H1 chap 2 sur 2 mutations des sociétés

Post on 25-May-2015

691 views 0 download

Transcript of H1 chap 2 sur 2 mutations des sociétés

(Histoire, thème 1) Chapitre 2 : Mutations des sociétés : population

active et immigration en FranceCroissance et mondialisation s’accompagnent d’une mutation importante des sociétés. La population active, qui est l'ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail (occupée ou au chômage), est profondément bouleversée : elle est donc un moyen privilégié d’analyser les mutations des sociétés. L’immigration, intimement liée à l’industrialisation et à la mondialisation, est un autre puissant facteur de changement de la société française.Dans quelle mesure la société française évolue-t-elle de la même façon que celles des autres pays occidentaux ?

I) La population active, reflet des bouleversements économiques et sociaux : l’exemple de la France depuis les années 1850

A) La redistribution sectorielle de la population active…Docs 4 p 59 et 1 p 60

Au-delà d’un contexte historique très tourmenté (crises, guerres mondiales), l’évolution de la population active apparaît comme un inéluctable mouvement de fond dans tous les pays industrialisés.

1) La « fin des paysans » (H. Mendras)• Le secteur primaire regroupe l’agriculture, la pêche et les

mines. Majoritaire en 1850, sa part dans la population active n’est plus que de 3 % en 2008 : elle a été divisée par plus de 17.

• Les causes de la baisse du secteur primaire sont :

-l’énorme accroissement de la productivité agricole (doc 4 p 46) tout au long de la période (machines, variétés améliorées, engrais)

-la baisse du nombre de pêcheurs et la quasi-disparition du secteur minier après 1970

2) Essor, apogée et déclin du secteur secondaire

Secondaire = artisanat et industrie

• Il progresse de +56 % de 1850 aux années 1970.

C’est lié à la croissance d’un secteur industriel gourmand en main d’œuvre, dans un système tayloro-fordiste à son apogée, qui recrute beaucoup d’OS (ouvrier spécialisé dans une seule tâche).

L’industrie est alors en position de force, et le mouvement social (syndicats, partis politiques) s’appuie fortement sur la classe ouvrière pour obtenir des avancées sociales, comme lors des grèves de 1936 ou de 1968.

• Depuis 40 ans, la part du secondaire a fondu, elle a été divisée par presque 2.

Les causes : robotisation et suppression des emplois peu qualifiés,

mais aussi importation d’une part croissante des produits manufacturés.

La France connaît donc une dynamique de désindustrialisation, comme vient de la rappeler la disparition des usines Richard Ducros sur Alès.

Attention : ce processus n’est pas automatique, il est lié à des choix faits par des décideurs économiques et politiques.

3) Le tertiaire : une croissance constante

Tertiaire = commerce + services

• En 150 ans, la part du tertiaire a été multipliée par plus de 3, il occupe 3 actifs sur 4.

• Pendant un siècle, sa croissance a été lente et dans l’ombre du secteur secondaire : essor du commerce et des services aux entreprises (comptabilité, publicité,…) ou aux particuliers (Poste, chemins de fer, fonctionnaires, …) dans une société qui s’enrichit lentement.

• Depuis les Trente Glorieuses, l’explosion du tertiaire (X 2 depuis 1955) est liée à la hausse du niveau de vie et à la mise en place d’une société de consommation (grande distribution = 15 % des actifs, tourisme = 8 %), ainsi qu’à la diversification croissante des services proposés (percée majeure de la téléphonie mobile ces 15 dernières années).

Tous ces bouleversements s’accompagnent d’une salarisation des actifs, qui atteint aujourd’hui 91 % de la population active.

B) … accompagne la redistribution spatiale de la population…

• La baisse du secteur primaire s’accompagne d’un exode rural : la population urbaine devient majoritaire en 1936 en France. 75% des Français sont aujourd’hui urbains.

La France se distingue des autres pays industrialisés par une urbanisation plus lente : le Royaume-Uni compte 50 % d’urbains dès 1870, l’Allemagne dès 1910.

• Les villes grossissent et s’étalent en de vastes banlieues.

Ces agglomérations reflètent par leur organisation les clivages de la nouvelle société industrielle : aux quartiers bourgeois s’opposent les « banlieues rouges » ouvrières. Même si cela a évolué, les agglomérations restent des espaces de forts clivages.

C) … et des bouleversements sociaux multiples.1)La féminisation de l’emploi C’est un phénomène plutôt récent.

Pendant longtemps, le travail des femmes est mal considéré, hormis quand il est indispensable, comme lors de la Première Guerre mondiale.

Une femme qui travaille est vue comme une mauvaise mère, ou comme quelqu’un dont le mari n’est pas capable de gagner assez. Dans les classes moyennes et supérieures, la femme ne travaille pas en général.

Le taux d’activité des femmes ne progresse vraiment qu’avec la modernisation des mentalités, dans la foulée de Mai 68, et atteignait en 2006 81 %.

2) Une population active plus instruite

En début de période, l’impératif est l’alphabétisation de la population.

Progressivement, les exigences du marché de l’emploi poussent les jeunes à se qualifier de plus en plus, voire à se surqualifier par peur du chômage.

3) Population active et progrès socialDe 1850 à 1950, le sort des travailleurs s’améliore lentement.Durant les 30 Glorieuses, le plein emploi, l’accroissement du niveau de vie et la mise en place de l’Etat-providence permet à la population active de converger vers le modèle de la classe moyenne.

Depuis les années 1970 les écarts se creusent de nouveau face à : -la montée du chômage, -l’insertion dans la mondialisation, -l’accélération des mutations auxquelles la population active est confrontée,-la crise de l’Etat-providence (sécu, retraites)La population active vit donc souvent dans l’incertitude et la peur du lendemain, et la classe moyenne est de plus en plus hétérogène.

Bilan : l’analyse de la population active illustre l’ampleur des mutations économiques et sociales depuis 160 ans, mutations qui se poursuivent de nos jours à un rythme rapide.

II) Etude : l’immigration et la société française au XXème siècleDoc 4 p 63Définition : un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et installée en France depuis au moins 1 an. Il peut être resté étranger ou avoir été naturalisé Français.

A) L’immigration : une spécificité française au début du XXème siècle

• Des causes démographiquesFaible taux d’accroissement démographique au XIXème siècle +

exode rural modéré : la France manque de bras, surtout pour l’industrie.

• Une immigration frontalièreEn 1900, Italiens (nord de l’Italie), Belges, Allemands et

Espagnols sont les plus nombreux

• La mise en place d’une politique d’intégration1889 : la France reconnaît le droit du sol : un enfant né en France

devient Français à sa majorité.

Les étrangers sont pourtant parfois victimes de violences : à Aigues-Mortes, en 1893, 8 Italiens sont massacrés au cours d’émeutes. Ces crimes ne sont suivis d’aucune condamnation.

B) Croissance et diversification de l’immigration du début du siècle aux années 1970

1) Une immigration massive et européenne (1914 – 1939)

• La faiblesse démographique de la France se fait particulièrement sentir à partir de la Première Guerre mondiale (1,6 millions de morts). De nombreux immigrés sont recrutés pour l’effort de guerre puis pour la reconstruction.

Le doc 1 p 62 montre qu’une large majorité des immigrés travaille dans les mines ou l’industrie

• On compte en 1930 près de 3 millions d’immigrés, dont 800 000 Italiens et 500 000 Polonais (pp 54-55). La France est alors le pays où la proportion d’immigrés est la plus forte.

• Entre intégration et exclusion : l’attitude ambiguë de l’Etat.

Les immigrés sont recrutés dans de bonnes conditions : ils ont les mêmes droits que les travailleurs Français. A partir de 1927, il suffit de vivre en France depuis 3 ans pour pouvoir demander la nationalité française.

Cependant, la crise économique remet au premier plan les idées xénophobes et de nombreux étrangers sont renvoyés dans leur pays (décrets Daladier de 1938 : création de camps d’internement pour “placer les individus indésirables ne pouvant pas être renvoyés dans leur pays”)Le régime de Vichy accentue cette xénophobie.

2) Durant les Trente Glorieuses : le temps de l’immigration méditerranéenne

• Des causes qui restent les mêmes : durant les 30 Glorieuses, la population active reste insuffisante pour répondre à la forte demande de l’économie

• Les immigrants des 30 Glorieuses viennent surtout des pays riverains de la Méditerranée. En 1968, ils sont 3,2 millions au total. Cependant, comme la population totale augmente, leur proportion diminue, pour se situer autour de 7 %.

• Quelle intégration ? Ils arrivent en pleine période de forte croissance de la population

française (Baby boom + rapatriés d’Algérie).

Face à la pénurie de logements, nombreux sont ceux qui vivent dans des bidonvilles. Exemple : celui de Nanterre, abritant 14 000 habitants dans les années 1960 (Algériens surtout).

De nombreux foyers de travailleurs sont construits pour pallier à ce problème : c’est mieux, mais les immigrés des 30 Glorieuses restent vus comme « provisoires ».

Certes, les immigrés bénéficient de l’Etat providence, et de la croissance des revenus. Cependant, ils sont aussi victimes de discriminations : c’est le « plafond de verre », les Maghrébins restent OS toute leur vie alors que les Européens sont promus.

C) Les enjeux de l’immigration durant la fin du XXème siècle

• Un contexte nouveau : -ralentissement économique-à partir de la fin des années 60, la génération du Baby boom

arrive sur le marché du travail : la France cesse de manquer de population active.

-cantonnés aux emplois peu qualifiés, les immigrés sont les premiers frappés par le chômage, mais ils ne sont pas les seuls, et on considère en toute « logique » (mais à tort) que s’il y a du chômage, il faut stopper l’immigration

• Une immigration qui se poursuit pourtant

Doc 5 p 63 : on comptait en 1990 4,1 millions d’immigrés (environ 7 % de la population), et environ 6,7 millions en 2010.

Leurs origines : toujours le bassin méditerranéen, mais la tendance est à la mondialisation de l’immigration.

Les causes : -les causes économiques restent prédominantes-de nombreux immigrés sont des réfugiés qui ont fui leur pays en guerre, l’oppression d’un régime-un manque persistant de main d’œuvre dans certains secteurs : bâtiment, domesticité, sécurité

• Quelle politique face à cette immigration ?

• Quelle politique face à cette immigration ?

-reconnaissance : le doc 6 p 63 montre que les immigrés ne sont plus seulement vus comme des travailleurs temporaires : faire venir leur famille est un droit (regroupement familial 1976) , mais cette mesure arrive tard…

-Rejet : l’immigration et les immigrés deviennent le fond de commerce de l’extrême droite, plus ou moins récupéré par la droite républicaine : en 1993, les lois Pasqua remettent en question l’automaticité du droit du sol, avant que les lois Guigou de 1998 ne la restaurent.

• Le débat dépasse la stricte question de l’immigration, puisque les générations suivantes, celles des Français issus de l’immigration « visible » (=non blanche) sont encore victimes de discriminations (tutoiement, refus d’embauches ou de promotions).

Conclusion :Population active et immigration révèlent une société totalement transformée par l’industrialisation et l’ouverture sur le monde : ¼ des Français ont des parents ou grands-parents immigrés, 30 % si on élargit aux arrière grands-parents.Elles révèlent aussi une société inquiète face à l’avenir et aux mutations en cours. Pourtant, certains sujets d’inquiétude sont directement liés aux crispation excessives de notre société : par exemple, favoriser l’immigration ne permettrait-il pas de financer les retraites ?