Post on 06-Mar-2016
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Fabrice FosséMusique
À faire ces incessants allers et retours sous l’échelle de Richter de la connerie, ça devait forcément nous porter la poisse… Eh bien c’est gagné, après avoir joué des années à se faire peur avec Le Pen en France et autres nazillons partout ailleurs, nous avons voulu pousser un peu plus loin le bouchon d’égout histoire de voir si les canalisations tiendraient le coup. Après Sarajevo mon amour et Nuits blanches à Grozny, est nominé pour l’Oscar du nationalisme une version trash de Sissi Impératrice mise en scène par Jörg Haider. Je dis nous parce que l’Autriche c’est un peu comme si c’était chez nous, c’est un pays plutôt riche (non pas qu’on le soit tous, car un pays riche peut très bien être constitué de gens très pauvres ! Je sais c’est un peu difficile à comprendre, moi-même j’ai du mal…), c’est en Europe, nous avons donc un large substrat culturel commun (un substrat c’est un terreau fait de sang, de larmes, de dentelles, de goupillons, bref : 2000 ans d’histoire). Mais la grande différence entre l’Autriche et la France par exemple, c’est que l’Autriche n’est plus qu’un petit pays de seconde zone privé de son empire pour cause d’avoir deux fois de suite choisi le mauvais camp, alors que la France s’imagine toujours être une référence aux yeux des autres, avoir un message pour le reste du monde, et en cela représenter l’alternative au modèle américain. Mais si allons, vous en avez déjà entendu parler du « rayonnement » de notre pays ? La première fois moi aussi j’ai cru qu’il s’agissait d’un nouveau phare qu’on aurait érigé à Ouessant pour guider des pétroliers cancérigènes qui seraient venus chez nous par hasard, mais pas du tout c’est un truc qui rayonne et que les étrangers seuls peuvent percevoir parce que nous on n’en a pas besoin. Alors pour nous autres Français, le fait d’être intimement convaincus que tout va tellement bien pour nous qu’à tous les coins de la planète on nous envie, ça nous fait occulter nos petites misères et on pense plutôt à suivre le Tour de France qu’à faire des ballades en char d’assaut chez les voisins. Ça s’appelle du nationalisme mou, ça resurgit de temps en temps bien sûr, à cause d’une odeur dans une cage d’escalier, ou devant un grand mec un peu basané qui prend toute la place dans le bus avec ses grandes jambes en jogging Riboque, mais globalement on fait avec : la bête est assoupie.
Suite page 24
MINE DE RIEN, VOILÀ DÉJÀ LE N° 44 DE CETTE REVUE MENSUELLE DE LITTÉRATURE, DATÉ DE MARS 2000 ISSN : 1065-5410 - DÉPÔT LÉGAL : À PARUTION - IMPRIMERIE TOUT À FAIT SPÉCIALE - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION À L’AVENANT, À SAVOIR MONSIEUR WALTER RUHLMANN, ASSISTÉ DE BRUNO BERNARD ET DE TEMPS EN TEMPS QUAND ÇA LUI CHANTE, MRGANE
ILLUSTRATIONS DE F. BECQUET (SAUF ÉDITO : MONTAGE BRUNO)
© MAUVAISE GRAINEET LES AUTEURS, MARS 2000
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MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 3
Fabrice fosséMusique !
Je suis de retour
Je reviens au paysavec une longue barbe grise
et un avion de papiersur le sommet de mon crâne
je reviens au payspour y saluer les heuresévanouies sur les quais
entre deux baisers courtsentre deux trains de nuit
je reviens à Parisma danseuse légère
pour y voir ton spectaclede poupée acrobate
dans un peep-show crasseux
tu me reconnaîtrasaux ailes de mon avion
elles battront comme ton cœurmis à nu par mes vœux.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 20004
Musique
Mains calleusesbleu de travailmachines en marchebruit qui ferrailletout au long de la sainte journéeles vérins des presses roulentdes mécaniquespresses qui tempêtentsur des tamboursen peau d’acierinoxydableje bats le rythmede mon pied droitle contremaîtrem’accompagneen sifflant un petit aird’opéral’orchestration n’est pas fameuseet le public a tête bassed’applaudir n’est pas de misetoutes les mains sont prisonnières,la gaieté du chansonniern’existe pas.J’ai de la musique pleinla têteet des sanglots pleinmes souliersdans l’atelierje suis le prince des ouvrierset quand la sirène nous libèreje deviens le piredes musiciens.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 5
Les palmiers
Elle mange des gâteaux secsen regardant la plageau mirabar del marelle boit son cacaosous les palmiers truquésd’un été de bétonderrière ses lunettes noireselle voit des hommes huileuxen balade pour la dragueaux muscles en bandaison,mais elle n’aime pas leurs poilstrop timide elle en casseson biscuit dans la tasseen pensant à l’Espagneet à son toreroaux grands airs d’opérettechanteur de disco.
Ingredientes =harina de trigograsas vegetales parcialmentehidrogenadasazùcardextrosaextracto de malta de cebadasalgasifiantescolorantes.
De consomir amargo preferenmenteAntes del fin 31.12.00
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 20006
Cycliste
Elle roule en vélole dimanchesur départementaleau rythme des crevaisonselle pédaledans sa combinaisonmoulante de nyloncollée par l’effortd’arriver en têtepour la longue coursedu bonheur.Elle déraille,dorénavant elle partiraà l’heuremais jamais aucune routene la conduirasur la première marchedu podiumet ses jambes lui font malelle tombeelle crèvesur la piste de ses rêvessur la départementaledes dimanches paisiblesoù personne ne s’arrêtepour fêter les championnesd’un monde,sans couronneni fleurs.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 7
L’inspecteur mène l’enquête
Un inspecteur visite une classeaprès une courte hésitation
il demande à un enfantpourquoi t’es-tu enfui
tu aimais tellement faire le tapinje te promets mes faveurs
et l’élève s’étonneheu… Mais…
Un coq fait les cents pas dans le couloirc'est un client qui erre depuis cinq jours
dans la solitudeun individu à l’esprit fornicateur
qui mercredia rêvé de cornichons et de fesses juvéniles
mais ne vous affolez pasles portes de l’école se ferment
sur l’inspecteuret les cent un initiés.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 20008
Europe perdue
— Frontièreamas de barbelé de roncesderrière les cris les écorchuresle rire kaki des enfants vieux
brille toujours étoile lointainestar again
les chemins se perdentles routes se tordenthauts murs invisiblesmes poings anecdotiques frappentla porte qui reste floue
— ruineschaque pierre est sacrificechaque pierre sans nomchaque pierrechaque pierremaman mamanj’étais Europe mon chien est mort
brille toujours étoile lointainestar again.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 9
Pop mélodie
Une douce brise d’ouestsouffle sur le pianoune chanson pop titubedans ma tête
l’homme aux mélodies décousuesest venu sur le tardun CD coincedans la platine
un petit homme chauveau taux élevé de testostéroneun musicienamateur de revuesX
un croissant de lune brille sur son frontrefletdéshabillé de sa musique
à poilsur le fil du rasoirà côté du pianoles fleurs se sont noyées
je pose nue pour les magazinestu me regarde d’un airidiotjoue-moi ta dernière mélodie
où sont les notes aciduléestatouées sur la couvertureseins de papierque tu cachesdans ta chair de cinquante ans
lèvres boudeusesun baiser de délicatesseune douce brise d’ouestsouffle dans le salon
ce soir je t’inviteferme les yeuxles chiens ne passent pas la nuitderrière ma porte.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200010
Les fleurs de demain
Baise-moi baise-moitrès fort
enfonce tes doigts dans mes cheveuxje ne veux pas voir ton visage
ta langue remueentre mes lèvres d’écumerose de soie je mouilleenveloppée dans ton jardin céleste
griffe ma peauécarte ma chair
avant que le sexe ne croupisseen attente d’une nouvelleaube
pendant que l’éténous regarde jaillir hors de terrepour de bon
baise-moi baise-moiencore
avant que les chiens ne pissentsur les fleursdans l’oubli de demain.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 11
Le silence
Couché dans la fièvredans un lit d’hôpitalle ventre offertaux aiguillonsdes maux
le silence est blancuniformémentblancblanc ballon gonflé d’humeurque tu serastenté de crever
infirmière du néanttu m’ouvriras tes ailesd’angetu me couvriras jusqu’audernier sursaut
dans la spirale de lasouffrancepour une poignée de prièresmes vœux seront exhaussés
puis tu fermerasla portesans même m’embrasseret tout deviendra noiruniformémentnoir
et je pourrai hurlermes mains couvrantles plaiesbourdonnantesde mort.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200012
Estivale
Sur une plagede sable fin
elle sucedes esquimaux
sous le regard effrontédes touristes allemands
elle bronzedans son soda plein soleil
en rêvant de pluie d’orau goût des fruits de la passion
et une pointe de pimentelle plonge
dans l’océan pur fraisede son soda d’août
qu’elle avale d’un traitsur la plage au couchant,
et le soleil se noieau fond de la bouteille
oubliée par la bellesous le regard délavé
des allemands qui repartentrouge vif
dans leur bus blanc.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 13
Oiseau de nuit
Quelle mouche m’a piquédans quelle villeai-je brisé mes ailes
ceci ceci est une plumecollée par la pluie
indolente
ceci ceci est ma peaureflet sur le bitume
tu me rendras visiteun de ces soirsétoilés par le sexej’arpenterais tes désirschaussé de talons hautsvêtu de paillettes d’or
ceci ceci est ma chairfroidement se dessinent
les ombres
ceci ceci est mon sanglentement s’insinue
blanc poison
sale mouche tu m’a piquémes ailes sont mortesde n’avoir jamais sutrouver le feu du ciel.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200014
Les belles de tes rêves
Laisse tomber cette fillela belle de tes rêves
les culottes de Mariesont toutes les mêmesde coton éparpilléen rouge synthétique
la bouche que tu embrassesest des lèvres d’amourgrouillantescontre ta peauelles te suceront jusqu’à la dernièrecouille
vidée
la tête échouée sur le litles mouches bourdonnerontdans ton sommeil lourd
elle t’arrachera à ses nuitssous les secousses orageuses du tempsdans tes yeux
et tu deviendrasmortviscéralement mort
jusqu’à la prochaine filleà portée de ta main
les culottes de Françoisesont toutes les mêmesde dentelle
improbableen rose fatigué.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 15
Jardin japonais
Un homme s’assoit en silencesur un siègeplastique
Il parcourt un journalles articles au présentmédite
Minute minute minute
Bouillonnement des cascadesvers le fleuve de temps s’écouleen vacarmemagique
Allégé l’homme s’en vaun soupir au bord des lèvres,du bonheur plein les doigts
Et dans l’espace réduitplane les effluvesd’un jardin japonais
en suspens.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200016
D’hiver
Pulsion verticalesur ton corps alléchant
passion végétaleau clair de ta peau
je me penche en avantsur un large sourire
qui en dit longmais qui n’a plus rien à dire
tu tires les rideauxsur les Christmas de neige,
au clair de l’impassemon ventre crie au vide
je sers mon écharpeje m’éloigne
j’ai froidamidonné de givre
les lèvres humectéesd’un baiser c’était.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 17
Mon cinéma
Ouvreuse la nuitj'avais seize anslors d’une réception à Cannesj’ai attendu des heuresmon pouls s’est arrêtéde battreil a fait demi-tourun diable à ses troussesl’acteur de mes nuitsétait un petit vieuxlors de l’inaugurationde mon cinémapermanent.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200018
Fuites
La pluie tombesur le rebord de la fenêtre
je partirai un de cesjours
comme un quelconque liquideau goutte à goutte
inutile de m’en rendremalade
le robinet fuitdans la salle de bain
sur le rideau de pluieje ferme le volet
il fait froid
le vin blanc réchauffema tête
sur le rebord de ma fenêtreles gouttes m’aidentà m’endormir
le sommeil étrangle les fuitesqui viendront visiterma nuit.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 19
Consommateur
1000 balles dans le caddiela queue à la caisseje pousse au cul je suis presséla carte bleue sur le cœurje tape du doigt pour payer.Ni aciditéni amertumeseul le sucreseul le selavec une goutte de sanget un nuage de carneje déguste ma cervelleà la petite cuillèresur ma tartine mon œil spéculebrouillé.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200020
Certitude
Dans sa parka trop grande élimée il réajuste
sa cravateun beau nœud pour se pendreau cou de la vieille veuveà la sale tête de mortquelque part dans le videune certitude se balancesous couvert du silencequelque part dans la villele matin fait grillerses tartines de régimeen écoutantd’une oreille distraitele bulletin météosous un ciel sans nuage
le soleil sera chaud.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 21
Dernier rappel
Cigarette sur cigaretteje fume électriqueentre deux doigts carottesparfum noir atmosphériquebrouillard se perdrefumée torpeur,je souris on attend acclameils me mangeront tout crules durs à cuirecouteau chaleurcouteau chaleurau fond des cœurs,je joue guitarechanson de fielc’est un grand jour un très grand jourc’est le grand jourpour eux.Je racle le solleurs âmes s’élèventpuis se consumentils me consomment.Tic tac tic tacdernier appeltic tac tic tacet puis c’est l’heurela débandadesueur néantserviette de glacela route se pencheles réverbèresla nuit enfin.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200022
Coma
Dans le désert blancles anges chuchotentune douce musique
la route tue par accidenttu dois guérir
il est midi à l’hôpitalil est midisur la plageles filles ont les seins gonflésde soleil
c’est un miraclecette douce musiquela route tue par accidentpenses-tu à ces filles sur la plage
quand tu sortiras du sommeilje t’y emmènerai
demain dimanchesera une belle dimancheles anges chuchotentdans le désert blanc.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 23
Boîtes
Il faut bien fermer le couverclede la poubellesinon les mouches pondentà l’intérieur,festin pour les larvesmal au cœur pour toi et moicette boîte rose devient obscène.
Il faut bien fermer le couverclede la boîte aux lettressinon les mauvaises nouvellesgonflent à l’intérieur,festin pour les dramesfactures partagées pour toit et moicette boîte verte devientla haine.
Il faut bien fermer le couvercledu cercueilsinon les larmes tombentà l’intérieur,festin pour la mortfatalité pour toit et moicette grande boîte devientla mienne.
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200024
NotesToujours de la poésie, rien que de la poésie pour L’arme de l’écriture que concoctent Hubert Guillaud et Jean-Luc Lamouillé, tous les trois mois. C’est un réel plaisir de recevoir et de lire cette lettre poétique qui s’épaissit chaque fois davantage me semble-t-il. Non seulement les poèmes de qualités ne peuvent vous laisser indifférents, mais vous pourrez tout autant vous laisser apaiser par les illustrations de Benjamin Gomez et les gravures de Pierre-Olivier Rivière. L’éditorial, si court soit-il, de Jean-Luc Lamouillé vous porte toujours à réfléchir et ça aussi ça fait du bien. Je ne saurais donc trop vous conseiller de commander quelques numéros de cette revue, appelons-là ainsi, elle le mérite bien plus que d’autres, et surtout de les lire, et les relire.L’arme de l’écrituren°23, janvier 2000Jean-Luc Lamouillé97 galerie de l’arlequin38100 Grenoble, France
Nous n’avions pas fait mention du numéro de janvier de la revue Libellé dans notre dernière livraison, nous allons rattraper notre retard en vous présentant celui de février dans lequel de nombreux poètes de talents se côtoient encore. Michel Prades tient la route avec son concept. Je regrette parfois qu’il ne se limite qu’à ces quelques pages, mais c’est déjà bon de les avoir. D’autant que Fabrice Fossé y figurait, ainsi que Claude G. Lugon, et Sylvain Crouzet, qui avait fait une brève apparition dans nos pages, il y a tout juste trois ans. Notre échange avec Libellé dure depuis quelques années aussi, je crois d’ailleurs que c’est la seule revue qui ne nous
ait jamais fait faux bond ; c’est louable, aussi louons-la et lisons-la autant que possible, elle en vaut, elle aussi, la peine… qui parle de peine d’ailleurs… ?Libellé n° 98, février 2000Michel Prades7 rue Henri Poincaré75020 Paris, France
Ô joie ! Ô bonheur ! Démolition est devenue mensuelle ! Je sais, ça fait trois numéros déjà que nous avons le plaisir de la retrouver si fréquemment et régulièrement dans nos boîtes aux lettres. Vous la recevez j’espère ? Ce serait dommage… Vous savez qui la confectionne avec amour cette lettre de poésie qui donne le torticolis, c’est Fabrice Fossé lui-même. Il y publie les copains littéraires un peu anars, un peu libertaires… Toméra, Lemaire, qui ne sont jamais les derniers pour parler amour et donner des coups de gueule, mais aussi Yanming Zhang. Avec des illustrations faites à main levée et des collages de textes plus qu’artisanaux, Démolition donne un coup de pied dans la fourmilière et ose ne pas se prendre la tête avec la mise en page et la reproduction. Soutenez-les, ça leur fera plaisir.Démolition n°4, février 2000Fabrice Fossé et F. Becquet Hameau Sainte Gertrude 76490 Maulévrier Sainte Gertrude, France.
La lettre poétique de C.G. Lugon, Script-Bizarre, est arrivée par le courrier de ce midi. Elle est un peu légère comme il le souligne lui-même, mais les quelques trois auteurs qui y sont présentés ne sont pas pour nous déplaire : Eric Dejaeger, Fabrice Fossé (décidément à l’honneur dans
les revues ces temps-ci) et Erich von Neff.Script Bizarre,Hiver/printemps 2000Claude Lugon32 rue des Casernes1950 Sion, Suisse claudelugon@hotmail.com
Deux nouveautés également ce mois-ci dans nos notes. À commencer par la Fanxinoteka du groupe basque Napartheid. C’est en fait un catalogue de fanzines présentés un peu en vrac, en provenance de tous les pays du monde, sur les cinq continents. C’est peu lisible pour le néophyte en langue basque que je suis, mais cette équipe semble aussi dynamique qu’elle est jeune et a fait un travail remarquable de pistage et de classement. À noter qu’ils ont aussi un site internet, un peu vide, mais qui a le mérite d’exister.Fanxinoteka, Napatheid127 PK Trintxerpe-Pasaisa20110 Gipuzkoa, Pays-Basque. www.napartheid.org/fanxinoteka
L’autre nouveauté m’a un peu laissé sur ma faim, et un peu agacé aussi. Le titre est fameux et original : Les hésitations d’une mouche. Derrière ce titre accrocheur, la revue, en tant que contenant, est d’une facture tout à fait honnête, elle est même plutôt soignée. Mais les textes… Faut-il rappeler qu’il ne sert à rien de ne publier que des copains si l’on veut arriver à publier du sens. Franchement, je n’ai accroché avec aucune des nouvelles ou chansons éditées dans ces pages. Ce qui m’a le plus choqué, c’est cet entretien avec l’avocat de Papon : Jean-Marc Varaut. C’est vrai qu’il a l’air plutôt intelligent, voire érudit. Ses clients, dit-il, il ne les choisit pas, ce sont eux qui le
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choisissent. Soit, n’empêche, je crois que si j’avais les capacités d’être avocat, je regarderais à deux fois avant de donner mon accord pour la défense de quelqu’un, surtout s’il était de la sale renommée de Papon.
Enfin bref ! Pour en revenir à la revue elle-même, je pense qu’ils ont dû grandir, je le leur souhaite, et qu’ils ne m’en veuillent pas si je suis un peu acerbe, mais je ne fais que mon boulot de lecteur.
Les hésitations d’une mouchenuméro 4, mars 199821 le parc Saint André33360 Cénac, France lamouche@free.fr ou : robert.serrano@free.fr
Suite et fin de l’édito…Pour les Autrichiens c’est différent. Lassés de jouer les ex,
ils regrettaient le bon temps des réceptions de l’archiduc où le tout Europe prenait son ticket pour valser avec la Laididi de l’époque, et plus si affinités. Et la vie n’est pas facile… Que voulez-vous il y a des jours où on en a marre de ce mariage qui n’en finit pas de se barrer en eau de boudin, de ces gosses vautrés devant la télé à bouffer des casse-croûte à la langue de bœuf en gelée, de ce voisin qui s’est acheté une béhème qu’on se demande bien comment il fait pour la payer avec ce qu’il gagne, de toute cette chiennerie de vie que ni la droite ni la gauche ne sont capables de changer vu qu’ils en palpent tous quelques soient les circonstances. On en a marre de passer pour un con, et puisqu’on n’a plus rien à perdre il va bien falloir que les autres la mettent en sourdine parce que cette fois-ci c’est sûr on va voter pour du neuf, pour du solide, pour du ra-di-cal.
Il suffit désormais qu’un chacal passe par là et bingo ! Facile de dire n’importe quoi et son contraire, de se dédire ensuite, de hurler avec les loups. Le nationaliste est forcément démago. Son message est d’une efficace simplicité : « On nous ment, on nous trahit, on nous sous-estime, on nous dépouille de notre culture. Nous avons des droits et nous allons le faire savoir. » Rien de plus dangereux que quelqu’un qui se trimballe des complexes d’infériorité. Il devient aigri, mauvais, vengeur. Il a davantage besoin de détruire que de conquérir. Il n’a pas forcément besoin d’une terre promise. Ce qui lui faut, c’est quelqu’un qui personnalise sa vindicte. Son ennemi a le profil idéal d’un bouc émissaire. Haro sur le bouc !
Ainsi, ne plaquez jamais qui que ce soit de façon à le rabaisser. Mettez les formes. Pour vous ça ne mange pas de pain, mais pour elle ou lui ça fait une énorme différence.
C’était donc la minute moraliste du mois. Un peu confuse et maladroite sans doute. Mais que celui qui n’a jamais écrit au kilomètre, emporté par son exaspération, me jette la première pierre. Ce qui me rappelle une histoire d’ailleurs.*
Enfin !… comme dirait l’autre, bonne lecture !(Je sais, ce n’est pas très malin de vous souhaiter une
bonne lecture sur la dernière page de la revue.)
Bruno
DANS MG EN AVRIL C’EST MICHÈLE CAUSSAT QUI S’Y COLLE ET C’EST ÇA QU’EST BIEN !
* Jésus se baladait en Palestine avec ses copains à qui il faisait la morale parce qu’il les trouvait quelquefois un peu beaufs. Ils arrivent sur une place de village où les gens s’apprêtaient à lapider une pétasse qui apparemment était un peu du genre marie-couche-toi-là et qui aurait manqué de respect à quelqu’un.Trouvant quand même qu’ils y allaient fort avec le dos de la cuillère Jésus s’interpose et essaie de parlementer en expliquant qu’on peut bien s’offrir une bonne partie de jambes en l’air de temps en temps sans mériter de se prendre des caillasses dans la tronche. Il conclut en leur disant qu’après tout, que celui qui n’avait jamais pêché (niqué en ancien hébreu) lui lance la première pierre. Et là, ça marche ! Tout le monde laisse retomber son bout de parpaing et les gens commencent à se disperser, quand tout-à-coup une petite vieille avec un voile noir s’approche et vlan ! Elle balance son pavé sur la fille. Estomaqué, Jésus va vers elle et soulève son voile : « Tu sais maman, il y a des jours où tu m’énerves !!!! »
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 200026
MAUVAISE GRAINE 44 MARS 2000 27
Musique
Mains calleusesbleu de travail
machines en marchebruit qui ferraille
tout au long de la sainte journéeles vérins des presses roulent
des mécaniquespresses qui tempêtent
sur des tamboursen peau d’acier
inoxydableje bats le rythmede mon pied droit
le contremaîtrem’accompagne
en sifflant un petit aird’opéra
l’orchestration n’est pas fameuseet le public a tête basse
d’applaudir n’est pas de misetoutes les mains sont prisonnières,
la gaieté du chansonniern’existe pas.
J’ai de la musique pleinla tête
et des sanglots pleinmes souliersdans l’atelier
je suis le prince des ouvrierset quand la sirène nous libère
je deviens le piredes musiciens.
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