Post on 05-Nov-2021
Introduction
Ce matin, dans la série des prédications sur les cadeaux… je vous en
propose pas moins que 3 d’un coup !...
Ces 3 cadeaux sont ceux que l’on trouve dans une prière, et pour sûr une
« prière inspirée », car il s’agit d’une prière de Jésus.
Il ne s’agit pas du « Notre père » que rapportent Matthieu et Luc, mais de
la prière que seul Jean rapporte, celle que plusieurs théologiens ont appelé
« la prière sacerdotale ».
Jésus la prononce juste avant d’être arrêté et mis à mort.
Vous vous souvenez que l’évangile de Jean peut être divisé en 3 parties.
Entre le prologue et l’épilogue se succèdent :
1. Le livret des signes, depuis le changement de l’eau en vin à Cana à la
résurrection de Lazare à Béthanie. Il s’agit du ministère public de Jésus.
2. Puis, nous avons le testament de Jésus. C’est un moment intimiste, à
l’écart de la foule, où Jésus explique ouvertement aux Douze qu’il va
mourir, trahi par l’un d’eux. Lui, le maître lave les pieds des Douze, tout
en les encourageant en leur promettant l’Esprit-Saint et en leur disant
déjà : « avoir vaincu le monde ». Ici le monde signifie, les personnes qui
refusent de croire en Lui.
La prière sacerdotale clos ce testament. Dans la tradition sémitique, il est
assez habituel de trouver une prière d’adieux à la fin du récit biographie
d’un patriarche. Souvenons-nous par exemple de la prière de Moïse
(Dt 31-33). Les « discours d’adieux » de Moïse sont couronnés par le
« Cantique de Moïse » (ch 32).
Dans la littérature juive, non biblique, Samuel Bénétreau1 mentionne aussi
4 Esdras 8.19b-36, 2 Baruch 48 et les prières de divers patriarches dans le
Livre des Jubilés. Ces prières sont toutes construites grosso modo selon un
même schéma : rappels du passé (avec souvent une apologie du rôle du
grand personnage), l’exhortation adressée à des compagnons,
éventuellement des paroles témoignant de la piété du « héros ».
3. Le livret de la gloire ou du récit de la mort et de la résurrection de
Jésus, est le point culminent de cet évangile et de l’œuvre de Jésus.
Pourquoi ce titre de « prière sacerdotale » 2 ?
1 BENETRAU Samuel, Les prières de Jésus, l’unique et l’imitable, Meulan/Cléon d’Andran, Edifac/Excelsis, 2000, p 176, note n° 1. 2 Ce titre pour ce texte qui se trouve au ch. 17 de l’évangile de Jean aurait été « inventé » par
David Chyträus (Kochhafe2) (1530-1600), luthérien de la première heure, disciple de Mélancthon. Mais avant lui, au IVe siècle, Cyrille d’Alexandrie avait déjà souligné le caractère sacerdotal de la démarche de Jésus.
L’expression se rapporte à la fonction de Grand-Prêtre dans l’AT. Le
souverain Sacrificateur était le médiateur entre l’homme et Dieu. Le livre
du Lévitique nous dit que sous l’Ancienne Alliance, le Grand Prêtre offrait
des sacrifices à Dieu : pour lui-même, pour sa propre famille et pour le
peuple (Lv 16 :11-17).
Depuis que le Temple de Jérusalem a été détruit dans les années 70 de
notre ère, il n’est plus possible d’offrir des sacrifices. Aujourd’hui, les
fidèles Juifs, qui se rendent devant le mur des lamentations n’offrent plus
de sacrifices, mais ils prient.
Dans la prière sacerdotale, Jésus se présente comme le médiateur par
excellence entre l’homme et Dieu (1 Tim 2.5, Hb 8.6, 9,15, 12.24), qui
avant de s’offrir volontairement en sacrifice pour le péché des hommes
(Hb 10), prie successivement : pour lui-même (1-5), pour les apôtres (6-
19) et pour les croyants à venir (20-26).
Je vous invite à méditer chacune de ses 3 parties de la prière, pour y
découvrir les 3 « cadeaux » qui s’y trouvent. Nous pourrons prolonger la
méditation chez nous, en cette période de l’Avent, car pour que tout cela
se réalise, encore fallut-il que Jésus vienne vivre sur notre terre.
Nous commenterons chaque partie successivement en en faisant
préalablement la lecture. Nous ne lirons donc pas tout le texte d’une traite,
mais une partie après l’autre.
Commençons par cette première partie où Jésus prie pour lui-même.
À l’écran je mets certains mots en couleur pour nous aider à analyser ce
texte. C’est là quelque chose d’assez pratique pour faire ressortir les mots
ou idées clefs d’un texte. C’est peut-être ce que vous faites vous-même en
étudiant la Bible ou que vous pourrez faire.
Le mot « gloire » apparaît 5x dans cette première partie. Le mot revient
dans le deuxième et le troisième volet de la prière, et sert de fil rouge à ce
chapitre, passant ici de la gloire du Père à celle du Fils soulignant leur
unité, et leur distinction.
Dans l’AT, la Gloire c’est ce qui désigne la splendeur de Dieu, dans la
manifestation de son être. Les théophanies ont rendu la gloire de Dieu
visible. Dans le NT, Jésus est venu révéler la gloire du Père, en rendant sa
gloire visible (Jn 1.14). Qui a vu le Fils a vu le Père (12.45 ; 14.9). Pour
cela, il s’est dépouillé de cette gloire en venant sur terre (Phil.2.7) gloire
que le Père lui avait donnée par amour pour le Fils, avant la création du
monde.
L’évangile de Jean montre que les « signes » de Jésus ont déjà manifesté
quelque chose de sa gloire. À Cana, Jésus a manifesté sa gloire aux
Disciples, qui crurent en lui (2.11). À la résurrection de Lazare Jésus dit à
Marthe « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (11.40). Les signes
devaient permettre aux Juifs de reconnaître le Messie (Es.35.5, 29.18 //
Mt 11.5, Lc 7.22) et de croire que Jésus était bien cet envoyé de Dieu.
Mais la glorification pleine et entière, c’est à la fois la mort, résurrection et
ascension de Jésus.
Au ch12, Jésus répondait à Philippe et André : « L’heure est venue où le
Fils de l’homme va entrer dans sa gloire. Vraiment je vous l’assure, si le
grain de blé qu’on a jeté en terre ne meurt pas, il reste un unique grain. Si
le grain meurt, il porte du fruit en abondance » (12.23-24). Et troublé,
Jésus disait à son Père : « Père sauve-moi de cette heure. Mais c’est
précisément pour l’affronter que je suis venu jusqu’à cette heure ! Père
manifeste ta gloire (12.27).
En priant « glorifie ton Fils », Jésus demande à son Père d’accomplir ce
plan de salut qui passe nécessairement par son sacrifice, et montre qu’il
s’agit d’un don volontaire de sa part.
La mission de Jésus c’est justement de donner la vie éternelle, qu’il définit
ainsi : « la vie éternelle consiste à te connaître, toi le Dieu unique et
véritable, et celui que tu as envoyé : Jésus-Christ ». C’est là aussi le fil
conducteur de cet évangile : « ces choses ont été écrites pour que vous
croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous
possédiez la vie en son nom » (20.31).
L’accomplissement du SALUT, voilà le premier cadeau que contient
cette prière de Jésus. Il l’offre gratuitement à qui croit en lui.
Jésus prie ensuite pour les Douze, ses disciples, ou les Apôtres avec qui il
vient de s’entretenir.
C’est la partie de la prière la plus longue.
Jésus insiste ici sur l’identité spécifique des personnes pour lesquelles il
prie. Il ne prie par pour tous les croyants (pas pour le reste des hommes),
mais pour ses Apôtres, ceux que Dieu lui a donnés comme disciples, et à
qui il a transmis pendant 3 ans l’enseignement que le Père lui avait confié.
Dans cette deuxième partie de la prière, c’est le mot « Parole » ou
message, comme vérité transmise et reçue par les Apôtres qui est le plus
fréquent. Les Apôtres ont reçu cet enseignement et cru que Jésus était le
Christ. La gloire de Jésus « rayonne » en eux.
La mission particulière des Apôtres, que Dieu a consacré ou sanctifié selon
les traductions signifie ici le fait d’avoir été mis à part, c’est de transmettre
l’enseignement de Jésus qui lui, n’a laissé lui aucun écrit ! C’est à eux que
revient d’écrire le Nouveau Testament, qui aujourd’hui encore permet à
des personnes du monde entier de connaître le message de l’Évangile et de
croire que Jésus est le Christ, Celui que Dieu a envoyé pour sauver
l’homme pécheur.
Jésus prie le Père de garder les Apôtres « par le pouvoir de son nom »,
c’est-à-dire de sa personne, il n’y a rien de magique dans un nom !... Jésus
prie le Père de les garder pour qu’il soit UN, comme le Père et le Fils sont
UN, sans confusion. Il s’agit d’une unité, donnée et préservée par Dieu lui-
même, pour garantir la fidélité de l’enseignement consigné par écrit. En
lisant la Bible on constate cette profonde unité de message dans tous les
livres qui la composent, chaque auteur conservant son style et sa langue.
Ils sont « un » à la façon dont les sarments produisent un même fruit, car
attachés au même cep (Jn 15).
Jésus prie aussi son Père de les garder du mal qui pourrait les empêcher de
mener cette mission à bien, sans les retirer de la vie terrestre avec ses
difficultés, et souhaite qu’ils partagent la joie parfaite qui est en lui.
Parler de joie à ce moment dramatique du ministère de Jésus peut
surprendre, et pourtant, c’est ce que souhaite Jésus pour eux : qu’ils aient
sa joie en partage pour accomplir leur mission voulue et préservée par le
Père lui-même.
La rédaction du N.T., voilà le 2e cadeau que contient cette prière de Jésus.
L’enseignement ne s’est pas perdu au fil du temps. Aujourd’hui,
l’Évangile n’est pas le fruit de notre imagination. Les Apôtres, (excepté
Judas), ont fidèlement accompli cette mission de transmission.
L’action « Merci pour la Bible » du CNEF3 cette année des 500 ans de la
Réforme, rappelle ce retour à la Bible seule et la Bible tout entière, des
Réformateurs ! L’expo-Bible qui s’est tenue ici à l’Église s’inscrit dans le
fil de ce projet. Voilà, ce sont autant de moyens de saisir ce cadeau, pour
lire et méditer ce livre au message toujours vivant, afin de mieux connaître
Dieu et comprendre Pourquoi, et pour Qui nous vivons !
3 Merci pour la Bible : http://lecnef.org/component/content/article/87-actualites-du-cnef/1134-2017-merci-pour-la-bible
Puis Jésus prie pour tous les chrétiens qui croiront en lui à la suite du
témoignage des Apôtres, en lisant le NT. Jésus avant de mourir sur la croix
a prié pour nous qui croyons en lui aujourd’hui !
Qu’a-t-il prié ?
Le mot qui revient ici le plus fréquemment c’est le petit mot « UN ».
C’est la 4e demande que tous soient un ! (17.20-25)
C’est selon certains, la seule prière de Jésus que le Père n’aurait pas
exhaussé car les chrétiens sont loin d’être unanimes, preuve en est déjà les
différentes dénominations qui existent !
Mais Jésus dit que le Père exhausse toujours le Fils (Jn 11.42)!… alors
quel est le juste sens à donner à cette unité ?
Dans cette prière l’unité ce n’est pas une affaire de bons sentiments,
d’efforts pour parvenir à un consensus, ou de recherche d’uniformité
d’être et de penser, ou tout « baigne » dans une forme d’harmonie béate…
c’est une question de filiation, d’adoption (Ga 4), un engagement pris par
Dieu par Amour pour nous, à l’image de l’union entre le Père et le Fils.
Nous sommes UN, parce qu’en Jésus glorifié, Dieu nous a Adoptés. Il a
fait de nous des membres d’un même peuple, d’une même famille, que
l’on soit d’origine juive ou non.
Cette unité filiale reçue de Dieu ne produit pas une union fusionnelle et
émotionnelle des croyants. Cette unité fonde la mission du croyant
d’aujourd’hui encore : que le monde croit au témoignage des Apôtres, qui
enseignent que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophètes et
que le Père a envoyé pour donner la vie éternelle à quiconque croit.
Le vœu qui suit : Je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient
aussi avec moi (17.24-26), est l’assurance que rien ni personne ne peut
nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
L’Adoption, voilà le 3e cadeau que contient cette prière de Jésus. Elle a
pour conséquences le témoignage auprès du monde qui s’étonne de voir
des personnes d’origine, de langue, de condition sociale différentes, unies
pour étudier la Bible, prier, chanter et manifester sa solidarité envers
d’autres chrétiens (dans l’Église, pour la mission intérieur et extérieure)
mais aussi envers le monde qui avec lequel nous avons la condition
humaine en partage, un bureau, un immeuble, l’école des enfants etc.
Conclusion :
Alors qu’il est sur le point d’être arrêté, Jésus prie son Père pour que le
Père donne ces 3 cadeaux :
1.Le plein Salut,
2. la Bible toute entière
3. et l’Adoption des croyants de toutes les ethnies et de tous les temps.
Et si ces « cadeaux » sont sûrs, c’est par ce qu’ils ne dépendent pas de
notre bonne volonté, de nos propres œuvres mais parce qu’ils sont fondés
dans la relation de réciprocité solide (9x la conjonction de subordination
« comme ») qui unie le Dieu le Père à Jésus-Christ.
C’est par l’œuvre et la médiation parfaite du Christ, que l’unité des
Apôtres est scellée pour une transmission fidèle du N.T., comme celle qui
procède de l’Adoption de quiconque croient au témoignage des Apôtres.
Comme le Père envoie le Fils, le Fils envoie les Apôtres dont le
témoignage se propage et touche à salut des hommes et des femmes depuis
le début de notre ère, jusqu’à nous parler à nous, aujourd’hui.
Certes, comme l’a écrit plus tard l’apôtre Paul, après la mort, la
résurrection, l’ascension de Jésus et la Pentecôte : Lorsque Jésus
reviendra, nous le verrons comme il nous a connu. Pour l’heure, « Nous
contemplons encore la gloire du Seigneur comme dans un miroir » mais
déjà « nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire ».
Et il précise : cette transformation, c’est l’œuvre du Seigneur, c’est à dire
de l’Esprit (2 Co 3.18).
Prière :
Seigneur notre Dieu Notre Père, en ce temps de l’Avent où l’on pense à ta
venue dans ce monde, nous voulons ensemble te remercier pour ces 3
cadeaux conditionnés par cette venue : le Salut, la Bible, et l’Adoption.
Merci d’avoir prié le Père pour chaque membre de ton peuple, alors que
ton heure était venue, celle de mourir en sacrifice à notre place, à cause de
notre péché.
Merci Seigneur de ce que tu continus à te faire connaître, pour que l’amour
filial dont le Père t’a aimé soit aussi en nous, par l’Esprit Saint que tu
verse en nous (Ro.5.5).