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Chapitre 2L’orthographe d’usage

Texte de Raymond Devos« A Caen les vacances… »

Dites sur quoi repose l’humour de ce texte.

Raymond Devos joue ici sur les confusions entre homophones dits lexicaux (Caen / Caen, car / quart; sète / sept…). Ce procédé humoristique s’appelle le CALEMBOUR.Le calembour est un jeu de mots qui consiste à employer un mot dont la forme peut évoquer deux sens.

Souvent, le calembour exploite l’homophonie, c’est-à-dire le fait que deux mots soient identiques à l’oral mais différents à l’écrit. Le calembour consiste alors à écrire la forme qui ne convient pas dans le contexte.

Entre deux mots, il faut choisir le moindre. (Paul Valéry) (plutôt que entre deux maux) Mais aussi:J’suis dans un état proch’ de l’Ohio… (Serge Gainsbourg) Bière qui coule n’amasse pas mousse. (Victor Hugo)

• Dites à quoi servent :

• les accents dans les mots « département » et « Sète » ?

Indiquer que le « e » se prononce [e] dans département, [ɛ] dans Sète (rôle phonogrammique)

• les accents dans les mots « où », « à » et « là » ?

Distinguer « où », « à » et « là » de leurs homophones « ou », « a » et « la » (rôle logogrammique)

• la cédille dans « ça » ? Indiquer qu’on prononce c, [s] (valeur de position).

• Pouvez-vous dire pourquoi :

• on met deux « c » à « occuper » ? On double souvent quand le mot commence par « oc » (sauf « oculiste »)

• on met deux « s » à passer » ? On double le « s » pour indiquer qu’il se prononce [s] entre deux voyelles (et non [z]

• on met un « m » à « embarquer » mais un « n » à « attention » pour transcrire le [ɑ̃] ? Nasales: on écrit « m » devant « m, b, p » sauf exceptions: embonpoint, néanmoins…

On distingue habituellement :

• l’orthographe grammaticale qui définit la façon d’indiquer graphiquement les éléments variables des mots (règles d’accords, conjugaisons,…).

•l’orthographe d’usage (ou lexicale) qui définit la façon d’écrire les mots du lexique indépendamment de leur usage dans la phrase ou le texte.

Première remarque

L’orthographe lexicale relève aussi d’une certaine logique, elle n’est donc pas

complètement le fait de l’arbitraire. Certaines règles la régissent.

Exemples:

Plus impérieuse d’ailleurs que toute autre, la nécessitéde la nourriture pousse les animaux à vivre en société et à s’entraider. Observez deux fourmis appartenant à la même colonie: quand elles se rencontrent loin de leur fourmilière, l’une et l’autre se livrent par des mouvements d’antennes qui sont un vrai langage, à une mystérieuse conversation.

Deuxième remarque

Il faut disposer du contexte (c’est-à-dire voir l’usage du mot dans la phrase) pour connaître l’orthographe de certains mots. C’est ce

qui permettra de distinguer à l’écrit des mots qui se prononcent de la même façon mais de sens différents (les homophones).

Dans les expressions idiomatiquesv. ex. c p. 26

° À cor et à cri

° À corps et à cris

Avec insistance, avec grand bruit, à toute force (cf. chasse)

° Autant pour moi

° Au temps pour moi

Pour admettre son erreur – et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début (cf. militaires)

° Faire bonne chair° Faire bonne chaire° Faire bonne chère

Se régaler (« cara » = visage). Avant, l’expression signifiait « faire bonne figure, bien recevoir ».

° Par acquis de conscience° Par acquit de conscience

Pour avoir l’esprit tranquille (> acquitter)

° Se sentir de plein pied avec une personne° Se sentir de plain-pied avec une personne

Sur un même niveau Directement

° Porter sur les fonts baptismaux° Porter sur les fonds baptismaux Lancer, mettre en œuvre, faire connaître quelque chose

qui existait déjà mais était inconnu du grand public> Fons (fontaine)

° Il va sans dire

° Il va s’en dire

Cela va de soi

Mais on peut avoir: Des absurdités, il va s’en dire lors de cette réunion.

° J’ai eu affaire à lui

° J’ai eu à faire à lui

Se trouver en présence de quelqu’un, quelquefois avec un rapport de force.

° Être en lisse° Être en lice Être engagé dans une compétition>Listja (barrière, francique) terrains sur lesquels se

déroulaient des compétions au MA

° Franchir le Rubicond° Franchir le RubiconFaire un pas décisif et irréversible.

Prendre une décision et en assumer toutes les conséquences.Jules César(rubicond = rouge de peau!)

° Tirer au flanc° Tirer au flanÉviter les corvées (> vocabulaire militaire)Mais “en rester comme deux ronds de flan” (être stupéfait)

° Avoir voix au chapitre° Avoir voie au chapitre Être consulté, avoir le droit d'exprimer une opinion, de

participer à une délibération.Par extension : avoir de l'influence, avoir autorité pour se mêler d'une affaire.

(> chapitre = assemblée cléricale)

Le camping : l’orthographe d’usage

L’an dernier, Maurice et Ginette ont gagné le gros lot du bingo (4) de leur paroisse (3): un équipement complet de canot-camping (2). Ravis, ils ont commencé à planifier leurs vacances. Le dollar (3) canadien étant à son taux le plus bas, ils ont abandonné l’idée d’aller sur la côte (1) est des États-Unis. Ils se sont rabattus sur les grands espaces québécois.

Le terrain qu’ils avaient choisi était situé près (1) d’un étang (7) où, munis de jambières (4) de caoutchouc (7), ils comptaient pêcher (1). Leur glacière contenait un jambon, des spaghettis cuits, des citrons pour accompagner (3) le poisson frais et des glaçons, petite gâterie dont Maurice et Ginette ne pouvaient se passer.

Leur première nuit fut catastrophique (5). Une pluie abondante s’abattit sur eux, doublée d’un vent violent qui fit ployer les piquets de leur tente (6). Nos héros, gelés jusqu’à la moelle mais tenaces, tentèrent avec énergie de résister aux intempéries.

Comble de malheur, un raton laveur, mammifère vorace et habile pique-assiette (2) s’il en est, réussit à ouvrir leur garde-manger (2) précaire, que les inconscients campeurs avaient installé sur la table à pique-nique (2).

Au matin, transi, à jeun depuis la veille, le couple sans jugeote (4) se retrouva dégoûté (1) et dégouttant de pluie, devant un reste de pain (6) mouillé, à la merci des dards (7) des nombreux moustiques affamés (3), eux aussi. Quelle scène lamentable !

(Centre collégial de Matériel didactique)

Les « règles » de l’orthographe d’usage

1. Les règles d’écriture des divers signes diacritiques

2. L’emploi du trait d’union

3. Les consonnes géminées

4. Autres particularités: « m » devant « m, b, p »; « c » ou « qu », etc.

5. Les mots de racine grecque

6. Les homophones « lexicaux »

7. Les familles lexicales

2.1. Les règles d’écriture des divers signes diacritiques

Un signe diacritique est un signe accompagnant une lettre ou un graphème (accents, tréma et cédille en français; l’umlaut en allemand; le tilde espagnol…).

Son objectif est de :•modifier la valeur phonétique de la lettre (ou du graphème) ;

•permettre une lecture plus précise (les diacritiques ne sont alors pas obligatoires) ;

•éviter une ambiguïté entre des homographes.

Le français possède:- quatre signes diacritiques suscrits: l’accent aigu (´), l’accent grave (`), l’accent circonflexe (^) et le tréma (¨).

- un signe diacritique souscrit: la cédille (ç).

- deux ligatures « æ » et « œ » (curriculum vitæ, œsophage)

- des signes diacritiques occasionnels et facultatifs; ceux-ci concernent exclusivement les mots d’origine étrangère.

Exemple: le « n tilde » dans « cañon » (que l’on peut écrire également « canyon »), le « a rond en chef » (que l’on trouve dans « ångström », noté également angström).

Les accents aigu, grave et circonflexeTrois valeurs:

1. Une valeur phonogrammique: ils notent la prononciation d’un son.

• L’accent aigu: beauté, blé, témérité, désir,…

• L’accent grave: il a-chè-te, un procès

• L’accent circonflexe: fête, pôle, mâle

2. Une valeur logogrammique: ils permettent de distinguer des homophones.

• l’accent grave sur le « a » et le « u »: « il a » vs « à Paris » ; « toi ou moi » vs « la ville où je suis née »

• l’accent circonflexe: « mur » vs « mûr »; « tâche » vs « tache »

3. Une valeur morphogrammique: par souci d’analogie, le circonflexe s’est étendu à:

- certaines séries lexicales: frôler, frôlement; câbler, câblage ;

- certaines séries grammaticales: nous chantâmes

Le tréma

On met un tréma sur une voyelle pour indiquer qu’elle se détache de celle qui la précède.

Exemples:

haïr, héroïne, aïeul, Israël, canoë, capharnaüm.

Compte tenu de certaines irrégularités d’emploi, les Rectifications de 1990 proposent:

• ambiguë > ambigüe

• une gageure > une gageüre

La cédille

La cédille se place sous le « c » devant « a, o, u » quand le « c » doit conserver le son [s].

Exemples: elle avançait, un garçon, un reçu

Devant les voyelles « e, i, y », la lettre « c » se passe de cédille pour noter [s].

Exemples: cent, ciel, cygne

2.2. Le trait d’union

Note: il ne faut pas confondre le trait d’union (ou tiret court) avec le tiret (ou tiret demi-cadratin ou cadratin, vu au chapitre « ponctuation »).

Le trait d’union occupe différents rôles:- un rôle typographique: coupure en fin de ligne ;

- un rôle syntaxique : crois-tu, moi-même, nu-tête, celui-ci;

- un rôle lexical: timbre-poste, chou-fleur;

2.3. Les consonnes géminées

Une des plus importantes sources d’erreurs orthographiques!

Deux raisons:

1. La prononciation de la consonne double (« mal » vs « malle »)

2. Il existe souvent des disparités (« monnaie » mais « monétaire »).

Existe-t-il des règles?NON! Toutefois, certains « principes » peuvent aider à

identifier les mots contenant des consonnes doubles.

1. Cinq consonnes ne doublent jamais: « j », « q », « v », « w », « x ».

2. Deux consonnes doublent rarement: « h » (wahhabisme) et « k » (drakkar).

3. Quatre consonnes doublent un peu plus fréquemment: « b » (sabbat), « d » (pudding), « g » (toboggan), « z » (jazz). On constate que ces mots sont souvent empruntés à des langues étrangères.

4. Restent neuf consonnes…

« c », « f », « l », « m », « n », « p », « r », « s », « t »

Doublements de consonnes les plus fréquents:

- Le « l » est la consonne la plus souvent doublée

- Le « s » vient ensuite pour transcrire le son [s] (tendresse).

- Le « n » (bonbonne, colonne, rationnel).

Surveillez l’entourage de ces neuf consonnes!

• Le « s » entre deux voyelles.

Attention: vraisemblable, contresens, parasol, …

• Après une voyelle « e » prononcée [ɛ] : aberrant, échelle,…

• Cas où le doublement ne survient jamais (insecte, rôtir, maire,…)

• On note que les consonnes doubles apparaissent souvent:

- à la jonction d’un préfixe et d’un radical (surréalisme, accaparer, supplémentaire,…)

- à la jonction d’un radical et d’un suffixe

(évidemment, raisonner,…)

Exercice 12Formation des adverbes en -ment:

1. Adjectif au féminin + ment

Franc > franchement; net > nettement

Dans ce cas, un seul « m »!

2. Adjectif terminés par –a (nt) ou –e (nt) + mment

Constant > constamment; évident > évidemment

3. Adjectif terminés par ai, é, i, u + ment

Vrai > vraiment; décidé > décidément; indéfini > indéfiniment; éperdu > éperdument

1. Curieusement (curieux règle 1)2. Brusquement (brusque règle 1)3. Inopinément (inopiné règle 3)4. Malheureusement (malheureux

règle 1)5. Effectivement (effectif règle 1)6. Parfaitement (parfait règle 1)

7. Partiellement (partiel règle 1)8. Couramment (courant règle 2)9. Récemment (récent règle 2)10. Élégamment (élégant règle 2)11. Constamment (constant règle 2)12. Évidemment (évident règle 2)

13. Précipitamment (précipitant règle 2)

14. Fréquemment (fréquent règle 2)15. Graduellement (graduel règle 1)16. Ardemment (ardent règle 2)17. Apparemment (apparent règle 2)18. Sauvagement (sauvage règle 1)

19. Pesamment (pesant règle 2)20. Consciemment (conscient règle 2)

21. Différemment (différent règle 2)22. Incessamment (incessant règle 2)23. Bruyamment (bruyant règle 2)24. Éminemment (éminent règle 2)

2.4. Autres particularités• Valeurs de position particulières:

- Le [s] est transcrit « t » (exécution, substantiel,…)

- Le [k] est souvent transcrit « qu » dans les finales de conjugaisons (« fabriquer » > « nous fabriquons » et non « nous fabricons »).

• Valeurs auxiliaires particulières:

- Une voyelle après un « x » =[gz]: exonérer.Un « c » après « x » = [k]: excès.

- Un « e » après un « g » = [ʒ] (devant a, o, u): elle bougeait.Un « u » après un « g » = [g] (devant e et i): une langue

Attention: nous naviguons

- Le « h » = tréma : ébahi, bahut,…

• Les familles de mots:

Un mot appartenant à une famille peut aider à comprendre et à retenir l’orthographe d’un autre mot:

Pulsation pouls; suspecter suspect; crochet croc; nidification nid; plombier plomb.

Les consonnes muettes des différents mots en italique sont des morphogrammes lexicaux.

2.5. Les mots de racine grecque

Le français a emprunté de nombreux mots savants au grec (identifiables via graphie)

- le son [k] transcrit « ch »: chiromancie, synchronie.

- le son [t] transcrit « th »: théâtre, athlète.- le son [f] transcrit « ph »: physiologie.- le son [i] transcrit « y »: glycérine.

2.6. Les homophones lexicauxUn homophone est un mot dont la prononciation est identique à celle d’un autre mot mais dont le sens diffère.

On distingue les homophones lexicaux et les homophones grammaticaux.

Quand il y a ressemblance entre des mots lexicaux (verbes, noms, adjectifs, adverbes), on parle d’homophonie lexicale.

Exemples: l’hôtel/ l’autel ; sceptique/septique; dégoûter/dégoutter.

On parle plutôt d’homophones grammaticaux lorsque la ressemblance existe entre des mots grammaticaux, c’est-à-dire les déterminants, les pronoms, les prépositions et les conjonctions.

Exemples: a/à; son/sont; c’est/ces/ses.