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Mémoire Décision et jeu des acteurs économiques et sociaux
« Les mouvements religieux peuvent-ils s’apparenter à des ONG et
exercent-ils des influences géo-économiques importantes ? »
Auteure :
Pauline VETTIER
Master 1 Économie Internationale et Globalisation Spécialité Économie Internationale et Politique Publique
Année universitaire 2008/2009
Enseignant responsable : M. Jacques FONTANEL
Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
« Le facteur de religion est impossible à négliger dans la compréhension du destin de la société. »
Pierre Nora (1931- ), historien français, membre de l'Académie française
Pauline Vettier
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REMERCIEMENTS
En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser ici tous mes remerciements aux personnes
qui m'ont apporté leur aide et qui ont ainsi contribué à l'élaboration de cet écrit.
Tout d'abord, Monsieur Jacques Fontanel, enseignant responsable, pour ses éclairages, ses
explications et ses corrections.
J'exprime ma gratitude à Monsieur Leonard Burg, représentant aux Nations Unies et vice
président États-Unis de « A Center for the World Religions », pour avoir pris le temps de répondre à
toutes mes questions par courriel, téléphone et messagerie instantanée Skype, pour l’intérêt manifesté à
l’égard de mon travail, pour les pistes de recherche qu’il m’a suggéré, et pour m’avoir proposé les
deux stages que j’effectuerai cet été à New York, à ses côtés.
“If religious factions were to flex and live up to the principles inherent in the original
formation of their religions - as given to the world and documented in scripture by the preceptors on
whom the religions are supposedly modelled - then religious movements might be as potent a force for
world peace as they now are for world war.” L. Burg
"Si les groupes religieux se pliaient aux principes inhérents à la création originelle de leurs
religions et les honoraient - comme transmis au monde et certifié dans les Écritures par les précepteurs
sur qui les religions sont censées être façonnées - alors, les mouvements religieux pourraient être une
force aussi puissante pour la paix dans le monde, qu’ils le sont aujourd’hui pour la guerre". L. Burg
Je tiens également à remercier Monsieur Salim El-Ghouli pour les nombreuses discussions
partagées avec lui sur le sujet des religions, pour ses conseils avisés, son soutien sans faille, sans
oublier son aide précieuse lors de la mise en page de ce mémoire.
Enfin, en amont de l’écriture de ce mémoire, j’ai envoyé une cinquantaine de courriels à divers
organismes religieux notamment français, européens et étatsuniens dans le but de compléter mes
connaissances sur les principales religions monothéistes et polythéistes du monde, particulièrement en
ce qui concerne les influences que ces mouvements religieux ont exercé et exercent sur la scène
nationale et internationale. J’ai échangé de nombreux courriels avec plusieurs de ces organismes. Je
tiens donc à remercier les centres ou les personnes suivantes pour avoir pris le temps de répondre à
mes questions, pour leurs explications, et pour s’être intéressé à mon travail :
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- Le secrétariat de l'Union Bouddhiste de France; le Vénérable Chandaratana, fondateur du Centre
Bouddhique International en France ; M. John Sedaraa du Centre Bouddhique International ;
M. Marc Davidovici de www.comprendrebouddhisme.com ;
- Youssef de la Ligue Nationale des Musulmans de France ; M. Zaid Al Balushi, Président de
l’Association des Etudiants Musulmans de la PennState University (Pennsylvanie) ; Syed de
l’Association des Etudiants Musulmans du Massachusetts Institute of Technology ; le site
www.muslims.net ; M. Ahmed J. Versi, éditeur à The Muslim News ;
- M. Geoffroy Perrin-Willm, Chargé de Mission Jeunesse à l’Eglise Réformée de France ; M.
Jérôme Cottin, professeur associé à l’Institut protestant de théologie (facultés de Paris et
Montpellier) et membre de l’Eglise Réformée de France ;
- M. Christian Euvrard, membre de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, directeur
de l'Institut de Religion de Paris, sociologue de la religion, philosophe et écrivain ; M. Fabrice
Cellier de www.mormonisme.com ;
- M. Damien Vincelot de www.catholique.org ; M. Edouard Koutsava, Secrétaire Général de la
Jeunesse Étudiante Catholique Internationale ; le service d'Information Religieuse du diocèse
de Paris ; Mme Françoise Demon de la Maison de la Conférence des Evêques de France ;
- M. Bhupendra R. Hajratwala, Président de l’Association Hindoue d’Amérique du Nord ;
- M. Yair Zivan, chargé d’organisation de campagnes pour l’Union des Etudiants Juifs ;
- M. Joop Theunissen et Mme Sherifa Khan du Conseil économique et social des Nations Unies
(ECOSOC) pour m’avoir fourni les données chiffrées très spécifiques nécessaire dans le cadre
de l’écriture de ce mémoire ;
- M. Jean Bauberot, écrivain, historien et sociologue français, spécialiste de la sociologie des
religions et fondateur de la sociologie de la laïcité.
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SOMMAIRE Remerciements ......................................................................................................................... 3 Sommaire ............................................................................................................................................ 5 Index des illustrations .............................................................................................................. 5 Introduction .............................................................................................................................. 6 Chapitre 1 – Mouvements religieux et ONG, ou les actions des ONG confessionnelles .. 10
A. L’aide À autrui, un devoir ancré dans la pratique des religions..................................... 10 1. Mormonisme et altruisme............................................................................................. 10 2. Islamisme et altruisme.................................................................................................. 12
B. Les ONG confessionnelles en action ............................................................................... 13 C. La face cachée des ONG religieuses ............................................................................... 16
Chapitre 2 - Quelles influences géo-économiques les mouvements religieux exercent-ils dans la sphère mondiale ?.................................................................................... 20
A. Les mouvements religieux et leurs influences dans la finance et l’Économie ................. 20 B. Les mouvements religieux et leurs influences en politique.............................................. 25 C. Les mouvements religieux et leurs influences dans le commerce.................................... 31
Conclusion............................................................................................................................... 35 Glossaire ................................................................................................................................ 36 Références ............................................................................................................................... 38 Bibliographie........................................................................................................................... 39 Annexes ................................................................................................................................ 40
INDEX DES ILLUSTRATIONS Fig.1 – Logo des Mains Serviables mormones ........................................................................ 11 Fig.2 – Diverses actions effectuées par les Mains Serviables : Recensement des arbres en Polynésie ; Déblayage après le passage de l’ouragan Ike au Texas ; Nettoyage des rues en Malaisie .................................................................................................................................... 11 Fig.3 – Formulaire de calcul permettant d'estimer le montant de la Zakât "el-Mâl" pour l'année courante - Source : http://www.fleurislam.net/pages/txt_czkt.html ........................ 13 Fig.4 – Schéma humoristique qui illustre la fortune du Vatican.............................................. 21 Source : http://www.anuncioblog.com/.................................................................................... 21 Fig.5 – L’édition spéciale du Time du 4 août 1997 chiffrait la fortune de l’empire mormon à au moins US$ 30 milliards ....................................................................................................... 22 Fig.6 – Exemples de banques islamiques (de gauche à droite) : Dubai Islamic Bank, Al Salam Bank, Tadamon Islamic Bank, la Banque Islamique de Développement (BID), Islamic Bank of Britain .................................................................................................................................. 24 Fig.7 – Symboles de J Street et de l’AIPAC ............................................................................ 30 Fig.8 – Campagne Sodeb’O « Développez vos ventes avec l’offre de sandwiches Halal » 33 Source : http://www.sandwichshows.com/ .............................................................................. 33
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INTRODUCTION
Le rapport de l’Homme au sacré, à la divinité, aux rites et aux pratiques religieuses est
ancestral. Depuis plusieurs millénaires, la religion, c’est-à-dire l’ensemble des croyances, pratiques,
rites et dogmes qui fondent et définissent le rapport de l’homme avec une ou plusieurs divinités,
occupe une place importante dans la culture des sociétés humaines. Les croyances sont aussi diverses
que les peuples dispersés un peu partout sur le globe. Ainsi, différents cultes sont nés à travers le
temps, parmi lesquels : les religions monothéistes abrahamiques d’une part, typiquement incarnées par
le judaïsme, né vers 1800 avant Jésus-Christ, par le catholicisme vieux de vingt siècles et par l’Islam,
dont le Coran a été révélé il y a plus de quatorze siècles ; les religions polythéistes d’autre part, très
nombreuses depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, dont la relation avec les dieux peuvent être de
plusieurs types (rites dans la mythologie grecque et celtique, monolâtrie1 comme dans le yahwisme2,
hénothéisme3 comme dans l’hindouisme) ; les religions créées récemment par l’Homme enfin, tels les
Quakers, aussi appelés la « Société religieuse des Amis », un groupement religieux protestant fondé en
1652 par un jeune cordonnier anglais, George Fox, ou encore le mormonisme, dit aussi l'Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, un mouvement religieux chrétien fondé aux États-Unis en
1830 par Joseph Smith.
S’il paraît naturel à un occidental de se questionner sur la place que la religion doit avoir dans
la société, cette seule distinction des deux termes religion et société peut paraître absurde dans d’autres
aires culturelles où, au sein de sociétés traditionnelles, la distinction du pouvoir temporel et du pouvoir
spirituel n’a pas cours : le social en son entier est religieux, et tous les agissements en société sont
régis par la religion, fournissant ainsi une identité collective. De fait, certains pays ont une religion
d’État, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas laïcs mais qu’une religion s’ajoute au droit, à la coutume et à la
tradition pour légiférer et encadrer la vie en société. C’est le cas par exemple d’Israël avec le judaïsme,
du Cambodge avec le bouddhisme theravāda, du Maroc avec l’islam, de la Grèce avec l’église
orthodoxe et de Monaco avec l’église catholique romaine. Dans un pays laïc, en théorie, l’État dirige
le pays de façon neutre et indépendamment d’une religion spécifique ou de celle(s) pratiquée(s) par ses
citoyens. En pratique, certains pays officiellement laïcs où la séparation du culte et de l’État sont la
règle, sont menés par une ou des coalitions qui considèrent le territoire comme influencé par une
religion particulière – ainsi, les États-Unis sont considérés comme étant une Nation (d’influence)
« judéo-chrétienne », bien que la religion soit officiellement séparée de l'État depuis la fin du
XVIIIe siècle (principe assuré par la constitution grâce au premier amendement et à l’article VI ).
Selon les pays, une religion peut donc être religion d’État, c’est-à-dire la religion nationale, pratiquée
par la majorité, ou ne pas avoir de statut officiel. 1 2 3 Voir définitions dans le glossaire p.36-37
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Si certains mouvements religieux sont connus, répandus et donc plus facilement acceptés et
intégrés au sein d’une Nation, d’autres subissent amalgames, généralisations et accusations et peuvent
être assimilés à des sectes. Cela peut être le cas pour les mormons, dont les pratiques religieuses sont
peu connues en France et souvent assimilées de manière erronée à celles des Témoins de Jéhovah. Ils
subissent la médiatisation des méfaits de la branche fondamentaliste américaine de leur mouvement, la
« Fundamentalist Church of Jesus Christ of Latter-Day Saints » (polygamie, mariage avec des
mineurs, mariages forcés, viols, inceste, agressions physiques et verbales).
Il est important de noter qu’il existe des sectes qui ne sont pas des religions, des religions ou
des nouveaux mouvements religieux qui ne sont pas des sectes, et que de vieilles religions peuvent
devenir des sectes. Les mouvements sectaires, réels phénomènes sociologiques, se cachent d’ailleurs
parfois sous l’appellation « nouveaux mouvements religieux », moins péjorative. D’après Jacques
Trouslard4, ces derniers se distinguent des mouvements religieux, car pour qualifier un groupe
de « secte », un seul critère est retenu, celui de la nocivité ou de l'extrême dangerosité, et trois
caractéristiques sont récurrentes : la manipulation mentale, une triple destruction (de la personne, de la
famille et de la société), et une triple escroquerie (intellectuelle, morale et financière).
Les « grandes religions », celles qui sont les plus représentées à l’échelle de la planète et qui
ont joué un rôle important dans l’histoire des peuples, demeurent très puissantes dans le monde, et ce
dans toutes les civilisations, des peuples d’Occident aux ethnies les plus primaires. Parmi les origines
étymologiques du mot religion, le latin re-ligare, qui signifie « re-lier », « re-joindre », indique l’idée
de relier les individus à Dieu, mais aussi de relier les hommes entre eux. Si les principes religieux
exposent les raisons et les méthodes de ce « lien », la religion peut produire des effets tout à fait
opposés en conduisant l'humanité à la guerre et à la division – c’est ce qui a pu être observé tout au
long du siècle dernier. À travers le temps, les religions ont ainsi perdu de vue leur rôle premier : celui
de diffuser un message de paix, d’amour, de fraternité, de non-violence, de tolérance, et de le faire
appliquer. Historiquement, c’est plutôt le contraire que l’on a pu observer : les guerres de religions,
l’inquisition, le fanatisme, l’intolérance, la misogynie, le frein au progrès ou encore la confiscation du
pouvoir politique sont des exemples d’influences négatives qu’a eu la religion, ou plutôt son
interprétation, sur les sociétés et les hommes.
Les groupes religieux sont des acteurs à part entière sur la scène mondiale, où ils jouent, aujourd’hui
appuyés par leurs lobbies, un rôle prépondérant, au même titre que les États, les firmes
multinationales, les centres d’enseignement supérieur, les organisations internationales, les
institutions, les médias mais aussi les organisations non gouvernementales (ONG). Ce terme désigne
4 Depuis qu’il a mis à mal en 1982 l’organisation d’une secte à Saint-Erme dans l’Aisne, le Père Jacques Trouslard est devenu une référence en matière de lutte contre les sectes. Il a abandonné son poste de Vicaire Général pour se consacrer exclusivement au combat contre les sectes depuis vingt ans. Il est chevalier de la Légion d’honneur depuis 2002 et de l'Ordre national du mérite « en reconnaissance d’une vie de combat pour les droits de l’homme ».
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des organisations qui ne relèvent pas directement ou structurellement d'un gouvernement, mais qui
peuvent coordonner leurs programmes avec ceux des services publics ; le but étant de chercher à
développer sans but lucratif une activité internationale, dont tout ou partie est consacré à l’expression
de solidarité avec les populations défavorisées. Le Conseil économique et social de l'Organisation des
Nations Unies (ONU) en donne la définition suivante : « Sera considérée comme organisation non
gouvernementale toute organisation dont la constitution ne résulte pas d'un accord
intergouvernemental, y compris les organisations qui acceptent des membres désignés par les autorités
gouvernementales, pourvu que de tels membres ne nuisent pas à la libre expression des organisations.»
Les buts qu’ils poursuivent peuvent être d’ordre économique, social, éducatif, culturel ou
encore religieux. Il existe des secteurs prioritaires dans lesquels les ONG opèrent, et certaines sont
connues et reconnues dans leur domaine d’intervention : les droits de l’Homme (Amnesty
International, Human Rights Watch), la lutte contre la faim (Action Contre la Faim), l’éducation
(alphabétisation, la scolarité, formation : Aide et Action), la protection de l’environnement
(Greenpeace), la lutte durable contre la pauvreté grâce à l’accès au micro-crédit (PlaNet Finance),
l’aide humanitaire médicalisée (Médecins sans Frontières), le secours et l’assistance aux personnes
handicapées (Handicap International), sans oublier la promotion de la femme, le développement rural,
la lutte contre le sida etc.
Toute organisation associative à fonds privés et à but non lucratif pourrait être qualifiée
d'ONG, mais la pratique réserve habituellement ce titre à des organisations internationales répondant
aux critères susmentionnés. Les ONG se différencient des associations, des clubs et des fédérations par
le fait qu’elles couvrent tous les champs de l’activité humaine et par leur envergure internationale :
elles regroupent des personnes morales afin de coordonner des actions touchant plusieurs pays.
Les ONG ont différents modes d'actions, ce qui conduit à les classer dans au moins deux groupes :
d’une part, les ONG dites « militantes », qui sont avant tout des groupes de pression politique ou
lobbies (ex. Human Rights Watch). Certaines d’entre elles n’ont pas de but humanitaire mais des
ambitions idéologiques, commerciales ou économiques. D'autre part, les ONG dites « humanitaires »5
qui mettent typiquement en place des programmes d'aides éducatives ou caritatives pour le
développement de la population.
Au sujet de la nature par définition non gouvernementale de ces organisations, il est important
de préciser que dans un pays théocratique6 tel que la République islamique d'Iran, l’organisation est
publique, et donc appartient, est financée et gérée par l’État. Dans les pays laïcs, au contraire, les ONG
5 « Une action non partisane visant à répondre à des besoins » : voilà la conception légitime de l’humanitaire, promue et diffusée par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans un Code de Conduite adopté en 1994 : « La raison primordiale de nos interventions en cas de catastrophe est de soulager les souffrances des victimes les moins aptes à en supporter les conséquences. En fournissant une aide humanitaire, nous accomplissons un acte qui n’est ni partisan, ni politique, et qui ne doit en aucun cas être considéré comme tel. » 6 Voir définition dans le glossaire p.36-37
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sont strictement non gouvernementales et sont donc initiées par des acteurs privés. En France, les
ONG sont régies en tant qu’associations par la loi du 1er juillet 1901.
Deux types d’ONG sont à différencier : d’une part, les organisations non gouvernementales
laïques, aussi appelées ONG non-confessionnelles ou non-religieuses (auxquelles se greffent parfois
les termes « apolitiques », « non sectaires », « non discriminantes »), c’est-à-dire qu’outre leur
neutralité en matière religieuse, elles diffusent un message d’universalité de leur action et la volonté de
servir tout individu indépendamment de ses croyances et de ses convictions ; d’autre part, les ONG
religieuses, aussi appelées ONG confessionnelles (ONGc), qui portent majoritairement la marque de
leur appartenance ou orientation religieuse en leur nom et s’inspirent des principes de leur religion
pour exercer leurs activités. Bien qu’il n’y ait pas de définition universellement reconnue des ONGc,
elles réunissent au moins une des caractéristiques suivantes : l’affiliation à un culte ; des statuts faisant
explicitement référence à un dogme ; un mode de financement qui trouve sa source dans
l’appartenance à une religion ; et/ou un fonctionnement dans lequel la prise de décision ou le
recrutement du personnel s’effectue en fonction de critères religieux. Quand les mouvements religieux
font parler d’eux, cela peut être à travers les ONGc ou encore du fait de leurs influences dans la sphère
géo-économique – une branche stratégique des relations internationales qui associe l'analyse
économique à la géopolitique.
Quels rôles jouent ces organisations dans le milieu humanitaire ? En quoi leur identité
religieuse les différencie-t-elles ou les rapproche-t-elles des autres ONG ? Qu’ont les ONG et les
mouvements religieux en commun ? Quels avantages ou inconvénients les ONGc tirent-elles de cette
exposition médiatique comme sociale ? Comment interpréter leur montée en puissance dans les
relations internationales ? Dans la sphère géo-économique, quelle place prennent les groupes
religieux ? Quel rôle ces derniers jouent-ils sur une scène politique internationale en mutation ? Dans
quels domaines précisément ? Quelles influences de ces mouvements peut-on reporter ?
Dans un premier temps, seront étudiées les actions des ONGc (Chapitre 1), plus
particulièrement l’ancrage de l’altruisme au sein de la pratique religieuse (A), un zoom sur les
interventions de plusieurs de ces associations (B) et leur face cachée, à travers l’étude de dérives
souvent pointées du doigt (C). Dans un second temps, nous analyserons les influences géo-
économiques des mouvements religieux dans la sphère mondiale (Chapitre 2), notamment dans les
domaines de la finance et de l’économie (A), puis de la politique (B), et enfin du commerce (C).
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CHAPITRE 1 – MOUVEMENTS RELIGIEUX ET ONG, OU LES ACTIONS
DES ONG CONFESSIONNELLES
D’après l’ECOSOC (Conseil économique et social des Nations Unies), en 2008, 3.183 ONG7
avaient le statut consultatif auprès des Nations Unies. Bien que ce nombre soit important, la quantité
effective d’ONG en action dans le monde est bien plus importante. Étant donné que l’ECOSOC ne
répertorie pas les ONG auxquelles il accorde le statut consultatif par religion, il n’est pas possible de
savoir quelle proportion de ces ONG sont des ONGc (confessionnelles) et quelle proportion est laïque,
et parmi ces dernières, combien sont affiliées à chaque mouvement religieux. En effet, les ONG sont
catégorisées par type d’actions effectuées (ex. : développement social, changement climatique, droits
de l’homme, aide humanitaire, éducation, santé des femmes ...).
Étudions le contexte lié à la nature confessionnelle des ONG religieuses.
A. L’aide à autrui, un devoir ancré dans la pratique des religions
Aider son prochain, être solidaire et charitable, offrir l’aumône aux nécessiteux, servir sa
communauté, partager ses richesses sont autant d’actions que les livres sacrés comme la Bible, le
Coran, la Torah et le Veda8 incitent à mettre en œuvre dans le cadre de la pratique de ces religions.
Ces services prennent une grande place dans l’exercice de deux religions en particulier : le
mormonisme et l’islam.
1. Mormonisme et altruisme
Au sein de l’Église mormone ou Église de Jésus Christ des Saint des Derniers jours, les Mains
Serviables sont un programme qui consiste à fournir des bénévoles à la collectivité pour des travaux
d’intérêt général et à apporter du secours aux personnes qui en ont besoin lors de catastrophes. Leurs
actions sociales et d'entraide prennent place dans le monde entier, de façon impromptue dans le cas de
dévastations massives, mais leurs membres se réunissent également régulièrement pour des journées
d’entraide, de services à la collectivité et pour mieux faire connaître leur volonté de servir leur
prochain.
7 Ce chiffre m’a été donné via courriel par Mme Sherifa Khan du Conseil économique et social des Nations Unies 8 Voir définition dans le glossaire p.36-37
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Fig.1 – Logo des Mains Serviables mormones
De nombreuses actions humanitaires et caritatives sont effectuées chaque jour sur les cinq
continents par leurs membres de tous âges, les bénévoles locaux et les missionnaires : le recensement
des arbres envahissants et endémiques dans des communes de Polynésie ; le nettoyage et l’aide à la
remise en état des lieux après une catastrophe naturelle ; le soutien moral et le réconfort des familles
sinistrées ; la préparation de repas et le témoignage de l’attention pour les personnes dans le besoin ; le
ramassage des déchets sur un site publique (ex. la Bastille à Grenoble) ; le don de sang en partenariat
avec les Établissements Français du Sang (EFS) ; une assistance d’urgence aux hôpitaux, aux premiers
secours et aux collectivités d’Indonésie lors du tsunami de décembre 2004, puis la poursuite des
efforts à travers le financement de la (re)construction de centres municipaux, écoles, hôpitaux, réseaux
d’alimentation en eau, dispensaires et 902 maisons en dur dans les zones sinistrées ; le forage de puits
et la construction de citernes en Éthiopie ; une association avec le Secours islamique en 2005 lors du
tremblement de terre en Inde et au Pakistan pour fournir un avion, des camions et des bateaux remplis
de fournitures de survie, de trousses sanitaires et de matériel médical ; un projets d’alimentation en eau
potable parrainé par l’Église dans vingt-cinq pays et bénéficiant à plus d’un million de personnes ; la
distribution de fauteuils roulants à plus de 60.500 personnes dans soixante pays ; la formation de plus
de 16.500 professionnels de la santé dans vingt-trois pays à la réanimation néo-natale [1] …
En 2007, au total, l’Église et ses membres ont réagi à 170 événements majeurs dans le monde.
[2]
Fig.2 – Diverses actions effectuées par les Mains Serviables : Recensement des arbres en Polynésie ; Déblayage après le passage de l’ouragan Ike au Texas ; Nettoyage des rues en Malaisie
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2. Islamisme et altruisme
Un autre exemple d’altruisme dans le cadre de la pratique de la religion peut être trouvé dans
l’islam. « L’acte de charité est une obligation dans notre religion », explique Hamid Azad, directeur
exécutif de Muslim Aid à Londres. La loi canonique (charia) fixe les cinq devoirs fondamentaux des
croyants (les « cinq piliers »):
1. la profession de foi, ou chahâdâ (il n'y a d'autre Dieu qu'Allâh, et Mahomet est
l'envoyé d'Allâh) ;
2. la prière rituelle cinq fois par jour (salat) ;
3. l'aumône rituelle (zakât) ;
4. le jeûne du mois de Ramadan (siam ou e'sawme) ;
5. le pèlerinage à la Mecque, ou hajj, une fois dans la vie.
Le troisième pilier, appelé la zakât, est dans l'islam une aumône légale, un groupement
d’impôts que le musulman doit payer sur ses biens. En pratique, il est tenu de calculer chaque année
lunaire (hégire) ce montant et de le donner aux gens les plus pauvres de sa communauté, en
commençant par sa famille (à l'exception de ceux qui sont à sa charge) et ses voisins.
Il existe deux types de zakât : le premier est la zakât al mâl (aumône légale, l’équivalent de l’impôt
sur le revenu), qui correspond à 2,5 % de l'épargne du musulman si cette épargne est supérieure ou
égale à un montant de 85 grammes d'or, soit actuellement environ 1.100 euros.
Sont soumis à la zakât : les avoirs, biens et fortune (espèces, métaux précieux, carnets d’épargne,
dépôts en banque), les marchandises, le bétail et les récoltes (=les ressources extraites du sol, les fruits,
légumes, céréales), les revenus divers (location de biens immobiliers par exemple), les honoraires,
salaires, primes, gratifications, bonifications et les héritages.
Le Coran contient plus de 80 versets concernant la zakât et l'obligation de s'en acquitter. Cette
aumône a différents objectifs : elle n’est pas considérée comme une obole offerte au pauvre par le
riche, mais un droit des pauvres de prélever dans le surplus des plus riches ; elle limite l'accumulation
et la concentration de biens chez les riches afin qu'ils ne soient pas aux mains d'une minorité de la
société ; elle permet ainsi aux nécessiteux de subvenir à leurs besoins, ce qui était un droit dans le
cadre de la responsabilité collective prônée par l'islam, et encore aujourd’hui favorise une véritable
entraide sociale en étant une œuvre d'utilité public ; elle sert à purifier le croyant de son éventuelle
« attirance malsaine » pour les biens, à limiter l’avarice, la convoitise et l'avidité ; elle tend à « rallier
le cœur des hommes à Dieu » (dimension spirituelle) ; elle favorise l'investissement des biens, car ils
sont exemptés d'impôts : cela permet donc la création de bâtiments publics utiles (écoles, hôpitaux...).
Les bénéficiaires de la zakât sont nombreux : elle est redistribuée aux pauvres, aux nécessiteux
qui possèdent trop peu pour vivre d'une manière décente, aux captifs afin de verser la rançon qui leur
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rendra la liberté, aux surendettés (parfois incapables de s'acquitter de transactions contractées dans un
but pieux), aux « fils du chemin » (les voyageurs en détresse, les pèlerins à qui l'on doit une assistance
charitable), mais également aux secrétaires chargés de recueillir la zakât et de la répartir.
Certains sites internet proposent des moyens informatiques pour calculer le montant de la
zakât :
Fig.3 – Formulaire de calcul permettant d'estimer le montant de la Zakât "el-Mâl" pour l'année courante - Source : http://www.fleurislam.net/pages/txt_czkt.html
En outre, il existe une zakât particulière obligatoire que l'on verse avant la fin du mois de
ramadan : la zakât al-Fitr (aumône de la rupture du jeûne). À l’origine, elle consiste en un repas offert
à un nécessiteux, qui lui permet de se nourrir pendant le jour de la fête de l’Aïd, et correspond en
France à une somme estimée à environ 5€.
Il a ainsi été vu à travers ces deux exemples qu’aider son prochain est un devoir religieux et
fait partie intégrante des exigences liées aux pratiques de la vie en communauté, spécifiquement dans
le mormonisme et l’islam.
B. Les ONG confessionnelles en action
L’existence d’acteurs non étatiques religieux prenant la forme d’associations pour venir en
aide aux victimes de conflits, de persécutions et de catastrophes naturelles ou pour défendre des
causes, n’est pas nouvelle : l’ordre de Malte, fondé vers 1040 par les Frères de l’hôpital Saint-Jean de
Jérusalem pour veiller à la santé des plus démunis, ou le Comité juif américain qui dès 1911 faisait
pression sur le gouvernement américain afin de le mobiliser sur le traitement que la Russie infligeait
aux demandeurs de visas juifs américains, en étaient déjà des exemples. Puis, après la seconde guerre
mondiale, des ONG comme le World Council of Churches (créé en 1948) jouèrent un rôle
fondamental dans l’assistance aux victimes du conflit. Une étude de 1953 montrait ainsi que 90% de
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l’aide aux réfugiés fournie après-guerre provenait d’agences humanitaires religieuses. Aujourd’hui, la
plus grande ONG du monde serait World Vision, une organisation chrétienne évangélique. D’après
Pascal Dauvin9, l’évolution constatée aujourd’hui dans le monde de l’humanitaire serait la présence
accrue des organisations caritatives islamiques, appelées communément « Arab NGOs » ou « Muslim
charities » : « Il y a [d'ailleurs] aujourd'hui sur le marché humanitaire beaucoup d'ONG
confessionnelles et une montée en puissance des ONG musulmanes. »10
Comme susmentionné, les ONG ont un champ d’action très large et balayent différents
domaines d’intervention. Les ONG religieuses sont très actives dans le domaine de la prestation des
services sociaux et celui de l’administration des programmes d’aide au développement : elles se
consacrent typiquement à l’alphabétisation et la santé des femmes, aux soins et à l’éducation des
enfants, aux premiers secours lors de situations urgentes. Ce sont donc des secteurs d’intervention en
relation directe avec la population qui en a besoin (regroupés sous l’appellation « humanitaire »), dans
les pays en développement le plus souvent (ex. The Hanna Project intervient au Tadjikistan et en Côte
d’Ivoire) ou sur les lieux de conflits ou de catastrophes naturelles (ex. intervention de Caritas Italia à
Aquila lors du séisme d’avril 2009). En revanche, on les retrouve peu ou pas dans les domaines de la
protection de la faune et de la flore.
Si l’action humanitaire des ONGc est majoritairement salvatrice pour la population des pays
où elles interviennent, elle apporte également un avantage insoupçonné : d’après Antoine Malafosse,
délégué général du CCFD11-Terre Solidaire : « le CCFD est une chance pour l’Église de France : il en
promeut une image très positive et très avantageuse. Nous sommes partie intégrante de l’Église, mais
notre singularité s’appuie sur cinquante ans d’expérience et de dialogue avec nos partenaires locaux
dans les pays du Sud qui mettent en œuvre nos actions de développement. » [Annexe 4]
Les bénévoles, volontaires et humanitaires sont des acteurs majoritairement bien acceptés et
pris en compte sur le terrain, que ce soit par la population locale ou par les organismes déjà en place -
d’autant plus que ce secteur se professionnalise, que ses membres sont formés, diplômés, souvent
expérimentés, habitués au terrain et cadrés par leur hiérarchie. Ainsi, l’arrivée des ONGc sur le lieu à
soulager permet soit d’apporter des outils pour améliorer les conditions de vie au quotidien et favoriser
le développement économique et social d’une zone (mise en place de coopératives comme celles de
l’argan au Maroc, de vente de l’artisanat local à travers le commerce équitable…), soit d’éponger les
premiers besoins sanitaires et médicaux lors des catastrophes naturelles, épidémies, famines, guerres,
ou autres aléas (tentes et couvertures, aide médicamenteuse, eau potable, nourriture…).
9 Maître de Conférences en Science Politique à la Faculté de droit et de science politique de l'Université de Versailles-Saint-Quentin, auteur avec Johanna Siméant de l’essai « Le Travail Humanitaire : Les Acteurs des ONG, du siège au terrain », aux Éditions Broché, 2002 10 Citation tirée de l’article « Communication et action humanitaire - Humilité sans frontières » sur http://pagesperso-orange.fr/pelikan/evenements/interview.htm 11 Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement
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Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
Il est important de préciser qu’en développant des programmes d’aide dans des zones de
conflit, les organisations humanitaires se trouvent mêlées aux différends religieux, géopolitiques,
culturels et/ou ethniques qui découlent du dit conflit. Cela amène l’action humanitaire, de plus en plus
confrontée aux rigueurs de cet environnement de travail, à être formée à une « intelligence
humanitaire ». En effet, l’espace humanitaire a été crée sur la base d’un compromis politique entre
neutralité, indépendance et consentement, qui permet l’action, mais a été tronqué (interdiction de
prendre parti ou d’évoquer ce dont on a été témoin). De plus en plus de conflits armés remettent en
question le compromis primordial de l’action humanitaire et invoquent exclusivement la politique.
Pour illustrer ces propos, j’ai constitué un tableau d’analyses de vingt-trois ONG
confessionnelles [voir annexe n° 2], dont certaines sont très présentes et influentes dans leur champ
d’action (l’Armée du Salut, World Vision…). Ce listing ne se veut pas exhaustif et ne peut l’être, mais
souhaite regrouper et présenter divers exemples de diverses ONGc de diverses religions actives dans
divers domaines d’intervention. Certaines étant polyvalentes, il n’a pas été facile de les faire entrer
dans des « petites cases réductrices » (ex. Islamic Relief Worldwide, The International Islamic Relief
Organization et Catholic Relief Services fournissent à la fois de l’aide d’urgence lorsque des
catastrophes surviennent, et un travail de fond pour le développement économique et social des zones
les plus pauvres. Mais toutes les ONG et ONGc qui luttent contre les principales causes de la pauvreté
ne sont pas en mesure d’agir dans l’urgence lors de désastres).
Les ONGc travaillent donc principalement dans les domaines suivants : la lutte contre la faim
(ex. Le Comité catholique contre la faim et pour le développement), l’intervention médicale et
sanitaire (ex. The Hanna Project), la lutte contre la pauvreté et l’exclusion (ex. Le Secours Catholique,
The Salvation Army), l’intervention dans l’urgence (ex. Islamic Relief Worldwide, The International
Islamic Relief Organization, Catholic Relief Services), la paix et les droits de l’Homme (ex. Good
Friends, Shakti Vahini, La Communauté Sant’Egidio), un travail de fond pour le développement
économique et social (ex. Tzu Chi Foundation, International Islamic Charitable Organization, The
Mata Amritanandamayi, Muslim Aid), le volontariat international (ex. Délégation Catholique pour la
Coopération, DEFA, Fidesco), la protection des enfants (ex. World Vision, Christian Children's Fund,
Shanti Volunteer Association, Les Amis de l'Orphelinat de Pattaya), la culture (ex. The Buddha's Light
International Association, Le Conseil Quaker pour les Affaires Européennes).
Pauline Vettier
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Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
C. La face cachée des ONG religieuses
Depuis qu’elles se sont vues reconnaître officiellement leur existence par l’article 71 de la
Charte des Nations Unies de 1945, le rôle des ONG a crû dans tous les domaines : elles sont devenues
des interlocuteurs quasi incontournables (vis-à-vis des institutions internationales, des gouvernements,
des populations des territoires en guerre et des pays les moins avancés) ; elles sont sur tous les fronts
et de toutes les batailles, impulsées par les « French doctors »12 ; elles sont de plus en plus
nombreuses, riches et médiatisées (tout comme les besoins humanitaires le sont), couvrent un territoire
toujours plus large et ont acquis un pouvoir que certains trouvent exorbitant, notamment par rapport à
celui des États. De plus, elles bénéficient d'une notoriété record, sont auréolées d'une crédibilité
inégalée comme source d'information, représentent le mieux les intérêts des citoyens et sont consultées
et écoutées lors des grandes réunions internationales, du fait de leurs compétences techniques et de
leur expertise sur le terrain.
Les relations entre le monde des affaires, les gouvernements et les ONG sont souvent
compliquées et antagonistes. Considérant la multitude d’ONG, des dérives peuvent être déplorées tout
aussi bien dans le pays d’origine de l’ONG, que dans ceux où elles interviennent. Par exemple, des
critiques peuvent porter sur l’appropriation de ressources rares comme l’eau ou l’énergie pour les
besoins du fonctionnement propre de l’organisation. Ces reproches s’apparentent à ceux faits à une
entreprise privée classique installée dans un pays du Tiers-Monde. Des critiques sont aussi apparues
au moment de la professionnalisation de l'humanitaire, entre la fin des années 1990 et le début des
années 2000 : certaines organisations françaises se sont vues reprocher de se rapprocher peu à peu du
système anglais (emploi salarié, contrairement au volontariat qui prévalait avant). Enfin, les ONG
s’accordent un droit d’ingérence qui ne plait pas forcément à toutes les populations.
La crédibilité des ONG a été altérée par la médiatisation des faux-pas de certaines d’entre
elles, ce qui a modifié leur statut d’intouchables. Les ONGc ne sont pas en reste, car en plus des
reproches faits à la fonction, à la nature, au statut, au financement, au rôle, à la légitimité et aux
moyens d’action des ONG, elles doivent gérer les problèmes spécifiquement liés à leur nature
religieuse. Voici quelques exemples de débordements qui ont pu être observés :
• la concurrence qu’elles exercent entre elles pour être visible, pour se disputer les fidèles, la puissance de
leurs groupes, l’influence et la qualité de la couverture médiatique… Ces stratégies servent à être
connue du public et ainsi espérer obtenir des dons importants. Cette compétition est notable tant entre
les ONGc et les ONG laïques qu’entre ONGc d’une même branche religieuse ;
12 Largement médiatisée sur la scène internationale, la guerre du Biafra ou guerre civile du Nigeria a eu lieu de 1967 à 1970, faisant de un à deux millions de morts. En 1971, des French doctors (dont Bernard Kouchner) lancent alors l'ONG Médecins sans frontières pour venir en aide aux réfugiés, le blocus terrestre et maritime du Biafra ayant provoqué une famine. MSF fut la première ONG privée d’aide médicale d’urgence, et ses fondateurs furent les initiateurs de la notion de « droit d’ingérence ».
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• le même rapport de force se retrouve sur le terrain lors de missions humanitaires ;
• les dérives qui ont pu être remarquées, comme la conversion sous couvert de bonne action, le
prosélytisme ou encore l’acculturation : la pratique de leurs activités altruistes permet à certaines ONGc
de contribuer à la diffusion de leur religion et de leurs croyances sur le lieu d’intervention (ex. le
président du DEFAP Jean-Arnold de Clermont a souligné que pour lui « l’évangélisation et la mission
ne font qu’un. » Il souhaite que le DEFAP poursuive sa réflexion sur l’engagement missionnaire et se
dirige vers l’élaboration d’une charte sur l’engagement du DEFAP au nom des Églises protestantes de
France13. En outre, la distribution de bibles au Bangladesh il y a vingtaine d’années par World Vision a
fait scandale et a alors décrédibilisé les organisations chrétiennes de solidarité) ;
• les relations antagonistes à l’action humanitaire, comme l’action politisée et l’utilisation des activités
humanitaires à des fins partisanes. De fait, le militantisme « politico-militaro-religieux » s'appuie sur
l'action sociale qui le précède, et considère l’action humanitaire comme un accessoire du combat (ex.
malgré le travail humanitaire légitime effectué, « The Holy Land Foundation for Relief and
Development », la plus importante organisation caritive islamique des États-Unis, a été fermée en
décembre 2001 par le gouvernement américain qui l’accusait d’avoir fondé le Hamas et de lui avoir
fourni matériaux et supports logistiques pour des millions de dollars. L’administration américaine a
également fait pression sur le Royaume-Uni pour geler les fonds de cette ONG, avant toutefois de lever
cette mesure le 24 septembre 2003 faute de preuve concernant les accusations de soutien au Hamas) ;
• l’existence de la sélection des populations à traiter par croyance, qui ne se pose pas avec les ONG non-
religieuses. Si certaines ONGc affichent clairement leur impartialité (sur leur site internet, le Secours
Islamique annonce qu’il « agit dans une stricte neutralité, sans distinction de race, de sexe ou de
religion », et Catholic Relief Services que « Assistance is based solely on need, not race, creed or
nationality14 »), ce n’est pas le cas de toutes. Ainsi, l’organisation humanitaire juive sioniste B'nai
B'rith travaille pour l'unité du peuple juif, promeut les droits des communautés juives, remet des
bourses d'études aux étudiants juifs et lutte contre l'antisémitisme. L'organisation est exclusivement
réservée aux israélites et comprend plus de 500.000 membres dans une cinquantaine de pays ;
• l’existence de la sélection des employés sur critères d’orientation sexuelle (ex. pour justifier son refus
d’embaucher des homosexuels, The Salvation Army aux États-Unis met en avant son statut d’église et
s’appuie sur la section VII du « Civil Rights Act » de 1964 qui lui accorde explicitement le droit de
discriminer lors de l’embauche, du fait de sa nature religieuse, sur un tel critère,) ;
• mais les cas inverses peuvent aussi se produire, comme un membre du DEFAP (Service Protestant de
Mission) l’explique ici : « Nous recevons de nombreuses candidatures [au volontariat international],
13 Communiqué de presse Assemblée Générale de mission 2009 du Service protestant de mission www.defap.fr/rubrique.php?id_rubrique=160 14 « L’aide se base uniquement sur le besoin, pas les origines ethniques, les croyances religieuses ou la nationalité »
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environ 300 par an. Certains candidats se désistent d’eux-mêmes quand ils apprennent que le DEFAP
est lié aux églises protestantes15 » ;
• la non-transparence, les financements occultes et les détournements de fonds, ce qui laisse à penser que
toutes les organisations caritatives ne sont pas philanthropes16 ;
• les critiques quant à la façon dont l’argent est dépensé (ex. BLIA s’est vue reprocher l’extravagance et
la démesure de certains de ses temples, comme le temple Nan Tien en Australie, ce qui est
contradictoire avec les enseignements bouddhistes. Cette critique est par ailleurs fréquemment faite au
sujet de nombreux temples bouddhistes modernes) ;
• les agissements de certaines ONG religieuses ont été particulièrement critiqué (ex. de 1940 aux années
70, The Salvation Army en Australie a abrité quelque 30.000 enfants. En 2006, elle a reconnu que des
abus sexuels aient pu avoir lieu à cette époque, s’en est excusé et a en même temps rejeté la demande
d’indemnités réclamés par 500 personnes17) ;
• le travail prétendu accompli ne correspond pas toujours à celui effectué en réalité (ex. sur la
cinquantaine d'orphelinats que IIRO prétend avoir construit aux Philippines, un seul le fut
effectivement).
Mais les situations inverses arrivent aussi, et parfois, les ONGc doivent justifier leur absence
de prosélytisme sur le terrain. Ce fut le cas pour Christian Children's Fund (CCF). En mai 2004, elle
fut le sujet de contestations quand l’organisme chargé du contrôle des organisations caritatives
chrétiennes, Wall Watchers, envoya une alerte par courriel à environ 2.500 donateurs, les informant
que le nom de cette ONG, Christian Children's Fund, avait été conçu pour induire en erreur de façon
intentionnelle ses donateurs, en leur faisant penser que le groupe était basé sur la foi chrétienne18.
Howard Leonard, directeur général de Wall Watchers, argumenta : « It isn't Christian in the way we
look at it. If you're going to be bringing help to these children, you should be bringing the Gospel19 ».
15 D’après le journal protestant en ligne Réforme n°3088 du 22-07-2004 16 Une des façons de vérifier la transparence d’une ONG est de consulter un site internet comme Charity Navigator (http://www.charitynavigator.org/). Fondé en 2001, il est devenu le moyen d’évaluation des organisations caritatives le plus important et le plus utilisé des États-Unis. Il examine des dizaines de milliers de documents financiers des ONG et a développé un système impartial et objectif d’évaluation qui évalue quelles organisations américaines sont dignes de confiance, parmi plus de 5.000. Seulement 3% des ONG étudiées obtiennes une notation de 4/4 cinq années à la suite. L’American Institute of Philanthropy (http://www.charitywatch.org/), l’alliance Better Business Bureau/Wise Giving (http://www.bbb.org/), NonProfit Times (http://www.nptimes.com/), et en France, le Comité de la Charte du Don en confiance (http://www.comitecharte.org/ ) et la Cour des Comptes (http://www.ccomptes.fr/) proposent les mêmes services. À noter : l’Armée du Salut est exemptée de la comptabilité qui incombe à toute organisation charitable américaine du fait que ses revenus soient supérieurs à un milliard de dollars. 17 « The Salvation Army’s response to child abuse allegations ». The Salvation Army, 01-08-2006 http://www.salvationarmy.org.au/media/statements/2006_child_abuse.asp. Désactivé de 15-03-2009 18 « The Use of the Word 'Christian' by Christian Children's Fund is Misleading » http://www.ministrywatch.org/mw2.1/pdf/MWDA_042704_CCF.pdf (PDF) sur ministrywatch.org (un programme de Wall Watchers), mai 2004 19 [les actions de Christian Children’s Fund] « ne sont pas chrétiennes dans la façon dont nous les considérons. Si de l’aide est apporté à ces enfants, alors, l’Évangile doit lui aussi être apporté. »
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Un porte-parole de CCF expliqua que cette ONG ne fait aucun prosélytisme et ne cherche pas à
convertir les populations avec lesquelles elle travaille. Il rappela que l’origine chrétienne du nom
provient de son fondateur, le pasteur Presbytérien Dr. J. Calvitt Clarke, qui croyait en les principes
chrétiens, tel que « Aime ton voisin comme toi-même » (« Love thy neighbor as thyself »).
Une des conséquences du prosélytisme est la modification du paysage religieux du pays où il
est exercé, du fait des influences et de la diversité des bénévoles, missionnaires ou volontaires
d’ONGc sur place. Il est important de noter que si le prosélytisme est perçu comme négativement,
c’est du fait de la pression psychologique, du chantage et du ‘lavage de cerveau’ parfois exercés, du
zèle déployé sous toutes ses formes pour tenter d'imposer des convictions et de rallier quelqu’un à une
cause ou une croyance coûte que coûte par la propagation d’idées (ex. de prosélytisme protestant en
Malaisie : distribution gratuite et massive de Bibles dans les hôtels et les guesthouses). En Afrique
noire particulièrement, de nombreux mouvements religieux, branches et sectes (évangélistes,
pentecôtistes, témoins de Jéhovah, secte Moon, mormons, scientologues…) incitent à la conversion -
la culture locale se prêtant peut-être mieux au prosélytisme qu’en Asie ou en Amérique du Sud. Il faut
noter que des mesures ont été prises en Thaïlande contre les abus et les façons de procéder des
missionnaires chrétiens : « D’après une circulaire du ministère du Culte et des Religions, ‘toutes les
activités de prosélytisme chrétien sont désormais interdites’. La directive prévoit plusieurs mesures
afin de mieux encadrer les activités religieuses des différentes églises du Royaume. Il s’agit
notamment de réglementer la construction d’édifices religieux, d’interdire le porte à porte, ou les dons
en argent ou en nature aux convertis. Le prosélytisme de certains groupes "nuit à la société et peut
provoquer des troubles" d’après un officiel du Ministère. Sont notamment visées certaines sectes
protestantes, dont les pratiques ont parfois conduit à des troubles importants avec les fidèles
bouddhistes ».20
En somme, si les pratiques des mouvements religieux et celles des ONG ont beaucoup en
commun (altruisme, philanthropie, don de soi, volonté d’aider son prochain…), il a été vu que toutes
les ONG ne sont pas religieuses (ex. Médecins du Monde), que tous les mouvements religieux n’ont
pas d’ONG qui exerce un travail humanitaire ou social en leur nom (ex. les Mains Serviables
mormones n’ont pas le statut d’ONG, mais sont des actions humanitaires gérées par l’Église), de la
même façon que toutes les ONGc ne sont pas en mission dans le but de répandre leur religion (ex.
Secours Islamique et Catholic Relief Services). Les mouvements religieux et les ONG sont donc
ralliés sur plusieurs fronts du fait de leurs traits communs, les premiers s’immisçant dans le monde des
deuxièmes au moyen des ONGc, et les ONG n’étant pas forcément envoyées sur le terrain par des
centres religieux.
Après avoir étudié comment les mouvements religieux peuvent s’apparenter à des ONG,
observons s’ils exercent des influences géo-économiques importantes.
20 http://www.lepetitjournal.com Cambodge en bref, « Prosélytisme Chrétien », 18-07-2007
Pauline Vettier
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CHAPITRE 2 - QUELLES INFLUENCES GÉO-ÉCONOMIQUES LES
MOUVEMENTS RELIGIEUX EXERCENT-ILS DANS LA SPHÈRE
MONDIALE ?
Il a été vu dans la première partie que les grands groupes religieux sont suffisamment
puissants et influents pour avoir pu et su se faire une place au milieu des nombreuses organisations
non gouvernementales, et ce dans divers secteurs. Allons plus loin dans le décloisonnement des
disciplines et étudions l’importance croissante du phénomène religieux dans un autre contexte : dans
quels domaines de la géo-économie les mouvements religieux sont-ils actifs ?
A. Les mouvements religieux et leurs influences dans la finance et
l’Économie
En théorie, « les religions ont un rapport méfiant à l’argent, car il peut devenir une idole pour
l’homme, fonctionnant comme un Dieu pour certains. Pour toutes les religions, l’argent n’est pas un
bon serviteur mais un maître ».21 Par exemple, selon l’évangile, on ne peut pas aimer Dieu et l’argent.
L’islam entretient la même méfiance par rapport à l’argent et interdit d’ailleurs tout prêt bancaire à
intérêt. Le judaïsme n’accepte pas les taux usuriers22 et tous les 50 ans (année jubilaire), une remise
complète des dettes est préconisée par la Bible.
En pratique, les différents groupes religieux ont accumulé à travers le temps un patrimoine et
des fortunes considérables, comme détaillé pour deux religions23 :
Pour l’Église catholique : la richesse du Vatican se concentre dans trois domaines principaux : d’une
part, celle du Saint-Siège (=l’ensemble des institutions de l'Église catholique romaine) : en 2007, il
enregistre un surplus de 2.4 millions d’euro (205,6 millions d’euros de recettes pour 203,2 millions
d’euros de dépenses). Celles-ci sont principalement destinées aux 2663 religieux travaillant au sein de
la Curie romaine. D’autre part, le bilan de l’État de la Cité du Vatican : il enregistre lui aussi un
résultat positif de 5,3 millions d’euros. Enfin, le Denier de Saint-Pierre (=les dons effectués par les
diocèses) s’élève à 43 millions d’euros. Ces fonds sont destinés, sur volonté du Pape, à des
interventions caritatives. Le budget du Saint-Siège est donc à peu près égal à celui d’une ville
moyenne française (il est par exemple deux fois et demi-inférieur à celui du Conseil général du Maine
21 Propos d’Arnaud Alibert, chercheur au Centre d’étude des cultures et des religions de l’Université catholique de Lyon 22 Voir définition dans le glossaire p.36-37 23 Malgré mes nombreuses recherches, je n’ai réussi à trouver de données chiffrées que pour les églises catholiques et mormones ; c’est pourquoi seuls les patrimoines de ces deux religions sont ici détaillés Pauline Vettier
20
Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
et Loire (497, 2 millions d’euros en 2005), et encore inférieur au budget d’une ville comme Angers
(250, 27 millions d’euros en 2005)).24
Fig.4 – Schéma humoristique qui illustre la fortune du Vatican Source : http://www.anuncioblog.com/
Pour l’Église mormone : L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours tire la majorité de ses
revenus de donations de ses propres membres, qui lui versent mensuellement une dîme représentant
10% de leurs revenus, ainsi que des offrandes de jeûne (destinées à l'aide aux démunis). Elle récolte
aussi des bénéfices dus à des investissements financiers variés. Une partie des revenus de l'Église est
thésaurisée ou investie dans des projets commerciaux (une centaine d’entreprises lucratives, un
journal, des chaînes de télévision, des stations de radio…). De nombreux critiques reprochent à cette
Église son manque de transparence financière25, car elle ne publie pas de bilan financier. Il est donc
impossible de savoir précisément quels sont ses avoirs et à quoi elle consacre son argent. Seules
circulent des estimations livrées par des journalistes d'investigation : en 1997, le Time Magazine
estimait le capital de l'Église à plus de 30 milliards de dollars et son chiffre d'affaires annuel à 5,9
milliards de dollars, et en 2002, le journal Les Échos estimait le chiffre d'affaires de l'Église à « 4
milliards de dollars de revenus annuels nets d'impôts », estimation « probablement inférieure à la
réalité ».
24 Source : Bernard Peyrous, prêtre et historien, en réponse à la question « Le Vatican est-il riche ? » sur http://qe.catholique.org/ 25 Notamment Jerald et Sandra Tanner dans The Changing World of Mormonism (p. 19-21) et Richard et Joan Ostling dans Mormon America (p. 113-129).
Pauline Vettier
21
Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
Fig.5 – L’édition spéciale du Time du 4 août 1997 chiffrait la fortune de l’empire mormon à au moins US$ 30 milliards
Les religions incitent à un rapport sain à l’argent et à sa gestion : une économie plus humaine,
capable de respecter des critères éthiques, guidée par une « conscience civilisationnelle », des
environnements naturels et sociétaux… Ainsi, d’après Arnaud Alibert, « les religions possèdent une
richesse de pensée qui peut aider à la régularisation éthique du capitalisme ». Dans la thèse wébérienne
de la naissance du capitalisme occidental, on voit combien la religion influence, voire détermine,
l’orientation économique des peuples qui la pratiquent. Pourtant, certains modèles économiques sont
capables de résister au rouleau compresseur occidental et sont en passe de dépasser le modèle
économique tentaculaire. Cette résistance est motivée par des facteurs religieux, culturels, éthiques et
sociaux radicalement différents de ceux de la tradition religieuse occidentale judéo-chrétienne, mais
parfaitement capables de s’approprier et de féconder les valeurs économiques reçues de l’Ouest. Ces
modèles représentent ainsi une échappatoire possible à l’homogénéisation par le modèle occidental. À
l’instar du bouddhisme, porteur d’une conception spirituelle inédite en Occident et en tout point
opposé aux valeurs liées à l’émergence du capitalisme occidental (vacuité de l’esprit, détachement du
monde et lutte contre le désir). Certains des pays qui le pratiquent sont aujourd’hui parmi les plus
puissants du monde (Japon notamment). L’Inde, tout en se rapprochant du modèle économique
occidental, ne perd pas pour autant les caractères de sa profonde identité, marquée par un système de
castes paradoxalement peu favorable à un envol économique. Quant à la Chine, les valeurs
confucéennes placent l’individu au cœur de la société, où l’intérêt collectif prime sur l’intérêt
individuel et encourage de nombreuses valeurs favorables à l’organisation du travail. Les
performances économiques capitalistes chinoises (Hong-Kong, Singapour, Taïwan) « ne peuvent être
comprises autrement qu’en référence à un corpus de valeurs qui, sous des formulations certes tout
autres, n’est pas loin de ce que met en jeu le processus wébérien ». [3]
Pauline Vettier
22
Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
Historiquement, la relation des juifs avec l'argent s’est démarquée de celle des autres
religions monothéistes. En effet, la richesse est bienvenue chez les juifs, considérée comme une
bénédiction devant servir à réparer le monde - à l’opposé de la conception qu’en font l'islam et le
christianisme. Plus précisément, le judaïsme permettait que ses membres s'accordent des prêts sans
intérêt entre eux, et qu'ils accordent des prêts à intérêts aux non-juifs, alors que chez les chrétiens et les
musulmans, le prêt, avec ou sans intérêt, est interdit. Durant des siècles, les juifs sont donc seuls à
pouvoir prêter de l'argent et à avoir ce rapport unique avec lui, alors que tout au long du Moyen Âge,
le besoin d’argent pour le commerce est énorme en Europe, le manque de monnaie métallique étant
critique. Ils prêtent alors un argent dont tout le monde a besoin, et chacun d'entre eux, du plus pauvre
au plus riche, est forcé de le faire sous peine d'être chassé du pays où il vit. Mais à cette époque se
constituent aussi les États : les souverains vont, à leur tour, recourir aux prêteurs juifs, forcés de leur
prêter pour tout, même pour financer les guerres et les croisades. Confinés à ce rôle de prêteur, les
juifs inventent des éléments de base du capitalisme : le chèque, le billet de banque et la lettre de
change.
Une des origines possibles de l’association entre judaïsme et capitalisme vient de Karl Marx
(qui était juif) : il prêta aux juifs un rôle dans le capitalisme de spéculation, dans un essai intitulé Sur
la question juive (Zur Judenfrage, publié en 1843). Jacques Attali développe cette même thèse dans
son livre Les Juifs, le monde et l'argent26 : le peuple inventeur du monothéisme est aussi le fondateur
du capitalisme. Il explique aussi que le XXème siècle aura été celui de l'effondrement de la puissance
financière juive échafaudée au XIXème : les grandes banques juives s'effondrent ou passent alors
toutes aux mains de non-juifs au cours de l'entre-deux-guerres, la puissance juive américaine passe de
la finance à la distraction et à la communication (Universal, MGM, Fox, RCA, NBC, CBS, Warner
Brothers sont les créations d'entrepreneurs juifs). Il conclu que « Ni le nomadisme ni la finance ne sont
plus des spécialités juives », notamment à l’heure de la mondialisation, où les juifs perdent leur rôle
économique multiséculaire.
Un univers religieux définitivement hostile aux valeurs occidentales persiste : l’islam. La
soumission des musulmans à la parole du Prophète et à la communauté de croyants incite à un
pragmatisme économique très différent de celui des pays occidentaux : la résistance au capitalisme
occidental est expliqué par les éléments suivants : l’islam interdit les transactions tant civiles que
commerciales faisant recours à l'intérêt, à la spéculation ou au hasard ; un musulman ne peut pas
vendre quelque chose qu’il ne possède pas, mettant ainsi fin à toutes les spéculations qui ont ravagé les
économies occidentales ; un musulman ne peut gagner de l’argent sans faire d’effort ou prendre un
risque quant aux gains ; les transactions commerciales comme financières doivent comporter une
dimension éthique. D’après Azedine Gaci, président du conseil régional du culte musulman Rhône-
26 Fayard, Paris, 2002
Pauline Vettier
23
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Alpes, ces principes « permettent à la finance islamique d’être plus en prise avec l’économie réelle et
d’échapper à l’économie virtuelle ».
En effet, la finance islamique a beaucoup fait parler d’elle à l’automne 2008 : les banques
islamiques dans les pays arabo-musulmans et au-delà sont les seules à avoir échappé à la crise
financière internationale, précisément car elles se situent en dehors de la bulle spéculative et ne se
concentrent que sur l’économie réelle. Elles ont donc été présentées comme alternative crédible au
système financier international actuellement en place qui a montré toutes ses limites. Elle apporte en
effet un caractère éthique et de nouvelles règles de fonctionnement aux marchés financiers
internationaux (responsabilité sociale de l'investissement, solidarité, faveur des actions sociales, du
développement et de la lutte contre les formes multiples de pauvreté…). En pratique, elle fonctionne
sous forme de partenariats, dans lesquels des apporteurs de capitaux permettent à des promoteurs de
mener un projet grâce à des fonds qu’ils leur avancent, la clé de répartition des gains et des pertes étant
fixée par contrat. Si le projet est fertile, les deux partis en obtiendront les bénéfices sur une base
convenue d’avance. En cas d’échec du projet, les apporteurs de capitaux supporteront entièrement les
pertes, et les promoteurs ne perdront que le fruit de leur travail.
En outre, ce créneau rencontre de plus en plus d’adeptes dans le monde financier : il existe
plus de 250 institutions financières islamiques réparties dans 80 pays (la première banque islamique
d’Europe, l’Islamic Bank of Britain, ouvrira à Londres en septembre prochain), dont les actifs sont
évalués aujourd'hui à plus de 500 milliards de dollars, et à 2,7 trillions de dollars en 2010. L'industrie
bancaire et financière de type islamique est donc en plein essor et concerne actuellement tant les pays
musulmans que non musulmans. Enfin, l’enseignement supérieur et les grandes écoles ont répondu à
la demande et se positionnent sur ce créneau en pleine croissance, tels l’École de Management de
Strasbourg qui a ouvert au premier semestre 2009 un D.U., « University Degree in Islamic Finance »
et Sup de Co Reims qui ouvrira en juin un cours électif de spécialisation intitulé « Islamic Banking
and Finance ».
Fig.6 – Exemples de banques islamiques (de gauche à droite) : Dubai Islamic Bank, Al Salam Bank, Tadamon
Islamic Bank, la Banque Islamique de Développement (BID), Islamic Bank of Britain
Après avoir étudié l’influence des mouvements religieux sur la finance et l’économie,
observons-la dans le domaine de la politique.
Pauline Vettier
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B. Les mouvements religieux et leurs influences en politique
« La crise financière qui balaye l’économie mondiale prouve que la politique a besoin de la
religion, et même d’une éthique inspirée par la religion rationnelle qu’est le christianisme », déclarait
le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État du Vatican, lors de la rencontre mondiale des familles
qui s’est tenue à Mexico en janvier dernier [4]. La politique aurait-elle donc besoin de l’appui de la
religion comme le laisse entendre ce cardinal ? On constate que la plupart des comités de réflexion
intègrent des représentants des religions en raison de la force de leur tradition. On voit aussi que l’État
institue le dialogue avec les grandes religions : deux rendez-vous par an à Matignon pour la hiérarchie
catholique (initiés par Lionel Jospin) et la mise en place du Conseil français du culte musulman (créé
en 2002 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur). On sait aussi que quand les quartiers
s’embrasent, l’imam et le prêtre sont les premiers à être consultés et sollicités pour aider à la paix
sociale en désamorçant les conflits.
Ainsi, comme Divyanand Soami l’écrit dans « Reasons for violent conflict »: « Religious leaders have
certain advantages over political institutions in generating initiatives for peace. »27 [5 et annexe 6]
L’influence réelle d’un protagoniste sur une institution est une donnée difficile à déterminer de
par son caractère abstrait, intangible. Seules des actions concrètes peuvent donc illustrer l’influence du
religieux en politique. De fait, de nombreux leaders ou porte-paroles religieux ont été des partisans
de la paix dans le monde, en s’impliquant dans le désamorçage de conflits, en défendant les droit des
opprimés, se tenant à la tête d’une lutte pour les droits de l’Homme, comme l’illustrent les figures
contemporaines suivantes :
• Henri Grouès, dit l’Abbé Pierre (1912-2007), prêtre catholique français, résistant puis
député. Il consacra sa vie à soutenir la cause des pauvres, des exclus, des réfugiés et des sans-
abris, notamment à travers l’œuvre du Mouvement Emmaüs (organisation caritative laïque) et
de la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés. Il se servit de sa force
d’indignation pour faire bouger les cœurs et les consciences, et lança sa fameuse opération
d’influence « Hiver 54 » pour défendre le droit au logement. Son combat a permis l’adoption
d’une loi interdisant l’expulsion de locataires pendant la période hivernale.
• Tenzin Gyatso (1935- ), le quatorzième Dalaï-lama, est le chef politique et spirituel du
peuple tibétain et du gouvernement tibétain en exil qu'il dirige en Inde depuis 1959. Depuis
l’invasion de son pays par l’armée chinoise en 1950, il a constamment œuvré à la résolution
du conflit sino-tibétain par la non-violence, multipliant les conférences et les rencontres avec
les grands dirigeants. À ce titre il a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et fait partie des
27 « Les leaders religieux ont certains avantages sur les institutions politiques dans le fait de mettre en place des initiatives pour la paix ».
Pauline Vettier
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classements 2004, 2005 et 2008 des cent personnes les plus influentes au monde, établi par le
magazine Time.
• Karol Józef Wojtyła (1920-2005) a été pape sous le nom de Jean-Paul II de 1978 à sa
mort. Il a joué un rôle historique en Pologne, et par extension dans toute l’Union Soviétique,
dans la lutte contre le communisme et la crise politique et sociale de son pays d’origine. On lui
attribue d’ailleurs en partie la chute du mur de Berlin en 1989. À travers ses interventions dans
le reste du monde, il n’a cessé de rappeler partout les droits de la personne et des groupes
sociaux à la liberté, notamment en Israël, nation avec laquelle il est le premier pape à établir
des relations diplomatiques (30 décembre 1993) et à Cuba, où il est reçu en 1998 par Fidel
Castro.
• Le révérend Martin Luther King Jr (1929-1968) est un pasteur baptiste afro-américain.
Célèbre pour son militantisme non violent à travers des actions marquantes comme le Boycott
des bus de Montgomery en 1955 et la Marche vers Washington pour le travail et la liberté en
1963. Il était soutenu par John F. Kennedy dans sa lutte pour la paix, l’égalité et en faveur des
droits civiques des Noirs aux États-Unis (vote, emploi, déségrégation raciale). Le principal
résultat de son combat se situe au niveau législatif : la plupart de ces droits seront promus par
le « Civil Rights Act » et le « Voting Rights Act ». Il devient le plus jeune lauréat du prix
Nobel de la paix en 1964. Depuis 1986, le « Martin Luther King Day » est un jour férié aux
États-Unis.
• Mohandas Karamchand Gandhi (1869-1948), était un important dirigeant politique et
guide spirituel de l'Inde. Avocat formé à Londres, il lutta contre les discriminations raciales
d’abord en Afrique du Sud pendant vingt ans, puis en Inde jusqu’à sa mort. Il obtint
l’indépendance coloniale de son pays en 1947 grâce à un programme non violent de
désobéissance civile de masse (boycotts, marches, jeûnes protestataires...). Gandhi a inspiré de
nombreuses personnalités et mouvements de droits civiques, tel Nelson Mandela. Il a été
reconnu comme le Père de la Nation en Inde ; son anniversaire y est un jour férié et a été
déclaré Journée internationale de la non-violence par l'Assemblée générale des Nations unies.
• Malcolm K. Little, surnommé Malcolm X ou El-Hajj Malik El-Shabazz (1925-1965),
était un prêcheur musulman afro-américain, un des leaders du mouvement des droits
civiques28 aux États-Unis et fut le porte-parole national de Nation of Islam de 1954 à 1964. Il
fonda également Muslim Mosque, Inc. et The Organization of Afro-American Unity (OAAU).
Pour ses admirateurs, il a été un courageux défenseur des droits afro-américains, un homme
ayant durement critiqué les blancs pour leurs crimes envers les afro-américains. Ses
28 Le mouvement des droits civiques (1955-1968) désigne le mouvement américain qui visait à établir une réelle égalité de droits civiques pour les Noirs américains en abolissant la législation instaurant la ségrégation raciale. Marcus Garvey, Martin Luther King et Malcolm X en sont les leaders les plus emblématiques.
Pauline Vettier
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Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
détracteurs l'accusent de prêcher le racisme et la violence. Il a été de nombreuses fois décrit
comme l'un des plus grands et des plus influents afro-américains de l'Histoire.
Dans certains cas, ce sont des organismes comme les ONG qui sollicitent un leader ou porte-
parole religieux pour pouvoir bénéficier de son influence dans le domaine politique. Par exemple, en
mars 2009, Amnesty International a exhorté le pape Benoît XVI à user de son influence auprès des
autorités angolaises lors de sa visite dans ce pays, pour faire en sorte que cessent les menaces
d’expulsion forcée et que les personnes ayant fait l’objet de telles expulsions soient pleinement
indemnisées.29
En outre, en France, le débat sur la laïcité30 et les signes ostentatoires religieux dans le
domaine public a fait coulé beaucoup d’encre et a eu des conséquences législatives. Dans ce pays,
grâce à l’article 1 de la Constitution française de 1958, la laïcité fonde le pacte républicain, prend en
compte la diversité des hommes et garantit l’unité nationale du peuple à travers trois principes : l’État
est sécularisé, la liberté de croyance et de culte est garantie, et les croyances sont égales entre elles.
Ainsi, l’« Affaire du voile islamique »31 avait provoqué une polémique entre les différents
acteurs concernés : population musulmane de France, dirigeants politiques de tous bords, associations
féministes, représentants de l’Éducation nationale… Cette volonté nationale de réduire fortement
l’expression de la religion dans le domaine public est à l’origine de la création de la loi du 15 mars
2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques (« Loi n° 2004-228 encadrant, en application du
principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les
écoles, collèges et lycées publics »). Les justifications étaient doubles : d’une part, la France est un
pays laïc qui revendique cette spécificité, et d’autre part, elle est un pays dit « intégrationniste » dans
lequel les cultures immigrantes sont soumises à une forte pression pour être rapidement intégrée dans
la communauté française globale.
De plus, lorsqu’un candidat se présente à des élections, les médias n’oublient jamais de
mentionner, voire de traquer, son identité religieuse. Ce fut le cas pour Barak Obama durant la
campagne électorale pour l'investiture de 2008 : outre son nom musulman qu’il tient de son père, il
aurait été musulman pratiquant durant toute son enfance passée en Indonésie, aurait suivi des cours
coraniques et fréquenté la mosquée les vendredis. Cette idée a été renforcée après la publication d’une
photo montrant le sénateur de l’Illinois en costume traditionnel musulman, rendant visite à sa grand-
mère au Kenya durant l’été 2006. Mais il a toujours nié son identité musulmane, certifiant sa
confession protestante depuis sa conversion à coups de ‘toujours’ et de ‘jamais’ et témoignant de sa
solide culture biblique dans le but de rallier l’électorat évangélique si convoité (24% aux États-Unis).
29 Communiqué de presse d’Amnesty International du 20-03-09 « Angola. Le pape devrait user de son influence pour faire cesser les menaces d’expulsion forcée » 30 Voir définition dans le glossaire p.36-37 31 Appellation utilisée pour reprendre les débats portant sur la question du port du voile islamique dans les établissements publiques français depuis le milieu des années 1990 et jusqu’à la jurisprudence de mars 2004
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Il a donc difficilement assumé cette identité, dans un pays en guerre contre le terroriste islamique
depuis 2001 et qui en considère l'islam la source. En outre, Keith Maurice Ellison, premier musulman
afro-américain élu au Congrès des États-Unis, a fait parler de lui après avoir prêté serment à la
Constitution des États-Unis sur le Coran (traditionnellement, les élus prêtent serment en tenant la main
sur la Bible).
Enfin, l’influence des mouvements religieux de tous types dans la sphère politique se retrouve
à travers les actions des lobbies religieux (ou groupes de pression, groupes d'influence, groupes
d'intérêt). Spécialité américaine et acteurs puissants de son paysage politique, ils exercent un réel
pouvoir d’influence sur la prise de décision de certaines personnalités ou organismes d’État pour les
intérêts communautaires, tels ceux de minorités ethniques ou de groupes religieux, en utilisant
différents moyens de pression (voix des membres ou sympathisants lors des élections, actions
médiatiques, dons aux campagnes électorales, apport intellectuel via des think tanks32). Leur existence
n’a rien d’illégale, de secret ou de clandestin, puisque la loi les reconnaît et réglemente leurs activités.
À Washington D.C., les agences de lobbyistes répertoriées étaient au nombre de 34.000 en 2005 et
l'argent dépensé par les entreprises et les groupes de pression pour défendre leurs causes au Congrès et
auprès de l'administration s’élevait à 2,1 milliards de dollars en 200433. À titre de comparaison, en
2007, on recensait environ 3.000 groupes d’intérêts pratiquant le lobbying au sein du Parlement
européen, soit 15.000 lobbyistes face à 25.000 fonctionnaires européens. Les associations
communautaires correspondent à 32% des groupes de pression.
Parmi ces groupes, on retrouve deux grands lobbies qui défendent la cause et les intérêts de religions
influentes dans ce pays :
• Le lobby catholique exerce une influence importante sur le gouvernement dans le but de
diriger les fonds dans les domaines qu’il défend. Ainsi, il influe en vue de limiter les budgets
alloués par l’État aux centres de planification familiale et aux campagnes de prévention et
d’information sur les moyens de contraception, affectant par conséquent les politiques de santé
publique. Le but de leurs actions est de consacrer les fonds à des campagnes de sensibilisation
contre l’avortement et de mettre en place des projets « pro-vie » (ex. intervention dans les
écoles pour inciter aux méthodes de contraception naturelle, visionnage de vidéos sur
l’avortement…). Outre-Atlantique, le terme « pro-life » englobe un courant de pensée qui
privilégie certaines des valeurs conservatrices américaines : anti-avortement, anti-mariage gay,
anti-euthanasie mais aussi l’abstinence jusqu’au mariage. Il s’oppose à « pro-choice ». Voici
deux illustrations :
o En 2004, la Conférence épiscopale américaine a fait du lobbying auprès du
Congrès américain et obtenu que soient supprimés du Plan d’urgence pour
32 Voir définition dans le glossaire p.36-37 33 Source des données : Wikipédia, Lobbying
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l’aide au Sida du président américain, des services essentiels de planification
familiale visant la prévention de la transmission mère-enfant du VIH.
o Le mariage gay, autorisé en Californie depuis mai 2008, a été interdit à la
suite d'un vote qui s'est déroulé le 4 novembre, jour de l'élection présidentielle
américaine. Depuis, les militants homosexuels font campagne contre l'Église
mormone et son lobby, accusés d'avoir pesé de tout leur poids politique et
financier pour faire passer cette interdiction, en dépensant près de 15 millions
de dollars dans une campagne pour « protéger le mariage »34.
En outre, le lobby catholique exerce son pouvoir dans un autre domaine : en 2005 au Canada,
ce lobby avait incité le gouvernement à reconduire une clause dérogatoire qui permet
l’enseignement de la religion catholique dans les écoles publiques du Québec. Ainsi avait été
autorisé le contournement de la « Charte des droits et libertés de la personne », une loi
libérale, pluraliste, laïque et donc neutre à l'encontre de toutes les religions. À noter
qu’actuellement, presque toutes les confessions chrétiennes de l’Union européenne sont
représentées à Bruxelles et le nombre de bureaux d’Église ayant pour mission d’assurer la
liaison avec les institutions de l’Union est en augmentation constante.
• Le lobby juif, auquel le terme « pro-israélien » est souvent préféré35, est une expression
utilisée pour qualifier le poids de la communauté juive et/ou pro-israélienne au sein des
décisions politiques aux États-Unis : ce lobby international serait un pilier du soutien à l’État
d’Israël dans tous les registres (économique, financier, politique, médiatique, diplomatique,
militaire). Il serait piloté par et depuis Israël. La puissance de ce lobby s’explique car d’une
part, le principe de lobbying est encouragé outre-Atlantique, et d’autre part, car il réunit les
conditions nécessaires à son infiltration : une solidarité active envers Israël, des masses
votantes et militantes et des fonds considérables. Il alimente certains fantasmes, comme le fait
qu’il contrôlerait les finances mondiales par le biais d’agents situés dans toutes les capitales du
monde, pour le compte d’Israël, des Juifs eux-mêmes, et pour des raisons de politique
intérieure américaine. Pour illustration, pendant les vingt-cinq dernières années, l’AIPAC36 a
œuvré à torpiller les efforts des présidents américains pour la paix au Moyen-Orient. La
domination légendaire de ce groupe de pression belliciste sur la politique extérieure
américaine est en train de régresser, à la faveur de la montée en puissance d’un lobby créé il y 34 Source : http://mormonsfor8.com/ 35 Un juif n’est pas forcément sioniste et un sioniste n’est pas forcément juif. Beaucoup de juifs américains sont contre le lobby sioniste, d’autres en revanche, non juifs, comme la Christian Evangelicals, le soutiennent corps et âme. 36 L’AIPAC (American Israel Public Affairs Commitee), créé en 1951 à Washington, dispose d’un budget de 80 millions US$ et d’une vaste influence dans les milieux politiques et les centres de décisions américains. Chargé d'influencer le Congrès, il est considéré par ses détracteurs comme l'instrument qui a forgé pendant des décennies la politique étrangère américaine au Proche-Orient.
Pauline Vettier
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a un an, pro-paix et moins convaincu du risque de disparition d'Israël : J Street37. Il souhaite
donner la parole à la majorité de la communauté juive américaine libérale et ouverte qui est
contre la guerre d’Irak et mettre fin à l’influence de l’AIPAC sur la politique étrangère
américaine, qui la tient pour responsable du prolongement du conflit au Moyen-Orient.
Fig.7 – Symboles de J Street et de l’AIPAC
La parution en ligne en mars 2006 d’une étude universitaire de plus de 80 pages intitulée «The
Israel Lobby and U. S. Foreign Policy »38, réalisée par deux spécialistes de sciences politiques, John J.
Mearsheimer et Stephen M. Walt de l’université John F. Kennedy de Harvard, a permis de lever le
voile et de forcer à un débat public sur un tabou national. Ces Professeurs jusque-là peu engagés dans
les polémiques sur le Proche-Orient et jouissant d’un grand prestige estiment que le soutien des États-
Unis à Israël n'est pas fondé sur des raisons stratégiques, mais s'explique par la pression des lobbies
juifs de droite, des groupes chrétiens fondamentalistes et des néo-conservateurs favorables aux idées
sionistes.
Toutefois, l’influence et l’ampleur de tels lobbies religieux sur le gouvernement américain est
à modérer et à remettre dans le contexte. En effet, les lobbies les plus influents ne sont pas liés au
« grand capital » ou aux grandes entreprises comme on l’imagine souvent de manière simpliste en
Europe. Le philosophe, écrivain et journaliste français Jean-François Revel dans son essai
« L’obsession anti-américaine »39, rappelle qu’« exercent une influence beaucoup plus forte sur le
pouvoir fédéral le lobby des personnes retraitées (AARP), celui des agriculteurs, redoutable dans tous
les pays développés, celui de l’Association américaine des employés des États, des comtés et des
municipalités, ou encore celui de l’Association des hôtels et villégiatures, sans oublier le lobby du
port d’armes [la National Rifle Association]. »
Il reste à savoir en quoi la politique américaine serait différente si les lobbies - notamment religieux,
n’existaient pas ?
Après avoir décrit l’influence des mouvements religieux dans le domaine de la politique,
observons-la dans celui du commerce.
37 À sa création en avril 2008, J Street était constituée de trois personnes et d’un petit budget. Il est parvenu à attirer cent co-parrains du « Congress » et table sur une augmentation de son budget pour atteindre US$ 3 millions pendant sa deuxième année. Son nom est une référence aux racines juives de ses membres et à la rue ‘K’ de Washington, qui constitue l’épicentre de la vaste industrie d’incitation américaine (et est aussi le fief de l’AIPAC !). 38 « Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » 39 Aux éditions Plon, 2002
Pauline Vettier
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C. Les mouvements religieux et leurs influences dans le commerce
Comme nous allons le voir, le lien entre religions et commerce est fondé et ancestral. De fait,
dans certains cas, le religieux fait directement l’objet de commerce. Trois exemples illustrent ces
propos : le commerce réalisé autour d’un livre saint, de pèlerinages religieux et d’alimentation
conforme aux exigences religieuses.
Quel est le premier livre qui soit sorti des presses de Gutenberg en 1452-55, le livre le plus
vendu au monde, le livre traduit dans le plus de langues, le plus grand best seller de tous les temps ?
La Bible ! En effet, toutes catégories et époques confondues, ses ventes on été estimées entre 2.5
milliards40 et plus de 6 milliards d’exemplaires41. Au 31 décembre 2007, la Bible, en totalité ou en
partie, avait été traduite en 2.479 langues ou dialectes42 ; 95 % des êtres humains ont désormais accès
à la Bible dans une langue qu’ils comprennent. À ce jour, on estime à 40 millions le nombre de bibles
distribuées chaque année, dont 280 000 en France. Aucun ouvrage à travers le monde n'a jamais fait
l’objet d’un tirage aussi important et constant au fil des siècles. Une grande partie de cette diffusion est
due aux distributions par les Églises ou les sociétés bibliques. D’après une étude de 200843, 75 % des
Américains, 38 % des Polonais et 21 % des Français déclarent avoir lu au moins un passage de la
Bible au cours de l’année passée. Plus de la moitié des Français ne possèdent pas de Bible chez eux,
contre 15 % des Polonais et 7 % des Américains44.
D’autre part, les pèlerinages sont l’une des plus vieilles formes de migration touristique qui se
produise encore de nos jours. L'histoire des pèlerinages est aussi longue que celle de l'histoire des
religions. Aujourd’hui, le tourisme religieux fait partie intégrante de l’industrie du tourisme, dont il
constitue une importante source de revenus : les pèlerinages sont pratiqués dans toutes les religions par
des millions de pèlerins chaque année, et ce depuis des centenaires. Ils génèrent beaucoup de frais et
de dépenses, à travers les déplacements (avion, train, car, voiture…), l’hôtellerie et la restauration, les
frais d’agence si le pèlerinage est réservé par un organisme, sans oublier les achats d’objets religieux
ou de ‘souvenirs’ effectués par les pèlerins sur place ou en amont (livres, tapis de prière, chapelets,
effigies, statues, vêtements, bijoux…) et les dons et offrandes dont les montants s’élèvent en millions
de dollars sur les différents sites de pèlerinages. De nombreuses agences de voyages sont d’ailleurs
spécialisées dans ce type de tourisme aujourd’hui, comme Pilgrimage Travel & Tours et Mission
Travel Group en Australie, Blue Heart Travel au Royaume-Unis, Travel Tyme Pilgrimages et
40 Business week : “The Bible (2.5 billion copies sold)”, 18-07-2005 41 The Top 10 of Everything 2002 d’Russell Ash “The ten bestselling books of all time” 42 Source : l’Alliance Biblique Française, http://www.la-bible.net/page.php?ref=RAPPORTABU2 43 Étude réalisée pour le compte de la Fédération biblique catholique internationale dans neuf pays, intitulée « Une lecture des Écritures dans certains pays » et éditée en 2008 44 Delphine de Mallevoüe et Hervé Yannou, « La France mauvaise élève pour la connaissance de la Bible », dans Le Figaro du 28-04-2008
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Renaissance Pilgrimages aux États-Unis, Autre Voyage et Terre Entière en France... Le pèlerinage
peut aussi constituer une importante source de développement pour une région : c'est la présence de
Lourdes qui a fait rapidement de Pau un aéroport international.
Les principaux lieux de pèlerinage sont45 :
• pour les bouddhistes, l'arbre de la Bodhi (Bodh-Gaya, Inde) : c'est sous son feuillage que
Bouddha, le fondateur du bouddhisme, a atteint la Bodhi, l'Eveil ou connaissance suprême.
C’est l’un des quatre lieux saints concernant les faits historiques liés à la vie de Gautama
Bouddha et 100.000 pèlerins et touristes y convergent chaque année ;
• pour les hindous, Allahabad, une ville qui se trouve au confluent de deux fleuves sacrés de
l'hindouisme : la Yamuna et le Gange. Tous les douze ans un grand pèlerinage s’y tient : en
2001, 70 millions de personnes se sont succédées sur les rives du Gange en trois semaines ;
• pour les juifs, le concept de pèlerinage n'existant pas. On ne peut parler de tourisme religieux
juif au sens strict du terme, mais de tourisme juif lié à l'identité juive, qui se traduit par la
quête de l'histoire et de l’identité du peuple juif, la visite des lieux qui ont marqué son histoire
et qui jouent un rôle symbolique très important, comme le Mur des Lamentations à Jérusalem.
Chaque année 110.000 passagers partent de France vers Israël, dont 80% sont juifs ;
• pour les musulmans, le pèlerinage à La Mecque en Arabie Saoudite - le hajj - est l'un des cinq
piliers de l'islam. Tous les musulmans aptes devraient si possible le faire au moins une fois
dans leur vie. En moyenne, la Mecque est visitée annuellement par plus de 800.000 pèlerins
étrangers et par 1 million d'habitants de l'Arabie saoudite (en 2004 : 2.1 millions de pèlerins
dont 1.5 millions venus de l’étranger et 620.000 de l’intérieur du Royaume) ;
• les principaux pèlerinages chrétiens sont : Jérusalem et la Terre Sainte, c’est-à-dire Israël et
Palestine (les plus anciennes descriptions de pèlerinage en Terre Sainte remontent au
IVe siècle), Rome et le Vatican (environ 30 millions de pèlerins par an), Guadalupe au
Mexique (10 à 20 millions de pèlerins par an), le pèlerinage de Lourdes (environ 6 millions de
pèlerins par an), Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne (4 et 8 millions de pèlerins et
touristes chaque année, sachant que le nombre maximum de pèlerins arrivés à Compostelle à
pied, à cheval ou en vélo a été de 200.000 en 2004).
Enfin, le religieux fait également l’objet de commerce dans l’exemple suivant : en pleine
croissance, le créneau du halal46 attise aujourd’hui la convoitise des industries agroalimentaires et de 45 Source des données : « Le Tourisme religieux en France, en Europe et dans le Monde » sur http://geotourweb.com/nouvelle_page_133.htm
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la grande distribution. Ainsi, Socopa, Doux, Duc, Soviba ou Charal ont créé leur département halal,
aménagé leurs abattoirs aux normes, abattent les bêtes en présence de sacrificateurs agréés et de
vétérinaires, et fournissent en viande halal les enseignes de la grande distribution (Carrefour, Super U,
Géant casino, Auchan, Leclerc…). En France, les gammes estampillées halal se sont considérablement
étoffées depuis le milieu des années 1990, en viandes (ovins, bovins et volailles) mais surtout en plats
cuisinés (charcuteries, foie gras, sandwichs, paella, pizza, moussaka etc.).
L’enjeu ? Un marché juteux et en pleine croissance, comme l’illustrent ces chiffres et données [6] : il
y a quatre à cinq millions de musulmans en France, dont trois à quatre millions de consommateurs
potentiels ; il s’agit donc d’un marché estimé, au minimum, à deux milliards d’euros et qui ne génère
pas moins de soixante millions d’euros par an pour les œuvres caritatives musulmanes. La
consommation de produits halals serait en progression de 15% par an depuis 1998 et 9.000 boucheries
musulmanes en France, pour la plupart situées en région parisienne et dans le sud-est du pays, auraient
la ‘mainmise’ sur le marché du halal. Les boucheries musulmanes traditionnelles du pays contrôlent
80% des ventes de viande halal en volume, les 20% restant étant couvert par la grande distribution.
Seules trois mosquées sont habilitées par l’État depuis les années 1990 à délivrer des cartes de
sacrificateur religieux : la Grande mosquée de Paris, la mosquée de Lyon et celle d’Evry-
Courcouronne. Mais l’absence d’une réglementation spécifique sur les logos halals et d’un cahier des
charges précis est déplorée tant par la répression des fraudes que par les consommateurs. Ainsi, des
opérateurs et des certificateurs privés prolifèrent, libérés du joug religieux et profitant du flou
juridique, donnant naissance à des marques comme Islamondial, Isladélice, Médina Halal…
Fig.8 – Campagne Sodeb’O « Développez vos ventes avec l’offre de sandwiches Halal » Source : http://www.sandwichshows.com/
46 Voir définition dans le glossaire p.36-37
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De la même façon, Beurger King Muslim, Mak d'hal, Boum Burger, Dixy Chicken, Kool halal
sont autant de chaînes de restauration rapide qui se sont récemment infiltrées dans une brèche du
marché jusqu’alors non exploité : proposer une carte de produits halals uniquement. Les buts
recherchés sont nombreux : satisfaire les besoins de la clientèle, concurrencer Mac Donald’s sur le
terrain de la restauration rapide, mettre en place d’un réseau de franchisés, jouer la carte
communautaire avec d'autres restaurants, employer des personnes subissant une discrimination sur le
marché de l’emploi (dont les femmes portant un foulard), concurrencer la restauration kasher qui a de
l'avance sur la restauration halal tant par le nombre de ses restaurants (plus de 230 en région
parisienne), que par solidarité communautaire contre le géant américain.
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CONCLUSION
Qu’il soit dû à un « choc des civilisations » ou à l’actualisation des enjeux religieux en
contexte de modernité avancée, le phénomène religieux est (re)devenu un élément clé de la
compréhension et des solutions possibles aux grandes questions des relations internationales
contemporaines, notamment parce qu’il constitue un excellent indicateur des processus de
mondialisation à l’œuvre, évoluant au cœur de la géopolitique et de l’actualité internationale où il
élargit toujours plus ses champs de manifestation.
Si l’humanitaire moderne est avant tout laïc et apolitique, au service d’une cause universelle,
les mouvements religieux s’y sont invités, répondant à leur devoir d’aide à autrui à travers la mise en
place d’ONG confessionnelles, auxquels ils s’apparentent par des similitudes et desquels ils se
distinguent dans certains cas. L’évolution des ONGc comme actrices du système international, en
parallèle à la hausse des enjeux mondiaux liés à la globalisation, s’est répercutée sur la sphère
humanitaire : utilisation de ces organisations comme outil d’influence du groupe religieux auquel elles
appartiennent, stratégies de conversion religieuse et de prosélytisme, préférence de certaines
populations à traiter dans des situations critiques, « politisation » de leur activité caritative …
De même, les mouvements religieux, souvent à travers les lobbies, tentent de s’imposer par
tous les moyens dans des domaines stratégiques tels que la politique, la finance et l’économie ou
encore le commerce. Leur présence et leur influence croissantes ont provoqué une transformation de la
dynamique religieuse dans la sphère publique, qui se répercute sur les institutions, y compris celles des
pays laïcs : en France par exemple, les politiques de reconnaissance et le dialogue interreligieux sont
plus que jamais à l’ordre du jour de l’agenda politico-juridique. Les mouvements religieux exercent
donc bel et bien des influences géo-économiques importantes à l’échelle planétaire, dont les
résonnances et les implications se retrouvent sur la scène internationale.
« Toutes les religions se valent et sont également bonnes si les gens qui les professent sont
d'honnêtes gens », disait Frédéric II le Grand en 1740 dans Réponse à une question du directeur des
cultes. Si la globalisation a permis de renforcer la proximité, les rapports et la coopération
interethnique entre les différentes communautés, le dialogue culturel juste et non biaisé, lui, est resté à
la marge, laissant parfois s’installer une distorsion de l’image des religions. Serait-ce donc un des
éléments à changer pour maintenir la paix dans le processus de globalisation en cours ?
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GLOSSAIRE
Halal Dans l'islam, le mot halâl (arabe : حالل [ḥalāl]) signifie ce qui est permis, non
sacré, licite. Il est l'antonyme de harâm. Halâl définit donc ce qui est permis
pour le musulman et harâm définit ce qui est un péché et donc interdit aux
musulmans. Dans le cadre de l’alimentation, il décrit toute nourriture permise
par la loi islamique.
Hénothéisme Il existe un dieu suprême au-dessus des autres dieux, parfois considérés comme
ses manifestations.
Laïcité 1. Caractère de ce qui est laïque, indépendant des conceptions religieuses ou
partisanes.
2. Système qui exclut les Églises de l'exercice du pouvoir politique ou
administratif, et en particulier de l'organisation de l'enseignement public.
Monolâtrie Croyance à l’existence de plusieurs dieux mais culte rendu exclusivement à l’un
d’entre eux.
Organisation non gouvernementale (ONG)
Terme qui n’est pas clairement défini dans le droit international, même s'il est
mentionné dans l'article 71 de la Charte des Nations Unies : « le Conseil
Economique et Social peut prendre toutes les dispositions utiles pour consulter
les organisations non gouvernementales qui s'occupent de questions relevant de
sa compétence ». Par la suite la résolution 288 B du 27 février 1950 du Conseil
Economique et Social précise qu'une ONG est une « organisation qui n'est pas
créée par voie d'accords intergouvernementaux ». Mais nombreuses sont les
associations et organisations n'ayant pas le statut consultatif auprès des Nations
Unies, ce qui limite l'intérêt de cette définition.
Le terme ONG n'est pas mieux défini au niveau du droit français, même si la
grande majorité des ONG françaises ont le statut d'association loi 1901.
Prosélytisme Zèle ardent pour recruter des adeptes, pour tenter d'imposer ses idées.
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Secte, définition juridique (loi About-Picard du 12 juin 2001)
« Une secte est un groupement qui poursuit des activités ayant pour but ou pour
effet de créer, de maintenir ou d'exploiter la sujétion psychologique ou physique
des personnes, par l'exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques
propres à altérer son jugement pour les conduire à un acte ou une abstention qui
leur sont gravement préjudiciables ».
Un taux usurier Un taux prêté à l’usure, c’est-à-dire à un intérêt perçu au-delà du taux licite.
Théocratique Relatif à la théocratie
Théocratie Régime politique dans lequel le pouvoir est considéré comme venant
directement de Dieu, et exercé par ceux qui sont investis de l'autorité religieuse.
Les Think Tank Ce sont des comités d'experts, considérés d'intérêt public, qui se consacrent à la
réflexion et à l’émission d’idées dans le domaine des sciences sociales et ont
pour objectif de faire des propositions de politique publique
Le Veda Ensemble de livres sacrés de l'hindouisme, écrits en sanskrit à partir de 1800 av.
J.C. et au nombre de quatre, attribués à la révélation de Brahmâ. Ce sont des
recueils de prières, d'hymnes, de formules se rapportant au sacrifice et à
l'entretien du feu sacré.
Yahwisme Un courant de la religion israélite antique
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RÉFÉRENCES
[1] BURTON H. DAVID ; « Cœurs tendres et mains serviables », SUR LE SITE DE « THE CHURCH OF JESUS
CHRIST OF LATTER DAY SAINTS », HTTP://WWW.LDS.ORG/, AVRIL 2006.
[2] BURTON H. DAVID ; « Et qui est mon prochain ? », SUR LE SITE DE « THE CHURCH OF JESUS CHRIST OF
LATTER DAY SAINTS », HTTP://WWW.LDS.ORG/, AVRIL 2008.
[3] LUCA NATHALIE ; « De l’effet des religions sur la mondialisation », ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES
DES RELIGIONS, OCTOBRE-DECEMBRE 2002, PP. 47-53 [LE SITE DES ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES
RELIGIONS EST LE SUIVANT : HTTP://ASSR.REVUES.ORG/]
[4] BRIGNON DANIEL ET AL. ; « Crise financière : ce que pensent les religions », L’ESSOR LOIRE-RHONE-
ISERE, N°3250, PARUTION DU VENDREDI 6 FEVRIER 2009
[5] DIVYANAND SOAMI ; « Reasons for violent conflict », FORUM MONDIAL POUR LA PAIX, 22 JUIN 2006
[HTTP://WWW.CENTREWORLDRELIGIONS.ORG/
[6] ABDELSLAM KADIRI ; « France : Le jackpot du label “halal” », TELQUEL (HEBDOMADAIRE
MAROCAIN), 7 JANVIER 2007
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BIBLIOGRAPHIE - Baudriller Marc et al. « Les réseaux catho », Challenges, n°135, 11 au 17 septembre 2008, pp. 60-69 [www.challenges.fr]
- Bellion-Jourdan Jérôme. « Les ONG islamiques sont-elles purement humanitaires ? Réflexions sur une vraie fausse question », article publié dans la revue trimestrielle Vacarme, numéro 34, hiver 2006
- Ben Néfissa Sarah. « ONG et gouvernance dans le monde arabe », Karthala éditions, 2004 - Duriez Bruno et al. « Les ONG confessionnelles. Religions et action internationale », Éditions l’Harmattan, Paris, 2007
- Hoffman J. Peter. « L’impact de la guerre contre le terrorisme sur l’action humanitaire ». Débat sur http://www.msf.ch/ sur le thème « Les guerres de l’après-11/9 : Nouveaux types de conflit, Nouvelles frontières pour les humanitaires ? »
- Mabille François. Un objet d’études : les associations confessionnelles à vocation sociopolitique, Archives de Sciences sociales des Religions, 2004, avril-juin 2004, pp. 41-45 - Mabille François. Religions et mondialisation : nouvelle configuration, nouveaux acteurs, Archives de Sciences Sociales des religions, 2003, numéro 122, pp. 27-30 - Père Trouslard Jacques. Religions ? Sectes ? Mouvements religieux ?, Article paru dans « Vie Diocésaine de Soissons » le 1er juin 1995 et diffusé sur le site de prévention sur les sectes http://www.prevensectes.com/jacquest.htm (dernière consultation : le 24 avril 2009)
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ANNEXES Annexe 1 - Les religions en quelques chiffres ...................................................................... 41 Annexe 2 - Tableau d’analyses de 23 ONG confessionnelles.............................................. 43 Annexe 3 - « L'humanitaire au service de l'islam », par Dominique Lagarde, publié le
24/10/2002 - Source : http://www.lexpress.fr ..................................................... 57 Annexe 4 - « ONG et catholique, atout ou handicap ? », par Catherine Rebuffel, publié
le 15/08/2008 - Source : http://www.la-croix.com/............................................ 59 Annexe 5 - « Reasons for violent conflict » - Source : site internet de A Centre for the
World Religions, "Spiritual Agenda for World Peace", http://centreworldreligions.org/ .......................................................................... 62
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Annexe 1 - Les religions en quelques chiffres
Adhérents à toutes les religions mondiales, 2005 – Source : Encyclopedia Britanica
Carte du monde indiquant la religion dominante dans chaque pays - Source : Atlas Wikimédia des religions
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Estimations de l'importance des grandes familles de religions (2005)
Annexe 2 - Tableau d’analyses de 23 ONG confessionnelles
DOMAINE D’ACTIVITÉ : LA LUTTE CONTRE LA FAIM
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- Nom de l’ONGc
- Identité religieuse
- Site internet
- Date de création
- Lieu de création
- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés -
Nbr de bénévoles
- Budget
- Nbr d’opérations
financées
- Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD)
- Catholique
www.ccfd.asso.fr/
- 1961 - France - Sous l’initiative du directeur de la FAO
2 missions : - appuyer des programmes de développement, - sensibiliser l'opinion publique à la situation des pays pauvres. Aujourd'hui le CCFD-Terre Solidaire est la 1ère ONG française de développement
- En France : 170 salariés - Réseau de 18.000 bénévoles répartis dans 99 comités diocésains et 1.500 équipes locales
- 30 millions d’euros - 350.000 donateurs - Près de 500 projets dans le Sud et l'Est par an
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DOMAINE D’ACTIVITÉ : L’INTERVENTION MÉDICALE ET SANITAIRE
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- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés -
Nbr de bénévoles
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- Nbr d’opérations
financées
- The Hanna Project
- ONG baptiste (“The first free will Baptist NGO”) www.hannaproject.com/ Credo : “Help, Hope and Healing”
- 2005 - / - 1er directeur général, toujours à l’œuvre en Côté d’Ivoire : Mike Cousineau
Travaille dans les régions reculées et difficiles à atteindre pour l’aide médicale, là où maladies et blessures sont courantes. Lutte contre la pauvreté, l’absence d’éducation
- équipes de chirurgiens, oculistes, infirmières (pour vaccins) + professions non-médicales (construction de puits, d’écoles…)
- / - 24 projets effectués, principalement en Asie (Kazakhstan, Tadjikistan) et en Afrique (Côte d’Ivoire, Maroc)
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DOMAINE D’ACTIVITÉ : LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ ET L’EXCLUSION
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- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés -
Nbr de bénévoles
- Budget
- Nbr d’opérations
financées
- Le Secours Catholique (la branche française de Caritas) - Catholique www.secours-catholique.asso.fr/
- 1946 - France - Par l’abbé Rodhain
Lutte contre les problèmes de pauvreté et d'exclusion et cherche à promouvoir la justice sociale
103 délégations diocésaines, 4.000 équipes locales, et 67.000 bénévoles
- / - Près de 600 opérations internationales par an
- The Savation Army En France : La Fondation de l'Armée du Salut - Mouvement évangélique faisant partie de l'ensemble des églises chrétiennes www.salvationarmyusa.org
- 1865 - Londres - Par le Pasteur William Booth et son épouse, saisis par le drame de la condition ouvrière
Soutien des personnes en difficulté à travers 3 lignes directrices : secourir, accompagner, reconstruire. Connue pour ses soupes populaires et ses collectes au moment de Noel
Dans le monde : 25.700 officiers, 1.041.461 soldats, 100.000 salariés et + de 4.5 millions de bénévoles agissent dans 117 pays différents.
Structure partiellement militaire
- Un des principaux pourvoyeurs d’aide social : 2.6 milliards de $ US en 2004 - /
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DOMAINE D’ACTIVITÉ : L’INTERVENTION DANS L’URGENCE
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Spécificités - Nbr de salariés
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financées
- Islamic Relief Worldwide (IRW) En France : Le Secours Islamique France (SIF) - Musulmane - www.islamic-relief.com/
- 1984 - Birmingham, UK - Par Hany El Banna et Ihsan Shbib, deux étudiants choqués par la faim en Afrique Branche française, 1992
Soutient des populations défavorisées dans + de 40 pays dans des domaines humanitaires variés, dont le secours d'urgence (catastrophes naturelles, famines, guerres...)
- Plus de 100 salariés au QG en UK -1500 employés dans le monde
- UK : £77.802.661 USA : US$60.615.302 - /
- The International Islamic Relief Organization (IIRO) En France : L’Organisation Internationale de Secours Islamique - Musulmane - www.iirosa.org/
-1978 - Siège à Jeddah en Arabie Saoudite - Les électeurs du Conseil de la Ligue des Musulmans du Monde (« Council of the Muslim World League »)
Organisation aux fonctions plurielles, dont l’assistance aux victimes de désastres, aux réfugiés, aux personnes souffrant de la faim et de la pauvreté dans le monde. Collecte et redistribue les
188 membres ds l'assemblé générale, 24 l'assemblé de direction
- 94.225.009.18 rial saoudiens (≈US$ 2.515.950.199) - En 2005/06, elle a bénéficié à plus de 4 millions de personnes dans 62 pays 47
47 Chiffres obtenus dans le rapport annuel 2005/2006 de ھيئة اإلغاثة اإلسالمية العالمية sur http://www.iirosa.org/web2/pdf/report4.pdf
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dons au niveau national et international
- Catholic Relief Services - Membre de Caritas International, le réseau mondial des organismes humanitaires catholiques http://www.crs.org/
-1943 - États-Unis - par des évêques QG à Baltimore, Maryland
Fourni de l’aide dans des situations d’urgence et aide les personnes dans les pays en développement à briser le cercle de la pauvreté grâce à des initiatives de soutien de la communauté
- 5.000 employés à travers la planète - Nombreux bureaux sur les 5 continents - le CA est constitué de 15 évêques et 6 personnes laique
- En 2007, les dons à CRS s’élevaient à plus de US$113.595.000 et subventions du gouvernement fédéral à hauteur de $324.573.000 - Assiste 80 millions de personnes dans plus de 100 pays
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DOMAINE D’ACTIVITÉ : LA PAIX ET LES DROITS DE L’HOMME
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- Nom de l’ONGc
- Identité religieuse
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- Date de création
- Lieu de création
- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés
- Nbr de bénévoles
- Budget
- Nbr d’opérations
financées
- Good Friends
« Centre for Peace, Human Rights and Refugees »
- ONG bouddhiste
http://goodfriends.or.kr/e
ng/
- 1996 - Corée du Sud (à l’origine comme « The Korean Buddhist Sharing Movement » (KBSM)
ONG pour la paix, les droits de l’Homme et l’assistance aux réfugiés en Asie et dans le monde. Bureaux à Seoul, Washington et dans le Maryland
- Good Friends est composé de 11 salariés - aucun
- Budget annuel : 128.000.000 Won ≈ US$ 100.207 98% proviennent de dons individuels et 2% du gouvernement de la Corée du Sud - 20 actions effectuées depuis 1996
- Shakti Vahini
- ONG hindoue
www.shaktivahini.org/
- 1994 - Inde - ONG fondée par Shakti Vahini, activiste
Cherche à promouvoir et défendre les droits humains et civiques en Inde. Combat surtout sur les problèmes sociaux locaux, comme le trafic des femmes et des enfants
Activisme social uniquement : actions de 12.000 bénévoles et volontaires à travers l’Inde, nombreux partenariats avec les acteurs locaux (Ministères du gouvernement, syndicats, universités…)
- /
- /
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- La Communauté Sant’Egidio
ou Comunità di San Egidio en italien
- ONG catholique
www.santegidio.org/
- 1968 - Rome - initiative d’Andrea Riccardi, lycéen romain ans le climat de renouveau du Concile Vatican Il
Active sur le plan social (lutte contre la pauvreté, actions contre la peine de mort, éducation, insertion) et diplomatique (règlement des conflits internationaux et de mise en place de médiations). Reconnue pour sa lutte contre le SIDA et son action en faveur du dialogue interreligieux
Communauté ecclésiale internationale travaillant bénévolement à 99% et qui regroupe près de 50.000 membres dans 72 pays
- / - 10 grandes actions de média depuis 1982 Agit à la fois au plan local, national et transnational
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DOMAINE D’ACTIVITÉ : TRAVAIL DE FOND POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
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- Date de création
- Lieu de création
- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés
- Nbr de bénévoles
- Budget
- Nbr d’opérations
financées
Tzu Chi Foundation - ONG bouddhiste taiwanaise - www.tzuchi.org/
- 1966 - Taiwan - par une religieuse, Maître Cheng Yen
Œuvre dans des domaines variés tels que l'assistance humanitaire, la promotion de l'éducation et de la culture, les services à la communauté, l’aide médicale, l’intervention d’urgence, la construction d’hôpitaux et d’écoles à travers le monde
Missions conduites par un réseau international de volontaires en uniforme, les “anges bleus”. + de 10 millions de membres dans le monde aujourd’hui. 100.000 membres aux États-Unis actifs dans 62 bureaux locaux
- / - la fondation dirige + de 4.500 centres de recyclage à travers Taiwan + près de 500 tonnes de déchets recyclés sur la Côte Ouest des États-Unis
Active dans 40 pays
International Islamic Charitable Organization (IICO) - ONG musulmane internationale indépendente, apolitique et multiculturelle - http://www.iico.org
- 1986 - Koweït - une initiative du Cheikh Yusuf al-Qaradawi, intellectuel qatariote d'origine égyptienne, auteur de 80 ouvrages, il a joué un rôle majeur dans l’investissement du secteur caritatif
Lutte contre des maux sociaux comme la pauvreté, l’analphabétisme, le chômage, la maladie et la faim dans le monde à travers un large panel d’actions humanitaires + aide d’urgence
- / - / Une succursale à Genève depuis 2001
- Budget 2005: 15.1 millions KD (dinars koweïtiens) (≈ US$ 51.5 millions) - 19 réalisations en 2004-2005 dont la construction d’écoles au Soudan, lutte contre la faim en Somalie, Niger, Irak…
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- The Mata Amritanandamayi Math, ou M.A. Math L’Organisation Mata Amritanandamayi (d’après le nom de sa fondatrice) - ONG humanitaire et écologique hindoue. Reconnaissance internationale et nombreuses distinctions -www.amritapuri.org/
- 1981 - siège au Kérala, au sud-ouest de l’Inde - Mata Amritanandamayi, figure spirituelle contemporaine de l’Inde
Vaste réseau d’œuvres caritatives, incluant pensions pour des veuves, orphelinat, éducation et formation professionnelle, soins gratuits + aide d’urgence. Développement d’un campus universitaire devenu une figure de proue dans le domaine de l'informatique et de la recherche
- / - fonctionne sur la base du bénévolat
- En Inde, 2ème plus gros bénéficiaire de fonds étrangers : en 1999, 51.55 crores reçus (≈ US$ 11.5 millions) - Larges services d’assistance publique aux nécessiteux dont : fourniture de 125.000 maisons gratuites pour les sans-abris, 50.000 repas gratuits distribués chaque mois
- Muslim Aid - ONG musulmane internationale d’aide d’urgence et de développement - www.muslimaid.org
- 1985 - UK - Yusuf Islam (nom de conversion de la pop star Cat Stevens)
Programmes de développement durable qui s’attaquent aux racines de la pauvreté + aide d’urgence + programmes de parrainage d’enfants « The Rainbow family »
- équipe de profesionnels au QG de Londres. 17 membres au CA - /
- En 2005 : £9.8 millions - 9 types de campagnes, de l’éducation à l’accès à l’eau potable Bureaux de terrain dans 14 pays et assistance et programmes de développement dans 70 pays
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Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
DOMAINE D’ACTIVITÉ : VOLONTARIAT INTERNATIONAL
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- Date de création
- Lieu de création
- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés
- Nbr de bénévoles
- Budget
- Nbr d’opérations
financées
- Délégation Catholique pour la Coopération - ONG catholique http://www.ladcc.org/ -Première association française d'envoi de Volontaires de Solidarité Internationale - À la fois un service d’Église et une ONG de développement agréée par l’Etat
- 1967 - Paris - /
Recrute en France, et envoie chaque année en mission à travers le monde, des personnes volontaires pour participer à des actions de développement local, sur une durée déterminée (un ou deux ans...)
- 16 salariés et CA de 17 membres - 180 bénévoles, 390 coopérants sur le terrain, 230 volontaires envoyés chaque année, 500 adhérents à l’association
Fonctionne sur la base du bénévolat Présente dans 70 pays
- 4.379.848 € en 2007 - 237 volontaires sur le terrain en 2007
- DEFAP (Service Protestant de Mission) - ONG protestante http://www.defap.fr/
- 1971 - France - Collaboration et regroupement de cinq des plus importantes Eglises protestantes en France
Assure l’accueil, la sélection, l’envoi et le suivi de volontaires dans le cadre de la solidarité internationale (programmes d’éducation, de formation théologique et d’action sociale)
- / - /
-Budget 2008 3.067.279 € Budget 2009 3.107.198 € (63 % des recettes sont les contributions des Eglises et 37 % viennent des dons) - Une 50aine de volontaires travaille actuellement à l’étranger
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- Fidesco (organisation catholique de solidarité internationale : FIDES - CO : foi et coopération -ONG catholique agréée par le ministère français des Affaires étrangères - www.fidesco.fr/
-1981 - France - Communauté de l'Emmanuel
Envoie des volontaires dans les pays du Sud pour mettre leurs compétences professionnelles au service de projets de développement ou d’actions humanitaires.
- Réseau d’experts pour étudier les projets et assurer le suivi technique sur le terrain. - En mars 2009, Fidesco a 150 volontaires sur le terrain, répartis dans 28 pays - 11 bureaux dans le monde
-1.770.090 € en 200648 8500 donateurs et parrains -Plus de 1200 volontaires partis depuis 1981, 1 ou plusieurs années.
DOMAINE D’ACTIVITÉ : PROTECTION DES ENFANTS
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- Nbr d’opérations
financées
- World Vision En France : Vision du Monde - plus grande ONG de solidarité internationale chrétienne (évangélique) www.worldvision.fr/
- 1950 - États Unis - /
Travaille en partenariat avec l'Unicef, l'OMS et l'OIT (1er distributeur du Programme alimentaire mondial de l'ONU)
Première ONG de parrainage d'enfants au monde ; aide au développement durable + intervient dans le domaine de l'urgence
-23.000 employés -220.000 bénévoles dans le monde
Présence dans 98 pays
- Revenue 2007 : US$962.985.954
- 15 millions d'enfants parrainés et 100 millions de personnes aidées à travers ses programmes d’aide humanitaire
48 Sur le dernier rapport d'activité 2006 de Fidesco : http://www.pdfdownload.org/pdf2html/pdf2html.php?url=http%3A%2F%2Fwww.fidesco.fr%2Frapport.pdf&images=yes
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Master 1 EIPP Année universitaire 2008/2009
- Christian Children's Fund (CCF)
Organisation américaine chrétienne la plus importante et la plus ancienne ww.christianchildrensfund.org/
- 1938 - États-Unis - Par un pasteur Presbyterian, Dr. J. Calvitt Clarke pour aider les orphelins chinois durant la guerre sino-japonaise de 1939
Fonctionne sous la forme de parrainage d’enfants et permet d’intervenir dans l’éducation, la distribution de nourriture, la santé et le développement + aide d’urgence
- /
- /
- Revenu de US$230.711.769 et actifs de CCF estimés à US$ 49.189.051
- Protection et éducation de plus de 15.2 millions d’enfants et de famille dans 31 pays du monde
-Shanti Volunteer Association -ONG bouddhiste japonaise www.sva.or.jp/english/
- 1979 - Japon - créé à l’origine pour assister les réfugiés cambodgiens évacués en Thaïlande. Statut légalisé par de gouvernement japonais en 1999
Soutient l’éducation et la culture des enfants au Japon, Myanmar, Laos, Cambodge, Thaïlande et Afghanistan et fournit aide et assistance aux réfugiés
- 49 employés japonais à plein-temps - 131 employés locaux (Laos, Thail., Afgha., Cambo.) - 366 employés réunis lors des prises de décisions - 2167 adhérents - 29 membres du CA - 6 bureaux répartis dans 6 pays asiatiques 49
- Budget 2008 : US$ 4.645.448 - plus de 20 acticités majeures mises en place depuis les années 80 (construction d’écoles, offre de bourses d’étude, fourniture de manuels scolaires, aide d’urgence lors de catastrophes naturelles …)
- Les Amis de l'Orphelinat de Pattaya - Orphelinat de fondation catholique www.orphelinatpattaya.org
- Orphelinat : 1960 - Pattaya, Thaïlande - Révérend Père Brennan -Association : 1993 - Enregistrée à la sous-préfecture de Grasse sous la référence 11078 -Directeur: Didier Moly
L'association a pour mission de venir en aide aux enfants orphelins, handicapés et déshérités de l'Orphelinat de Pattaya (toit, nourriture, vêtements, éducation, formation professionnelle)
- Personnel religieux encadrant ; infirmières qualifiées, éducateurs spécialisés pour les enfants handicapés - nombreux bénévoles locaux et européens
- 14% du budget de fonctionnement est subventionné par le gouvernement, 3% par la ville de Pattaya, 83% par des dons - Plus de 800 enfants hébergés (15.000 repas servis/semaine, 15 tonnes de riz
49 Source : “Annual report 2007 Shanti Volunteer Association” http://sva.or.jp/english/images/report2007.pdf
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achetés/mois, 1.500 couches /semaine, 7.500 heures de cours dispensées chaque semaine)
DOMAINE D’ACTIVITÉ : LA CULTURE
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- Date de création
- Lieu de création
- Fondateur
Spécificités - Nbr de salariés
- Nrb de bénévoles
- Budget
- Nbr d’opérations
financées
- Fo Kuang ou BLIA (The Buddha's Light International Association)
- ONG culturelle bouddhiste
- www.blia.org/
- 1992 - par le Vénérable Maître Hsing Yun
Siège au Temple Hsi Lai en Californie. Statut d’ONG accordé par l’ONU en 2003
Organisation monastique des bouddhistes du monde visant à maintenir des liens d’amitié avec autres religions, à répandre la culture, l’éducation et la charité à travers la planète
- / - / Etablissements dans plus de 22 pays
Importance des activités sociales et TIG: partenariat avec les campagnes "Save the Earth", récolte de produits recyclés, plantation d’arbres (20 millions d’arbres plantés à Taiwan ces dernières années)
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Précision : Le Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est parfois considéré comme l'ancêtre des ONG, ayant
été créé en 1863. En réalité, il joui d’une position hybride spécifique vis-à-vis des États et se rapproche plus du statut d’association humanitaire
privée que de celui d’ONG.
Le Conseil Quaker pour les Affaires Européennes (The Quaker Council for European Affairs, QCEA)
ONG Quaker http://quaker.org/qcea
- 1979 - Basée à Bruxelles
Promouvoir les valeurs religieuses quakers au sein de l’Europe et de ses institutions: paix et justice sociale, intégrité, égalité, vérité. Travaille en passant par des techniques non-violentes individuelles ou de groupe comme la médiation
9 personnes sont membres du Conseil. Le corps gouvernant du QCEA est composé de représentants de 11 pays européens. Partenariat avec le Conseil de l’Europe, l’OTAN et l’OCDE notamment
- /
- /
Annexe 3 - « L'humanitaire au service de l'islam », par Dominique Lagarde, publié le 24/10/2002 - Source : http://www.lexpress.fr
Abdel-Rahman Ghandour vient de publier une enquête sur les ONG islamiques. Il explique
pourquoi certaines d'entre elles passent si facilement des biscuits protéinés au TNT Il a travaillé
pendant plusieurs années pour Médecins sans frontières au Soudan, dans le Golfe, puis en Iran. Abdel-
Rahman Ghandour vient de publier aux éditions Flammarion une enquête sur les ONG islamiques (1).
Diriez-vous des ONG islamiques qui sont apparues depuis quelques années qu'elles sont
un sous-produit de l'islamisme ou de l'islam politique?
Oui, on peut le dire comme cela. En fait, elles sont plus qu'un sous-produit. Souvent, en effet,
le militantisme politique s'appuie sur l'action sociale, qui la précède. Hamas ou le Hezbollah, par
exemple, ont occupé le terrain social avant celui de la politique. Il y a, en tout cas, un lien très étroit
entre ces deux champs.
Comment l'expliquez-vous?
D'abord, parce que cela correspond à l'enseignement de l'islam. Ces mouvements
fondamentalistes prônent un retour aux fondements de l'islam. Or, le Coran et les hadith (dits et faits
du prophète) insistent énormément sur le devoir de solidarité au sein de la umma [la communauté des
musulmans, NDLR].
Quelles sont les stratégies de ces ONG? L'humanitaire n'est-il finalement pour elles
qu'un prétexte?
Cela peut être un prétexte. Mais pas toujours. Toutes ces ONG islamiques n'ont pas la même
stratégie. Certaines souhaitent réellement s'insérer dans l'action humanitaire internationale. Pour
d'autres, l'action humanitaire est une partie d'un tout, et ce tout est la défense de l'islam. Celles-là
considèrent qu'il y a une logique commune entre le fait de soigner et de nourrir et, «quand il le faut»,
de prendre les armes.
Vous parlez joliment à ce propos du passage du BP 5 (biscuit protéiné) au TNT. Ce
mélange des genres est-il habituel, ou le fait d'une minorité d'ONG?
Les premiers à l'avoir pratiqué sont les «Arabes afghans». Mais cela reste le fait d'une petite
minorité. La plupart des humanitaires musulmans ne sont pas prêts à prendre les armes. En revanche,
la plupart des ONG islamiques accompagnent leur action humanitaire de prosélytisme, et estiment
naturel de le faire. Cela s'inscrit dans la logique de la da'wa, la propagation de la foi. Cela n'est pas
sans rappeler ce que faisaient autrefois les missionnaires chrétiens, mais c'est ce qui les distingue des
ONG occidentales d'aujourd'hui. Pour ces dernières, l'humanitaire a vocation à aider tout le monde,
sans distinction de race ou de religion. Les ONG islamiques se disent humanitaires, mais leur objectif
premier reste d'aider les musulmans.
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Ces ONG reçoivent des fonds importants. Elles sont accusées de recycler une partie de
l'argent «propre» qui transite dans leurs caisses et d'être, par ce biais, l'un des principaux
moyens de financement du terrorisme. Qu'en est-il? Cela se fait-il avec l'assentiment des
donateurs?
La plupart du temps, cela se fait sans l'assentiment des donateurs. A l'intérieur même des ONG
islamiques, certains savent qu'une partie de leurs fonds vont à des activités plus militantes, et d'autres
l'ignorent. Certains aussi, qui le savent, le déplorent. En fait, bien souvent, les «politiques» des
mouvements islamistes rackettent leurs organisations sociales. Il est évidemment beaucoup plus facile
de récolter de l'argent pour faire de l'aide que pour faire de la politique. Il y a donc un détournement
des fonds du secteur social par les dirigeants politiques. C'est un phénomène qui commence à être
critiqué par certains humanitaires musulmans qui se plaignent de servir d'alibis.
Cela veut dire qu'il y a un débat entre ceux qui sont attachés à l'action humanitaire et
ceux qui considèrent qu'elle est un accessoire du combat?
Absolument. Les premiers ressentent de plus en plus nettement cette différence. Ils refusent
d'appartenir à tel ou tel courant ou parti et se considèrent comme les «gens du bien». D'autres, au
contraire, ne voient l'action humanitaire que comme un moyen, parmi d'autres, de défendre l’islam.
Qu'en est-il des donateurs? Ils ne posent pas de questions?
Ils commencent à s'en poser. Certains, aujourd'hui, s'inquiètent de se retrouver un jour sur une
liste du FBI, parce qu'ils auront donné à telle fondation. Ils se méfient davantage, et préfèrent, de plus
en plus, passer par des réseaux privés, des particuliers, en accordant leur aide à des œuvres plus
petites, qu'ils connaissent ou qui leur sont recommandées. Les accusations que l'on a vu apparaître
après le 11 septembre ont indiscutablement fait du tort à de nombreuses ONG islamiques. Parmi les
mauvaises, mais aussi parmi les bonnes.
Le gros de l'argent vient de l'Arabie saoudite, qui ne semble pas, jusqu'ici, s'émouvoir de
ces accusations...
L'Arabie saoudite est un cas compliqué, car il y a, à la fois, des donateurs individuels, qui
entrent dans la catégorie de ceux que j'évoquais tout à l'heure, et de véritables réseaux occultes
constitués de gens, parfois proches du pouvoir, très opposés à la politique officielle de l'Arabie
saoudite et aux Etats-Unis. Les premiers y regardent maintenant à deux fois. En revanche, les seconds
continuent de soutenir les mouvements islamistes les plus radicaux en toute connaissance de cause.
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Annexe 4 - « ONG et catholique, atout ou handicap ? », par Catherine Rebuffel, publié le 15/08/2008 - Source : http://www.la-croix.com/
Elles portent généralement dans leur nom le mot « catholique ». Sur place, ces organisations
non gouvernementales agissent de concert avec des homologues laïques. Quelle est alors la spécificité
de leur action ? En quoi consiste leur identité ? Enquête
Cours d'alphabétisation proposé par l'association
"Femme Action" dans le hameau de Foum El
Ansar, dans le Moyen Atlas au Maroc, un projet
soutenu par le CCFD (photo Razzo/Ciric).
Dans les pays du Sud où il est amené à intervenir, le Comité catholique contre la faim et pour
le développement (CCFD, qui vient d’ajouter à son sigle le suffixe « Terre solidaire ») n’agit jamais en
direct. Il ne dispose pas d’équipes opérationnelles à proprement parler, mais exerce son action sur le
terrain avec le soutien des partenaires locaux, dûment sélectionnés… mais pas toujours chrétiens.
Certaines de ces associations locales sont parfois affiliées aux Caritas locales, ou aux
commissions Justice et paix mises en place par les diocèses dans ces pays ; d’autres n’ont aucune
bannière religieuse. « Pour nous, le facteur confessionnel n’intervient pas. Seules comptent la
pertinence de l’action, sa valeur d’exemplarité et la compétence de ceux qui vont la mettre en œuvre »,
explique le délégué général du CCFD-Terre solidaire, Antoine Malafosse.
Le Secours catholique est sur la même ligne : en France, comme à l’étranger, il aide
indistinctement les populations. À la différence près que son action passe le plus souvent par les
Caritas des pays où il agit, ces organisations caritatives catholiques présentes aujourd’hui dans 198
pays. Beaucoup, nées dans la foulée des indépendances en Afrique, comptent toujours un prêtre
comme directeur.
En quoi consiste l’identité catholique de ces ONG ?
Parfois elles ont changé de nom, comme au Tchad : dans le diocèse de N’Djamena, Caritas
s’appelle aujourd’hui « Secours catholique et développement » (Secadev). Très axé sur le
développement rural des zones arides de la bande sahélienne, il a été appelé par le Haut-Commissariat
aux réfugiés de l’ONU (HCR) en 2004 pour aider à gérer les premiers camps de réfugiés du Darfour,
sur la frontière est du Tchad : une mission humanitaire stricto sensu, qu’il assure aussi bien que
n’importe quelle autre ONG.
Dans d’autres cas, le Secours catholique intervient à la demande des Églises elles- mêmes, ou
des commissions Justice et Paix, très actives sur le terrain. Ou apporte son aide à de simples
associations locales ayant l’aval du diocèse.
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En quoi consiste alors l’identité catholique de ces ONG ? Comme le prévoit leur charte ou
leurs orientations, leurs actions sont toujours sous-tendues par le principe évangélique de l’attention et
du secours portés aux plus pauvres. Mais ce principe est, formulé autrement, largement partagé par
d’autres ONG d’envergure internationale, laïques cette fois.
Alors, atout ou handicap ?
Ce qui fait dire à Antoine Malafosse que « le CCFD est une chance pour l’Église de France: il
en promeut une image très positive et très avantageuse. Nous sommes partie intégrante de l’Église,
mais notre singularité s’appuie sur cinquante ans d’expérience et de dialogue avec nos partenaires
locaux dans les pays du Sud qui mettent en œuvre nos actions de développement. »
Alors, atout ou handicap ? Dans certains pays musulmans, l’identité catholique peut poser
quelques contraintes. Ainsi, en République islamique de Mauritanie, le directeur de Caritas doit
obligatoirement être catholique, ce sera donc un expatrié.
Mais il pourra employer des salariés musulmans. « Ils savent parfaitement ce que cela
implique pour eux, et ils respectent l’esprit des valeurs de l’Évangile », précise Michel Roy,
responsable du plaidoyer international au Secours catholique. En revanche, pas question d’afficher la
religion en étendard : « Nous témoignons simplement de l’amour du Christ à travers notre action. »
Prosélytisme ?
De fait, le soupçon de prosélytisme n’est jamais loin. Par mesure de prudence, Caritas-
Mauritanie s’abstient par exemple de participer à la plate-forme internationale « Publiez ce que vous
payez », qui fait campagne sur la transparence des revenus issus des industries minières extractives,
très importantes en Mauritanie. « Si cela risque de remettre en cause notre présence auprès des
populations en besoin, nous préférons faire profil bas sur ce sujet », reconnaît Michel Roy.
Parfois, l’hostilité vis-à-vis de Caritas a aussi d’autres motifs. « Au Pakistan, par exemple,
nous aidons à l’éducation des basses castes. Certains sont ainsi devenus médecins ou avocats et cette
progression sociale est mal vue pour les plus traditionnels », raconte le responsable du Secours
catholique. Inversement, dans certains pays d’Asie, l’action des ONG catholiques en matière d’accès à
l’éducation est plutôt bien vue.
En matière de prosélytisme, la distribution de bibles au Bangladesh, il y a vingtaine d’années
par l’ONG américaine d’inspiration évangélique World Vision (Vision du monde), a fait scandale. Au
sein des organisations catholiques de solidarité, on est très loin d’agir ainsi.
Responsable du Service jésuite aux réfugiés (JRS) pour la France, Jean-Marie Carrière
reconnaît que certaines actions peuvent néanmoins prendre une dimension pastorale. « Notre mot
d’ordre est triple : accompagner, servir, défendre. Dans certains camps de réfugiés, il nous arrive de
nous mettre au service de l’Église locale pour célébrer la messe. Nous pouvons aussi animer des
séances de prière toutes confessions confondues », explique-t-il.
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La foi n’est pas un critère de recrutement
La question se pose tout aussi ouvertement au sein de la Délégation catholique à la
coopération (DCC). Ses partenaires locaux, demandeurs de volontaires, étant principalement des
paroisses ou des congrégations religieuses, « certaines peuvent demander des volontaires qui sont
chrétiens militants, avec un témoignage de foi à la clé », note Philippe Angel, responsable de l’envoi
des volontaires.
Et ce, même la mission qui leur est confiée ne peut en aucun cas être uniquement pastorale : la
DCC étant une association reconnue d’utilité publique, partenaire de la politique de coopération du
ministère des affaires étrangères, elle ne peut envoyer des volontaires que pour des missions
d’éducation, santé ou gestion. Or, certains diocèses du Sud demandent que les volontaires, s’ils sont en
couple, soient mariés religieusement ou chrétiens pratiquants. À la DCC d’y répondre au mieux :
comme le rappelle Philippe Angel, les coopérants qui partent sur le terrain n’ont aucune obligation
d’être chrétiens. « Mais ils doivent partager nos valeurs et être d’accord pour être envoyés par l’Église
de France. »
Au CCFD aussi, la foi n’est pas un critère de recrutement. Mais ses responsables demandent à
leurs salariés « une connaissance de l’Église en tant qu’institution », où les forment si nécessaire. «
Quand un salarié va dans un pays du Sud, souligne Antoine Malafosse, il rencontre toujours l’évêque
local ».
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Annexe 5 - « Reasons for violent conflict » - Source : site internet de A Centre for the World Religions, "Spiritual Agenda for World Peace",
http://centreworldreligions.org/
In a great number of the violent conflicts and wars of the past sixty years, religion and quasi-
religious ideologies have played a crucial role. It is generally known that all the major religions
command non-violence, tolerance and love, and it is as well known that a third if not even more of all
the wars faught in the world even today are partly or entirely inspired and supported by religions. […]
Direct inner revelation is the only means to attain understanding of the Law of God. From this
safe perspective, diverse religious culture and tradition does not lend itself to be exploited for political
power, segregation and discrimination. Rather, it is a cause for shared joy and mutual enrichment,
comparable to the diversity of flowers enhancing the beauty of a garden. Those aspects of religious
cults which are in descrepancy with the ethical norms of another will not be disputed: Amicable
dialogue is the way to common understanding.
Religious leaders have certain advantages over political institutions in generating
initiatives for peace. The world religions define themselves as universal, implying that their ministers
ideally should be above all partiality and group interest. No politician, except perhaps a handful of
those working in global institutions can afford to show this type of disinterest since their obligations
are toward the political institutions they are answerable to. Any politician acting against national
interests will be suspected of failing their country. They cannot publicly advocate what they personally
find just in the wider interest of mankind if those interests seem to conflict with the national ones they
represent. […]
THE REASONS FOR LACK OF PEACE: A SPIRITUAL ANALYSIS
1. Perversion of Religion. All religions teach the Golden Rule, according to which we should treat
others as we wish to be treated by them. All religions likewise proclaim the eternal struggle between
good and evil on the soul"s passage from darkness to Light. Often, the latter has been misunderstood
to denote a struggle between so called believers and non-believers and has served to justify bloodshed
in the name of God.
2. The United Nations […]
3. Lust for Power. […]
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4. Fear of Insecurity. It is easy to convince a nation that it is under attack. That done, it is even easier
to convince the same nation that a preemptive strike is an effective and necessary step to be taken.
Most wars of aggression have been justified as unavoidable measure of defense.
5. Economic Selfishness. […]
6. Social Injustice / The Suffering of The Poor. As predictably as a law of nature, the poor will not
resign to being at the losing end of the social scale. 800 million going hungry every day, 1, 1 billion
suffering from extreme poverty, another 1, 4 billion living in moderate poverty will not beg but
demand their most fundamental human right for survival and decent living conditions.
"Never was the danger as great as today. An atomic war draws nearer if we do not start thinking about
a new international control system ... I worry that the memory of Hiroshima and Nagasaki is beginning
to fade. I worry that atomic weapons will fall into the hands of dictators or terrorists. I worry also
about the nuclear arsenal of democratic states, because as long as these weapons exist there is no
absolute guarantee against the catastrophic consequences of theft, sabotage or an accident", says
Mohamed El Baradei, nobel/prize winning head of IAEA.
One thing is sure: We cannot wait for another fifty years and another UN anniversary declaration. The
coming years may be crucial for survival. We have to change things now. Or, as Albert Einstein said:
"I know not with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with
sticks and stones".