Eau de vie clandestine 2005 (French Version)

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A Paris, comme tous les clandestins, les sans papiers originaires du Pendjab indien gagnent leur vie en travaillant au noir.

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EEaauu ddee VViiee CCllaannddeessttiinnee Mineur pendjabi exploité par des adultes

Reportage Photo

Zubair TAHIR Juillet 2005

A Paris, comme tous les clandestins, les sans papiers originaires du Pendjab indien gagnent leur vie en travaillant au noir. Les plus chanceux trouvent un travail mensualisé, d�autres sont journaliers. La plupart, cependant, sont vendeurs à la sauvette : maïs grillé, objets souvenirs, parapluies, bouteilles d�eau. On les croise à la jonction de rues, endroits stratégiques d�où ils peuvent s�enfuir rapidement en cas de contrôle. Nous avons observé quelques-uns de ces clandestins à proximité du musée du Louvre, endroit très fréquenté par les touristes. Parmi eux, un mineur âgé d�une quinzaine d�années�������

Les bouteilles d�eau sont présentées à la vente à même le sol, dans un seau rempli d�eau fraîche. Prix de vente : 1 euro la bouteille

Les adultes stationnent le long des quais de seine. Ils peuvent apercevoir de loin les policiers et ont plusieurs alternatives pour fuir.

Le mineur vend à l�entrée du Louvre, face au pont des Arts. Sa visibilité est réduite face aux éventuels contrôles.

Le passage compte de nombreux clients potentiels. Le jeune vend de 9 heures du matin à 21 heures (avec de rares et courtes pauses).

Toujours à proximité, son « patron » (adulte) le dirige et l�alimente en marchandise.

Le jeune vend d�un côté du passage, le « patron » surveille l�autre alcôve. En cas d�approche policière, il avertit le jeune.

Le seau est alors caché entre deux colonnes et le jeune s�éclipse. Les adultes ne vendent jamais à cet endroit, un contrôle policier signifierait une arrestation, une expulsion�..Les mineurs ne sont pas expulsables.

Chassé par les gardiens du Louvre, il se dirige vers le pont des Arts où il ne vend pas, trop peu des clients��.

De plus, les propriétaires d�un kiosque autorisé ne lui permettront pas de vendre à proximité (prix de vente de la bouteille chez glacier : 1 euro 50).

Il rejoint d�autres clandestins et retrouvera son poste de vente environ 15 minutes plus tard.

Le jeune pendjabi vend une quarantaine de bouteilles par jour � dans son seau cinq ou six bouteilles. Il s�approvisionne régulièrement �..

Les trappes de voirie constituent un bon magasin, gardant les bouteilles au frais�..

Elles sont réapprovisionnées chaque matin par des dizaines de « packs » d�eau.

Cette réserve est proche de l�entrée du Louvre, exposée aux regards des passants.

Aujourd�hui le « patron » est absent. Le jeune n�est pas averti de l�arrivée de trois policiers. Il est « convoqué » au milieu de la place carré. L�audience a lieu sur place.

La marchandise est analysée, le jugement rendu sur place.

Condamnation : vider les bouteilles dans le seau.

Bouteilles entièrement vidées. Contrôle, jugement et sentence exécutée: les policiers s�en vont.

Il rejoint son « point de vente » avec les bouteilles vides.

Il ne les jette pas; les garde comme « pièce à conviction » face au patron.

Le lendemain, dimanche 9 heures du matin - arrivé en compagnie du « patron » - une nouvelle journée.

© Z. Tahir Mes remerciements à Didier Dheurle et Soizic Veillard