi Macron est
de nouveau examinée par la commis-
sion spéciale de l'Assemblée natio-
nale, avant la discussion dans
l'hémicycle qui débutera le 16 juin.
L'exécutif a-t-il cette fois l'intention
de parlementer avec la frange la plus
critique des socialistes pour s'assurer
une majorité ? Ou est-il tenté de re-
courir une seconde fois à
l'article 49.3 de la Constitution pour
imposer le texte sans vote et éviter
de s'empêtrer dans des débats traî-
nant en longueur ?
Le scénario d'un nouveau passage en
force est de plus en plus plausible. Le
gouvernement montre qu'il est déci-
dé à ne pas traîner et qu'il ne
s'embarrassera pas de longues négo-
ciations avec les frondeurs. Ce week-
end, à Poitiers, Manuel Valls comme
Claude Bartolone l'ont clairement
laissé entendre. Le Premier ministre,
qui estime que « les choses ont déjà été
bien discutées en première lecture », ne
voit « pas de raison de revenir là-des-
sus », et a répété son intention d'« al-
ler vite ». Bref, la négociation avec les
socialistes qui, en février, s'étaient
montrés récalcitrants sur le texte,
n'est pas franchement bien engagée.
Et les mêmes blocages risquent de
produire les mêmes effets. Les fron-
deurs, opposés au volet sur
l'assouplissement du travail domini-
cal - devenu le point dur du texte -
, continuent, eux, de réclamer une
compensation financière pour les sa-
lariés qui travaillent le dimanche.
La direction du PS et le gouverne-
ment font valoir le résultat du vote
des militants socialistes, qui leur a
accordé une franche majorité à 60 %
des voix pour renvoyer les frondeurs
à leur statut minoritaire. Et arguer
qu'une fois la ligne définie, il n'y a
plus de concession à faire. « On ne
voit pas pourquoi le gouvernement lâ-
cherait juste après le congrès, alors que
les dégâts du 49.3 sont déjà là », opine
un député PS, chaud partisan de la loi
Macron.
Pour les frondeurs au contraire, le
congrès ne devrait pas couper court
à toute discussion. Pour un fin
connaisseur des arcanes socialistes,
cette fermeté affichée risque bien de
dissiper les bénéfices du congrès :
« Tout est apaisé. Cela ne sert à rien
de rouvrir des fronts et de relancer une
baston générale. Je leur ai dit : pour-
quoi vouloir rouvrir des cica-
trices ? »D'autant que les frondeurs et
l'aile gauche du PS ont voulu voir
dans la motion majoritaire signée par
l'intégralité des ministres une tonali-
té pas si « macroniste ».
« Ils vont utiliser le 49.3 alors qu'on de-
mande des choses qui sont dans la mo-
tion qu'ils ont signée », déplore le dé-
puté de Seine-Saint-Denis Mathieu
Hanotin. La fameuse phrase de la
motion A « nous sommes opposés à
une nouvelle extension du travail du di-
manche » n'a sans doute pas fini
d'être décortiquée. « Nouvelle exten-
sion », loi Macron comprise ?
L'ambiguïté de la formule de Jean-
Christophe Cambadélis avait été ci-
selée pour ça. ■
par L.eq. Et L.a.
Tous droits réservés Libération 2015
29731554528aEF02106F5CF6B702B17A4700817E86C773C1C7FB4ED
Parution : Quotidienne
Diffusion : 93 781 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 940 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 9
Neuf points de crispation sur la loi Macron
Le texte sur la croissance et l'activité revient en commission à l'Assemblée nationale àpartir du lundi 8 juin
mardi 9 juin 2015Page 11
1196 mots
FRANCE
C'est reparti pour un tour. Après
l'échec – prévisible – de la commis-
sion mixte paritaire, la commission
spéciale de l'Assemblée nationale a
repris, lundi 8 juin, l'examen du pro-
jet de loi sur la croissance et l'activité
– dit « loi Macron » –, dont la dis-
cussion en séance débutera mardi 16
juin. Même si le gouvernement et les
rapporteurs du texte à l'Assemblée
s'appliquent à souligner « la qualité
du travail du Sénat », pour
l'essentiel, c'est le retour à la version
issue de l'Assemblée en première lec-
ture qui devrait prévaloir. Le gouver-
nement a cependant l'intention
d'introduire de nouvelles disposi-
tions en intégrant dans le texte une
partie des mesures en faveur des PME
et TPE, qui devraient être dévoilées
mardi par le premier ministre. Tour
d'horizon des principaux points en
suspens.
Transport par autocar Le projet de loi
permet d'ouvrir des liaisons interur-
baines par autocar hors du cadre du
cabotage. Les autorisations seront
délivrées par une autorité organisa-
trice de transport (AOT) qui veillera
à ce que l'ouverture d'un service in-
terurbain, sur une distance inférieure
à 100 kilomètres pour l'Assemblée,
à 200 kilomètres pour le Sénat, ne
compromette pas l'équilibre écono-
mique d'un service public existant.
Concessions autoroutières L'autorité
de régulation des activités ferro-
viaires et routières, créée par le pro-
jet de loi, sera associée à la négocia-
tion des contrats de concession. Son
avis sera rendu public : il portera
notamment sur le champ des dé-
penses qui ne doivent pas être cou-
vertes par une augmentation des ta-
rifs, sur le taux de rentabilité et sur
l'impact pour les usagers. Les conces-
sionnaires seront assujettis, pour la
passation des marchés, à des règles
de publicité et de concurrence.
Permis de conduire L'organisation et
la surveillance des épreuves du per-
mis poids lourds pourraient être as-
surées par d'autres opérateurs que les
inspecteurs du permis de conduire,
fonctionnaires placés sous l'autorité
du ministère de l'intérieur. En cas
d'engorgement pour les épreuves du
permis B, l'Assemblée a prévu la pos-
sibilité de recourir à des agents pu-
blics ou contractuels comme exami-
nateurs de l'épreuve pratique. Le Sé-
nat l'a supprimée. Subsistent aussi,
sur ce point comme sur la libéralisa-
tion de voitures à double commande
et les heures de formation néces-
saires pour la présentation au per-
mis, des désaccords entre le ministre
de l'intérieur et celui de l'économie
qui devront être arbitrés en intermi-
nistériel.
Professions juridiques réglementées
Le texte initial prévoyait
l'instauration d'un « corridor tari-
faire », sous la forme d'une four-
chette comportant un maximum et
un minimum pour chaque prestation,
arrêtée conjointement par le mi-
nistre de la justice et le ministre de
l'économie. Les députés y ont substi-
tué une faculté de remise fortement
encadrée. Ils ont imposé aux profes-
sionnels l'affichage des tarifs et pré-
vu la création d'un fonds national de
péréquation interprofessionnel. Le
projet prévoit également de faciliter
la création de nouveaux offices en
délimitant des zones d'installation
libre. Les sénateurs ont largement ré-
écrit le texte en le vidant de sa sub-
stance. Le gouvernement, sur ce
point, reste ferme et entend revenir à
la version de l'Assemblée.
Actionnariat salarié et épargne sala-
riale Le projet de loi prévoit la mise
en place d'un régime fiscal et social
plus favorable. Les abattements pour
durée de détention pourraient per-
mettre de réduire sensiblement
l'imposition au moment du gain
d'acquisition. La contribution sala-
riale spécifique serait supprimée et la
contribution patronale abaissée. Le
coût est estimé à 200 millions
d'euros la première année et 125
millions les années suivantes. Le Sé-
nat y a ajouté des avantages fiscaux
étendus en faveur du dispositif « Ma-
delin » d'ISF-PME, que le gouverne-
ment juge non recevables.
Tribunaux de commerce Le projet de
loi prévoit la création de tribunaux de
commerce spécialisés (TCS), qui au-
raient compétence exclusive pour les
affaires importantes. Le texte initial
permettait de désigner un TCS pour
le ressort de plusieurs cours d'appel
pour aboutir à un nombre total de
huit ou neuf. Le Sénat a proposé la
création d'au moins un TCS dans
chaque cour d'appel, ce qui rendrait
↑ 10
possible la désignation d'une quaran-
taine. Le gouvernement devrait, dans
un amendement, proposer une im-
plantation sur une base régionale,
soit une quinzaine. Le seuil de sala-
riés déterminant le renvoi à un TCS
devrait être porté à 250 au niveau du
groupe.
Travail du dimanche La pierre
d'achoppement entre le gouverne-
ment et une partie de sa majorité. Le
texte institue des « zones touris-
tiques internationales » (ZTI), qui
bénéficient de nouvelles dérogations
pour le travail du dimanche et en soi-
rée pour les commerces qui y sont si-
tués, sous réserve d'un accord collec-
tif. Les « zones commerciales » se
substituent aux « périmètres d'usage
de consommation exceptionnel »,
créés par la loi Mallié de 2009. Le
nombre de dimanches du maire, ac-
tuellement de cinq, pourrait être por-
té à douze. Au-delà de cinq, la dé-
cision devra être prise au niveau de
l'intercommunalité.
Dans tous les cas, le projet repose sur
le principe « pas d'accord, pas
d'ouverture ». Mais il ne fixe pas, en
dehors des ZTI, de seuil de compen-
sation salariale, ce que réclament les
« frondeurs » du PS. Mardi 2 juin,
devant le groupe socialiste, le mi-
nistre de l'économie s'était dit « ou-
vert à des propositions, à condition
qu'elles restent dans l'esprit du texte
et qu'elles ne pénalisent pas les petites
entreprises ». Le Sénat, quant à lui,
a dispensé les petits commerces de
contreparties, a introduit la possibi-
lité de passer outre l'obligation d'un
accord collectif et a élargi l'ouverture
dominicale aux magasins de biens
culturels comme la FNAC. Ces dis-
positions seront expurgées à
l'Assemblée.
Droit d'information des salariés Le
Sénat a restreint le nouveau droit
pour les salariés, entré en vigueur le
1er novembre 2014 dans le cadre de
la loi sur l'économie sociale et soli-
daire, dans les entreprises de moins
de 250 salariés, d'être informés
lorsque le chef d'entreprise a la vo-
lonté de vendre son entreprise. Le
gouvernement devrait s'appuyer sur
les conclusions du rapport de la dé-
putée (PS) de l'Hérault Fanny
Dombre-Coste pour « ajuster » le
dispositif législatif.
Prud'hommes Le projet de loi prévoit
déjà une « barémisation » des in-
demnités en cas de condamnation de
l'employeur. Le premier ministre de-
vrait annoncer, mardi, un dispositif
de plancher et de plafonnement de
ces indemnités, « afin de donner plus
de lisibilité ».
Patrick Roger■
Tous droits réservés Le Monde 2015
F87CF5FF582a230600A152F67F06212A40B0147C36C376F88497DA5
Parution : Quotidienne
Diffusion : 273 111 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 2 174 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 11
Le gouvernement à la peine sur le plan en faveur des PME
Emploi. Les mesures qui seront dévoilées ce matin visent à aider les PME. La réforme laplus attendue, sur le CDI, est abandonnée. Tour d’horizon des autres mesures en vue.
mardi 9 juin 2015Édition(s) : Paris, Oise, Seine et Marne Sud, Seine et Marne Nord,
Yvelines…Page 8
508 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
D EPUIS DES ANNÉES, elles se
vivent comme les « grandes
oubliées » de la politique écono-
mique. Les TPE-PME sont pourtant le
poumon de la création d’emplois en
France, ce sont donc elles qu’il faut
aider, répètent leurs représentants à
longueur d’entrevues. La loi Macron
— revenue hier à l’Assemblée — ne
leur a pas fait la part assez belle. Ni la
loi sur le dialogue social de François
Rebsamen, qu’elles accusent de les
asphyxier. Conscient de ces re-
proches, François Hollande entend
réparer cet oubli, et faire aujourd’hui
quelques concessions : le chef de
l’Etat réunit en effet ce matin un
Conseil des ministres restreint tout
entier consacré à leur cause. Une
quinzaine de mesures devraient être
annoncées. Les deux plus attendues
concernent le plafonnement des in-
demnités versées par les
prud’hommes, en cas de licencie-
ment abusif, et une possible harmo-
nisation des seuils légaux qui dé-
clenchent les obligations des entre-
prises.
Avant même que ce plan ne soit dé-
voilé, il y a déjà de nombreux déçus.
Car la révolution du contrat de tra-
vail, une réforme réclamée de longue
date, n’aura pas lieu. « Il y a trop
d’effervescence autour de ce sujet »,
faisait valoir il y a quelques jours un
des fidèles de Hollande.
Le Premier ministre, Manuel Valls,
qui a reçu un par un tous les parte-
naires sociaux il y a une semaine, leur
a déjà fait passer le mot à cette oc-
casion. « C’était la seule grande me-
sure attendue », confie un respon-
sable d’une grande entreprise. En
guise de compensation, le gouverne-
ment doit néanmoins trouver des
mesures fortes.
Selon le journal « les Echos » d’hier,
le Premier ministre devrait remettre
sur la table la question des seuils so-
ciaux, qui déclenchent des obliga-
tions multiples et variées pour
l’employeur à partir d’un certain
nombre de salariés (versement d’une
prime transport, allègement de
charges, etc.). Ce sujet sensible avait
en effet été évacué de la loi Rebsa-
men pour cause de trop forte bronca.
Pour harmoniser ces seuils, dont cer-
tains sont effectifs à partir de 9 sala-
riés, d’autres à partir de 10 et de 11,
le gouvernement pourrait décider de
les fondre en un seul, ramené à 11 sa-
lariés. L’autre grande mesure, qui
était encore au stade des derniers ar-
bitrages hier soir, vise à encadrer les
dommages et intérêts versés par les
prud’hommes, via un montant pla-
fond (jusqu’à 18 mois) et un plancher
(2, 3 ou 4 mois minimum) obliga-
toires. Là encore, les difficultés de
« faisabilité juridique » ne sont pas
minces (voir nos éditions d’hier).
« Chaque cas est unique. Sans comp-
ter les effets pervers d’une telle me-
sure, qui pourrait globalement ren-
chérir le coût pour les entreprises »,
prévient cet expert auprès des tribu-
naux de prud’hommes. L’équation
est donc ardue. D’autres pistes,
comme la réglementation sur les dé-
lais de paiement des donneurs
d’ordre aux sous-traitants, sont en
débat. L’objectif est de « prendre des
décisions de portée immédiate », fait
savoir Matignon. Les derniers arbi-
trages devaient être pris dans la soi-
rée.■
Lannion (Côtes-d’Armor), hier. Le ministrede l’Economie, Emmanuel Macron (à
gauche), dont la loi est revenue hier àl’Assemblée, a visité un site de
l’entreprise de télécoms Alcatel-Lucent.(AFP/Fred Tanneau.)
par Catherine Gasté
Tous droits réservés Le Parisien 2015
5778d5da541a2307f0075536790521dc4a40947ea678704b2cf2c3d
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Audience : 2 451 000 lect. - © AudiPresse One 2013/2014↑ 12
PAROLES PHILIPPE LOUIS, PRÉSIDENT DE LA CFTC
« Plafonner les indemnités prud'homales est inacceptable »Philippe Louis, président de la CFTC
mardi 9 juin 2015Page 3
151 mots
EVÉNEMENT—EVENEMENT ÉCONOMIE
« Introduire un plafonnement des
indemnités prud'homales pour faci-
liter l'emploi serait contre-productif
et moralement inacceptable. Ces
sommes peuvent atteindre deux ans
de salaire. Je peux comprendre
qu'elles puissent fragiliser des petites
entreprises. Mais il existe déjà des
modulations, notamment pour les
entreprises de moins de 11 salariés.
Cette mesure reviendrait à donner un
prix au licenciement et constituerait
un mauvais signal envoyé aux chefs
d'entreprise qui n'auraient plus qu'à
se demander : suis-je prêt à le payer
pour me débarrasser d'untel ?
Cela facilitera les licenciements de
confort. Les entreprises ont une obli-
gation morale envers leurs salariés et
doivent tout faire pour les garder. In-
diquer à l'avance le coût d'un licen-
ciement est donc injustifiable. C'est
une question de principe. » ■
par Recueilli Par Séverin Husson
Tous droits réservés La Croix 2015
D677D5CF5EFa630B30045E867F09014E4A70BB7D16ED789289E9EDC
Parution : Quotidienne
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Laurent Berger Secrétaire général de la CFDT
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 38281 mots
CRIBLE—L'INVITÉ DES ECHOS
L'ACTION DU GOUVERNEMENT
POUR LES PME /TPE : « Je n'attends
qu'une chose : qu'on ne fasse pas
porter la difficulté de la reprise sur le
dos des salariés ou des représentants
des salariés. J'ai un peu de doute sur
la capacité du gouvernement à regar-
der la situation des PME en face. Je
pense qu'il faut regarder les ques-
tions économiques et pas simple-
ment les questions sociales. La faci-
lité est de dire que puisqu'il y a trop
de protection pour les salariés, il suf-
fit de réduire ces protections et les
entreprises embaucheront. Ca ne
marche pas comme ça. La flexibilité,
elle existe, la question, c'est com-
ment aider les entreprises à embau-
cher. »
LA SIMPLIFICATION ADMINISTRA-
TIVE : « On peut faire de la simpli-
fication administrative sans toucher
au coeur de notre modèle social.
Notre modèle social est celui d'un sa-
larié qui donne de sa force de travail,
qui est rémunéré en conséquence,
avec un contrat de travail qui doit
être le plus stable possible et une
protection sociale. Ce n'est quand
même pas révolutionnaire ! »
L'INFLUENCE DU FN DANS LES EN-
TREPRISES : « Le Front national a
une certaine audience auprès des sa-
lariés et n'hésite pas à être à la porte
des entreprises quand elles vont mal
pour faire des propositions. Nous
avons un rôle d'éducation populaire
à avoir, pour expliquer en quoi le FN
porte des valeurs qui sont une im-
passe pour le vivre-ensemble, mais
aussi une impasse économique et so-
ciale. »
L'intégralité de l'émission sur lese-
chos.fr/invitedesechos ■
par Pascal Pogam
Tous droits réservés Les Echos 2015
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Pierre Gattaz : « Il y a une réelle peur d'embaucher »
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 41474 mots
FRANCE—ENTREPRISES
Pierre Gattaz appelle à rendre les
entreprises plus compétitives sur
le marché mondial afin de relan-
cer la croissance.
Question : Après le congrès du PS,
craignez-vous que la ligne réforma-
trice de Manuel Valls ne s'émousse ?
Je ne me sens pas concerné par les
petites phrases échangées lors du
congrès du Parti socialiste. Aucune
organisation patronale n'a fait autant
pour l'emploi que nous. Entre notre
initiative baptisée « Beau travail » sur
les métiers en tension, notre soutien
à la candidature de la France pour les
Olympiades des métiers, le Tour de
France de l'emploi que nous organi-
sons en juillet, la campagne sur la
formation professionnelle et
l'Université du numérique que nous
lançons demain, nous agissons
concrètement pour l'emploi, et pour
notre pays. Mais on ne peut pas tout
faire tout seul. Restaurer la confiance
des investisseurs, rendre nos entre-
prises plus compétitives, ça c'est du
ressort du gouvernement.
Question : Il est question de revenir
sur le pacte de responsabilité. Cela
vous inquiète ?
J'ai un peu peur de tout ce que l'on
entend, mais ces attaques contre le
pacte ne sont pas crédibles. Nous
avons réuni tous les mois nos
branches professionnelles pour les
mobiliser et les inciter à signer des
accords sur l'emploi. Aujourd'hui,
nous avons 8 millions de salariés
couverts par un accord sur les 12 mil-
lions de salariés qui travaillent dans
les entreprises adhérentes au Medef.
Alors que les entreprises ont reçu à
fin 2014 seulement 6 milliards sur les
40 milliards du pacte, nous avons de
notre côté été sur le terrain bien au-
delà dans nos engagements. Quant
aux créations d'emplois, elles ne
peuvent venir que dans un second
temps.
Question : Avec une enveloppe
constante, seriez-vous prêt tout de
même à des ajustements du pacte ?
On a eu de nombreuses discussions
sur le pacte au sein du patronat. Un
consensus a pu être trouvé avec diffi-
culté. Alors n'ouvrons pas à nouveau
la boîte de Pandore. La confiance,
c'est de respecter le pacte, sa trajec-
toire, son calendrier. Il y aurait un
grave problème de cohérence entre
les discours et les actes si ce n'était
pas le cas.
Question : Et votre engagement de
créer 1 million d'emplois ?
Créer 1 million d'emplois d'ici à cinq
ans si on lève tous les freins à
l'embauche que nous avons identifiés
il y a déjà plusieurs mois, c'est tout
à fait possible. Cela ferait baisser le
chômage de 10 % à 8 %. Et si la crois-
sance repart vraiment dès cette an-
née, ce n'est pas 1 mais 2 millions
d'emplois nets que nous pourrions
créer d'ici à cinq ans. Tous nos voi-
sins ont réussi à le faire, alors pour-
quoi pas nous ? Mais, pour cela, il
faut vraiment engager des réformes
et pas simplement attendre.
Question : Qu'attendez-vous des an-
nonces du gouvernement aujourd'hui
sur les PME et TPE ?
Nous sommes, avec ce rendez-vous
et avec la fin de l'examen parlemen-
taire des lois Macron et Rebsamen,
dans une séquence cruciale. Je le ré-
pète, il y a une réelle peur
d'embaucher en France. Je vois des
centaines de patrons de terrain
toutes les semaines, et tous me le
disent : ils sont effrayés par les
conséquences d'une embauche si cela
se passe mal. Pour un artisan, un
contentieux autour d'un licencie-
ment coûte au final, avec les frais
d'avocat, de 30.000 à 50.000 euros de
sa poche. Il le fait une fois, mais pas
deux ! C'est pourquoi la création d'un
barème obligatoire aux prud'hommes
avec un plafond est essentielle. Les
Pays-Bas viennent d'ailleurs de le
faire. Cela ne réglera pas tout, mais
cela permettra de réduire l'insécurité
juridique et de donner de la visibilité.
Question : Où fixer ce plafond ?
Nous verrons, mais pour éviter de re-
créer des seuils, il faut un seul pla-
fond pour toutes les entreprises,
quelle que soit leur taille. Mais cela
ne suffira pas. Il faut aussi régler le
problème du flux d'affaires qui ar-
rivent aux prud'hommes. C'est une
question cruciale. D'où notre propo-
sition de créer un CDI sécurisé, pré-
voyant des causes prédéfinies de rup-
ture en cas de chute de l'activité.
Question : Mais le gouvernement ex-
clut de toucher au contrat de tra-
vail…
Et bien on passera encore à côté
d'une belle opportunité ! C'est le su-
jet fondamental pour le pays : la
flexibilité du marché du travail. Ce
↑ 15
diagnostic est établi depuis des an-
nées, tous les économistes et orga-
nismes internationaux le disent. Il
faut créer des CDI sécurisés, assou-
plir le recours au CDD ou encore fa-
ciliter l'accès des chômeurs de longue
durée aux contrats de professionnali-
sation. Nous avons besoin d'un chan-
gement culturel profond. Il faut sor-
tir du cercle infernal « suspicion,
contraintes, contrôles, sanctions »
qui régit le rapport aux entreprises
pour aller vers une culture de
confiance et d'incitation. L'exécutif
doit le comprendre et arrêter de nous
remettre tout le temps des
contraintes. Qu'il s'occupe plutôt de
réduire les dépenses publiques, qui
atteignent 57 % de notre PIB contre
44 % en Allemagne ! C'est une ques-
tion vitale et c'est cela qu'on attend
de lui.
Pierre Gattaz appelle à rendre les en-treprises plus compétitives sur le mar-ché mondial afin de relancer la crois-sance. Photo : Photo Miguel Medina /
AFP
Question : Avez-vous été surpris par
la tribune d'Arnaud Montebourg et
de Matthieu Pigasse dans « Le Jour-
nal du dimanche » ?
Là où je suis d'accord avec eux, c'est
qu'il ne faut pas se contenter
d'attendre la croissance, il faut la gé-
nérer. Mais la relancer par la
consommation est une mauvaise op-
tion. Cela profiterait d'abord aux en-
treprises étrangères qui vendent
leurs produits en France. Pour relan-
cer la croissance, il faut d'abord
rendre nos entreprises plus compé-
titives pour qu'elles s'adressent au
marché mondial, qui est le vrai relais
de croissance. Et le meilleur pouvoir
d'achat pour les Français, c'est
d'avoir un emploi. Je rejoins aussi Ar-
naud Montebourg sur la nécessité de
baisser les impôts des ménages, mais
il faut aller au bout de la logique en
baissant d'abord la dépense publique.
Question : Le gouvernement vous
propose une nouvelle grande confé-
rence sociale à l'automne. Etes-vous
preneur ?
Je ne suis pas sûr que ce genre de
rendez-vous serve à grand-chose, à
moins qu'il y ait des décisions fortes
au bout du compte. C'est ce qui
s'était produit au début du quinquen-
nat, avec le rapport Gallois et le cré-
dit d'impôt compétitivité et emploi
dans la foulée, puis le pacte. Mais,
aujourd'hui, il y a beaucoup de débats
stériles et peu de décisions. Il y a un
moment où il faut atterrir, avec un
chef qui décide et qui agit.
Question : Vous ne croyez plus au
dialogue social…
Je suis pour le dialogue social, et
nous avons d'ailleurs trouvé des ac-
cords importants, que ce soit sur
l'emploi, la formation ou l'Unédic.
Quand on peut avancer, on avance.
Mais je vois aussi que les partenaires
sociaux referment les sujets majeurs
les uns après les autres, et cela
m'attriste. Sur le contrat de travail et
la flexisécurité, sur les 35 heures,
c'est non à tout.
Question : Le prélèvement à la
source de l'impôt est-il bienvenu, du
point de vue des entreprises ?
C'est une bonne idée à terme, et une
très mauvaise idée sur le court terme.
Un tel projet va ajouter de la com-
plexité et un stress supplémentaire
aux entreprises, à qui l'on demande-
rait de prélever l'impôt. Commen-
çons par simplifier la fiscalité, en
supprimant des niches, en abaissant
les taux et en généralisant les « flat
tax » pour la lisibilité et la simplicité,
sinon le projet risque à nouveau de
générer une usine à gaz.
Question : La croissance de
l'économie française vous paraît-elle
solide ?
Je vois deux mondes, celui des
grandes entreprises et des ETI expor-
tatrices qui profitent d'un contexte
porteur, et celui des PME qui
n'exportent pas et qui restent scot-
chées. Ma grande peur, c'est que la
croissance, même à 1,5 %, ne génère
pas d'emplois, et je veux lutter contre
un tel scénario en incitant nos élus à
faire les réformes nécessaires et ur-
gentes. ■
par Marie Bellan, Etienne Lefebvre,
Derek Perrotte et Dominique Seux
Pierre Gattaz
Président du Medef
Tous droits réservés Les Echos 2015
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Parution : Quotidienne
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Audience : 560 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 16
Le prélèvement à la source attendra 2018, au mieuxConfirmant sa volonté de préparer le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, le gou-vernement ne prévoit toutefois pas d'opérer le basculement avant 2018. Au-delà des problèmestechniques à résoudre, l'exécutif souhaite éviter un tel bouleversement en pleine campagne élec-torale présidentielle.
mardi 9 juin 2015Page 5
867 mots
FRANCE—RUBRIQUE
R égulièrement évoquée depuis
trente ans, promise en 2012 par
François Hollande, oubliée puis re-
lancée fin mai par le chef de l'État,
exigée au dernier congrès du PS,
confirmée à la tribune ce week-end
par Manuel Valls, l'idée du prélève-
ment à la source devrait devenir réa-
lité. En théorie du moins, car le pas-
sage à la pratique risque de se faire
attendre encore un peu.
Alors que les contribuables des der-
niers départements ont jusqu'à ce
soir pour valider en ligne leur décla-
ration, il apparaît en effet de plus en
plus nettement que les Français de-
vront bel et bien renouveler
l'exercice les années suivantes. Le
gouvernement n'a en effet nulle en-
vie de se hâter pour lancer le grand
basculement vers le prélèvement à la
source. Interrogé sur France Inter,
Michel Sapin a confirmé que, si le
« processus » allait être engagé sans
tarder, il restait « totalement impos-
sible » d'envisager la mise en place
réelle du prélèvement à la source au
début de l'année prochaine et très
improbable qu'il puisse même voir le
jour pour 2017.
Bercy, où l'enthousiasme pour une
telle réforme n'a jamais été débor-
dant, assure en effet qu'un tel chan-
tier ne peut se réaliser que « progres-
sivement, par étapes et sur plusieurs
années ». Un délai incompressible
destiné à mettre en place de nou-
veaux outils informatiques et des
procédures de contrôle. Et nécessaire
pour solder les comptes de « l'année
blanche » en évitant soit la double
imposition du contribuable, soit un
risque de perte de recettes pour
l'État. « Les défenseurs du prélève-
ment à la source présentent cela
comme une simplification, mais dans
la réalité cela va être extrêmement
compliqué à mettre en place d'abord,
à gérer ensuite », précise Vincent
Drezet, responsable du syndicat Soli-
daires finances publiques.
Pour les plus farouches partisans
d'une mutation rapide, la réelle com-
plexité ne peut toutefois pas servir
d'alibi à la lenteur. Bien au contraire.
« C'est justement parce que cela va
prendre du temps qu'il faut commen-
cer tout de suite », insiste Marc Wolf.
Auteur d'un rapport sur le sujet pour
le club de réflexion Terra Nova, cet
ancien haut fonctionnaire de Bercy
juge possible et même nécessaire de
basculer « dès l'année prochaine »
vers le prélèvement à la source,
quitte à commencer par un système
« rustique ».
Au vu des décisions encore à prendre
et des délais à tenir, un basculement
semble difficilement envisageable
début 2016. Et si 2017 paraît plus réa-
liste, cette date se heurte à un autre
écueil. Politique, cette fois.
« L'instauration du prélèvement à la
source va mécaniquement faire bais-
ser le net à payer sur la feuille de
paye. Même si c'est pour une bonne
raison, on imagine l'émotion que cela
pourrait provoquer et
l'instrumentalisation qui en sera
faite. Faire cela en pleine présiden-
tielle paraît totalement irrespon-
sable », insiste Dominique Lefebvre,
député PS de la commission des fi-
nances, décidé à calmer les ardeurs
de ses camarades.
À l'Élysée, à Matignon ou à Bercy, nul
n'a évidemment envie de raviver le
« ras-le-bol fiscal », si dévastateur
lors des dernières élections locales.
« Les hausses d'impôt des années
précédentes ont créé une crispation
dans l'opinion. Il y a un risque que
toute réforme soit soupçonnée des
pires arrière-pensées », alerte un bon
connaisseur des débats fiscaux. Plu-
tôt que de se lancer dans un tel défi,
le gouvernement devrait donc se
contenter de lancer des mesures pré-
paratoires visant à montrer que le
chantier avance. Certains évoquent
ainsi une généralisation du prélève-
ment mensuel ou une obligation de
télédéclaration pour les plus gros
contribuables. Des petits pas d'ici à
2017 pour mieux reporter le grand
saut à 2018.
Le gouvernement se montre d'autant
plus prudent que le prélèvement à la
source a beau être populaire dans
l'opinion, il ne suscite pas de grand
élan. Chargé du projet pour Les Ré-
publicains, Éric Woerth juge que la
réforme « compte plus d'avantages
que d'inconvénients », mais recon-
↑ 17
naît la division de son parti sur la
question. À l'UDI, l'accueil est fran-
chement glacial. « C'est juste une di-
version car le gouvernement n'a ni
le courage ni la majorité pour faire
une vraie réforme remettant un peu
d'équité dans notre folie fiscale »,
fustige le député Charles de Courson.
Dans la majorité aussi, le consensus
apparaît fragile. Déjà, les frondeurs
exigent que la réforme serve de pre-
mier pas vers une fusion avec la CSG.
D'autres rêvent de relancer la ques-
tion du quotient familial, des niches
fiscales ou de l'imposition commune
des conjoints. Autant de rudes débats
que le gouvernement entend bien re-
pousser après 2017, vers des horizons
électoralement plus dégagés. ■
par Mathieu Castagnet
Tous droits réservés La Croix 2015
B475F5BF586a7200D03A5156CF0E914E4470017F065B701820D87C9
Parution : Quotidienne
Diffusion : 93 149 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2014
Audience : 480 000 lect. - © AudiPresse One 2014↑ 18
Le système de retraites reste loin de l'équilibre financierNouveau rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites.Le déficit des régimes atteindraencore 0,4 point de PIB en 2019-2020.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 2617 mots
FRANCE—PROTECTION SOCIALE
Le compte n'y est pas. Selon les
projections actualisées du Conseil
d'orientation des retraites (COR), le
besoin de financement de l'ensemble
des régimes de retraite s'établira en-
core à 0,4 % du PIB en 2019 et 2020,
autrement dit à pas loin de 10 mil-
liards d'euros. Le déséquilibre per-
dure en dépit des engagements des
gouvernements successifs, et alors
que la dernière réforme du régime
général n'a qu'un an et que celle de
2010 a repoussé de deux ans l'âge lé-
gal de la retraite. Selon l'avant-projet
de rapport annuel du COR que se
sont procuré « Les Echos », qui doit
être débattu demain, l'équilibre est
possible à plus long terme. Mais il
faudrait pour cela que la croissance
des revenus d'activité dépasse dura-
blement 1,5 % par an.
Dans son scénario central - même si
le Conseil ne privilégie aucun scéna-
rio parmi les 5 étudiés -, le COR es-
time que les retraites ne seront à
l'équilibre qu'au début des années
2030. A condition que les revenus
d'activité progressent de 1,5 % par an
et que le taux de chômage retombe à
4,5 % à cette échéance. Dans ce cas
de figure, « les déficits accumulés au
cours des quinze premières années
de projection n'étant pas entière-
ment couverts par les excédents des
dix années suivantes », les régimes
de retraite généreraient encore une
dette sur 25 ans, écrit le COR, mais
elle serait minime (0,1 point de PIB).
Avec un taux de chômage à 7 % à
moyen terme et des revenus
d'activité progressant moins vite (1,3
% par an), le besoin de financement
serait encore de 0,5 point de PIB en
2030, et même supérieur à 1 % de PIB
en 2040 si les revenus progressaient
de seulement 1 % par an. La dégra-
dation de l'emploi affecte, en effet,
moins le solde financier que la fai-
blesse des revenus d'activité, qui a un
effet cumulatif au fil du temps, ré-
sume le COR.
Celui-ci donne des clefs pour les ré-
formes à venir, nécessaires au vu des
besoins. Les partenaires sociaux qui
oeuvrent à redresser les régimes
complémentaires des salariés, Agirc
et Arrco, y seront sûrement attentifs.
Le montant des pensions moyennes
rapporté aux revenus d'activité n'a
cessé de croître ; mais, à partir de
2015, cette tendance s'inverse en rai-
son de l'indexation des droits à pen-
sion sur l'inflation. Les prix pro-
gressent moins vite que les salaires,
et l'écart grandit avec les années, par
accumulation. La situation relative
des retraités par rapport aux actifs,
si elle est favorable aujourd'hui, va
donc se dégrader durablement, un ar-
gument repris par les opposants à
une poursuite du gel des pensions.
Faible marge de
manoeuvre
Autre levier difficile à actionner : les
prélèvements (cotisations, contribu-
tions de l'Etat, etc.), qui ont crû ra-
pidement ces dernières années. Pour
un salarié du privé, le taux cumulé
de cotisation, censé ne pas dépasser
28 % du salaire brut selon la dernière
réforme, se stabiliserait à 27,5 % en
2017. La marge de manoeuvre est
donc faible. Enfin, l'âge effectif de
départ à la retraite dépassera 62 ans
en 2018 et 64 ans à la fin des années
2030, en vertu des mesures d'âge déjà
décidées. Pourtant, il n'y aura plus
que 1,4 cotisant pour un retraité à la
fin des années 2040. ■
par Solveig Godeluck
Tous droits réservés Les Echos 2015
B67C15B7535a250830855436340401EE4000E77DE6BE7D3C58AF615
Parution : Quotidienne
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Le déficit de la Sécurité sociale sera un peu moins élevé que prévu en 2015malgré un contexte dégradéLe déficit du régime général est désormais attendu à 9,5 milliards. Mais les comptes del'Assurance-maladie se dégradent.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 2658 mots
FRANCE—PROTECTION SOCIALE
Depuis le début de l'année, la
Sécurité sociale accumule les bonnes
nouvelles. En mars, le déficit du ré-
gime général pour 2014 a été révisé
à la baisse et arrêté à 9,7 milliards
d'euros, soit 2 milliards de moins que
prévu à l'automne. Hier, la Commis-
sion des comptes de la Sécurité so-
ciale (CCSS) a rendu son rapport, qui
conclut à un solde 2015 toujours très
négatif, à 9,5 milliards d'euros, mais
inférieur de 1 milliard d'euros à la loi
de financement de la Sécurité sociale
(LFSS) votée l'automne dernier.
« C'est la septième CCSS depuis 2012,
et c'est la première fois que les pré-
visions sont améliorées par rapport à
la réunion précédente ! » se réjouit-
on au ministère des Affaires sociales.
En avril, les prévisions macroécono-
miques ont pourtant été dégradées :
en 2015 l'inflation sera nulle et non
de 0,9 % et la progression de la masse
salariale se réduira à 1,3 % au lieu
des 2 % attendus. Cette aggravation
se voit dans les chiffres du Fonds de
solidarité vieillesse (FSV), qui prend
en charge les retraites des chômeurs
et qui accuse le coup de sept ans de
crise. Avec lui, les comptes de la Sé-
curité sociale s'améliorent seulement
de 100 millions d'une année à l'autre,
et de 400 millions par rapport à la
prévision de l'automne, à 13 milliards
d'euros.
Selon la Commission des comptes, la
révision des hypothèses macroéco-
nomiques va provoquer une moins-
value de recettes de 1,3 milliard en
2015. Elle sera toutefois atténuée par
la non-revalorisation des prestations
du fait de l'inflation nulle et par la ré-
vision à la hausse de la masse sala-
riale du secteur public et de l'assiette
des travailleurs indépendants.
L'amélioration de la prévision de dé-
ficit s'explique aussi par les
meilleures recettes observées fin
2014, qui auront un effet sur 2015.
Et surtout par 1 milliard d'économies
supplémentaires annoncées en avril.
Dans ce milliard, il y a notamment
425 millions non consommés dans le
cadre des dépenses de santé (Ondam)
en 2014, 250 millions de réduction
des frais de gestion administrative,
225 millions ponctionnés sur les
fonds d'action sociale des caisses du
régime général (moindres dépenses
que prévu pour les crèches), etc.
Baisse des recettes
L'amélioration est patente pour la
branche vieillesse, avec un déficit
prévisionnel de la Cnav en 2015 de
800 millions au lieu de 1,5 milliard
attendu à l'automne. La branche fa-
mille devrait aussi accuser un trou de
2 milliards au lieu de 2,3 milliards. Ce
n'est pas un effet de la modulation
des allocations familiales, qui devrait
rapporter 400 millions d'euros cette
année, et dont l'effet avait déjà été
anticipé.
Il y a cependant un point noir :
l'Assurance-maladie. Son déficit se
dégrade de 300 millions d'euros par
rapport aux prévisions de l'automne,
et de 700 millions comparés à 2014,
à 7,2 milliards d'euros. « Les objectifs
sont tenus et même révisés à la
baisse du côté des dépenses,
rétorque-t-on au ministère, ce sont
les recettes qui pèchent, du fait d'une
inflation moins importante que pré-
vu. » Mais le respect de l'objectif de
dépenses s'annonce plus compliqué
cette année. D'abord parce qu'il est
plus ambitieux, ensuite parce que des
fonds précédemment gelés ont déjà
été utilisés. ■
par S.g.
Tous droits réservés Les Echos 2015
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Parution : Quotidienne
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PRÉCARITÉ
Des milliards d'euros sur le dos des plus modestesLe Collectif des associations unies appelle à un rassemblement devant Bercy, ce mardi à 14 h 30,pour refuser les économies envisagées par le gouvernement sur le logement et la santé.
mardi 9 juin 2015Page 14
601 mots
SOCIÉTÉ
« La sécurité des Français ne se
discute pas », mais leur « logement »
et leur « santé », si. Voilà en résumé
l'échelle des priorités qu'avait fixée,
le 30 avril dernier, Michel Sapin, jus-
tifiant la rallonge budgétaire de 3,8
milliards d'euros obtenue la veille par
le ministère de la Défense. « Il y a des
économies possibles sur le logement,
sans remettre en cause ni les solida-
rités ni le soutien au secteur du bâ-
timent. Dans le domaine de la san-
té, nous pouvons arriver à diminuer
l'augmentation des coûts. Oui,
l'année prochaine, il y aura un effort
d'économies sur l'assurance mala-
die », avait prévenu le ministre des
Finances.
C'est pour s'opposer à cette logique
qui pourrait faire « basculer de plus
en plus de personnes dans
l'exclusion » que le Collectif des as-
sociations unies a décidé de se mo-
biliser ce mardi, à 14 h 30, devant
les fenêtres du même Michel Sapin,
à Bercy. « Sacrifier le logement et la
santé au profit des dépenses mili-
taires n'est pas acceptable », résume
Florent Gueguen, le directeur général
de la Fédération nationale des asso-
ciations d'accueil et de réinsertion
sociale (Fnars).
Principal budget dans le viseur de
Bercy : les aides personnelles au lo-
gement (17 milliards d'euros), les fa-
meuses APL, accusées (un peu trop
rapidement) d'être à l'origine de la
hausse des loyers. Plutôt que de
mettre en place l'encadrement pro-
mis de ces derniers, qui aurait aidé
concrètement ménages modestes et
classes moyennes, Manuel Valls avait
préféré enterrer le dispositif en août
dernier. Le gouvernement cherche-
rait désormais à récupérer « 1 à 2 mil-
liards d'euros » sur le budget des APL.
« Si cela entraînait effectivement une
baisse des loyers, à la limite, on pour-
rait l'entendre. Mais on sait que cela
ne sera pas le cas. Cela ne fera
qu'améliorer un peu les comptes de
l'état et plomber ceux des plus mo-
destes », analyse Romain Biessy, de
la Confédération syndicale des fa-
milles.
Les associations affirment ne pas être
opposées à une réforme des APL.
Mais une réforme qui ne se conten-
terait pas du seul objectif comptable.
« Il faut revenir à l'aide à la pierre,
car il est plus judicieux d'aider à
construire que d'aider les familles à
payer leur loyer », plaide ainsi
l'Union des familles laïques (Ufal),
qui souligne qu'« on n'a jamais aussi
peu construit en France depuis vingt
ans ». Pour la Fondation Abbé-Pierre,
« c'est en produisant du logement ac-
cessible financièrement et en enca-
drant les loyers privés que l'état
pourra, à terme, faire des économies.
Pas en s'attaquant aux pauvres ».
Des attaques qui ne se limitent pas
qu'au portefeuille. « Si nous mobili-
sons, c'est aussi contre la stigmati-
sation rampante des plus précaires,
poursuit Florent Gueguen, contre ce
discours, de plus en plus relayé par
l'exécutif, sur ces pauvres qui au-
raient choisi de l'être, ces soi-disant
assistés qui profiteraient du sys-
tème. » Pour appuyer son propos, le
responsable associatif cite le renfor-
cement du contrôle des chômeurs,
annoncé il y a deux semaines par le
gouvernement. « Certes, on estime
que la fraude sociale atteint environ
1 milliard d'euros. Mais le non-re-
cours à l'aide sociale, c'est 5 à 6 mil-
liards. Et la fraude fiscale des entre-
prises, 50 milliards ! Faisons la chasse
aux vrais fraudeurs », réclame-t-il. ■
par Alexandre Fache
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Les élus du personnel en première ligne face aux risques psychosociauxUne étude du Groupe Alpha pointe l'ampleur du stress que subissent les élus du personnel.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 6549 mots
FRANCE—ENTREPRISES
I ls sont aux avant-postes de la
lutte contre les risques psychoso-
ciaux dans les entreprises et en sont
aussi les grands oubliés… Les élus du
personnel sont même particulière-
ment exposés au stress. C'est ce que
montre une étude publiée lundi par
le centre études et prospective du
Groupe Alpha, numéro un du conseil
aux comités d'entreprise. L'enquête,
qu'il a menée à partir d'un question-
naire en ligne, rempli par près de
4.000 élus en deux mois, et de 20 en-
tretiens qualitatifs, montre en effet
un niveau élevé de stress décompen-
sé, c'est-à-dire aux conséquences né-
fastes pour la santé : 50 % des répon-
dants seraient dans ce cas.
La situation est particulièrement
tendue pour les représentantes du
personnel : 57 % sont touchées -
contre 37 % pour les femmes sala-
riées en général, avec notamment
une plus forte difficulté à concilier
vie personnelle et vie professionnelle
et militante. Elle est aussi probléma-
tique pour les représentants du per-
sonnel masculins avec 45 % contre 24
%.
Confrontation à la
souffrance
Nombreux sont aussi ceux qui iden-
tifient des « symptômes en lien pro-
bable avec le mandat » : 55 %
évoquent des troubles du sommeil,
38 % une sensation de mal-être, 37
% une fatigue au réveil et un malaise
physique, 36 % une fatigue persis-
tante, un tiers des douleurs et un
quart de l'anxiété ou de l'angoisse
avec manifestations physiques. La
confrontation à la souffrance fait
souffrir : 85 % des représentants du
personnel interrogés déclarent être
« souvent ou très souvent confrontés
à des salariés en situation de mal-
être ». La prise de distance est néces-
saire mais est difficile pour 30 % des
représentants interrogés.
Autre facteur de risque : le sentiment
d'isolement de l'environnement de
travail du fait des absences de leur
poste, qui est relevé par 39 % des ré-
pondants. Les tensions avec la hié-
rarchie sont aussi citées ainsi que
l'insuffisance de moyens pour ac-
complir son mandat. 62 % de sondés
estiment y consacrer plus que le
temps imparti.
Enfin, malgré leur statut protégé,
seuls 14 % des représentants du per-
sonnel interrogés considèrent leur
mandat comme une « protection » et
58 % pensent que leur évolution pro-
fessionnelle a été freinée. Pas sûr que
les garanties de carrière inscrites
dans la loi sur le dialogue social en
cours de discussion au Parlement
suffisent à les rassurer. ■
par Leila De Comarmond
↑ 22
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Lire aussi
> Burn-out : Rebsamen fait un petit geste https : //www.google.fr/url ?
sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0CCcQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.lesechos.fr%2Feconomie-
france%2Fsocial%2F02196985924-burn-out-rebsamen-fait-un-petit-geste-1123231.php&ei=dZx2VZ-iMcS-
vUbPhg-
fAE&usg=AFQjCNEeouTczCo1LcY_oHRWtJ_20c8oSg&sig2=EmQsKqljY9RffLWtKdlMfQ&bvm=bv.95039771,d.ZGU
> ENQUETE Burn-out, dossier brûlant https : //www.google.fr/url ?
sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0CCEQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.lesechos.fr%2Fjournal20150526%2Flec1_enquete%2F02146599208-le-
burn-out-dossier-brulant-1122322.php&ei=dZx2VZ-iMcSvUbPhgfAE&usg=AFQjCNGujzehpDv91fFuyOf-
qGYDKAUMXA&sig2=BqcwTCTXQCqMpYC49aughg&bvm=bv.95039771,d.ZGU
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AMÉNAGEMENT DUTERRITOIRE
↑ 24
MANIFESTATION NATIONALE
Les services publics locaux font cause commune à GuéretLes collectivités multiplient les cris d'alarme face à l'austérité qui menace les services rendus auxpopulations. Les 13 et 14 juin, dans la Creuse, elles convergeront avec les services publics natio-naux.
mardi 9 juin 2015Page 10
957 mots
POLITIQUE
À Guéret (Creuse), le week-end
prochain, les services publics
feront cause commune en conver-
geant dans une manifestation natio-
nale, le samedi après-midi. Peut-être
l'occasion de donner de la visibilité à
la résistance à l'austérité qui menace
les services locaux. A leur échelle, les
grandes associations d'élus ont déjà
sonné l'alarme. La plus importante
d'entre elles, l'Association des maires
de France (AMF), a décrété une « mo-
bilisation nationale » : « Cette déci-
sion, sans précédent, vise à alerter
solennellement ( ) sur les lourdes
conséquences de la baisse de 30 % de
leurs dotations (moins 15,7 milliards
d'euros d'ici à 2017) sur le tissu éco-
nomique local et les services à la po-
pulation », explique l'AMF. Selon
l'association, un millier de villes se
trouveraient d'ores et déjà dans une
situation critique. Et le mouvement
va s'accélérant : d'ici à 2017, la moitié
des 36 000 communes pourraient se
retrouver incapables de maintenir
leurs investissements et de faire
tourner leurs services au quotidien.
« Si rien ne change, c'est la mort du
service public local à un niveau que
les gens n'imaginent même pas »,
prévient Philippe Laurent, maire
(UDI) de Sceaux (Hauts-de-Seine).
Les villes ne sont pas les seules
concernées : les départements sont
eux aussi menacés d'étranglement fi-
nancier à court terme face, notam-
ment, à des dépenses de solidarité
transférées par l'état, comme le RSA,
et qu'il ne compense pas intégrale-
ment. Le choix des leviers à la dispo-
sition des collectivités est limité : les
budgets en déséquilibre étant pros-
crits par la loi, les élus peuvent aug-
menter les impôts locaux (comme à
Marseille, Lyon, Toulouse, Bordeaux,
Strasbourg, Lille, Tours), dans une si-
tuation déjà très tendue pour les mé-
nages, ou réduire drastiquement
leurs dépenses. Avec, à la clé, la « dé-
gradation des services rendus à la po-
pulation », souligne l'AMF : état civil,
activités périscolaires, accueil de la
petite enfance, services sociaux, ins-
tallations et animations sportives et
culturelles, etc.
Cela a déjà commencé. Ainsi, dès la
rentrée 2014, le conseil général de
Loir-et-Cher, présidé par l'UDI Mau-
rice Leroy, a supprimé l'aide finan-
cière aux communes pour les trans-
ports des scolaires sur les trajets de
moins de 3 kilomètres. Une décision
que le maire divers droite de Nouan-
le-Fuzelier (2 300 habitants) envi-
sage de répercuter en supprimant ce
service dès septembre prochain, pour
économiser 40 000 euros par an.
D'autres villes choisissent de tailler
dans l'emploi, comme à Argenteuil
(Val-d'Oise), dirigée par l'UMP, qui a
annoncé la suppression de
300 postes d'agents. Un choix non
sans douleur pour la population, car
« les services de proximité sont assu-
rés par des agents, rappelle Philippe
Laurent. Faire des économies dessus,
cela veut dire qu'on est amené à fer-
mer la mairie un jour par semaine,
fermer les crèches une demi-heure
plus tôt, fermer plus longtemps les
bibliothèques ».
Des communes ont choisi de ne pas
se laisser étrangler sans mot dire et
ont pris la tête de la fronde avant tout
le monde. A Saint-Germain-du-Puy
(Cher, 5 000 habitants), le conseil
municipal a décidé, début avril,
d'interpeller le premier ministre sur
la réduction de la dotation d'état de
118 000 euros pour 2015. Une somme
qui représente la moitié du coût de
fonctionnement de la bibliothèque
municipale, ou le tiers de celui de la
piscine. « C'est considérable, et c'est
du jamais-vu », soulignent les élus,
qui ont voté à l'unanimité une « mo-
tion contre l'austérité ». « Quand le
budget communal est bien géré et les
finances de la commune saines, dans
un contexte économique et financier
aussi défavorable aux collectivités
territoriales, peut-on dépérir, voire
mourir, en bonne santé ? La réponse
est oui, hélas », déplore le maire,
Maxime Camuzat (PCF).
En région parisienne, des collectivi-
tés se sont regroupées pour se faire
entendre : c'est le cas, en Seine-
Saint-Denis, d'élus de gauche (PCF,
PG, Ensemble, EELV) qui refusent
d'être les « plumés de l'austérité ». A
Montreuil, l'objectif contracté avec
l'état de construction de 700 loge-
ments par an est menacé « car nous
n'avons plus les moyens de
↑ 25
construire les groupes scolaires in-
dispensables pour accueillir ces nou-
velles populations », prévenait le
maire (PCF-Front de gauche), Patrice
Bessac, lors d'une manifestation en
décembre. A Saint-Denis, la ponction
de l'état s'élève à « 22 millions
d'euros, soit 10 % du budget annuel »,
« le prix d'un groupe scolaire de
20 classes avec centre de loisirs »,
compte le maire, Didier Paillard. A
Stains, son homologue Azzedine Taï-
bi, qui a déclaré sa mairie en grève en
novembre, liste les réalisations me-
nacées par la coupe de 3 millions
d'euros dans les dotations (soit 6 %
du budget annuel) : « Notre centre
municipal de santé, notre école de
musique ou encore le théâtre munici-
pal, la rénovation des écoles »
Les collectivités demandent aussi de
revoir le calcul des dotations. Ainsi à
Guéret, qui accueille la manifestation
de samedi : « J'ai des charges de cen-
tralité d'équipements et des services
que les communes alentour, plus pe-
tites, ne peuvent proposer, décrypte
pour la Montagne le député maire
(PS) Michel Vergnier. J'ai fait évaluer
cela à 1 million d'euros par an. C'est
un élément que l'état doit prendre en
compte. »■
par Sébastien Crépel
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TRANSPORT FERROVIAIRE
↑ 27
FERROVIAIRE
Le TGV Tours-Bordeaux enfin sur les rails ?
mardi 9 juin 2015Édition(s) : Paris, Oise, Seine et Marne Sud, Seine et Marne Nord,
Yvelines…Page 10
446 mots
ECONOMIE—VIE PRATIQUE
P LUS DE TRAINS sur la future
ligne TGV Tours-Bordeaux,
mais pas forcément autant que les
élus le souhaiteraient. Voilà en sub-
stance le compromis que va proposer
à partir d’aujourd’hui Jean Auroux
aux maires, aux députés et présidents
de conseils généraux ou régionaux du
sud-ouest de la France, entre autres.
L’ancien ministre du Travail de Fran-
çois Mitterrand a été appelé par la
SNCF en début d’année pour jouer les
médiateurs ou plutôt le pompier de
service sur l’épineux dossier de la
ligne grande vitesse Tours-Bordeaux.
Ces 302 km de voies, au coût pharao-
nique de 7,8 Mds€, doivent mettre
Bordeaux à un peu plus de deux
heures de Paris contre trois actuelle-
ment, à partir de juillet 2017. Une co-
quette somme réunie grâce à un par-
tenariat public-privé : les péages que
la compagnie ferroviaire paye tradi-
tionnellement à SNCF réseau (ex-
RFF) pour faire circuler ses trains se-
ront versés jusqu’en 2061 au conces-
sionnaire Lisea, dont les actionnaires
sont Vinci, la Caisse des dépôts et de
consignation ou encore Axa. A
l’époque, les tarifs sont négociés
entre l’Etat et Lisea sans associer la
SNCF. Résultat, aujourd’hui, la com-
pagnie ferroviaire estime que le mon-
tant de ces péages est bien trop élevé.
Pour limiter les pertes, estimées à un
peu plus de 150 millions par an, la
SNCF a décidé de diminuer le nombre
de TGV qu’elle fera circuler et le
nombre d’arrêts. Colère des collecti-
vités, qui en signe de représailles ont
bloqué les derniers financements de
la ligne, soit environ 300 M€. Colère
aussi de Lisea, qui voit son plan de
rentabilité remis en cause par cette
projection de trafic. C’est là
qu’intervient Jean Auroux.
« Tout le monde va devoir faire des
efforts, prévient l’ex-ministre qui
présente aujourd’hui ses proposi-
tions à Tours. La SNCF, en faisant
rouler plus de trains qu’elle le sou-
haite. Les élus, en acceptant que les
TGV ne sont pas des taxis. Il y aura
des trains directs, d’autres avec des
arrêts. Mais pas tous les 50 km. Pour
un train grande vitesse, ça n’aurait
aucun sens. Il faut un mixte. » Pour
faire passer la pilule, Jean Auroux
rappelle que les TGV qui entreront
en circulation en juillet 2017 seront
neufs et de plus grande capacité
(556 places au lieu de 456). Enfin, il
indique qu’il y aura autant de trains
vers Bordeaux que vers Lyon, alors
que la capitale de l’Aquitaine est
moins peuplée. Enfin, même Lisea
est appelée à revoir ses prétentions.
« Il ne s’agit pas qu’elle perde de
l’argent, mais il y a un équilibre in-
telligent à trouver », confie-t-il. Par
ailleurs, il propose que dix-huit mois
après l’ouverture de la ligne, un point
soit fait avec toutes les collectivités.
« J’en appelle à la responsabilité de
chacun. Les efforts doivent être par-
tagés. »■
Châtellerault (Vienne). Entre Tours et Bor-deaux, les travaux ont commencé : les302 km de voies reliant les deux villescoûtent 7,8 Mds€. (AFP/Guillaume Sou-
vant.)
par Vincent Vérier
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Des sièges qui pivotent dans le sens de la marche en première classe à partir de2017
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 20126 mots
INDUSTRIE & SERVICES
L a SNCF entend faire de la ligne
inaugurée en 2017 une vitrine de
la qualité de son offre TGV. La com-
pagnie fera circuler sur ces Paris-
Bordeaux les 40 rames Euroduplex
flambant neuves qu'elle a commandé
à Alstom en 2012, et qui viendront
remplacer les trains circulant actuel-
lement. Les nouvelles rames auront
plus de sièges (avec 556 places au lieu
de 448 aujourd hui), « mais avec au-
tant, voire plus de confort qu'avant »,
assure la SNCF. Les voitures de pre-
mière classe, notamment, seront do-
tées de sièges pivotants, grâce aux-
quels tous les passagers pourront
voyager dans le sens de la marche. ■
par Philippe Bertrand
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Les entreprises peinent à recourir au transport ferroviaireLe recul du transport par rail semble stoppé, mais les entreprises réfléchissent aux moyens d'enfaire davantage.Le port de Bayonne échafaude une stratégie ferroviaire.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 25752 mots
PME & RÉGIONS—TRANSPORT
Euro Cargo Rail, une filiale de
Deutsche Bahn, fait partie des
compagnies qui ont su profiter de
l'ouverture du marché ferroviaire
français.
Plusieurs organisations, industriels
de l'AUTF, CGPME, FNSEA, Fnaut,
CCI France, Ports intérieurs et
constructeurs de matériel ont encore
appelé il y a quelques semaines à un
sursaut devant une France qui de-
vient « un maillon faible de l'Europe
ferroviaire ». Et de prôner l'ouverture
du marché du fret à de nouveaux
transporteurs ferroviaires et la mo-
dernisation du réseau.
Le camion a commencé à attaquer la
domination du rail pour le transport
de marchandises après la Seconde
Guerre mondiale. Cela a contribué à
la fermeture, jusqu'à nos jours, de
nombreuses lignes secondaires.
D'autant que les chargements ont
aussi changé. Il n'y a plus besoin de
déplacer, en France et à
l'international, autant de produits
pondéreux, tels l'acier ou le charbon,
qu'autrefois. De plus, les lots de mar-
chandises à transporter sont désor-
mais fractionnés, plus petits et plus
fréquents, ce qui avantage la route.
L'extension des autoroutes a renforcé
la tendance si bien que, toutes com-
pagnies confondues, les volumes
transportés sur les voies ferrées fran-
çaises se sont stabilisés à quelque 32
milliards de tonneskilomètres (t/km),
dont 19,5 milliards de tonnes-kilo-
mètres pour la SNCF. Cela représente
le tiers du trafic qu'elle assurait en-
core dans les années 1990.
La compagnie ferroviaire nationale
reste à la peine malgré des plans de
réorganisation successifs. « Wagons,
embranchements particuliers [les
voies privées à l'intérieur des em-
prises industrielles, NDLR], nous
avons tout abandonné, se désole
Christian Pèes, président d'Euralis,
près de Pau. Nos trains de céréales
n'étaient pas souvent à l'heure, la
SNCF n'arrivait pas à tenir ses enga-
gements et nous sommes passés à la
route. » Même tonalité chez Ambro-
gio, spécialiste des caisses mobiles
entre la France et l'Italie. Il a préféré
confier la traction de ses trains à Eu-
ro Cargo Rail (ECR), une filiale de
Deutsche Bahn (DB).
Euro Cargo Rail, une filiale de DeutscheBahn, fait partie des compagnies quiont su profiter de l'ouverture du mar-
ché ferroviaire français. Photo : PhotoRFF/Capa/Lionnel Charrier (TOMA)
En effet, depuis 2006 et l'ouverture
du marché intérieur français, des
compagnies ferroviaires privées pro-
posent leurs services en concurrence
avec la SNCF. ECR, Europorte et
d'autres ont petit à petit pris des
parts de marché. En 2013, ils cumu-
laient 36 % du trafic de fret en
France.
Voulue par l'Union européenne, cette
concurrence devait stimuler l'offre de
fret ferroviaire. Cependant, la crise
économique a fait stagner les vo-
lumes. Ces opérateurs incriminent
également la position dominante de
la SNCF et leur difficulté à obtenir
des « sillons », autrement dit les ho-
raires pour faire circuler leurs
convois sur les lignes de l'ex-RFF de-
venu SNCF Réseau. Pourtant, le fret
ferroviaire veut croire à ses chances
de regagner du terrain, mettant en
avant des qualités environnemen-
tales.
Les transporteurs ferroviaires
comptent pour cela sur leur capacité
à déplacer des marchandises lourdes
et à assurer des flux de trafic mas-
sifs : acier, céréales, granulats de car-
rières, produits chimiques ou voi-
tures neuves. Avec le volume, les
trains complets trouvent toute leur
efficacité.
Marchés de masse
Si la SNCF a abandonné le wagon iso-
lé que chargeaient les entreprises sur
leurs embranchements ou dans les
gares, le transport multimodal sus-
cite des espoirs, et en particulier les
« autoroutes ferroviaires ». Elles per-
mettent d'acheminer des camions
d'un point à un autre comme dans le
tunnel sous la Manche ou pour la tra-
versée des Alpes, voire entre Perpi-
gnan et Bettembourg (Luxembourg).
Mais cette offre, dès lors qu'il ne
s'agit pas de franchir un obstacle,
peine à trouver son équilibre écono-
↑ 30
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Les chiffres clefs
Le chiffre d'affaires cumulé des opérateurs privés de trains de fret en 2013. Il était de 176 millions en 2010.
Le trafic cumulé en tonnes/ kilomètres des opérateurs privés en 2013, soit une augmentation de 79 % depuis
2010. (Source Afra)
mique. Pour cette raison, un projet
de ce type entre Dourges (Pas-de-Ca-
lais), voire l'Angleterre, et Tarnos
(sud des Landes) vient d'être remis
dans les cartons. Enfin, le ferroviaire
juge avoir une carte à jouer avec les
ports où les trafics sont par nature
déjà massifiés. Cela à longue distance
mais aussi à proximité s'il peut tisser
des liens avec les entreprises clientes
et les desservir avec des voies ferrées
en bon état.
Correspondant à Bayonne avec Do-
minique Malécot ■
par Pierre Etchelekku
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757325F056Aa200C50DF5CD66D0F610642108472E66C722B0D2D10F
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Les petites compagnies prêtes à relever le défiLes opérateurs de proximité assurent des services complémentaires à ceux des grandes compa-gnies. Ils pourraient se multiplier.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 25535 mots
PME & RÉGIONS—TRANSPORT
A l'image des « short lines »
américaines, plusieurs initia-
tives ont en France abouti à la créa-
tion d'opérateurs ferroviaires de
proximité (OFP) privés. Tels Régio-
rail Lorraine, l'OFP Atlantique (La
Rochelle), RDT 13 (Bouches-du-
Rhône), ces OFP sont au nombre de
sept, mais au moins autant seraient
en gestation. Le rail peut desservir
des entreprises de façon économique
et efficace grâce au réseau ferroviaire
existant : ses lignes irriguent tou-
jours l'Hexagone, même si elles ne
sont pas ou peu fréquentées, avec des
voies envahies par les herbes et des
ouvrages souvent en mauvais état
mais réparables.
Après cinq mois de travaux,
Châteauroux-Buzançais (Indre) vient
d'être réactivée. L'investissement de
6 millions d'euros sur cette ligne
créée en 1880 permet de transporter
120.000 tonnes de céréales. A
l'inverse, le tronçon Saint-Rambert
d'Albon-Beaurepaire, dans l'Isère, a
été fermé le 18 mars 2015 à tout tra-
fic, faute d'entretien pour ses 20 ki-
lomètres. Pourtant, la SNCF y ache-
minait encore récemment depuis un
silo un chargement de maïs. Plus au
sud est venu sur les rails en février
un échange de bois entre Le Boulou
à la frontière espagnole et l'usine de
contreplaqués Egger de Rion-des-
Landes. Un embranchement de 2 ki-
lomètres a été restauré et l'OFP Ré-
giorail Languedoc-Roussillon peut y
former des trains.
A côté des grands axes, 21 % du fret
ferroviaire national est assuré par le
réseau secondaire. Tels de petits
ruisseaux, ces lignes dites capillaires
font transiter, selon l'association Ob-
jectif OFP, 18 millions de tonnes de
fret, dont 6,9 de granulats et 7,7 de
produits agricoles. Elles le font à 40
kilomètres-heure sur des rails et tra-
verses parfois anciens mais à des
conditions économiques pour gagner
le réseau principal.
Ces lignes capillaires totalisent 3.200
kilomètres dont 1.250 ne voient pas-
ser à ce jour aucun train. Si des tron-
çons n'ont souvent bénéficié d'aucun
entretien, 300 kilomètres ont été ré-
habilités en 2013-2014 grâce à un fi-
nancement de 53 millions d'euros dé-
bloqués par l'ex-Réseau Ferré de
France (RFF) et l'Agence de finance-
ment des infrastructures de transport
(Afitf).
Or, après la Conférence environne-
mentale de novembre 2014, le pro-
gramme 2015-2017 n'envisage que
30 millions d'euros de travaux sur
trois ans, à la fois pour le réseau ca-
pillaire, les embranchements indus-
triels, les raccordements aux ports et
les plates-formes multimodales. La
somme est insuffisante à moins que
ne viennent à la rescousse collectivi-
tés, entreprises, CCI, ports et autres
logisticiens.
Pourtant, « rénover les 900 kilo-
mètres de voies les plus utilisées est
une urgence, avertit André Thinières,
délégué général d'Objectif OFP. Si-
non 450 kilomètres seront fermés
d'ici trois ans, faute de réunir les
conditions de sécurité ». Ces tron-
çons reçoivent au moins un train par
semaine. . ■
par P. E
Tous droits réservés Les Echos 2015
0976250957CaE10A309E5EC67708F16F4DB03C76F6E67F76F1CC0BF
Parution : Quotidienne
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Le port de Bayonne mise sur le trainLes responsables de la CCI, gestionnaire du port, fondent de gros espoirs sur le développementdu trafic ferroviaire, y compris pour des dessertes locales.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 25571 mots
PME & RÉGIONS—TRANSPORT
A ctif sur les deux berges de
l'estuaire de l'Adour, le port de
Bayonne a comme voisine immé-
diate, depuis 1854, la voie ferrée
Paris-Bordeaux-Irún. La ligne venue
de Toulouse, Pau et du complexe de
Lacq nourrit également le trafic du
neuvième port français en tonnage,
propriété de la région Aquitaine et
géré par la Chambre de commerce et
d'industrie de Bayonne-Pays basque.
Sur un total de 2,6 millions de tonnes
de trafic maritime, 15 % sont achemi-
nées par le rail, que ce soit des fer-
railles, des céréales, du pétrole, du
soufre, des bois ou du quartz. Le sidé-
rurgiste Celsa installé sur les quais de
Bayonne expédie ses billettes d'acier
à La Corogne mais, depuis 2013, ses
bateaux reviennent d'Espagne char-
gés de quartz que, depuis les rives de
l'Adour, la SNCF achemine vers
Chambéry. Le groupe ferroviaire ré-
ceptionne au même endroit des na-
vires venant de Bretagne. Ils sont
chargés de ballast que la SNCF em-
ploie pour le renouvellement de ses
voies.
Avec ses 9 kilomètres de voies ferré-
es, « Bayonne est le cinquième port
de France par la part du rail dans son
trafic, pointe Georges Strullu. Et ce
22 mai encore nous avons inauguré
un quai embranché fer à Blancpi-
gnon. » Selon cet élu de la CCI en
charge des équipements, « une bonne
desserte ferroviaire est cruciale pour
le port, mais c'est aussi une condition
indispensable au développement
économique de tout le territoire ». Et
de réciter les arguments commer-
ciaux du fer : « Il dessert le pays en
profondeur, réduit le CO2, favorise
les échanges multimodaux et assure
un transport fiable et peu cher. »
Une vision certainement idéaliste,
mais le port de Bayonne a montré ces
vingt dernières années une capacité
certaine à sortir des sentiers battus et
à défricher de nouveaux axes de dé-
veloppement. Ses projets pourraient
faire école.
Etendre les emprises
portuaires dans les
terres
Avec le rail son défi est de pouvoir
élargir son arrière-pays. Déjà, le port
commence à manquer d'espace pour
développer son activité, d'autant que
la ville lui dispute des terrains. D'où
la recherche d'une « base arrière » à
l'intérieur des terres, reliée aux quais
par le train.
L'irrigation de son territoire passe
aussi par un opérateur ferroviaire de
proximité (OFP), touchant les entre-
prises proches des Landes, du Pays
basque et du Béarn, mais aussi celles
au nord de l'Espagne.
« C'est un travail de fourmi que nous
comptons faire aboutir avant la fin
2015, annonce Georges Strullu. Nous
avons fait une étude de marché,
contacté les coopératives agroali-
mentaires, les industriels et les logis-
ticiens. » Acceptant les wagons iso-
lés, cet opérateur alimentera le port,
mais pourra aussi former des trains
ou au moins regrouper des wagons
pour massifier le trafic des clients
vers d'autres destinations.
Il ne pourra pas tout faire seul. Des
PME ferroviaires réactives pourraient
amorcer des chaînes logistiques mo-
dernes et s'impliquer dans des initia-
tives locales pour peu qu'elles soient
menées dans un esprit de partena-
riat, espèrent les professionnels.
Mais il faudra aussi des rails car des
lignes ferroviaires comme Mont-de-
Marsan - Tarbes sont menacées. ■
par P. E. Avec D. Ma.
Tous droits réservés Les Echos 2015
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INDUSTRIE FERROVIAIRE
↑ 34
Alstom : Le groupe veut participer à la consolidation de l'industrie ferroviaire auniveau mondial, et étudiera toutes les opportunités d'acquisition, a indiqué M.Henri POUPART-LAFARGE, président d'A
N° 23371mardi 9 juin 2015
Page 28208 mots
LA VIE DES AFFAIRES EN QUELQUES LIGNES—DANS LES SOCIÉTÉS- LES AFFAIRES
Alstom : Le groupe veut participer à
la consolidation de l'industrie ferro-
viaire au niveau mondial, et étudiera
toutes les opportunités d'acquisition,
a indiqué M. Henri POUPART-LA-
FARGE, président d'Alstom Trans-
port, qui doit prendre la tête
d'Alstom après la fusion avec General
Electric (GE). Après la finalisation du
rachat de l'activité ferroviaire de GE,
« Alstom Transport bénéficiera d'un
très solide bilan, ce qui [nous] per-
mettra au final de participer à la
consolidation de l'industrie », a affir-
mé M. POUPART-LAFARGE, lors
d'une conférence de presse à Milan,
sur le salon de l'Union Internationale
des transports publics (UITP).
« Notre industrie connaît une vague
de consolidations, cessions, acquisi-
tions. […] Je dirais que, par défini-
tion, nous regarderons tous les dos-
siers, parce que nous sommes un ac-
teur au coeur de l'industrie. […] Nous
ne les poursuivrons pas tous, nous
devons attentivement étudier les
avantages et les inconvénients », a-t-
il encore commenté. ■
Tous droits réservés Correspondance Economique 2015
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Parution : Quotidienne
↑ 35
TRANSPORT URBAIN ETMOBILITÉ
↑ 36
ENQUÊTE EXCLUSIVE
Le requin Vortex croque le transport public des enfants handicapésEn vertu de la « loi du marché », la société Vortex Mobilité s'est accaparée le transport publicd'enfants handicapés dans plus de 70 départements en spoliant 2 600 salariés. Deux syndicalistes,lanceurs d'alerte, ont collecté les preuves de maltraitance sociale et d'abus comptables. Intou-chables, les dirigeants de Vortex ?
mardi 9 juin 2015Page 4
1909 mots
L e récit de Morada, recrutée en
2011 pour l'agence Vortex de
Lyon (Rhône), résume l'étendue des
dégâts : « Je travaille à peine douze
heures par semaine. Je suis actuelle-
ment en accident du travail. En ayant
eu à soulever une enfant alors que
n'ai jamais été formée aux gestes et
postures, même si la loi l'oblige, je
me suis blessée au dos. Un temps de
travail de plus en plus partiel m'est
imposé depuis que j'ai participé au
mouvement de grève de juin 2013.
J'ai droit à des indemnités journa-
lières parce qu'il s'agit d'un accident
du travail, sinon, en simple arrêt ma-
ladie je n'aurais droit à aucune in-
demnité journalière, n'effectuant pas
le nombre d'heures suffisant (200 par
trimestre ndlr). »
Parmi les « fraudes » dénoncées par
la CFDT, la CGT et la CFTC, on trouve
une demi-heure par jour travaillée
mais non payée à tous, « au prétexte
que nous stationnons les véhicules
chez nous, ce qui nous ferait gagner
du temps ». Cela évite surtout à Vor-
tex d'avoir à disposer de parkings
surveillés et d'abaisser le montant
des cotisations sociales : tout bénéf !
Une inspectrice du travail a donné
raison aux salariés sur cette demi-
heure retirée, assimilant cette pra-
tique à du travail dissimulé. Elle a,
en vain, dressé procès-verbal. Vortex
persiste. Un autre procès-verbal de la
Dirrecte du Rhône, a été dressé pour
non-respect des temps de repos quo-
tidiens et non-paiement des heures
complémentaires effectuées. « Avec
un salaire très bas d'environ 400 eu-
ros par mois comme la plupart
d'entre nous, je suis bénéficiaire de la
CMU mais Vortex nous retire d'office
à tous 15,85 euros de mutuelle par
mois sur la fiche de paye », poursuit
Morada. Chez Vortex, les heures pas-
sées à l'entretien du véhicule
(contrôle technique, révision, etc.)
ne sont illégalement rémunérées
qu'à hauteur de 25 %. Et si l'enfant
transporté habituellement à l'école
est malade, parti en classe verte ou
que la préfecture interdit le transport
scolaire pour cause d'intempéries, le
salaire saute ! Quand c'est un chauf-
feur qui est malade, Vortex ne re-
chigne pas à lui demander de se faire
remplacer au pied levé par un proche,
sans que celui-ci ne soit déclaré et
agréé par la préfecture. Vortex
semble tout aussi « flexible » face à
l'obligatoire visite médicale
d'embauche à réaliser au cours de la
période d'essai. « J'ai connaissance
d'au moins un cas de salarié handi-
capé qui a été déclaré inapte par le
médecin du travail alors qu'il trans-
portait déjà des enfants pour Vortex
depuis huit mois ! » raconte Sophie
Boulanger, dans un entretien des
plus accablants, à retrouver sur le
site Internet de l'Humanité.
Recueillis auprès de salariés de
Rouen, Beauvais, ou Guyancourt,
d'autres témoignages donnent
l'ampleur de la maltraitance sociale
imposée aux chauffeurs y compris sur
des « marchés » passés avec la SNCF
pour transporter des conducteurs de
TGV entre une gare et leur domicile :
une astreinte de sept jours sur sept
avec des amplitudes horaires qui
peuvent aller de 4 heures du matin
à minuit, pour une rémunération au
Smic horaire. Quant au service de
transport à la demande (qui se dé-
veloppe notamment en milieu rural),
les chauffeurs ont connaissance aux
alentours de 20 heures du circuit à
effectuer le lendemain par mail. Un
faible nombre d'heures, un salaire
minable et une vie de famille impos-
sible à organiser.
Retournons dans le Rhône, où Vortex
roule toujours, malgré une affaire de
fausses factures imputées au conseil
général par Vortex via des circuits de
transport qui n'existaient tout sim-
plement pas. Justification donnée en
septembre 2014 par Vincent Roberti,
alors directeur général des services
du département dans un courrier que
l'Humanité s'est procuré : avec Vor-
tex, malgré les « erreurs de factura-
tion », « le coût annuel moyen par
élève en situation de handicap béné-
ficiant du service par véhicule adapté
est aujourd'hui inférieur au coût
moyen national (…) Le département
s'est attaché ( ) à permettre aux usa-
gers de disposer d'un service de qua-
lité tout en maintenant le coût le plus
bas possible pour sa collectivité ». Un
bas coût de 4 091 euros par enfant sur
l'année quand la moyenne nationale
est de 5 100 euros, alors le Rhône
pardonne. « Ironie de l'histoire, 1 000
euros d'écart, c'est justement la
somme qui manque chaque année sur
↑ 37
nos fiches de paye ! Soit 20 % à 30 %
de nos salaires ! » signale Alain Gau-
tier.
Rencontré à Paris, Vincent Dumou-
lin, actionnaire trentenaire, chargé
de la communication et du dévelop-
pement de Vortex, argumente :
« Nous avons une volonté de trans-
parence. Aussi, depuis cette affaire
nous avons investi dans un système
de géolocalisation qui permet, y
compris à nos clients, de suivre en
temps réel les déplacements des vé-
hicules à partir de leur ordinateur de
bureau. » Une géolocalisation réali-
sée via des smartphones que nombre
de chauffeurs âgés ne savent pas par-
faitement utiliser et qui ne prennent
en compte que les heures de conduite
effectives. Les temps d'attente sou-
vent plus longs que les délais hyper-
minutés imposés aux chauffeurs sur
les lieux de chargement et de dépôt
des personnes handicapées n'entrent
plus que très partiellement dans le
calcul du temps de travail.
Le Rhône n'est sans doute pas le seul
département où la marchandisation
du service public de transport de per-
sonnes handicapées aboutit à ce qui
semble s'apparenter à de l'abus de
confiance. L'Humanité s'est procuré
copie d'un courriel, qui suggère que
la pratique de surfacturation est bien
un « système » imposé aux chefs
d'agence par les patrons de Vortex.
Extrait : « Voici la synthèse que nous
avons vue concernant la rentabilité
de l'agence de Saint-étienne. (…) Si
cela semble possible avec le conseil
général sans créer de tensions,
n'hésitez pas à augmenter les kilo-
mètres des circuits (jusqu'à 15 % me
semble bien), en adaptant au cas par
cas, selon les circuits. Par comparai-
son, dans le Puy-de-Dôme, fonction-
nant sur le même principe, la majora-
tion est supérieure à 20 %, sans sou-
cis majeurs avec le CG, avec qui nos
relations sont pourtant loin d'être
excellentes. » Un courriel, daté de
2009, signé par Guilhem Sala (ancien
responsable des transports du dépar-
tement de l'Hérault) qui a rejoint
Vortex avec toutes ses connaissances
techniques et un réseau de personna-
lités politiques pour en être devenu
président-directeur général en 2012.
L'homme rêve de devenir actionnaire
principal de l'entreprise et a, selon
des sources concordantes, convaincu
un fonds d'investissement de lui
avancer de l'argent pour le rachat de
parts et pour étendre l'activité de
Vortex au transport sanitaire, au-
jourd'hui assuré par les ambulan-
ciers ! Bon prince, Vincent Dumoulin
s'émeut sur le « trou de la Sécu » pour
nous expliquer que Vortex entend
« faire baisser les coûts dans l'intérêt
du contribuable » ! Le syndicat pa-
tronal Première Ligne met la pres-
sion sur les pouvoirs publics pour que
ce « marché » soit ouvert à la concur-
rence. Ce syndicat lobbyiste a été
créé et est présidé par éric Heudi-
court, lui-même !
Là encore la méthode consisterait
donc à proposer des offres à très bas
prix. Notamment en calculant à la
minute près la présence nécessaire
pour charger un patient à son domi-
cile ou à la sortie de l'hôpital au mé-
pris des aléas de la circulation et du
niveau de fragilité des personnes.
Youssef, chauffeur de l'agence de
Guyancourt (Yvelines), témoigne :
« Il arrive que je transporte quatre
personnes atteintes de la maladie
d'Alzeihmer simultanément. Résul-
tat, elles passent des heures dans la
voiture. Et quand j'en raccompagne
une jusqu'à la porte de son domicile,
les autres demeurent seules dans le
véhicule. Vous imaginez ! »
« Une mère m'avait prévenue que son
enfant devait être absolument de re-
tour au domicile avant 16 heures
pour prendre un médicament indis-
pensable. Vortex n'a pas voulu en te-
nir compte dans l'organisation du
circuit. J'ai pris sur moi de le faire,
mais quel savon, on se prend dans
ces cas-là ! » s'insurge Renée Caron,
de l'agence de Beauvais. La pression
et la précarité sont telles qu'au moins
quatre chauffeurs sur dix quittent
l'entreprise chaque année ! Un turno-
ver record qui indiffère Vortex, puis-
qu'avec des millions de chômeurs et
de retraités pauvres, les petites an-
nonces, parfois simplement apposées
sur la vitrine d'un restaurant, per-
mettent de recruter n'importe qui,
n'importe quand.
Les lanceurs d'alerte ont acquis de
fortes présomptions qu'une partie du
chiffre d'affaires est injectée dans des
sociétés satellites (HGS, Onis, Altes,
Laugo, 2ASL) créées par les princi-
paux dirigeants de Vortex, éric Heu-
dicourt et Guilhem Sala. Une partie
des bénéfices sert à sponsoriser des
clubs sportifs, voire à en devenir ac-
tionnaire. De l'aveu même de
Vincent Dumoulin, communicant-
actionnaire : « nous sommes de
jeunes entrepreneurs et nous aimons
le sport », surtout là où il y a un mar-
ché transport à conquérir. Les clubs
sportifs sont arrosés pour flatter les
élites locales : l'équipe de rugby de
Montpellier qui officie en Top 14 a,
par exemple, porté un temps le logo
de Vortex sur le maillot et c'est au
tour de l'équipe de hand-ball de la
ville de profiter des largesses de
l'entreprise, qui est même devenue
actionnaire du club ! Au passage, no-
tons qu'éric Heudicourt possède la
société Antalia, qui fournit du maté-
riel sportif
Autre opération comptable suspecte,
celle qui concerne la flotte de véhi-
cules de 4 à 9 places équipés pour le
transport de personnes handicapées.
Selon nos sources, ils sont achetés en
crédit-bail pour un coût de 7 millions
d'euros et sont ensuite loués à Vortex
pour 10 millions d'euros via la société
HGS qui appartient aussi à éric Heu-
dicourt et Guilhem Sala. « Ce sont 3
millions d'euros qui échappent ainsi,
↑ 38
entre autres, à la redistribution au
titre de la participation et qui atter-
rissent direct dans les poches des di-
rigeants », analyse Alain Gautier.
Dans ce contexte de malversations
avérées et de maltraitance sociale, il
ne faudrait pas oublier les aides ac-
cordées à l'entreprise via les dispo-
sitifs gouvernementaux. Rappelons
que la très grande majorité des
chauffeurs Vortex sont des retraités
dont certains ont plus de 70 ans. Voi-
là bien un opérateur de délégations
de service public qui ne participera
donc pas à faire inverser la courbe
du chômage. Ce qui n'empêche pas
Vortex de bénéficier des primes du
dispositif Fillon et du crédit d'impôt
compétitivité emploi (CICE) à hau-
teur de 1,7 million d'euros cumulés
entre 2014 et 2015. ■
par Laurence Mauriaucourt
Tous droits réservés L'Humanité 2015
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Vortex Mobilité, c'est plus de 40 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, 17
mardi 9 juin 2015Page 1
655 mots
V ortex Mobilité, c'est plus de 40
millions d'euros de chiffre
d'affaires annuel, 17 agences dans
toute la France, plus de 2 000 véhi-
cules, 2 600 salariés, 8 000 enfants et
adultes handicapés transportés dans
le cadre de délégations de service pu-
blic pour le compte de 70 départe-
ments. Tout a débuté en 1999 à évry
dans l'Essonne. éric Heudicourt, au
volant de sa petite auto, a commencé
à transporter des enfants handicapés.
Abaissant les « coûts » au minimum,
au mépris des conventions collec-
tives et du Code du travail, em-
ployant à temps partiel une majorité
de retraités et d'actifs en situation de
fragilité sociale, Vortex a eu la peau
des taxis et de nombreux concur-
rents. Tant et si bien que la petite en-
treprise d'éric Heudicourt, Vortex,
est aujourd'hui devenue le premier
opérateur français de transport en di-
rection des personnes en situation de
handicap. En 2012, des grèves et des
scandales ont éclaté localement. éric
Heudicourt s'est effacé des tâches
opérationnelles en s'entourant de
deux associés, Guilhem Sala et
Vincent Dumoulin. Vortex est deve-
nue une holding avec plusieurs socié-
tés satellites. Son fondateur roule
toujours, désormais en Aston Martin
et fait le plein de ses voitures de son
écurie de course de Formule Ford ar-
borrant le logo Vortex aux petits oi-
seaux bleus, en siphonnant les bud-
gets publics et en laminant toujours
plus les droits des salariés au nom de
la compétitivité.
L'enquête nous a conduits dans
l'Hérault. Il n'y avait pas eu
d'élections professionnelles chez
Vortex depuis 2009. Aussi le scrutin
du 28 mai dernier, organisé sous
contrôle d'huissier, aurait pu faire fi-
gure de grand jour démocratique au
siège de Saint-Jean-de-Védas, près
de Montpellier. Hélas, au grand dam
des syndicats CFDT, CGT, arrivés en
tête, le quorum n'a pas été atteint.
Le second tour aura lieu sous tension
le 18 juin prochain. Reste que le dé-
pouillement du premier tour a permis
à une dizaine de salariés de se ren-
contrer pour la première fois et de té-
moigner pour l'Humanité.
Rattachés aux agences de Rouen,
Marseille, Beauvais ou Lyon, tous sa-
luent d'abord l'action de deux délé-
gués syndicaux extraordinairement
pugnaces : Alain Gautier (CFDT) et
Sophie Boulanger (CGT), qui ont dû
recourir à la justice pour obtenir une
expertise des comptes annuels de
l'entreprise pour les années
2012-2013 et 2014-2015. Elle est en
cours. Le cabinet d'expertise Secafi
évalue quant à lui les risques psycho-
sociaux encourus par les salariés. Cu-
rieusement, Alain Gautier, qui en
reste profondément troublé, n'a pas
été mandaté par la fédération CFDT
des transports (FGTE) pour assister
à ce scrutin professionnel crucial.
« Tout se passe bien, l'agitateur n'est
pas là », s'est félicité, devant nous,
le directeur des ressources humaines
de Vortex, Jean-Pierre André (cadre
retraité de Keolis, filiale routière de
transport de voyageurs de la SNCF).
Nul doute que « le dossier Vortex »
constitué par Alain Gautier, titulaire
diplômé en gestion, devenu chauf-
feur après une carrière de commer-
cial pour un grand labo pharmaceu-
tique à laquelle il avait mis fin pour
élever ses trois fils, dérange.
L'homme ne lâche rien, malgré les
multiples pressions et le sentiment
d'isolement que connaissent tous les
lanceurs d'alerte. La direction le sur-
nomme avec dédain « Robin des
bois » parce qu'il ne tire « aucun pro-
fit personnel » de sa lutte acharnée.
« Ces trois dernières années de com-
bat et d'insomnies m'ont tout de
même rapporté trois tentatives de li-
cenciement ! » signale amèrement le
syndicaliste, rencontré chez lui, à
Poitiers (Vienne). ■
Tous droits réservés L'Humanité 2015
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L’INFO DU JOUR
Mais où sont passés les agents du métro ?
Un vœu, adopté lors du dernier Conseil de Paris, demande à la RATP et au Stif de revoir àla hausse la présence humaine dans les gares et stations, afin d’y améliorer l’accueil.
mardi 9 juin 2015Édition(s) : Seine et Marne Sud, Oise, Seine et Marne Nord, Essonne,
Val de Marne…Page 40
394 mots
TRANSPORTS—PARIS
S TATION Châtelet-les Halles
(Paris I er), un lundi matin.
Planté devant le distributeur auto-
matique de tickets de métro, un
couple de touristes tente, tant bien
que mal, de comprendre comment
obtenir un titre de transports. Der-
rière eux, l’homme qui patiente pour
recharger son passe Navigo lève les
yeux au ciel. Après plusieurs minutes
de discussion, les deux étrangers fi-
niront par partir à la recherche d’un
agent de la Régie autonome des
transports parisiens (RATP).
Pour Nicolas Bonnet et Didier
Le Reste, membres du groupe
communiste-Front de gauche au
Conseil de Paris, cet exemple illus-
trerait la « dégradation sensible » du
service dans les stations de métro et
les gares RER gérées par la RATP. Les
deux élus sont à l’origine d’un vœu,
adopté lors du dernier Conseil de Pa-
ris, qui enjoint à la mairie d’ « inter-
peller » la RATP et le Syndicat des
transports d’Ile-de-France (Stif) sur
les questions de « l’optimisation de
la présence de personnel » et de « la
vente manuelle » au sein du réseau.
La RATP dément une
baisse des effectifs
« En tant que première destination
touristique mondiale, et à l’approche
de l’Euro 2016, Paris a tout intérêt
à améliorer la qualité d’accueil dans
le métro, estime Nicolas Bonnet. Une
présence humaine renforcée est in-
dispensable pour accueillir les visi-
teurs. » Le président du groupe
communiste-Front de gauche pointe
également un autre enjeu : la sécu-
rité. « Le soir, beaucoup de jeunes
filles préfèrent prendre le taxi plutôt
que le métro, de peur de se retrouver
seules », indique-t-il.
D’après le vœu, le nombre d’agents
présents dans les stations et les gares
serait passé de plus 5 500 en 2010 à
moins de 5 000 l’an dernier. Un
chiffre démenti par la RATP.
« Chaque jour, 5 300 agents sont au
contact des voyageurs, du début jus-
qu’à la fin du service », assure un
porte-parole. La Régie assume par
ailleurs sa décision d’avoir « libéré »
ses personnels de leurs guichets.
« Cela nous permet d’aller plus faci-
lement à la rencontre de nos clients,
notamment les personnes à mobilité
réduite ou celles qui ont des difficul-
tés à lire, poursuit le porte-parole. Et
nous disposons toujours de 94 gui-
chets (NDLR : répartis sur les
367 stations de métro et de RER de
la RATP), où les espèces sont accep-
tées. »■
Gare du Nord (Paris Xe). Selon des élusparisiens, la qualité de l’accueil dans lesgares et les stations de la capitale est àrevoir, surtout à l’approche de l’Euro de
football. Trop de guichets ont été rempla-cés par des distributeurs de tickets. (LP/
Arnaud Journois.)
par Alexandre Arlot
Tous droits réservés Le Parisien 2015
5974d56e518a540bd0765126380531b84210a974a68677f3d60514e
Parution : Quotidienne
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Uber lance un défi aux taxis… et à l'État
N° 22031mardi 9 juin 2015
Page 17998 mots
OPINIONS CHAMPS LIBRES
ANALYSEBertilleBayart£@BertilleBayart
L 'ambiance était explosive, lundi
à Marseille. Le débarquement
d'Uber, révélé parLe Figaro, dans la
Cité phocéenne ainsi qu'à Strasbourg
et à Nantes, a provoqué quelques in-
cidents, des chauffeurs de taxi ayant
investi l'hôtel où la société améri-
caine entendait recruter de nouveaux
conducteurs.
De Paris à Berlin en passant par Bar-
celone ou Delhi, la société Uber sus-
cite partout les mêmes résistances.
Son application pour smartphone qui
met en relation clients et chauffeurs
- y compris non professionnels dans
le cas de son service Uberpop - a
bousculé en cinq ans seulement toute
l'économie de l'activité de taxi. La
déferlante Uber est devenue le sym-
bole d'une vague de fond, par la-
quelle de jeunes sociétés nées sur In-
ternet viennent bouleverser des mo-
dèles économiques bien établis et dé-
fier le législateur.
Pour ne pas risquer d'être contré par
des démarches des autorités locales
ou par des manifestations ou des
pressions sur ses chauffeurs en puis-
sance, Uber a débarqué sans crier
gare, sans même prévenir les mairies
des villes concernées. Une stratégie
de pirate, provocatrice et arrogante.
Typique de la Silicon Valley où les
entrepreneurs creusent leur sillon,
certains de leur droit à changer le
monde.
Uber semble ainsi défier l'autorité
publique. Il poursuit le déploiement
d'un service, Uberpop, que le minis-
tère de l'Intérieur qualifie d'illégal
sans avoir à ce jour en main la déci-
sion de justice qui lui permettrait de
suspendre son activité.
La tactique d'Uber est celle du fait ac-
compli. Elle veut à la fois prendre de
vitesse ses éventuels concurrents, et
valider par l'exemple l'existence de
besoins de mobilité que l'offre ac-
tuelle de transports collectifs et par
taxi ne satisfait pas. Ensuite, sur ces
bases, Uber peut réclamer que le
cadre réglementaire soit adapté.
En France, c'est la loi Thévenoud qui
est sur la sellette. Un texte promul-
gué il y a moins d'un an, censé trou-
ver un point d'équilibre entre taxis et
VTC. « Si on se dit la vérité, cette loi
a conduit à plutôt protéger les taxis »,
constatait cependant, cet hiver à
l'Assemblée, Emmanuel Macron, le
ministre de l'Économie.
L'État ne peut en effet se contenter
d'avoir le réflexe de protéger
l'existant, en l'occurrence une rente
que lui-même a, pendant des décen-
nies, laissé enfler en n'accordant les
licences de taxi qu'au compte-
gouttes.
Le législateur doit se concentrer sur
les missions qui lui incombent légi-
timement. La première est celle de
la sécurité publique. Conditionner le
transport de personnes à un mini-
mum d'exigences - et notamment de
casier judiciaire - est une évidence.
Imposer 250 heures de formation
comme le fait la loi Thévenoud relève
peut-être en revanche de la barrière à
l'entrée…
Le deuxième enjeu est économique.
L'ouverture d'un nouveau secteur
économique est par définition créa-
teur d'activité et d'emplois.
L'accroissement de l'offre de trans-
port qui favorise la mobilité joue aus-
si dans le sens de la croissance. Et
l'attractivité d'une capitale comme
Paris ne peut qu'en bénéficier. La
concurrence d'Uber et des autres VTC
a d'ailleurs donné un coup de fouet
salutaire aux taxis parisiens qui ont
récemment découvert les vertus de
l'usage de la carte bancaire, et parfois
de la politesse et de la propreté…
Mais il revient aussi à la puissance
publique d'assurer un minimum
d'équité entre les différents acteurs.
Outre-Rhin, l'autorité de la concur-
rence faisait le constat la semaine
dernière que les États avaient ten-
dance à vouloir soumettre les nou-
veaux acteurs à la réglementation
existante quand il faudrait faire
l'inverse, et « libérer davantage les en-
treprises existantes des règles qui les
contraignent ».
Libéraliser, donc, semble être la
meilleure réponse. Mais jusqu'à quel
point ? C'est la question brûlante po-
sée par Uberpop. Ses détracteurs n'y
voient qu'une forme « 2.0 » de travail
au noir. La réalité est plus complexe.
↑ 42
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Uberpop est un avant-goût de nou-
velles formes d'activités, qui se
jouent des cadres existants. Ce n'est
ni tout à fait une activité profession-
nelle, ni vraiment un exemple de
cette « économie collaborative » par
laquelle les particuliers partagent les
coûts d'utilisation de leur bien
(comme avec le covoiturage par
exemple). Mais cela existe, et cela de-
vrait même se développer à mesure
que de nouveaux acteurs réussiront
à l'adapter à d'autres usages. Face à
cette inventivité, la politique de
l'autruche n'apportera aucune ré-
ponse. ■
« « Si on se dit la vérité, cette loi a conduit à plutôt protéger les taxis », constatait, cet hiver à l'Assemblée, Emma-
nuel Macron »“
Tous droits réservés 2015 Le Figaro
4f71253c582adb03b05e5a764605e1884840dc7df6057d992e862f0
Parution : Quotidienne
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Moins de patrouilles chez Cofiroute
Autoroutes. L’entreprise souhaite diviser par deux le nombre d’agentsintervenant sur les voies dans trois régions. Aucun poste n’est supprimé maisles syndicats craignent une détérioration du service.
mardi 9 juin 2015Édition(s) : Paris, Oise, Seine et Marne Sud, Seine et Marne Nord,
Yvelines…Page 10
494 mots
ECONOMIE—ESSONNE
Les Ulis (Essonne)
LES « PETITS HOMMES JAUNES »
voient rouge. Les agents routiers de
Cofiroute, filiale de Vinci Auto-
routes, qui interviennent dans les ré-
gions Ile-de-France, Centre et Pays
de la Loire, protestent contre une ré-
forme, en test, de leurs conditions de
travail. « C’est notre sécurité et celle
des usagers qui est remise en
cause », assène Pascal Bigliardo, dé-
légué du Syndicat national des auto-
routes. Les comités d’hygiène, de sé-
curité et des conditions de travail
(CHSCT) de Cofiroute ont demandé
une expertise sur les impacts. La di-
rection, qui s’oppose à cette de-
mande, a saisi les tribunaux.
Patrouilles divisées par
deux
Les agents routiers de Cofiroute sont
aujourd’hui deux à circuler en même
temps, chacun avec son véhicule, par
tranches de huit heures, sur leur sec-
teur d’intervention. Seuls dans leur
camion, ils interviennent pour
l’entretien des aires de repos mais
aussi en cas de panne des usagers,
d’accident, de débris sur les voies…
La réforme prévoit une seule pa-
trouille. « La nuit, cela diminue la
pénibilité pour les agents », souligne
la direction. « On joue avec la sécu-
rité, clame Pascal Bigliardo. Lors de
la phase de test, vu qu’ils ont plus
de distance à couvrir, cinq cas
d’endormissement ont été relevés. Et
s’il y a deux accidents en même
temps, la sécurité des usagers n’est
pas assurée. »
Délais d’intervention
plus longs
En cas de problème majeur, une pa-
trouille devra prévenir un agent
d’astreinte à son domicile. « Avant
qu’il aille chercher son camion et ar-
rive, cela prendra au moins une
heure. Et les gendarmes arriveront
régulièrement avant nous et devront
baliser la voie eux-mêmes », déplore
Bernard Richard, un autre délégué
syndical. « Une seule patrouille, c’est
ce qui se fait chez les autres sociétés
et cela reste dans le respect de notre
contrat avec l’Etat, observe-t-on
chez Cofiroute. Et les agents
n’auront plus à assurer certaines
missions, comme l’entretien des sa-
nitaires. »
Plus de kilomètres à
surveiller
Un agent qui gère aujourd’hui 48 km
aller-retour sur l’A 10, au départ
des Ulis (Essonne), en surveillera
128. Conséquence, la vitesse des pa-
trouilleurs, aux alentours des
100 km/h aujourd’hui, augmentera.
« A eux de s’adapter en fonction de
ce qu’ils découvrent », avance-t-on
chez Cofiroute. « A grande vitesse,
c’est impossible de s’arrêter à temps.
Nous n’avons le droit de reculer que
sur 200 m. Des objets vont rester sur
la voie », prévoit Pascal Bigliardo.
Des effectifs en baisse
En quatre ans, 251 emplois consacrés
à l’accueil et à la sécurité ont été sup-
primés chez Cofiroute. « Ce sont des
départs non remplacés. Il n’y a pas
de licenciement. 90 % de ces postes
concernent les agents aux péages, le
reste les PC de sécurité. L’effectif des
agents routiers reste stable (NDLR :
les syndicats parlent d’une baisse de
44 employés qui continuera avec
cette réforme) », explique-t-on chez
Cofiroute, qui réalise au passage de
substantielles économies. Le chiffre
d’affaires de Vinci Autoroutes a aug-
menté, selon son rapport annuel de
2014, de 3,5 %, pour atteindre
4,75 Mds€. ■
Les agents routiers de Cofiroute pa-trouillent sur 48 km chacun et s’arrêtenten cas de panne des usagers, d’accident,
de débris sur les voies… S’ils sont au-jourd’hui deux à circuler en même temps,chacun avec son véhicule, la réforme pré-
voit une seule patrouille.
par Julien Heyligen
Tous droits réservés Le Parisien 2015
3879f5da51ea970fd0395306100de11043409374668972e02429e67
Parution : Quotidienne
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Audience : 2 451 000 lect. - © AudiPresse One 2013/2014↑ 44
MME ELISABETH BORNE, INGÉNIEURE GÉNÉRALE DES PONTS, DES EAUX ET DES FORÊTS, P
Mme Elisabeth BORNE, présidente-directrice générale de la RATP, est nomméeprésidente du conseil de surveillance de Systra
N° 23371mardi 9 juin 2015
232 mots
LES FEMMES, LES HOMMES ET LES AFFAIRES— [AUCUNE]
Mme Elisabeth BORNE, ingénieure
générale des ponts, des eaux et des
forêts, présidente-directrice générale
de la RATP, est nommée présidente
du conseil de surveillance de Systra,
filiale commune de la SNCF et de la
RATP, spécialisée dans les infra-
structures de transport public. Cette
fonction était occupée depuis dé-
cembre 2014 par M. Pierre MONGIN
auquel Mme BORNE a succédé à la
tête de la RATP.
Notons que le pacte d'actionnaires de
Systra prévoit une règle d'alternance
à la présidence du conseil de sur-
veillance entre la SNCF et la RATP.
Présent dans 78 pays, employant
4780 collaborateurs, Systra a réalisé
525 millions de chiffre d'affaires en
2014. En France, Systra intervient sur
les lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris
Express. A l'international,
l'entreprise travaille notamment sur
la ligne 6 du métro de Delhi en Inde,
sur la ligne 16 du métro de Shanghai
en Chine, ou encore sur deux nou-
velles lignes de métro automatique à
Santiago du Chili. ■
Tous droits réservés Correspondance Economique 2015
4571C564587aA80070A254965403015E4C00067D26DC78D50F630FB
Parution : Quotidienne
↑ 45
TRANSPORT FLUVIAL ETMARITIME
↑ 46
Eurotunnel solde son aventure dans les ferries
Le président de la SCOP qui exploitait les bateaux est mort brutalement lundi 8 juin
mardi 9 juin 2015Page 29
598 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
En 2012, DFDS avait d'ailleurs été
candidat à la reprise des navires de
l'ex-SeaFrance, en alliance avec
l'armateur français Louis-Dreyfus,
mais son offre avait été rejetée au
profit de celle d'Eurotunnel.
A présent, DFDS tient sa revanche.
Dès le 2 juillet, la compagnie danoise
va pouvoir exploiter les deux navires
sous sa propre bannière. Elle devrait
reprendre une partie des quelque 600
personnes employées aujourd'hui par
la SCOP SeaFrance. De trois, le
nombre de concurrents effectuant la
liaison entre Calais et Douvres, la
plus fréquentée entre la France et
l'Angleterre, va ainsi être ramené à
deux : DFDS et son rival britannique
P & O.
Le groupe français ne disparaît pas
tout à fait du paysage maritime. Il
conserve le plus vieux des trois fer-
ries, le Nord-Pas-de-Calais, qui, à 28
ans, arrive en bout de course. Euro-
tunnel entend « poursuivre son ex-
ploitation en fréteur », c'est-à-dire en
le louant.
Querelles internes
En 2012, le choix d'Eurotunnel pour
sauver l'ex-SeaFrance avait créé la
surprise. Pourquoi confier ces ferries
à un nouveau venu, inexpérimenté
mais déjà actif sous la mer ? La co-
opérative ouvrière à laquelle le
groupe avait prévu de louer les ba-
teaux suscitait aussi des interroga-
tions : M. Cappelle, le leader de la
CFDT-Maritime, exclu de sa confédé-
ration, et Eric Vercoutre, le secrétaire
du comité d'entreprise du premier
SeaFrance, devaient y jouer les pre-
miers rôles, alors qu'ils étaient soup-
çonnés de malversations.
Sur le plan commercial, l'offensive
d'Eurotunnel a constitué un succès.
En trois ans, ses ferries renommés
MyFerryLink ont repris 12 % du tra-
fic de marchandises dans le détroit.
Leur chiffre d'affaires a atteint 93
millions d'euros en 2014. L'équilibre
financier semblait à portée de main.
Mais plusieurs éléments ont remis en
cause cette ascension. A commencer
par l'hostilité des autorités britan-
niques de la concurrence. Pour elles,
pas question qu'Eurotunnel soit pré-
sent à la fois sur l'eau et sous l'eau.
Une longue bataille juridique s'en est
suivie. Le 15 mai, elle a finalement
été remportée par le camp français.
Trop tard. M. Gounon avait déjà
choisi de se désengager du secteur
maritime. Il a maintenu sa décision,
redoutant que Londres ne reparte un
jour ou l'autre à l'assaut pour interdir
à son groupe d'accoster à Calais, et ne
souhaitant pas vivre sous cette me-
nace.
Les querelles internes à la SCOP Sea-
France ont encore compliqué la
donne. Ces derniers mois, la coopé-
rative était minée par une incroyable
guerre des chefs, le duo Cappelle-
Vercoutre, qui tenait le conseil de
surveillance et le comité d'entreprise,
contestant la gestion des dirigeants
opérationnels. Une bataille si vio-
lente que l'entreprise a dû être placée
en avril sous sauvegarde judiciaire.
Deux administrateurs judiciaires ont
alors été nommés, dans l'espoir de
trouver une issue positive.
Un espoir réduit à néant par la déci-
sion d'Eurotunnel de vendre ses ba-
teaux et de ne plus travailler avec la
SCOP. Eurotunnel étant son seul
client, la fin de ce contrat clé an-
nonce sa disparition. C'est la raison
pour laquelle les administrateurs ont
demandé la conversion de la sauve-
garde en redressement judiciaire.
Sans imaginer que l'affaire se conclu-
rait aussi tragiquement.
Denis Cosnard■
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E77D3563560aF204A0DC5C767701016C44A0EC7D3621716FB49EC9A
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Deux nouveaux candidats en piste pour reprendre la SNCM
Le tribunal de commerce doit en théorie rendre sa décision mercredi prochain.
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
N° 22031mardi 9 juin 2015
Page 23876 mots
ENTREPRISES
Le long feuilleton du sauvetage de la
SNCM devait s'achever mercredi mais
un nouveau rebondissement n'est
pas exclu. Le tribunal de commerce
de Marseille doit en effet rendre sa
décision en tranchant entre les trois
candidats ayant déposé des offres de
reprise de la compagnie assurant la
desserte maritime de la Corse et des
lignes sur le Maghreb : Daniel Ber-
ribi, le patron de la compagnie Baja
Ferries, l'ancien président du Port de
Marseille Christian Garin, via Med
Partners, et le transporteur corse
Rocca. « Ce sont les seules offres qui
existent juridiquement », nous précise
le président du tribunal. Il peut éga-
lement prononcer la liquidation.
Mais le tribunal peut aussi accorder
un nouveau délai et faire entrer dans
la danse deux nouveaux préten-
dants : le logisticien STEF-TFE, pro-
priétaire de La Méridionale, parte-
naire historique de la SNCM, et un
consortium d'entreprises corses.
Le premier a demandé au tribunal de
renvoyer à fin septembre sa décision
en estimant qu'« aucun des projets
proposés ne permet d'envisager l'avenir
de manière pérenne ». En cause, la dé-
légation de service public (DSP).
Cette DSP signée par la SNCM et La
Méridionale avec la collectivité de
Corse a été écourtée à fin 2016. La
SNCM devant disparaître dans le
cadre du sauvetage actuellement en
cours pour satisfaire aux exigences
de la Commission européenne, c'est
La Méridionale, en cas de reprise par
un candidat, qui récupérerait
l'ensemble de la DSP pour les mois
restants. À charge pour elle de « sub-
déléguer » le trafic assuré par la
SNCM à son repreneur. En d'autres
termes, La Méridionale joue un rôle
central dans le succès d'une reprise.
Dans son projet, STEF-TFE s'allierait,
selon nos informations, avec l'italien
Moby Lines, qui proposerait entre 15
et 20 millions pour reprendre la
SNCM, dont il conserverait environ
800 des 1 500 CDI. La seconde propo-
sition a été faite par un consortium
représentant « 60 % du trafic maritime
corse »et 1 milliard de chiffre
d'affaires selon la lettre d'intention
publiée par Corse-Matin.
L'offre STEF-TFE
critiquée
« L'offre de STEF est inacceptable ! »ré-
agit Christian Garin, selon qui « le
seul but est de faire pression sur le tri-
bunal pour qu'il accepte de renvoyer sa
décision après l'été, un report qui n'est
pas acceptable pour Bruxelles, qui a
demandé que l'opération soit ré-glée
avant l'été ». « Si on reporte à sep-
tembre, ce sera la liquidation ! », es-
time le candidat. « C'est ce que
cherche STEF, qui n'est intéressé que
par les bateaux », ajoute un observa-
teur. « C'est une nouvelle manœuvre
dilatoire de la part de STEF et de La
Méridionale, qui font tout pour bloquer
toute solution de reprise », constate-t-
on dans l'entourage de Daniel Berri-
bi. Côté salariés, Maurice Perrin, dé-
légué CFE-CGC, juge « impensable
que le tribunal choisisse mercredi entre
des offres très basses, qui risquent fort
de déboucher sur une faillite dans les
six mois, maintenant qu'il a deux mani-
festations d'intérêt dont celle de STEF-
Méridionale »… ■
par Aliette De Broqua
« Si on reporte à septembre, ce sera la liquidation ! » CHRISTIAN GARIN, EX-PRÉSIDENT DU PORT DE MAR-
SEILLE“
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TRANSPORT AÉRIEN
↑ 49
Lufthansa ouvre un nouveau front sur les coûts de distribution et attaque lesagences de voyagesLe groupe allemand a créé la surprise en décidant d'imposer un supplément de 16 euros sur lesréservations effectuées autrement que via ses propres canaux.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 19610 mots
INDUSTRIE & SERVICES—AÉRIEN
L ufthansa a jeté un gros pavé
dans la mare, le 2 juin dernier.
Le numéro un du transport aérien eu-
ropéen a surpris tout le monde en dé-
cidant d'imposer, à compter du 1er
septembre, un supplément de 16 eu-
ros sur les réservations effectuées sur
les systèmes de réservations globaux
(les GDS) utilisés par les agences de
voyages du monde entier. La mesure,
qui concerne aussi bien Lufthansa
que ses filiales Austrian, Brussels et
Swiss, est présentée comme un
moyen parmi d'autres d'améliorer sa
rentabilité, en encourageant les
achats en direct sur ses propres ca-
naux de distribution. Mais pour bon
nombre d'observateurs, le secteur
n'avait pas connu pareille remise en
cause depuis la suppression des com-
missions d'agences, dans les années
1990. Si aucun autre transporteur n'a
encore emboîté le pas à Lufthansa,
tous reconnaissent suivre
l'expérience avec grand intérêt.
L'enjeu est en effet considérable. Sa-
chant que chaque réservation effec-
tuée via un GDS lui coûte 4 euros par
vol, contre pratiquement rien pour
un billet acheté en direct sur ses sites
Internet, l'économie potentielle pour
Lufhansa se chiffrerait en centaines
de millions d'euros par an. En encou-
rageant les clients à réserver sur ses
propres sites, Lufthansa s'attaque
aussi à la puissance des grandes
agences de voyages en ligne, qui
poussent à la baisse des tarifs.
Représailles
Mais le pari de Lufthansa est loin
d'être gagné. Le groupe allemand
s'expose à des représailles de la part
des agences de voyages, unanime-
ment hostiles à son initiative. Un mé-
contentement que ses concurrents
tenteront d'exploiter à leur avantage.
« Ce n'est pas dans nos habitudes de
vouloir dicter au client la façon dont
il doit acheter son billet d'avion, sou-
ligne Thierry Antinori, le vice-pré-
sident commercial d'Emirates. Nous
préférons nous concentrer sur
l'amélioration de notre produit. » Du
côté d'Air France-KLM, dont 70 % du
trafic passe par les GDS (et qui leur
reverse environ 200 millions d'euros
par an), on exclut également de
suivre l'initiative de Lufthansa.
« Nous ne pensons pas que c'est la
bonne solution », explique-t-on en
interne.
Même son partenaire au sein de la
Star Alliance, United Airlines reste
prudent. Certains professionnels
soupçonnent même Lufthansa
d'avoir brandi la menace des 16 euros
pour contraindre Amadeus à baisser
ses tarifs. Le contrat commercial
pluri-annuel entre Lufthansa et
Amadeus est en effet arrivé à son
terme et les deux partenaires sont en
pleine renégociation. « Quand ils au-
ront obtenu ce qu'ils veulent, ils lais-
seront tomber », assure un concur-
rent de Lufthansa.
En attendant, dans l'Hexagone, les
agences de voyages françaises sont
« invitées » par leur syndicat (Snav)
à montrer leur mécontentement en
« réduisant les ventes » lorsqu'elles
ont le choix entre plusieurs compa-
gnies.
En revanche, chacun s'accorde à pen-
ser que la sortie de Lufthansa devrait
accélérer le déploiement du NDC
(New Distribution Capability), la
nouvelle norme informatique, basé
sur le langage XML, permettant un
accès direct aux systèmes de réser-
vation des compagnies, qui pourrait
servir d'alternative aux GDS… Déve-
loppé au sein de l'IATA, le NDC est
déjà en test dans plusieurs compa-
gnies, dont Swiss, United et Qatar
Airways. Air France-KLM s'y inté-
resse également. Les agences de
voyages, au départ très méfiantes,
commencent à s'y intéresser. ■
par B. T.
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Le transport aérien redoute le retour des surcapacités et de la guerre des prixLes compagnies aériennes internationales ont inégalement profité de la baisse du prix dupétrole.Celle-ci a aussi encouragé l'augmentation de l'offre et la baisse des prix.
N° 21954mardi 9 juin 2015
Page 19684 mots
INDUSTRIE & SERVICES—AÉRIEN
Entre des cours du pétrole toujours
très bas, une demande mondiale tou-
jours en hausse et des perspectives
de bénéfices record en 2015,
l'assemblée générale de l'Association
internationale du transport aérien
(Iata), qui s'est ouverte lundi à Mia-
mi, aurait dû être comme un vol dans
un ciel bleu. « Avec 29,3 milliards de
dollars prévus pour cette année, les
bénéfices cumulés du transport aé-
rien devraient atteindre un niveau
suffisant pour couvrir le coût du ca-
pital, pour la première fois dans son
histoire », a annoncé Tony Tyler, le
directeur de l'Iata, dans son discours
d'ouverture. Une prévision revue en
hausse de 17 % comparée aux 25 mil-
liards annoncés en début d'année et
de 44 % comparée aux 16,4 milliards
de dollars de 2014. Et pourtant,
l'humeur n'était pas à la fête, ce lun-
di, dans les allées de l'assemblée gé-
nérale. Dès la fin du discours
d'ouverture, une première voix dis-
cordante se fit entendre, avec la ré-
action virulente d'Akbar Al Baker, le
patron de Qatar Airways, accusant
Tony Tyler d'avoir passé sous silence
l'offensive protectionniste des com-
pagnies américaines contre les com-
pagnies du Golfe. Une attitude
« contraire aux engagements pris so-
lennellement en 2008 par l'Iata en fa-
veur de la libéralisation » du trans-
port aérien international, a rappelé
Akbar Al Baker. « Cela n'a rien à voir
avec du protectionnisme, mais avec
le fait d'être en concurrence avec des
Etats et non des compagnies aé-
riennes » lui a rétorqué son homo-
logue d'American Airlines et hôte of-
ficiel de l'assemblée générale, Doug
Parker. Lui et cinq autres compagnies
aériennes accusent en effet Qatar
Airways, Emirates et Etihad d'avoir
bénéficié de plus de 40 milliards de
dollars de subventions de leurs gou-
vernements. Pourtant, le sujet ne fi-
gurait pas au programme des discus-
sions de l'Iata, soucieuse d'éviter une
pomme de discorde, qui a déjà pro-
voqué une scission au sein de
l'association des compagnies euro-
péennes.
3,5 milliards de
voyageurs
Plus que la querelle sur les compa-
gnies du Golfe, ce sont toutefois les
menaces sur la bonne santé du sec-
teur qui restent la principale préoc-
cupation. Si la croissance du trafic
passagers ne donne aucun signe de
fléchissement - le cap des 3,5 mil-
liards de voyageurs sera franchi cette
année -, les fruits de cette croissance
restent très inégalement répartis.
Plus de la moitié des profits record de
2015 seront générés par les compa-
gnies américaines. En revanche, les
compagnies européennes restent à la
traîne, pénalisées par « la faible
croissance économique, des taxes
élevées, une réglementation oné-
reuse et l'incapacité des gouverne-
ments à mettre en place le ciel
unique européen », a souligné Tony
Tyler.
La baisse du prix du pétrole, si elle
a contribué à l'embellie générale, a
inégalement profité aux compagnies.
Si American Airlines, qui n'avait pas
de couverture pétrolière, a vu sa fac-
ture carburant réduite de 1,4 milliard
de dollars au premier trimestre, le
renchérissement du dollar face à
l'euro a effacé cette baisse pour bon
nombre de compagnies européennes,
dont Air France-KLM. Mais ce qui est
préoccupant, pour Air France-KLM et
d'autres, c'est l'amplification de la
baisse de la recette unitaire, liée à la
suppression des suppléments pétrole
et à un regain de surcapacité sur plu-
sieurs marchés, notamment en Asie.
En avril-mai, la baisse sur un an de la
recette unitaire d'Air France-KLM at-
teint 6 % pour le trafic passagers et
même 14 % pour le fret. De quoi ef-
facer non seulement la baisse du prix
du pétrole, mais aussi les efforts de
réduction de coûts. ■
par Bruno Trévidic (à Miami)
Tous droits réservés Les Echos 2015
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