Post on 09-Mar-2016
description
Diplômes 2013
« Je me rends compte qu’il existe une vérité fondamentale de la nature humaine : explorer est une nécessité » David Scott, commandant de la mission Apollo 15.
INT
RO
DU
CT
ION
LE TOURISME SPATIAL
3
A travers l’histoire, l’homme n’a cessé d’explorer son territoire, la Terre. Depuis les premières migrations préhistoriques il y a un million d’année, qui amenèrent Homo Erectus à quitter l’Afrique pour parcourir l’Eurasie, nos ancêtres ont colonisé chacun des territoires qu’ils avaient visités. Poussés d’abord par leurs habitudes de chasseurs-cueilleurs, ils se sont déplacés selon les saisons, se rendant là où le climat était clément, et la nourriture abondante. Avec l’avènement de l’agriculture en Mésopotamie, l’homme devient sédentaire. Son besoin d’exploration ne disparaît pas pour autant. Que ce soit pour des raisons économiques, politiques, ou simplement pour vivre mieux, les populations n’ont cessé de visiter et coloniser de nouveaux paysages. A travers l’histoire connue, les grandes figures de l’exploration, par exemple Erik le Rouge, James Cook, ou encore Christophe Colomb, ont toujours repoussés les limites du monde connu, s’engageant dans des voyages où la curiosité l’emportait sur les risques.
De nos jours, on trouve des peuples originaires de toutes les régions du globe, même dans les zones les plus extrêmes. Que ce soit l’humidité proche de 100% de la forêt amazonienne, les steppes infinies enneigées du grand Nord, ou encore la chaleur du Sahara, des hommes ont su tiré parti de ces particularités et s’adapter, en développant des modes de vie en accord avec leur
4
INTRODUCTION
environnement. Les mœurs des différentes civilisations s’inspirent les uns des autres. Par exemple, nous allons aujourd’hui chercher des solutions aux bouleversements climatiques chez les peuples qui ont conservé un mode de vie loin de la surconsommation. La diversité des habitats permet de faire progresser l’humanité dans son ensemble.Grâce à internet, on peut aller pratiquement partout, que ce soit physiquement ou virtuellement (Google map par exemple), qui nous permet de nous transporter instantanément. L’exploration des premiers suscite la curiosité des autres. Le tourisme est aujourd’hui la première industrie mondiale. De nouvelles formes de tourisme sont apparues, traduisant un besoin de nouvelles expériences. Le tourisme spatial s’inscrit dans cette nouvelle tendance de tourisme extrême. Le designer, par sa réflexion, doit s’inclure dans ce genre de projet, qui, nous allons le voir, se révèlent être plus qu’une nouvelle offre.
Dans une première partie, nous verrons comment notre compréhension de l’espace à travers les différentes époques, civilisations, et découvertes astronomiques, a façonné l’imaginaire collectif, et alimenté cette envie de conquête spatiale. Ensuite, nous nous intéresserons chronologiquement aux différents moteurs de la conquête spatiale. De Spoutnik à Virgin Galactic, nous verrons quels sont les enjeux et promesses qui motivent de tels projets.
LE TOURISME SPATIAL
5
Pour conclure, nous tenterons de comprendre les attentes et les motivations des touristes, ainsi que le caractère spécial de l’expérience touristique.
6
Introduction 2
L'espace, toile de fond de l'imaginaire collectif 10A. La vie vient de l'espace 13Les premiers hommes et le ciel Les étoiles, un terreau universel Le ciel, royaume des dieux.
B.Les nouvelles règles de la mécanique céleste. 22La vie est partout... Ou presque ! L’avènement de la science-fiction
Historique et evolution de la conquête spatiale 36
A. Un moteur : la guerre froide. 38L’héritage de la seconde guerre mondiale La course à la Lune Vers une présence continue de l’homme en orbite L’époque des collaborations internationalesLes navettes spatiales
B. Un nouveau souffle : les compagnies privées 56Remplacer la navette La naissance d’un tourisme spatial
SOMMAIRE
LE TOURISME SPATIAL
7
C. Quelles réponses dans l’espace 68
Les premiers civils dans l’espaceInspirer les générations futures The overview effect
Le tourisme et l'expérience 84
A. Le tourisme 86
Brève histoire du tourisme Les risques du tourisme L'évolution du tourisme
B. L'expérience 108L’expérience, entre innovations et habitudes Les expériences extrêmes
C. Les attentes du touriste : 114Ramener son voyage
8
SOMMAIRE
Conclusion 119
Glossaire 124
Références 126
Décollage de la fusée STS-86
Carte des constellations grecques de l'hémisphère Nord
L’ESPACE, TOILE DE FOND DE L’IMAGINAIRE COLLECTIF
L’imaginaire lié à l’espace a évolué en même temps que la compréhension que nous avions de celui-ci. C’est une boucle sans fin dans laquelle l’imaginaire influence les recherches. Les résultats de ces recherches influencent à leur tour l’imaginaire, créant un nouveau paradigme dans lequel poètes, écrivains, cinéastes, artistes, puisent pour raconter ou représenter contes,
épopées, et voyages fantastiques.
Summer Solstice Sunrise over Stonehenge
LE TOURISME SPATIAL
13
LA VIE VIENT DE L'ESPACE
On peut attribuer à la fascination pour l’espace,
et les phénomènes célestes en général, un caractère
universel. Dans la plupart des civilisations, on retrouve de
nombreuses traces de monuments, rites, ou divinités liés au
ciel.
LES PREMIERS HOMMES ET LE CIEL
Dès la préhistoire, on retrouve des monuments qui
sont alignés dans la direction du Soleil et de la Lune, aux
zéniths de leurs courses dans le ciel. Le plus connu est le
site mégalithique de Stonehenge. Certaines hypothèses
avancent que le site servait à prédire les éclipses de Lune,
représentées par les 56 trous qui ceinturent le monument.
Bien que l’on ne puisse dire avec certitude quel était
l’usage réel d’un tel site, il est certain que ces alignements
avaient quelque chose à voir avec le ciel qu’observaient
nos ancêtres.
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
14
D’autres théories font remonter l’observation du ciel
à 18 000 ans avant notre ère, à l’époque des peintures
rupestres des grottes de Lascaux. D’après la paléo-
archéologue Chantal Jègues-Wolkiewiez, les premiers
hommes avaient une compréhension des phénomènes
solaires et lunaires plus avancée que ce que l’on pensait.
Les Cro-Magnons de Dordogne choisissaient leurs grottes
en fonction de leurs orientations par rapport au Soleil ou à
la Lune, pour que celles-ci soient baignées de lumière aux
solstices d’été et d’hiver, et aux équinoxes. Ils peignaient
ensuite à l’intérieure de la grotte les animaux qu’ils
pouvaient chasser en fonction de la saison. Par exemple,
à « l’abri du poisson », un saumon a été gravé avec sa
mâchoire recourbée vers le bas, caractéristique de sa
période de reproduction, qui a lieu en hiver, pointant vers
le soleil d’hiver, seul moment où le soleil était visible depuis
la grotte.1
1 Lascaux, le ciel des premiers hommes, Coproduction : ARTE France, Bonne PiocheDocumentaire de 2007, réalisé par Stéphane Bégoin, Vincent Tardieu et Pedro Lima
LE TOURISME SPATIAL
15
Bien que toutes ces hypothèses soient difficilement
vérifiables, le ciel fait parler de lui. Au fur et à mesure que
les civilisations se perfectionnent et se complexifient, les
écrits et peintures qui nous parviennent rapportent avec
toujours plus de précisions l’interprétation qui était faite
du ciel en fonction des différentes régions du monde où il
était observé.
LES ÉTOILES, UN TERREAU UNIVERSEL
Dans de nombreuses régions, on divise le ciel en
amas d’étoiles, souvent les plus brillantes, sous formes de
constellation. Dans les civilisations antiques occidentales
et moyen-orientales, le ciel nocturne est le théâtre de
multiples scènes, ou dieux, héros, et animaux s’affrontent
dans d’épiques histoires. Les civilisations sumérienne et
babylonienne sont les premières à développer l’astronomie.
Ils séparent le ciel en 12 zones, les constellations du
zodiaque.
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
16
Nous pouvons prendre comme exemple la
constellation d’Orion, caractérisée par ces trois étoiles
brillantes dans son centre, qui illustre parfaitement les
différentes interprétations d’un même phénomène selon la
culture qui l’observe. Dans la mythologie grecque, Orion
était un chasseur géant, célèbre pour sa beauté et sa
violence, puni par Zeus qui le transforma en étoiles. Une
des premières références à Orion en tant que constellation
se retrouve dans l’Odyssée2 d’Homer, à la fin du VIIIème
siècle avant JC. Pour les sumériens, Orion s’appelaient
Sipazianna («le fidèle berger du ciel») ou Ra’ukinu-AmaÏ
en akkadien. Il est la victime de Marduk, le dieu principal
de la mythologie babylonienne3, à qui la vie sur Terre est
due. Dans l’astronomie chinoise, Orion est connue sur le
nom de « Shen », et est l’une des 28 Xiu, loges lunaires, qui
représentent les latitudes que traverse la Lune en un mois.
2 « Et [Odysseus] contemplait les Pléiades, et le Bouvier qui se couchait, et l’Ourse qu’on nomme le Chariot, et qui tourne en place en regardant Orion, et, seule, ne touche point les eaux de l’okéanos. » On y retrouve également les constellations contemporaines de la grande Ourse et du Bouvier. Près de la moitié des 88 constellations de l’Union Astronomiques Internationale vient des astronomes grecques.3 Alastair Livingstone, “Mystical and Mythological Explanatory Works of Assyrian and Babylonian Scholars”.
La ceinture d'Orion
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
18
Ainsi, bien que ces étoiles aient une histoire différente
chez les Sumériens, les Chinois ou encore les Grecs,
elles n’en demeurent pas moins une source d’inspiration
universelle pour les civilisations.
LE CIEL, ROYAUME DES DIEUX.
Plus largement, le Soleil, la Lune, et les premières
planètes connues ont un rôle important dans les mythes
fondateurs des grandes civilisations.
Chez les Egyptiens, Rê (ou Ra) est le dieu soleil. Il
est le dieu principal sous le 1er empire (2700-2200 av.
JC). Il parcourt chaque jour le monde des vivants dans
sa barque sacrée, et la nuit, quand il disparait, combat
les forces des ténèbres. Chaque nouveau lever de soleil
est une victoire de plus pour Rê. Les pharaons décédés
le rejoignent dans sa barque, et l’accompagne dans son
parcours céleste.4Huitzilopochtli, dieu du soleil et de la 4 L’Égypte ancienne et ses dieux : Dictionnaire illustré, Jean-Pierre Corteggiani, article « Rê », p. 63, Fayard, 2007.
LE TOURISME SPATIAL
19
guerre, est le dieu le plus important dans la mythologie
aztèques (et méso-américaine), avec Tlaloc, le dieu de la
pluie. Il était important de lui rendre hommage, car les
guerriers morts au combat se rendaient au ciel près de
Huitzilopochtli (le Soleil).5
Dans le Christianisme, il n’est pas mention d’un dieu
soleil. Dieu est unique et tout puissant. Il est le créateur
de toutes choses, ce qui inclut les planètes et les étoiles.
Cependant, on retrouve cette idée du ciel comme royaume
des morts, avec le paradis céleste. Les âmes de ceux dont
la vie respecte les commandements de Dieu s’élèvent vers
le ciel, où elles demeurent dans un bonheur infini et la
contemplation de Dieu.
Aux vues de ces récits, il semblerait que la
méconnaissance de la nature physique même du ciel
réservait l’exploration de celui-ci aux dieux, aux héros
mythologiques, et aux morts.
C’est seulement plus tard, en 126 après JC, que 5 Larousse des mythologies du monde, Fernand Comte, France Loisirs.
Le dieu Aztèque du Soleil, Huitzilopochtli
LE TOURISME SPATIAL
21
Lucien de Samosate écrit ce qui est considéré par
beaucoup encore aujourd’hui comme étant le premier
récit de science-fiction. Il se met en scène dans un voyage
fantastique où, projeté par les vents dans le ciel, il est
accueilli par le roi de la Lune, Endymion. Les armées
d’Endymion sont opposées à celles de Phaéton, roi du
Soleil.6 Ce récit ne peut pas être véritablement considéré
comme de la science-fiction, dans la mesure où il ne
s’appuie pas sur des vérités techniques pour explorer le
cosmos. Cependant, cette histoire est la première à nous
être parvenue, relatant d’une épopée sidérale. Il faudra
attendre la Renaissance et ses découvertes pour que la
fiction dispose de connaissances sur lesquelles s’appuyer.
Jusqu’à cette époque, le ciel religieux reste mêlé au ciel
physique.
6 Histoires véritables, Lucien de Samosate, Livres I & II.
22
L'IMAGINAIRE COLLECTIF
LES NOUVELLES REGLES DE LA MECANIQUE CELESTE.
La révolution copernicienne, du nom de son
découvreur, l’astronome polonais Nicolas Copernic, place
le soleil au centre de l’Univers. La Terre, que l’on croyait
immobile et au centre, est maintenant en rotation autour
du Soleil. Ces découvertes vont changer profondément la
vision et la connaissance du ciel qu’ont les hommes à cette
époque. La notion de « système solaire » entraîne avec lui
la possibilité que d’autres mondes, semblables au notre,
puissent exister ailleurs dans l’espace. Le perfectionnement
des instruments d’observation va permettre de préciser la
vision copernicienne du ciel, notamment avec les travaux
de Galilée, qui posent définitivement la distinction entre
les mondes d’en haut (le ciel) et d’en bas (notre Terre). Bien
que cette idée ne plaise pas à l’Eglise qui le fera exécuter
pour hérésie en 1642, elle pose les bases d’une nouvelle
astronomie, qui se distingue enfin de l’astrologie.
Le modèle héliocentrique du système solaire, dans le manuscript de N. Copernic 'De revolutionibus orbium coelestium'.
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
24
LA VIE EST PARTOUT...
Le français Bernard Le Bouyer de Fontenelle, dans
son ouvrage « Entretiens sur la pluralité des mondes »,
est le premier, en 1686, à rassembler les hypothèses
et connaissances du ciel. A partir de raisonnements
scientifiques, il pose sur papier l’idée que la Lune et les
autres planètes de notre système solaire sont des mondes
habités, semblables au notre. Cet ouvrage avait pour but
de faire connaître au plus grand nombre l’avancement
de la pensée scientifique en termes de cosmologie. En
1698, Christian Huygens (qui donna son nom à la sonde
d’exploration envoyé vers Saturne) publie Cosmothéoros.
Dans cet ouvrage destiné à son frère Constantin, il
explique avec une rigueur scientifique comment, à travers
observations et analogies, la vie est possible sur d’autres
planètes. Si les autres planètes tournent autour du Soleil,
comme la Terre le fait, alors elles ne doivent pas être très
différentes de notre planète. Ainsi, on peut penser qu’elle
dispose de gravité, d’eau, et donc de vie. Aux vues de
LE TOURISME SPATIAL
25
la diversité de la faune et la flore sur notre planète, il
n’est pas impossible de penser que cette diversité peut se
retrouver à travers l’espace.
Avec ces nouvelles règles, l’espace, resté jusqu’à
maintenant le terrain des dieux, devient accessible à
l’homme commun. Il est le théâtre de nombreuses fictions.
Les romans utopiques, qui se déroulaient jusqu’alors sur
des iles perdues, ou dans des vallées cachées, peuvent
s’exporter sur d’autres planètes.
Publié en 1654, Histoire comique des États et
Empires de la Lune, et sa suite Histoire comique des États
et Empires du Soleil de Savinien Cyrano de Bergerac
amènent ses satyres de la société dans des mondes
imaginaires. Dyrcona, le héros, et le premier à concevoir
une machine pour aller visiter ces mondes lointains. Bien
que ce soient des erreurs de calculs qui l’entraînent dans
le ciel, c’est la première fois que le concept de machine
permettant de voyager à travers l’espace apparaît.
TITRE PARTIE
26
OU PRESQUE !
Au siècle suivant, la révolution industrielle a des
conséquences bénéfiques pour les sciences. Les nouveaux
procédés perfectionnent et démocratisent l’usage des outils
d’observations et de mesures, permettant une accélération
des découvertes, et la création de spécialisation dans les
sciences. Le bouleversement majeur de cette période est
l’apparition de la théorie darwinienne de l’évolution, qui
remet en cause entre autres les conditions d’apparition de
la vie. Cette dernière semble suivre des règles précises, et
ne serait donc pas possible partout.
Avec l’arrivée des grands télescopes, c’est
l’observation des planètes qui s’en trouve améliorée.
Couplée avec l’utilisation de la photographie et la
spectroscopie (décompositions de phénomène sous l’angle
de l’énergie), l’astronomie se précise et permet de donner
des informations précises sur la surface des planètes, la
Lune et Mars en particulier.
LE TOURISME SPATIAL
27
D’ailleurs Mars fut le théâtre d’étranges suppositions.
Elles commencèrent lorsque Giovanni Schiaparelli,
astronome italien de renom, observa pour la première
fois sur Mars de longues trainées, qui semblaient être des
canaux reliant les mers et les terres de Mars. Bien que ces
observations soient réfutées par d’autres astronomes, elles
trouvent échos chez certains de ses confrères, qui n’hésitent
pas à apporter des hypothèses supplémentaires. Percival
Lowell, astronome américain, prit le relais en allant plus
loin que son prédécesseur transalpin. Les canaux seraient
des canaux d’irrigations, et les océans observés par
Schiaparelli seraient en fait des forêts. Les canaux auraient
été construits par des Martiens, pour lutter contre la
sécheresse. Cette thèse était également soutenue par l’ami
et rival de Lowell, William H. Pickering. Ce dernier pensait
également que la vie existait sur la Lune, à l’ombre des
cratères, mais que celle-ci ne devait pas être intelligente.
Pour Mars, sa distance avec la Terre ne permettait pas
d’observations assez précises pour donner de conclusions
quant aux capacités intellectuelles de ses habitants.7
7 Auteur inconnu, « Says 2 crop a day grow on the moon », The New York Times, 9 Octobre 1921.
Les "canaux" de Mars
LE TOURISME SPATIAL
29
En France, c’est Nicolas Camille Flammarion qui
va se faire l’écho de ceux qui croient en la pluralité des
mondes. Dans ses ouvrages, il raconte comment les théories
sur la pluralité des mondes trouvent leurs justifications
dans les observations réalisés par les astronomes (dont
il fait partie), mais également le lien qu’ont celles-ci avec
la perte de la foi que les philosophes des Lumières ont
amorcée un siècle auparavant.8
L’AVÈNEMENT DE LA SCIENCE-FICTION
Ces découvertes et théories fascinent. On peut
commencer à imaginer une vie humaine dans l’espace. Cet
engouement scientifique, où la présence ou non de vie sur
notre satellite et les autres planètes du système solaire
occupe les débats, va alimenter la littérature, et l’art,
notamment celui des premiers films. On considère souvent
Jules Verne et H.G. Wells comme les pères de la littérature
de science-fiction. 8 « La vie de Camille Flammarion », A. Duplay, L’Astronomie, 1975.
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
30
Jules Verne est celui qui contera avec le plus de
précision et réalisme les voyages dans l’espace. L’auteur
français, connu pour ses observations scientifiques et
géographiques détaillés, mais aussi pour son sens de
l’intrigue, va publier en 1865 « de la Terre à la Lune »,
l’histoire de trois hommes se rendant sur la lune dans un
projectile tiré par un canon. Le roman sera un succès et
fait désormais office de référence dans le domaine de
la science-fiction. C’est la première fois qu’on y décrit
de manière scientifique les obstacles et les solutions à un
voyage sur la Lune.
Presque 40 ans après, en 1901, Herbert George
Wells publie « The first men in the Moon ». L’approche
est moins scientifique que celle du français, mais plus
philosophique. Les héros, MM. Bedford et Cavor, se rendent
sur la Lune grâce à un nouveau matériau, la cavorite,
capable de s’affranchir des lois de la gravité classique.
C’est sans doute l’optimisme industriel de la fin du XIXème
siècle qui amène Wells à moins de précisions scientifiques
que son prédécesseur français.
L'arrivée du projectile à Stone's-Hill, p. 139 'De la Terre à la Lune, J. Verne
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
32
Les deux romans vont servir d’inspiration pour le
premier film de science-fiction : « Voyage dans la Lune »,
du français Georges Méliès. Venant du monde des
illusionnistes, Méliès est le premier à utiliser des effets
spéciaux. On y retrouve des astronautes en lutte avec les
Sélénites, habitants troglodytes de la Lune.
Pendant la première partie du XXème siècle, la
science-fiction va connaître son âge d’or. Grâce à
l’industrialisation de la presse, les revues spécialisées
de science-fiction se développent, surtout aux Etats Unis,
permettant la parution mensuelle de nouvelles ou court
romans. La plupart des écrivains classiques de science-
fiction, comme Ray Bradbury, Arthur C. Clark, Philip K. Dick
ou encore Isaac Asimov, émergent grâce aux succès de
leurs nouvelles, qui seront après-guerre, avec l’apparition
du livre de poche, regroupées en ouvrage.
La science-fiction de l’après-guerre se divise entre
littérature purement distractive, et celle plus réfléchie.
Dans la dernière, on y pose les bases d’une réflexion sur
le futur de l’homme. On y anticipe les changements de la
LE TOURISME SPATIAL
33
société, en imaginant les problèmes (ou solutions) que le
progrès, social comme technologique, va apporter. On y
transporte les problématiques contemporaines.
Des films, devenus cultes, posent les standards du
genre. 2001, L’odyssée de l’espace, bien que réalisée en
1968, reste stylistiquement une référence en terme de
design spatial. Inspirée par les plans de stations spatiales
et de vaisseaux les plus ambitieux de la NASA, le film
posent les bases d’un esthétisme qui ne cessera de se
développer en même temps que le genre lui-même. Le
designer doit chercher un compromis entre ces bases, la
réalité, et sa propre imagination.
On peut noter la taille incroyable des communautés
que la science-fiction a créée. Par exemple, les fans de
Star Wars, de Georges Lucas, ont créé un univers étendu
immense, se traduisant par des romans, des bandes
dessinés, mais aussi des conventions costumées, regroupant
plusieurs dizaines de milliers de fans. Le film a su donner
une profondeur à son univers, en créant langues, dialectes,
écritures. Les fans de Star Wars sont souvent en « guerre »
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
34
avec d’autres, les fans de Star Trek. Mais que l’on rêve de
civilisation inter galactique à la Star Wars ou de mission
humaine à bord du Starship Enterprise, explorant l’univers
à la recherches de territoires habités/habitables, le but
est le même : coloniser la frontière finale. Et ces deux
exemples ne sont pas les seuls. Le genre se développe, se
divise en sous-genres. Il s’exprime par différent médium,
se retrouvant dans l’art, la littérature, le cinéma. L’étendue
du sujet est grande, et il serait présomptueux de vouloir
le résumé en quelques lignes. Le thème est si vaste, qu’il
devrait faire l’objet d’un mémoire à part entière.
La 501ème Légion, communauté de fans déguisés de Star Wars
Vue aérienne d'Apollo 11 Saturn V
HISTORIQUE ET EVOLUTION DE LA CONQUETE SPATIALE
Maintenant que nous avons vu comment notre compréhension du ciel et de l’espace a été un moteur pour l’imagination et l’exploration du ciel, voyons maintenant comment l’exploration spatiale vit le jour, et comment il est logique qu’elle dépasse le cercle des initiés, pour
devenir une industrie de masse.
LA CONQUETE SPATIALE
38
UN MOTEUR : LA GUERRE FROIDE
L’HÉRITAGE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE :
A la sortie de la deuxième guerre mondiale, le
monde est divisé en deux blocs. Le bloc capitaliste, avec les
Etats Unis d’Amérique comme leader, et le bloc communiste,
administré par l’URSS. Le monde vit dans la crainte de
l’espionnage et des frappes atomiques. Des deux côtés, les
états donnent un crédit quasi sans limites aux travaux de
recherches censés exploiter les dernières technologies à
des fins militaires. Avec l’avancement des travaux d’Albert
Einstein et la découverte de l’énergie atomique, on va
trouver les ingrédients nécessaires à la fabrication de
missiles dégageant des quantités d’énergies incroyables.
Mais on ne veut pas d’un nouvel Hiroshima. Les recherches
sur les missiles à longues portées vont bénéficier de cet
engouement, et amener un élément clé dans l’envoi de
projectiles dans l’espace : un moyen de propulsion.
Ainsi, le 3 Aout 1957, le missile soviétique Russian
R-7 Semyorka, appelé « Petit Sept » par ses concepteurs,
LE TOURISME SPATIAL
39
est lancé dans un test de trajectoire pour une frappe
nucléaire. C’est ce même missile qui servit, le 4 octobre (soit
deux mois plus tard), au lancement du premier satellite
humain, Spoutnik.
Dans un contexte de paranoïa, la nouvelle d’une
présence russe dans l’espace résonne comme un coup
de fouet. Jusqu’à présent, les essais américains, suivant
le même principe, avaient tous échoués. Les américains
avaient du mal à lancer des satellites bien plus léger
que Spoutnik. La guerre froide étant dans une période
particulièrement active, les Etats-Unis décident d’intensifier
leurs efforts, afin de rattraper l’avance de l’URSS. Le 31
Juillet 1958, la NASA est créée. Elle se charge de réaliser
et administrer les projets liés à l’aéronautique civile,
jusque-là prises en charge par les différentes branches de
l’armée américaine. Le lancement de satellite s’intensifia,
et continue à être aujourd’hui, l’industrie exploitante de
l’espace la plus diffusée. Après la défaite allemande,
l’ingénieur Wernher Von Braun est récupéré par les Etats
Unis pour développer les missiles terrestres américains.
Pendant la seconde guerre mondiale, il est responsable,
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
40
pour le compte des nazis, de l’élaboration du missile
V2, premier missile balistique. Il prend en charge la
conception de la fusée Saturn V, et restera à la direction
des programmes Apollo jusqu’en 1972.
Mais la deuxième étape dans la colonisation
de l’espace réside dans l’envoi d’êtres vivants dans
l’espace.
En URSS, le programme Vostok visait à envoyer
des hommes dans l’espace. Il fut démarré dès 1957. Le
principe était d’envoyer, à l’aide d’une fusée, une capsule
où on logerait un homme. Une fois dans l’espace, seul la
capsule était prévue pour retomber sur Terre, suivant une
trajectoire non contrôlée. Le pilote était censé s’éjecter
à 7 000 m d’altitude, afin de contrôler sa retombée. Ce
programme est un succès le 12 Avril 1961, lorsque Youri
Gagarine devient le premier homme à être allé dans
l’espace.
Malgré tous leurs efforts, avec la mise en place du
programme Gemini, les américains ne parviennent pas à
doubler l’URSS, qui remporte un deuxième succès dans
Wernher Von Braun devant les moteurs Saturn V à combustion interne
L’IMAGINAIRE COLLECTIF
42
la course à l’espace. Leur programme est différent de
celui des soviétiques. La capsule où se trouve le pilote est
équipé de propulseurs et de parachutes, permettant au
pilote de rester dedans et de diriger la capsule en vue
d’un amerrissage. John Glenn sera finalement le premier
américain à aller dans l’espace, en orbitant dans sa
capsule 7 fois autour de la Terre, le 20 Février 1962.
LA COURSE À LA LUNE
Un discours symbolise à lui seul la nouvelle frontière
que les hommes vont tenter d’atteindre : celui de John
F. Kennedy, fraîchement élu président des Etats Unis
d’Amérique, le 12 Septembre 1962. Dans ce discours,
Kennedy annonce qu’avant la fin de la décennie, des
Américains marcheront sur la Lune. James E. Webb est
nommée directeur de la NASA. Ayant occupé, pendant
20 ans, des postes clés dans l’administration américaine,
il a une très bonne capacité à organiser les ressources,
LE TOURISME SPATIAL
43
et une excellente connaissance des rouages administratifs.
Cette dernière est essentielle pour mener à bien la mission
Apollo. Réglementations et précautions avaient été les
deux principales composantes de l’échec des américains
pour envoyer en premier un homme dans l’espace. Ceci
n’arrivera pas pour la mission Apollo. Apollo I fut un échec.
Un court-circuit provoqua un incendie dans le module
d’entrainement, tuant par asphyxie le premier équipage.
Finalement, après plusieurs essais (concluants) de vols
habités autour de la Terre, puis de la Lune, le programme
Apollo est un succès. Le 21 Juillet 1969, Michael Collins,
Buzz Aldrin, et Neil Armstrong forment le premier
équipage à effectuer l’aller-retour de la Terre à la Lune.
L’URSS développe également un programme lunaire, le
programme Voshkod. Cependant, les luttes internes dans
le parti, ainsi que plusieurs essais ratés, les ralentirent
considérablement. Si bien que le programme est annulé,
remplacé par un programme visant à étudier, puis réaliser,
les séjours à long termes dans l’espace.
Youri Gagarine, premier homme dans l'espace.
Neil Armstrong, premier homme sur la Lune.
LA CONQUETE SPATIALE
46
VERS UNE PRÉSENCE CONTINUE DE L’HOMME EN ORBITE
C’est donc tout naturellement que les soviétiques
envoient les premiers une station orbitale, du nom de
Saliout 1. En Avril 1971, Saliout 1 est placé en orbite,
et y restera 175 jours. Cependant, le premier équipage
qu’elle devait accueillir mourra asphyxié à cause d’une
fuite. 7 stations Saliout furent lancées, jusqu’en 1982. A
la fin du programme, les modules étaient assez complexes
pour permettre à leurs équipages d’y réaliser des séjours
longs. En 1984, Leonid Kizim, Vladimir Solovyov et Oleg
Iourievitch Atkov passent 237 jours à bord de la station
Saliout.
Les américains mettent au point le programme Skylab.
Initialement, le programme a pour but la construction
d’une grosse station spatiale en orbite, pour y réaliser des
expériences. Cependant, des coupes budgétaires de la
part du gouvernement vont obliger la NASA à réduire le
programme, pour finalement réutiliser une grande partie
LE TOURISME SPATIAL
47
des matériaux et acquis des précédentes missions Apollo.
En 9 mois d’utilisation, entre Mai et Novembre 1973, 4
missions auront lieux. Elles permettront de ramener de
nombreux clichés terrestres et solaires, et aussi de réaliser
49 sorties spatiales.
Durant la période dite de « détente » de la guerre froide,
la collaboration internationale s’amorce. Communistes
et libéraux font la paix dans l’espace. Sous l’impulsion
de Léonard Brejnev et de Richard Nixon, un projet de
rencontre entre les stations Skylab et Saliout est décidé.
Finalement, la rencontre a lieu le 17 Juillet 1975, entre les
deux équipages d’Apollo et de Soyouz.
La présence ponctuelle de l’homme dans l’espace
est maintenant chose faite. Il faut voir plus grand.
C’est pourquoi, en 1976, l’URSS lance le programme
Mir (« paix » et « monde » en russe). Avec la dernière
mission Saliout, l’homme est capable de contrer les effets
de l’apesanteur, et peut rester plusieurs mois en orbite.
Il s’agit maintenant de concrétiser ces acquis par une
présence permanente d’équipages autour de la Terre. Les
LA CONQUETE SPATIALE
48
premiers modules sont lancés en 1986 et la construction de
la station se terminera en 1996. De l’intérieur, la station
Mir ressemblait à un labyrinthe où s’entrecroisaient tuyaux
et câbles et où les instruments scientifiques côtoyaient
des articles de la vie quotidienne comme des photos, des
dessins d’enfants, des livres. La station était communément
habitée par trois membres d’équipage mais était capable
d’en accueillir jusqu’à six pour une durée maximale d’un
mois. Bien que la conception soit russe, Mir aura servi de
lieu de collaboration internationale pour des astronautes
de nationalités différentes. Le premier non-soviet à avoir
séjourner dans la station est le français Jean-Louis Chrétien.
Il détient le record de la durée de sortie extravéhiculaire
(donc dans l’espace), avec près de 6 heures de suite passées
dans l’espace, en 1988. La station, originellement conçue
pour rester en orbite environ cinq ans, restera finalement
15 ans. Elle est démantelée en 2001, car jugée trop chère
à entretenir. Elle aura vu se succéder 88 astronautes, de
12 nationalités différentes.
Proposition de laboratoire de U.S. Air Force
LA CONQUETE SPATIALE
50
LES COLLABORATIONS INTERNATIONALES
En marge de la lutte engagée par les deux
forces dominantes de l’époque, les autres nations n’en
demeurent pas moins actives dans leurs développements
technologiques. Toutes les grandes puissances économiques
se dotent d’agence spatiale, afin de former des
astronautes pour mener leurs propres expériences dans
l’espace. L’Europe fonde l’ESA, et travaille, tout comme
le Japon (JAXA), au développement de lanceurs fiables
et économiques, pour pouvoir lancer sans encombre tous
types de satellites en orbite, et contribuer à la construction
des stations orbitales.
Initié par la NASA, le programme Freedom est
lancé en 1984 par Ronald Reagan, inquiet de voir les
Russes prendre de l’avance avec leur programme MIR. En
1986, les agences européenne, canadienne, et japonaise
s’associent au projet. L’année 1994 marque l’entrée de
la Russie dans le programme. Avec la fin de la guerre
froide, les collaborations au niveau spatial entre les
LE TOURISME SPATIAL
51
deux anciennes puissances rivales s’intensifient. Cette
participation aura également pour conséquence l’abandon
du projet Mir par les Russes. En 1998, le Brésil s’associe au
projet, qui est rebaptisé International Space Program. Il a
la même vocation que la station MIR, mettant en avant le
caractère international des observations et expériences.
La construction de la station débute en 1998, et implique
16 nations. Un équipage permanent de 3 personnes est
nécessaire à la maintenance de la station, avant de passer
à 6 en 2001. L’assemblage de la station se terminera en
2012. La station est prévue pour être utilisée au moins
jusqu’en 2020. Bien que ses détracteurs mettent en avant
le coût astronomique de la station (environ 115 milliards
de dollars) par rapport aux retombées scientifiques, elle
permet non seulement de faire progresser significativement
les connaissances dans les séjours longs en orbite, mais
aussi de servir de symbole, en assurant une présence
humaine continue dans l’espace. ISS sert également de
premier hôtel spatial, en accueillant Denis Tito, premier
touriste spatial, le 28 avril 2001.
La navette américaine Atlantis, arrimée à la station russe MIR
LE TOURISME SPATIAL
53
LES NAVETTES SPATIALES
Avec le développement des vols spatiaux et des
stations orbitales, la nécessité d’avoir un engin réutilisable,
capable d’acheminer d’importants modules, apparaît.
Ce besoin vient d’une volonté de la part des états de
baisser le coût de l’exploitation spatiale. Les lanceurs ou
autres capsules étaient conçues pour un usage unique,
et impliquaient donc pour chaque mission des coûts de
développement et de constructions faramineux.
Les deux grands se lancent alors dans le
développement d’une navette spatiale. Après plusieurs
débats pour choisir quelle piste privilégier, le programme
de navette spatiale américain débute en 1972. Après
la mise au point du prototype Enterprise entre 1974 et
1976, la navette Columbia est la première a effectué
un vol commercial, mettant en orbite avec succès deux
satellites de communication, le 11 Novembre 1982.
Devant cette réussite, plusieurs modèles de navette sont
construites, notamment Challenger et Discovery. Dans toute
LA CONQUETE SPATIALE
54
son exploitation, jusqu’à son arrêt en 2012, deux graves
accidents ont eu lieu. Challenger, en 1986, explosa lors
du décollage, à cause d’un joint situé sur le booster de la
fusée qui ne résista pas au froid. Columbia, se désintégra
lors de sa rentrée dans l’atmosphère à cause d’une mousse
isolante qui s’était abimée au décollage. Au final, les tirs
de navettes se révélèrent plus couteux que ceux de fusée
classique.
Les mêmes raisons poussèrent l’agence russe dans le
développement d’une navette spatiale. Avec un système
quasiment similaire, le vol inaugural de la navette Bourane
fut un succès en 1986. Cependant la chute de l’URSS, et la
concurrence du programme Bourane avec le programme
MIR ne permit pas à la Russie de mener correctement le
programme, si bien que la navette fut détruite lors de
l’effondrement de son hangar, au Kazakhstan en 2002.
Nous pouvons constater que les moyens pour envoyer
des personnes et du matériel dans l’espace n’ont pas
évolués depuis l’invention de la navette spatiale, dernière
innovation majeur dans ce domaine. Après n’avoir pas
LE TOURISME SPATIAL
55
évolué pendant près de 30 ans, de nouvelles perspectives
apparaissent. La possibilité de lanceurs plus économiques
et réalisables apparaît auprès des compagnies privées,
soutenues les agences spatiales nationales.
LA CONQUETE SPATIALE
56
UN NOUVEAU SOUFFLE :LES COMPAGNIES PRIVEES
REMPLACER LA NAVETTE
On assiste depuis la première fois à un abandon
de la part des états qui ont construit la conquête spatiale.
L’administration Obama annule le projet Constellation,
censé ramener l’humain sur la Lune, de manière permanente
cette fois, et de poser les bases d’un premier voyage
habité en direction de la planète rouge. En Russie, l’agence
nationale vend des billets pour ISS pour pouvoir continuer à
exister. Aucune des grandes nations ne semblent porter de
projet d’envergure. La Chine, nouveau venu dans la course
à l’espace, est la seule qui semble dégager suffisamment
de recette pour posséder un programme spatiale visant à
coloniser la lune. L’obstacle majeur dans la conquête de
l’espace est l’argent. A ses débuts, la conquête spatiale
profitait d’un contexte de relance après la guerre.
Au fur et à mesure que les crises (financières comme
humaines) sont réapparus, on a vu le progrès ralentir
pour finalement, après deux générations sans exploits,
commencer à régresser. Les voyages sont moins fréquents,
LE TOURISME SPATIAL
57
et dans fondamentalement les mêmes véhicules qu’il y a
30 ans. Heureusement, les exploits du passé ont inspiré.
Aujourd’hui, c’est au tour des entrepreneurs, souvent issus
de ceux qu’on appelle « les milliardaires d’internet »,
ayant grandi inspirés par notre conquête de l’orbite, de
prendre le flambeau des agences nationales.
Bien que, encore aujourd’hui, la conception de
nouveaux aéronefs restent à la charge des agences
nationales, d’autres acteurs sont apparus. Les fournisseurs
et sous-traitants qui jusqu’à présent étaient cantonnés à
un rôle de second plan, commencent à développer leurs
propres moyens d’atteindre l’espace.
En 2006, la NASA lance le « Commercial Crew
and Cargo Program » (programme commercial de fret
et d’équipage), ou communément appelé le C3PO. Ce
programme a pour but d’aider le développement des
compagnies privées, pour qu’elles prennent le relais de la
navette américaine dans le ravitaillement en hommes et
ressources de la station spatiale internationale. L’objectif
de la NASA avec ce programme est de servir de catalyseur
LA CONQUETE SPATIALE
58
aux nouvelles idées que propose le secteur privé, pour développer une industrie solide de transport spatial, afin de garder les budgets nationaux sur les programmes plus ambitieux. C3PO regroupe des sous programmes, en fonction du but recherché. Certains essaient de trouver des moyens économiques d’acheminer du matériel sur ISS, tandis que d’autres concentrent leurs efforts pour sécuriser et rendre économiquement viable le transport d’humains. Ce programme fonctionne à la manière d’un concours. Chaque catégorie voit son nombre de participants réduits à mesure que le développement avance. Les entreprises, tant qu’elles ne sont pas choisies par la NASA, doivent se financer elle-même. Une fois la sélection faite, la NASA finance en partie les projets, en leurs fournissant également de quoi effectuer les tests à grandes échelles.
L’avion spatial d’EADS Astrium emporte quatre passagers et un pilote jusqu’à l’altitude de 100 km pour quatre minutes d’apesanteur. La cabine spacieuse permet le déplacement des passagers en phase d’apesanteur. Elle est équipée de sièges à orientation variable selon les phases du vol améliorant ainsi la tolérance aux accélérations.
L'intérieur de l'avion spatial d'Asttrium
LA CONQUETE SPATIALE
60
Initialement le premier vol d’essai était prévu pour 2009 et les premiers vols commerciaux pour 2012. EADS Astrium envisageait de construire une flotte de vingt avions après dix années d’exploitation et visait 5.000 passagers par an dès 2020. L’accent était mis sur la réutilisation du même moteur fusée trente fois, et chaque appareil était prévu pour voler dix ans à raison d’un vol par semaine. La crise économique mondiale a mis le projet en sommeil pendant quelques années. Actuellement des accords ont été conclus avec des partenaires financiers pour la mise au point d’ici 2013 d’un démonstrateur en vol. Dans le meilleur des cas, l’exploitation commerciale de l’avion spatial aura lieu vers 2020.
En Octobre 2012, Space X, une entreprise américaine qui développe des lanceurs, a réussi à lancer, amarrer et rapatrier un module de ravitaillement de matériel, le Space X Dragon. Ce succès fut salué par la NASA, apportant une première réalisation concrète à leur programme C3PO.
Le module Space X Dragon se faisant capter par ISS
LA CONQUETE SPATIALE
62
LA NAISSANCE D’UN TOURISME SPATIAL
Cependant, d’autres compagnies, américaines ou non,
ne voient pas le transport de marchandises ou d’astronautes
professionnels comme unique moyen d’exploitation de
l’espace. Un nouvel élan dans l’exploration spatiale est en
train de se créer : celui du tourisme.
Le premier touriste de l’espace était Denis Tito. Tito,
et les touristes qui lui succédèrent, ont rejoint la station
internationale à l’aide d’une capsule Soyouz. Nouvel
exemple de collaboration : le billet est acheté à une
compagnie américaine, mais toute la procédure est assurée
par l’agence aérospatiale russe. Les premiers touristes
n’ont pas été perçus d’une très bonne manière par les
professionnels, qui voyaient d’un mauvais œil ces intrusions
civiles. On a souvent fait la comparaison avec des touristes
qui visiteraient un hôtel en construction. Finalement, après
la 4ème touriste dans l’espace, même les plus réfractaires
voyaient la commercialisation de séjour sur ISS comme un
bon moyen de renforcer les recherches, et faire subsister
LE TOURISME SPATIAL
63
les programmes spatiaux russes et américains, les deux
étant inter dépendants.
A 20 millions de dollars le billet d’entrée, ils n’ont
pas été très nombreux à franchir le cap, et séjourner une
à deux semaines sur ISS. Ces billets, très cher, permettent
à l’agence spatiale russe de trouver une nouvelle source
de financement. Ces billets sont mis en vente par Space
Adventures, une entreprise américaine spécialisée se
revendiquant comme la première entreprise privée de
vols spatiaux. Précédent le vol, une formation d’une durée
moyenne d’un an à lieu au centre d’entrainement des
cosmonautes russes Yuri Gagarine, à Star City, en Russie.
On dispense aux futurs touristes la même formation qu’aux
astronautes, ainsi qu’un entrainement spécifique aux
missions qu’ils ont décidés de réaliser une fois en haut. En
plus des « vacances » sur ISS, Space Adventures propose
également un vol autour de la lune, des vols suborbitaux,
et leurs produits d’appel : des vols en apesanteurs à l’aide
de Boeing 727 réaménagés qui effectuent des trajectoires
paraboliques à très hautes altitudes, simulant une absence
de gravité. Ces vols sont en ventes à des prix abordables
LA CONQUETE SPATIALE
64
comparés aux prix des autres possibilités pour gouter à
l’espace. Cette tendance se généralise même en France,
avec la société AIR ZERO-G, qui propose une expérience
similaire à bord d’airbus A300, pour 6 000€.
Atteindre l’altitude permettant de se mettre en
orbite coûte pour l’instant toujours quelques millions.
D’autres compagnies visent plus bas, et offrent (ou vont
offrir) des vols suborbitaux à des prix bien plus bas. Virgin
Galactic est sans doute celle la mieux partie pour être la
première compagnie à effectuer des vols réguliers en sous
orbites. Pour 200 000 dollars, vous pouvez prendre place
à bord de l’un de leurs appareils, avec 3 autres passagers,
pour aller voir la frontière entre notre planète et l’espace,
et gouter aux joies de l’apesanteur. Les 500 billets mis
en vente lors de la révélation du projet au public leurs
a permis de financer la fin de leurs développement, ainsi
que la construction de Space Port America. Mais Virgin
n’est pas la seule compagnie dans cette optique, et va être
très rapidement rejoints par d’autres compagnies ayant
des approches différentes, mais visant le même endroit.
XCOR, avec le Lynx, allègent le matériel au maximum, et
LE TOURISME SPATIAL
65
propose, pour 90 000 dollars, la même expérience, mais
transportant un touriste à la fois.
Zero2Infinity propose de vous amener en haut de la
stratosphère, à bord d’un ballon gonflé à l’hélium. Son but
plus profond est de développer des technologies permettant
un voyage spatial respectueux de l’environnement, en
dégageant zéro émission de gaz à effet de serre.
Ces initiatives ne sont plus du domaine de la fiction.
De nombreux tests sont réalisés, beaucoup sont des
succès, et dans la prochaine décennie, les vols suborbitaux
devraient se généraliser.
Mais d’autres vises plus loin. C’est le cas de Robert
Bigelow, un entrepreneur américain ayant fait fortune
dans l’hôtellerie, qui voit l’espace comme une nouvelle
destination pour ses clients. Il développe des modules
gonflables, qu’ils comptent amarrés les uns aux autres, et
créer une nouvelle station, dédiée non plus au scientifiques,
mais bel et bien aux touristes. Depuis 2006, un module
est déjà en orbite et permet de récolter de précieuses
données son perfectionnement. En Janvier 2013, un module
Vue du ballon de Zero2Infinity lors de son vol de test
LE TOURISME SPATIAL
67
a été amarré sur ISS, permettant de confirmer la voie sur laquelle Bigelow Aerospace s’est lancée.
L’agence d’architecture et de design, Galactic Suite, réfléchi à ce qu’entraineraient ces conditions plus que spéciales sur l’offre proposée aux touristes, aussi bien en orbite autour de la Terre, qu’au milieu d’un cercle lunaire. Ces projets, bien qu’encore de l’ordre de la fantaisie, montre qu’un mouvement pour le tourisme spatiale existe, et que grâce à des passionnés fortunés, elle est en passe de devenir réalité. Mais à une époque où tous les indicateurs, écologiques comme économiques, nous poussent à ralentir notre développement, notre consommation, on peut se demander si aller dans l’espace n’est pas le cadet de nos soucis. Est-ce seulement une nouvelle activité pour les 1% les plus riches ? N’est-ce pas une nouvelle façon de consommer plus de ressources, de plus polluer, tout ça pour qu’une poignée de nantis puisse flotter dans une capsule en jouant avec de l’eau ? Nous allons voir dans le point suivant que le tourisme spatial induit beaucoup plus que du simple amusement, qu’il peut être inspirant pour les générations qui arrivent, et qu’il peut contribuer à nos
nouveaux modes de vie.
LA CONQUETE SPATIALE
68
LES PREMIERS CIVILS DANS L’ESPACE : ENTRE ASTRONAUTES ET TOURISTES
Outre la destination, la préparation à un séjour à bord d’ISS n’a rien à voir celle des vacances de Monsieur tout le monde. En plus d’une formation pouvant durer un an, les premiers touristes de l’espace avaient un but. Il n’était pas seulement là pour regarder la Terre depuis l’espace, en sirotant des bulles de cocktails flottant en apesanteur. Bien qu’invités à bord d’ISS, ils faisaient partie de l’équipage. Les premiers séjours à bord d’ISS, même s’ils avaient coutés une somme astronomique, n’ont pas été dépeint par l’opinion comme scandaleux. Il y a deux raisons à cela. La première raison est que, même s’ils ont dépensés 20 millions de dollars pour réaliser de leurs rêves, tous sont des philanthropes convaincus, investissant dans divers projets de développement, ou encore en participant activement à des fondations humanitaires.
QUELLES REPONSES DANSL'ESPACE ?
LE TOURISME SPATIAL
69
Le premier civil à être allé dans l’espace est Dennis
Tito. Après une formation d’ingénieur en aéronautique,
il travaille quelques années à la NASA, au calcul des
trajectoires. Il quitte l’agence américaine pour fonder
une entreprise de conseils en technologie. Il fait fortune
grâce à cette entreprise, et réalise son rêve : aller dans
l’espace. Il y réalise là-haut plusieurs expériences, liées à
son activité et aux nouvelles technologies.
Le 25 Avril 2002, c’est au tour du mania d’internet
sud-africain, Mark Shuttleworth, seulement âgé de 29 ans,
de partir à son tour à bord d’ISS. Convaincu que l’espace
nous apprend énormément sur nous-mêmes, et participe
au développement de technologies qui nous permettent
de vivre dans une plus grande harmonie avec la planète,
Shuttleworth va conduire plusieurs expériences sur des
cellules souches, en essayant d’améliorer nos connaissances
sur le génome et le SIDA. Il s’entretient également avec
Nelson Mandela et Michelle Foster, une petite fille de 14
ans, en phase terminale d’un cancer, réalisant son rêve
de parler avec l’espace, avec le concours de la fondation
« Reach for Dream ». Cette fondation a pour but de
LA CONQUETE SPATIALE
70
donner de l’espoir et d’inspirer les jeunes, en réalisant les
rêves des plus malheureux, touchés par la maladie.
INSPIRER LES GÉNÉRATIONS FUTURES
Inspirer les jeunes générations est un des arguments
récurrents dans l’exploration spatiale. C’était également
le but de Charles Simonyi, l’inventeur de Microsoft Word,
les deux fois où il se rendit à bord d’ISS. Il effectua plus
d’une trentaine d’appel à des écoles aux Etats Unis et en
Hongrie, son pays d’origine. Lors de ses appels, il répondit
aux questions des élèves curieux, provoquant rêves et
interrogation dans l'esprit de ses jeunes auditeurs.
Peut-être que certain suivront le chemin de Anousheh
Ansari, cette iranienne d’origine, arrivée à 16 aux Etats
Unis, sans parler Anglais. Ayant grandie en étant entourée
par la présence des vols spatiaux dans les médias, elle
rêvait d’être astronaute. Elle étudie l’ingénierie électrique
à la George Mason University, où elle y rencontre son
mari et son beau-frère, avec lesquels elle fonde Telecom
Dennis Tito, premier touriste de l'espace, lors de son retour
LA CONQUETE SPATIALE
72
Technologies, l’entreprise qui lui permit de faire fortune.
Elle ne perd pas de vue son rêve de vols spatiaux habités,
et effectuent deux séjours sur ISS. Elle est la première
femme, non astronaute de formation, à aller dans l’espace.
A bord de la station internationale, elle contribue aux
recherches sur les mécanismes entrainant l’anémie (taux
trop faible d’hémoglobines dans le sang), aux effets des
changements musculaires sur les douleurs dorsales, aux
conséquences des radiations cosmiques sur les astronautes,
et à l’étude des différentes bactéries qui ont élu domicile en
orbite. Dans le même temps, Anousheh Ansari et sa famille
deviennent les principaux contributeurs de l’Ansari X Prize
(c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il porte leur nom), un
prix censé booster la recherche d’un aéronef réutilisable
pour une exploitation commercial des vols spatiaux, à la
manière du prix décerné par Raymond Orteig, en 1927,
qui aboutit au premier vol au-dessus de l’Atlantique par
Charles Lindbergh.
L’Ansari X Prize a été remporté pour la première
LE TOURISME SPATIAL
73
fois par Burt Rutan et sa compagnie, Scaled Composite,
avec Space Ship One. Cette récompense entraina
l’investissement de Paul Allen, co-fondateur de Microsoft,
et de Richard Branson, fondateur de Virgin, pour que
Space Ship One soit le premier vaisseau à proposer des
vols suborbitaux au grand public. Et c’est en passe de
devenir réalité, puisque, comme on l’a dit plus haut, les 500
premiers billets ont tous étaient vendus, et c’est maintenant
une histoire d’autorisations et contrôle législative pour que
la première ligne spatiale ouvre enfin ses portes.
Ce dernier exemple montre à quel point la conquête
spatiale en inspirant la jeunesse, permet des réussites
extraordinaires, qui sont ensuite utilisées pour diffuser ce
rêve au plus grand nombre. Comme elle le dira elle-même
la veille de son départ : “J’espère inspirer toute le monde
– spécialement les jeunes, les femmes, et les petites filles
du monde entier, et dans les pays du Moyen Orient, qui ne
donnent pas les mêmes opportunités aux femmes qu’aux
hommes – de ne pas abandonner leurs rêves et de les
poursuivre… Cela peut sembler impossible pour eux à ce
moment précis, mais je crois qu’ils peuvent réaliser leurs
LA CONQUETE SPATIALE
74
rêves s’ils les gardent dans leurs cœurs, s’ils les nourrissent,
et s’ils cherchent les opportunités, et qu’une fois trouvées,
ils les réalisent. »
Autres que l’intérêt scientifique, ces premiers
touristes mettent en avant un nouvel aspect de l’espace :
inspirer les générations futures. Comme développé
dans la partie une, la réalité entraine l’imagination, qui
entraine à son tour la réalité. Et comme nous l’explique
Burt Rutan lors de son intervention à la prestigieuse TED
X University, en Octobre 2006, nous sommes en train de
perdre ce moyen de progrès qu’est le perfectionnement et
l’évolution de l’exploration spatiale. L’histoire a montré que
notre exploration d’endroits a priori hostiles, nous avaient
souvent permis de survivre, en nous adaptant, en créant
de nouvelles ruptures avec les habitudes de l’époque. Ces
explorateurs nous montrent la voie. En ne prenant aucun
risque, aucune grande innovation ne peut arriver. Au début
de l’aviation, il a suffi des frères Wright et du premier
vol humain pour que, dans le monde entier, des hommes
LE TOURISME SPATIAL
75
se disent qu’ils pouvaient eux aussi le faire. L’aviation a
suivi ensuite la sélection naturelle. Tous les appareils pas
assez au point s’écrasaient, ou au mieux ne s’envolaient.
Les moyens de l’époque ne permettaient pas les calculs
précis d’aujourd’hui. Si quelque chose ne marchait pas, on
cherchait une alternative, et aujourd’hui, grâce à tous ces pionniers qui ont voulu y croire, l’aviation civile a réduit les distances qui nous séparaient les uns des autres, en participant au rapprochement des peuples. En appliquant le schéma d’innovation incrémentale, qui instaure une innovation révolutionnaire toutes les 25 ans, on se rend compte que depuis l’âge d’or de la conquête spatiale, avec le développement de la navette, on en est toujours au même point. Les engins qui nous permettent d’atteindre l’orbite ont les mêmes capacités techniques que ceux qui emmenèrent les premiers hommes. Et c’est également vrai en aéronautique. On a arrêté l’exploitation du Concorde, qui avait permis d’augmenter la vitesse des avions de lignes. Les meilleurs avions aujourd’hui ne dépassent pas en vitesse pure le DC8, conçu 50 ans plus tôt. L’année où Gagarine est devenu le premier humain dans l’espace, 4 autres personnes se sont succéder à la frontière de la Terre,
LA CONQUETE SPATIALE
76
portant à 5 le nombre d’hommes à aller dans l’espace en 1961. En 2004, 5 personnes seulement était allées dans l’espace. La conquête spatiale est un secteur qui ne voit aucune évolution, et nous sommes la deuxième génération à ne voir aucun progrès. 9
Tous ceux qui financent le tourisme spatial aujourd’hui
ont grandi en voyant les exploits des premiers hommes à
aller dans l’espace, marcher sur la lune, faire des séjours
de plusieurs mois en apesanteur. Grâce à eux, les enfants
et jeunes d’aujourd’hui vont avoir, si ce développement
est soutenu par l’opinion et les états, une nouvelle source
d’inspiration. Les Paul Allen, Eron Musk (fondateur de
Paypal, principal actionnaire de Space X), ou encore
Anousheh Ansari de demain vont se nourrir de ces premiers
vols commerciaux, et qui sait ce que ce nouveau paradigme
va faire naitre ? Les générations futures ne doivent pas
attendre la prochaine génération de téléphones portables
ou de consoles de jeux vidéo, comme c’est le cas aujourd’hui.
Il faut leur donner des objectifs, des rêves, des réalisations
plus grandes. Il faut repousser les limites pour élargir les
9 « Burt Rutan sees the future of space », Ted Talks, Fevrier 2006.
LE TOURISME SPATIAL
77
possibilités. Il faut garder en tête que tous les rêves sont
possibles, et qu’impossible n’est pas humain.
THE OVERVIEW EFFECT
Dans son court métrage « the Overview Effect »,
tiré de son livre éponyme, Frank White, ainsi que plusieurs
astronautes, explique que la vue de la Terre dans son
ensemble sur fond d’espace révolutionne la façon que l’on
a d’appréhender le monde.
Le premier à avoir constaté cet effet et l’astronaute
américain, Edgar Mitchell. En revenant de la mission Apollo
14, qui fit de lui le 6ème homme à marcher sur la lune, il
déclara : « Nous sommes partis sur la Lune en technicien,
nous en sommes revenus en Humanistes. Après avoir filmé
les premières images de la Terre, lors du voyage retour, E.
LA CONQUETE SPATIALE
78
Mitchell résume ce qu’il a vu comme la chose la plus
puissante qu’il n’ait jamais vu. Voir la Terre comme une
planète, opposé à l’arpenter, est une expérience
extraordinaire. Il sentit un nouveau sentiment naitre en lui.
Après être allé chercher des recherches auprès de
théologiens et scientifiques, il trouva la réponse auprès
d’universitaires. La réponse à son questionnement était
dans la littérature ancienne. Cet état semble très proche
de ce qu’on appelle « Savilkalpa Samadhi », le plus haut
niveau de pleine conscience dans la méditation. Dans cet
état, les conceptions du temps et de l’espace sont détachées
l’une de l’autre. Pendant une heure ou deux, le sujet est
dans un autre monde. Le corps est dans un état
transcendantal, mais la conscience est pleinement
perceptive de la sensation de bonheur extrême qui en
résulte. C’est l’atteinte de cet état que l’on appelle « the
Overview Effect », ou l’effet de vue d’ensemble.
Pour Frank White, le fait de « voir des choses que
Aurores boréales depuis l'espace
LA CONQUETE SPATIALE
80
l’on connait [i.e. la terre dans son ensemble] mais que l’on
n’a jamais expérimenté, de voir la Terre comme un système
dont on fait partie » provoque un sentiment d’unité et de
cohérence indescriptible. Les astronautes qui témoignent
dans la vidéo s’accordent pour dire que l’on se rend
compte de l’unité du monde. Cette vision provoque un
changement profond dans la façon de voir les choses. Une
nouvelle conscience de soi apparait. Cette expérience
bouleverse, transcende. On réalise à quel point la
connectivité entre humains, et avec la Terre est importante.
Les personnes ayant séjournée sur ISS racontent que la
plupart de leur temps libre était consacré à simplement
observé la Terre, les changements qui apparaissaient à sa
surface, voir la limite jour/nuit se déplacer, voir la vie
apparaître tandis qu’un côté de la Terre est plongé dans
l’ombre. Cette vision met également en lumière les
changements géographiques profonds causés par l’homme.
On a longtemps dit que depuis l’espace, il n’y avait pas de
frontières. Les astronautes rapportent que depuis là-haut,
LE TOURISME SPATIAL
81
on voit les frontières que l’homme a créées, par la
déforestation, par l’exploitation des ressources de la
planète.
On se rend également compte que l’on est déjà sur
un vaisseau, le vaisseau Terre. On mesure la fragilité de ce
dernier en observant la finesse de la couche qui protège
la vie du vide de l’espace. Tout ceci amène à un changement
cognitif. Avec ce développement de ‘sens de l’unité’, la
nécessité d’agir comme une seule espèce, ayant une seule
destinée, apparaît. On a envie de développer un but
commun.
Enfin, une des principales raisons qui poussent les
personnes à aller dans l’espace, c’est le divertissement. Au
début, les premiers ordinateurs personnels étaient achetés
par des amateurs, qui en plus de pouvoir se vanter auprès
de leurs voisins qu’ils avaient un ordinateur, s’en servaient
principalement pour le divertissement. Certains jouaient
au sens littéral du terme, tandis que d’autres exploraient
LA CONQUETE SPATIALE
82
simplement les possibilités qu’offrait une telle machine. Et
c’est en explorant ces possibilités que les ordinateurs sont
devenus incontournables dans la vie de tous les jours.
Explorer de nouvelles voies nous amènera toujours à
repenser nos usages, améliorer notre quotidien, et faire
progresser l’espèce humaine.
La Terre vue dans son ensemble, de nuit
Barques à touriste dans la baie de Kho Phi Phi, Thailand
LE TOURISME ET L’EXPERIENCE
Maintenant que nous avons vu les raisons qui poussent l’homme à repousser sans cesse ses limites, pour explorer toujours plus loin, intéressons-nous au tourisme et à ses spécificités. Nous allons tenter de voir comment l’état actuel du tourisme amène logiquement à vouloir proposer séjours en orbite et hôtels sur
la lune.
TOURISME & EXPERIENCE
86
BRÈVE HISTOIRE DU TOURISME
Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, « le
tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence
habituel pour plus de 24 heures, mais moins de 4 mois,
dans un but de loisirs, un but professionnel (tourisme
d’affaires) ou un but sanitaire (tourisme de santé ». Avec
le développement des institutions mondiales, il a fallu
définir le tourisme. Il fait référence à toutes les activités
économiques auxquelles la personne en déplacement fait
appel, généralement des activités de service. Comme
l’OMT le définie, le tourisme englobe aujourd’hui voyages
d’affaires, tourisme médical, les pèlerinages, ou encore des
faces plus sombres comme le tourisme sexuel. Cependant,
de par ses origines, le tourisme induit encore dans son sens
le plus courant la découverte de nouvelles cultures et de
nouveaux paysages.
L’amélioration du niveau de vie qui a dégagé du
temps aux travailleurs pour leur permettre de se découvrir
de nouveaux loisirs, et les progrès du transport, surtout
LE TOURISME
LE TOURISME SPATIAL
87
aérien, qui ont permis au tourisme de devenir une industrie
de masse, devenant la première industrie mondiale.
Les termes de tourisme et touriste viennent du terme
anglais « tour ». L’utilisation de ce mot devint populaire en
Grande Bretagne au XVIIIème siècle, quand le « Grand
Tour of Europe » (Grand Tour de l’Europe) était partie
intégrante de l’éducation des enfants de bonnes familles
britanniques. A la fin de leurs études, ils étaient nombreux
à partir en Europe, dans les lieux d’intérêts culturels et
esthétiques, comme Rome, la Toscane ou les Alpes, et
dans les différentes capitales européennes. Les artistes
romantiques ont participé à la popularité croissante de
ces régions en transmettant avec talent l’émotion qu’un
paysage pouvait procurer. L’élite britannique était la seule
à disposer des temps et moyens pour effectuer de tels
voyages. Ces voyages lui permettaient de rencontrer ses
homologues européens, et de s’ouvrir l’esprit aux beautés
du monde, tant bien culturelle que naturelle.
Avec l’invention de la machine à vapeur, c’est une
nouvelle ère qui s’ouvre : celle de la révolution industrielle. Les
TOURISME & EXPERIENCE
88
propriétaires des moyens de production s’embourgeoisent,
créant une classe moyenne, bénéficiant de temps libre. Ils
peuvent à présent imiter les nantis, en voyageant à leurs
tours. Cette envie de voyage et de curiosité est nourrie
par les expositions universelles, où chaque pays expose
les prouesses techniques dont il est capable. Au cours du
XIXème siècle, le tourisme se diversifie. On ne voyage
plus uniquement dans un but culturel, mais on découvre les
bienfaits pour la santé des baignades dans la mer, des
séjours en altitude. On commence également à voyager
pour le business.
A la fin du XIXème siècle, les pays occidentaux
commencent à coloniser le monde. Les voies de circulation
entre les pays deviennent plus sûres, plus rapides.
L’apparition de lieux dédiés à la restauration et au repos
des voyageurs apparaissent sur les routes touristiques.
Le gouvernement hollandais et le premier à comprendre
l’intérêt économique que le développement touristiques
représente. L’augmentation de la visite des Indes
néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie), est grandement
aidée par l’amélioration des liaisons maritimes entre
LE TOURISME SPATIAL
89
Batavia (l’actuelle Jakarta) et Singapore, principale colonie
britannique dans la région. Le gouvernement batave
construit des Pesanggrahan, relais d’étape à travers l’île
de Java, offrant le confort occidental aux voyageurs.
Le tourisme de masse se développe au cours du
XIXème siècle, grâce au perfectionnement des moyens de
transport, à la hausse du niveau de vie, et la multiplication
des infrastructures dédiées, principalement les agences
de voyage et les établissements d’hôtellerie. Avec la
démocratisation du transport aérien, le tourisme de masse
explose.
Le tourisme est souvent resté une activité occidentale,
pour ne pas dire européennes. Les touristes sont pour la
plus part originaire de l’Europe, de l’Amérique du nord, du
Japon, ou encore de l’Australie. Depuis quelques temps, on
assiste à une augmentation de touristes issues des B.R.I.C.S
(Brésil, Russie, Inde, Chine, et l’Afrique du Sud), où de
nouvelles classes moyennes apparaissent A mesure qu’un pays s’industrialise, une classe moyenne apparait, répétant le schéma qui a créé le tourisme. Mais l’offre murit en même
Publicité touristique pour le lac d'Annecy (1947)
LE TOURISME SPATIAL
91
temps que la demande, et lorsqu’une nouvelle destination apparait, l’exploitation touristique s’étend toujours plus vite, plus efficacement. Ceci est également vrai à l’inverse. La première forme de tourisme à se développer est le tourisme régional. Des zones qui semblaient reculées s’ajoutent à l’offre des destinations, pour les mêmes raisons qui font que les littoraux se sont développés en Europe au début du XXème siècle. Avant de partir à l’assaut du monde, ils commencent, comme l’occident l’a fait avant eux, par explorer les trésors de leurs pays, puis de leurs voisins. Ces marchés facilitent l’accès aux touristes européens, qui font que la zone se développe encore plus rapidement.
Mais la baisse du coût des transports accélère véritablement l’expansion du tourisme. Le prix des billets d’avion, avec notamment l’émergence des compagnies low-cost à la fin des années 90, ne cessent de baisser, coutant sur certains trajets moins chers que le train. Les endroits les plus reculés sont maintenant à portée d’avion ou de bateau.
Chaque année, le nombre de touristes augmentent.
TOURISME & EXPERIENCE
92
On a dénombré 980 millions de touristes pour l’année 2011, marquant 4% d’augmentation par rapport à l’année précédente. Bien que le contexte économique ne soit pas forcément favorable à une hausse des flux touristiques dans les pays occidentaux, l’augmentation des touristes des pays émergents, où l’économie n’est pas marquée par une baisse aussi forte qu’en Europe, compense cette baisse. Enfin, le tourisme représente 235 millions d’emplois à travers le monde, produisant 5% du PIB mondial. Il devient un indicateur clé du progrès socio-économique d’un pays, étant souvent une source non négligeable de revenus pour les pays en développement. Cette augmentation générale de tous les indicateurs du tourisme va de pairs avec une diversification et une compétition croissante parmi les destinations.
Bien qu’on puisse regarder le tourisme comme une formidable source de revenus et de développement pour les pays, ou encore un moyen d’échanger entre les cultures, il ne faut pas perdre de vue que le tourisme, comme tout phénomène social, entraine avec lui des risques et des
dérives.
Foule de touristes sur la Grande Muraille de Chine
TOURISME & EXPERIENCE
94
LES RISQUES DU TOURISME
La dénaturation des paysages touristiques est sans
doute le premier effet néfaste du tourisme. L’haliotropisme,
ou l’attraction des populations par les littoraux, a
conduit à un bétonnage massif de beaucoup de zone en
méditerranée. Ce bétonnage accompagne en général le
développement touristique d’une région. Que ce soit la
Costa Brava en Espagne, la Côte d’Azur en France, ou
les côtes à proximité de la ville de Rimini en Italie, le
développement du tourisme de masse en Europe a abouti,
dans la seconde moitié du XXème siècle à la construction
de séries presque ininterrompue d’hôtels, ou d’immeubles
destinés à la location, à l’abri de marinas, ou à des plages
aménagées. Ce phénomène a complètement dénaturé le
littoral, en supprimant ses spécificités, en gommant peu à
peu les particularités régionales, adaptant la région aux
standards des touristes occidentaux.
La ville de Benidorm, est sans doute l’exemple le
plus marquant de ces villes créée pour les touristes. Avant
LE TOURISME SPATIAL
95
l’arrivée des touristes, Benidorm était une ville vivant de l’agriculture et de la pêche. En 1956, la municipalité approuva un plan d’urbanisme, visant à faire de Benidorm une ville conçue pour le tourisme, en créant des rues tracées au cordeau suivant le tracé des plages. Aujourd’hui, Benidorm est la première destination touristique du pourtour méditerranéen, et la ville qui possède le plus de gratte-ciels par habitants.
Cette attitude est critiquable. Non seulement les paysages sont dénaturés, mais tout est standardisé. En partant dans ces endroits, on ne recherche plus l’exotisme, mais seulement la mer et le soleil, avec le confort de chez soi. Avec cette formule, on est complètement pris en charge par son organisme de voyage, et l’essence même du tourisme, dans le sens du voyage, n’existe plus. Le dépaysement, l’immersion dans une nouvelle culture sont de moins en moins présentes. Heureusement, ce « tout béton » a été régulé. Des lois sont votées pour préserver les écosystèmes, les paysages, ou encore les activités artisanales propre à la région. En France, on peut citer la loi littorale, votée en 1986, qui se charge de donner des
limites à la construction en bord de mer.
TOURISME & EXPERIENCE
96
Un problème plus grave apparait, celui de la
pollution. Le tourisme à un impact sur l’environnement,
proportionnel à la réussite du secteur. En Méditerranée
par exemple, un touriste à l’hôtel consomme trois fois plus
d’eau par jour qu’un habitant local, sans compter l’eau
pour les piscines ou les terrains de golf. Un green de golf
consomme autant d’eau en un an qu’une ville de 12 000
habitants. Ces comportements font réfléchir quand on sait
qu’en 2012, 300 millions d’Africains n’ont toujours pas
accès à l’eau potable. 10
Le touriste peut également se révéler être une
pression supplémentaire sur les ressources locales
d’énergie, de nourriture, ou de tout autres matières
premières, qui sont, dans la plus part des cas, présentes
en faibles quantités. L’extraction et le transport de ces
ressources augmentent l’impact associé à leur exploitation.
Cet impact, direct ou indirect, sur les ressources naturelles
(renouvelables ou non), pour approvisionner les touristes,
peut causer des dommages irréparables sur les terrains
alentours. Par exemple, un touriste effectuant un trek au 10 Le dessous des Cartes, Jean Christophe Victor, « RISQUES/TOURISME ? », Arte, Juillet 2008.
Vallée touristique polluée au pied du coté indien de l'Himalaya
TOURISME & EXPERIENCE
98
Népal peut utiliser jusqu’à 4 à 5 kilogrammes de bois
par jour, dans une région qui subit déjà les effets d’une
déforestation massive.
Le transport de ses touristes pause un autre problème
de pollution. Que ce soir le transport par la route, les airs,
ou les rails, le nombre de passagers augmentent sans cesse.
Aujourd’hui, 55% des voyages effectués sur les lignes
commerciales sont des voyages d’agrément, ce qui en fait
une des causes principales des émissions de gaz à effet
de serres. Une étude estime qu’un vol transatlantique émet
presqu’autant de CO2 que les émissions produites par les
autres sources (éclairage, chauffage…) consommée en
moyenne par une personne durant une année.
Les émissions dues au transport et à la production
et utilisation de l’énergie sont entre autres liées aux
pluies acides et au réchauffement climatique. Ils peuvent
également être, localement, la cause directement
d’important niveau de pollution de l’air. Par exemple,
spécialement dans les pays très chaud ou très froid, les bus
touristiques laissent souvent leurs moteurs tourner pendant
LE TOURISME SPATIAL
99
que les touristes visitent, pour qu’ils puissent revenir dans
un bus confortablement climatisé/chauffé.
Un autre aspect négatif qu’engendre le tourisme est
la dégradation des sites, à cause des déchets laissés par
ceux qui les visitent. Même si le tourisme n’est pas la seule
cause de ces pollutions, ils y contribuent grandement, si
bien que dans des sites comme les Andes péruviennes, ou
le Népal, les pistes les plus fréquentées ont été rebaptisés
par les locaux « la piste coca cola » ou « la piste du
papier toilette ».
L’ÉVOLUTION DU TOURISME
Ce qui est unique a toujours été convoité, que ce soit
les destinations touristiques, les habits, les animaux rares.
Dans le tourisme, ce qui fait la rareté d’une destination,
c’est sa difficulté d’accès, son exotisme, l’exception de ses
paysages. Le caractère exceptionnel d’une destination est
façonné par le faible nombre de touristes à s’y être rendu.
TOURISME & EXPERIENCE
100
Une fois que la destination fait partie de celle « à la
mode », une décroissance de l’intérêt s’amorce. Le voyage
est une sorte de recherche du moment, du lieu unique.
Mais aujourd’hui, la simple accumulation kilométrique ou
l’exotisme organisé ne suffisent plus à satisfaire nos besoins
d’évasion. On invente de nouvelles formes de tourismes,
plus respectueuse de l’environnement, plus en phase avec
nos nouveaux mode de vie. L’opinion publique prend en
compte les nouvelles problématiques environnementales,
et modifie ses habitudes touristiques en conséquence.
Dans ce contexte, de nouvelles formes de tourisme
apparaissent. L’écotourisme, ou tourisme durable, est
sans doute la forme la plus à la mode. Il peut revêtir
différentes formes, mais regroupe les initiatives visant
à contrer directement les effets néfastes du tourisme sur
l’environnement. Ainsi, on peut visiter les sites touristiques
classiques à bord de véhicules rejetant pas ou très peu de
gaz à effet de serre. La société Paris Trikkes permet à ses
clients de visiter les monuments parisiens à bord de trikkes,
genre de trottinette à 3 roues. Une alternative sportive et
écologique aux tours en bus à deux étages. A une autre
Hôtel écologique dans les arbres, Alpes Mancelles
TOURISME & EXPERIENCE
102
échelle, Le Vélo Voyageur propose des randonnées à vélo
dans les plus belles régions françaises. Guidées ou libres,
ces randonnées permettent un contact plus proche avec les
habitants des régions traversées, et plus de libertés dans
le choix des itinéraires.
Le tourisme durable touche également l’hébergement.
Plutôt que de se regrouper dans des complexes hôteliers
gigantesques et terriblement énergivores, on nous propose
de passer la nuit dans des cabanes luxueuses, des igloos,
ou des cabanes perchées dans les arbres. On peut
retrouver le préfixe éco devant pratiquement tous les types
d’hébergements hôteliers (écolodge, éco-auberges de
jeunesse, écogites…). Ces initiatives visent le plus souvent
une clientèle haut de gamme, urbaine, à la recherche d’un
tourisme plus authentique.
L’intérêt réel de ces nouvelles façons de voyager
et de se loger est critiquable. Certain dénonce l’effet
de « greenwashing », qui se sert des problématiques
environnementales, pour continuer à vendre toujours
plus. On dénonce un tourisme de masse présenté sous
LE TOURISME SPATIAL
103
une couleur verte. Des organismes proposent d’aller
sensibiliser les touristes aux changements climatiques en
arctiques ou antarctique, mais y aller ne fait que participer
au dérèglement général. Il est difficile de contrôler
l’éco tourisme, de la même manière qu’il est difficile de
contrôler le label « bio », mais avec le développement
de ces commerces, des organismes de régulation, comme
l’association française Tourisme Durable, permettent de
contrôler les initiatives, et dénoncer les abus.
Mais en dehors de l’effet de mode que peut constituer
l’écotourisme, de nouvelles formes révèle des mutations
plus profondes dans ce que recherches les voyageurs.
Le tourisme spirituel apparait. On essaie d’effectuer
des voyages qui ont du sens. Il est la manifestation d’un
autre secteur en vogue : le développement personnel. En
2012 en France, selon l’OMT, sur les 90 millions de touristes
étrangers qui se sont rendus en France, 20 millions l’auraient
fait pour des motifs de quête spirituelle et religieuse. Les
pèlerinages sur les sites religieux ne se fait pas uniquement
en France, et n’est pas une nouvelle tendance, bien qu’en
TOURISME & EXPERIENCE
104
augmentation. L’évolution réside dans les motifs de ces
visites des lieux saints. Les voyageurs sont en quête de
sens. Ainsi, on propose maintenant des tours privilégiant
la rencontre, l’échange, l’expérience spirituelle. Des
rencontres et conférences sont animées par des religieux,
des théologiens, ou encore des historiens. La société
française Ictus voyage semble avoir choisi un bon créneau,
puisqu’elle a réalisé un chiffre d’affaire de 4 millions
d’euros en 2012, accompagnant plus de 3 500 voyageurs
sur le chemin de la spiritualité. On peut également noter
la multiplication de l’offre de la part de monastères
népalais, tibétains ou indiens, qui ont bien compris que
les philosophies bouddhiste ou hindouiste étaient en vogue
chez les occidentaux, à la recherche de nouveaux modèles
de consommation. On cherche également à découvrir les
modes de vie de cultures primitives, qui ont résisté à la
mondialisation. Les séjours au sein de tribu vivant loin
de toutes civilisations, où la découverte des traditions et
habitudes quotidiennes s’associent à celle de la faune et
la flore exotique, sont rares et très réglementées.
LE TOURISME SPATIAL
105
Mais les peuples reculés de l’Amazonie ou les
Pygmées du Congo fascinent et sont la source d’inspiration
pour ceux qui cherchent à vivre autrement. Les visites
organisées pour sensibiliser les touristes aux dégâts de
la surconsommation sont généralement des reconstitutions
où les indigènes revêtent leurs costumes traditionnelles, et
revivent comme leurs ancêtres le temps d’une visite.
D’autres choisissent de se recentrer d’une autre
manière : par la recherche de l’adrénaline. L’offre de
tourisme sportif grossit sans cesse. Des agences de voyage
se spécialisent dans l’organisation de treks, l’ascension des
plus hauts sommets, des raids, et autres activités dérivées
de la randonnée classique. En plus du dépassement de
soi, certains touristes vont en plus essayer de se procurer
cette adrénaline en allant aux frontières du possible.
La compagnie « Incredibles Adventures », fondée en
1997, propose des vols en avions de chasse dans 6 pays
différents, des vols suborbitaux, des simulations de vols en
apesanteurs, des plongées avec des requins blancs…
TOURISME & EXPERIENCE
106
Une dérive apparait. Celle des voyages organisées
dans les dictatures Des guides se sont spécialisés dans
des visites (très encadrés) en Irak, en Corée du Nord, ou
dans la plus part des pays où le Quai d’Orsay déconseille
fortement de se rendre. Un japonais de 47 ans, a récemment
fait parler de son passe-temps : visiter les lignes de front
du conflit en Syrie. Il assiste au combat, vêtu de l’uniforme
de l’armée japonaise, au côté des rebelles Syriens. Le
reste du temps, il conduit un camion-citerne entre Osaka
et Nagasaki.
Le tourisme est motivé par la recherche de nouvelles
expériences. Après une évolution marquée par l’arrivée
du tourisme de masse, les possibilités de voyages sont
nombreuses, autant dans le choix des destinations que
dans le type de voyage envisagé. Mais qu’est-ce qu’une
expérience, et qu’est ce qui nous motive à vouloir sans
cesse repousser les limites du tourisme ?
Ham, premier sujet de l'expérience spatial (1961)
LE TOURISME SPATIAL
109
L'EXPERIENCE
L’EXPÉRIENCE, ENTRE INNOVATIONS ET HABITUDES
Il est nécessaire de développer les deux sens que
l’on peut donner au terme expérience. En effet, on parle
d’abord d’expérience à propos de la vie quotidienne,
des situations vécues par soi-même ou par quelqu’un
d’autre. Dans certain cas, l’expérience peut renvoyer à un
apprentissage. Il est commun de supposer qu’avoir répéter
une action plusieurs fois nous en apprend sur l’action elle-
même. Ce type d’expériences est à entendre au sens
d’habitude.
L’expérience peut égaler faire référence à l’expérience
scientifique. Certaines sont testées à partir de la réalité,
d’autres sont mises en place pour tester une hypothèse. Dans
ce dernier cas, on emploie le sens de l’expérimentation.
Une expérience, au sens d’habitude, peut être
interprétée de façon différente par ceux qui la vivent.
Escalader une paroi verticale va donner du plaisir aux
TOURISME & EXPERIENCE
110
fans d’escalade, tandis que ceux qui ont le vertige n’y
verront qu’une manière terrorisante de faire du sport.
En plus d’être personnelle, une expérience est unique. En
effet, on ne peut pas appliquer le même jugement à toutes
les situations. Chacune possède ses paramètres propres.
Aristote, dans Métaphysique, prend l’exemple du malade.
Même si un remède marche pour curer un mal, ce n’est
pas une raison pour que tous les maux similaires puissent
être guérit de la même manière. Les outils d’analyse
actuelle nous permettent cependant de mieux mesurer
les symptômes, et l’argument a moins de force placé au
présent. L’analyse des symptômes à l’époque d’Aristote
n’étant pas très poussé, on peut penser qu’il sous entendait
que la connaissance globale et l’ignorance de l’unité peut
amener à des erreurs de jugements ou d’appréciation d’une
situation. Ainsi, chaque expérience possède un caractère
individuel, puisque chacune nous permet d’approfondir ce
que l’on sait d’une situation.
Mais pour pouvoir partir de principes universels
pour se concentrer sur le particulier, il faut bien apprendre
LE TOURISME SPATIAL
111
du réel. L’empirisme est le mouvement philosophique qui
place l’expérience à la base de toute connaissance. Pour
Francis Bacon, les théories scientifiques sont subjectives,
puisqu’on les élabore à partir de grand principes bien
établis. Cependant, toutes nos idées proviendraient
des perceptions que l’on a de la nature. Le philosophe
anglais Hume précise l’idée que l’expérience provient des
perceptions. En effet, les perceptions des sens vont générer
des idées, simples ou complexes, qui en s’associant donnent
l’impression de réflexion. Grâce à sa réflexion, l’homme a
su progresser. On peut en déduire que l’homme progresse
grâce à ses expériences.11
Comme nous venons de le voir, chaque expérience
est possède ses propres spécificités, et permet de faire
progresser l’homme. Il faut cependant se méfier. Une
expérience répétée devient une habitude. Dans ce cas,
l’expérience devient néfaste. Le tourisme de masse a
banalisé les séjours touristiques, en uniformisant son offre.
11 Kim Noisette, « Schémas sur l’entendement », http://david-hume.fr/schemas/.
TOURISME & EXPERIENCE
112
L’expérience, qu’importe l’endroit trop de similitude
avec la précédente pour remplir son rôle. En recherche
permanente de nouvelles expériences, se dépayser ne
suffit plus.
LES EXPÉRIENCES EXTRÊMES
Les nouvelles expériences de tourisme se veulent
avant tout originales, inédites, et voyeurs. Cette recherche
de sensations fortes, spirituelle ou sportive, serait causée
par notre réaction à l’immédiateté qui rythme le quotidien.
Et les réactions ne se font pas contre la réalité, mais
en marge de celle-ci. Pour s’évader, plutôt que « de
changer le monde, on change le monde ». On recherche
son identité. On veut donner un sens à sa vie, une raison
d’exister, avec pour but d’oser vivre à fond, c’est-à-dire
en prenant tous les risques. Certains tourismes extrêmes,
comme le tourisme sexuel ou le tourisme des conflits, sont
appelé « tourisme noir ». Il est appelé ainsi car il est la
LE TOURISME SPATIAL
113
face du sombre de nos imaginaires du voyage. On fait
chez les autres ce que l’on ne peut pas faire chez soi. Quel
que soit sa forme, la recherche d’expériences extrêmes
traduit une réaction à la monotonie du quotidien. A force
de vivre dans un monde standardisé, de répéter les mêmes
expériences, de la même manière, partout où l’on va, le
voyage comme moyen de se ressourcer doit se libérer des
circuits programmés, et même de l’organisation classique
des voyages. Et comme l’expérience est différente pour
chacun, ce besoin de rupture avec le quotidien se traduit
par des types et des destinations de voyage différent.
Chacun peut maintenant trouver sa forme de tourisme,
pour avoir une expérience unique.12
Il convient de noter que ces mutations sont effectives dans
les pays où le tourisme est déjà mure, et donc dans les pays
à un haut niveau de développement industriel. Beaucoup
n’ont pas encore la chance de connaitre la signification du
mot vacances.
12 Frank Michel, « Ce que le tourisme extrême révèle de l’ennui occiden-tal », 2012, éd. Livres du monde.
TOURISME & EXPERIENCE
114
RAMENER SON VOYAGE
On peut distinguer trois phases dans l’expérience :
la préparation, l’expérimentation, et l’évaluation. Cette
dernière étape n’est pas à négliger. L’évaluation va
permettre au touriste de faire le point sur son voyage. A-t-
il rempli les objectifs que l’on s’était fixés ? Il est important
de débriefer, pour assimiler au mieux l’expérience et
ses bénéfices. La mémoire des perceptions a un rôle clé.
Cette mémoire est entretenue le plus souvent par des
photographies, des vidéos, ou des objets, les fameux
souvenirs. Ces moyens de se souvenir sont également des
moyens de communiquer son expérience.
A la manière des peintres romantiques qui
ramenèrent peintures et textes de leurs voyages, le
touriste d’aujourd’hui cherche à ramener la photographie
la plus originale, la plus exotique, celle qui transmettra le
mieux ses perceptions, mais aussi celle qui le différenciera
du voyage de son voisin. Appareils photographiques et
caméra sont maintenant l’accessoire de base du touriste.
LES ATTENTES DU TOURISTE
LE TOURISME SPATIAL
115
Pouvoir capturer les moments les plus beaux du voyage est
une nécessité. La multiplication des Nouvelles Technologies
de l’Information et de la Communication (NTIC) marque
le début d’une nouvelle ère, permettant à chacun de
partager son voyage en temps réel, avec le monde entier.
Avec internet, par le biais de Facebook, Twitter, ou des
blogs, partager un moment vécu en temps réel permet de
magnifier son expérience. Le risque avec ce comportement
est de vivre son voyage à travers ce que l’on va en dire,
ce que l’on va montrer. Dans un monde ultra connecté, il
faut que le voyage reste une expérience vécue à fond,
où les sensations primes sur la réflexion. Seulement, il faut
pouvoir être en mesure de revivre cette expérience, pour
en retirer les enseignements importants qu’elle peut nous
apporter.
CO
NC
LU
SIO
N
Amerissage de Gemini 9A (1966)
LE TOURISME SPATIAL
119
Nous l’avons vu, l’espace fascine les hommes depuis les débuts de l’humanité. La curiosité qui pousse les hommes à explorer, font qu’il s’interroge sur le ciel et ce qui le compose, étoiles, planètes… Fascination et imagination de l’homme lui ont permis de comprendre ce monde loin-tain, dans un subtil mélange de découvertes scientifiques et récits fantastiques
Le ciel et l’espace ont d’abord étaient les domaines réservés aux divinités et aux morts. Comme nous ne pouvi-ons expliquer les phénomènes célestes, nous avons inventés des histoires qui justifiaient ce que nous voyions. Nous avons cherché les origines de la vie, et de tout ce qui est, au-delà des nuages et des étoiles. Très tôt dans l’histoire, nous avons vu que les étoiles et les planètes pouvaient nous aider dans notre quotidien, en servant d’indicateur dans la mesure du temps ou des saisons. En quête de sens, l’homme a approfondi ses connaissances, ses instruments. Au fur et à mesure que sa compréhension de la nature et de l’espace avançait, les récits ont évolués. L’espace, à travers le temps, à servie d’exutoire à la réalité. Nous avons porté nos critiques, nos peurs, nos rêves, dans des mondes imaginaires, aux frontières du monde connu.
En s’y rendant, l’espace se révéla être d’abord un moyen de démontrer sa suprématie. Les nations à s’y ren-
120
CONCLUSION
dre les premières se place en tête d’une course économi-que et technologique. La Chine, en devenant la troisième à envoyer un astronaute (taïkonaute dans ce cas), montre qu’atteindre l’espace reste le graal dans la quête de mo-dernité.
L’espace est de nos jours devenu un terrain d’expéri-ence, et de collaboration. Dans un monde qui se globalise, aller dans l’espace permet d’agir comme une seule es-pèce, et d’unifier l’humanité dans un même but, la préser-vation de notre planète. La présence continue d’homme en orbite donne aux civils fortunés l’envie de les imiter. Mais l’espace n’est pas une destination comme les autres. Nous avons vu qu’il fait référence à un imaginaire aussi vaste que divers. Il y a aussi une réalité technique qui n’est pas à prendre à la légère. L’espace reste un milieu hostile où des drames peuvent arriver. On peut également y prendre le recul nécessaire pour faire naître des projets qui vont au-delà des différences de religions, ou de race. La conquête spatiale est une nécessité pour la survie de la race humaine. Comme l’a dit l’astrophysicien Stephen Hawking : « La race humaine ne devrait pas mettre tous ses œufs dans le même panier, ou sur une seule planète. Espérons que nous n’échapperons le panier avant que l’on ait pu distribuer ce qu’il contient. »
LE TOURISME SPATIAL
121
Le tourisme est la suite logique de l’exploration, sa forme démocratisée. Maintenant qu’il est un phénomène mure, il commence à se diversifier, pour s’adapter aux besoins de chacun, dans une société qui s’individualise, et qui recherche toujours plus d’exotisme et de sensations. Logiquement, l’espace fait partie de ces nouvelles desti-nations, proposant à la fois l’adrénaline, le dépassement de soi, et des paysages inégalées. Mais le tourisme suit des codes précis. Les voyageurs ont des attentes. On en-treprend un voyage pour l’expérience qu’elle va nous ap-porter. L’expérience se vivant différemment d’un touriste à l’autre, il semble important de pouvoir fournir tous les outils nécessaires à l’appropriation de ce voyage.
Il me semble intéressant de continuer ma réflexion sur la recherche de solutions à toutes les contraintes que pose le voyage dans l’espace. L’espace est un milieu très technique, mais le designer à sa place dans cette aven-ture. En centrant ses réflexions sur l’homme, il me semble cohérent que le designer se charge du côté immatériel, de l’expérience du touriste en lien avec l’imaginaire qui est lié à ce milieu : « Comment, en tant que designer, puis-je favoriser la qualité de l’expérience du tourisme spatiale ?».
122
CONCLUSION
Plusieurs axes apparaissent alors :
Comment réussir à minimiser l’impression de risque du voyage pour l’ouvrir au plus grand nombre ? Peut-être que les bénéfices du voyage spatial peuvent se retrouver sur Terre, et éviter ainsi tout voyage périlleux.
Une fois le voyage entrepris, comment permettre à chacun de profiter au maximum de son expérience ? On a vu que cela peut se traduire par mettre en valeur les perceptions sensorielles.
Enfin, nous avons vu qu’il était important de pouvoir communiquer son voyage. Comment partager son expéri-ence ? Doit-elle se faire suivant les codes actuels, c’est-à-dire de façon immédiate et instantanée, ou bien une fois de retour ? Quelles vont être les vecteurs les plus efficaces dans la communication des bénéfices du voyage ?
LE TOURISME SPATIAL
123Amerissage de Gemini 9A (1966)
124
Astrologie : Croyance dans l'influence des astres sur les destinées humaines.
Astronomie : Science des corps célestes.
Constellation : Ensemble d'étoiles voisines qui, reliées par des lignes imaginaires, forment une figure rappelant une forme réelle, en particulier animale.
Equinoxe : Epoque de l'année où le jour a une durée égale à la nuit.
ESA : European Space Agency, agence spatiale européenne.
Espace : Étendue qui embrasse l’univers, vide interplanétaire, intersidéral et intergalactique. Du fait de l'absence de limite nette de l'atmosphère terrestre, on peut définir de différentes façons la limite entre l'atmosphère et l'Espace. La Fédération aéronautique internationale a établi la ligne de Kármán à une altitude de 100 km pour définition effective de cette frontière.
Expérience : tout ce qui est appréhendé par nos facultés sensorielles et qui constitue la matière de la connaissance de l'homme.
ISS : International Space Station, station spatiale internationale.
MIR : Station orbitale russe
GLOSSAIRE
CREDITS
LE TOURISME SPATIAL
125
NASA : National Aeronautics and Space Administration, agence spatiale américaine responsable des programmes spatiaux.
Orbite : trajectoire décrite par un corps céleste ou un satellite gravitant autour du soleil ou d'une planète.
Satellite : En astronomie, astre ou engin spatial qui gravite autour d'une planète.
Science-fiction : Genre littéraire basé sur l’imagination romanesque et l’extrapolation des connaissances scientifiques.
Solstice : Epoque de l'année où le soleil est le plus éloigné de l'équateur, ce qui correspond à la durée maximale (solstice d'été) ou minimale (solstice d'hiver) du jour.
Stratosphère : partie de l'atmosphère située environ entre 12 et 50 km d'altitude, partie entre la troposphère et la mésosphère.
Tourisme : action de voyager et de visiter des lieux pour son agrément.
126
REFERENCES
CREDITS
BIBLIOGRAPHIE
BIZONY Piers, How to build your own spaceship, A plume book, 2009
ARMSTRONG Rachel, Space Architecture, Wiley-Acade-my, 2004
BOYER Marc, Histoire générale du tourisme du XVIe au XXIe siècle, L’Harmattan, 2005
FILMOGRAPHIE
WHITE Frank, The Overview effect, the Overview institute, DVD couleur, 2012
EMISSIONS
Naked Science, National Geographic, Space Vacation, 2004
EVERETT Stuart, Arte, Challenger, 2008
Discovery Channel, Understanding space travel, 1996
Enquête Exclusive, M6, Dictature - Paranoïa - Famine : Bi-envenue en Corée du Nord, 2012
LE TOURISME SPATIAL
127
SOURCES INTERNET
Site de la NASA : http://www.nasa.gov
Consulté en Décembre 2012, Claude Collin, Professeur de philosophie au CEGEP du Vieux Montréal, La notion d'ex-périence humainehttp://www.cvm.qc.ca/encephi/contenu/articles/experi-ence.htm
Toutes les images de ce mémoire proviennent des banques d'images de la NASA, et de Wikepedia Commons, libres de droits. Merci à eux.
Strate Collège27, Avenue de la Division Leclerc92310 Sèvreswww.stratecollege.fr
« Je me rends compte qu’il existe une vérité fondamentale de la nature humaine : explorer est une nécessité »
David Scott, commandant de la mission Apollo 15.
Nous nous intéresserons dans ce mémoire aux motivations du développement du tourisme spatial.
L’expérience du tourisme spatial.
AlexisDE CONINCK
Diplômes 2013