Post on 16-Sep-2018
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LA MONDIALISATION EN FONCTIONNEMENT
I. La mondialisation, acteurs, flux et débats
A. Les processus de la mondialisation
1. Une spécialisation progressive des territoires
3 étapes :
Au XXè siècle, mise en place de la division internationale du travail (DIT) traditionnelle mise
en place par la colonisation
= pays développés : fabrication des biens manufacturés et des services
= pays pauvres, souvent les pays du Sud : fourniture des produits bruts (produits agricoles,
matières premières)
Ensuite, mise en place d’une Nouvelle division internationale du travail (NDIT)
Les pays se spécialisent :
- les Nouveaux pays industrialisés (NPI) asiatiques produisent aujourd'hui des
produits manufacturés, y compris des produits haut de gamme.
- Les pays développés fabriquent surtout les produits technologiques et les services
dont la production nécessite de hautes qualifications.
- Les pays les plus pauvres restent cantonnés dans les produits primaires à faible
valeur ajoutée.
A cela s’ajoute la Décomposition Internationale des Processus Productifs = avec la
révolution des transports (transport par conteneur), il est possible de décomposer la
fabrication des produits. « Plus le produit est complexe et plus il comporte de composants
et de sous-ensembles qui peuvent être fabriqués de façon autonome les uns des autres.
Une voiture, par exemple, comporte plus de 5000 pièces. Ces composants sont
progressivement réunis en sous-ensembles qui sont associés lors de l'assemblage final.
Cette décomposition du produit autorise alors la fabrication des diverses pièces dans des
pays différents en fonction de leurs avantages comparatifs. »1. La direction, la conception
restent dans les pays développés.
2. Une libéralisation progressive du commerce international
Libéralisation du commerce
o 1947 : Création du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) =
les pays qui signent cet accord acceptent d’abaisser les taxes douanières aux
frontières. On pense que le libre-échange va assurer le développement économique
et la pacification du monde.
o 1994 : Le GATT se transforme en OMC (organisation mondiale du commerce)
renforce cette tendance
Ex : 1945, taxes aux frontières de 40%
Aujourd’hui, taxes inférieures à 5%
Grands changement technologiques : les conditions de transport des marchandises ont été
considérablement améliorées depuis la Seconde Guerre Mondiale
o Augmentation de la taille des navires
o Navires plus rapides
Spécialisation selon les types de marchandises à transporter = apparition du porte-
conteneur Les conteneurs sont des boîtes de dimension standardisée. Les
marchandises, des produits manufacturés, y sont rangées directement en usine et
1 Wikipedia, article Division Internationale du Travail
On peut donner l’exemple
des IPhone d’Apple dont les
composants sont fabriqués
sur divers continents et
assemblés en Chine.
Doc 1 p 248
Une image : doc 1 p 261
Et une vidéo sur le port de
Yangshan
https://www.youtube.com/wat
ch?v=30VUYh5VHpc
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vidées à l’arrivée. Les transporteurs ne touchent pas la marchandise, ils ne font que
manipuler la boîte, d’où un gain de temps considérable. En plus ces conteneurs sont
multimodaux (passent du bateau au camion ou au train)
o Plate-forme multimodales
permet le transbordement
entre différents moyens de
transport (=hubs)
Révolution des télécommunications
A partir des années 1990,
généralisation d’internet = permet
de relier les régions les plus
éloignées du globe
=> Diffusion quasi-instantanée de
l’information et des capitaux
3. La financiarisation de l’économie mondiale
Libre circulation renforcée des capitaux (les Etats n’interviennent plus dans le marché depuis les
années 1980)
=> la part des activités financières (banque, assurance, placements) augmente sans cesse dans le PIB
des Etats.
Le marché financier est devenu réellement planétaire. Le système informatique relie les places
financières 24h/24h.
= ces flux de capitaux se distinguent de plus en plus de l’économie réelle (spéculation)
B. Les acteurs multiples de la mondialisation
1. Les firmes transnationales, moteurs de la mondialisation
Vous pouvez faire un tour
pour voir la plate-forme
multimodale de Mâcon sur
le site
http://www.aproport.com/
Carte 2 p 255
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Les FTN sont aujourd’hui au nombre de 85 000. Elles représentent aujourd’hui le quart du
PIB mondial et les 2/3 des échanges mondiaux. Elles sont plus riches que la majorité des Etats
(Afrique, Asie occidentale, Amérique du Sud).
Ex : la puissance économique de Wal-Mart, spécialisée dans la grande distribution, première
FTN du monde est comparable au PIB de la Norvège (25è puissance mondiale)
La majorité d’entre elles appartiennent aux pôles de la Triade. Néanmoins, la progression des FTN
des pays émergents (Chine, Inde, Brésil) est rapide.
Leurs stratégies :
o Implantation mondiale
o Mise en concurrence des différents territoires (ils font travailler ceux qui ont la
main d’œuvre la plus efficace pour le moins cher) => Nouvelle division
internationale du travail (voir I A 1)
o Les fonctions de commandements (siège social, recherche, innovation), restent
situées dans leur pays d’origine
2. Les Etats, des acteurs qui encouragent ou régulent le processus
Les Etats peuvent favoriser la mondialisation :
o En créant des Zones économiques Spéciales (ZES) comme en Chine avec une
fiscalité avantageuse, droits de douane abaissés...
o En aménageant le territoire (infrastructures portuaires par exemple)
Les Etats peuvent aussi tenter de réguler le processus
o Par des politiques protectionnistes pour éviter les délocalisations, surtout en temps
de crise
o Au sein d’organisations informelles (G8 ou G20) pour par exemple lutter contre les
paradis fiscaux
o En s’associant en organisations régionales qui organisent la libre circulation des
marchandises = Union Européenne, ALENA en Amérique du Nord, ou MERCOSUR
en Amérique du Sud
Voir la carte ci-dessus
Classement des plus grandes
FTN :
http://fortune.com/global500/
N’oubliez pas de retenir quelques
exemples pour illustrer vos
compositions !
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3. Les instances internationales
FMI, OMC, banque mondiale2 interviennent pour assurer, chacun dans leur domaine, la
régulation de la mondialisation
ONU intervient pour limiter les inégalités socio-spatiales à travers ses différentes agences
(FAO pour l’agriculture, OMS pour la santé, UNICEF pour l’enfance...)
C. Mobilités, flux et réseaux L’essor des flux, la mobilité croissante des hommes sont à la fois le reflet et la conséquence du
fonctionnement de la mondialisation : ils s’appuient sur une série de progrès techniques et
constituent des réseaux physiques (autoroutes, grandes routes maritimes) ou numériques (toile et
système d’informations).
1. L’intensification des échanges de marchandises
Le phénomène de mondialisation se traduit par une explosion des échanges. Le commerce
mondial augmente deux fois plus vite que la production. Cela s’explique par la libéralisation
des échanges, par la révolution des transports (porte-conteneur). Dans une composition sur
les flux de la mondialisation, cela serait à développer (ici, je l’ai déjà fait dans le I. A.2) =
conteneurisation, gigantisme des navires, spécialisation => réduction des coûts
= échanges maritimes = 70 % des produits échangés)
Les échanges de produits manufacturés sont ceux qui ont progressé le plus rapidement
depuis 1950, atteignant un indice 5 000 en 2009, en raison d’une croissance annuelle
moyenne de 7 %. Le volume d’échanges de biens manufacturés a donc été multiplié par 50
depuis cette date. Ainsi, en 2009, les produits manufacturés représentent près des trois
quarts des échanges mondiaux.
Les échanges de produits combustibles et de produits agricoles ont également progressé
depuis 1950 et ont été presque décuplé. Cependant, la crise économique de 1973 a ralenti
ces échanges, à la différence des échanges de biens manufacturés.
Les flux sont concentrés autour des trois pôles majeurs de la mondialisation (75% des flux)
= Amérique du Nord, Union Européenne, Asie Orientale. Le commerce intra-zone explose,
porté par les regroupements régionaux (ALENA, UE, ASEAN)
2. L’explosion des flux immatériels
Les flux de services (informatiques, financiers, assurances, communications, tourisme...) comptent
en valeur pour 20% du commerce mondial.
Les flux de capitaux sont en progression, notamment les flux d’IDE (investissements directs
étrangers)*. Ils circulent encore plus facilement que les marchandises. Plus de la moitié de
ces flux est encore à destination des pays riches. Un rééquilibrage est en cours au profit des
pays émergents (même si sa part reste modeste, l’Afrique commence à intéresser les
investisseurs étrangers).
2 Banque mondiale =Créée le 27 décembre 1945 sous le nom de Banque internationale pour la
reconstruction et le développement (BIRD) après signature de l'accord de Bretton Woods (juillet 1944), son siège est à Washington. Elle fait partie des institutions spécialisées du système de l'Organisation des Nations unies (ONU). Son action est aujourd'hui principalement orientée vers les pays en développement (PED), et en particulier les pays les moins avancés (PMA). Elle accorde des prêts à ses pays membres en difficulté. En contrepartie, elle réclame que certaines dispositions politiques soient prises. http://e.michelangeli.free.fr/images/stories/cours/ts-q1e1.pdf
Attention, ne pas
confondre les termes !
Les mobilités = les
déplacements des personnes
Les flux = la circulation des
personnes, biens matériels et
immatériels
Les réseaux = les liaisons grâce
auxquelles circulent les flux
Voir le doc p 258 : Repères, les
exportations mondiales de
marchandises
Voir graphique 1 p 259
Voir la carte déjà étudiée doc 4 p
231
IDE (investissements directs
étrangers) : Sommes d’argent
investies par des entreprises
étrangères sur un territoire.
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Un effet de la circulation des capitaux (sous forme d’actions notamment) = Les intenses flux
de capitaux dessinent un anneau financier mondial entre les grandes places boursières
mondiales.
Notez l’existence de paradis fiscaux = cela montre que certaines frontières existent encore
dans la mondialisation !
Dans ces flux financiers, il faut ajouter l’argent que les émigrés renvoient à leur pays
d’origine (= les remises)
Les flux de service marchands représentent 1/5 de la valeur du commerce international.
Ex : tourisme, transports, télécommunications, médias
La circulation des informations a bénéficié des progrès de l’informatique et de l’internet =
aujourd’hui les événements peuvent avoir un impact mondial
Ex : « printemps arabe » en 211 : les nouvelles technologies de l’information et de
la communication (NTIC) ont été à la fois un outil de la révolution (manifestations
organisées à partir des réseaux sociaux) et un vecteur de sa diffusion.
Des territoires apparaissent en marge de cette mondialisation culturelle :
o Par volonté politique = censure en Corée du Nord ou en Chine
o Par fragilité sociale ou économique = le séisme en Haïti de janvier 2010
n’a pas bénéficié de la même couverture médiatique que celui du Japon.
3. L’accélération des mobilités internationales
La mobilité des hommes connaît une forme accélération : elle a triplé en 30 ans
Voir doc 2 p 255
Doc 2 p 259
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1975 : 77 millions de personnes résident en dehors de leur pays de naissance,
2011 : 230 millions
Traditionnelles migrations Sud/Nord (2/3 des migrations), mais aussi Sud/Sud et Nord/Nord
Les causes des migrations sont nombreuses :
o Conflits (Syrie ou Corne de l’Afrique) = Réfugiés politiques selon la convention de
Genève de 1951
o Misère (Afrique subsaharienne)
o Recherche de meilleures conditions de travail (élites = « fuite des cerveaux »)
o Crise économique et chômage...
Cependant, l’ouverture des frontières demeure un sujet de débat = contrôle des frontières
de l’espace Schengen, mur entre le Mexique et les Etats-Unis...
Conclusion : Le développement des échanges est la principale dynamique de la
mondialisation. Leur niveau très élevé est révélateur de l’interdépendance planétaire des
économies.
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D. les débats de la mondialisation
1. Les effets indésirables de la mondialisation
La mondialisation soulève des questionnements économiques et sociaux.
- Tout en ayant contribué à faire reculer la pauvreté, elle aurait également
tendance à creuser les inégalités à l’échelle mondiale comme à l’échelle nationale par
l’exclusion de certains territoires.
- Contestation aussi des délocalisations qui provoquent chômage dans les pays
développés et exploitation des travailleurs dans les pays en développement.
Accroissement des flux et poursuite de la croissance économique entraîne une
surexploitation des ressources et une pollution = mis en cause du développement durable.
Ex : Les transports consomment toujours plus d’énergie ; les économies de
carburant réalisées grâce au progrès technique sont effacées par la hausse des kilomètres
parcourus et la croissance du parc automobile mondial (environ 1 milliards de véhicules
particuliers, une croissance de 30 à 40 millions de véhicules par an). A l’heure actuelle les
réserves prouvées de pétrole sont de 44 ans et celles de charbon de 183 ans.
On pourrait citer d’autres ex : agriculture productiviste, OGM...
Diversité culturelle mise en danger par une uniformisation qui se limite assez largement à
une occidentalisation du monde, voire à son américanisation.
1967 : le sociologue Mac Luhan emploie l’expression de « village global ». Aujourd’hui la
culture est de plus en plus perçue à la fois une source de profit et d’influence. C’est une
compétition pour le soft power (pouvoir de séduction, de conviction) entre des pays
dominants, peu nombreux, et des pays émergents pour s’assurer une influence culturelle
dans de nombreux pays dominés qui en produisent peu.
=> Les USA réalisent 50% des exportations mondiales de contenus culturels.
L’américanisation suscite des refus et des résistances : critiques d’intellectuels européens,
protectionnisme de dirigeants politiques, rejet des fondamentalistes religieux...
2. Les acteurs et les débats
L’altermondialisme*, né lors d’un sommet de l’OMC à Seatlle en 1999.
= constitué de nombreuses ONG (organisations non gouvernementales) comme Attac ou
Greenpeace.
=> but : faire pression sur les organisations
internationales et sur les Etats afin de faire naître
des réformes qui modifieraient en profondeur le
processus de mondialisation (taxation des flux
financiers (taxe Tobin :voir affiche ci-contre),
interdiction des paradis fiscaux, régulation des
marchés des matières premières pour éviter
l’asphyxie des pays du Sud). Les altermondialistes
refusent la mondialisation libérale. Ils dénoncent la
domination des pays riches et de leurs FTN sur le
monde et notamment sur les pays pauvres. Ils
réclament une meilleure répartition des richesses ;
ils refusent aussi la marchandisation du monde : ils
veulent défendre les services publics et permettre à
tous d’accéder aux biens communs (l’eau, la
nourriture, la santé. . .).
Certains prônent la démondialisation*= le retour
au national pour contester le mode de croissance que porte la mondialisation.
Altermondialisme : Courant
de pensée qui recherche des
alternatives à la
mondialisation libérale
surtout fondées sur la
réduction des inégalités et la
protection de
l’environnement.
Doc 2 p 257
Démondialisation : Processus
visant à éliminer le libre –
échange, à travers la
relocalisation de la
production et des emplois et
le retour à un
protectionnisme ciblé via les
droits de douanes.
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Le mouvement des Indignés
= né à Madrid au printemps 2011, le mouvement s’insurge contre le mesures d’austérité
prises par les gouvernements endettés soumis aux injonctions des agences de natations et
plus généralement des financiers.
3. Les formes de la contestation
Contestation passe par le rassemblement de mécontents à l’occasion des forums sociaux
mondiaux : rassemblement chaque année à l’initiative de l’ONG française ATTAC
Grandes manifestations des Indignés de Madrid, New York, Londres ou Athènes grâce à la
mobilisation des réseaux sociaux qui permettent une mobilisation rapide et l’occupation
d’espaces publics symboliques comme la Puerta Del Sol à Madrid, ou Wall Street à New
York.
La mobilisation de l’opinion publique par des actions médiatiques (Greenpeace contre le
nucléaire, José Bové contre les OGM etc...). Propositions économiques alternatives comme
le commerce équitable sur le marché agroalimentaire, mouvement des « locavores », des
AMAP, de la consommation collaborative (autopartage...).
CONCL D : La globalisation a permis un essor sans précédent des flux. Cependant, la croissance
économique n’a pas réduit les déséquilibres. Pour certains États et groupes sociaux, la
mondialisation est synonyme de pauvreté aggravée. Le mode de développement productiviste
aggrave les pressions sur les milieux naturels. Les altermondialistes dénoncent ces dérives et
réclament une régulation internationale pour établir un développement durable.
Pour finir, voici quelques croquis pour vous inspirer sur une éventuelle composition (très appréciés
par les correcteurs !!!!!!). ENTRAINEZ VOUS A FAIRE LA CARTE DU MONDE
Doc 3 p 257