Post on 22-Jun-2015
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Étude communication politique
vague 3 • mars 2012
3Étude qualitative
Plus de 50 journalistes analysent et commentent la communication des politiques
Personnalités politiques : qui sont les meilleurs communicants ?
Sp
éciale
élection
présidentielle
2012
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 1
ne campagne « présiden-tielle » c’est toujours un moment fort, une période
particulièrement intense et intéressante pour tous les acteurs, les observateurs et commentateurs de la vie politique :
pour les journalistes évidemment, mais également pour les conseils en communication que nous sommes.
Nous avons donc décidé de réaliser la 3e édition de notre étude sur la communication politique et nous avons voulu la faire dans le temps de cette campagne.
Vae Solis est un cabinet de conseil indépendant et non engagé, aucun de ses consultants ayant une implication personnelle dans la campagne n’a participé à cette étude pilotée par mon associée, Corinne Dubos.
C’est donc un focus sur les candidats à la magistrature suprême que nous vous proposons. Qui sont les meilleurs communicants parmi les candidats ? et qui sont ceux dont la communication pénalise toute chance ?
Et donc, pour la première fois dans cette étude, la com-munication du président-candidat Nicolas Sarkozy est jugée par les journalistes (les présidents actuel et anciens n’en faisant d’habitude pas partie).
Une présidentielle ce sont des idées, des moyens, des stratégies incarnées par des personnalités. L’enjeu c’est la rencontre. Une rencontre entre une personnalité et les Français qui ne doit rien au hasard, et où la communica-tion joue une place majeure. Analysée, décryptée par les journalistes politiques depuis des mois, ils sont 56 jour-nalistes, éditorialistes, de tous médias, à avoir accepté de nous répondre. Voici donc ce qu’ils en pensent…
Bien évidemment, les résultats de cette étude ne sont que le fruit des avis recueillis auprès des journalistes interro-gés. Elle compile les notes et les avis donnés pour aboutir au classement que vous allez découvrir : cette année les journalistes ont mis en avant les femmes qui sont large-ment représentées sur tous les podiums.
Notre étude dresse également le classement général des personnalités politiques sur la base du panel IFOP- Paris Match (septembre 2011) et nous permet de voir les constantes et les évolutions.
Enfin, un éclairage ouvert et prospectif puisque les jour-nalistes interrogés sont invités à citer spontanément une personnalité dont la communication est prometteuse d’un rôle important à jouer dans les prochains mois…
Arnaud Dupui-Castérès
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U
Candidats à la présidentielle : Qui sont les meilleurs communicants ?
ÉDITORIAL
- Achilli Jean-François France Inter
- AllAire Marie-Bénédicte RTL
- Askolovitch claude Le Point
- BAcqué raphaëlle Le Monde
- BArBier christophe L’Express
- BAzin François Le Nouvel Observateur
- Bédéi Jean-Pierre La Depêche du Midi
- BiAncone Patrice Journaliste indépendant
- BlAnchArd Agathe Canal+
- BoulArd denis Les dossiers du Canard
- cAstAgnet Mathieu La Croix
- chAvelet elisabeth Paris Match
- clAvel geoffroy Huffington Post
- cohen Patrick France inter
- cornudet cécile Les Échos
- coudurier hubert Le Télégramme de Brest
- de MAlherBe Apolline BFM TV
- de tourneMire Antoine Atlantico.fr
- dely renaud Le Nouvel Observateur
- deroudille Jean-Pierre Sud Ouest
- duhAMel Alain RTL
- FAlkehed Magnus Göteborg Posten
- Folch Arnaud Valeurs Actuelles
- FontAnAud hélène Les Inrockuptibles
- ForcAri christophe Libération
- Fouquet hélène Bloomberg
- goulliAud Philippe Le Figaro
- guerrier thierry Europe 1
- Jeudy Bruno Le Journal du Dimanche
- lAurent corinne La Croix
- leclerc gilles Public Sénat
- legrAnd thomas France Inter
- leroux thibault AP
- louet sophie Reuters
- MAhrAne saïd Le Point
- MAligorne sylvie AFP
- MAndonnet eric L’Express
- MAntoux Aymeric Optimum
- Medioni david CB News/Blog L’Express « Yes they can »
- Micoine didier Le Parisien
- MoAti serge LCP
- MoreAu isabelle La Tribune
- Morin gaëtane France Soir
- MurAcciole Florence LCP
- ottenheiMer ghislaine Challenges
- PAtino José-Maria Cadena Ser
- PilA renaud TF1 News
- reiller Philippe Lettre de l’Expansion
- risser hélène Public Sénat
- rissouli karim Canal+
- ruiz daniel La Montagne
- segAunes nathalie Le Parisien
- serAFini giovanni La Nazione
- soudAis Michel Politis
- sulzer Alexandre 20 Minutes
- WittenBerg Jeff France 2
Merci à…
56 journalistes politiques, éditorialistes, chefs de service, rédacteurs en chef, directeurs de rédaction, animateurs, chro-niqueurs, présidents de grands médias français ou représentants de la presse étrangère ont participé à cette troisième édition (ils étaient 50 dans l’édition 2010).
Nous sommes heureux de la fidélité du plus grand nombre et également de compter cette année de nouveaux noms du journalisme politique dans notre panel.
Les consultants de Vae Solis Corporate ont enquêté pendant trois mois, de décembre 2011 à février 2012, c’est aux journalistes que le mérite de cette étude revient. Elle présente leur analyse et leurs verbatim.
Nous les remercions vivement et chaleureusement du temps qu’ils ont bien voulu nous accorder… et leur donnons rendez-vous pour la prochaine édition.
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 20122
Sommaire
Partie i : La communication deS candidatS à La PréSidentieLLe : toP 3 et FLoP 3 ......................................................................................................................................................................................... 4
1. Le “Top 3” des communicants candidats à la présidentielle .............................................................................................. 5
2. Le “Flop 3” des communicants à la présidentielle ....................................................................................................................... 12
3. Les autres ................................................................................................................................................................................................................................................. 16
4. Classement général ................................................................................................................................................................................................................... 23
Partie ii : notation deS PerSonnaLitéS PoLitiqueS base panel iFoP-Paris Match septembre 2011 – hors candidats ................................................. 24
Partie iii : La PerSonnaLité à Suivre .................................................................................................................................................... 27
1. La première ............................................................................................................................................................................................................................................. 28
2. Suivent de près… .......................................................................................................................................................................................................................... 29
3. Ont également été citées comme personnalités à suivre en 2012 ...................................................................... 30
“BeSt oF” ..........................................................................................................................................................................................................31
métHodoLoGie ........................................................................................................................................................................................ 32
Panel de journalistes interrogés et conduite des entretiens ................................................................................................ 32
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 3
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 20124
ParTie i :La CoMMuniCation des Candidats
à La présidentieLLe : TOP 3 eT FLOP 3
☛ Parmi les candidats, déclarés ou supposés à l’élection présidentielle,
quels sont selon vous les trois meilleurs communicants ?
☛ Parmi les candidats, déclarés ou supposés à l’élection présidentielle,
quels sont selon vous les trois moins bons communicants ?
• nathalie Arthaud• François Bayrou• christine Boutin• Jean-Pierre chevènement• dominique de villepin • hervé Morin • nicolas dupont-Aignan• François hollande• eva Joly
• carl lang• corinne lepage• Marine le Pen• Jean-luc Mélenchon• nicolas Miguet• Frédéric nihous• Philippe Poutou• nicolas sarkozy
candidats déclarés ou pressentis pour la présidentielle 2012
la liste des candidats à l’élection présidentielle sur laquelle nous avons interrogé les journalistes pour cette
première partie a été réalisée sur la base des principales candidatures officiellement déclarées ou pressenties au
1er novembre 2011.
Au cours de nos entretiens, échelonnés entre décembre 2011 et février 2012, certains candidats se sont retirés de
la course. nous les avons néanmoins conservés dans notre panel d’étude.
1. Le “Top 3” des communicants candidats à la présidentielle
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 5
Avec 34 citations dans le Top, dont 12 en première
position*, c’est Marine le Pen qui arrive sur la pre-
mière marche de notre podium du meilleur commu-
nicant candidat. La transformation de l’image de son parti
qu’elle a réussi à conduire, son positionnement clair dans
cette campagne, ainsi que son travail sur la forme de ses
interventions sont les points fréquemment soulignés par
les journalistes rencontrés. Précisons ici qu’il ne s’agit pas
pour les journalistes interviewés d’une analyse politique ou
d’une inclination personnelle, mais bien d’un jugement sur
sa communication.
Parmi les 17 candidats à la présidentielle sur lesquels nous
avons demandé un classement Top/Flop aux journalistes,
Marine Le Pen est la seule prétendante à n’avoir jamais été
citée en position de Flop.
Arrive en deuxième position nicolas sarkozy, avec
31citations en Top dont 10 en première position, puis
François hollande sur la troisième marche du podium.
Celui-ci compte 30 citations en Top, dont 13 en première
position. Si la communication de Nicolas Sarkozy est globa-
lement reconnue comme efficace, celle de François Hollande
a été davantage révélée en fin d'enquête.
• Place aux femmes : tout comme la personnalité à suivre
pour 2012 (cf page 27), les journalistes ont élu une femme
comme meilleure communicante dans cette course à la
Présidentielle.
• Favoris des sondages : les meilleurs communicants
sont les représentants des deux principales forces
politiques du pays, UMP et PS, ainsi que du FN, que sa
nouvelle présidente tente de « dédiaboliser ». Arrivent en
quatrième et cinquième positions* Jean-Luc Mélenchon
et François Bayrou, respectivement candidats Front de
Gauche et Modem, dont la bonne communication est
globalement saluée.
* Voir classement général, page 23.
Elle est très bonne dans les mé-
dias et elle a le sens des formu-
les qui font mouche. Elle a une
capacité de conviction stupéfiante.
Le plus fort c’est qu’elle parvient à se
dissocier du Front national : pas une
seule fois dans le décorum qui l’en-
toure on ne voit la flamme tricolore du
Front. Elle parvient à personnifier cette
campagne, ce qui lui permet de pren-
dre ses distances avec Jean-Marie
Le Pen et de capter des électeurs
qui découvrent une femme, jeune,
combattante et qui leur parle.
Elle sait aussi, et cela la met au
niveau d’un Nicolas Sarkozy par
exemple, retourner les attaques
dont elle est victime en sa faveur.
C’est une force. Marine Le Pen peut faire un très bon score
à ce scrutin teinté de désespérance, car elle est bien servie
par la crise. Son discours à la fois simpliste et caricatural est
totalement adapté aux événements. Elle paraît tour à tour
comme la "mère protectrice" ou "la grande sœur". Avec elle,
le FN est devenu, du moins dans le discours, le parti le plus
étatiste, le plus prolétarien et le plus en faveur d’un interven-
tionnisme d’État. Avec elle, le FN est quasi de gauche et anti-
mondialiste. En cette période, difficile de rêver mieux ! Elle va
en surprendre plus d’un au soir du premier tour.
Quelle forme !
Elle est douée. Et a un culot inoxydable. Elle a le verbe haut
et le sens de la formule de son père. Elle est habile et elle
passe bien à l’image. Marine Le Pen sait occuper le terrain et
est difficile à contrer. Elle travaille ses formules de façon effi-
cace. Par exemple, lorsqu’elle déclare que Nicolas Sarkozy
lui court après, "mais qu’il ne peut pas la rattraper, car elle a
les jambes plus longues !" Elle est très forte, sait argumenter
et s’exprimer. Elle a cette force rare de paraître compétente.
C’est une excellente oratrice qui tient parfaitement "tribune".
On l’entend… et, même mieux, on l’écoute ! Elle a de vrais
talents oratoires qui lui permettent, entre autres, de déstabi-
liser ses adversaires. Elle tient plutôt bien la route en débat :
elle sait éviter les pièges, elle maîtrise globalement et fait
preuve d’habilieté. Il y a chez elle une force dans le verbe
incroyable. Ses réponses sont simples. Efficaces. Dangereu-
ses. Sur la forme, elle est parfaite. Rassurante, elle assume
son rôle de femme de droite, moderne, mère de famille, di-
vorcée, ancrée dans son temps. Elle devient élégante. Un
contenu nul mais clair.
Elle a une capacité rare à mettre en scène l’information qui
la concerne. Elle sait utiliser travers et petites habitudes des
médias. Elle a tout compris à la com’. Sa communication
est instinctive. Elle répète deux ou trois concepts et le fait
de façon convaincante. Elle a inventé le slogan Bleu Marine.
De façon indéniable, elle a un instinct. Un flair. C’est une
spécialiste des coups médiatiques, comme son père. Tout
comme lui, elle sent là où elle doit frapper et intervenir. Elle a
le "nez" pour ça. Elle sait que la parole est d’autant plus forte
et entendue qu’elle est rare.
Elle dispose d’une toute petite équipe mais ils sont très or-
ganisés. Quand on a besoin d’interview ou de réponses sur
un sujet, ils rappellent dans les 10 minutes pour nous pas-
ser quelqu’un. Son QG de campagne est le seul à disposer
d’un vrai studio télé et même d’une salle de maquillage. Les
éclairages sont professionnels et la candidate apparaît donc
à son avantage. De plus, Marine Le Pen est entourée de
gens doués de réelles qualités de com’, notamment Bruno
Bilde. Enfin, elle prend le parti de dire les choses sans faux-
semblant : oui, elle a grandi dans un cadre privilégié et oui,
elle n’est pas la plus présente au Parlement européen. Pour
la percer à jour, bien la comprendre, éclairer les électeurs sur
ce qu’elle et le FN prônent, il faut des documentaires longs
et fouillés. Et ce n’est pas la première qualité du journalisme
politique aujourd’hui !
Une transition familiale efficace
Elle sent les thèmes qui intéressent. Sa façon de travailler,
par thème, est intéressante : éducation, sécurité, fiscalité,
etc. Elle pioche dans les commentaires des Français de base
sur la Toile. Ainsi, elle est proche d’eux. Tout du moins donne
le sentiment d’être proche d’eux dans ses argumentaires et
ses propositions. Elle ne sombre pas dans les discours ra-
cistes et simplistes de son père. Le fait qu’elle ait réussi à
changer l’image du Front est une vraie victoire en matière de
com’ politique. Son travail sur la dédiabolisation du FN est
étonnant. Même s’il n’est pas abouti ! Et même s’il ne touche
absolument pas au fond des idées avancées. Mais Marine Le
Pen a fait l’essentiel, non sur le fond mais bien sur la forme.
On peut la juger artificielle, mais la mutation progressive du
Front national vers la République, la conquête de la Répu-
blique, est plutôt réussie. Et à mettre à son actif. Avec elle,
le Front a changé d’époque. Et peut-être même de pers-
pectives. Elle n’est plus à la tête d’un parti d’extrême droite,
mais bien d’un parti populaire. Elle a réalisé un tour de force
hallucinant en parvenant à faire croire que le FN était devenu
un parti politique comme les autres. Elle est différente de son
père : elle n’a pas fait la guerre en Algérie et elle ne compte
marine Le Pen“Eff icace”
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 20126
«
– Verbatim –
pas dans ses amis des gens qui se sont engagés dans la
révolution nationale de Vichy. Mais le Front compte encore
près de 40 % de sympathisants "durs" ! Elle est bluffante.
Marine Le Pen doit maintenant trouver la sérénité
Et perdre en agressivité. Elle doit sans doute tra-
vailler plus pour ne plus se réfugier derrière cette
agressivité trop fréquente. Il lui reste à gagner
en crédibilité en apportant de la nuance à ses
discours et interventions. Elle pèche parfois par
excès de nervosité. On sent chez elle un certain
énervement. Une tension. Son agressivité, le plus
souvent contenue, éclate de plus en plus souvent, par
exemple sur France Inter le 26 janvier. Or, une campagne
présidentielle est un exercice épuisant. Très rude pour les
nerfs. Et il n’est pas certain que Marine Le Pen ait su antici-
per et préparer cet aspect-là des choses. Il faut dire qu’elle
est très attendue au tournant et qu’elle se retrouve, très na-
turellement, sur la défensive. Sa manière d’être reste, c’est
un constat, brutale. Même si – fort heureusement ! – elle l’est
moins que son père et mentor ! Il y a chez elle un manque de
repartie et une incapacité à l’esquive qui posent problème.
Marine Le Pen ne sait pas, de prime abord, gérer les ques-
tions qui la dérangent et ne servent pas le message qu’elle
veut délivrer. Il y a chez elle un manque de maîtrise, à la fois
de ses nerfs et de ses dossiers.
Elle a un positionnement clair dans cette campagne
On sait où elle va et ce qu’elle propose. Marine Le Pen se dé-
brouille très bien. On sait qu’elle veut sortir de l’Union euro-
péenne et de l’euro. Ces positions lui permettent, de façon
indiscutable, de s’affirmer comme différente et même de
convaincre certains électeurs. Elle est bien identifiée par ces
derniers. Elle sait capter l’attention, défendre ses positions
(même si celles-ci ne sont pas toujours claires, notamment
sur la Syrie), mais Marine Le Pen sait aussi attaquer ses ad-
versaires. Les mordre. Elle parvient à donner à beaucoup le
sentiment de pouvoir prendre et assumer de vraies respon-
sabilités. Sans compter qu’elle ne refuse jamais le débat et
qu’elle a réussi à s’implanter à Hénin-Beaumont. Avec elle, la
classe ouvrière en perdition a trouvé son héroïne. Mais sur le
fond, elle raconte n’importe quoi. Ne parlons pas idéologie.
Par exemple, sur ce credo de sortie de l’euro, elle est juste
à côté de la plaque. Et même si elle tente de se démarquer
du discours traditionnel du Front national, Marine Le Pen
reste estampillée. C’est ainsi que l’on constate en l’écou-
tant qu’elle propose peu de choses, alors même qu’elle est
toujours dans le registre de la contestation. Pour l’instant, ce
créneau d’opposition systématique est payant. Chez elle, la
forme prime sur le fond. Elle arrive même à faire prendre aux
gens des vessies pour des lanternes ! Sur la connaissance
des dossiers, elle n’est pas terrible. Elle sort d’énormes ab-
surdités. Mais elle n’est pas techno et elle sait se faire
comprendre par tous.
Elle est efficace et simple
À moins qu’elle ne soit efficace parce que sim-
ple. Elle est dans la mise en scène permanente
de ses messages et de ce qu’elle veut dire et faire
passer. Grâce à cette forme peignée, elle arrive à
masquer l’agressivité réelle de ses propos. Marine Le Pen
dégage un côté sympa, proche des gens dont elle joue très
bien. Elle est capable de délivrer des messages simples et
compréhensibles pour le plus grand nombre. Sur la forme,
elle a une grosse voix d’ancienne fumeuse et une allure
différente des autres politiques. Sans parler de son jean et
de ses santiags… C’est un "produit" électoral unique : une
culture politique et une gouaille héréditaires, mais aussi la
seule en lice sur le créneau du rejet de l’Union européenne
et de "l’établissement". Elle étale ses soutiens dans la haute
fonction publique, ou celui de Maître Collard. Comme son
père en 2002 et en 2007, elle réussit à faire oublier les in-
cohérences de son projet en "feuilletonnant" la collecte des
signatures nécessaires à ses 500 parrainages. Elle fait ainsi
habilement monter la pression. L’avenir dira si c’était de
l’intox ou pas. »
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 7
TOp 3 :34 citations
FLOp 3 :0 citation
– Verbatim –
Il ne faut pas l’enterrer trop vite. Nicolas
Sarkozy est un guerrier et un joueur. Il
y a deux Sarko. Le premier, de 2007 à
2010, est en roue libre et laisse toute la place
à ce qu’il est au fond : un homme politique
spontané, décomplexé et assu-
mant, notamment avec une
bonne dose de familiarité,
un goût du luxe prononcé
et une incontestable ner-
vosité. Mais depuis les
régionales de 2010, il
a changé. Il se "prési-
dentialise". Donne le
sentiment d’habiter la
fonction. Donne l’im-
pression d’écouter, de
maîtriser ses gestes,
de s’exprimer de façon
grave et solennelle. Ce
changement n’est que
de façade, mais il a su
corriger sa mauvaise image bling-bling. Il a tiré les leçons de
ce qui insupportait. Aujourd’hui, il est moins urticant, moins
exaspérant.
Il fait campagne sans en avoir l’air
Il a une communication pensée et maîtrisée. La crise
joue son rôle dans cette présidentialisation. Les Fran-
çais – et Nicolas Sarkozy l’a compris – attendent une
parole "utile" du chef de l’État. Ils attendent d’être ras-
surés. La conjonction de ces attentes et l’instinct de sur-
vie de la bête politique conduisent à ce changement de
ton. Sarko tente de faire croire qu’il est devenu le prési-
dent de tous. Il est omniprésent et a la finesse de jouer
du rôle protecteur du chef de l’État. Mais, pour l’instant,
le capitaine du "navire France" pris dans la tempête fi-
nancière et européenne ne parvient pas, en dépit de ses
gesticulations, à recueillir les fruits de ses engagements
docilement relayés par la presse. Le chemin est long mais,
là, la pente est surtout raide, dirait Jean-Pierre Raffarin !
Il y a trop de différences entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Son
déficit de popularité va être compliqué à combler, surtout
avec la hausse continue du chômage.
De par sa fonction, il a une audience. Quand certains
cherchent à exister, Nicolas Sarkozy cherche à mesurer
le poids de ses interventions. Il régule sa parole pour res-
ter au-dessus des autres. La notoriété ? Ce n’est pas
son combat. Il a même intérêt à se faire oublier. La magie
entre lui et l’électorat s’est évaporée et son bilan n’est
pas brillant. Il est passé de l’espérance à la désillusion.
Mais sa communication reste efficace. Il est toujours là.
Et garde toutes ses chances malgré son impopularité. Il
reste le meilleur dans la perception des attentes et dans la
traduction simple et accessible à tous. Il est, par exemple,
pédagogue – démago, diraient certains – sur les enjeux
macroéconomiques. Il sait parler de façon claire des sujets
compliqués. Ses interventions sur la crise en sont l’illus-
tration. Il rend compréhensibles des sujets qui ne le sont
pas. Il a toujours une structure d’argumentaire digne de
l’avocat qu’il est ! Lorsqu’il s’exprime, c’est toujours une
démonstration. Il sait faire simple et accessible. Nicolas
Sarkozy s’exprime sans laisser de place au doute : il le dit,
donc c’est évident. C’est ce qui fait son génie politique. Il
ne parle pas techno et s’exprime dans un langage parfois
assez éloigné du français.
Il a une com’ totalement maîtrisée
Il a de gros moyens entre ceux de l’Élysée et ceux de l’UMP.
C’est un chef qui tient ses troupes. Il a beaucoup de soldats,
une grosse équipe qui fournit argumentaires et réponses ra-
pides. Il peut multiplier les sondages, qui lui permettent de
savoir quels messages attend son électorat. Sa première
qualité ? Être entouré de professionnels de la com’ : des
bouffeurs de sondages, tant "qualitatifs" que "quantitatifs".
Malgré cinq ans de mandat et un bilan contestable, c’est
encore lui qui donne le rythme de la vie politique : la TVA
sociale, la célébration des 600 ans de Jeanne d’Arc ou la
question de l’Éducation. Il a toujours un coup d’avance !
Sa technique ? Le zapping. C’est-à-dire qu’une information
chasse l’autre. Il sait imposer ses thèmes, car il travaille le
terrain. Il a des médias qui lui sont favorables et donc des
moyens de diffuser ses idées et messages.
Il faut se méfier de lui comme candidat : il est excellent en
cinq minutes au JT, quand François Hollande a besoin de la
durée d’un meeting pour donner sa valeur. Nicolas Sarkozy
sait que c’est là, sur le plateau du 20 Heures, que se gagne
ce scrutin. Sa présence à la télévision, qui est le grand canal
de l’information, est monstrueuse.
Il est le plus offensif, notamment là où François Hollande et
François Bayrou sont davantage sur la défensive. Dès que
François Hollande se montre hésitant, il ne le rate pas. Il sait
exploiter le moindre faux pas de son adversaire. Il a ce talent
rare de savoir retourner les attaques. À ce niveau-là, c’est
un artiste !
nicolas Sarkozy“Pour le mei l leur et pour le pire”
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 20128
«
– Verbatim –
La marque "Sarko" a du plomb dans l’aile
Il apparaît comme son pire adversaire. Il donne le
sentiment de détricoter ce qu’il a pu faire pendant
ces cinq ans. C’est étonnant de donner le sentiment de
n’avoir rien fait en nous annonçant à longueur d’interven-
tions ce qu’il veut, peut, voudrait, pourra faire s’il est réélu !
Cette autocritique étonne. Voici un président sortant qui, à
moins de trois mois de la présidentielle, n’est pas au mieux
de sa forme. Bas dans les sondages (comme jamais aucun
président sortant sous la Cinquième !), il est confronté à une
hausse du chômage et à une désaffection chronique. Sur sa
route, il a un adversaire de taille : lui. Interrogé sur la perte du
triple A (à trois reprises), il perd ses nerfs. Et son opération,
"je peux faire autre chose dans la vie", n’a pas convaincue.
Sans parler du "casse-toi pauvre con", qui a durablement
marqué.
Il y a un risque d’usure de sa com’. Sur la forme, il est
un peu devenu sa propre caricature : on ne croit plus à
ses émotions. Ses tics de langage sont lassants. C’est
un travers qu’il a tenté de corriger en étant plus sobre en
2011. Il s’est aujourd’hui calmé et est moins agressif qu’il
y a quelques mois. C’est un excellent communicant, qui
a été mauvais et décevant durant son mandat, avec une
com’ pas innovante, tenant les médias à distance et don-
nant l’impression qu’il refaisait du Chirac. Cela a ensuite
changé. Ainsi, Toulon 2, sur la forme, était une mise en
scène hallucinante. Très réussie sur la forme. Il a su pren-
dre de la hauteur et s’exprimer. Il a trouvé le bon niveau de
parole. Le problème ? Il utilise les "vieux trucs" de la com’,
dont il connaît les ficelles. Il est devenu décryptable. Joue le
modeste, mais tout le monde comprend qu’il joue ! Même
pour la naissance de sa fille.
Bon et mauvais à la fois
La difficulté avec Nicolas Sarkozy est qu’il est à la fois
un bon, et un mauvais, communicant. Il joue trop sur
l’instantané, l’émotion. Cela le rend inapte à diffuser un
message cohérent, rassurant. Cela donne l’impression
que les réformes engagées ne sont pas durables. Et ce,
uniquement en raison de ses revirements tactiques et po-
litiques. Bon communicant ? Il est là, prêt à bondir sur la
moindre actualité pour rebondir. Et jouer avec la presse.
Même à terre, il reste dangereux. Il a un ressort unique,
incroyable. Il suffit de se souvenir de 1995 et de son sou-
tien à Edouard Balladur. Ce n’est pas un bon président
mais c’est un excellent candidat. Il dispose d’une machine
de guerre électorale puissante. Il est candidat
permanent avec l’envie d’être élu et réélu. Ce
qui l’amuse, c’est le challenge bien plus que la
fonction en elle-même.
En période de crise, c’est le meilleur
Il sait faire preuve de beaucoup de sang-froid. On l’a vu pen-
dant la crise de la Géorgie en 2008, quand il assurait la pré-
sidence de l’Union européenne ou lors du traité de Lisbonne
et, en ce moment, pendant la crise de l’euro. S’il est bon,
c’est grâce à ses super-conseillers techno. Sans réellement
l’assumer, Nicolas Sarkozy a changé son approche des pro-
blèmes économiques et sociaux. Il s’est transformé en un
véritable président de crise et est assez crédible. Cohérent. Il
ne fait pas que s’agiter. Il avance des idées. Cette séquence
"gestion de la crise" a été bonne. Désormais, il sait rester
sobre. C’est une forme achevée de la communication. Main-
tenant qu’il est de nouveau officiellement en campagne, il ar-
rive à la fois à avoir plus de sobriété et à avoir la capacité de
laisser filtrer des choses plus personnelles. Tout en étant plus
maîtrisé, Nicolas Sarkozy arrive à trouver la petite phrase ou
à glisser la petite remarque sur sa vie de famille. Il est sur un
équilibre assez intéressant, qu’il semble avoir trouvé.
Nicolas Sarkozy est usé sur ce qui concerne son action gou-
vernementale, notamment sur les retraites ou les universités.
Son message politique n’est pas clair. Quand on écoute ce
qu’il dit et ce que disent ses collaborateurs – et on ne les
imagine pas parler sans son aval – il n’y a pas de cohé-
rence. Il se présente comme le leader d’une Europe libérale
mais tient un discours dur sur les immigrés. Il donne l’im-
pression de maîtriser ses dossiers mais, en fait, il ne connaît
pas grand-chose. On peut douter de ses compétences. Mais
force est de constater que l’on parle toujours autant de lui…
depuis qu’il parle moins ! Nicolas Sarkozy est bien meilleur
en fin de mandat qu’en 2007, notamment avec ses "petites
confidences" qu’il laisse fuiter. Est-ce que cela suffira ? Rien
n’est moins sûr. »
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 9
TOp 3 :31 citations
FLOp 3 :4 citations
– Verbatim –
François Hollande est celui qui a fait le
plus gros travail de fond depuis long-
temps. Et pas seulement en communi-
cation ! Il est le plus constant et le plus régulier
depuis plus de deux ans pour préparer ce
scrutin. Cela passe par son chan-
gement de poids et de lunettes,
mais pas seulement : il aurait
été candidat, même si Domini-
que Strauss-Kahn descendait
dans l’arène. C’est un tenace.
Les gens l’oublient, mais il est
parvenu à gagner la primaire
socialiste. Une élection qui
ne comptait pas que les mili-
tants du PS. Il a gagné sur un
discours de centre gauche face
à une Martine Aubry plus mar-
quée. Il a donc des réserves de voix.
À présent, il est passé du "flamby" à
candidat crédible. La dynamique est pour lui.
Qui le donnait gagnant ?
En communication, François Hollande alterne hauts et bas.
Il apparaît dans les "hauts" face à l'affaire DSK, où il sait
rester digne. Mais il est dans les "bas", lorsqu’une semaine
avant la fin de la primaire, il arrête de faire campagne ! Il a
été désigné, mais ce n’est pas le meilleur sur le fond. Il n’est
pas arrivé en tête seulement parce qu’il avait les armes. La
chance y est pour beaucoup. Mais quand il veut peser, il
s’en donne les moyens. En quelques semaines, François
Hollande a beaucoup progressé. Sa syntaxe est plus "pré-
sidentielle" et il a laissé de côté les aspects hésitants de son
expression. Il est parvenu à trouver l’équilibre entre fermeté
et clarté, ce qui lui permet d’être en adéquation avec son
ambition élyséenne. En termes de communication, c’est lui,
parmi tous les candidats, qui a le talent le plus affiné. Il a
une relation soignée avec les journalistes et les couacs du
début de sa campagne ne viennent pas de lui mais de son
entourage ! De façon naturelle, il va au-devant des gens et
s’intéresse à eux.
Des années de travail pour cette candidature
Contrairement à Ségolène Royal, sa grande qualité est
d’apparaître comme quelqu’un qui a travaillé. Qui n’im-
provise pas et qui est prêt. François Hollande a un grand
talent, qui tient à la fois au fond et à la forme : il sait se faire
sous-estimer. Il sait apparaître plus fragile et moins brillant
qu’il ne l’est. Ce fut le cas, hier, par ses camarades du PS.
C’est encore le cas aujourd’hui par l’Élysée, en particu-
lier, et par la droite, plus généralement. François Hollande
est un très bon tacticien. C’est un grand politique qui a
une maîtrise du calendrier. Depuis des décennies, il a, à
la fois, un savoir-faire politique et un réel savoir-faire de
communicant. Il connaît les destinataires de ses messa-
ges. Ce qui lui arrive depuis la révélation du Bourget n’est
pas étonnant. C’est mérité. Ce jour-là, un personnage de
président de la République l’a traversé. Il a cessé d’être
normal. Et il ne faut pas être normal pour être président :
il faut être "barjot" ! Il a transporté son public et a su faire
passer son enthousiasme. En politique, il faut savoir dé-
marrer une campagne et faire passer l’envie de marcher
– et de voter – à ses troupes. Au Bourget, il a su affirmer
son positionnement à gauche, dont certains doutaient. Il
a su transmettre son envie.
Il s’est préparé en "travaillant" les journalistes politiques. Il les
connaît, a leurs numéros de portables et leur passe le sien
facilement. Ce relationnel compte. Son défaut ? Il manque
encore d’assurance. Paraît léger. Mais le secret gardé sur
son discours du Bourget a créé la surprise. Il a "séché" les
snipers de l’UMP. Il a su capitaliser tout au long de cette
semaine avec la présentation du chiffrage de son projet – un
exercice austère réussi – et l’émission Des paroles et des
actes avec son duel face à Alain Juppé. Il a su faire preuve
d’une maîtrise de ses dossiers et a gagné en fermeté. De-
puis la présentation de son programme, il n’a pas été pris
en défaut, faisant même preuve de qualités de pédagogie. Il
a su rester lui-même avec ses traits d’humour, son habileté
à rebondir et sa bonhomie. Il a cessé de se faire brider par
son équipe.
Il a su trouver le ton du leader
S’il n’est pas le meilleur orateur, il est tout de même très
bon, notamment en "tribune". Il est (début février), dans une
excellente séquence. Il a recadré les ténors un peu bavards
du PS, notamment Benoît Hamon. Mais il y a toujours de
la "friture" dans son entourage. Cela ne peut que lui nuire.
Comment un homme intelligent peut-il s’abandonner à des
communicants incompétents ? Résultat ? Il n’impulse rien. Il
n’apparaît pas offensif. Pas volontaire. Au meeting de Méri-
gnac, le slogan "François Hollande 2012" était placé de telle
manière qu’il lui écrasait la tête ! Gagner en stature ne se
décrète pas. Quand il intervient, il a un ton solennel, grave.
Dans cette campagne, avec ces outils de com’ là, il n’est pas
lui-même. Sa finesse et son humour sont étouffés.
François Hollande“Le poids de la mesure”
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201210
«
– Verbatim –
Cet homme intelligent et ironique a mis du temps à trou-
ver le rythme. À passer de la posture à la démarche de
candidat. Sa communication apparaît brouillonne parce
que diluée entre trop d’interlocuteurs. Sauf lorsqu’il
perce l’écran parce qu’il se lâche. Et redevient (enfin)
lui-même. Il est encore le gentil qui ne parvient pas à
montrer qu’il peut mordre. Il n’est pas encore assez
respecté dans son propre camp. Ses débuts de
campagne ont été hésitants. Compliqués. Une
fois confronté à son adversaire, il retrouvera
sa personnalité. Celle qu’il laisse paraître dans
ses déplacements. Cohérent, sur le fond et la
forme, il a réussi à imposer dans le débat l’idée
d’un centre gauche. Il est le seul sur l’échiquier
à avoir cette image de concertation et ce souci de
fédérer. Il est le seul à avoir cette image de chef sans être
forcément méchant.
Quels ressorts pour ce candidat ?
Il a une réelle maîtrise des dossiers, mais il ne dévoile
qu’une partie de son programme. On voit les axes de
cette campagne et la philosophie de ce qu’il veut faire,
mais, sur la forme, c’est cafouilleux. Un exemple : pour
la commémoration du 11 Novembre, François Hollande
essaye de solenniser son intervention et de se don-
ner des accents de présidentiable. Mais il commente
en "off" la polémique sur la perte du triple A. Il tue sa
propre com’ ! Est-il prêt ? On ne saura qu’à l’arrivée,
si François Hollande a gagné son pari. Il a choisi un
registre et il n’en bougera pas : celui du candidat res-
pectable héritier de François Mitterrand, tout du moins
dans le ton et la stature. Ce peut être efficace. Si les
électeurs "achètent" cette dignité un peu hautaine qu’il
se fabrique au quotidien, dans les expressions, les re-
gards, les postures, François Hollande aura eu raison.
À l’inverse, ce pourrait être pathétique. Son registre
coincé et je vous cause à la "mode Tonton" peut pa-
raître construit, illusoire et cache-misère. Il peut se pla-
quer une image qu’il ne sait ou ne peut pas porter. Si
les électeurs estiment que cette image est fausse, et
le seul résultat d’une com’ destinée à masquer un vide
idéologique, alors il aura échoué. Et la gauche avec lui.
À cet égard, l’anecdote du "sale mec" adressée indirec-
tement à son principal adversaire, Nicolas Sarkozy, de-
vant quelques journalistes, est inquiétante. Et pourrait
prouver qu’il est toujours dans son jeu de faire le beau
devant des journalistes et qu’il reste dans son registre
favori et vain : celui du chansonnier qui aimerait bien
faire de la politique.
François Hollande reste à la surface des choses
Il est un peu démago. Tout comme François Bayrou, on sent
qu’il ne veut pas trop se mouiller et qu’il surfe sur la vague du
rejet de Sarko. Il est réactif… mais en défensif. François Hol-
lande est parvenu à construire une image très terrienne
dans le style "j’ai de la glaise sur les chaussures".
Un côté provincial bien enraciné et qui "parle".
Son problème ? "Est-il crédible ?" Il paraît mou
et consensuel. L’UMP l’attaque d’ailleurs sur
cette "adolescence politique". Son côté auto-
ritaire ne passe pas. On n’y croit pas. Lorsqu’il
attaque Nicolas Sarkozy en l’accusant de ne pas
avoir tenu bon face à Angela Merkel, on ne le trouve
pas crédible. Il n’aurait certainement pas fait mieux ! Fran-
çois Hollande veut être un président "normal" ? Il l’incarne
plutôt bien. Mais, dans cette période, les électeurs vont-ils se
tourner vers un "capitaine" avec du tempérament ou vers un
candidat "normal" ? Effacé ? La meilleure séquence de com’
de François Hollande, c’est le soutien de Jacques Chirac.
Jusqu’à présent, il a plutôt fait un sans-faute. Il est l’anti-
Sarkozy. Un "président apaisé" qui dit la vérité. Mais il lui
manque la ferveur. L’enthousiasme. François Hollande est le
candidat sincère qui ne fait pas de promesses.
On l’a sous estimé
Aujourd’hui, il s’impose. Mais son art du consensus mou
reste un problème. Par exemple, quand il n’ "ose" pas
se prononcer sur la conservation – ou non – du ministère
de l’Immigration. Avec François Hollande, on est dans le
"normal". Rien d’extraordinaire. Rien ne décoiffe. Avec lui,
c’est maîtrisé. C’est le pragmatique qui va gérer. On sait où
l’on va. Il sera probablement au second tour, et peut-être
même élu. »
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 11
TOp 3 :30 citations
FLOp 3 :6 citations
– Verbatim –
2. Le “Flop 3” des communicants candidats à la présidentielle
Sur ce podium des derniers de la classe, eva Joly
arrive de loin en tête avec 35 citations en Flop.
Alors que ses poursuivants, Philippe Poutou et
Hervé Morin, n’ont quant à eux jamais été cités en Top, Eva
Joly a tout de même recueilli deux citations dans le classe-
ment Top, au plus proche du début de sa campagne. De-
puis, les journalistes sont unanimes pour lui reprocher sa
communication maladroite et son positionnement raté sur
l’écologie.
Entre 2010 et 2012, une personnalité politique se main-
tient dans le classement des Flop : hervé Morin. Si, en
2010, c’était sa communication à l’exercice du pouvoir qui
était jugée mauvaise, c’est, cette année, le candidat qui est
sanctionné.
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201212
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 13
Sur la forme, elle est mauvaise et on souffre pour elle quand elle passe à la télévision
Ses propos sont souvent mal compris. Compliqués.
Inaudibles. Elle est une candidate inaccessible. Eva Joly
n’est pas compréhensible. Elle reste prisonnière
de ses fiches ! Elle apparaît incapable d’improviser
un discours, même sur ses sujets de prédilection
comme l’environnement ou le nucléaire. Par exem-
ple, le week-end du 28 et 29 janvier, devant l’asso-
ciation France Nature Environnement, elle a été la
seule candidate à la présidentielle à lire ses fiches !
Elle n’est clairement pas la reine des talk-shows !
Sans parler de son look et/ou de son accent qui la dis-
tinguent des autres candidats, mais ne marchent pas auprès
des électeurs, à en croire les enquêtes d’opinion. De plus, on
ne comprend pas toujours ce qu’elle dit. Elle a du mal à clarifier
ses pensées et ses propositions. Son débit et son rythme sont
ternes et plats. Il n’y a pas de silence, pas de moment où l’on
fait appel à l’émotionnel. Sa parole est automatique.
On pensait qu’être différente allait la servir, mais c’est l’inverse qui se produit
Je crois que nous n’avons pas fini de rire avec ses bourdes, no-
tamment, dernièrement, avec son éloge de Christine Lagarde !
Elle est intéressante, intelligente, honnête, intègre et sincère.
Mais la sincérité n’est pas forcément la meilleure arme pour
mener efficacement une campagne présidentielle. Elle manque
de ce cynisme et de cette professionnalisation du politique qui
permet d’avancer ses idées et tacler celles des autres. Eva
Joly n’est pas douée pour la politique : elle ne sait pas perdre
une bataille pour gagner une guerre. Elle ne sait pas se taire,
accumule les gaffes. Elle est romanesque et catastrophique…
Émouvante, d’une gaucherie exotique. On a le sentiment
qu’elle hésite toujours entre la "Mamy Nova" gentille des écolos
et la "mère Fouettarde" des radicaux Verts.
Elle a surtout un gros problème politique
Son seul succès est d’avoir battu Nicolas Hulot dans la dé-
signation des candidats à la présidentielle au sein des éco-
logistes. Mais depuis… rien ! Ce choix militant – strictement
militant – est clairement une erreur de casting. La preuve ? Elle
ne décolle pas dans les sondages. Elle ne suit pas la ligne de
son parti – parti qui le lui rend bien d’ailleurs ! Quand va-t-elle
s’arrêter ? Eva Joly est candidate à une élection qui n’a aucun
intérêt politique pour les écologistes. Ils jouent
les législatives bien plus que la présidentielle. Sa
campagne est en pointillé, n’apparaît pas en adé-
quation avec le programme qu’elle est suppo-
sée porter, paraît brouillonne, construite autour
d’humeurs changeantes, de rancœurs tena-
ces ou d’idéologies mal digérées. Eva
Joly est régulièrement contredite par
les autres leaders Verts, notam-
ment par Daniel Cohn-Bendit. Le
dialogue avec ses troupes pa-
raît impossible. Avec Eva Joly,
il n’y a pas de son de cloche
unique. Elle ne parle pas comme les Verts. De façon
incontestable, Eva Joly plante la campagne d’Europe
Écologie les Verts, alors que cette formation a des choses à
dire et des idées à proposer. C’est un tour de force…
Elle multiplie les erreurs de com’
Eva Joly a déjà perdu en raison de l’irritation du peuple de
gauche sur les polémiques qui ont entouré l’accord électoral
PS-EELV. Elle pensait pouvoir atténuer certaines positions
du PS sur le nucléaire et menaçait d’aller au bras de fer.
Cette stratégie était vouée à l’échec, même pour l’opinion
publique et les écologistes. Elle est sur une com’ bancale.
Quelles en sont les bases ? Quelle en est la cohérence ? Elle
n’arrive pas à faire passer le message écolo. Elle est trop ra-
dicale sur l’environnement, "ayatollahesque" dans ses inter-
ventions, acceptant peu ou pas la contradiction. Elle multiplie
les erreurs de com’ : la place de la France au sein de l’ONU,
les jours fériés qu’elle veut instaurer, etc. ! En dehors de ses
lunettes, que restera-t-il de sa com’ et de cette campagne ?
Elle fait erreur sur erreur. Son image est brouillée.
Eva Joly n’est pas responsable de sa campagne !
À bien y réfléchir, Eva Joly est une bonne communicante :
l’image qu’elle renvoie d’elle est très proche de sa réalité et
de sa personnalité. Ainsi, elle est parvenue à passer de l’ano-
nymat au symbolique. Il y a quelques mois, personne ne la
connaissait vraiment. Aujourd’hui, vous mettez une paire de
lunettes rouge… et tout le monde fait le lien avec elle ! Elle
a également réussi à imposer ses thèmes de campagne et
même plus que cela : faire du nucléaire LE sujet de fracture
des candidatures, LE sujet du débat public. Pour cela, c’est
un succès. Enfin, il y a une vraie sincérité dans sa démarche.
On sent bien qu’Eva Joly n’est là, ni pour son ego, ni pour le
fric. C’est rare. Et à souligner. »
eva Joly“L’erreur de cast ing”
TOp 3 :2 citations
FLOp 3 :35 citations
«
– Verbatim –
Philippe Poutou“Dans les choux”
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201214
Mais dans quelle galère on l’a mis ?
Son principal problème c’est de pas-
ser après le médiatique et excellent
communicant Olivier Besancenot.
Il est frappé par le complexe du cadet. Il
n’est pas capable d’affirmer sa différence
par rapport à son prédécesseur… le fac-
teur bobo à la mine de poupon et au
verbe acéré. Philippe Poutou, lui, est té-
tanisé par l’enjeu de cette présidentielle. Il
n’aime pas la lumière, on dirait un lapin pris
dans les phares. Pour faire une déclaration
d’amour à 40 millions d’électeurs
français, il faut vraiment
avoir envie d’y aller. Or,
ce n’est pas son cas. Il
a juste l’air de se dire :
"Mais dans quelle galère
on m’a mis ?"
Il ne parvient pas à in-
carner le NPA. Faire
le choix d’un candidat
aussi décalé n’était pas
forcément une bonne
stratégie de la part de ce parti ! Sauf pour les spécialistes
de l’extrême gauche et les rares militants de son mouve-
ment, Philippe Poutou n’existe pas et ne parviendra pas à
exister. C’est un échec. Il n’a pas – et n’aura pas – le capital
de sympathie du facteur gentil et souriant capa-
ble de pousser des coups de gueule. Pour lui,
c’est zéro pointé ! Même Nathalie Arthaud
est plus présente que lui grâce à ses trou-
pes qui collent des affiches et qui se bat-
tent pour lui décrocher les fameuses 500
signatures. Au fond, ce est qui étonnant,
c’est que Philippe Poutou est en décalage :
dans une période de crise où tout le monde est
inquiet, le NPA devrait avoir un boulevard devant lui.
Mais ce n’est pas le cas ! C’est une vraie erreur de casting.
Sans compter qu’il semble manquer de moyens…
Un perdant
On a l’impression que Philippe Poutou tient plus de la bau-
druche que du candidat. Il paraît un peu maladroit ou rigide,
mais il donne surtout l’impression d’être prisonnier de l’or-
ganisation qu’il représente. Et semble constamment hésiter
entre ce qu’il a le droit, ou non, de dire. Ses apparitions mé-
diatiques sont des catastrophes. On voit qu’il est là parce
que personne ne voulait y aller ! Il plombe tout. Sera-t-il le
fossoyeur du NPA ? Seule certitude : son amateurisme le
dessert. Sans compter qu’il est incapable de formuler de
façon simple une idée claire… il ne sait pas s’exprimer en
public – et même en petit comité – et cela se voit ! Cer-
tes, cela peut s’expliquer par son inexpérience politique. Au
contraire d’Olivier Besancenot, Philippe Poutou, lui, donne
l’impression de se laisser porter par les événements. Il attend
les relais médiatiques. Mais quand ils sont là, il les rate : il
ne parle pas très bien et son discours ne passe pas. Il n’est
franchement pas bon sur la forme : il est tremblant, hésitant
et peu charismatique. Il ne décoche aucune formule média-
tique. Or, un candidat inexpérimenté est inaudible dans le
fracas médiatique contemporain.
Pour autant, il est sincère
C’est un vrai ouvrier, il est légitime. Il est le gars sympa avec
qui on a envie d’aller faire un tour à la pêche… mais de là à
lui confier les clés de la maison, il y a une nuance ! Un ouvrier
comme candidat, "cela pourrait être frais" ! Mais il est très
mauvais ! Seul candidat issu de ce milieu, il n’arrive pas à va-
loriser sa propre histoire dans sa communication. Peut-être
aurait-il juste dû demander au NPA de lui financer un congé
sans solde pour mener cette campagne… parce que là,
c’est une évidence, il ne va pas y arriver ! On peut même se
demander si le pauvre Philippe Poutou pourra aller jusqu’au
bout, tant ses messages – qui ne sont pas nouveaux ! – sont
repris (et avec quel talent !) par Jean-Luc Mélenchon.
Pour résumer ? Philippe Poutou est le mauvais homme au
mauvais endroit. Il ne peut pas être décemment candidat
à la présidentielle dans un pays ultra-médiatisé, c’est juste
impossible. Mais il est touchant, on a presque envie de le
prendre dans ses bras. »
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :24 citations
«
– Verbatim –
Mais que vient-il faire là ?
Il tente d’exister sur un créneau déjà occupé par François
Bayrou : celui du centre.
Mais personne ne reconnaît à Hervé Morin de légitimité
à représenter le centre droit. N’est-ce qu’un problème de
com’ ? Ce n’est pas si sûr ! En effet, face à lui, Nicolas
Dupont-Aignan existe, lui. La com’ d’Hervé Morin paraît
brouillonne, fade et inaudible. Il est en campagne, mais per-
sonne ne le sait. Cela n’intéresse personne. Sur le fond, il
est bouffé par François Bayrou et il n’arrive pas à trouver le
déclic qui pourrait le faire décoller. De plus, son image est
brouillée par le fait qu’il s’agit de l’ancien ministre de
Nicolas Sarkozy. Il ne peut donc pas tirer sur l’ac-
tuel président de la République. Pour lui, c’est
mort. Mort-né. Sa campagne ne décolle pas et
ne décollera pas. Même ses amis politiques le
conspuent ! La seule question que l’on se pose
quand on le voit ? Mais quand va-t-il donc s’ar-
rêter ? Cette déclaration de candidature devant
le pont de Normandie était incroyable. Il fallait oser le
faire ! Il ne manquait plus que le brouillard…
Hervé Morin ne parvient pas à faire comprendre pourquoi
il est candidat. Et encore moins ce qu’il incarne dans cette
campagne. Ou ce qui le motive d’y participer. C’est un per-
sonnage atypique : un enfant gâté et plutôt beau gosse qui
fait de la politique comme d’autres partent en week-end à
la chasse. Pourquoi se présente-t-il ? Qu’a-t-il à dire de dif-
férent et d’original ? Hervé Morin est juste insignifiant. Dans
tous les sens du terme. Est-ce que battre Nicolas Sarkozy,
contribuer – peut-être – à faire battre Nicolas Sarkozy qui l’a
pourtant fait ministre, est un but ? Une finalité ? Un message
politique ? Sans compter que même ça, même cet "assas-
sinat" là, il ne s’y prend pas très bien ! À moins qu’il ne soit
là pour rassembler des voix pour Nicolas Sarkozy, celles de
certains électeurs qui ne veulent plus voter pour lui, au moins
au 1er tour ?
Personne ne croit qu’il ira au bout. Même pas lui…
Il n’a pas de soutien et n’aura pas d’électeurs. Alors, que
veut-il négocier ? Quel poste cherche-t-il ? Et avec qui ? Il
est en campagne depuis qu’il a quitté le ministère de la Dé-
fense, mais on sent trop qu’il n’a qu’une seule ambition : sa
carrière. Hervé Morin fait de la politique d’une autre époque.
Il est démodé. Il était ministre et il a quitté le gouvernement
pour se lancer dans cette campagne. C’était sa première
faute. Sans doute la plus grave. Qui est derrière lui ? Que
reste-t-il du Nouveau Centre ? Cette candidature n’a pas de
sens politique. Quand on n'a derrière soi que la moitié de son
propre camp – et a fortiori quand son camp est marginal –,
on reste chez soi. Ses soutiens correspondent plus à la
corde du pendu qu’autre chose. Avec Hervé Morin, nous
avons l’une des vraies-fausses candidatures de cette cam-
pagne. Oui, finalement, il est l’un des non-candidats de cette
présidentielle. Il n’a pas d’identité politique, au contraire de
Christine Boutin ou Dominique de Villepin.
Cette candidature est anecdotique
À moins qu’elle ne soit juste pathétique. Personne ne
comprend ce que veut Hervé Morin. Il n’assume pas
ce qu’il est. Il cherche des modèles ailleurs. Par
exemple, David Cameron, en Grande-Bretagne,
faisait passer des messages depuis sa cuisine
par webcam. Et que fait Hervé Morin ? Il s’en ins-
pire pour présenter ses vœux ! C’est le candidat
Century 21, qui passe de son salon à sa cuisine. Il
ne fait preuve d’aucune imagination. Et c’est comme
avec les marionnettistes : dès lors que l’on voit la peau
ou la main du technicien, on ne croit plus à la mise
en scène. Il joue dans le registre du Grand-
Guignol. Il a une absence totale de crédibilité.
Avec lui, on peut avoir de bonnes séquences,
notamment en images, mais il donne toujours
envie de se moquer de lui. Comment ne pas rire
quand il ose se comparer à Jacques Chirac en
campagne en 1995 ? Il n’a ni le profil de Chirac ni
ses résultats dans les sondages ! Il fait de grosses
erreurs de communication qui lui gâchent cette
campagne. Il ne sait pas ne pas franchir la fron-
tière entre le sympa et le ridicule.
On lâche prise
Avec Hervé Morin, c’est cela le problème
de fond : il n’a aucune spontanéité. Et il est
mauvais acteur. Il est trop léger et trop dé-
contracté. Il est inefficace. Pourtant, il avait de
bonnes cartes à jouer dans cette campagne.
En effet, il est l’un des rares candidats à dis-
poser d’un appareil partisan et à être (un
peu) connu. Mais voilà… il a tout gâché !
C’est le pire des candidats : il ne progresse
pas en notoriété. Mieux, il régresse ! C’est
fort ! Et triste pour lui et ses rares partisans.
Son côté réellement sympathique ne suffit
pas. »
Hervé morin“Rase campagne”
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 15
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :29 citations
«
– Verbatim –
3. Les autres (par ordre alphabétique)
16
Il y a chez elle une vraie incapacité à exister dans
les médias !
Nathalie Arthaud ne parvient pas
à se débarrasser de la figure
tutélaire d’Arlette Laguiller,
qui reste, pour l’instant, la plus grande
communicante de l’extrême gauche.
Sans compter qu’il n’y a pas chez
cette jeune femme l’once d’un
début de commencement de
charisme.
Franchement, en termes de com’, elle est mauvaise
Elle ne parvient pas à décoller car elle est inaudible avec
son ton monocorde et elle ne dit rien de nouveau. Autant
Arlette Laguiller représentait une catégorie sociale clai-
rement identifiée, autant Nathalie Arthaud n’incarne pas
grand-chose. Son discours paraît tellement décalé entre
son idéologie et les attentes des Français ! Malheureuse-
ment pour elle, son tour de France qu’elle effectue pour-
tant avec conscience depuis six mois ne change rien à
cette perception… et elle n’a plus de troupes ! Nathalie
Arthaud ne peut pas émerger. »
Il est surprenant !
Tout le monde le donnait pour mort politiquement après
la surprise de 2007. Il faut dire qu’au lendemain de ce
résultat inattendu, il a sombré dans l’antisarkozysme
primaire et tout le monde l’avait enterré. Mais pas du tout !
François Bayrou parvient à "vendre" les mêmes idées depuis
des années. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est
constant. Il est la preuve vivante que les girouettes en politi-
que ne sont pas le modèle unique !
Il a lancé sa campagne avec moins de moyens, mais sa
courbe de progression parle d’elle-même. Il est passé de 7
à 15 points en quelques semaines. Il n’a pas de troupes, pas
de relais, son accès aux médias est plus faible ; Il capitalise
uniquement sur lui, et il est bon. Il y a une cohérence dans
la démarche. Par exemple, sur la réduction de la dette, son
discours n’a pas changé.
La présentation de ses vœux était frappante : le décor, sobre,
était en parfaite adéquation avec son discours, simple. Il était
très à l’aise. Il donnait l’impression d’être accessible, com-
préhensible par tous et soucieux de tous. C’était, en termes
de communication, une vraie réussite. Et, pour l’heure, sa
campagne est à cette image : efficace. En quelques semai-
nes, il est parvenu à doubler son score dans les intentions
de vote.
Il est constant et cohérent
Bayrou adopte une très bonne méthode, sa parole est rare
et précise. Au plan de sa communication, aussi bien au
fond que sur la forme, c’est bien maîtrisé. Il est présent, il
a un discours cohérent et a su mettre en avant ses quali-
tés de constance : c’est un vrai succès de communication
politique.
Il est éthique. Il est à la fois révolutionnaire (contre le système,
proche de la terre, pas parisien) et une force tranquille. Il y a
du Pompidou en lui, ou du Mitterrand par moments.
Son discours est élaboré : ce n’est pas un discours de pro-
messes mais un discours austère et vrai. Avec lui tout est sur
la table, rien n’est caché. Il joue sur la vérité de son discours
là où d’autres jouent sur la forme. Il est très pédagogue et
lucide, sans fioriture. Il tient des propos
positifs et rassurants. Il soulève des
sujets de fond (industrie, cohé-
sion en Europe). Il est le pre-
mier à avoir parlé du chaos de
la finance. C’est un homme de
lettres capable d’écrire. Sur la
forme, il manque vraiment d’auto-
rité et est ennuyeux à mourir.
nathalie arthaud“ Inaudible”
François Bayrou“L’or ig inal”
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :7 citations
«
«
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 17
Il est aujourd’hui, pour sa troisième présiden-
tielle, parfaitement légitime pour représenter le
centre. Il apparaît même crédible aux yeux de
certains, car on parvient facilement à le situer sur
l’échiquier politique : il est le centre. À partir d’un posi-
tionnement assez délicat, ni droite, ni gauche, il dispose d’un
pécule politique assez fragile : avec qui pourra-t-il gouverner,
comment, avec quelle majorité, etc. ?
Il est bien identifié
Dans l’opinion et les médias, c’est l’homme du désendet-
tement de la France et l’homme de culture. Il est aussi très
clairement perçu comme l’homme d’une certaine identité à la
française, celle de la terre et du bon sens. Sur la forme, même
son bégaiement, sur lequel il a travaillé mais qui lui fait encore
quelques mauvais tours, est plutôt réussi en termes de com-
munication… il force le respect dans ce combat-là, aussi.
François Bayrou est le candidat que l’on identifie bien, il
réussit à concentrer toute sa communication sur lui, en fi-
gure unique du parti. C’est sa première force. Sur le plan
relationnel, il aime savoir qui est le journaliste qu’il a en face
de lui, connaître son histoire… Il a, lui aussi, a un côté "bon
copain".
Il paraît dire la vérité
Il est seul et réussit parfois à faire passer son isolement pour
une force, ce que je considère être un grand talent de com-
municant, qui lui donne une influence dans le débat : tout le
monde est aujourd’hui peu ou prou amené à se positionner
par rapport à François Bayrou, alors qu’il est loin d’être favori
pour remporter l'élection présidentielle.
Il parvient à donner l’impression qu’il est l’homme du peuple.
Il utilise là de grosses ficelles, mais ça marche. Il sait éga-
lement transformer ses handicaps en forces : sa solitude,
son bégaiement, etc. François Bayrou réussit mieux que les
autres à convaincre qu’il est bien dans son époque.
Il arrive à rassurer, et c’est fort en cette période. Il est pé-
dagogue et ce qu’il dit est en adéquation avec l’actualité. Il
est l’instituteur, l’homme qui ne ment pas. C’est ainsi qu’il
dit ce qui va… et ce qui ne va pas. Il est aussi l’homme de
la terre… cette terre qui ne ment pas ! Avec lui, on ressent
un sentiment d’honnêteté et de transparence : il rassure.
Ainsi, ses deux tracteurs – et le tracteur miniature qu’il a sur
son bureau quand il reçoit les journalistes – confortent ce
sentiment de bon sens paysan, d’homme politi-
que qui marche sur ses deux pieds. En agissant
ainsi, il se démarque du président "bling-bling".
C’est sa carte de visite depuis 2007. Il y a sans doute
dans tout cela une part de vérité… mais aussi, bien sûr,
une communication bien montée qui joue à l’évidence de
l’effet de contraste.
Dans sa façon d’appréhender les dossiers et d’aborder les
problèmes, par rapport aux autres candidats à la présiden-
tielle, François Bayrou donne le sentiment de prendre de la
hauteur. Il joue une petite musique différente de celles des
autres, qui donne à penser qu’il réfléchit et qu’il travaille
autrement que les autres. Cette singularité le sert. Il incarne
l’alternative, la solution aux deux autres candidats. C’est sa
force.
Mais pour quoi faire ?
Malgré tout cela, on ne sait toujours pas bien ce qu’il pense
dans le fond… à part, bien sûr, qu’il veut le pouvoir ! Il est
candidat mais pour dire quoi ? Pour proposer quoi ? Si la
prestation est belle, elle reste vide de sens. Pas d’émergence
cette année, il ne porte aucun thème, rien n’émerge. La dé-
termination de François Bayrou à prendre le pouvoir (ou tuer
Nicolas Sarkozy, ça dépend des heures), n’est pas suffisante
pour convaincre. Et les suffrages qu’il peut recueillir sont des
bulletins de vote par défaut. Son électorat reste flou.
Toutefois, François Bayrou fait des bons diagnostics et
dit des choses qui intéressent beaucoup de gens, c’est
là sa force. Sur le fond, il a une assez bonne vision des
problèmes de la France ; il a eu un coup d’avance en 2007
lorsqu’il a prédit que la crise allait arriver et qu’il parlait de
la dette. Il est aujourd’hui en position de force pour tenir
ce discours. Disons qu’il a de bons arguments pour coller
à l’actualité, ce qui renforce sa position. Sur le fond, il se
démarque. Sauf que le contenu des propositions est très
faible. Il reste à la surface des choses. Il ne propose rien,
il reste au niveau du diagnostic. Dès lors, l’opération de
communication est un peu grosse et n’est pas convain-
cante. Certains esprits chagrins pourraient même consi-
dérer qu’elle est pathétique.
Enfin, son gros défaut c’est qu’il est seul, parce qu’il est trop
"perso" et "hors sol". Il aurait dû garder tout le monde en
2002. Sa faille, c’est sa gestion calamiteuse des personnes.
En fait, c’est un champion par défaut. »
TOp 3 :20 citations
FLOp 3 :2 citations
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201218
Sur le fond, son problème est qu’elle se prend pour une force politique majeure…
Alors qu’elle est seule ! Elle a ten-
dance à parler comme si elle
représentait 10 à 15 % du corps élec-
toral, alors que ce n’est pas le cas. Loin s’en faut !
Elle en est presque comique, notamment lorsqu’elle
utilise des phrases aussi graves que "j’utiliserai la
bombe atomique". Elle fait rire tout le monde. Il
y a une vacuité unique dans son discours.
Sur la forme, cette grandiloquence ne résiste pas au temps et aux résultats électoraux
Elle était l’une des rares à être connues avant
même le début de cette campagne. En effet,
Christine Boutin n’en est pas à sa pre-
mière élection présidentielle, elle a égale-
ment été ministre et elle compte même
quelques militants. Mais, aujourd’hui, sa
communication se limite à menacer et à
pleurer. Cette communication façon "rete-
nez-moi ou je fais un malheur" est affligeante
et inefficace. »
christine Boutin “La pleureuse”
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :4 citations
«…
Marine Le Pen a préempté le discours pro-
testataire et souverainiste. Sans compter
que l’entrée en campagne de Domini-
que de Villepin ferme la porte du discours gaulliste !
De plus, son combat contre l’euro est ridicule.
Pour autant, il réussit à bâtir son message…
même s’il se retrouve coincé entre Marine Le
Pen et Nicolas Sarkozy. Dans cette campagne,
il est anecdotique, drapé dans des valeurs ob-
solètes. »
nicolas dupont-aignan “L’orphel in”
Il a un discours difficile à tenir
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :2 citations
«
Il ne s’est jamais retrouvé confronté au scrutin du peuple… et cela se voit !
Pourquoi, donc, est-il candidat ? Comment
quelqu’un qui n’a jamais été "utile" politique-
ment, qui n’a aucun autre programme que
d’aller contre Nicolas Sarkozy, ou de se protéger des
affaires et n’a jamais été élu, peut-il s’imaginer faire
campagne pour la présidentielle ? C’est sidérant !
Il paraît seul contre tous
Et n’avance rien d’autre que des platitudes lénifiantes. Il n’a
pas d’équipe. C’est un homme seul qui ne réussit pas à
tirer profit de cette situation. Ce pseudo-poète a laissé la
place à des twitts pseudo-patriotiques. Nous sommes loin
du flamboyant ministre des Affaires étrangères de Jacques
Chirac refusant d’engager la France dans la guerre en Irak !
Nous sommes aujourd’hui dans le fabricant de perles : "Les
Français attendent des engagements" ou "Le temps est aux
actes, pas aux mots." Nous sommes bien loin
des alexandrins que nous pouvions attendre
– espérer même, peut-être –, de lui. Son dis-
cours "république paillette" est le même depuis
le début. Il n’a pas changé.
Il gâche son talent
Il est un peu plus langue de bois que les autres. Pour
autant, il a un talent de communicant naturel. Il est brillant
et cela se ressent. Lorsqu’il s’exprime, c’est à la fois précis,
réfléchi et clair. C’est une évidence : Dominique de Villepin
est doué, mais il ne bosse pas. Il parade, se prend pour un
grand héron. De fait, il s’enfonce dans sa posture… son
"melon" ne passe plus les portes… et, autour de lui, tout le
monde déserte : il n’a pas de partisans et que très peu de
soutiens.
Dominique de Villepin n’a pas grand-chose pour exister en
politique… en dehors de son incontestable élégance natu-
relle ! Mais cela ne suffit pas pour mener et gagner une cam-
pagne présidentielle. »
dominique de villepin “Le Matador” TOp 3 :2 citations
FLOp 3 :5 citations
«
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 19
Qui sait qu’il est candidat ?
Il est clairement écrabouillé sur son créneau par Marine Le
Pen. En quoi marque-t-il sa différence ? Que prône-t-il ?
Qu’attend-il ? Que dit-il de nouveau et de différent ? Rien !
Il est impossible à identifier. Sur l’écran radar de la politique
il n’apparaît pas.
Il est l’ectoplasme ou le nostalgique. Qui sait ce
que représente "son" Parti de la France ?
Personne, y compris au sein de sa fa-
mille politique, ne sait qu’il est en lice.
Il est juste inexistant car inaudible.
J’apprends presque, là, dans cette
étude, qu’il est candidat !
Sa communication est totalement inefficace
La candidature de Carl Lang est, au mieux, une er-
reur politique. Il ne sait pas s’imposer. Il se voit
comme le successeur de Jean-Marie Le Pen,
mais il n’est que le candidat de l’ombre. Clai-
rement, la surenchère extrémiste n’est pas
une ligne gagnante. Sans compter qu’il n’a
pas de troupes et que ses relations compli-
quées, avec les anciens du Front national,
mais aussi avec les troupes actuelles du
Front ne lui facilitent pas la tâche.
Même s’il n’y peut rien et que c’est un peu facile, il a un look
qui ne passe pas. Il ne lui manque que l’uniforme pour rap-
peler les heures les plus sombres de l’Europe. »
carl Lang “Qui ?”
corinne Lepage “Aux fra ises !”
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :8 citations
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :4 citations
«
«Quel est le sens de cette candidature ?
Est-elle vraiment candidate à la présiden-
tielle ? Pour quoi faire ? Quelles sont ses
idées ? Ses propositions ? Corinne Le-
page est absente… son retrait de la course à
l’Élysée ne fera même pas
de bruit.
Sur le fond, le vrai problème c’est l’absence totale de sincérité de sa démarche
On sait qu’elle est candidate pour faire fructifier son business.
Elle ne fait pas campagne pour les Français. Corinne Lepage
ne fait campagne – disons essaye – que pour favoriser les
affaires de son cabinet d’avocat et pour faire tourner la très
petite entreprise que représente encore Cap 21.
Sur la forme, elle a une arrogance
Et une assurance de façade parce que, sur le fond, elle n’a
rien à dire. »
Il faut savoir raccrocher !
Jean-Pierre Chevènement est un
homme âgé, sorti du coma, et qui
devrait rester tranquille sur ses terres
de Belfort. Il a un caractère délicieusement
désuet, mais c’est daté sur le fond. À son
âge et après une vie politique bien remplie,
il devrait donner une meilleure image de lui-
même. Là, il n’a rien à dire et il n’est dans cette campagne que
pour "couper les jambes" au candidat de la gauche. Jean-Pierre
Chevènement est dans cette course à la présidentielle unique-
ment pour déranger François Hollande. C’est pathétique. Sans
oublier que sur la forme, il est nullissime. Il nous ressert ce qu’il
avait fait en 2002 sur le thème : "Je vous l’avais dit !"
Il maîtrise bien les sujets
S’il est rarement invité en télévision, c’est
parce que c’est un vieux politicien de
la vieille politique. Mais quand il y est,
Jean-Pierre Chevènement répond
bien sur les sujets de fond. Il fait une
petite campagne bien sûr, mais étant
donné la taille de son équipe, c’est tout
de même fort ! Par ailleurs, sur la vieille
histoire de son appartement, il a bien répondu. Il e s t
parvenu à mettre en perspective certains éléments et quel-
ques chiffres… et le ballon médiatique s’est très vite dégon-
flé. Il fait un petit tour de piste pour négocier, mais personne
ne prend ça au sérieux. »
Jean-Pierre chevènement “Le Retraité”
TOp 3 :1 citation
FLOp 3 :4 citations
«
– Verbatim –
« Super-Mélenchon », c’est la découverte de l’année. C’est une bête politique !
Il est parvenu à occuper le créneau
pourtant très chargé de la gauche
de la gauche. Il a conquis le PCF
et les extrêmes gauches. Per-
sonne n’en parle mais il a
cannibalisé le PCF. Il a pris
le contenu idéologique et
la majeure partie des
troupes.
Jean-Luc Mélenchon c’est le cerveau du "casse du siècle"
Il est très malin. Il a pris un parti mieux verrouillé qu’un coffre-
fort. Jean-Luc Mélenchon, sénateur PS, a su récupérer le
PCF et ce qui reste de son appareil pour porter sa candida-
ture à la présidentielle ! Oui, c’est le casse politique du siècle.
Un hold-up magistral réalisé, qui plus est, avec le consente-
ment du gardien des clés, Pierre Laurent. Cette opération de
com’ est à saluer.
Il a tout de même raflé l’extrême gauche, en devenant le seul
vrai porte-parole et le seul candidat du Parti communiste –
qui n’a carrément pas de candidat ! – mais aussi celui de
Lutte Ouvrière et de la Ligue contre-révolutionnaire (LCR).
Jean-Luc Mélenchon a tué les communistes et a bien abîmé
les trotskistes en à peine deux ans ! C’est bien joué ! Le
mieux, c’est qu’il a tué le parti, cassé la machine mais a su
garder les dernières troupes et sauver le moteur !
Il est la seule réelle nouveauté de cette élection
En 2008, quand il claque la porte du PS, personne ne com-
prend et ne suit ce choix. Mais lui, et son registre populiste
de gauche, sait qu’il faut sortir du PS pour être entendu.
Avec ce choix politique-là, il propose quelque chose de
nouveau à des électeurs déçus, déboussolés. Excellent tri-
bun, il a des formules qui font mouche : "(Hollande) est un
capitaine de pédalo". Pour ceux qui ont de la mémoire ou
une certaine culture politique, cela rappelle Roland Dumas
parlant de Michel Rocard alors en guerre avec François
Mitterrand : "C’est un barreur de petit vent". En 40 secon-
des, il sait rendre accessibles des sujets qui ne le sont pas
au grand public. Dans cette campagne, il est clairement le
meilleur en rhétorique.
Avec Jean-Luc Mélenchon, c’est le retour sur le devant de
la scène de l’éloquence tribunicienne. Certes, cela peut
paraître un peu vieillot, mais ça marche ! Il a su inventer
une rhétorique différente de Georges Marchais auquel on
le compare parfois. Certes, il reprend les thèmes de la
gauche de la gauche… mais il sait les rendre accessibles
et compréhensibles à tous. Il invente, en quelque sorte,
un méta-langage châtié qui correspond parfaitement aux
attentes de son public. Jean-Luc Mélenchon a su créer un
personnage sans pour autant sombrer dans la caricature.
C’est fort.
Côté com’, l’équipe du Parti de gauche est autour de son
candidat et il sait réagir vite.
Il a choisi un bon lieu de QG de campagne (Les Lilas), en
accord avec les idées défendues et dans un bon timing
(contrairement à Hollande qui va de mal en pis sur le sujet).
Jean-Luc Mélenchon a une démarche très intéressante sur
son site internet avec des "épisodes tous les mois" : c’est
vraiment bien pensé et adapté.
C’est un orateur hors pair
Jean-Luc Mélenchon a véritablement réussi à se créer un
créneau, je ne suis pas certaine que cela se traduise par
des voix à l’élection, mais qui lui permet d’exister vraiment et
visiblement dans la campagne présidentielle. Ce qu’il dit est
parfaitement clair et il est parfaitement cohérent. Ce qu’il dit
correspond à la réalité, telle qu’il la perçoit, et ses électeurs
se reconnaissent totalement en lui.
Il use de formules chocs qui marchent. Il rencontre un vrai
écho dans la population car il parle comme Monsieur et Ma-
dame tout-le-monde. Il ne se prend pas au sérieux. Certes,
et c’est un problème, il est parfois agressif. C’est inutile et
dommageable, car il a une dialectique excellente. Ses mes-
sages sont bien sentis. Il aborde des questions de fond. On
entend un discours différent. Il ne cherche pas nécessaire-
ment à maîtriser les sujets, il cherche à exister. Il était inconnu
il y a quelques années et aujourd’hui il existe. En tout cas, on
l’entend. Il est très lisible, c’est un "bel animal" politique.
Sur la forme, il est caricatural, il a construit un personnage.
Si son but était de gagner en notoriété, c’est réussi. Il est
très bon en débat. Il ose tout. Les gens en ont marre des
messages "énarquisés" et il joue très bien là-dessus. Il a un
vrai sens de la formule, il a de la gouaille, ce qui est devenu
très rare dans un monde politique lisse. Cette qualité est
d’autant plus notable que, contrairement aux autres, il ne fait
pas de média-training, c’est très naturel chez lui. C’est un
bon client médiatique.
Jean-Luc mélenchon“Bête de scène !”
«
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201220
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 21
Il est efficace et malin
Il arrive à bien faire passer son message. On
peut le juger démagogique, mais ça passe. Il est
bien identifié dans cette campagne. Au point de
récupérer les "bobos" qui votaient Olivier Besance-
not. Son ton de bateleur plaît, alors que sur le fond son dis-
cours est poussiéreux. Il n’invente rien, pour autant il arrive à
donner une jeunesse au côté "franchouillard" qu’il participe
à représenter dans cette campagne.
Il est cultivé et a le sens de l’Histoire. Il travaille beaucoup ses
dossiers. Il prépare bien ses émissions médiatiques et ses
interventions publiques. Il connaît les dossiers qu’il aborde
et fait preuve d’une vraie qualité de pédagogie qui lui permet
de rendre les choses les plus compliquées accessibles au
plus grand nombre… mais sans tomber dans le simplisme !
Il travaille ses argumentaires et parvient à faire passer des
messages… même quand ses positions sont à la limite du
tenable, par exemple lors de ses attaques sur le Dalaï Lama.
Jean-Luc Mélenchon est le dernier tribun. Il utilise des ex-
pressions et des exemples qui sont énergiques et parlants.
Il travaille ses interventions et ne se retrouve pas dans la
situation des autres qui lisent leurs discours. Mais il y a un
risque à long terme : celui de se caricaturer.
Mais cet excellent communicant a un défaut. Un gros défaut
Il est agressif avec les journalistes. Est-ce travaillé ? Est-ce
pour appuyer sur le fait que les journalistes appartiennent,
peu ou prou, à une certaine élite parisienne ? Seule cer-
titude : cette agressivité ne passe pas à l’image. Il est en
campagne depuis deux ans et il n’est vraiment pas à l’abri
d’un dérapage. C’est sans doute, là, la limite du personnage.
Il est facilement irritable ; il a encore besoin d’apprendre des
choses, à se contrôler.
Tout comme Marine Le Pen, il manie très bien l’imposture
mais avec une classe certaine. Toutefois, il met une cer-
taine violence dans son éloquence et cela peut déranger,
empêcher ses messages de passer. Il passe en force. Sans
nuance. De façon incontestable, il devrait apprendre à se
maîtriser face aux journalistes. Son agressivité le dessert.
Son caractère, quelque peu éruptif à l’encontre
de la presse, peut faire des étincelles. Sans pour
autant déclencher le Grand Soir qu’il appelle de
ses vœux.
Il a l’agressivité et le lyrisme surannés de son posi-
tionnement politique. Il paraît nostalgique et présente
même des relents de la Commune. Avec lui, la République
est encore un combat ! Il s’identifie à la lutte des gens de peu
contre les belles personnes ! C’est sans doute le sentiment
qu’il a conservé de son long passage au sein du Parti Socia-
liste. Jean-Luc Mélenchon est un mélange d’agressivité, de
violence mais aussi de tendresse… Il sait parler de choses
graves et alterner avec des "phases" d’humour pour capter
l’attention. Ses discours sont vivants, le fruit d’une commu-
nication à fleur de peau. C’est un homme en colère et ça
ne peut que toucher les électeurs… après avoir séduit les
journalistes politiques.
Oui, Mélenchon peut aller loin
Il sait user de sa culture politique pour mobiliser son élec-
torat. Il parvient à convaincre qu’il est le seul héritier de la
gauche, des valeurs de gauche. Il s’inscrit dans cette conti-
nuité-là, cette histoire-là. C’est fort et efficace ! Mais cela lui
permet aussi d’esquiver les questions plus dérangeantes,
notamment sur le financement de ses propositions.
Être candidat, pour lui, ne correspond pas à une envie. Mais
sans doute, plutôt, à une certaine soif de revanche. Et il n’y
a sans doute rien de plus dur à battre que ce profil-là ! Et il a
bien l’intention de le prouver. Il peut être redoutable, surtout
que son ambition n’est pas d’atteindre Nicolas Sarkozy, mais
bien de se tailler une part dans l’électorat de gauche. Il veut
affaiblir François Hollande pour peser dans les futures négo-
ciations. Cette stratégie est payante… pour l’instant !
On pourrait penser que c’est un excellent communicant, mais
je pense que ce n’est pas le cas, car il est censé représenter
un électorat ouvrier, alors que dans sa manière de s’exprimer,
il n’a pas su trouver les mots et le vocabulaire pour toucher cet
électorat en question. Il a un certain potentiel électoral qu’il n’a
pas su capitaliser et a donc été assez décevant par rapport
à ce que l’on pouvait attendre de lui. Paradoxalement, il dit
s’adresser aux couches populaires mais ne les touche pas. Il
est surtout efficace avec les jeunes. »
TOp 3 :30 citations
FLOp 3 :4 citations
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201222
C’est un malhonnête qui n’arrive pas !
Tout le monde sait qu’il ne fait pas cam-
pagne pour ses idées mais pour l’ar-
gent qui est son seul moteur. Il
est inaudible. Invisible.
Malgré les moyens financiers im-
portants qu’il met dans sa com-
munication, il ne parvient pas à
trouver une légitimité politique.
Alors même que Nicolas Miguet
avait, dans le contexte actuel, une
certaine légitimité ! Mais il reste un ma-
nipulateur qui veut juste instrumentaliser
la présidentielle.
C’est un imposteur politique
Il n’est pas politique. Il n’est dans cette campagne que pour
les profits qu’il peut en retirer. Son seul but ? Essayer de
faire du buzz autour de sa candidature à la présidence de
la République pour gagner de l’argent. Il est l’une
des illustrations d’une dérive de la Cinquième
République. Tel que l’on peut le percevoir, Ni-
colas Miguet apparaît aujourd’hui comme un
écervelé, presque un sectaire, un poujadiste et
même, pour certains, un escroc qui relève plutôt
de la psychiatrie que de la politique. Finalement,
c’est juste un roitelet qui s’écoute parler et qui reste
inaudible car il est au degré zéro de la communication.
C’est dommage, car sur la baisse des impôts il y a pourtant
des choses à dire ! »
Sa candidature elle-même est une erreur de com’ magistrale
Il est bien plus faible, par exemple, que son prédécesseur à
la présidentielle au nom des chasseurs, Jean Saint-Josse.
Mais attend-on vraiment les chasseurs dans ce scrutin ?
J’en doute ! Ils sont plutôt attendus et audibles sur des élec-
tions européennes ou locales, c’est une évidence.
Il est pathétique. Même s’il a déjà fait campagne en 2007 et
que cela lui donne à peine le début d’une once de commen-
cement de légitimité… Il avait raté sa campagne lors de la
dernière présidentielle. Mais il revient… et si, la der-
nière fois, prôner la cause des chasseurs pouvait
faire sourire, aujourd’hui, c’est tout simplement
inaudible. Comment peut-il oser tenir ce genre
de discours sur la défense des chasseurs dans
un tel contexte ?
Il est inaudible
Sans compter que Frédéric Nihous, par ailleurs sympathique,
n’arrive pas à faire une phrase normale ! C’est
une vraie calamité ! Il ne sait pas se renouveler
et ce qu’il dit ne fait plus rire. Il a la même
grille de lecture et d’analyse qu’il y a cinq
ans. Tout a changé depuis, sauf lui. Il n’a
pas su évoluer. Il ne prend pas la mesure
de ce qu’une campagne présidentielle repré-
sente en termes d’interventions médiatiques.
Il n’existe pas et ne peut pas exister. »
nicolas miguet“Campagne en bois”
Frédéric nihous “Déplacé”
«
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :8 citations
TOp 3 :0 citation
FLOp 3 :4 citations
«
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 23
4. Classement général
(Coef. 3) (Coef. 2) (Coef. 1)
TOTAL citations
TOTALPoints
TroisièmePremier Deuxième
Nathalie Arthaud François Bayrou 9 4 7 20 42Christine Boutin Jean-Pierre Chevènement 1 1 2Dominique de Villepin 2 2 2Nicolas Dupont-Aignan François Hollande 13 7 10 30 63Eva Joly 1 1 2 4Carl Lang Corinne Lepage Marine Le Pen 12 11 11 34 69Jean-Luc Mélenchon 5 11 14 30 51Nicolas Miguet Hervé Morin Frédéric Nihous Philippe Poutou Nicolas Sarkozy 10 16 5 31 67
(Coef. 3) (Coef. 2) (Coef. 1)
TOTAL citations
TOTALPoints
TroisièmePremier Deuxième
Nathalie Arthaud 2 4 1 7 15François Bayrou 1 1 2 5Christine Boutin 1 1 2 4 7Jean-Pierre Chevènement 2 2 4 6Dominique de Villepin 1 4 5 6Nicolas Dupont-Aignan 1 0 1 2 4François Hollande 4 2 6 10Eva Joly 19 7 9 35 80Carl Lang 2 4 2 8 16Corinne Lepage 1 1 2 4 7 Marine Le Pen Jean-Luc Mélenchon 4 4 4Nicolas Miguet 2 1 5 8 13Hervé Morin 6 11 12 29 52Frédéric Nihous 2 1 1 4 9Philippe Poutou 11 10 3 24 56Nicolas Sarkozy 2 2 4 10
détail du classement « top 3 » et scores Nombre de citations pondérées en fonction de la position dans le « Top 3 »
détail du classement « Flop 3 » et scores Nombre de citations pondérées en fonction de la position dans le « Flop 3 »
nombre de citations pondérées en fonction de la position dans le « top 3 » / « Flop 3 »
Top
Flop
Marine Le Pen
Nicolas Sarkozy
François Hollande
Jean-Luc Mélenchon
François Bayro
u
Eva Joly
Jean-Pierre
Chevènement
Dominique de Villepin
Nathalie Arthaud
Christin
e Boutin
Nicolas Dupont-A
ignan
Carl Lang
Corinne Lepage
Nicolas Miguet
Hervé M
orin
Frédéric Nihous
Philippe Poutou
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201224
ParTie ii :notation des personnaLités
poLitiQues base panel iFop-Paris Match
septembre 2011 – hors candidats
☛ Pour chacune des personnalités proposées, notez de 1 à 10 :
• la qualité du fond (clarté du message politique, maîtrise des sujets et
des dossiers, qualité de l’argumentation, effort de pédagogie, etc.) ;
•et la qualité de la forme (capacité à mettre en scène l’information,
qualité des prestations tv-radio, style et attitude, etc.).
comme pour les éditions précédentes, nous nous sommes basés sur le baromètre iFoP-Paris Match des person-
nalités politiques préférées des Français, édition de septembre 2011.
cette année encore, ont été extraits de ce panel les anciens présidents de la république et les personnalités moins
visibles sur la scène politique française car appelées à d’autres fonctions. nous avons également retiré l’ensemble
des candidats à la présidentielle, traités en Partie i de l’étude.
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 25
CLASSEMENT FOND CLASSEMENT FORME MOYENNE
Alain Juppé 7,47
Daniel Cohn-Bendit 7,00
François Fillon 6,70
Martine Aubry 6,59
Arnaud Montebourg 6,52
Nathalie Kosciusko-Morizet 6,49
Manuel Valls 6,48
Cécile Duflot 6,42
Laurent Fabius 6,32
Christine Lagarde 6,28
Bruno Le Maire 6,24
Pierre Moscovici 6,17
Jean-François Copé 6,10
Jean-Pierre Raffarin 5,86
Valérie Pécresse 5,72
Xavier Bertrand 5,70
Nicolas Hulot 5,67
Vincent Peillon 5,60
Laurent Wauquiez 5,59
Benoît Hamon 5,52
François Baroin 5,46
Claude Guéant 5,44
Bertrand Delanoé 5,35
Ségolène Royal 5,24
Jean-Louis Borloo 5,14
Eric Besson 5,00
Luc Chatel 4,95
Elisabeth Guigou 4,86
Jack Lang 4,75
Roselyne Bachelot 4,63
Chantal Jouanno 4,58
Gérard Longuet 4,52
Brice Hortefeux 4,42
Nadine Morano 4,20
Rama Yade 3,86
Rachida Dati 3,62
Daniel Cohn-Bendit 6,98
Bertrand Delanoé 6,56
Laurent Fabius 6,26
Arnaud Montebourg 6,22
Christine Lagarde 6,05
Ségolène Royal 6,01
Cécile Duflot 6,00
Nathalie Kosciusko-Morizet 6,00
Benoît Hamon 5,96
Jean-Pierre Raffarin 5,96
Manuel Valls 5,90
Jean-Louis Borloo 5,85
Bruno Le Maire 5,76
Rama Yade 5,74
Valérie Pécresse 5,71
Alain Juppé 5,62
Laurent Wauquiez 5,49
Xavier Bertrand 5,48
François Fillon 5,48
Nicolas Hulot 5,48
Chantal Jouanno 5,42
Eric Besson 5,41
François Baroin 5,37
Rachida Dati 5,35
Nadine Morano 5,32
Pierre Moscovici 5,28
Vincent Peillon 5,28
Luc Chatel 5,27
Jack Lang 5,19
Gérard Longuet 5,14
Jean-François Copé 5,04
Martine Aubry 4,95
Claude Guéant 4,78
Brice Hortefeux 4,70
Roselyne Bachelot 4,67
Elisabeth Guigou 4,55
Daniel Cohn-Bendit 6,99
Alain Juppé 6,55
Arnaud Montebourg 6,37
Laurent Fabius 6,29
Nathalie Kosciusko-Morizet 6,25
Cécile Duflot 6,21
Manuel Valls 6,19
Christine Lagarde 6,17
François Fillon 6,09
Bruno Le Maire 6,00
Bertrand Delanoé 5,95
Jean-Pierre Raffarin 5,91
Martine Aubry 5,77
Benoît Hamon 5,74
Pierre Moscovici 5,73
Valérie Pécresse 5,71
Ségolène Royal 5,62
Xavier Bertrand 5,59
Nicolas Hulot 5,58
Jean-François Copé 5,57
Laurent Wauquiez 5,54
Jean-Louis Borloo 5,49
Vincent Peillon 5,44
François Baroin 5,41
Eric Besson 5,20
Luc Chatel 5,11
Claude Guéant 5,11
Chantal Jouanno 5,00
Jack Lang 4,97
Gérard Longuet 4,83
Rama Yade 4,80
Nadine Morano 4,76
Elisabeth Guigou 4,70
Roselyne Bachelot 4,65
Brice Hortefeux 4,56
Rachida Dati 4,49
notation des personnalités
Cette année encore, daniel cohn-Bendit confirme
sa place de « chouchou » des médias. En cumu-
lant de très bonnes notes sur la forme et le fond, il
se distingue nettement du panel.
Alain Juppé, Arnaud Montebourg et laurent Fabius font
leur entrée dans le nuage de personnalités à fort potentiel
communicant, disposant de qualités reconnues sur le fond
et/ou sur la forme.
La communication d’Alain Juppé qui a longtemps été consi-
dérée comme un frein est à présent saluée. Celle de Laurent
Fabius est également jugée sérieuse et équilibrée tant sur la
forme que sur le fond. Enfin, Arnaud Montebourg bénéficie
de son émergence lors de la primaire socialiste.
nathalie kosciusko-Morizet, cécile duflot et Manuel
valls confirment, quant à eux, leur position.
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201226
mapping des positions (moyenne générale)
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 27
ParTie iii :LA peRsOnnALITÉ à suIvRe
☛ au-delà des candidats à l’élection présidentielle, voyez-vous une person-
nalité « montante », dont la communication vous ferait dire qu’il/elle va
émerger ou occuper de plus hautes fonctions dans les prochains mois ?
Lorsque nous avons demandé aux journalistes de citer
spontanément la personnalité qui, selon eux, est à
suivre pour 2012, ce sont des figures de gauche qui
ont davantage remporté les suffrages. Peut-être signe de
l’alternance pressentie de leur part ?
Si, une fois de plus, c’est une femme qui l’emporte, la parité
est respectée. Sur la globalité, nous recensons 23 personna-
lités citées, dont 16 ne recueillent qu’une seule voix. L’éven-
tail des « nominés » est donc large, mais quatre personnalités
se distinguent : cécile duflot remporte la mise et Manuel
Valls, Arnaud Montebourg et Nathalie Kosciusko-Morizet re-
cueillent tous plus de cinq citations.
• cécile duflot : elle se détache notamment par sa rigu-
eur intellectuelle et son côté « acharnée » au travail. Lors
de l’étude précédente, elle figurait déjà dans le Top 5
des meilleurs communicants et apparaît donc encore
aujourd’hui comme la meilleure porte-parole de l’écologie.
• Manuel valls et Arnaud Montebourg : jouant un rôle
dans la campagne de François Hollande, ils bénéficient
également de la lumière obtenue lors de leur campagne
au cours de la primaire socialiste.
• nathalie kosciusko-Morizet : elle conforte sa bonne
position de communicante analysée lors de l’étude précé-
dente et les journalistes ne s’y sont pas trompés puisqu’elle
a été récemment nommée porte-parole de Nicolas Sarkozy
dans le cadre de sa campagne.
• Enfin, najat vallaud-Belkacem, Pierre Moscovici et
Alain Juppé ont également été cités par plus d’un jour-
naliste : du fait de leurs rôles de premier plan dans la cam-
pagne du candidat socialiste pour les uns et du soutien au
candidat UMP pour l’autre.
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201228
1. La première
Cécile Duflot est excellente, intelli-gente, travailleuse et volontaire
Elle donne l’impression d’une "Sarkozy" au féminin, car
elle a un vrai potentiel et sait toujours retomber sur
ses pattes, comme un chat. Elle fait preuve d’une
vraie agilité intellectuelle et apporte toujours une réponse à la
question qui lui est posée. Certes, elle n’est pas une oratrice
de première. Mais sa communication reste cohérente.
Elle n’est pas près de quitter nos écrans de télévision !
Cette jeune femme a un côté rafraîchissant, qui ne l’empêche
pas d’avoir très bien compris comment fonctionnent les mé-
dias… mais aussi les partis politiques et, au-delà,
la vie publique dans ce pays. Oui, elle est jeune
mais pour autant elle est déjà installée dans
le paysage politique tout en conservant
une image de nouveauté que beaucoup de
politiques peuvent lui envier. Elle connaît le système médiati-
que mais ne tombe pas dans ses travers qui piègent certains.
Cela peut paraître anecdotique, mais Cécile Duflot est une
femme ; et, en politique, c’est encore rare. Elle parvient à
faire naturelle et assume de bien belle manière son ambition
politique qui est réelle.
Enfin, elle est bien ancrée dans la réalité du quotidien
Par exemple, elle sait twitter et elle ne donne pas le senti-
ment d’avoir peur de s’engager dans ses interventions. Mais
elle ne pourra pas garder éternellement l’image de la "jeune
qui débarque". Et la question de l’évolution de son image
se pose. Peut-être en devenant ministre ? En 2014, ce sera
une vraie bonne candidate pour les municipales à Paris. Pour
reprendre une expression utilisée par d’autres, elle est la fille
"normale" qui fait de la politique. C’est un peu la nouvelle
Olivier Besancenot… sauf qu’elle descend de son RER et
pas de son vélo ! »
cécile duflot “La pousse verte”
10 citations
«
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 29
2. suivent de près… (plus de 5 citations)
Il a pris le pouvoir sur l’appareil hollan-
dais. Manuel Valls a d’ores et déjà gagné
son bras de fer avec Pierre Moscovici et
Michel Sapin. Il tente d’apporter au candi-
dat François Hollande la fermeté qui lui fait
défaut. Si le candidat du Parti socialiste
gagne cette élection présidentielle,
Manuel Valls devrait beaucoup y ga-
gner lui aussi… Il apparaît comme
la révélation des primaires au sein
du PS. C’est un opiniâtre, qui se
situe entre un discours de gauche modernisé et un corpus
de valeurs clairement sociales. Un démocrate moderne fort
d’une expression directe, simple et sans complexe. Manuel
Valls apparaît comme l’un des rares leaders socialistes fran-
çais aujourd’hui débarrassés du "volapük" crypto-gauchiste
et socioculturel. Il est la nouvelle aile droite du PS. Avec ces
primaires, Manuel Valls a pris la lumière… il faut juste qu’il
parvienne à la garder. Il apparaît comme authentique. Et
son ancrage est intéressant : il est à la fois dans la réalité du
quotidien avec son mandat de maire d’Evry – à la différence
de nombreux apparatchiks. »
Il est déjà bien identifié dans l’opinion pour ses propos
contre la corruption et le renouvellement ou la modernisa-
tion des institutions. Il fait des efforts pour fédérer autour
du Parti socialiste des organisations comme Attac ou les
mouvements altermondialistes. Il a réussi quelque chose,
là-dessus. Si la gauche gagne cette année, il aura des res-
ponsabilités, ou comme ministre ou – pourquoi pas ? –
dans la course à la mairie de Paris. Mais Arnaud Monte-
bourg a des failles : on voit trop son cynisme et l’on perçoit
trop son double discours sur le thème "faites ce que je dis,
mais ne faites pas ce que je fais".
Ce ténor, qui a su tirer profit des primaires au sein du PS,
a une incontestable façon de louvoyer. Son but ? Pren-
dre la lumière et ne plus la lâcher. C’est un Rastignac,
conscient qu’il a une carte à jouer. Il est positionné pour
prendre une place de choix si François Hollande remporte
ce scrutin. De plus, il s’adapte à toutes les situations : c’est
à la fois un politique de salon et un politique de campagne.
Sa personnalité est intéressante. Il est intelligent et souvent
très fin…
Arnaud Montebourg est la surprise à gauche : par chance
ou par discernement, il lance toujours des débats qui inté-
ressent ou des idées que les Français "lambda" veulent en-
tendre. Par exemple, sur la crainte de l’hégémonie
des Allemands, il a joué sur la germanophobie
latente dans ce pays. Sur une période de
deux ans, on se dit qu’il a tort… bien évidem-
ment ! Mais sur une période de trente ans,
on se rend compte qu’il a aussi raison. C’est
le sens de l’Histoire ! Ainsi, sur son refus de
laisser l’euro entre les mains des Allemands,
il a raison ! Mais il n’est pas forcément mûr,
politiquement. Il doit faire ses preuves s’il
veut vraiment émerger et sa com-
munication paraît aujourd’hui en-
core tâtonnante. »
manuel valls “Gauche-droite”
arnaud montebourg “Droite-gauche”
«
«
– Verbatim –
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201230
3. ont également été citées comme personnalités à suivre en 2012
Elle présente un profil original à droite. D’abord, c’est
une femme. Elle est assez originale dans ses thèmes
de prédilection : nouvelles technologies, écologie et
droite sociale. De ces points de vue-là, avant elle, la droite
était faible. À présent, NKM est bien identifiée sur ces thé-
matiques. De plus, elle a un physique facile mais cela va
au-delà : elle est intelligente, elle a une bonne voix et elle
est bardée de diplômes… c’est un profil intéressant. Une
pointure.
Mais elle est assez seule, car elle ne parvient pas à fédérer
au sein même de sa famille politique. Il ne faut pas confon-
dre les "followers" de Tweeter avec des troupes fidèles ! Elle
n’a pas de bande, pas d’écurie. Elle est très indépendante
d’esprit… c’est ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse.
C’est une femme de tête. Elle sait se tenir à l’écart des
luttes de courants de l’UMP et se distingue des autres
ministres en montrant qu’elle n’est pas seulement l’une
des porte-parole de Nicolas Sarkozy. Elle n’est pas per-
çue comme une adepte de la langue de bois. Elle donne,
à l’inverse, le sentiment d’être solide et de défendre ses
convictions. Elle parvient même à convaincre les électeurs
et les gens qu’elle est, dans la vraie vie,
loin d’être seulement enfermée dans
son ministère ou dans ses mandats.
Son énergie, sa féminité, son prag-
matisme et son intelligence sont des
plus… à condition qu’elle parvienne, un jour, à se "débour-
geoiser". Aujourd’hui, elle apparaît comme une conserva-
trice moderne aux dents assez longues pour réussir.
NKM est une "post-moderne", toujours sur le coup d’après
et sur tous les sujets économiques ou de société. Pour
elle, nous sommes dans une société où les gens travaillent
en réseau, où il y a des jeunes et des femmes à tous les
échelons. Sur le nucléaire, par exemple, elle se distingue
des discours très pro-nucléaires de la droite en se mon-
trant beaucoup plus modérée. De façon incontestable, elle
"sent" très bien l’opinion. En même temps, NKM reste d’un
grand classicisme : c’est une femme de droite qui n’oublie
pas d’où elle vient.
Elle aura un rôle important à l’avenir. Surtout si la droite doit
se recomposer au lendemain de la présidentielle, au cas où
Nicolas Sarkozy serait battu. »
- Benoist Apparu
- Jean-Marc Ayrault
- Guillaume Bachelay
- François Baroin
- Jean-François Copé
- Olivier Faure
- Aurélie Filippetti
- Claude Guéant
- Alain Juppé
- Christine Lagarde
- Bruno Le Maire
- Pierre Moscovici
- Fleur Pellerin- Guillaume Peltier- Franck Riester- René Ricol- Laurent Wauquiez
nathalie Kosciusko-morizet “L’atout vert”
«
– Verbatim –
Drôles ou assassines, sélection de « petites phrases »
comme ils les aiment…
« Elle a tété de l’art oratoire depuis toute petite. »
(À propos de Marine Le Pen)
« Les journalistes politiques s’emmerdent, il est donc parfait en ce moment. »
(À propos de Jean-Luc Mélenchon)
« Sa traversée du désert aura été salutaire. » (À propos d’Alain Juppé)
« Elle n’est pas près de quitter nos écrans
de télévision ! » (À propos de Cécile Duflot)
« L’un des rares leaders socialistes débarrassés du "volapük" gauchiste
et socioculturel. » (À propos de Manuel Valls)
« C’est le seul qui va mettre en œuvre son programme de second mandat
avant d’avoir terminé le premier. » (À propos de Nicolas Sarkozy)
« C’est la grande injustice de la communication politique ! »
(À propos d’Eva Joly)
« Son registre "coincé " et je vous cause à la "mode Tonton"
peut paraître plaqué, construit… » (À propos de François Hollande)
« Il a "séché " les snipers de l’UMP. »
(À propos de François Hollande)
« Ce n’est pas un bon président, tous s’accordent à le dire, mais c’est un bon candidat. Un excellent candidat ! »
(À propos de Nicolas Sarkozy)
« Il ne faut pas être normal pour être président, il faut être barjot. »
« Il n’aime pas la lumière. On dirait un lapin pris dans les phares d’une voiture. »
(À propos de Philippe Poutou)
« C’est le candidat Century 21, qui passe de sa cuisine à son salon. »
(À propos d’Hervé Morin)
« Quand il vous appelle, en deux secondes c’est comme si vous aviez fait Mai 68 ensemble. »
(À propos de Daniel Cohn-Bendit)
« Elle est audible sur tout sauf sur l’écologie. »
(À propos d’Eva Joly)
“BeSt oF”
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 2012 31
Communication politique - Étude Vae Solis Corporate - Vague 3 - Mars 201232
MéThODOLOgie
Cette étude est le résultat des classements, notations et verbatim des seuls journalistes. Vae Solis Corpo-rate n’a fait aucun commentaire et a retranscrit les
analyses sans aucun ajout dans les portraits présentés.
Nous avons souhaité constituer un panel le plus représentatif possible du paysage médiatique français. Nous espérons y être parvenus.
Au total, 56 journalistes politiques ont participé à l’enquête :
• Représentant la variété des supports : agences de presse, télévisions, PQN, PQR, médias Internet, hebdo-madaires nationaux, presse étrangère ; la répartition par famille de médias est approximativement la même que lors de la précédente édition. Nous comptons notamment cette année davantage de journalistes Internet et blogs.
• Occupant des fonctions diverses : journalistes spécia-lisés, éditorialistes, animateurs, chroniqueurs, chefs de service/rubrique et rédacteurs en chef.
Les entretiens, dont la durée a pu varier de trente minutes à deux heures, ont été conduits entre décembre 2011 et février 2012, en face-à-face ou par téléphone, sur la base d’un questionnaire organisé en trois parties :
1/ Top 3 et Flop 3 des candidats communicants : dési-gnation des trois meilleurs et trois moins bons candidats à la présidentielle.
2/ Notation du fond et de la forme pour les 36 personna-lités politiques proposées.
3/ Une personnalité à suivre pour 2012, à désigner spontanément.
panel de journalistes interrogés et conduite des entretiens
PRESSE INTERNET, BLOGS ET FREELANCE
PRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALE
PRESSE ÉTRANGÈRE
TÉLÉVISIONS
AGENCES
PRESSE QUOTIDIENNE NATIONALE
RADIOS
12%
7%
5%
16%
7%14%
11%
28%
répartition de notre échantillon “journalistes” par famille de médias.
Base : 56 journalistes
crédits photos
Nathalie Arthaud : DR ; François Bayrou : ©Soazig de la Moissonnière ; Christine Boutin : DR ; Jean-Pierre Chevènement : DR ;
Dominique de Villepin : DR ; Cécile Duflot : ©N4thaniel ; Arnaud Dupui-Castérès : ©F. Criquet ; François Hollande : ©Thierry Mor-
ton ; Eva Joly : ©Xavier Cantat ; Nathalie Kosciusko-Morizet : DR ; Carl Lang : DR ; Corinne Lepage : ©Cap21photo ; Marine Le
Pen : DR ; Jean-Luc Mélenchon : DR jean-luc-melenchon.fr ; Arnaud Montebourg : ©Philippe Grangeaud – Solfé Communications ;
Nicolas Miguet : DR ; Hervé Morin : DR ; Frédéric Nihous : DR ; Philippe Poutou : DR ; Nicolas Sarkozy : DR - lafranceforte.fr ;
Manuel Valls : DR ; Podium : 123RF.
CO
RP
OR
AT
EPolices : - Titre : Helvetica Neue bold modifiée- Corporate : Helvetica Neue medium
Couleurs :- Gris clair : C31 - M15 - J6 - N35 / (N 54%) - Gris foncé : C31 - M15 - J6 - N66 / (N 85%)
CO
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Vae Solis Corporate 16, avenue Kléber - 75016 Paris - Tél. : 01 53 92 80 00 - Email : contact@vae-solis.com
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