Post on 02-Feb-2020
L’aménagement
des espaces de jeu
L’écologie développementale
Josette SERRES 26 mars 2015
Les professionnels de la petite enfance se posent souvent la question :
L’aménagement de l’espace, les propositions de jouets que nous faisons,
correspondent-ils aux « besoins » des enfants ?
= L'exploration du monde et la découverte de l'autre en toute sécurité affective
Des recherches
Centrées sur le développement des premières interactions entre enfants
ont montré l’impact de l’aménagement de l’espace et des jouets proposés
en crèche sur le comportement social des jeunes enfants
Quelques recherches ont aussi été menées dans le cadre de l’école
Une mine d’applications pour les professionnels….
En effet, Les espaces aménagés et les jouets
sont pensés d’abord comme des supports pour développer la psychomotricité et
l’exploration des jeunes enfants,
Mais ce qui est moins connu….
Ils sont aussi de puissants organisateurs des interactions
et des communications de tous les partenaires, enfants et adultes
La perspective des recherches
L’écologie développementale
L’écologie
C’est la science de l’environnement
Elle étudie les interactions des êtres vivants dans leur milieu de vie habituel
C’est une perspective systémique, on parle « d’écosystèmes »
L’écologie du développement
Son objectif :
Identifier les caractéristiques de l’environnement physique susceptibles d’influer sur le développement des
enfants dans des milieux de vie naturels, comme l’école ou les lieux d’accueil
collectif des jeunes enfants.
Quand l’environnement est un bon support pour les objectifs
des « usagers » d’un lieu, leurs activités, leur état psychologique, leurs interactions sociales,
on parle « d’adéquation environnementale »
à leurs besoins = à leur développement actuel
Plus les usagers sont jeunes et dépendants des adultes, plus ceux-ci ont la responsabilité de rechercher la meilleure adéquation environnementale
au niveau de développement des enfants
Selon son adéquation, l’environnement matériel immédiat des jeunes enfants proposé par les adultes, peut
❑ Permettre des activités riches et des interactions agréables
❑ Déclencher des pleurs, des attitudes de retrait, des moments d’excitation, des conflits, entre enfants ou avec les adultes
Comment aménager les espaces de jeu pour favoriser au maximum les jeux et
les interactions positives ?
En comprenant que, dans un espace de vie,
plusieurs facteurs entrent en jeu et interagissent entre eux
en permanence (Perspective systémique)
Les enfants, - Ages - Moyens fonctionnels - Nombre d’enfants
Les adultes
- Nombre - Positionnements - Attitudes, actions - Projections
Les structures matérielles
- Architecture - Agencement des meubles - Jouets
Trouver le bon équilibre entre les trois:
■ Présence des adultes ■ Taille du groupe ■ Ressources matérielles (espace et jouets)
Tout changement dans l’une des composantes entraîne des
changements dans les deux autres composantes
Quelques résultats des recherches en crèche (2-3 ans)
■ Les « zones de jeu »
■ La hauteur des meubles
■ Le positionnement des adultes
■ Les types de jeux proposés
Quelques résultats des recherches à l’école
■ La hauteur des tables et des chaises
■ L’organisation des tables dans la salle de classe
■ La répartition des différents espaces de la classe
1.
Les « zones » de jeu
Jouets + support ou délimitation : coin dînette, coin constructions, table avec
matériel, toboggan, etc…
Recherches d’A. Legendre, en crèche
Espaces ouverts, sans zones de jeu
délimitées
❑ Plus de déplacements
❑ Plus de jeux actifs
❑ Moins d’intérêt pour les jeux « éducatifs »
❑ Plus d’observation des autres
❑ Plus de conflits
Espaces structurés en plusieurs zones de
jeu délimitées
❑ Attraction pour les zones de jeu délimitées
❑ Plus d’activités soutenues
❑ Plus de jeux coopératifs
❑ Moins de conflits
Recherches anglaises avec enfants de 4-6 ans
Répartition des enfants dans l’aménagement habituel de leur salle
Aménagement enrichi
Intérêt des zones de jeu délimitéesAdéquation environnementale
aux capacités d’attention et de communication avant 3 ans
■ La communication entre enfants est facilitée, car avant le langage elle nécessite un petit nombre
de partenaires, la proximité avec eux et l’attention conjointe,
■ L’attention est facilitée. Les enfants sont moins sollicités et interrompus dans leurs jeux,
■ Les jeux durables sont facilités par l’offre de plusieurs matériels combinables dans le même lieu (ex. du coin dînette plébiscité, des tables + matériels, etc.)
Réflexions pour les professionnels
■ Selon la superficie de la salle de jeu, il est intéressant d’avoir plusieurs zones de jeu pour répartir l’attraction des enfants dans l’ensemble de la pièce
■ Si une zone de jeu devient trop attractive, ne pas en limiter l’accès, mais au contraire augmenter la surface ou en créer une autre (2 dînettes ?)
■ S'interroger sur le nom donné à la zone. Référence à l'action que l'adulte souhaite ou simplement au matériel ?
(zone dinette ou imitation – zone tapis ou coin "calme")
Réflexions pour les professionnels (suite)o Des zones de jeu proposant des matériels
combinables permettent des jeux plus longs, moins de déplacements des enfants (dînette : meubles + matériels + sacs / petits camions + animaux + constructions..) Si contenant- contenu adéquat…
o Certains jeux ont un intérêt accru si on les met sur un support au lieu d'être par terre (garage).
o Les coins de jeu deviennent intéressants dès l’âge de 15-18 mois, quand les jeux se complexifient et que les interactions entre enfants se développent
2.
La hauteur des meubles qui délimitent une zone de jeu
Recherche d’A. legendre Deuxième crèche,
aménagement semi-ouvert
Déplacement d’un meuble pour structurer davantage l’espace
Découverte de l’effet d’un nouveau paramètre de l’agencement spatial :
L’importance de l’accès visuel, pour les enfants, à l’ensemble
de la salle, et notamment à l’endroit où se tiennent les adultes
Structurer des zones de jeu est bénéfique, à condition que les meubles ne créent pas des barrières visuelles
pour les enfants (hauteur > 70 cm)
2° recherche d’A. Legendre, pour préciser l’effet des barrières visuelles
❑ 3 crèches, 3 salles de vie d’enfants de 2 à 3 ans
❑ Observation de chaque groupe en jeux libres, dans 2 types d’aménagement de l’espace de jeu
- Visuellement le plus ouvert possible - Visuellement cloisonné (meubles qui barrent la vue des enfants)
❑ Le cadre de vie habituel n’est pas modifié, le changement est réalisé par des déplacements de meubles ou de matériels
Aménagement visuellement restreint
Positions des adultes
Eloigné
Intermédiaire
Agencement visuellement ouvert
Comparaison
Comment les enfants occupent l’espace ? Espace proche des adultes Espace intermédiaire Espace loin des adultes
Quels échanges ont les enfants ? Entre eux Avec les adultes
Effet des barrières visuelles sur l’occupation de l’espace de jeu
■ Les déplacements sont plus nombreux
■ L’espace proche des adultes est utilisé de la même façon, avec ou sans barrières visuelles
■ L’espace d’où on ne voit pas les adultes est moins utilisé
■ L’espace intermédiaire à 2 ou 3 mètres des adultes, est plus utilisé
Effet des barrières visuelles sur les relations entre enfants et avec les adultes
■ Les activités de repli augmentent
■ Le jeu individuel augmente
■ L’observation des autres augmente
■ Le temps de conflit augmente
■ Le temps d’interaction amicale diminue
■ Les adultes sont plus sollicités
Effet systémique des barrières visuelles sur le comportement spontané des enfants
■ Une partie seulement de l’espace de jeu est bien utilisée
■ De ce fait, la densité des enfants augmente dans les espaces proches des adultes et intermédiaires (zones parfois sans jouets),
■ Plus d’enfants et moins de ressources en matériels
dans ces espaces = plus de risques de conflits et plus de demandes vers les adultes
Effet des barrières visuelles sur le comportement spontané des enfants
■ Les jeux des enfants sont modifiés
■ Les interactions entre enfants sont modifiées, les interactions avec les adultes aussi
■ Les effets négatifs des barrières visuelles affectent surtout les enfants les plus jeunes ou relationnellement plus fragiles, qui ne profitent pas de tout l’espace.
■ Ils sont atténués pour les enfants qui ont une bonne compétence sociale et des liens amicaux avec d’autres enfants, et qui jouent partout
3.Le positionnement des adultes
C’est le second paramètre, en interaction avec la hauteur des
meubles, qui détermine la visibilité des
adultes pour les enfants
Le positionnement des adultes La place des adultes (et leur
visibilité pour les enfants) est un régulateur puissant de la répartition des enfants dans l’espace et des interactions entre eux
Les adultes sont des « phares » Les enfants jouent dans les espaces « éclairés » par le regard des adultes
Intérêt de la visibilité des adultesRéponse aux besoins des jeunes enfants :
la sécurité affective avant 3 ans, et encore après…
■ Réponse au besoin fondamental d’attachement à une « base de sécurité » : rester en lien, au moins par la vue
■ L’exploration tranquille de tout l’espace est possible (surtout pour les plus fragiles) si la base de sécurité est visible et accessible
■ L’exploration est freinée si le lien de sécurité est rompu : jeux stoppés, déplacements, pleurs, recherche de l’adulte
Réflexions pour les professionnels■ Quand un coin de jeu, en principe intéressant,
n’est pas attractif, il faut s’y positionner à hauteur d’enfant et examiner la visibilité qu’il offre sur la pièce et la place habituelle des adultes
■ Il suffit parfois - de changer l’orientation d’un meuble (qui cache la vue de la pièce ou qui, collé au mur, oblige les
enfants à jouer dos à la pièce), - ou de délimiter le coin par des meubles plus bas
pour que la fréquentation augmente
Réflexions, suite…..
■ Si l’espace présente un obstacle fixe (poteau, cloison, angles..) il faut compenser par la position adéquate des adultes
■ Les adultes doivent se répartir pour éclairer les différents espaces.
■ Si un adulte est seul avec un groupe, il doit adopter une position plus centrale
Différents types de phares !
■ le phare éteint, le phare allumé, le phare clignotant, le phare éblouissant…
■ Être un adulte visible ne veut pas forcément dire jouer avec les enfants. Être un «phare» tranquille et bienveillant est en soi un acte professionnel majeur, qui permet aux enfants de jouer en sécurité de façon autonome…
4.Effets des différentes propositions de jouets
La quantité d’équipements
et de jouets
Aménagement enrichi
Aménagement appauvri
La quantité d’équipements et de jouets
■ Trop peu de jouets ou d’équipements : - conflits entre enfants - demandes ++ vers l’adulte ■ Beaucoup de jouets et d’équipements : - Le groupe se scinde en sous-groupes - Les enfants se répartissent mieux - Moins de contacts physiques, moins de conflits
Combien faut-il de jouets ? Y en a- t’il trop ou pas assez ?
La question de la « quantité » de jouets est complexe, la réponse ne dépend pas
seulement du nombre de jouets en fonction du nombre d’enfants
■ Mais aussi de leur complémentarité ■ Mais aussi du type de jouets
Des matériels de jeu variés et complémentaires
■ Jouets qui permettent une variété d’actions (jouets trop simples ou trop compliqués souvent abandonnés)
■ Proposition de 2 ou 3 types de jouets, combinables Camions + animaux, ou cubes, ou lego… Poupées + serviettes + gants + flacons… Voitures + garage, ou support, etc.
■ Jeux « bons à tout faire » : contenants en tout genre (boîtes, cuvettes, cartons, sacs… ), tubes en carton, flacons en plastique, balles, tissus, cartes postales, etc…
Un enfant "chercheur" qui veut COMPRENDRE le monde
■ Les enfants sont des « chercheurs » qui découvrent les propriétés des objets, les rapports de leur corps à l’espace… il faut qu’ils s’exercent, qu’ils répètent leurs expériences.
■ Il faut aussi comprendre les adultes…et les autres enfants !
Un bébé "statisticien" Théorie Bayésienne
le bébé serait capable, dès la naissance ▪ De se représenter des distributions de probabilités,
de les mettre à jour. ▪ De se représenter mentalement des hypothèses
vraisemblables ▪ De les utiliser pour faire des prédictions et comparer
avec les données reçues. Trouver les causes. ➢ Une erreur de prédiction donnera un signal de
surprise.
Le rôle fondamental des jouets en plusieurs exemplaires identiques
entre 15 et 36 mois
Le développement des premières interactions entre enfants
■ Avant 1 an, il y a de l’intérêt, des prises de contact, mais très peu d’interactions entre enfants (ou très courtes), l’adulte est le pôle central d’intérêt et d’échanges
■ Il n’y a pas non plus de conflits lorsque les enfants se prennent les jouets, Pourquoi ?
■ Parce que la conscience de soi est encore peu développée. Un jouet en vaut un autre.. le lien action- objet n’est pas encore clair
Dans la 2° année tout change...■ Les enfants sont mobiles, curieux, ils explorent tout l’environnement, touchent tout, essaient tous les mouvements
■ Tous les objets touchés par les autres sont plus intéressants que les mêmes à terre
■ La conscience de soi et la conscience de l’autre augmentent mais ne sont pas encore bien différenciées
Les interactions entre enfants apparaissent sous deux formes:
■ Les conflits: prendre l’objet de l’autre, prendre la place de l’autre…
■ L’imitation immédiate: aimer faire la même chose que l’autre avec le même objet.
Deux façons d’exprimer le même besoin : l’identification à l’autre
les conflits❑ Les conflits autour des objets ne sont pas de
l’agressivité, mais de l’identification, l’envie d’être l’autre, de faire comme lui avec le même objet
❑ La conscience de soi augmente : l’enfant veut
garder son objet quand on lui prend, il a conscience de son action et y tient : il crie, il tape, il proteste, c’est un progrès !
❑ La conscience de l’autre augmente puisqu’il résiste et se défend, il va falloir en tenir compte !
L’imitation immédiate et réciproque
❑ C’est le premier mode d’échange entre enfants avant le développement du langage : prendre le même objet et faire la même chose qu’un autre, en même temps. C’est un langage non verbal :
« Ce que tu fais me plait ! On joue ensemble ! » ❑ L’identification à l’autre par l’imitation crée une
émotion positive, un plaisir partagé, l’empathie (« neurones miroir »)
❑ La conscience de soi et la conscience de l’autre peuvent exister sans s’opposer (les enfants s’observent, s’attendent, se synchronisent...)
Dans la 3° année, la différenciation moi- autre apparaît avec le langage
■ L’imitation peut devenir alternée : « à toi, à moi »
■ Les enfants peuvent jouer ensemble avec des rôles différents jeux de faire semblant et de scénarios : "tu viens acheter, je suis la marchande ", "tu m’apportes les rails du train, je le construis"
■ Il faut être convainquant et savoir faire des compromis
Rôle des jouets identiques ou différentsRecherches de J. Nadel
On propose à deux enfants de 2-3 ans de jouer ensemble 2 fois, pendant 20 minutes
- Avec 10 jouets, tous en deux exemplaires : 2 chapeaux, 2 poupées, 2 serviettes, 2 chaises,
2 mobiles, 2 serviettes, 2 parapluies, 2 ballons, 2 cuvettes, etc.
- Avec 20 jouets différents : 1 poupée et 1 ours, 1 cuvette et 1 panier, 1 parapluie et 1 canne, 2 ballons différents, 1 chapeau et 1 casquette, etc.
Résultats Objets Uniques
(20 objets différents)Objets en doubles exemplaires (10 objets X 2 exemplaires)
Plus d’intérêt pour les objets Plus de jeu seul
Plus d’intérêt pour le partenaire
Observe le partenaire : 28% Observe le partenaire : 12%
Jeux d’imitation : 13% Jeux d’imitation : 56%
Echanges non imitatifs : 11%
Rires, chants, cris joyeux = 142 Rires, chants, cris joyeux =330
Protestations, conflits = 52 Protestations, conflits = 4
➢ Les échanges imitatifs sont multipliés par 4 avec des exemplaires de jouets identiques, l’ensemble des échanges amicaux et joyeux x par 2
Intérêt des jouets en plusieurs exemplairesRéponse aux besoins des jeunes enfants :
l’identification aux autres enfants
■ Répondre au besoin impérieux d’identification à l’autre entre 15 et 30 mois
■ Les jouets identiques sont le meilleur support au développement des premières interactions amicales en permettant l’imitation réciproque
■ Ils diminuent les conflits en réduisant les occasions de prendre le jouet de l’autre, ce qui est immanquable lorsqu’il est en un seul exemplaire.
Rôle des différents types de jouets
Sur les interactions entre enfants entre 18 et 36 mois
Recherches d’A. M Fontaine
❑ Les enfants sont observés dans leur groupe de crèche habituel.
❑ Au cours de périodes de 30 minutes de
jeux libres en présence des adultes familiers.
❑ Avec les jouets habituels de la crèche, triés selon 3 types
Un type de jouet différent à chaque observation
- Jeux de manipulation: Puzzles, encastrements, duplos, etc..
- Jeux moteurs Toboggan, vélos, ballons, blocs à grimper..
- Jeux de faire semblant Dînette, poupées, déguisements, téléphones..
A votre avis, quels jeux favorisent le plus les
échanges entre enfants?
L’intérêt pour les autres enfants du groupe dépend du type de jouet
Résultats avec les 3 types de jeux Comportements sociaux présentant
des différences significatives dans les 2 groupes d’âge
Obs. enfantsInter. EnfantsInter. Adultes
L’effet positif des jeux moteurs, déjà sensible entre 18 et 24 mois, est très net entre 30 et 36 mois
Inter.amicaleInter. Conflictuelle
Intérêt des jeux moteurs
Les jeux moteurs ne sont pas seulement de bons supports d’exercice de la
motricité, ils sont aussi de très bons supports pour le développement de la
communication entre enfants
sans entraîner plus de conflits.
Condition : des structures où on tient à plusieurs, et des jouets identiques (vélos de même couleur…)
Réflexions sur les jouets pour les professionnels
■ Ne pas diminuer le nombre de jeux pour réduire le « bazar » chez les moyens. Laisser explorer, puis organiser une activité rangement avec les enfants…
■ Expérimenter des duos ou trios de jouets complémentaires en beaucoup d’exemplaires
■ Commandes de jouets : privilégier les mêmes couleurs, les lots de jouets « à tout faire » (petites bassines).
■ Sélectionner des matériels de récupération identiques (boîtes, petites bouteilles de lait, tubes, sacs, cartons, etc).
■ Même avec peu de place, ne pas privilégier les jeux de manipulation au détriment des jeux moteurs, même à l’intérieur
Equilibre du système Les moments calmes et agréables
Ex. des « ateliers »
Les enfants: Taille du groupe : quelques enfants
Présence des adultes : un adulte très proche
et disponible dans la continuité
Ressources matérielles : matériel identique
pour chacun
Déséquilibre du systèmeLes moments de transition entre deux activités :
avant ou après le repas, le soir à l’arrivée des parents, etc
Les enfants: grand groupe
Présence des adultes : diminution, voire absence d’adultes (très occupés
et en mouvement)
Ressources matérielles : matériel réduit (rangement)
ou « trop vu »
Rééquilibrer le système ?Signaux d’alerte…
■ Quand l’excitation, les pleurs, les conflits augmentent…
■ Quand les adultes répètent inutilement les mêmes interdits…
■ Se « poser », seul ou en équipe pour observer le système et réfléchir autour de trois questions
Questions pour les moments difficiles ?
❑ Où sont les adultes ? Y en a- t’il au moins un pour servir de « phare », visible ? Disponible ?
❑ Combien y- a- t’il d’enfants ? Où sont-ils ? Pourrait-on faire des sous-groupes ?
❑ Les enfants ont-ils une activité intéressante à faire : collective (chanson, histoire, rangement, habillement… ) ou individuelle (matériel disponible) ?
Quand on prévoit qu’un des paramètres du système va être modifié, il faut anticiper et compenser dans les 2 autres…
■ Plus d’enfants (grand groupe après les ateliers): - Matériels de jeu bien répartis, - Eventuellement renouvelé (jouets identiques, combinables…) - « phares disponibles » bien répartis dans la pièce
■ Moins de matériel et moins d’adultes (moments de transition : rangements, attentes, accueil du soir…) :
- Proposer un matériel nouveau et facile à ranger + un « phare » - Ou présence plus active du « phare » avec une activité fédératrice: chanson, lecture, rangement en commun, - Réfléchir à une organisation des enfants en sous-groupes
Quelques résultats des recherches à l’école
P. Vayer, A. Duval, C. Roncin
« Une écologie de l’école La dynamique des structures matérielles »
Puf , l’éducateur, 1991
Quelques résultats des recherches à l’école
■ La hauteur des tables et des chaises
■ L’organisation des tables dans la salle de classe
■ La répartition des différents espaces de la classe
1.La hauteur
des tables et des chaises
Expérience de réajustement des tableset des chaises en classe de CP
- 23 enfants, 5 rangs de tables alignées, mobilier trop haut, pieds des enfants pas au sol
- Les enfants bougent beaucoup sur leur siège, enroulent le dos, se lèvent parfois, ou se tournent
- L’instabilité du comportement et de l’attention est attribuée à l’origine sociale des enfants
Rectification de la taille du mobilier
- Mouvements : baisse de 15% à 4% - Dos enroulé : baisse de 70% à 25% - Posture équilibrée : gain de 9% à 65% - Attitudes de repos : 5% à 6% idem
- Evaluation de la richesse des dessins (critères objectifs, 2 évaluateurs) : gain de 43% à 67% par rapport au premier dessin
Résultats dans le même sens des observations faites à l’école élémentaire
Intérêt d’un mobilier qui permet une posture stable en classe
en fonction du développement des enfants
L’équilibre corporel sous-tend tous les comportements, il est assuré par une fonction du système nerveux : la fonction tonico- posturale
L’équilibre tonico- postural est la condition neurophysiologique de la disponibilité d’un sujet à son environnement
■ ses capacités d’attention ■ ses capacités relationnelles
2.L’organisation des tables et des chaises dans la classe
Comparaison : tables en U face au tableau et tables groupées
■ 16 enfants de 6-7 ans d’une classe de CP faible (selon les tests prédictifs)
■ Décrits comme très agités et instables
■ Apprentissage difficile, enseignant découragé
Changement de disposition des tables
■ Test sociométrique pour savoir quel camarade chaque enfant souhaite avec lui
■ Quatre groupes de tables dans la zone du tableau, plus un espace d’action (jeux)
■ Quand les enfants ont besoin de voir le tableau, ils tournent leur chaise
Changement de comportement des enfants
■ Baisse immédiate et durable de l’agitation
■ Attention pour les activités proposées
■ Communications positives entre enfants
■ A la fin de l’année, 14 enfants sur 16 avaient appris à lire
Comparaison : tables alignées face au tableau et tables groupées
■ 23 enfants de CP, 5 rangs de tables alignées, mobilier rectifié
■ Test sociométrique pour savoir quel camarade chaque enfant souhaite avec lui
■ Tables regroupées : 5 gr de 4 enfants ■ Activité de dessin individuel
Evaluation de la richesse des dessins : Gain de 75 à 85% par rapport au premier
dessin
Les éléments mobiliers concrétisent et sous-tendent les rapports sociaux, entre enfants
et avec l’adulte
Tables en U ou alignées - Empêchent la communication entre enfants, qui
restent seuls face à leur production. - L’adulte est en position hiérarchique (besoin de
règles, de sanctions pour empêcher les échanges entre enfants)
Tables regroupées selon les choix des enfants - Interactions entre enfants, coopération, échanges de
connaissances… - Relation éducative de l’adulte sans rapport de force,
complémentarité
Intérêt des regroupements de table avec choix des partenaires
en fonction du développement des enfants
La communication est un besoin fondamental Le besoin d’un territoire personnel est également
fondamental pour la sécurité affective
Les tables regroupées préservent l’espace personnel de l’enfant, qui peut respecter celui des autres (règle interne au groupe).
Le choix des partenaires renforce les échanges positifs et diminue les conflits
3.La répartition des différents espaces
Les différents espaces de la classe en maternelle
■ Espace d’intimité : objets doux, souples Fonction : affective, relation à soi ■ Espace des groupes : objets de manipulation, de
représentation, Fonction : échanges et activités en petit groupe ■ Espace commun d’action : objets de recherche,
construction, imagination Fonction : expériences, stratégies, jeux symboliques,
avec tous les enfants de la classe ■ Espace extérieur (cour, jardin) : grands objets,
constructions Fonction :aventure avec diversité d’enfants
Evolution de la répartition des espaces avec l’âge
■ L’ espace d’intimité : important en maternelle comme en crèche. En classe élémentaire, garder au moins une table et un siège
■ L’espace commun d’action : important en maternelle comme en crèche : sol agréable (moquette), jeux variés
La surface diminue en classe élémentaire, le contenu aussi (jeux de mathématiques, ordinateur, etc.)
■ L’espace des groupes : il prend de plus en plus de place en classe élémentaire. Chacun a sa place, ses objets, ses partenaires
Avant de tout changer… il faut observer, réfléchir en équipe
Joue où ? Avec quel jouet ? Fait quoi ?
Joue comment ?
Comment un enfant occupe-il l’espace de jeu ? Comment y joue-t-il ?
Comment noter : - Joue où ? : on a fait préalablement le plan de la pièce et on décide d’initiales pour les zones de jeu et de n° pour les espaces libres - Avec quoi ? : on note le nom des jouets utilisés - Joue, comment ? : on met une croix dans la case qui correspond à ce que fait l’enfant
Pour noter moins : anticiper les réponses possibles (et cocher)
Joue où? Quel jouet?
Fait quoi?Joue comment ?
Voir plan de la pièce Abréviations
Abréviations
Joue pas O/R
Joue seul
Ech + Enft
conflit Enft
Ech + Ad
Conflit Ad
D Placard X
Esp 1 Petite voiture X(E)
A1 Poupée X
D pas O
Observer en même temps tous les enfants d’un groupe, dans la même situation, est-ce
possible?
Oui, à partir de questions centrées sur l'enfant, en ajoutant une colonne pour identifier d’avance les enfants présents:
on fera une feuille collective
Comment les enfants occupent- ils la salle de jeu, comment y jouent- ils ?
Prénoms Ages (mois)
Joue où ?
Quel jouet? Fait quoi ?
Joue comment ?
J pas O/R
seul E+ E- A+ A-
Jérémie(17) Di gobelets X(K)
Léa (18) Gar voiture X
Ryan (18) Tob pas O
Lucie (20) Ferme cheval X
Tom (22) Pisc balles X(M)
Kevin (23) Di gobelets X(J)
Marina (24) Pou balles X(T)
…..
Merci pour votre attention !