Post on 22-Oct-2015
Sommaire
Introduction p.1
Contexte institutionnel p.3
Genèse du partenariat p.
Expériences de stage p.
• Première expérience
• Deuxième expérience
Transposition des expériences p.
Le partenariat
Proposition du partenariat p.
Découverte des partenaires p.
Motivation du partenariat et définitions p.
Mise en place du projet p.
• Au niveau du service
• Entre les partenaires
Conclusion p.
Bibliographie p.
Introduction
Je suis en poste depuis trois ans en qualité d’apprenti-éducateur à la Maison d’Accueil
Spécialisée (MAS) sur le site « a Casarella » gérée par l’Association des Paralysés de France (APF).
Le service est une extension de la MAS «Albizzia» et accueille sur une petite unité de vie, des
adultes présentant « un handicap grave à expression multiple associant déficience motrice et
déficience intellectuelle sévère ou profonde et entraînant une restriction extrême de l’autonomie et
des possibilités de perception, d’expression et de relation »[1].
Si la commande sociale, associative et institutionnelle demande de favoriser l’accessibilité,
pour les personnes accompagnées, aux services et aux activités sociales et culturelles de la cité,
c’est bien dans le but de favoriser le lien et la cohésion sociale. La Charte de l’APF revendique
clairement l’idée « d’intégration de la personne handicapée dans la société, à toutes les étapes de
son existence, en tous lieux et en toutes circonstances ».
L’idée sous-jacente à cette volonté est de favoriser les rencontres, les échanges et la mixité
entre personnes en situation de handicaps et citoyens ordinaires. L’intégration des personnes en
situation de handicap dans l’espace public vise à construire une société non discriminante, tenant
compte de la diversité de chacun de ses citoyens, cette diversité devant idéalement être source
d’enrichissement et de découverte plutôt que d’exclusion.
Mon action en tant qu’apprenti-éducateur se situe donc à l’articulation de plusieurs axes
dans une démarche globale d’accompagnement :
- Le soin à travers l’accompagnement aux actes de nursings « qui représentent la trame
fondamentale de la qualité de vie de la personne en situation de dépendance et sont le fondement de
leur dignité humaine »[2].
- L’animation de la vie quotidienne par la mise en œuvre d’activités adaptées.
- La réponse aux besoins sociaux et relationnels, la recréation du lien social.
Ma démarche dans le travail qui va être exposé s’inscrit dans le fil de la loi 2005 qui a
rénové le cadre général de la prise en charge du handicap en France. Cette loi marque une avancée
considérable, puisque pour la première fois dans le droit français, l’accès aux loisirs et à la culture
est reconnu comme faisant partie des besoins essentiels à l’existence pour les personnes en situation
de handicap. Ce droit ne doit plus être négligé. Il est un préalable à toute forme d’intégration
sociale.
Dans cette optique, l’éducateur est amené à connaître et reconnaître les différents acteurs
socioculturels présents sur le territoire où il exerce comme des partenaires potentiels. Il doit
construire des passerelles, jeter des ponts et comme le souligne le référentiel de compétence du
Diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé, « développer des actions en partenariat et en réseau »[3]. Il
doit également « contribuer à des pratiques de développement social territorialisé et savoir conduire
des actions conjointes avec les partenaires de l’intervention sociale, sanitaire, scolaire et
culturelle »[4].
Je présenterai dans ce travail le contexte institutionnel puis exposerai les expériences et
circonstances qui ont amené à la création d’un partenariat entre l’équipe de la MAS et les
animatrices de l’Espace Multimédia Ajaccien de la Médiathèque des « Cannes ».
Une deuxième partie présentera les partenaires et les moyens mis en œuvre pour formaliser
le partenariat.
La conclusion viendra rappeler les idées qui ont animé la démarche et la rédaction de cet
travail..
Contexte institutionnel
L’unité qui accueille les adultes de la MAS «Casarella» est leur lieu de vie. Ils y passent
l’essentiel de leur temps et y vivent en fonction de l’organisation que l’institution a mise en place
pour répondre aux nécessités engendrées par les situations complexes que présentent les personnes
accompagnées. L’hétérogénéité du groupe et des handicaps présentés, polyhandicap, handicaps
rares, infirmité motrice d’origine cérébrale, la dépendance de la plupart des personnes pour les actes
essentiels de la vie quotidienne, mobilisent les équipes autour des actes de nursing et de maternage
afin d’assurer le bien-être nécessaire.
Le Décret no 2009-322 du 20 mars 2009 relatif aux obligations des établissements et
services accueillant ou accompagnant des personnes handicapées adultes n’ayant pu acquérir un
minimum d’autonomie, demande, à l’article D.344-5-3. aux établissements et services de:
• « Favoriser développer les potentialités des personnes accueillies ou accompagnées par une
stimulation adaptée tout au long de leur existence, maintenir leurs acquis et favoriser leur
apprentissage et leur autonomie par des actions socio-éducatives adaptées en les accompagnant dans
l'accomplissement de tous les actes de la vie quotidienne
• Favoriser la participation des personnes accueillies ou accompagnées à une vie sociale,
culturelle et sportive par des activités adaptées »
On retrouve là une des volontés exprimées par les lois 2002 et 2005 d’affirmer à travers la
participation à la vie sociale, la citoyenneté des usagers, de la promouvoir. On peut en faire une
lecture qui demande aux professionnels de « parier » sur les capacités des personnes à apprendre et
à améliorer leur autonomie.
Le contexte institutionnel est amené depuis quelques années à décloisonner ses pratiques.
Les évolutions législatives tendent à le faire évoluer vers une plus grande ouverture à son
environnement, notamment à travers la mise en œuvre de partenariats. Ces partenariats doivent
favoriser l’interface de l’institution avec le territoire dans lequel elle s’inscrit.
Pour ce qui concerne les MAS, le décret du 20 mars 2009 évoque la notion de partenariat à
diverses reprises, précisément en ce qui concerne :
La continuité des soins,✓
Dans le cadre d’un accompagnement des usagers assuré par différentes structures,✓
Dans le cadre de la formation continue proposée aux personnels.✓
La création de partenariats autour de la dimension culturelle de l’accompagnement n’y est
pas explicitement formulée.
En ce sens le décret tendrait à rejoindre les dispositions de la loi du 21 juillet 2009 portant
réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (dite loi HPST).
À travers cette loi, les pouvoirs publics poursuivent l’objectif de renforcer l’ancrage
territorial, et de simplifier les politiques de santé. Cette simplification devant favoriser les
décloisonnements entre l’ambulatoire, l’hospitalier et le médico-social.
Or, les personnes qui sont accueillies dans les établissements et services sociaux et médico-
sociaux donnent lieu à un accompagnement global, pour lequel les soins ne sont qu’un des aspects
au côté d’autres comme l’éducation et la socialisation qui peuvent s’étayer sur des pratiques
culturelles.
Ainsi, la création éventuelle de partenariats pour répondre aux besoins d’animation, de
socialisation, de «participation à la vie sociale, culturelle et sportive par des activités adaptées» se
voit confiée à l’initiative des équipes de proximité, en fonction des besoins constatés, des
demandes, des contraintes et des possibilités offertes sur le territoire dans lequel s’inscrit la
structure.
La participation à la vie sociale hors établissement des personnes accueillies à la MAS est,
du moins sur l’unité de vie où je travaille, relativement faible. Cela peut s’expliquer en partie par les
contraintes liées à l’importance et au temps que prend la gestion du quotidien, notamment les actes
de nursing.
Il faut également prendre en compte le nombre de personnels à disposition pour d’une part
assurer une présence auprès de ceux qui ne sortent pas, et de l’autre permettre le détachement d’une
ou deux personnes pour l’accompagnement aux sorties.
Le service a toutefois pu organiser le planning hebdomadaire en réservant une après-midi
par semaine aux sorties hors de l’établissement. Ces sorties permettent d’aller en ville se promener,
boire un verre, aller faire des courses.
En tant qu’apprenti éducateur, je profite de ces situations de relations sociales pour
sensibiliser les personnes au respect des règles de la vie sociale : saluer, être poli. Je les mets en
situation d’être acteurs en leur proposant de payer leurs consommations, de récupérer la monnaie.
Ce sont de petites choses mais elles les mettent en situation d’être acteurs et actrices des situations
vécues : « […] Plus souvent « agis » par un tiers qu’acteurs eux-mêmes […] Tout ce qui peut les
inciter à agir par eux-mêmes […] leur montre que le monde n’est pas figé, statique, mais qu’il peut
se transformer et sur lequel ils peuvent avoir prise »[5].
Plus rarement, sont organisées des journées pour profiter d’un événement local (fêtes des
producteurs artisanaux, téléthon, concert…). Pour autant, si ces sorties sont certainement
enrichissantes sur le plan de la socialisation en favorisant une adaptation ponctuelle des personnes
aux codes sociaux, permettent-elles une intégration réelle dans l’espace public et citoyen ?
Permettent-elles de les reconnaître dans leur efficience, leur capacité à agir ?
Quelle action (parmi d’autres) peut être envisagée pour permettre d’« assurer la participation
sociale de chacun, quelles que soient ses capacités et ses déficiences»[6]. Comment mettre en œuvre
cette notion de citoyenneté, comment appliquer les obligations portées par les divers textes
législatifs ?
En ce qui concerne les activités proposées au sein de l’unité de vie, leur mise en place et leur
organisation est conditionnée par les aléas de la vie institutionnelle. Elles sont menées de manière
spontanée, aléatoire, sans rythmicité. L’équipe a jusqu’à présent mobilisé ses efforts dans la gestion
des actes essentiels du quotidien et des situations engendrées par les problèmes de santé et de
confort que peuvent présenter les personnes.
J’ai proposé à diverses reprises des activités autour du jardinage, de la poterie, mais mes
absences régulières dues à ma présence en formation en ont empêché l’organisation et la continuité.
Pour comprendre la démarche que j’ai entreprise, il me semble important d’évoquer deux
expériences professionnelles vécues lors de mon stage de deuxième année en Institut-Médico-
Éducatif. La première m’a permis partager des formes de participation de personnes en situation de
handicap à la vie de la cité. La seconde d’observer et de co-animer une activité spécifique.
Genèse du partenariat
Expériences de stage
• Première expérience
Les équipes éducatives de l’IME mettent en place pour chaque groupe de l’établissement,
des sorties dites «Intégration». L’objectif est que les jeunes de l’institution évoluent dans
l’environnement social, y soient confrontés à des situations de vie ordinaires, (acheter une revue, un
jouet, payer, commander une boisson).
Cette notion d’intégration demande à être précisée pour comprendre la démarche à l’oeuvre.
Philippe JEANNE et Jean-Paul LAURENT définissent l’intégration comme la « maximalisation des
interactions entre personnes handicapées et non handicapées »[7] et en recensent trois dimensions
qu’il peut être intéressant d’évoquer :
• « L’intégration physique. C’est la forme élémentaire d’intégration : elle consiste à se trouver
dans les mêmes lieux que ses congénères mais pour y mener des activités différentes.
• L’intégration fonctionnelle est une forme d’intégration plus élaborée, puisqu’elle va permettre
au citoyen handicapé d’assumer des activités quotidiennes comparables ou complémentaires de
celles des autres citoyens, là où ils vivent et agissent naturellement.
• L’intégration sociale est la forme la plus aboutie, elle consiste à permettre au citoyen handicapé
de nouer des relations sociales (liens de vie courante, liens de collaboration, de sympathie,
d’amitié…) avec les personnes dont il partage les lieux et les activités »[8].
Si l’on considère que l’intégration sociale telle que définie ci-dessus est l’aboutissement des
deux premières formes décrites d’intégration, c’est bien par le partage des lieux publics, par des
contacts réguliers dans divers domaines de la vie sociale que peuvent peu à peu s’atténuer les
résistances au changement et les difficultés à accepter les différences. Conjointement, ces échanges
peuvent permettre aux personnes en situation de handicap de se sentir peu à peu reconnues et
réhabilitées dans leur citoyenneté.
Cette logique de participation à la vie de la cité a amené les éducatrices de l’IME à inscrire
les enfants et adolescents au réseau des médiathèques de la ville d’Ajaccio. Ils profitent ainsi des
services d’un des acteurs municipaux, d’un espace adapté et accueillant.
Chacun peut graduellement s’approprier les lieux et les biens proposés (emprunter un livre,
un cd, un dvd) accompagné d’un adulte et entrer en interaction avec le public et les personnels de la
médiathèque présents.
Avec le recul, je peux dire que cette expérience m’a permis de vérifier l’articulation possible
et nécessaire entre les missions spécifiques de l’éducateur (ici créer ou renouer les liens sociaux), et
le territoire dans lequel l’établissement où il œuvre est implanté.
En effet, la médiathèque municipale s’inscrit bien dans un territoire donné et fait partie des
services culturels offerts par la municipalité. Un article de « Corse-Matin » rapporte les propos de
l’adjointe déléguée à la culture à propos du réseau des médiathèques de la municipalité : « C’est une
volonté politique d’amorcer un pont solide entre culture et population… C’est pour cette raison
qu’il était indispensable de mailler le territoire de plusieurs structures en tissant le lien culturel mais
aussi le lien social et celui du savoir »[9].
Cette allusion au territoire et au lien social renvoie aux politiques publiques mises en œuvre
depuis de nombreuses années. Elles invitent à penser le territoire « comme un espace d’élaboration
et de mise en œuvre de politiques publiques et de l’intervention sociale […] Il ne s’agit plus pour
les travailleurs sociaux de veiller au respect de la personne dans l’accompagnement, mais d’oeuvrer
aussi à la reconnaissance et à la mise en action de ses compétences dans une optique
promotionnelle, et dans un contexte (le territoire) donné.»[10]
L’éducateur est donc amené dans le cadre de ses missions à s’appuyer sur cette logique de
décloisonnement pour favoriser la rencontre et les échanges des personnes vivant en institution
avec les différents services culturels proposés sur son territoire d’action. La démarche des équipes
éducatives de l’IME de permettre aux enfants et adolescents de bénéficier des services de la
médiathèque, entre dans cette logique.
• Deuxième expérience
L’équipe éducative de l’IME a également mis en place, parmi le panel d’activités qu’elle
propose, un atelier «informatique». En groupe ou de manière individuelle, les enfants et les
adolescents occupent la salle d’ordinateurs et des logiciels ludiques et pédagogiques sont proposés à
chacun selon son âge et ses compétences.
L’observation puis la co-animation de cet atelier m’ont permis de constater que l’ordinateur
peut être un outil de médiation dans la relation éducative et le support d’activités stimulantes.
Mon intérêt pour l’ordinateur comme support d’activité et de médiation s’est renforcé suite à
cette expérience. Des recherches personnelles m’ont permis de découvrir l’importance accrue et
l’apport de ce que l’on appelle les Technologies de l’information et de la Communication (TIC).
Auprès des personnes en situation de handicap moteur et mental, ces nouvelles techniques sont
efficientes en termes de communication, d’apprentissage et de remédiation cognitive et d’ouverture
à la contemporanéité.
Les informations que j’ai pu recueillir m’ont confirmé que cet outil pouvait être le support
d’activités ludiques tout en mettant en jeu certaines fonctions supérieures comme la mémoire
visuelle, l’orientation spatiale, la motricité fine.
Les bénéfices que peuvent apporter une pratique régulière soutenue par une démarche
pédagogique sont multiples :
Au niveau cognitif :
• « De manière générale, amélioration de la concentration, de l'attention, de la mémoire.
Amélioration également du raisonnement logique et possibilité d'une meilleure structuration de la
pensée par le choix de stratégie.
• Développement de l'orientation spatiale grâce à la manipulation de la souris: passage du plan
horizontal (déplacement de la souris sur la table) au plan vertical (visualisation des évolutions de la
souris sur l'écran du moniteur); exploration de l'espace-écran... »[11]
Au niveau sensori-moteur :
• « Par la manipulation de la souris, entraînement à la coordination occulo-manuelle par le
contrôle des mouvements, la maîtrise et la précision du geste. Apprentissage du dosage du tonus, de
la vitesse, d'un meilleure contrôle de la direction. Individualisation de la main et du bras par rapport
au reste du corps, développement de la motricité fine...
• Mise en place d'une organisation temporelle: procéder étape par étape, mémoriser la
succession des gestes par la mise en marche de l'appareil et le lancement du programme. »[12]
Pour illustrer la part croissante prise par les TIC comme vecteur d’apprentissage et de
communication pour les personnes en situation de handicap j’ajouterai que l’APF a mis en ligne un
blog, Réseau Nouvelles Technologies[13] (RNT). Ce site propose sur le Net une revue non
exhaustive des aides techniques et nouvelles technologies pour personnes en situation de handicap.
Il oriente notamment vers des liens de téléchargements gratuits de logiciels pédagogiques, éducatifs
et ludiques adaptés.
Transposition des expériences
De retour sur le terrain professionnel, j’ai partagé avec l’équipe les expériences que je viens
de relater. J’en ai exposé et argumenté les intérêts respectifs.
L’initiative m’a été laissée d’emmener certains résidents à la médiathèque «des Cannes»
dont un des avantages et qu’elle se trouve à proximité service.
La médiathèque est en accès libre et avant d’inscrire les personnes, j’ai pu grâce à plusieurs
visites leur faire découvrir, les familiariser avec les lieux et les possibilités offertes.
Avec leur accord, j’ai entrepris ensuite de les y inscrire. Leur inscription à la médiathèque,
matérialisée par une carte magnétique à leur nom a marqué un moment fort de cette démarche. De
retour au service, ils se sont empressés de montrer leur carte aux autres membres de l’équipe avec
une certaine fierté. Ils ont donc pu profiter du service (emprunter cd, livres ou dvd) tout en
assimilant peu à peu les obligations qui y sont liées. En effet, l’emprunt, outre le contenu des
supports, est limité dans le temps et obéit à des règles.
Dans le même temps, il se trouve que l’unité de vie a pu bénéficier du renouvellement du
parc informatique de l’équipe administrative. Suite à ma demande, un ordinateur recyclé a pu être
installé dans le foyer d’activité, ce qui m’a permis d’entreprendre une approche de l’outil avec les
résidents.
J’ai téléchargé certains des logiciels proposés par le site «RNT» (logiciels de dessin,
d'initiation à l’ordinateur) et ai peu à peu proposé de façon ponctuelle, à différentes personnes
certains des exercices dans le cadre d’une activité « d’initiation».
En restant auprès d’eux, en les guidant, dans une position de médiateur et de facilitateur j’ai
pu constater lors des premières séances, que les difficultés motrices et cognitives des uns et des
autres n’entravaient pas l’utilisation simple du matériel ordinaire dont nous disposions,
principalement la souris. Les logiciels d’initiation, grâce à leur environnement ludique, sonore et
coloré, permettent une approche progressive, au rythme de la personne à travers de petits exercices
de difficulté croissante. Ils stimulent leur curiosité et les mettent en situation de réussite.
L’ergothérapeute du service au cours d’une visite à la médiathèque a rencontré les
animatrices de l’Espace Multimédia Ajaccien (EM@). Elles se sont présentées à ma collègue et lui
ont exprimé leur désir de travailler avec un groupe de personnes en situation de handicap. Ma
collègue m’a fait part de leur initiative et suggéré d’entrer en contact avec elles.
Le partenariat
Proposition du partenariat
Peu après, une réunion de bilan, réunissant l’équipe pluridisciplinaire et la direction, a
permis de soulever les carences et les difficultés dans la mise en oeuvre de l’axe « Animation ».
Le constat des lacunes concernant cet aspect de l’accompagnement a été posé. Il a été
demandé aux équipes de réfléchir et de faire des propositions pour combler le manque relatif à ce
versant des missions du service.
J’ai alors évoqué la rencontre de l’ergothérapeute avec les animatrices de l’EM@ de la
médiathèque et leur volonté d’accueillir un petit groupe d’adultes de l’unité de vie. J’ai mis en avant
l’opportunité pour les résidents de bénéficier d’un environnement adapté, d’un cadre temporel, des
compétences de « personnes ressources » différentes. Cet atelier pouvait apporter une réponse à la
volonté de redynamiser l’offre d’animation aux adultes du groupe. Ma proposition a reçu un accueil
positif.
Découverte des partenaires
Un premier contact téléphonique avec les animatrices de l’EM@, nous a permis d’échanger
des informations et d’envisager plus concrètement un travail en commun. De mon côté, je leur ai
présenté le service, le public accompagné et brièvement exposé les objectifs qui motivaient un
travail avec elles.
J’ai ainsi appris que L’EM@) organise des ateliers thématiques d’initiation à l’ordinateur, à
Internet et à divers logiciels d’une durée de 2. Les animatrices disposaient de deux créneaux
horaires libres : le mercredi après-midi et le jeudi après-midi.
L’Espace Multimédia de la Médiathèque des Cannes est un Espace Public Numérique
membre du réseau Cyberbase®, dont le concept repose sur une charte de labellisation qui répond
pleinement aux caractéristiques du label NetPublic. «Sa principale mission est la sensibilisation et
l'initiation de tous les publics aux usages de l'Internet. Cet espace est également un outil au service
du développement du territoire, capable de soutenir des projets locaux, en cohérence avec les
politiques publiques locales.»[14]
Pour des raisons propres à la gestion territoriale du département, les EM@ de la ville sont
sous la tutelle financière de la municipalité. Leur accès est gratuit, une simple inscription permet
d’y avoir accès.
J’ai ensuite entrepris d’approfondir les recherches pour éclairer ma compréhension du dispositif.
J’ai découvert que ces lieux publics étaient répartis sur l’ensemble du territoire sous l’appellation
générale d’Espaces Publics Numériques et relevaient de dispositifs nationaux. Ils s’inscrivent dans
une démarche de politique publique nationale ou territoriale visant à développer l’accès public et
l’accompagnement à Internet.
En effet, les nouvelles technologies, l’outil informatique, Internet font désormais partie du paysage
médiatique et culturel contemporain. L’accessibilité pour tous à ces nouveaux médias fait partie
depuis quelques années des politiques gouvernementales successives.
À ce propos, de nombreuses actions de sensibilisation et de promotion à l’initiative des
pouvoirs publics, des collectivités territoriales, d’associations ont vu le jour.
À titre d’exemple :
• Création en 1998 du Comité Interministériel pour la Société de l’Information (CISI).
• Création en juillet 2003 par le CISI de la Délégation aux Usages de l’Internet (DUI) rattachée
au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
• Création en octobre 2003 par la DUI de «Netpublic» à la fois label de réseau des Espaces
Publiques Numériques (EPN) en coordination avec les collectivités territoriales et site dédié à
l’accompagnement de l’accès à Internet pour tous.
• Création de l’association CRÉATIF, collectif composé de personnes engagées dans la conduite
et la promotion d’actions de sensibilisation du public aux technologies de l’information et de la
communication (TIC) pour le compte de collectivités territoriales, structures, associations ou
administrations décentralisées.
S’inscrivant dans cette politique publique, «La collectivité territoriale de Corse a mis en place
depuis 2000 une politique de soutien au développement des usages des TIC en Corse. Cette
politique s’est notamment traduite par le soutien à la création d’Espaces Publics Numériques tant au
niveau de l’investissement que du fonctionnement. Ainsi, une trentaine de «Points d’Accès
Multimédia (P@M)» répartis à travers l’île ont vu le jour, et la Mission des Technologies de
l’Information pour la Corse (MITIC) joue le rôle d’animateur de réseau.»[15]
Motivation du partenariat et définitions
La problématique abordée dans ce travail part du constat des manques de l’institution en
termes d’offre d’activités et d’animation, mais l’équipe de la MAS n’envisage pas d’emblée d’y
répondre en cherchant hors du contexte institutionnel des solutions alternatives à travers la
recherche de partenariats ou la mise en œuvre de réseaux.
Ce partenariat est l’œuvre d’acteurs de terrain qui ont pris l’initiative de mutualiser leurs
compétences pour répondre chacun à une problématique qu’ils avaient en commun. En ce sens il
peut répondre à ce qu’on appellerait un partenariat d’initiative.
Jean-Yves BARREYRE donne une définition du partenariat qui peut illustrer la motivation
partagée des acteurs. Il définit le partenariat comme « une association active de différents
intervenants qui, tout en maintenant leur autonomie, acceptent de mettre en commun leurs efforts en
vue de réaliser un objectif commun relié à un problème ou à un besoin clairement identifié dans
lequel, en vertu de leurs missions respectives, ils ont un intérêt, une responsabilité, une motivation,
voire une obligation »[16].
À partir de la définition de BARREYRE, on peut dégager le dénominateur commun à partir
duquel s’est élaboré le travail mené avec l’EM@ : L’accessibilité en tant que mission commune aux
deux institutions et s’inscrivant dans une politique publique.
Pour les animatrices, l’objectif était bien de répondre aux missions dévolues aux Espaces
Multimédias de permettre un accès à tous à l’outil informatique (dans le cas présent, à un public en
situation de handicap, public que les animatrices connaissaient mal et n’avait jamais eu l’occasion
d’encadrer).
Pour l’équipe de la MAS, cela entrait dans le cadre des missions des établissements de
favoriser l’accès à une vie sociale et culturelle.
La rencontre puis le travail réalisé par les équipes ont de fait contribué à la création d’un
nouveau réseau d’acteurs locaux initiant une synergie sur un territoire donné.
Mise en place du projet
La notion de projet occupe une place centrale et transversale à toute volonté, toute démarche de
travail en partenariat ou en réseau. Jeanne Schneider dans un ouvrage sur la formation en alternance
et le partenariat[17] décrit plusieurs niveaux de partenariat, institutionnels organisationnels et
opérationnels. Cette partie va s’attacher à préciser les moyens mis en œuvre afin de permettre
l’action conjointe entre les partenaires.
• Au niveau du service
«Que signifie mettre en place des partenariats externes si, à l’interne, les professionnels ne sont
pas prêt à collaborer entre eux, ne sont pas associés à l’élaboration du projet ? ».[18]
La mise en place de cet atelier ne pouvait se faire sans l’assentiment des personnes concernées.
J’ai réuni celles déjà inscrites à la médiathèque et avec qui j’avais entrepris une initiation à
l‘informatique. Je leur ai soumis la proposition d’aller à la médiathèque régulièrement, pour
participer avec des animatrices à une activité autour de l’ordinateur. Elles ont exprimé leur accord et
leur enthousiasme.
Les informations récoltées auprès des animatrices m’ont permis au cours d’une réunion de
fonctionnement, de présenter à l’équipe de manière plus précise le cadre dans lequel se ferait
l’atelier. J’ai également partagé le fruit de mes recherches sur les apports possibles des TIC pour les
personnes en situation de handicap, et la visée de socialisation et d’intégration qui animait le projet.
J’ai soumis les créneaux horaires proposés. L’équipe est tombée d’accord pour le mercredi après-
midi de 14h à 16h.
Deux collègues, un Aide-Médico-Psychologique et un éducateur en formation se sont montrés
intéressés. Ils se sont proposés pour participer à l’accompagnement. Leur participation devait
pouvoir permettre un roulement cohérent des accompagnateurs et faciliter l’organisation des
plannings.
L’organisation au niveau institutionnel ayant été définie, il fallait à présent préparer avec mes
collègues une rencontre avec les animatrices pour définir ensemble les objectifs du projet et sur
l’animation de l’atelier proprement dit. Nous avons donc élaboré ensemble un document reprenant
les points qu’il nous paraissait important de préciser avec les animatrices :
1. Les objectifs pour les personnes.
2. Les éventuels aménagements nécessaires en termes d’accessibilité.
3. Les outils : logiciels adaptés, clés USB…
4. La répartition des rôles dans l’animation de l’activité.
5. Les modes de régulation et d’évaluation et les échéances.
• Entre les partenaires
La rencontre avec les animatrices a donc permis un échange d’informations importantes. Des
objectifs communs ont pu être définis :
Permettre aux résidents de sortir du contexte institutionnel et de découvrir progressivement un✓
nouvel environnement stimulant.
Aller à la découverte de l’ordinateur de façon ludique en bénéficiant d’un cadre et de✓
«personnes-ressources» différentes.
Favoriser la familiarisation avec «l’espace Médiathèque» pour s’y repérer, s’y sentir en✓
sécurité, y évoluer avec un maximum d’autonomie en ayant un comportement adapté au règlement.
Nous avons élaboré ensemble les modalités de régulation et d’évaluation de l’activité avec
les personnes et entre professionnels.
Nous avons pu répondre aux questions des animatrices sur le comportement des personnes du
groupe, leurs difficultés, leurs capacités. À ce propos, je leur ai proposé de consulter en ligne, un
des guides édité par l’Association CRÉATIF : «L’accessibilité pour tous aux TIC. L’accueil adapté
de personnes handicapées dans un espace public multimédia».
Ce guide est présenté comme un «cahier de partage d’expériences» et propose le témoignage
d’acteurs et d’intervenants auprès de personnes en situation de handicap au sein des lieux publics
d’accès à Internet. Il me semblait important que les animatrices puissent bénéficier de ces
témoignages de professionnels qui abordent l’accueil, les comportements et les attitudes à adopter
vis-à-vis de publics présentant différentes situations de handicap.
Cette réunion a permis de clarifier de nombreux aspects pouvant jeter les bases d’une
coopération harmonieuse. Elle a permis de répartir les rôles, d’organiser et prévoir les premières
séances comme un espace de rencontre et d’évaluation des compétences des personnes.
À ce jour, l’activité perdure. Elle est devenue pour les résidents de la MAS un moment
important et un repère dans l’organisation de leur semaine. Elle leur a permis d’investir un espace
hors institution et à travers la relation établie avec les animatrices d’être valorisées et d’acquérir
chacune à leur niveau des compétences nouvelles.
Un test, inspiré du référentiel pour l’obtention du Passeport Internet et Multimédia (PIM)
élaboré par NetPublic et adapté à leurs compétences, leur a été proposé. Il a été validé par
l’obtention de chacun du « Diplôme de la Souris Blanche » qui leur a été remis par les animatrices.
Conclusion
À travers ce travail et la démarche entreprise, j’ai essayé de démontrer comment, à
partir de constats faits sur le terrain professionnel, l’éducateur pouvait et devait « dans une
démarche éthique », impulser des dynamiques d’ouverture pour répondre aux problématiques
institutionnelles et sociétales en inscrivant son action sur le territoire local. À cette fin, il lui est
demandé de connaître les politiques mises en place et les acteurs avec lesquels il peut entreprendre
des actions innovantes et pertinentes pour les personnes qu’il accompagne.
« L’éducateur spécialisé intervient dans une démarche éthique qui contribue à créer les
conditions pour que les enfants, adultes, familles et groupes avec lesquels il travaille soient
considérés dans leur droits, aient les moyens d’être acteurs de leur développement et soient
soutenus dans le renforcement des liens sociaux et des solidarités dans leur milieu de vie. »[19]
L’impulsion donnée par les avancées législatives et les politiques publiques pour
favoriser, construire et développer le lien social peut se concrétiser à travers ce type d’initiatives qui
favorisent les rencontres et participent à l’interaction des membres de la collectivité avec leur
environnement. Dans cet esprit, l’accompagnement global des personnes en situation de handicap
devrait s’étayer à travers la dimension culturelle nécessaire à l’épanouissement de tout être humain.
La convention « CULTURE ET SANTE » entre le Ministère de la Santé et des Sports
et le Ministère de la Culture et de la Communication signée en mai 2010, laisse espérer la mise en
œuvre d’une véritable politique culturelle au sein des établissements médico-sociaux.
La cohésion sociale doit pouvoir se nourrir de l’altérité comme vecteur
d’enrichissement plutôt que de stigmatisation. L’éducateur, en tant que médiateur à l’interface
d’univers encore trop cloisonnés, peut être un agent du changement de regard porté sur les
personnes différentes et, comme le dit Marcel NUSS, « autrement capables ».[20]
Bibliographie
Ouvrages lus
Philippe CHAVAROCHE, TRAVAILLER EN MAS, L’éducatif et le thérapeutique au quotidien,
éditions érès, 2008.
Marcel NUSS, La présence à l’autre, Dunod, Paris, 2008. p.2
Ouvrages consultés
Philippe JEANNE et Jean-Paul LAURENT, Enfants et Adolescents handicapés, E.S.F éditeur.
Collection Actions sociales/ société, Paris 1998.
Patrick DUBÉCHOT et Marie ROLLAND, DEES DC4. Implication dans les dynamiques
partenariales, institutionnelles et interinstitutionnelles, vuibert 2ème édition, novembre 2010
Jean-Yves BARREYRE Dictionnaire critique de l’action sociale, Fayard, Paris, 1995
Jeanne Schneider, «Réussir la formation en alternance. Organiser le partenariat : jeune-entreprise-
Organisme de formation », INSEP éditions, 1999.
M.Foudriat, D.Gaquère et C.Humbert, «La territorialisation : ses conséquences sur la fonction de
direction et sur la formation des cadres du social», revue du Cédias, Vie sociale, n°1, 1997, p.31.
Webographie
http://plaidoyer.blogs.apf.asso.fr/archive/2010/04/13/construire-une-societe-ouverte-a-tous.html
http://www.mediatheques-2a.fr/permanentes/les-echos-de-la-presse/
S. LANGE : http://tecfa.unige.ch/etu/E72b/97/Lang/theorie.htm. Informatique et personnes
handicapées
http://rnt.over-blog.com/
http://www.cyber-base.org/cyberbase/internaute/adherer/espace.do
http://www.netpublic.fr/net-public/espaces-publics-numeriques/programmes-reseaux-labels/
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[1] Décret n° 2009-322 du 20 mars 2009 relatif aux obligations des établissements et services
accueillant ou accompagnant des personnes handicapées adultes n'ayant pu acquérir un minimum
d'autonomie
[2] Extrait de compte-rendu de conférence-débat autour de la vulnérabilité avec le Dr Elizabeth
Zucman, Tarnos, avril 2009.
[3] Référentiel de compétences du Diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé.
[4] Ibid
[5] Philippe CHAVAROCHE, TRAVAILLER EN MAS, L’éducatif et le thérapeutique au quotidien,
éditions érès, 2008.
[6] http://plaidoyer.blogs.apf.asso.fr/archive/2010/04/13/construire-une-societe-ouverte-a-tous.html
[7] Philippe JEANNE et Jean-Paul LAURENT, Enfants et Adolescents handicapés, E.S.F éditeur.
Collection Actions sociales/ société, Paris 1998 p.47
[8] Ibid p. 48
[9] http://www.mediatheques-2a.fr/permanentes/les-echos-de-la-presse/
[10] Patrick DUBÉCHOT et Marie ROLLAND, DEES DC4. Implication dans les dynamiques
partenariales, institutionnelles et interinstitutionnelles, vuibert 2ème édition, novembre 2010.
[11] S. LANGE : http://tecfa.unige.ch/etu/E72b/97/Lang/theorie.htm. Informatique et personnes
handicapées
[12] Ibid
[13] http://rnt.over-blog.com/
[14] http://www.cyber-base.org/cyberbase/internaute/adherer/espace.do
[15] http://www.netpublic.fr/net-public/espaces-publics-numeriques/programmes-reseaux-labels/
[16] Jean-Yves BARREYRE Dictionnaire critique de l’action sociale, Fayard, Paris, 1995.
[17] Jeanne Schneider, «Réussir la formation en alternance. Organiser le partenariat : jeune-
entreprise-Organisme de formation », INSEP éditions, 1999.
[18] M.Foudriat et al. «La territorialisation : ses conséquences sur la fonction de direction et sur la
formation des cadres du social», revue du Cédias, Vie sociale, n°1, 1997, p.31.
[19] Référentiel professionnel « éducateur spécialisé », annexe I.
[20] Marcel NUSS, La présence à l’autre, Dunod, Paris, 2008. p.2
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Olivier TETAUD
Présenté le : 6 mai 2011
DC4-2
Dossier de travail en partenariat
et en réseau
Maison d’Acceuil Spécialisée
« A Casarella »
Ajaccio
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[pic]
Diplôme d’Etat
Educateur spécialisé
Années 2008-2011
Dispositif QUALITE du GCSMS [pic]
Déclaration d’activité 94201057420 - Siret : 78299184800154-Code APE 853 K
Tel / 04 95 23 33 49 fax / 04 95 23 65 61 – email/ arseaformation@hotmail.fr/arsea-
formation@orange/fr