LE MORVAN VU PAR LES COLLÉGIENS

ART E T CULTURE AU COLLÈGE avec le Conseil départemental de la Côte-d’Or

Le présent livret reproduit les réalisations d’élèves des collèges de Liernais et de Saulieu au cours d’un projet « La Côte-d’Or vue par les collégiens » en 2018-2019.Photographies : Annelise Ragno et les élèves de 5e A du collège François de la Grange et de 5e 2 du collège François Pompon.Conception graphique : Stéfani de Loppinot.© Conseil Départemental de la Côte-d’Or, impression Vidonne, octobre 2019.

LE MORVAN DES COLLÉGIENS

« La Côte-d’Or vue par les collégiens » est une formidable occasion of ferte à nos jeunes de mieux comprendre leur territoire de vie. Ils nous livrent chaque fois d’étonnants et superbes clichés, fruits de leur rencontre avec un artiste qui leur apporte sens du regard, sensibilité à leur environnement et conseils.

Sous l’autorité de Véronique Couvreux, principale, et des enseignants des collèges François de la Grange et François Pompon participant à ce huitième projet, les élèves de 5e de Liernais et de Saulieu se sont imprégnés des légendes du Morvan pour mieux parcourir ce territoire de forêts parsemé de cours d’eau impétueux et de roches mystérieuses. Tout au long de ce périple, ils ont été conduits par l’artiste photographe et vidéaste Annelise Ragno qui a su les mener habilement de la découverte d’un héritage collectif, dont ils avaient plus ou moins conscience, à son appropriation. Avec elle, ils se sont emparés de cette mémoire puisée au passé le plus lointain pour la réinterpréter avec leurs émotions et leurs envies dans des créations photographiques aussi imaginatives que séduisantes.

Lors de leurs rencontres avec les acteurs économiques et culturels du territoire, de leurs visites de lieux d’art et de sites naturels, de leurs lectures, ils ont su concevoir et mettre en scène un univers fantastique pour devenir les nouveaux conteurs de ce patrimoine qui donne vie au Morvan des légendes…

Ce livret restitue leur vision égrainée au fil d’images surprenantes qui donnent à voir autrement ce territoire qu’ils parcourent quotidiennement mais qu’ils ont appris à regarder dif féremment.

François SAUVADETAncien ministre

Président du Département de la Côte-d’Or

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Initiés en 2011 par le Conseil Départemental dans le cadre de ses politiques de valorisation du patrimoine et d’éducation artistique en faveur des collégiens, les projets « La Côte-d’Or vue par les collégiens » permettent chaque année à des jeunes de découvrir leur territoire de vie avec un artiste, sous un angle à la fois patrimonial et socio-économique.

Objectifs ? Apprendre à observer et apprécier son environnement à travers la photographie. Comment ? Le temps d’une rencontre avec un artiste photographe qui les guide en partageant sa démarche de création et leur permet de devenir explorateurs de leur territoire.

Les éléments qui composent ce territoire se révèlent alors et s’inscrivent avec cohérence dans l’environnement des collégiens qui en perçoivent mieux les dif férentes facettes. Le patrimoine n’appartient plus seulement au passé mais apparaît comme une source éclairant le présent. Les collégiens en deviennent les interprètes et plus encore : les ambassadeurs !

LES PROJETS "LA CÔTE-D’OR VUE PAR LES COLLÉGIENS"

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Annelise Ragno est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon avec les félicitations du jury (2006). Elle a reçu le premier prix Jeune Création de Mulhouse (2007) et le prix de la Fondation Zervos du Conseil Régional de Bourgogne (2011).

Elle vit et travaille à Dijon où elle participe aux activités des Ateliers Vortex dont elle est cofondatrice.

Dans ses vidéos, Annelise Ragno questionne la représentation du corps filmé ainsi que les notions de durée et de suspension du temps. Par l’observation attentive d’un corps, d’un objet, elle livre des images qui ne se laissent pas déchif frer au premier regard et qui of frent au regardeur tout un monde d’indices à appréhender. Au moyen de cadrages serrés, elle filme le monde commun : sa trivialité et son habituelle invisibilité.

Son œuvre vidéo génère à la fois énigme et fascination. Ce qui nous semble familier est progressivement rendu inquiétant, captivant et hypnotisant. Un terrain de recherche en prise avec le réel qu’elle souhaite bousculer en créant des passages entre l’ordinaire et l’inattendu, comme en témoignait son exposition « Lever les yeux » en 2017 aux Ateliers Vortex.

Elle est également professeure contractuelle d’arts appliqués et mène régulièrement depuis plusieurs années des projets d’éducation artistique et culturelle initiés par le Conseil Départemental dans les collèges de Côte-d’Or.

ANNELISE RAGNO, ARTISTE PHOTOGRAPHE VIDÉASTE PLASTICIENNE

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Un atelier au fond d’un garage,Une usine désertée,Des films en noir et blanc,Des films sans son, en noir et blanc,Mais le projet, c’est quoi ?

Une entreprise abandonnée,Des T-shirts colorés,Des vidéos qui tremblent,Mais ce projet, c’est quoi ?

Un beau, très beau musée des Beaux-Arts,Des animaux fantastiques,Des monstres, des grif fons, des licornes,Des serpents,Des tableaux colorés,Une femme qui se fait fouetter,Des êtres mi-humains, mi-animaux,Mais ce projet, pourquoi ?

Une artiste qui vient en classe,Des vidéos qui défilent,Des légendes qu’on nous raconte,Le Morvan qui se rapproche,Mais ce projet, enfin je comprends !

Des pierres qui émergent,Des pierres qu’on ne connaît pas,Des pierres toutes proches, pourtant,Menhir de Pierre Pointe,Pierre Folle,Pierre Sarrasine,Beuf fenie,Des histoires sorties du fond des temps,Des légendes à transformer,Des légendes à dessiner,Des légendes à photographier,Mais ce projet, il est passionnant !

Des listes d’objets à établir,Des choses à récupérer,Une corde,Des pièces en chocolat,Une robe de princesse,Un diadème,Du foin,Des vaches à apprivoiser,Mais ce projet, il est marrant !

Des sorties sur le terrain,Les bottes en plastique à la main,

PAROLES D’ÉLÈVES…

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… PAROLES DE PROF

J’enfile ma cotte de paysan,Quelle joie, c’est le printemps !Des photos, des photos, des photos,De la mise en scène…Mais ce projet, il est génial !

La salle d’arts plastiques qui se transforme en studio,Des photos, encore des photos,De la mise en scène !La cocotte en fonte noire,Héroïne d’un jour !Des légendes qui prennent forme,Un texte qui prend vie,Et le projet, il se construit !Vive la vie !

Merci, merci à l’artisteMerci au Morvan et à ses pierres légendaires,Pierre Pointe, Pierre Sarrasine, Pierre Folle et Beuf fenie !

Les 5e A du collège François de la Grange

LIERNAIS

COLLÈGE FRANÇOIS DE LA GRANGE

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a légende de la Beuf fenie raconte l’histoire d’une méchante sorcière qui fait cuire les enfants.

Un jour, une femme perd ses enfants et prie la Vierge.Celle-ci entend ses prières. Elle transforme alors la Beuf fenie et son compagnon en blocs de pierre au moment où ils étaient tranquillement en train de préparer la pâte à pain. C’est pour cette raison qu’il faut se munir de pain et de sel pour se protéger.

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a légende raconte qu’un seigneur a découvert qu’il y a un trésor sous le menhir. Il décide donc d’enlever la pierre.

Il relie les pattes de deux bœufs avec une corde qu’il attache autour de la pierre. Il essaie de la faire tomber, mais il ne réussit pas car la Pierre Pointe appelle la Pierre Sarrasine à son secours. Les cordes cèdent et, de la pierre, sort une magnifique colombe.

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’est l’histoire d’un paysan qui trouve une pierre dans son champ. Il va chercher des outils pour la casser.

Sans succès, il devient fou. Il nomme la pierre qui l’a rendu fou « La Pierre Folle ».

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ans un bois, se trouve une pierre : la Pierre Sarrasine. À minuit, le soir de la messe, la Pierre Sarrasine s’ouvre

et laisse entrevoir une magnifique princesse endormie qui garde un trésor.

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SAULIEU

COLLÈGE FRANÇOIS POMPON

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n jour, le diable se rendit au paradis pour voir Dieu.Le diable lui proposa un pacte : s’il réussissait à bloquer

la porte de l’église de La Roche-en-Brenil avant la fin de la messe, il gagnerait toutes les âmes des fidèles enfermés dans l’église. Dieu accepta.Le diable descendit sur Terre et chercha un gros rocher. L’ayant trouvé, il le rapporta péniblement sur ses épaules. Quand il arriva à La Roche, la messe venait de se terminer. De colère, le diable jeta la pierre contre la porte. Le prêtre chassa le diable. Et Dieu fut soulagé !Dépité, le diable reprit le rocher et le déposa sur le chemin de Bouloy. Ce rocher, qui porte l’empreinte du diable, fut baptisé « Les Épaules du diable ».

PORON MEURGER

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n méchant seigneur vivait dans un château. Il avait une fille très pieuse et très sage qui s’appelait Blanche.

Lors d’une promenade dans les bois, Blanche rencontra un jeune et beau chasseur. Le soir même, son père lui annonça qu’il voulait la marier avec un de ses vieux amis ; Blanche était ef frayée. En cachette, elle continua à voir le chasseur. Un jour, elle lui demanda d’aller demander sa main à son père.Le père accepta ce mariage. Mais c’était un piège : il voulait tuer le chasseur en l’empoisonnant à l’aide d’une pointe plantée dans la statue de la Vierge.Le jour des fiançailles, Blanche alla prier la Vierge. Elle la serra contre elle et fut empoisonnée. Le chasseur se perça alors le cœur et maudit le seigneur qui fut foudroyé.Le château disparut à tout jamais, il ne resta que les escaliers qui menaient au trône du seigneur.

PORON MEURGER

Légende librement inspirée des Légendes du Morvan de Sandra Amani (Éditions de l’Escargot Savant, 2007).

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utrefois, un riche seigneur vivait dans un château aux nombreuses fenêtres dans lesquelles le soleil se reflétait ; c’est pourquoi

on l’appelait le « château d’argent ».Le seigneur quitta son château et revint de nombreuses années plus tard avec sa nouvelle épouse. Celle-ci cherchait toujours à cacher ses pieds, ce qui intriguait les servantes. Le seigneur supplia sa femme de lui montrer ses pieds mais celle-ci refusa, lui rappelant la promesse faite avant leur mariage.Le seigneur tendit un piège à sa femme et découvrit que c’était une fée aux pattes de loup. Elle décida de se venger.Le château fut englouti, le seigneur mourut ; il plut tant qu’un étang fut créé. On l’appela l’Argentalet.

Légende librement inspirée des Légendes du Morvan de Sandra Amani (Éditions de l’Escargot Savant, 2007).

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e jour de la Fête-Dieu, une femme coupait de l’herbe à côté du puits du château Vernon, près de Saulieu.

Son bébé dormait tout près d’elle.Soudain, la femme aperçut des pièces d’or dans l’herbe. Elle les ramassa aussitôt et les emporta chez elle.Quand elle revint chercher l’enfant, celui-ci avait disparu. Il avait été emporté par la Vouivre qui hantait le puits et volait les enfants.La femme suivit les conseils du curé : l’année suivante, à la Fête-Dieu, elle rapporta le trésor au Puits Vernon.Et elle retrouva son enfant, grandi et en bonne santé.

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Le meilleur, c’est qu’il parlait patois.“ L’après-midi au musée des Beaux-Arts était passionnante avec les explications bien détaillées des légendes dans les peintures et celles du retable avec ses gargouilles et ses chevaliers.

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MAKING OFSortie commune à Dijonet séance de contes

La présentation des ateliers Vortex était intéressante et bien expliquée. J’ai surtout aimé les petits films souvent en noir et blanc. Ils me faisaient penser à la nature, au calme, ou alors au bruit incessant des trains et avions.

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Le conteur était plutôt drôle, il mélangeait le passé et le présent comme, par exemple, la dame de la Pierre-qui-Vire qui achetait des PlayStations pour son fils.

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Pour le projet, j’ai fabriqué chez moi une colombe avec mon stylo 3D car dans l’histoire de la Pierre Pointe une colombe sort de la pierre.

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J’ai pris des photos avec les gros appareils photo mais lorsqu’on s’approchait trop, les photos n’étaient plus nettes ; il faut être précis et régler l’appareil correctement.

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MAKING OFCollège François de la Grange, Liernais

À la fin il nous restait un peu de temps, alors on s’est promené pour essayer de prendre en photo les vaches mais elles étaient trop loin. Du coup, c’est chez le père d’Antoine qui est éleveur que la photo a été faite.

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Nous avons raconté la légende de la Pierre Pointe ; nous devions ramener de chez nous les objets pour raconter les légendes en photos.

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En studio, on a beaucoup appris sur la photo, tout ce qui se passe derrière l’appareil, la préparation des personnes, leur position, la zone à prendre en photo, la lumière, la mise au point.

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Je connaissais déjà plusieurs légendes, mais certaines m’ont apporté des noms de lieux et de bêtes légendaires que je ne connaissais pas ; cela m’a fait découvrir de curieux endroits.

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J’ai adoré faire la sortie dans les bois ; on devait prendre des photos au bord d’un lac, bien se préparer. La collectivité était ensemble et s’entraidait.

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MAKING OFCollège François Pompon, Saulieu

Pour prendre des photos, il fallait imaginer comment on pourrait représenter un loup, une princesse…cela rendait les photos plus belles.

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REMERCIEMENTS

Véronique Couvreux, principale, Frédéric Carroué, principal adjoint, et les professeurs Joëlle Mansanti (français, Liernais), Charlotte Droit (documentaliste, Liernais), Pierre Straumann (arts plastiques, Liernais et Saulieu), Maryse Variot (français, Saulieu) et Lyse Royer (documentaliste, Saulieu).Annelise Ragno, artiste photographe plasticienne, Dijon.

Ainsi que celles et ceux qui ont apporté leur contribution à ce projet :Jean-Luc Debard, conteur,Nicolle Dubief, conteuse,Olivier Berthiot, éleveur bovin, Diancey,Jean Pocard, propriétaire du champ de la Pierre Folle, Thoisy-La-Berchère,Monsieur et Madame Blin Bonneval, Saulieu,Monsieur Boulier, propriétaire du champ de la Pierre Pointe, Sussey,Père Maurice Thirault et la paroisse de Saint-Andoche,Joceline Bernard et Jennifer Auf fray (Saulieu) et Jonathan Leulieux (Liernais), assistants d’éducation (AED),Priscillia Angelone et Clémence Trabac, médiatrices au musée des Beaux-Arts de Dijon,Julia Lardy, coordinatrice des Ateliers Vortex, Dijon,Morgane Bouchard et Alice Margotton, médiatrices à la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne, Anost,Annabelle Poccard et Anna Chevance.

MORVAN CÔTE-D’ORIEN LA CARTE DES LÉGENDES

SAULIEU

La-Roche-en -Brenil

LIERNAIS