Post on 08-Jan-2020
Charles CAZANAVE
Service des Maladies Infectieuses et Tropicales – CHU de Bordeaux
Epidémiologie des IST et réseaux de surveillance
- IST = problème majeur de Santé publique. Fréquence en augmentation
. Risque de séquelles (infertilité)
. Augmentation risque de transmission du VIH
- Epidémiologie des IST en France métamorphosée sur ces 2dernières décennies
. Recrudescence gonocoque à partir de 1998
. Résurgence syphilis depuis les années 2000
. Emergence « LGV rectale » à partir de 2003
- Déclaration obligatoire des « 4 IST classiques » abandonnée en2000, au profit d’une surveillance épidémiologique reposant surplusieurs réseaux volontaires de cliniciens et de laboratoires
Introduction
1- Réseaux de surveillances des IST. RésIST
. Rénago
. Rénachla
. Réseau LGV
2- Epidémiologie des principales IST (hors VIH). chlamydia
. gonococcies
. syphilis
. LGV
. hépatites C sexuelles
PLAN
Réseaux de surveillance
Surveillance de la syphilis- Réseau RésIST
- Créé en 2000
- Réseau de cliniciens volontaires exerçant dans différents lieux dediagnostic : CeGIDD, SMIT, Dermatologie, médecine libérale…
- Définition d’un cas de syphilis récente : clinique et biologie
. Clinique : syphilis primaire, secondaire et latente précoce
. Biologie : TPHA/EIA, VDRL essentiellement
- Consentement oral du patient, déclaration anonymisée
. Informations recueillies par le médecin : socio-démographiques,comportementale et biologiques
. Auto-questionnaire associé : comportements sexuels
Réseaux de surveillance des IST
Surveillance des gonococcies- Réseaux Rénago (laboratoires, 1986) et RésIST (cliniciens, 2004)
- Informations complémentaires
. Rénago : médecine de ville
. RésIST : structures spécialisées (essentiellement CeGIDD)
- Rénago : surveillance de la sensibilité des souches aux AB
- Définition d’un cas pour les 2 réseaux : biologie
. Biologie : culture et/ou PCR positive(s)
Réseaux de surveillance des IST
Surveillance des gonococciesSpécificités réseau Rénago
- Collection des données épidémiologiques par chaque laboratoireparticipant
- Collection de données agrégées semestrielles : nombre de testsréalisés et de souches de gonocoques isolées
- Nombre de laboratoires participant varie chaque année
- Indicateur retenu : nombre moyen de souches isolées / an /laboratoire
- Une partie des laboratoires participe à la surveillance des résistancesdu gonocoque → envoi de souches au CNR gonocoque Paris
- CNR teste la sensibilité à 6 AB : tétracycline, ciprofloxacine, ceftriaxone,céfixime, spectinomycine et azithromycine
Réseaux de surveillance des IST
Surveillance des infections uro-génitales à chlamydia- Réseau Rénachla
- Créé en 1989
- Surveillance des infections à Chlamydia trachomatis
- Définition d’un cas : biologie
. Biologie : PCR
- Réseau de laboratoires
- Collection de données épidémiologiques
- Collection de données agrégées : nombre de tests réalisés etnombres d’infections à C. trachomatis diagnostiquées
- Indicateur retenu : nombre moyen d’infections à C. trachomatisdiagnostiquées / an / laboratoire
Réseaux de surveillance des IST
Surveillance de la lymphogranulomatose vénérienne(LGV) rectale- CNR des infections à chlamydiae (Dr Bertille de Barbeyrac,Bordeaux)
- Génovars L (L2b)
- Emergence LGV rectale au niveau européen en 2003
- Réseau LGV créé en 2010
- Surveillance des infections ano-rectales à C. trachomatis
. LGV rectales
. Infections rectales à souches non-L
Réseaux de surveillance des IST
Surveillance de la lymphogranulomatose vénérienne(LGV) rectale- CNR des infections à chlamydiae (Dr Bertille de Barbeyrac,Bordeaux)
- Réseau de laboratoires et de cliniciens (infectiologues etproctologues)
- Définition d’un cas
. PCR C. trachomatis positive sur prélèvement rectal
. Prélèvement envoyé au CNR pour génotypage si PVVIH ou sipatient VIH- symptomatique
- Collection de données épidémiologiques, cliniques et biologiques
Réseaux de surveillance des IST
Saisie en ligne pour les réseaux de laboratoire- Depuis le 15/09/2014, la saisie des cas de gonococcie et d’infection àC. trachomatis diagnostiqués au sein des réseaux de laboratoires(Rénago et Rénachla) se fait en ligne sur un site sécurisé → application« SoLIST » : Saisie on line des IST
- Déclinaison informatique des questionnaires papiers
- Conséquence des regroupements de laboratoires de ville → afin demieux connaître l’activité dans chaque lieu de prélèvement (même siprélèvement « techniqué » ailleurs)
- Saisie en ligne permettra sûrement d’étendre les réseaux Rénago etRénachla pour améliorer la couverture sur le territoire français(cantonnés pour l’instant à la métropole)
Réseaux de surveillance des IST
ARS : Agences régionales de santé, CNR : Centres nationaux de référence, DGS :Direction générale de la santé, Inpes : Institut national de prévention et d'éducation pourla santé, LGV : lymphogranulomatose vénérienne
Réseaux de surveillance des IST
CNR des IST bactériennes
Epidémiologie des ISTEn population générale
Epidémiologie mondiale des principales ISTC. trachomatis N. gonorrhoeae
Nombre de cas
Incidence/100 000 hab
Nombre de cas Incidence/100 000 hab
USA 1 423 000 457 335 000 107
France 59 000 257 13 000 39
Europe 346 911 175 30 179 12,6
Epidémiologie des principales ISTPrincipal agent d’IST bactérienne
BEH – 29/11/2016
Infections à chlamydia
Epidémiologie des principales IST
- ♀ : 15-24 ans (65 %)- ♂ : 20-29 ans (61 %)
Infections à chlamydia
Epidémiologie des principales IST
Centres à vocation de dépistage
Centres à vocation de soins
Epidémiologie des principales IST↗2013-2015 : ↗ 100 % HSH, 68 % des cas
11 % de co-infection VIH40 % de R à la cipro
Gonococcies
Epidémiologie des principales IST
Epidémiologie des principales IST2013-2015 : ↗ 56 % HSH, 84 % des cas, 25 % VIH+
Syphilis récentes
Epidémiologie des principales IST
Évolution des nombres de cas de syphilis récentes et de sitesparticipants selon le sexe, réseau RésIST, France, 2000-2013
En 2013 : 1 014 cas déclarés,86 % de HSH, 35 % VIH+
LGV et rectite à Chlamydia non L
Epidémiologie des principales IST
3 19 102 117 140170 191
160 184 191 197
322379
480
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Evolution du nombre de LGVFrance 2002-2015
En 2015 :- 480 cas déclarés de LGV, 96 % de HSH, 71 % VIH+ - 788 cas déclarés de rectites non L, 92 % de HSH, 29 % VIH+
LGV
Epidémiologie des principales IST
Epidémiologie des principales ISTTop 5 LGV1/ Paris2/ Tourcoing3/ Lyon4/ Montpellier5/ Bordeaux
CNR des Infections à chlamydiae - Bordeaux
IST - HSH
1- Augmentation de la syphilis, des gonococcies et de laLGV chez les HSH
→ Augmentation des comportements à risque (< 5 % desfellations protégées)
2- Co-infection toujours élevée du VIH en cas de LGV et desyphilis chez les HSH
→ Utilisation insuffisante du préservatif chez les HSH VIH+
3- Qu’apportera (que changera) la PrEP sur ces données ?
IST – HSHDonnées françaises
lemeilleur
…de la CROI 2016IST chez HSH VIH+ aux Etats-Unis
• Analyse rétrospective de la pratique de dépistage des IST chez 6 079HSH VIH+ aux Etats-Unis, Medical Monitoring Project, période 2009-20122
• Résultats :– 1/ 30 % testés chaque année pour gonocoque et C. trachomatis, mais
seulement 5 % au niveau extra-génital (ano-rectal, pharyngé)– 2/ Positivité test +++ : globalement 5,5 %, significativement plus élevée
au niveau ano-rectal (C. trachomatis à 11,6 %, gonocoque à 9,9 %) etpharyngé (respectivement 5,9 % et 8,4 %), qu’au niveau urinaire (4,5 % et3,8 %)
2. Patel M. CROI 2016, Abs. 1006
♂ 21 ans, VIH+
lemeilleur
…de la CROI 2016IST chez HSH au Canada
• Etude prospective 575 HSH, Vancouver, 2/2012 à 2/20153
• Recherche de cas incidents d’IST• Résultats :
– 29 % VIH+, 71 % VIH-– Suivi médian 1,37 ans– 134 IST : 23,2 % (pas de différence entre VIH+ et VIH-)– Chez VIH+ : syphilis +++ plus fréquente et Ct/gono moins fréquents
3. Stephenson K. CROI 2016, Abs. 1007
lemeilleur
…de la CROI 2016Chemsex chez les HSH au Royaume-Uni (1)
Pufall EL, CROI 2016, Abs. 913
29
0
10
15
20
25
30
%
5
15,4
19,722,6
11,410,2
6,9
0,4 1,1
6,5
SlamsexChemsex
HSH sexuellement actifs pratiquant chemsex et slamsex et drogues utilisées (% ajusté) (n = 387)
• Enquête transversale, 30 centres VIH au Royaume-Uni, auto-questionnaireanonyme via Internet, mai-novembre 2014
• Population cible : HSH VIH+ sexuellement actifs, croisement des réponses surles pratiques aux données cliniques (CV VIH), extrapolation pour obtenir unereprésentativité nationale
• 526 réponses, 74 % sexuellement actifs : n=392
• Pratique de Chemsex (n=105) indépendamment associée à
Age entre 35 et 54 ans ((35 % vs. < 20 %) ; p < 0,01)
Résidant à Londres ((37 % vs. 17 %) ; p = 0,004)
Tabagisme((39 % vs. 24 %) ; p < 0,001)
Dépression, anxiété ((38 % vs. 24 %) ; p= 0,01)
Utilisation drogues en dehors du sexe((55 % vs. 13 %) ; p < 0,001)
• Slamsex plus fréquent chez patients sous ARV ((19 % vs. 9 %) ; p = 0,049) MCAT : méphédrone
lemeilleur
…de la CROI 2016Chemsex chez les HSH au Royaume-Uni (2)
• Au cours de l’année écoulée : parmi les 392 HSH VIH+ sexuellement actifs :77 % ont eu des RAN, 46 % des RANsd et 9 % des RANsd avecCV ≥ 50 c/ml
• Nombre moyen de partenaires dans l’année : 30,3 si chemsex vs. 9,5
RAN : rapports anaux non protégés ; RANsd : rapports anaux non protégés séro-différents
Association entre chemsex, slamsex et diagnostic auto-déclaré des IST (odds ratio ajusté)
3,422,13
6,26
0
6
8
12
14
16
2
10
4
18
0,96
2,76
0,33 0,650,60
3,85
1,82
9,12
3,093,05
0,28 0,74
2,62
SlamsexChemsex
Pufall EL, CROI 2016, Abs. 913
Mais les IST sont aussi virales
Hépatites C aiguës
• Augmentation incidence hépatites C aiguës actuellement etparticulièrement chez les HSH VIH+
• Augmentation principalement liée à :
– Aux pratiques sexuelles à risque• Rapports anaux non protégés
• Fisting
• Saignements durant les rapports
– A un usage récréatif de drogues → « SLAM »
Larsen et al. PLoS One. 2011; 6(12): e29322.
Hépatites C aiguës (2)
Fléau de la ré-infection (jusqu’à 25 % à 3 ans) +++
Risque de ré-infection VHC, après traitement ou clairancespontanée (CS), élevé notamment chez les HSH VIH+
Taux de ré-infection plus faible chez les patients avec CS vs.patients traités
HSH VIH+ aux ATCD d’hépatite C avec des conduites à risquepersistantes :
A régulièrement dépistés (au moins 2/an) : importance ARN VHC +++
Stratégies de prévention nécessaires
Importance d’une identification rapide des cas incidents ET del’accès au traitement pour prévenir la transmission du VHC et/ou duVIH
♂ 45 ans, VIH+, asthénie…
♂ 45 ans, VIH+, asthénie…
Autres « IST » virales
Ne pas oublier les autres hépatites virales
VHB
VHA
Ne pas oublier HPV +++
HSV reste l’une des plus fréquentes des IST…
- Augmentation de la syphilis, des gonococcies et des LGV chez lesHSH
→ Augmentation des comportements à risque (< 5 % desfellations protégées)→ Evoluant déjà depuis de nombreuses années (arrivée des 3T)
- Co-infection toujours élevée du VIH en cas de LGV, syphilis etgonococcie chez les HSH
→ Utilisation insuffisante du préservatif chez les HSH VIH+
- Mieux dépister les IST (rythmicité augmentée, dépistage systématique 3sites) pour mieux enrayer leur dissémination et ne pas oublier les ISTvirales
- Les IST avec ulcérations favorisent la transmission du VIH +++
- Qu’apportera (que changera) l’arrivée de la PrEP sur ces données ?
« Take-hommes » ;-) messages
MERCI POUR VOTRE ATTENTION
Bordeaux, Place de la Bourse, Miroir d’eau