Post on 10-Jan-2022
De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique
L’expérience de l’Alliance mondiale contre le changement climatique+
République de Chypre
République d’Irlande
République Tchèque
République d’Estonie
Royaume de Suède
Alliance mondiale contre le changement climatique
De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement
climatique
L’expérience de l’Alliance mondiale contre le changement climatique+
2014
La publication De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique: l’expérience de l’Alliance mondiale contre le changement climatique+ est disponible à l’adresse http://www.gcca.eu /fr.
ISBN: 978-92-79-43934-6; doi: 10.2841/14605; numéro de catalogue: MN-AM-14-001-FR-C
Sites internet connexes:
http://ec.europa.eu/europeaid/index_en.htmhttp://ec.europa.eu/clima/news/index_en.htmhttp://www.gcca.eu/fr
Publications connexes de l’UE:
Des stratégies intégrées de lutte contre le changement climatique à l’efficacité des financements liés au climat: l’expé-rience de l’Alliance mondiale contre le changement climatique, Union européenne 2013
European Union Climate Funding for Developing Countries in 2013, Union européenne 2013
Ouvrir la voie à un développement compatible avec le climat: l’expérience de l’Alliance mondiale contre le changement climatique, Union européenne 2012
Supporting a Climate for Change, Union européenne 2012
European Union Fast Start Funding for Developing Countries, 2012 Progress Report, Union européenne 2012
Recourir à des approches innovantes et efficaces pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique, Union européenne 2011
Ni la Commission européenne ni aucune autre personne agissant en son nom n’est responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations contenues dans la présente publication.
© Union européenne 2014. Reproduction autorisée moyennant mention de la source.
Droits de copyright sur les photos:
Première page de couverture: EuropeAid (jeunes garçons souriants au Burundi); page x: F. Lefèbvre; page 8: G. Barton; page 22: Moussa Dansoko; page 25: Université du Pacifique Sud; page 26: Pacindha; page 28: Alliance cambod-gienne contre le changement climatique; page 29: Peter Brinn; page 33: Jone Tuiipelehaki; page 34: Peter Brinn; page 36: Annette Arjoon-Martins; page 38: Ministère de l’environnement et de l’énergie des seychelles; page 41: Annette Arjoon-Martins; page 42: Tesfaye Mebratu; Page 45: AMCC; page 47: AMCC; page 49: Mak Remissa; page 50: G. Barton; page 52: Bindy Singh; page 54: Bureau national de gestion des risques des Îles Salomon; page 55: Guy Stubbs; page 57: AMCC; Page 58: AMCC; page 59: Peter Brinn; dernière page de couverture, dans le sens des aiguilles d’une montre à partir de la photo en haut à droite: Carine Malardeau (de l’eau potable au Laos), AMCC (restauration des mangroves à Portland Bight, Jamaïque), F. Lefèbvre (jeune garçon à Haïti), Derejeb | Dreamstime.com - Teff Field Photo (l'herbe «teff» est utilisée pour cuisiner en Éthiopie).
Imprimé au Royaume-Uni, Août 2015
Imprimé sur papier FSC 100% recycléGaranties de l’imprimeur:100% sans eau100% sans alcool ni substitut100% neutre en termes d’émissions de carbone100% énergie renouvelable100% encres à base d’huile végétale
to landfill
printed by seacourt: proud to be counted amongst the top three environmental printers in the world
iii
Remerciements
L a présente publication a été réalisée grâce aux
contributions et au partage de l’expérience des
collaborateurs des délégations de l’Union euro-
péenne impliqués dans la mise en œuvre de l’Alliance
mondiale contre le changement climatique (AMCC)
aux quatre coins du monde, et plus particulièrement
grâce à Emanuel Amaral (Timor-Oriental), Paul Asiimwe
(Ouganda), Ethmane Ba (Mauritanie), Joost Bakke-
ren (Vanuatu), Carlos Battaglini (Papouasie-Nouvelle-
Guinée), Baptiste Bobillier (Bénin), Ivan Borisavljevic (Dji-
bouti), Delphine Brissonneau (Bassin du Mékong), Jenny
Brown (Malawi), Beatrice Bussi (Niger), Marta Caruda
(Rép. dém. pop. du Laos), Thierry Catteau (Pacifique),
Adolfo Cires Alonso (Sierra Leone), Guglielmo Colombo
(Myanmar), Jacobus Deboer (Lesotho), Lorena Elvira
Ayuso (Îles Salomon), Maria-Chiara Femiano (Tanzanie),
Manfred Fernholz (Bangladesh), Sylvie Fontaine (Mali),
Hubert Grandjean (Maurice et Seychelles), Harshini
Halangode (Maldives), Hadji-Tchere Hissein (Tchad),
Alain Houyoux (Sao Tomé-et-Principe), Andrea Janoha
(OECO), Jesus Lavina (Pacifique), Albert Losseau
(Guyana), Chilambwe Lwao (COMESA), Élodie Maria
Sube (Cambodge), Ana Monge (Mozambique), Séra-
phine Mukankusi (Rwanda), Karine Olislagers (Bhou-
tan), Thomas Opperer (Jamaïque/Caraïbes), Rajesh
Parboteeah (Comores), Alain Peigné (Burkina Faso/
CEDEAO-CILSS), Steven Rault (Haïti), Filippo Saracco
(Rép. dém. du Congo), Darrell Sexstone (Gambie),
Ranjan Shrestha (Népal), Anne Simon (Sénégal), John
Stanley (Samoa), Pierre-Luc Van Haeverbeke (Belize/
Jamaïque), Cristina Vicente Ruiz (ClimDev), Abu Yadetta
(Éthiopie) et Diego Zurdo (Rwanda).
Nos remerciements vont également à Pendo Maro et
Mariata Ndiaye Sy du programme intra-ACP (groupe des
États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) de l’AMCC.
Un grand merci aux collaborateurs de la DG Coopéra-
tion internationale et développement de la Commission
européenne (EuropeAid), en particulier à Marina Mar-
chetti, Daniele di Pillo et Markus Sperl. Nous tenons éga-
lement à remercier Simon Anderson, Emanuele Cucillato
et Barry Smith pour leur travail sur le suivi et l’évaluation
de l’adaptation; Thomas Theisohn pour sa contribution
concernant le développement des capacités; Neil Bird
et Fabrice Ferrandes pour leur travail dans le domaine
de l’appui budgétaire; Evan Green et Raffaella Sardi
pour leur contribution relative aux programmes locaux
d’adaptation; ainsi que Katharine Mill pour la préparation
des exemples de réussite sur le terrain.
Nita Congress a édité les textes et assuré la conception
graphique, sous la supervision de Mark Futter et Cathe-
rine Paul de la Facilité d’appui de l’AMCC. Nous tenons
également à remercier les autres membres de l’équipe
de la Facilité d’appui de l’AMCC, en particulier Natalia
Reiter pour son travail sur la communication de l’AMCC+.
Le contenu et la rédaction des textes de la publication ont
été supervisés par Laura Giappichelli, en collaboration
avec Aude Charrier, Étienne Coyette, Fannie Delavelle
et Bernardo Sala, ainsi que tous les membres de l’unité
Changement climatique, environnement et ressources
naturelles de la DG Coopération internationale et déve-
loppement de la Commission européenne (EuropeAid).
iv
Table des matières
Remerciements iii
Préface vi
1 De l’AMCC à l’AMCC+ 1
Une plateforme de dialogue et d’appui technique et financier qui a fait ses preuves 1
Une initiative en expansion jouant un rôle de catalyseur 4
Un réseau croissant de praticiens 6
Un regain d’attention pour la création et le partage de connaissances 6
Honorer les engagements relatifs à l’efficacité de l’aide 8
2 Appuyer le développement des capacités aux niveaux local, national et régional 23
Impliquer les acteurs locaux et leur donner les moyens de s’adapter au changement climatique 23
Renforcer les capacités pour faciliter l’accès aux financements liés au climat et leur gestion 24
Une planification efficace à court, moyen et long terme 26
Associer l’élaboration des politiques à l’action locale 27
Renforcer les capacités au niveau régional 28
3 L’appui budgétaire lié au changement climatique 35
Piloter l’appui budgétaire pour lutter contre le changement climatique 35
S’inspirer des stratégies existantes 35
Renforcer le suivi 37
Combiner appui budgétaire et assistance technique 37
4 Suivre et évaluer l’adaptation au changement climatique 43
Tirer des enseignements de l’expérience de l’AMCC 43
Les prochaines étapes 48
5 Des pistes pour l’avenir 51
Renforcer les domaines d’appui émergents 51
Soutenir l’adaptation basée sur les écosystèmes 51
Faire face aux migrations induites par le climat 53
Autonomiser les femmes dans le contexte du changement climatique 55
v Table des matières
Ressources 60
Abréviations et acronymes 60
Références 60
Cartes, encadrés, graphiques et tableaux
Encadré 1-1 Les trois domaines prioritaires de l’AMCC+ 4
Encadré 1-2 Appuyer les régions et les États ACP 7
Encadré 1-3 Renforcer les capacités pour les négociations sur le changement climatique 7
Encadré 2-1 Meilleures pratiques en matière d’implication des acteurs locaux et de renforcement des capacités 24
Encadré 4-1 Adaptation au changement climatique en Ouganda: avantages découlant de l’établissement de valeurs de référence 46
Encadré 4-2 ClimDev Afrique: utilisation d’une théorie du changement 47
Encadré 4-3 Contribution de l’Alliance cambodgienne contre le changement climatique au système national de S&E 48
Graphique 1-1 Les deux piliers de l’AMCC+ 1
Graphique 1-2 Répartition de l’appui de l’AMCC entre secteurs et domaines prioritaires (nombre de programmes de 2008 à 2014) 5
Graphique 1-3 Engagements financiers cumulés de l’AMCC de 2008 à 2014 5
Graphique 1-4 Origine des engagements financiers de l’AMCC de 2008 à 2014 5
Graphique 1-5 Partenaires de l’AMCC+ 6
Graphique 4-1 S&E de l’adaptation aux niveaux des interventions et des systèmes: classification des programmes de l’AMCC analysés 44
Carte 1-1 Aperçu des programmes soutenus par l’AMCC 2
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC 9
Tableau 1-2 Aperçu des programmes régionaux et multi-pays soutenus par l’AMCC 16
Tableau 1-3 Contribution des programmes de l’AMCC à des stratégies ou programmes nationaux existants 18
Tableau 1-4 Aperçu des modalités d’aide utilisées pour les programmes nationaux de l’AMCC 19
Tableau 1-5 Contribution de l’AMCC à des fonds ou initiatives multibailleurs 20
Tableau 1-6 Gestion, programmation et financement conjoints au titre de l’AMCC 21
Sur le terrain
Sur le terrain: Mali 30
Sur le terrain: Îles du Pacifique 32
Sur le terrain: Guyana 40
Sur le terrain: Tanzanie 56
vi
L a date de publication du rapport annuel 2014 de
l’Alliance mondiale contre le changement clima-
tique coïncide cette année avec un évènement
qui peut être qualifié d’historique. En décembre 2015,
les dirigeants du monde entier se rassembleront à
Paris à l’occasion de la 21e Conférence des parties de
la Convention-cadre des Nations unies sur les chan-
gements climatiques afin d’aboutir à un nouvel accord
international qui permettra d’affronter un des défis
majeurs du 21e siècle: le changement climatique.
L’AMCC occupe une place déterminante dans le sou-
tien de la mise en œuvre de cet accord climatique. Elle
constitue l’un des plus grands fonds climatiques du
monde, avec plus de 300 millions d’euros engagés à ce
jour et après sept ans d’activité, elle a acquis une vaste
expérience dans les différents moyens de lutte contre le
changement climatique aux quatre coins de la planète.
L’année 2014 s’est avérée très fructueuse pour l’AMCC,
qui concentre ses efforts sur les régions, nations et
populations les plus vulnérables du monde. Le change-
ment climatique nous affectera tous à moyen ou long
terme – c’est une certitude – mais les communautés
pauvres et marginalisées seront les plus touchées.
Ces populations souffrent déjà aujourd’hui des effets
des sécheresses, des pénuries d’eau, des pertes agri-
coles et des modifications des régimes océaniques. De
tels changements ne font que s’ajouter aux pressions
déjà exercées par d’autres facteurs tels que la crois-
sance de la population ou les dégradations environne-
mentales. Il est à craindre que ces pressions n’engen-
drent une instabilité politique et sociale.
Pour l’Union européenne, le changement climatique
est plus qu’une question de responsabilité ou de jus-
tice sociale. Nous avons nous-mêmes vivement intérêt
à être acteurs. De par notre capital financier et intellec-
tuel, il est de notre devoir de jouer un rôle de leader fort
et fédérateur.
Le temps ne joue pas en notre faveur. Notre champ
d’action pour lutter contre les conséquences du chan-
gement climatique se réduit jour après jour. Selon les
scientifiques, les émissions mondiales devront bientôt
cesser d’augmenter si nous tenons à éviter le pire des
scénarios.
Certains signes m’inspirent cependant de l’optimisme.
L’élan politique et économique en faveur d’un change-
ment significatif ne cesse de croître.
Solutions communes pour les défis mondiaux du climat et du développement
vii Solutions communes pour les défis mondiaux du climat et du développement
L’Union européenne alloue déjà 20 % de ses dépenses
d’aide à la lutte contre le changement climatique. Les
États-Unis et la Chine se sont d’ailleurs déjà engagés
à réduire fortement leurs émissions de gaz à effet de
serre, et ce avant la réunion de décembre à Paris. Après
une décennie de tentatives et d’échecs, les négocia-
teurs ont atteint un accord sur la protection des forêts.
Les sources d’énergie renouvelables deviennent par ail-
leurs de plus en plus concurrentielles.
Les esprits commencent peu à peu à admettre l’idée que
la transition vers un avenir à faible teneur en carbone,
bien qu’elle soit vitale, ne doit pas forcément être syno-
nyme de contrainte. Cette transition peut au contraire
générer de la croissance économique, des emplois, une
meilleure santé et un mode de vie plus sain.
Le monde entier a les yeux rivés sur Paris. Ailleurs, tou-
tefois, des millions de personnes subissent déjà les
conséquences du réchauffement planétaire. Ironie du
sort, les personnes les plus touchées sont souvent
celles qui ont le moins contribué au changement clima-
tique.
À l’écart de l’attention médiatique générée par les
pourparlers en vue de la Conférence de Paris, l’AMCC
n’a pas ménagé ses efforts. En effet, les aides qu’elle
offre suscitent des demandes si nombreuses qu’après
seulement sept ans de fonctionnement, l’AMCC est
désormais active dans 38 pays, 8 régions et sous-
régions ainsi qu’au niveau international.
Le travail à accomplir est évidemment énorme.
Des centaines de millions de personnes devront adop-
ter de nouvelles techniques agricoles afin d’accroître
leur productivité et de se protéger contre le change-
ment climatique. L’agriculture est la principale source
de revenus et d’emplois pour l’immense majorité des
habitants pauvres des zones rurales. Or, ce secteur sera
probablement le plus durement touché par le change-
ment climatique, surtout en Afrique.
Toutefois, dans des pays tels que l’Éthiopie, l’appui
apporté aux agriculteurs a donné d’excellents résultats,
stimulant non seulement la productivité agricole, mais
aussi la croissance nationale.
Par ailleurs, nos partenaires ont également besoin d’un
meilleur accès à l’énergie. En effet, le manque d’accès à
l’électricité représente un frein majeur pour le développe-
ment, car la santé, l’éducation et même le commerce en
sont entravés. Le charbon était jadis la source d’énergie
la moins chère et la plus facile à exploiter. Néanmoins,
il compte aussi parmi les énergies les plus polluantes.
Nos pays partenaires ont un passé d’émissions minimes
de gaz à effet de serre. Nombre d’entre eux disposent
également d’abondantes sources d’énergie renouvela-
bles.
L’adaptation au changement climatique doit être consi-
dérée comme une opportunité.
J’ai l’intention de veiller à ce que l’AMCC continue à
jouer un rôle actif dans la lutte contre le changement cli-
matique en aidant ses partenaires à réduire les risques
liés au changement climatique et à saisir les opportuni-
tés en découlant.
Neven Mimica
Commissaire
Coopération internationale et développement – EuropeAid
viii
C ’est avec un grand plaisir que je présente ce
rapport annuel de l’AMCC+ qui, en 2014, a
remplacé son programme prédécesseur,
l’AMCC. L’année écoulée a été l’une des plus actives
jamais connues par l’initiative, qui continue à grandir.
Après un début dans quatre pays pilotes seulement,
l’AMCC+ appuie aujourd’hui 51 programmes dans
38 pays, 8 régions et sous-régions aux quatre coins
du monde. Avec un budget de plus de 300 millions
d’euros, nous pouvons à juste titre être fier de figurer
parmi les principales initiatives qui, dans le monde,
luttent contre le changement climatique.
Malgré cette croissance, l’AMCC+ a continué à pri-
vilégier les pays et communautés les plus vulnérables
au changement climatique, en particulier les petits
États insulaires en développement (PEID) et les pays
les moins avancés (PMA).
Au fil des ans, ce travail remarquable a parfois dû
s’accomplir dans un contexte d’impasse politique,
notamment avec l’échec du traité de Copenhague.
Le présent rapport met en évidence les succès
engrangés, du Bhoutan jusqu’aux îles du Pacifique.
En Tanzanie, par exemple, le changement climatique
affecte déjà l’approvisionnement en eau, obligeant les
villageois – surtout les femmes et les jeunes filles – à
marcher deux heures pour un seul seau d’eau, les puits
des villages étant hors service. Un projet de l’AMCC
a mis en place une série d’innovations pour remédier
à ce problème d’approvisionnement, notamment par
la collecte de l’eau de pluie, la construction de réser-
voirs souterrains et l’exploitation de l’énergie solaire.
Ce projet a permis de réduire les pannes du matériel
de pompage et de diminuer de moitié le coût de l’eau.
A plusieurs milliers de kilomètres plus à l’ouest, le
Guyana est lui aussi un pays très vulnérable en raison
de la montée du niveau de la mer, qui conjuguée à
des phénomènes météorologiques extrêmes, rend ce
pays particulièrement à risque. Outre le danger couru
par les personnes, les brèches dans les défenses
contre la mer peuvent aussi rendre les terres agri-
coles inexploitables du fait de l’augmentation de la
salinité du sol. Quelque 90% des terres agricoles du
LAMCC+: mutualiser les efforts pour le dialogue et la coopération sur le changement climatique
ix LAMCC+: mutualiser les efforts pour le dialogue et la coopération sur le changement climatique
Guyana sont situées le long du littoral, qui est extrê-
mement fertile. La protection de cette région est donc
une priorité. L’AMCC a aidé à restaurer les mangro-
ves, un élément essentiel – et naturel – du système de
défense du pays contre les assauts de la mer.
Pour ces projets et d’autres qui ont été financés par
l’AMCC, le soutien financier des États membres s’est
avéré crucial.
En plus des financements centraux apportés par l’UE,
Chypre, la République tchèque, l’Estonie, l’Irlande et
la Suède ont offert une contribution de 37 millions
d’euros à l’AMCC et à l’AMCC+, qui ont utilisé ces
fonds pour développer des programmes un peu par-
tout dans le monde.
Une contribution supplémentaire de 37,5 millions
d’euros de la part du Fonds européen de développe-
ment (FED) a permis de fournir un appui spécifique au
groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Paci-
fique (ACP).
Aujourd’hui, l’AMCC+ est une initiative qui peut se pré-
valoir d’enregistrer un des meilleurs taux de débour-
sement de fonds consacrés à l’adaptation au chan-
gement climatique. Elle travaille aussi sur le thème de
l’atténuation en aidant les pays partenaires à partici-
per aux débats internationaux sur le changement cli-
matique. Le dialogue politique est une composante
essentielle de notre action. Dans cet esprit, nous
aidons les responsables politiques à élaborer des
positions communes qui augmentent l’influence qu’ils
exercent ensemble.
Il nous tient toujours à cœur d’améliorer notre travail.
Une récente évaluation a souligné l’implication résolue
des institutions gouvernementales et des ONG dans
le programme de l’AMCC+, tout en épinglant la fai-
blesse persistante de l’engagement du secteur privé.
Toujours selon cette étude, il importe d’agir davan-
tage pour accroître le sentiment d’adhésion des États
membres. Nous allons évidemment travailler à corri-
ger cette lacune et ne manquerons pas de faire état
des progrès accomplis à cet égard.
Pour conclure, nous voudrions profiter de l’occasion
pour remercier l’équipe de l’AMCC+ et tous ses parte-
naires dans le monde, qui apportent une contribution
inestimable pour relever l’un des plus grands défis
que l’humanité ait jamais connus. Nous espérons de
tout cœur que les processus politiques, notamment
les négociations de Paris, nous permettront d’inten-
sifier notre action. Nous sommes impatients de voir
de nouveaux résultats positifs apparaître.
Il nous reste à vous souhaiter bonne lecture !
Fernando Frutuoso de Melo
DG DEVCO Director-General
International Cooperation and Development - EuropeAid
“Nous savons déjà que
les effets du changement
climatique seront probablement
plus importants dans les pays
en développement, qui ont le
moins de ressources pour se
préparer et s’adapter.”
Femme haïtienne marchant sur une route
1
Une plateforme de dialogue et d’appui technique et financier qui a fait ses preuves
Le changement climatique représente une menace consi-
dérable pour les pays les moins avancés (PMA) et les
petits États insulaires en développement (PEID). Les pro-
jections du Groupe intergouvernemental d’experts sur
l’évolution du climat (GIEC) montrent invariablement que
ces nations seront les premières et les plus durement
touchées. Les effets se font déjà ressentir dans la plupart
d’entre elles.
L’Union européenne (UE) a créé l’Alliance mondiale
contre le changement climatique (AMCC) en 2007 afin
de renforcer le dialogue et la coopération en matière de
changement climatique avec les pays vulnérables, en
particulier les PEID et les PMA. À ses débuts en 2008,
l’AMCC travaillait avec quatre pays pilotes. Aujourd’hui,
elle finance 51 programmes dans 38 pays et 8 régions
et sous-régions et au niveau mondial. La carte 1-1 situe
les programmes nationaux et régionaux soutenus. Les
tableaux 1-1 et 1-2 à la fin de ce chapitre donnent un
aperçu de l’aide apportée par pays et par région/sous-ré-
gion.
En 2014, une nouvelle phase de l’AMCC, l’initiative phare
AMCC+, a été lancée conformément au nouveau cadre
financier de la Commission européenne pour la période
2014-2020. L’AMCC+ continue d’apporter un appui aux
pays les plus vulnérables par le biais de deux piliers qui
se renforcent mutuellement (graphique 1-1):
● L’AMCC+ sert de plateforme de dialogue et de coo-
pération entre l’UE et les pays en développement. Les
résultats de ces échanges alimentent les discussions
1
De l’AMCC à l’AMCC+
Graphique 1-1 Les deux piliers de l’AMCC+
● Offre un soutien technique et financier
aux pays en développement visés.
● Ce soutien les aide à intégrer le
changement climatique dans leurs
politiques de développement et
leurs budgets et à mettre en œuvre
des programmes d’adaptation et
d’atténuation, en privilégiant trois
domaines prioritaires.
● Il permet aussi d’alimenter le dialogue et
l’échange d’expérience entre l’UE et les
pays partenaires.
Une plateforme de dialogue et de coopération Une source d’appui technique et financier
● Encourage le dialogue et l’échange
d’expérience — aux niveaux mondial,
régional et national — entre l’UE et les
pays en développement sur la politique
climatique et les moyens concrets
d’intégrer le changement climatique dans
les politiques de développement et les
budgets.
● Les résultats de ce dialogue et de ces
échanges alimentent les discussions sur
le nouvel accord climatique international
en vertu de la CCNUCC et inspirent
l’appui technique et financier de l’AMCC.
2 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Carte 1-1 Aperçu des programmes soutenus par l’AMCC
Dans les Caraïbes,
les programmes soutenus par
l’AMCC concernent ces pays
et organisations:
Belize, Guyana, Haïti, Jamaïque,
Forum des Caraïbes,
Centre de la Communauté des
Caraïbes sur le changement
climatique, Organisation des
États des Caraïbes orientales
En Afrique, les programmes soutenus par l’AMCC
concernent ces pays et organisations:
Bénin, Burkina Faso, Comores, Rép. dém. du Congo,
Djibouti, Éthiopie, Gambie, Lesotho, Malawi, Mali,
Mauritanie, Maurice, Mozambique, Niger, Ouganda,
Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles,
Sierra Leone, Tanzanie, Tchad, Union africaine,
Banque africaine de développement,
Commission économique des Nations Unies pour
l’Afrique, Marché commun de l’Afrique orientale et
australe, Comité permanent inter-États de lutte contre
la sécheresse dans le Sahel, Communauté économique
des États d’Afrique de l’Ouest
Pays partenaires de l’AMCC
Programmes régionaux:
Bassin inférieur du Mékong
Afrique
Afrique orientale et australe
Afrique de l’Ouest
Pacifique
Pacifique Sud
Caraïbes
Caraïbes orientales
31. De l’AMCC à l’AMCC+
Dans le Pacifique, les programmes soutenus
par l’AMCC concernent ces pays et
organisations:
Îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée,
Samoa, Timor-Oriental, Vanuatu,
Secrétariat de la Communauté du Pacifique,
Secrétariat du Programme régional du Pacifique
pour l’environnement,
Université du Pacifique Sud
En Asie, les programmes soutenus
par l’AMCC concernent ces pays
et organisations:
Bangladesh, Bhoutan, Cambodge,
Rép. dém. pop. du Laos, Maldives,
Myanmar, Népal,
Commission du bassin du Mékong
Le programme “Local Climate Adaptive
Living Facility” soutenu par l’AMCC
concerne ces pays:
Bangladesh, Bénin, Îles Salomon, Mali,
Mozambique, Népal, Niger
4 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
sur un nouvel accord climatique dans le contexte de
la Convention-cadre des Nations Unies sur les chan-
gements climatiques (CCNUCC) et d’autres processus
internationaux.
● L’AMCC+ est une source d’appui technique et
financier pour les pays et régions en développement
vulnérables. Cet appui est fourni dans trois domaines
prioritaires (encadré 1-1).
Le graphique 1-2 présente la répartition du soutien
de l’AMCC entre domaines et secteurs prioritaires.
L’UE a été l’un des premiers donateurs
à faire des PEID des partenaires
prioritaires. Les programmes bilatéraux
avec 14 PEID et les programmes
régionaux bénéficiant à 25 PEID
représentent 30% des financements
de l’AMCC, soit environ 95 millions €.
Encadré 1-1 Les trois domaines prioritaires de l’AMCC+
➊ L’intégration du changement climatique et la réduction de la pauvreté. Le changement climatique est un phénomène généralisé : il affecte toutes les sphères de la vie publique, subit les influences de celles-ci et est étroitement lié avec la pauvreté. C’est pourquoi les questions climatiques doivent être pleinement prises en considération dans les plans, les poli-tiques et les budgets de développement à l’échelle nationale. Deux processus visant à faciliter l’intégration du changement climatique seront présentés à la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21/CMP11) : des processus relatifs aux contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) qui incluent une planification nationale de l’adaptation (PNA). L’AMCC+ canalisera l’aide vers les pays partenaires en vue de la préparation et de la mise en œuvre des stratégies nationales d'adaptation et afin d’aider ces pays à répondre à leurs obligations en matière de CPDN.
➋ Le renforcement de la résilience aux stress et chocs liés au changement climatique. La résilience est l’aptitude d'une personne, d’un foyer, d’une communauté, d’un pays ou d’une région à résister et à s’adapter aux stress et chocs, ainsi qu’à s’en remettre rapidement. Le renforcement de la résilience se situe au carrefour entre l’aide humanitaire et l’aide au déve-loppement et, dans le contexte du changement climatique, il est lié à la réduction et à la gestion des risques de catastrophe. L’AMCC+ aidera les pays vulnérables à se préparer aux dangers naturels d’origine climatique, à réduire les risques et à mini-miser les impacts de ces dangers en intégrant des approches multisectorielles de gestion des risques dans la planification nationale du développement. De plus, elle appuiera les stratégies locales, nationales et régionales qui intègrent l’adaptation au changement climatique et la gestion des risques de catastrophe et encouragent la prise de décisions plus documentées pour la récupération et la reconstruction.
➌ Les stratégies sectorielles d'adaptation et d'atténuation face au changement climatique. L’AMCC+ entend favoriser une meilleure compréhension des conséquences spécifiques du changement climatique à court, moyen et long terme. Forts de cette compréhension accrue qui concerne leur propre environnement, les pays partenaires seront à même de concevoir et de mettre en œuvre des actions d’adaptation et d’atténuation adéquates. La planification nationale de l’adap-tation (PNA) est centrée sur la réponse à apporter aux impacts négatifs du changement climatique. Les contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) ont principalement trait à l’atténuation ou à la réduction des gaz à effet de serre, mais peuvent aussi porter sur l’adaptation. L’AMCC+ aidera ses partenaires à identifier des approches du type « gagnant-gagnant », à élaborer des stratégies nationales cohérentes et à assurer une mise en œuvre correcte, conformé-ment aux engagements pris dans le cadre de la CCNUCC.
En fonction des besoins nationaux et régionaux,
l’AMCC+ continue à fournir une assistance technique
dans ces domaines tout en renforçant ses activités
dans des domaines qui gagnent en importance, tels
que la résilience des communautés, les financements
liés au climat, les synergies entre adaptation et atté-
nuation, l’adaptation basée sur les écosystèmes, les
questions liées au genre, le développement urbain, les
migrations induites par le climat, etc.
Une initiative en expansion jouant un rôle de catalyseur
Avec un budget de plus de 300 millions €, l’AMCC est
l’une des initiatives liées au changement climatique les
plus importantes au monde. Elle figure aussi parmi les ini-
tiatives présentant le taux de décaissement le plus élevé
en matière d’adaptation (Schalatek et al. 2012). Outre les
financements de l’UE, l’AMCC a reçu 37 millions € de
Chypre, l’Estonie, l’Irlande, la République tchèque
et la Suède. Ces fonds ont contribué à mettre en place
51. De l’AMCC à l’AMCC+
Graphique 1-2 Répartition de l’appui de l’AMCC entre secteurs et domaines prioritaires (nombre de programmes de 2008 à 2014)
Éducation, recherche et développement technique – 2
Gestion des zones côtières – 10
Eau et assainissement, gestion des déchets, infrastructures, tourisme et santé – 14
Énergie – 15
Développement global et réduction de la pauvreté – 27
Forêts et ressources naturelles – 27
Agriculture, gestion du territoire, sécurité alimentaire, pêche – 29
Marché du carbone/MDP – 7
REDD – 11
Réduction des risques de catastrophe – 12
Intégration – 33
Adaptation – 44
Secteurs Domaines prioritaires
Remarque: Chaque programme soutenu par l’AMCC peut concerner plusieurs secteurs et domaines prioritaires.
Graphique 1-3 Engagements financiers cumulés de l’AMCC de 2008 à 2014
0
50
100
150
200
250
300
350
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
millions €
Graphique 1-4 Origine des engagements financiers de l’AMCC de 2008 à 2014
Budget de l'UE – 242 millions € (29% de FMR)
FED – 37,5 millions €
EM UE
(88% de FMR)– 37 millions €
EM UE = États membres de l’UEFED = Fonds européen de développementFMR = financements à mise en œuvre rapide
6 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
des programmes au Bhoutan, au Cambodge, dans les
Caraïbes orientales, au Lesotho, dans le bassin inférieur
du Mékong, au Mozambique, au Népal, en Ouganda,
en Sierra Leone, en Tanzanie et au Timor-Oriental. Une
contribution du Fonds européen de développement (FED)
a par ailleurs permis de fournir un appui spécifique au
groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP); ce “programme intra-ACP” de l’AMCC dispose
d’un budget de 37,5 millions €. Grâce aux financements
de l’UE, de ses États membres et du FED (graphique 1-4),
le nombre de bénéficiaires a plus que décuplé depuis
2008.
Un réseau croissant de praticiens
L’AMCC travaille avec un vaste réseau d’acteurs et
d’organisations répartis dans 38 pays et 8 régions et
sous-régions. Ce réseau regroupe des pays partenaires,
des organisations régionales, des gouvernements, des
collectivités locales, des organisations du secteur privé
et de la société civile (graphique 1-5).
La DG Coopération internationale et développement de
la Commission européenne (EuropeAid) dirige l’AMCC
et l’initiative qui lui succède, l’AMCC+. Deux struc-
tures d’appui ont été créées pour apporter une assis-
tance technique à la demande. La première, gérée par
la Commission européenne, est accessible à l’ensemble
des programmes. La seconde soutient les parties pre-
nantes des États ACP et est accessible par le biais du
programme intra-ACP de l’AMCC (encadré 1-2).
Depuis sa création, l’AMCC a accumulé beaucoup de
connaissances et d’expérience en matière d’adaptation
et d’atténuation du changement climatique. Forte de ces
acquis, l’AMCC+ continuera d’être une plateforme d’ap-
prentissage et d’échange d’expérience.
Graphique 1-5 Partenaires de l’AMCC+
Organisations non gouverne-
mentales
Délégations de l'UE
Facilité d'appui de l'AMCC
Collectivités locales
Secrétariat ACPInstruments ACP d’appui technique et
d’aide au climat
Organisations régionales
États membres de l'UE
Commission européenne
Pays partenaires
Partenaires de mise en œuvre
Partenaires du développement
AMCC+
71. De l’AMCC à l’AMCC+
Encadré 1-2 Appuyer les régions et les États ACP
Le programme intra-ACP de l’AMCC aide les États ACP à faire face au changement climatique en soutenant l’apprentis-
sage et le partage des connaissances, ainsi que la mise au point de réponses d’adaptation et d’atténuation dans ces pays.
Le programme fournit un appui institutionnel et technique via cinq sous-groupes régionaux. Il coordonne les services
et le flux d’informations entre les cinq régions, ainsi que les échanges avec d’autres programmes de l’AMCC et d’autres
initiatives dans les pays ACP. Il apporte un appui technique aux pays ACP et à leurs missions et ambassades, qui peuvent
solliciter une assistance technique personnalisée et à court terme par le biais de la section intra-ACP du site internet de
l’AMCC, pour des questions allant de la formulation de projets à la réalisation d’études et l’organisation de formations.
Chaque année, le programme organise aussi des réunions techniques régionales pour renforcer la coopération, échanger
des informations et améliorer la coordination; elles contribuent à identifier des synergies et faciliter la mise en œuvre.
Un regain d’attention pour la création et le partage de connaissances
L’expérience n’a de valeur que si elle est appliquée et par-
tagée. L’un des rôles majeurs de l’AMCC est de veiller à ce
que l’expérience accumulée au cours de sa mise en œuvre
permette de tirer des enseignements et soit partagée entre
les pays, régions et partenaires du développement.
En 2012, l’AMCC a élaboré une stratégie globale de ges-
tion des connaissances et de communication, qui est
continuellement actualisée. Elle est centrée sur l’engage-
ment avec les partenaires et le partage cohérent et effi-
cace des connaissances.
Des manifestations de haut niveau ont été organisées par
l’AMCC pour faciliter l’échange de vues et d’expérience,
Encadré 1-3 Renforcer les capacités pour les négociations sur le changement climatique
La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest ont très peu d’expérience dans les négociations internationales sur le changement
climatique. Entre 2011 et 2013, le programme intra-ACP de l’AMCC a dispensé des formations aux négociateurs des États
d’Afrique de l’Ouest pour renforcer leur participation aux négociations internationales. Pour la 19ème Conférence des Parties
à la CCNUCC (CdP19) tenue en 2013 à Varsovie, le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel
(CILSS), qui gère le programme régional de l’AMCC en Afrique de l’Ouest, a préparé un rapport sur les négociations et orga-
nisé des ateliers préparatoires pour renforcer les connaissances des participants sur les aspects techniques et améliorer
leurs capacités rédactionnelles. Via le Sénégal, le CILSS a également présenté un document technique soutenant l’inclusion
de l’agroforesterie dans les activités liées au secteur “utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie”.
Avant la CdP20 de Lima de décembre 2014, le programme a également organisé des réunions préparatoires pour garantir la
participation coordonnée des pays et régions ACP. Il a aidé le Secrétariat ACP à élaborer un document commun de prise de
position sur la Conférence de Lima. Tous les programmes régionaux mis en place dans les pays ACP ont par ailleurs organisé
des sessions spéciales et réunions préparatoires de haut niveau.
notamment des conférences régionales, des concertations
politiques au niveau national, des ateliers techniques et des
conférences mondiales favorisant le dialogue et la mise en
réseau. L’AMCC+ continue à promouvoir le dialogue poli-
tique et l’apprentissage, contribuant à éclairer les positions
de l’UE et des pays en développement dans le contexte de
la CCNUCC et d’autres processus internationaux.
Chaque année, l’AMCC partage son expérience à l’oc-
casion d’un événement en marge de la Conférence
des Parties à la CCNUCC. L’événement organisé en
décembre 2013 à Varsovie a permis de discuter des
conclusions de la Conférence mondiale d’appui au dia-
logue politique de l’AMCC, tenue en septembre 2013, et
d’en savoir plus sur les expériences de pays partenai-
res. Le programme intra-ACP de l’AMCC s’efforce éga-
lement d’informer le processus de la CCNUCC (enca-
dré 1-3).
8 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Honorer les engagements relatifs à l’efficacité de l’aide
L’AMCC+ soutient pleinement les cinq principes d’effi-
cacité de l’aide énoncés dans la Déclaration de Paris de
2005, à savoir l’appropriation des politiques et stratégies
de développement par les gouvernements des pays
en développement, l’alignement des interventions des
donateurs sur les stratégies et systèmes nationaux, l’har-
monisation des opérations des donateurs, la focalisa-
tion accrue sur les résultats et réalisations en termes de
développement, et la transformation de la relation d’aide
en un partenariat fondé sur la redevabilité mutuelle.
L’AMCC+ s’inscrit également dans les recommandations
formulées dans le Programme d’action d’Accra de 2008
en vue de renforcer l’appropriation et d’établir des parte-
nariats plus inclusifs, et dans l’Accord de Partenariat de
Busan (2011) pour une coopération efficace au service du
développement, dont l’article 34 insiste sur la nécessité
de promouvoir une cohérence, une transparence et une
prévisibilité accrues dans toutes les approches visant à
assurer l’efficacité des financements liés au climat.
L’AMCC+ concrétise ces engagements à travers
diverses actions:
● L’AMCC+ aligne ses programmes sur les stratégies et
programmes nationaux (tableau 1-3), tout en veillant à
intégrer les questions liées au changement climatique
dans les processus de développement nationaux.
● L’AMCC+ soutient le développement des capaci-
tés requises pour faire face au changement clima-
tique aux niveaux local, institutionnel et commu-
nautaire. L’appui au développement des capacités
est présenté au chapitre 2. Le tableau 1-4 donne un
aperçu des modalités d’aide utilisées, notamment
l’appui budgétaire (traité au chapitre 3) et les appro-
ches sectorielles. Lorsque la modalité projet est uti-
lisée, la gestion par le gouvernement partenaire est
encouragée.
● L’AMCC+ travaille avec les partenaires du développe-
ment au travers de fonds et initiatives multibailleurs
(tableau 1-5) et de mécanismes de gestion, de pro-
grammation et de financement conjoints (tableau 1-6).
● L’AMCC+ renforce les systèmes de suivi et d’éva-
luation (S&E) des pays partenaires afin d’améliorer
l’élaboration des plans et politiques relatifs au chan-
gement climatique, ainsi que leur participation aux
négociations internationales. Le chapitre 4 décrit les
défis, opportunités et meilleures pratiques de l’AMCC
en matière de S&E de l’adaptation.
● L’AMCC+ met l’accent sur le partage des connaissan-
ces et l’apprentissage aux niveaux national, régional
et mondial.
● L’AMCC+ suit l’évolution des besoins et des priori-
tés pour se concentrer sur les domaines où elle peut
apporter le plus de valeur ajoutée (chapitre 5).
Jeunes garçons souriants au Burundi
91. De l’AMCC à l’AMCC+
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Bangladesh Banque mondiale; Ministère de l'environnement et des forêts
Adaptation, réduction des risques de catastrophe
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, gestion des zones côtières, infrastructures, gestion du territoire et des ressources naturelles
Valeur totale: 140,6 millions €
(CE: 28,5 m€, dont AMCC: 8,5 m€; Royaume-Uni: 71 m€; Suède: 15,2 m€; États-Unis: 10 m€; Suisse: 9,3 m€; Australie: 5,3 m€; Danemark: 1,3 m€)
2011–2017
Belize PNUD; Ministère des ressources naturelles et de l'environnement; Organisation nationale de gestion des urgences
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, gestion des zones côtières, sécurité alimentaire, forêts, eau
Valeur totale: 3,2 millions €
(AMCC: 2,9 m€; gouvernement du Belize et PNUD: 0,3 m€)
2012–2014
Bénin PNUD; Ministère de l'environnement chargé de la gestion des changements climatiques, du reboisement et de la protection des ressources naturelles et forestières; Institut géographique national
Adaptation, REDD, réduction des risques de catastrophe
Forêts Valeur totale: 8,3 millions €
(AMCC: 8 m€; PNUD: 0,3 m€)
2012–2017
Bhoutan Ministère de l'agriculture et des forêts; Commission du bonheur national brut
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, gestion des ressources naturelles
Valeur totale: 4,4 millions €
(AMCC, dont FMR de 0,8 m€ de l’Estonie)
2013–2016
Burkina Faso Banque mondiale; Ministère de l'environnement et du développement durable; Conseil national pour l'environnement et le développement durable
Intégration, adaptation, REDD
Agriculture, forêts et gestion du territoire
Valeur totale: 21 millions €
(AMCC: 8 m€; Banque mondiale/Programme d’investissement forestier: 16,5 mUS$)
2014–2018
Cambodge PNUD; Ministère de l'environnement; Comité national du changement climatique
Intégration Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 8,35 millions €
(AMCC, contribution de la Suède: 2,21 m€; Suède: 3,4 m€; Danemark: 0,43 m€; PNUD: 2,31 m€)
2009–2014
10 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Cambodge II PNUD; Ministère de l'environnement; Comité national du changement climatique; Équipe technique de travail sur le changement climatique
Intégration Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 9,4 millions €
(AMCC+: 6 m€; Suède: 2,8 m€; PNUD: 0,6 m€)
2015–2021
Comores Ministère de la production, de l'environnement, de l'énergie, de l'industrie et de l'artisanat; Vice-Présidence chargée du Ministère des finances, du budget, de l’économie, de l’investissement et du commerce extérieur
Intégration, adaptation, réduction des risques de catastrophe
Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 3 millions €
(AMCC)
2014–2018
Rép. dém. du Congo
Ministère de l'en-vironnement, de la conservation de la nature et du tourisme; Institut congolais pour la conservation de la nature; Centre pour la recherche forestière internationale
Adaptation, REDD
Forêts et énergie Valeur totale: 14 millions €
(AMCC)
2012–2017
Djibouti Ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’environnement et de l’aménagement du territoire; Ministère de l’énergie; Agence djiboutienne de maîtrise de l’énergie; Ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage en charge des ressources hydrauliques
Adaptation, marché du carbone/MDP
Agriculture, énergie, gestion des ressources naturelles, eau et assainissement
Valeur totale: 3 millions €
(AMCC)
2013–2017
Éthiopie GIZ; Autorité de protection de l’environnement; Ministère de l’agriculture et du développement rural
Adaptation Agriculture, énergie, gestion du territoire et des ressources naturelles
Valeur totale: 10 millions €
(AMCC, dont FMR de la CE de 8 m€; Allemagne: 0,3 m€)
2012–2016
Gambie Ministère des finances et des affaires économiques; Agence nationale de l’environnement; Département des ressources en eau; Ministère des forêts et de l’environnement
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, gestion des zones côtières
Valeur totale: 3,86 millions €
(AMCC)
2012–2016
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC (suite)
111. De l’AMCC à l’AMCC+
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Guyana Ministère de l'agriculture via l'Institut national de recherche et de vulgarisation agricoles
Adaptation, REDD
Gestion des zones côtières et forêts
Valeur totale: 4,165 millions €
(AMCC)
2009–2014
Haïti Ministère de l'environnement
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, gestion des zones côtières, énergie, gestion des ressources naturelles
Valeur totale: 6 millions €
(AMCC)
2014–2019
Îles Salomon Ministère de l'environnement, du changement climatique, de la gestion des catastrophes et de la météorologie; Ministère de la planification nationale et de la coordination de l'aide
Intégration, adaptation, réduction des risques de catastrophe
Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 2,8 millions €
(AMCC)
2011–2014
Jamaïque PNUE; Institut de planification de la Jamaïque; Département des forêts; Agence nationale pour l'environnement et la planification; Ministère de l'eau, du territoire, de l'environnement et du changement climatique
Adaptation, REDD, réduction des risques de catastrophe
Gestion des zones côtières, forêts et gestion des ressources naturelles
Valeur totale: 4,48 millions €
(AMCC: 4,13 m€; gouvernement de la Jamaïque et PNUE: 0,35 m€)
2010–2013
Rép. dém. pop. du Laos
Ministère des ressources naturelles et de l'environnement; Ministère de l'agriculture et des forêts; UICN; CIRAD; CARE Danemark
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, sécurité alimentaire, gestion du territoire et des ressources naturelles
Valeur totale: 6,2 millions €
(AMCC: 5 m€; cofinancement par bénéficiaires: 1,2 m€)
2013–2018
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC (suite)
12 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Lesotho Ministère des finances et de la planification du développement; Ministère de la météorologie, de l'énergie et de l'eau
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, énergie, agriculture et sécurité alimentaire
Valeur totale: 4 millions €
(AMCC, FMR de l’Irlande)
2013–2016
Malawi Ministère de l'agriculture et de l'irrigation; Ministère des collectivités locales et du développement rural
Intégration, adaptation
Agriculture, gestion du territoire et des ressources naturelles
Valeur totale: 8 millions €
(AMCC)
2014–2019
Maldives Banque mondiale; Ministère du logement et de l'environnement
Adaptation Développement global et réduction de la pauvreté, énergie et gestion des déchets
Valeur totale: 11,9 millions €
(AMCC: 3,8 m€; autres financements de l’UE: 6,7 m€; AusAID: 2 mAU$)
2009–2015
Mali Ministère de l'en-vironnement et de l'assainissement; Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale
Intégration, REDD
Forêts Valeur totale: 6,485 millions €
(AMCC et AMCC+: 5,92 m€; Mali: 0,565 m€)
2010–2017
Maurice Commission Maurice Île durable; Ministère de l'environnement et du développement durable
Intégration Développement global et réduction de la pauvreté, énergie
Valeur totale: 3 millions €
(AMCC)
2010–2013
Mauritanie GIZ; PNUD; Ministère des affaires écono-miques et du déve-loppement; Ministère de l'environnement et du développement durable; Ministère du développement rural; Office national de la météorologie
Intégration, adaptation
Agriculture, sécurité alimentaire et gestion du territoire
Valeur totale: 4 millions €
(AMCC)
2014–2017
Mozambique DANIDA; Ministère de la coordination de l'action environnementale
Intégration, adaptation, réduction des risques de catastrophe
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, gestion des zones côtières
Valeur totale: 47 millions €
(AMCC: 15,2 m€, dont FMR de 5 m€ de l’Irlande; DANIDA: 31,5 m€; Gouvernement du Mozambique: 0,3 m€)
2011–2015
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC (suite)
131. De l’AMCC à l’AMCC+
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Myanmar ONU-Habitat; PNUE; Ministère de la conservation de l'environnement et des forêts; Département de la météorologie et de l'hydrologie du Ministère des transports; Ministère de la planification et du développement économique
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 4,065 millions €
(AMCC: 4 m€; ONU-Habitat/PNUE: 0,065 m€)
2013–2018
Népal DFID; PNUD; Ministère de la science, de la technologie et de l'environnement
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 16,5 millions €
(AMCC: 8,6 m€, dont FMR de 0,6 m€ de Chypre, DFID: 7,9 m€)
2012–2015
Niger Ministère des finances; Ministère de l'environnement, de l'assainissement et du développement urbain; Bureau du haut-commissaire à l'Initiative 3N; Conseil national pour l'environnement et le développement durable; gouvernorats des régions de Dosso et de Zinder
Intégration, adaptation
Agriculture, sécurité alimentaire, gestion du territoire et des ressources naturelles
Valeur totale: 11 millions €
(AMCC+)
2015–2020
Ouganda FAO; Ministère de l'eau et de l'environnement; Ministère de l'agriculture, de l'industrie animale et de la pêche
Intégration, adaptation
Agriculture Valeur totale: 11 millions €
(AMCC, FMR de l’Irlande)
2012–2016
Papouasie-Nouvelle-Guinée
FAO; Autorité forestière de la Papouasie-Nouvelle-Guinée; Bureau du changement climatique et du développement
REDD Forêts Valeur totale: 8 millions €
(AMCC: 6 m€; ONU-REDD: 2 m€)
2013–2017
Rwanda Autorité des ressour-ces naturelles du Rwanda; Ministère des ressources naturelles
Adaptation Gestion du territoire
Valeur totale: 4,555 millions €
(AMCC)
2010–2012
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC (suite)
14 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Rwanda II Ministère de l'environnement et des ressources naturelles; Ministère des collectivités locales; Ministère des finances et de la planification économique
Adaptation Gestion du territoire
Valeur totale: 4 millions €
(AMCC+)
2015–2017
Samoa Ministère des finances; Ministère des ressources naturelles et de l'environnement
Intégration, adaptation, réduction des risques de catastrophe
Eau et assainissement
Valeur totale: 3 millions €
(AMCC)
2012–2015
Sao Tomé-et-Principe
Ministère des affaires étrangères, de la coopération et des communautés; Ministère des travaux publics, des infrastructures et des ressources naturelles; Ministère de l'agriculture, des pêches et du développement rural
Intégration, adaptation
Agriculture, sécurité alimentaire, forêts et eau
Valeur totale: 3 millions €
(AMCC)
2014–2019
Sénégal Ministère de l'environnement et de la protection de la nature
Adaptation, réduction des risques de catastrophe
Gestion des zones côtières
Valeur totale: 4 millions €
(AMCC)
2011–2015
Seychelles Comité national du changement clima-tique; Ministère de l'in-térieur, de l'environne-ment, du transport et de l'énergie; Commis-sion de l'énergie des Seychelles
Intégration, marché du carbone/MDP
Développement global et réduction de la pauvreté, énergie
Valeur totale: 2 millions €
(AMCC)
2010–2014
Seychelles II PNUD; Ministère de l'environnement et de l'énergie; Ministère des affaires étrangères
Intégration, adaptation
Développe-ment global et réduction de la pauvreté, ges-tion des zones côtières
Valeur totale: 3 millions €
(AMCC+)
2015–2019
Sierra Leone Ministère de l'agriculture, des forêts et de la sécurité alimentaire
REDD Forêts et énergie Valeur totale: 5 millions €
(AMCC, FMR de l’Irlande)
2012–2016
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC (suite)
151. De l’AMCC à l’AMCC+
Pays Partenaires
Domaines prioritaires de
l'AMCC Secteurs Budget Durée
Tanzanie Ministère des finances; Bureau du vice-président – Division de l'environnement; Forêts communautaires de Pemba; Institut de planification du développement rural; Université agronomique de Sokoine
Adaptation, REDD
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, forêts, gestion du territoire et des ressources naturelles, eau et assainissement
Valeur totale:
2,21 millions €
(AMCC, contribution de la Suède)
2010–2013
Tanzanie II Ministère des finances; Bureau du vice-président – Division de l'environnement
Intégration, adaptation
Agriculture, énergie, sécurité alimentaire, forêts, gestion des ressources naturelles, eau
Valeur totale: 8 millions €
(AMCC+)
2014–2019
Tchad Ministère de l'agriculture et de l'environnement; Ministère de l'énergie et du pétrole
Intégration, adaptation, marché du carbone/MDP
Agriculture, énergie et forêts
Valeur totale: 8 millions €
(AMCC)
2014–2018
Timor-Oriental GIZ; Camões; Ministère de l'agriculture, des forêts et de la pêche; Ministère de l'administration publique
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, forêts, agriculture et gestion des ressources naturelles
Valeur totale: 4 millions €
(AMCC, FMR de l’Irlande)
2014–2018
Vanuatu Banque mondiale; Département de la météorologie et des risques géologiques; Conseil consultatif national pour le changement climatique et la gestion des risques de catastrophe
Intégration, adaptation, réduction des risques de catastrophe
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture et sécurité alimentaire, gestion des ressources naturelles, eau
Valeur totale: 5,7 millions €
(AMCC: 3,2 m€; Banque mondiale, 2,5 m€)
2010–2014
Remarque: Camões = Institut portugais de la coopération et de la langue; CE = Commission européenne; CIRAD = Centre de coo-pération internationale en recherche agronomique pour le développement; DANIDA = Agence de coopération au développement du Danemark (Ministère des affaires étrangères); DFID = Département britannique du développement international; FAO = Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture; FMR = financements à mise en œuvre rapide; GIZ = Agence allemande de coo-pération internationale; MDP = Mécanisme de développement propre; REDD = réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts; PNUD = Programme des Nations Unies pour le développement; PNUE = Programme des Nations Unies pour l’environnement ; UICN = Union internationale pour la conservation de la nature.
Tableau 1-1 Aperçu des programmes nationaux soutenus par l’AMCC (suite)
16 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Tableau 1-2 Aperçu des programmes régionaux et multi-pays soutenus par l’AMCC
Region Partners
Domaines prioritaires de
l'AMCC Sectors Budget Duration
Afrique Commission de l'Union africaine; Banque africaine de développement; CENUA; Secrétariat ACP
Adaptation, marché du carbone/MDP
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, énergie, sécurité alimentaire, santé et eau
Valeur totale: 170 millions € (estimation)
Contribution de l’AMCC: 8 m€
2012–2015
Afrique de l'Ouest
Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest; CILSS; Secrétariat ACP
Intégration, adaptation, marché du carbone/MDP
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, énergie, forêts, infrastructures et gestion du territoire
Valeur totale: 4 millions €
(AMCC)
2011–2015
Afrique orientale et australe
Marché commun de l’Afrique orientale australe; Secrétariat ACP
Intégration, adaptation, REDD, marché du carbone/MDP
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, énergie, forêts et gestion du territoire
Valeur totale: 105 millions €
Contribution de l’AMCC: 4 m€
2010–2014
Bassin inférieur du Mékong
Commission du bassin du Mékong
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, gestion des ressources naturelles, eau et assainissement
Valeur totale: 11,7 millions €
Contribution de l’AMCC: 4,95 m€, dont FMR de 1,54 m€ de, respectivement, l’UE et de l’Irlande
Autres contributions: Australie (1,64 m€); Danemark (0,65 m€); Allemagne (1,35 m€); Luxembourg (1,89 m€); Suède (0,39 m€); Suède et Finlande (0,83 m€) via la Commission du bassin du Mékong
2012–2015
Caraïbes Forum des Caraïbes; Centre de la Communauté des Caraïbes sur le changement climatique; Secrétariat ACP
Adaptation, REDD, marché du carbone/MDP, réduction des risques de catastrophe
Agriculture, éducation, énergie, pêche, forêts, santé, tourisme et eau
Valeur totale: 8 millions €
(AMCC)
2011–2014
171. De l’AMCC à l’AMCC+
Region Partners
Domaines prioritaires de
l'AMCC Sectors Budget Duration
Caraïbes orientales
Organisation des États des Caraïbes orientales
Adaptation Gestion du territoire
Valeur totale: 10,6 millions €
(AMCC, dont FMR de 7 m€ de la CE et FMR de 0,6 m€ de Chypre)
2014–2018
Pacifique Université du Pacifique Sud; Secrétariat ACP
Adaptation, réduction des risques de catastrophe
Éducation, recherche et développement technologique
Valeur totale: 9,9 millions €
(AMCC et AMCC+)
2011–2016
Pacifique Sud
Secrétariat de la Communauté du Pacifique; Secrétariat du Programme régional du Pacifique pour l'environnement
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, gestion des zones côtières, santé, infrastructures, eau et assainissement
Valeur totale: 11,4 millions €
(AMCC, dont FMR de la CE de 10 m€)
2011–2016
Multi-pays (Bangladesh, Népal, Îles Salomon, Bénin, Mali, Mozambique et Niger)
Fonds d'équipement des Nations Unies (UNCDF)
Intégration, adaptation
Développement global et réduction de la pauvreté
Valeur totale: 6,32 millions €
(AMCC: 4 m€; SIDA: 1,74 m€; UNCDF: 0,58 m€)
2014–2018
Remarque: ACP = Afrique, Caraïbes, Pacifique; CE = Commission européenne; CENUA = Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique; CILSS = Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel; FMR = financements à mise en œuvre rapide; MDP = Mécanisme de développement propre; REDD = réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégra-dation des forêts; SIDA = Agence suédoise de coopération au développement international.
Tableau 1-2 Aperçu des programmes régionaux et multi-pays soutenus par l’AMCC (suite)
18 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Tableau 1-3 Contribution des programmes de l’AMCC à des stratégies ou programmes nationaux existants
Programme de l'AMCC Contribue à la mise en œuvre de:
Bangladesh Stratégie et Plan d'action du Bangladesh contre le changement climatique
Belize Stratégie nationale d'adaptation au changement climatique dans le secteur de l'eau
Bhoutan Programme sectoriel / Plan quinquennal pour les ressources naturelles renouvelables
Burkina Faso Programme national du secteur rural et stratégie nationale REDD+
Cambodge Plan stratégique de lutte contre le changement climatique 2014-2023, plans stratégiques et plans d'action correspondants dans neuf ministères et agences prioritaires
Comores Stratégie nationale de réduction de la pauvreté et de croissance
Éthiopie Stratégie pour une économie verte résiliente au changement climatique, Programme national d'adaptation au changement climatique, Programme de gestion durable des terres
Guyana Plan d'action national pour la gestion des mangroves
Îles Salomon Certaines priorités du PANA, Plan national de gestion des risques de catastrophe
Lesotho Priorités liées à l'environnement et au changement climatique du Plan national stratégique de développement
Malawi Certaines priorités du PANA
Maurice Stratégie de développement durable “Maurice Île durable”
Mauritanie Certaines priorités du PANA
Népal Intégration des activités prioritaires du PANA par le biais du cadre national des Plans d'action locaux d'adaptation
Niger Plan de développement économique et social 2012-2015, Politique nationale de lutte contre le changement climatique, Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable
Ouganda PANA, opérationnalisation de deux objectifs liés au changement climatique du Plan national de développement 2010
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Plan national de préparation à REDD+
Rwanda Feuille de route stratégique pour la réforme foncière, Plan stratégique pour l'environnement et les ressources naturelles, Stratégie nationale en matière de changement climatique et de développement sobre en carbone
Samoa Plan sectoriel “Water for Life”
São Tomé et Príncipe Programme national de sécurité alimentaire et nutritionnelle
Seychelles Stratégie nationale de lutte contre le changement climatique, Stratégie nationale de développement durable 2012-2020
Tchad Certaines priorités du PANA, Plan national de développement 2015-2020
Vanuatu Mesures identifiées dans le PANA
191. De l’AMCC à l’AMCC+
Tableau 1-4 Aperçu des modalités d’aide utilisées pour les programmes nationaux de l’AMCC
Approche projet
Approche sectorielle et appui budgétaire
sectorielAppui budgétaire
général
Belize ■ ■
Bénin ■
Burkina Faso ■ ■
Cambodge II ■ ■
Comores ■
Rép. dém. du Congo ■
Djibouti ■
Éthiopie ■ ■
Gambie
Haïti
Jamaïque ■
Rép. dém. pop. du Laos
Malawi ■
Maldives ■ ■
Mali
Mauritanie ■ ■
Myanmar ■
Népal ■ ■
Niger ■
Ouganda ■ ■ ■
Papouasie-Nouvelle-Guinée ■ ■
Sao Tomé-et-Principe ■
Sénégal
Sierra Leone
Tanzanie
Tchad ■
Timor-Oriental ■
Vanuatu ■ ■
Bangladesh ■ ■ ■
Bhutan ■ ■
Cambodge ■ ■
Guyana ■ ■
Mozambique ■ ■
Rwanda I et II ■ ■
Samoa ■ ■
Seychelles II ■ ■
Îles Salomon ■ ■
Lesotho ■ ■
Maurice ■ ■
Seychelles ■ ■
■ Contribution directe à la mise en œuvre d’une stratégie ou d’un programme national existant
■ Initiative multibailleurs: financement conjoint et/ou accords de gestion
■ Initiative multibailleurs: contribution à un fonds commun ou un fonds fiduciaire multibailleurs
■ Appui budgétaire
20 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Tableau 1-5 Contribution de l’AMCC à des fonds ou initiatives multibailleurs
Programme de l'AMCC Contribue à Géré avec ou par Cofinancé par
Afrique Initiative pan-africaine “Cli-mat pour le développement” (ClimDevAfrica)
Union africaine, Banque africaine de développement, CENUA
Royaume-Uni, Suède, Norvège
Afrique orientale et australe
Programme tripartite d'adaptation et d'atténuation du changement climatique (COMESA-EAC-SADC)
COMESA Royaume-Uni, Norvège, Fondation Rockefeller et USAID
Bassin inférieur du Mékong
Initiative sur le changement climatique et l’adaptation de la Commission du bassin du Mékong
Commission du bassin du Mékong
Australie, Allemagne, Danemark, Luxembourg, Suède, Finlande
Bangladesh Fonds de résilience au change-ment climatique du Bangladesh (BCCRF)
Banque mondiale Banque mondiale, Danemark, Suède, Royaume-Uni, Suisse, USAID et Australie
Cambodge Fonds fiduciaire de l'Alliance cambodgienne contre le changement climatique
PNUD PNUD, Danemark, Suède
Maldives Fonds fiduciaire de lutte contre le changement climatique
Banque mondiale Banque mondiale, AusAID
Ouganda Fonds commun des donateurs pour le secteur de l'eau
FAO Divers donateurs
Remarque: COMESA = Marché commun de l’Afrique orientale et australe; CENUA = Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique; EAC = Communauté de l’Afrique de l’Est; FAO = Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture; PNUD = Programme des Nations Unies pour le développement; SADC = Communauté de développement de l’Afrique australe; USAID = Agence des États-Unis pour le développement international.
211. De l’AMCC à l’AMCC+
Tableau 1-6 Gestion, programmation et financement conjoints au titre de l’AMCC
Programme de l'AMCC Géré avec ou par Cofinancé par
Belize PNUD PNUD
Bénin PNUD PNUD
Burkina Faso Banque mondiale Programme d'investissement forestier
Rép. dém. du Congo CIFOR Non applicable
Éthiopie GIZ Allemagne
Jamaïque PNUE PNUE
Maldives Banque mondiale Banque mondiale et AusAID
Mauritanie GIZ et PNUD Non applicable
Mozambique DANIDA Danemark
Myanmar ONU-Habitat et PNUE ONU-Habitat et PNUE
Népal DFID DFID
Papouasie-Nouvelle-Guinée FAO ONU-REDD
Seychelles II PNUD Non applicable
Timor-Oriental Camões, GIZ Non applicable
Vanuatu Banque mondiale Banque mondiale
LoCAL UNCDF UNCDF, SIDA, gouvernement du Liechtenstein, Coopération technique belge
Remarque: Camões = Institut portugais de la coopération et de la langue; CIFOR = Centre pour la recherche forestière internatio-nale; DANIDA = Agence de coopération au développement du Danemark (Ministère des affaires étrangères); DFID = Département britannique du développement international; GIZ = Agence allemande de coopération internationale; PNUD = Programme des Nations Unies pour le développement; PNUE = Programme des Nations Unies pour l’environnement; SIDA = Agence suédoise de coopération au développement international; UNCDF = Fonds d’équipement des Nations Unies.
Avec l’AMCC+, un appui
complémentaire sera apporté
pour le développement des
capacités locales nécessaires
pour relever les défis liés au
changement climatique.
Site reboisé en eucalyptus à Kroukoto, Mali
23
2
Appuyer le développement des capacités aux niveaux local,
national et régional
L ’efficacité de la coopération technique en matière
de lutte contre le changement climatique est
au centre du travail de l’AMCC. À mesure que
l’AMCC évolue vers l’AMCC+, nous renforcerons notre
appui au développement des capacités locales néces-
saires pour relever les défis liés au changement clima-
tique.
Définies par l’Organisation de coopération et de déve-
loppement économiques (OCDE) comme “l’aptitude des
individus, des organisations et de la collectivité dans
son ensemble à gérer leurs affaires avec succès” (OCDE
2006a: 14), les capacités exigent plus qu’un simple déve-
loppement des compétences. Il faut également élaborer
des stratégies et politiques de soutien, renforcer la mise
en œuvre des législations et procédures et mettre en
place des organisations efficaces et durables.
Le développement des capacités est le processus par
lequel les individus et organisations développent leur
aptitude à formuler et atteindre leurs objectifs. Cet aspect
essentiel doit être soutenu par la coopération, comme le
soulignent la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide,
le Programme d’action d’Accra et le Partenariat de Busan.
Tout en intensifiant son travail d’appui au développement
des capacités, l’AMCC+ continuera à respecter les prin-
cipes directeurs suivants:
● Ceux qui développent leurs capacités doivent s’ap-
proprier le processus – faute de quoi, il n’aboutit pas.
● Les partenaires extérieurs ne peuvent ni concevoir ni
mettre en œuvre le développement des capacités –
ils peuvent seulement soutenir le processus ou aider
à mettre en place des incitants appropriés.
● Pour assurer l’appropriation et l’engagement, les per-
sonnes concernées doivent mener les processus
d’évaluation de leurs besoins et d’élaboration d’un
plan de développement des capacités.
● La mise en œuvre des processus de développement
des capacités doit être organisée de telle sorte que le
leadership et l’appropriation soient fermement entre
les mains des bénéficiaires.
Impliquer les acteurs locaux et leur donner les moyens de s’adapter au changement climatique
Soutenir l’action locale en matière d’adaptation et d’at-
ténuation est une entreprise complexe qui requiert la
prise en compte de plusieurs dimensions connexes: les
moyens de subsistance des communautés, les autori-
tés (formelles et informelles) et autres parties prenantes
locales, leurs relations avec d’autres institutions, et les
nombreux liens qui existent entre les initiatives spécifi-
ques à l’adaptation et les priorités du développement
durable au sens large.
La promotion de l’adaptation et des synergies entre adap-
tation et atténuation à l’échelle locale produit au moins
deux avantages: (1) l’accroissement de la résilience des
populations les plus vulnérables; et (2) la capitalisation des
mesures d’adaptation durable les plus appropriées, telles
que développées par les communautés locales. Les capa-
cités d’adaptation locales doivent être renforcées dans
cinq domaines: l’observation, l’évaluation des effets du
changement climatique et de la vulnérabilité, la planifica-
tion, la mise en œuvre et le S&E des actions d’adaptation.
24 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Les praticiens du développement et de l’adaptation ont
élaboré une série d’outils pour promouvoir les appro-
ches participatives lors de l’identification, la mise en
œuvre et l’évaluation des projets. Les plus connus sont
l’approche écosystémique, l’approche communautaire
et la gestion communautaire des risques de catas-
trophe. Dans la pratique, la question n’est pas de savoir
si les acteurs locaux doivent être impliqués, mais plutôt
comment le faire au mieux.
L’investissement dans le développement des capa-
cités locales est important pour responsabiliser les
acteurs locaux. Cela favorise les processus d’adapta-
tion autochtones reposant sur l’utilisation des connais-
sances et compétences locales. L’échange structuré
de connaissances entre les bénéficiaires est l’une des
bonnes pratiques identifiées dans le cadre d’une étude
financée par l’AMCC en 2014 sur la mise à l’échelle de
l’action locale en matière d’adaptation (encadré 2-1).
Renforcer les capacités pour faciliter l’accès aux financements liés au climat et leur gestion
Le développement des capacités nécessaires pour
gérer, absorber et attirer des financements à long terme
destinés à lutter contre le changement climatique est un
sujet de préoccupation commun à de nombreux pays.
L’AMCC aide à relever ce défi en renforçant les capacités
Encadré 2-1 Meilleures pratiques en matière d’implication des acteurs locaux et de renforcement des capacités
● Dans la conception et la mise en œuvre des programmes, il est important d’impliquer l’ensemble des acteurs, du
niveau local au niveau national, chaque fois que c’est possible.
● Le recours à des approches de communication adaptées au contexte local favorise le renforcement des capacités
et l’instauration de relations de confiance.
● La création de réseaux entre les acteurs locaux est l’occasion de mener des actions de sensibilisation et d’élaborer
des politiques appropriées.
● Des “facilitateurs” ou “amplificateurs” locaux doivent être identifiés et formés, notamment au sein des organisations
non gouvernementales et communautaires.
● Les outils d’évaluation de la vulnérabilité doivent être utilisés non seulement pour permettre aux acteurs locaux de
mieux comprendre les liens entre changement climatique et moyens de subsistance, mais aussi pour sensibiliser et
mobiliser les bénéficiaires.
de planification, la gestion des finances publiques et les
systèmes de suivi, en mettant en place les fondements
de l’appui budgétaire lié au climat, en contribuant à la
constitution de fonds multibailleurs, en ouvrant la voie
à des fonds fiduciaires nationaux et en attirant des cofi-
nancements en faveur de programmes liés au climat.
L’AMCC aide également les pays à mettre en place un
environnement plus favorable pour catalyser les finan-
cements et investissements privés, préparer la partici-
pation à REDD+ et améliorer l’accès au Mécanisme de
développement propre (MDP) ainsi qu’au marché volon-
taire du carbone.
Par exemple, l’AMCC+ apportera un appui au gouver-
nement des Seychelles pour l’aider à renforcer sa ges-
tion des financements liés au climat, notamment par le
suivi des flux de financements et des dépenses publi-
ques dans ce domaine. Le programme soutiendra la
réalisation d’une revue des institutions et des dépenses
publiques en matière de changement climatique, une
approche qui a fait ses preuves au Cambodge et dans
d’autres pays.
Au Mozambique, le programme sectoriel appuyé par
l’AMCC vise à renforcer la capacité du gouvernement à
intégrer le changement climatique dans ses stratégies
de réduction de la pauvreté et de développement. Il a
contribué à développer les capacités dans les sec-
teurs de la santé et de l’énergie notamment. Vingt-deux
plans locaux d’adaptation ont été élaborés, et environ
252. Appuyer le développement des capacités aux niveaux local, national et régional
70 fonctionnaires en place à divers niveaux ont vu leurs
capacités renforcées. Le développement des capacités
de gestion financière du Ministère de la coordination de
l’action environnementale ouvre la voie à une augmen-
tation des allocations budgétaires et à l’amélioration de
l’exécution budgétaire en matière d’environnement et de
changement climatique.
L’amélioration de la capacité du gouvernement à inté-
grer, évaluer et budgétiser les mesures de lutte contre
le changement climatique dans les secteurs clés du
développement est le principal objectif de l’initiative de
l’AMCC au Népal. Les activités comprennent la réalisa-
tion d’évaluations économiques et sociales et d’évalua-
tions de la gouvernance et du risque fiduciaire, devant
permettre un meilleur accès aux financements liés au
climat. Soixante-dix plans d’action locaux d’adapta-
tion ont été élaborés pour répondre aux besoins dans
les domaines de l’irrigation, de la protection contre les
inondations et les glissements de terrain, des systè-
mes d’alerte précoce, de la formation à l’agriculture et à
l’aquaculture, des énergies renouvelables et économies
d’énergie, et de la gestion de l’eau. Ces plans ont été
intégrés au processus de planification du gouvernement
népalais, et des directives de mise en œuvre mettant
l’accent sur les groupes vulnérables, les femmes et l’in-
clusion sociale ont été formulées. Des comités de coor-
dination et de suivi des mesures liées au climat ont été
instaurés dans 14 districts et 69 villages. Un système
de gestion a également été conçu pour collecter des
données qualitatives et quantitatives liées à la mise en
œuvre des plans.
À Djibouti, l’AMCC contribue à renforcer les capacités
nationales à piloter des activités d’efficacité énergétique
et à accéder aux sources de financement pour les pro-
jets relatifs aux énergies renouvelables. Le programme
appuie le renforcement des capacités institutionnelles
au sein de l’autorité nationale désignée (AND) pour le
MDP et de l’Agence djiboutienne de maîtrise de l’énergie.
Les activités comprennent la formation du personnel et
l’élaboration d’un plan de promotion de l’efficacité éner-
gétique. Le programme vise aussi à renforcer les capa-
cités des promoteurs de projets, du personnel de l’AND
et du Ministère de l’énergie concernant l’accès au MDP
et au marché volontaire du carbone, ainsi qu’aux autres
instruments financiers conçus pour appuyer le dévelop-
pement des énergies renouvelables.
Engagement communautaire dans le Pacifique
26 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Une planification efficace à court, moyen et long terme
La planification à court, moyen et long terme est néces-
saire pour garantir une action cohérente et efficace en
matière de lutte contre le changement climatique. Les
programmes d’action nationaux d’adaptation (PANA) et
les plans nationaux d’adaptation visent respectivement
à répondre aux besoins d’adaptation à court terme sur
la base d’une approche projet et à promouvoir une stra-
tégie de réduction de la vulnérabilité à moyen ou long
terme, notamment par l’adoption d’approches pro-
grammatiques pleinement intégrées à la planification
nationale du développement. Les mesures d’atténua-
tion appropriées au niveau national et les stratégies de
développement à faible taux d’émissions répondent aux
besoins de planification stratégique dans le domaine de
l’atténuation – en intégrant parfois l’adaptation et l’at-
ténuation. Cependant, l’élaboration de tels plans et/ou
l’intégration des questions liées au changement clima-
tique dans des plans existants n’est pas un exercice
facile. L’AMCC est résolument engagée à appuyer ce
processus.
Au Mali, par exemple, le programme de l’AMCC sou-
tient le renforcement des capacités institutionnelles
pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique,
d’une stratégie et d’un plan d’action “climat” couvrant à
la fois l’adaptation et l’atténuation, ainsi que l’intégration
de ces questions dans des politiques et stratégies clés.
Aux Comores, l’AMCC renforcera les mécanismes d’in-
tégration du changement climatique dans le secteur des
transports et de prévention et gestion des catastrophes
naturelles et climatiques. Les activités prévues portent
notamment sur l’évaluation des politiques, stratégies,
plans et cadres juridiques et réglementaires; la mise en
œuvre d’une évaluation environnementale stratégique
dans le secteur des transports; l’intégration du change-
ment climatique dans les systèmes budgétaires et de
suivi; et le renforcement des capacités pour la réduction
des risques de catastrophe.
Un Plan d’action d’adaptation axé sur le secteur des
ressources naturelles renouvelables a été préparé au
Bhoutan avec le soutien de l’AMCC. Il porte essentiel-
lement sur l’intégration du changement climatique dans
les systèmes de planification. Parallèlement, un plan de
renforcement des capacités a été élaboré. Entièrement
axé sur la demande et bien ancré au niveau national, il
vise à maximiser l’usage des ressources consacrées à
la mise en œuvre d’activités d’adaptation sur le terrain.
Suivi de la production des plants à la pépinière de Bafoulabé, Mali
272. Appuyer le développement des capacités aux niveaux local, national et régional
Associer l’élaboration des politiques à l’action locale
Les interventions de l’AMCC combinent fréquemment
l’intégration du changement climatique dans les poli-
tiques et stratégies nationales avec l’action au niveau
local. Cette approche permet de renforcer les échan-
ges entre les institutions nationales et les collectivités
et communautés locales. Les interventions centrées sur
l’intégration soutiennent aussi la mise en œuvre de pro-
jets de terrain, favorisant ainsi le développement des
bonnes pratiques au niveau communautaire pour orien-
ter l’action à de plus hauts niveaux de gouvernance.
L’AMCC prépare ainsi le terrain pour porter l’action
locale au niveau des politiques.
Par exemple, le programme de l’AMCC en Jamaïque
visait à accroître la résilience et réduire les risques natu-
rels dans les zones vulnérables, en tenant compte des
liens entre adaptation et réduction des risques de catas-
trophe. Les activités pilotes axées sur la remise en état
des bassins versants, la restauration et la protection des
écosystèmes côtiers ont d’emblée impliqué le Ministère
de l’eau, du territoire, de l’environnement et du change-
ment climatique et soutenu l’élaboration d’un cadre poli-
tique et d’un plan d’action relatifs au changement cli-
matique.
Avec le soutien de l’AMCC, des bassins versants ont été
réhabilités grâce au reboisement des versants dénudés.
Des comités locaux de gestion forestière ont été créés.
La résilience des écosystèmes au changement clima-
tique a été accrue grâce à la restauration et la protec-
tion d’écosystèmes sélectionnés. Une base de données
a été développée pour assurer le suivi des changements
au niveau des écosystèmes; cet outil stratégique pour
la prise de décisions permet notamment d’effectuer un
“screening” des interventions de développement, de
soutenir les études d’impact sur l’environnement et de
cartographier les zones vulnérables. Plus de 7 hectares
de zones côtières dégradées ont été restaurées par la
plantation de mangroves, et plus de 1 500 mètres carrés
d’herbiers marins replantés. Une campagne de sensibi-
lisation au changement climatique a aussi été mise en
œuvre, et des projets pilotes portant sur l’information du
public et l’évaluation des risques et de la vulnérabilité
ont été menés.
Le programme de l’AMCC au Belize vise à renforcer la
résilience climatique du pays en appuyant la mise en
œuvre de sa stratégie pour le secteur de l’eau, tout en
encourageant l’amélioration des capacités pour la pla-
nification et la coordination d’une réponse nationale au
changement climatique. Le programme a soutenu la
création du Bureau national du changement climatique,
qui a par la suite réalisé des études d’évaluation de la
vulnérabilité pour les secteurs du tourisme, de l’agricul-
ture, de la pêche, du développement du littoral et de la
santé. Ces évaluations serviront à l’élaboration de stra-
tégies d’adaptation spécifiques. Des partenariats ont
été noués avec l’Institut de météorologie de Cuba, qui a
aidé à réduire l’échelle des modèles climatiques, et avec
le programme régional de l’AMCC dirigé par le Centre
de la Communauté des Caraïbes sur le changement cli-
matique. Le programme da également développé des
activités sur le terrain. Ainsi, les autorités nationales et
locales travaillent ensemble à la mise en œuvre de pro-
jets pilotes visant à constituer des communautés rési-
lientes, lutter contre l’insécurité alimentaire et le manque
d’eau potable et renforcer la gestion des forêts et des
bassins versants. La participation de divers ministères
et agences représentant différents secteurs facilitera le
processus de mise à l’échelle.
“Ce projet est le premier
financement significatif mis à la
disposition de la Jamaïque pour
l’intégration du changement
climatique. Il a posé des jalons et
instauré la crédibilité nécessaire
pour attirer d’autres financement.”
—Évaluation de l’AMCC (2014)
“Les projets de gestion de l’eau
ont contribué à renforcer les
capacités de mise en œuvre des
partenaires. Ils ont produit des
enseignements pour orienter la mise
en œuvre de projets similaires et
généré de nouvelles connaissances
susceptibles d’éclairer les activités
sectorielles et les processus de
planification du développement.”
—Évaluation de l’AMCC (2014)
28 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Renforcer les capacités au niveau régional
Remédier aux facteurs locaux de vulnérabilité com-
porte aussi une dimension régionale, certaines initiatives
d’adaptation étant plus efficacement mises en œuvre
à ce niveau. En effet, maîtriser les risques climatiques
nécessite d’observer les phénomènes, de générer des
données pertinentes utilisables par les décideurs, de
tirer des enseignements de l’expérience et d’identifier les
meilleures pratiques. L’utilisation de systèmes d’imagerie
satellitaire et d’information géographique est complexe
et onéreuse. Ces activités requièrent des compéten-
ces pointues et peuvent souvent être mises en œuvre de
manière plus efficace et efficiente à l’échelle régionale.
Le partage des informations et des meilleures pra-
tiques sur les solutions techniques, ainsi que l’intégra-
tion des considérations climatiques dans les systèmes
nationaux, peuvent également bénéficier de la dynami-
que régionale. En outre, ce n’est qu’au niveau régional
que les systèmes d’assurance contre les risques clima-
tiques, qui aident les pays et communautés à se rele-
ver en cas de catastrophe météorologique, peuvent être
viables du point de vue économique.
Par exemple, l’AMCC aide le Secrétariat de la Commu-
nauté du Pacifique et le Secrétariat du Programme
régional du Pacifique pour l’environnement à fournir
un appui en matière d’adaptation aux niveaux national et
régional de façon plus cohérente, coordonnée, efficace
et intégrée. Ce programme soutient notamment la pré-
paration de feuilles de route pour l’adaptation au chan-
gement climatique, le financement et la mise en œuvre
d’actions concrètes dans les pays participants, ainsi
que le renforcement des capacités et des institutions
régionales et nationales.
Comme le montre l’expérience de l’AMCC illustrée
dans ce chapitre, l’appui stratégique au renforcement
des capacités des communautés locales et des insti-
tutions nationales et régionales est un facteur essen-
tiel pour relever avec succès les défis liés au change-
ment climatique. S’appuyant sur les enseignements
tirés des programmes antérieurs, l’AMCC+ est déter-
minée à continuer de promouvoir le développement
des capacités en soutenant directement les commu-
nautés locales, les administrations et les gouverne-
ments nationaux pour la mise en œuvre de solutions
d’adaptation faisant l’objet d’une bonne appropria-
tion.
Sensibilisation à l'environnement et au changement climatique: concours de dessin au Cambodge
292. Appuyer le développement des capacités aux niveaux local, national et régional
Comparaison de l'utilisation de bois de feu dans un foyer traditionnel et un foyer de cuisson, Malawi
Titre: GAlliance globale contre le changement climatique (AGCC) – Mali
Domaines prioritaires: Intégration, REDD
Secteur: Forêts
Budget: 6,485 millions €, dont 5,92 millions € provenant de l’UE (AMCC) et 565 000 € du gouvernement malien
Partenaires: Ministère de l’environnement et de l’assainissement; Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale
Période: 2010–2017
Sur le terrain: Mali
L e programme de l’AMCC au Mali
aide à renforcer les capacités
institutionnelles et appuie l’élabora-
tion d’une politique nationale de lutte
contre le changement climatique. Il
soutient le gouvernement dans ses
efforts d’intégration du changement
climatique dans les politiques et
stratégies nationales et sectorielles.
Il appuie également l’amélioration
de la connaissance et du suivi des
peuplements forestiers et des pro-
jets de boisement/reboisement.
Principales réalisations à ce jour
● L’Agence de l’environnement et du
développement durable, créée en
2010, reçoit un appui pour la mise
en œuvre de la politique et de la
stratégie relatives au change-
ment climatique. Cet appui porte
notamment sur la création d’un
fonds climatique, la préparation
des cadres gouvernementaux à
la participation aux négociations
internationales sur le climat, la
formation au mécanisme REDD+
et la mise en œuvre d’un plan de
renforcement des capacités.
● Des inventaires forestiers ont
été réalisés dans les régions
de Kayes, Koulikoro, Sikasso et
Ségou, et les données corres-
pondantes intégrées au système
d’information forestier national.
Une méthodologie pour la réali-
sation des inventaires des forêts
communales est en cours de
finalisation.
● Des agents de la Direction natio-
nale de l’eau et des forêts ont
été formés et ont participé aux
inventaires forestiers afin d’être
en mesure de suivre l’évolution du
couvert forestier dans tout le pays.
● Le système d’information forestier
a bénéficié de l’appui du Centre de
suivi écologique du Sénégal. Les
liens entre différentes bases de
données ont été revus, des agents
ont été formés et du matériel infor-
matique plus puissant a été acheté.
● Des ONG travaillent actuellement
à la mise en œuvre de six projets
de restauration du couvert végé-
tal. Les données obtenues dans
le cadre de leurs activités seront
intégrées au système d’information
forestier.
Enseignements tirés
Étant donné l’importance du système
d’information forestier, il faut garan-
tir la mise à disposition d’une exper-
tise suffisante pour soutenir l’équipe
de gestion. C’est pourquoi on a fait
appel au Centre de suivi écologique
du Sénégal, qui apporte un soutien
à distance et organise régulière-
ment des visites au Mali. Il faut aussi
développer les capacités dans le
domaine des systèmes d’information
géographique, une technologie en
constante évolution.
L’Agence de l’environnement et du
développement durable joue un rôle
central dans la coordination des
activités liées au changement clima-
tique et sert de point focal pour ces
questions, en tant qu’autorité natio-
nale désignée pour le MDP et la pré-
paration des communications à la
CCNUCC. L’agence étant relativement
récente et bénéficiant de l’appui de
plusieurs organismes, il est essentiel
de garantir une bonne coordination
entre tous les partenaires techniques
et financiers.
Le travail avec les ONG dans le cadre
des projets de restauration du couvert
végétal a contribué à favoriser l’appro-
priation du programme sur le terrain.
Pour appuyer ces activités, l’AMCC
met en place des cadres de coopé-
ration régionale destinés à faciliter la
collecte et le partage des informations
entre projets.
Actions à venir
Le projet AGCC se chargera de la vali-
dation nationale des résultats d’une
étude sur le MDP réalisée par le pro-
gramme intra-ACP. Il apportera éga-
lement une assistance au lancement
du Fonds Climat Mali. Il doit aider le
Ministère de l’environnement et de
l’assainissement à se préparer aux
prochaines Conférences des parties à
Mali
Mauritania
Burkina Faso
30
la CCNUCC, à Lima en 2014 et à Paris
en 2015. La poursuite des inventaires
forestiers dans 28 localités impliquera
le personnel de la Direction nationale
des Eaux et forêts. Le personnel local
de la Direction sera également formé
à assurer le suivi du travail effectué
par les ONG.
“Bien vite, je me suis rendu compte des avantages”
“Avant, je coupais les arbres et j’y mettais le feu pour obtenir des parcelles uniformes pour la culture du mil”, explique Ous-
mane Guindo, agriculteur dans le village de Sokoura, situé dans la région de Mopti au centre du Mali. “J’ai vu que cela ne
m’apportait rien. Le vent que rien n’arrêtait enterrait mes cultures sous le sable, et la production était très faible.
“J’ai alors décidé d’appliquer la technique de régénération naturelle assistée. J’ai laissé des souches d’arbres dans mon
champ et géré leurs repousses. Bien vite, je me suis rendu compte des avantages de cette technique. Les feuilles qui tombent
et se décomposent servent d’engrais à mes cultures. L’élagage raisonné des branches garantit un approvisionnement régulier
en bois de feu. Mes cultures poussent mieux car les arbres empêchent le vent d’enfouir les jeunes pousses dans le sable. Et
les arbres fournissent de l’ombre dont nous pouvons profiter lors des moments de repos.”
Les efforts de Guindo sont soutenus par le projet “Reverdir Mopti”, qui vise à améliorer le couvert forestier et à enrayer la
dégradation des sols et la désertification dans cette région aride située au sud du Sahara. L’aggravation de la dégradation des
sols observée au cours des dernières décennies – conséquence de l’accroissement de population, de méthodes agricoles
inappropriées et de conditions climatiques de plus en plus arides – a compromis la capacité du Mali à produire des denrées
alimentaires. Face à cette situation, le gouvernement a fait du reboisement une de ses priorités pour lutter à la fois contre la
dégradation des ressources naturelles et la pauvreté.
Ce projet soutenu par l’AMCC est mis en œuvre par Sahel Eco, une ONG qui travaille depuis 10 ans avec des communautés
rurales dans la région pour développer l’agroforesterie, notamment par la technique de régénération naturelle assistée, qui
consiste à protéger les jeunes plants naturellement présents en éliminant les plantes inflammables et les broussailles pour
permettre au couvert forestier de se régénérer.
L’ONG travaille avec des agriculteurs et des associations locales sur une vaste zone. Drissa Gana, coordinateur du projet de
Sahel Eco, explique: “Nous avons mis en place une commission de promotion de l’arbre composée de fonctionnaires des ser-
vices techniques, d’élus locaux et de leaders communautaires, qui joue un rôle central dans la conduite des activités de reboi-
sement, l’élaboration de conventions locales et le suivi des activités. C’est un gage de durabilité des réalisations du projet.”
Quinze mois après le lancement du projet, les résultats parlent d’eux-mêmes:
● 141 000 arbres ont été plantés et 435 000 protégés.
● 30 personnes ont été formées aux techniques de conservation des sols et de l’eau.
● 16 accords ont été signés avec des communautés locales pour la gestion des ressources arboricoles, en vue d’encourager
la participation active des agriculteurs locaux, des coopératives et des chefs de village.
● Deux accords de partenariat ont été signés pour la gestion des forêts de Samori et de Segue, et des plans d’action ont été
élaborés afin de restaurer les zones dégradées et de créer des coupe-feu.
“Nous observons que, dans plusieurs communes voisines, des agriculteurs ont commencé à appliquer cette technique, qui
gagne du terrain par des moyens informels et sans l’appui du projet”, note M. Gana. Le principal défi consistera désormais à
faire évoluer la législation pour responsabiliser davantage les paysans par rapport à la gestion des arbres dont ils s’occupent.
Un autre défi sera de valoriser les produits forestiers non ligneux tirés des arbres issus de la régénération naturelle assistée,
ce qui permettrait une plus grande implication des femmes.
“Si nous avions compté les arbres du terroir de Sokoura il y a 10 ans, on n’aurait pas atteint le nombre de pieds que j’ai dans
mes seuls champs aujourd’hui”, souligne Ousmane Guindo. “Nos efforts portent vraiment leurs fruits.”
31
Titre: Programme d’appui au Forum des îles du Pacifique
Domaines prioritaires: Adaptation, réduction des risques de catastrophe
Secteur: Éducation, recherche et développement technologique
Budget: 9,9 millions €
Partenaires: Centre du Pacifique pour l’environnement et le développement durable, Université du Pacifique Sud
Période: 2011–2016
L es récentes évaluations concernant
la menace du changement clima-
tique pour les petites îles sont alarman-
tes: une hausse de 2 à 4°C de la tempé-
rature moyenne de la planète entraînera
l’élévation du niveau de la mer, l’acidifica-
tion des océans, des événements clima-
tiques extrêmes, une augmentation des
températures et des changements dans
les régimes de précipitations – menaçant
les moyens de subsistance et faisant
peser des risques moyens à très élevés
sur les villages côtiers, les infrastruc-
tures, les services écosystémiques et la
stabilité économique d’ici à la fin de ce
siècle (Nurse et al. 2014).
Le renforcement des capacités d’adap-
tation au changement climatique et la
réduction des risques de catastrophe
figurent donc parmi les priorités des 15
États insulaires du Pacifique membres
du groupe ACP, à savoir les Îles Cook,
les Fidji, les Kiribati, les Îles Marshall,
les États fédérés de Micronésie, Nauru,
Niue, les Palaos, la Papouasie-Nou-
velle-Guinée, les Samoa, les Îles Salo-
mon, le Royaume des Tonga, les Tuvalu,
le Vanuatu et le Timor-Oriental. Les
dirigeants de ces pays ont défini une
stratégie commune pour lutter contre
le changement climatique et réduire
les risques de catastrophe. L’AMCC
appuie sa mise en œuvre à travers un
programme mis en place dans toute la
région par le Centre du Pacifique pour
l’environnement et le développement
durable de l’Université du Pacifique
Sud. Ce programme axé sur l’adaptation
contribue également à réduire les risques
de catastrophe. Il coordonne des activi-
tés dans trois domaines étroitement liés:
le renforcement des capacités, l’implica-
tion des communautés dans l’adaptation
et la recherche appliquée portant sur la
vulnérabilité et l’adaptation.
Principales réalisations à ce jour
Renforcement des capacités. Le
programme vise à donner les moyens
d’agir à une nouvelle génération de pla-
nificateurs, chercheurs et responsables
politiques grâce à des études postuni-
versitaires. Le financement de l’AMCC
soutient le développement des filières
de formation et des bourses d’études,
octroyées à 61 étudiants. Jusqu’ici, 100
étudiants ont obtenu leur diplôme de
troisième cycle dans des disciplines liées
au changement climatique, 17 ont décro-
ché une maîtrise et 3 un doctorat. Trois
nouvelles filières ont été développées:
la gestion des risques de catastrophe,
l’écologie du Pacifique en lien avec le
changement climatique et la météoro-
logie tropicale.
Dans le cadre de la maîtrise, de petits
groupes d’étudiants ont assisté aux
négociations internationales sur le climat
pour se former à la préparation de notes
d’information, à l’analyse et à la négocia-
tion. “La participation aux négociations
de la CCNUCC n’est pas chose facile.
Les îles du Pacifique y sont bien repré-
sentées, mais ne disposent pas néces-
sairement de négociateurs chevronnés”,
explique le professeur Elisabeth Holland,
directrice du Centre. “Le programme vise
à améliorer cet aspect pour le futur.”
Le programme organise également des
formations par le biais d’ateliers. Quinze
coordinateurs nationaux, eux-mêmes
devenus formateurs, ont été formés et
ont pu partager leurs connaissances aux
niveaux sous-régional et national, l’ob-
jectif final étant d’animer des ateliers au
sein des communautés. À ce jour, le pro-
gramme a formé plus de 500 personnes
sur le terrain et permis la création d’un
centre de connaissances qui collecte les
rapports d’activité, documents et articles
scientifiques rédigés par les agents en
charge du programme et les étudiants.
Sur le terrain: Îles du Pacifique
Îles du Paci�que
Les anciens élèves font carrière dans des ministères de l’environnement, participent aux négociations internationales sur le climat, travaillent dans la gestion et la conservation de l’environnement, dans des cabinets de consultants ou dans la recherche.
32
Il a également accueilli 200 participants
au Forum des services climatologiques
des îles du Pacifique, un événement
ayant pour but d’impliquer les experts
du climat dans le débat et de partager
des informations avec l’ensemble des
acteurs concernés. Ce forum a permis
d’améliorer l’accès aux prévisions
météorologiques et de faire connaître les
produits régionaux.
Implication des communautés. Des
comités consultatifs sur les projets ont
été créés dans chacun des 15 pays impli-
qués pour permettre aux communautés
vulnérables de déterminer elles-mêmes
les domaines ayant le plus besoin d’une
assistance. Quatre pays (les Fidji, les
Samoa, les Tuvalu et le Vanuatu) ont
rédigé des plans d’adaptation pour trois
communautés pilotes sélectionnées
sur leur territoire, et les coordinateurs
nationaux ont réalisé des évaluations
de la vulnérabilité et de l’adaptation
sur ces sites. Les activités destinées à
aider les communautés à s’adapter au
changement climatique sont décidées
en fonction de ces évaluations, qui ont
été menées sur la base d’une approche
participative. Les Fidji mettent en œuvre
des mesures liées à l’eau et aux eaux
usées; les Samoa se concentrent sur
l’eau, la santé et la sécurité alimentaire;
les Tuvalu sur l’eau et le biogaz; et le
Vanuatu sur l’eau, la sécurité alimentaire
et la stabilisation des zones côtières.
L’évaluation de la vulnérabilité et de
l’adaptation réalisée sur l’un des sites
des îles Fidji a révélé que la communauté
de Korolevu n’avait pas accès à l’eau
potable depuis plus de 40 ans. Le projet
a permis d’installer un réservoir d’eau
d’une capacité de 10 000 litres ainsi
qu’un système de canalisations pour dis-
tribuer l’eau dans la communauté. Plus
de 100 personnes issues de 28 ménages
ont désormais accès à l’eau dans leur
propre maison.
Recherche appliquée. Les étudiants-
chercheurs se concentrent sur une
grande diversité de sujets liés au climat:
l’égalité entre hommes et femmes et
l’énergie; la sécurité alimentaire et la
sélection des cultures et cultivars; la dis-
parition des récifs coralliens; la proliféra-
tion des algues marines et leur utilisation
potentielle comme engrais ou biocarbu-
rant; le recours aux modèles océaniques
pour la surveillance du carbone; et l’ana-
lyse des facteurs entravant la croissance
du taro géant des marais
Enseignements tirés
Le principal enseignement tiré concerne
l’importance de la collaboration et de
l’échange d’expériences. “La documen-
tation produite dans une région a pu être
utilisée à travers tout le Pacifique. Des
échanges permanents sur ce qui se fait
dans les différentes communautés ont
été établis entre les 15 coordinateurs
nationaux. Nous sommes passés d’un
groupe s’estimant victime du change-
ment climatique à un groupe de per-
sonnes agissant ensemble pour se
donner les moyens de lutter contre ce
“La plupart du
temps, le changement
climatique est
considéré comme un
phénomène causé
hors du Pacifique,
mais ayant des
répercussions
considérables sur
toute la région. Il peut
être difficile de se faire
entendre et d’échapper
au rôle de victime.
Ce projet a permis la
naissance d’un puissant
réseau favorisant le
changement et la
responsabilisation.” —Professeur
Elisabeth Holland,
directrice du Centre
du Pacifique pour
l’environnement et le
développement durable
phénomène au sein des communautés”,
souligne le professeur Holland.
Actions à venir
Les communautés ayant mis en œuvre
des projets serviront de mentors et de
modèles aux autres. “Nous disposons
d’un solide réseau de communautés tra-
vaillant ensemble pour accroître leur rési-
lience au climat, chacune ayant mis en
place un plan d’adaptation et défini ses
priorités”, déclare Mme Holland. Le travail
a commencé dans 43 communautés. La
collaboration avec d’autres projets per-
mettra de faire passer ce nombre à plus
de 70. Elles constitueront le centre d’un
réseau d’adaptation géré localement.
Les Palaos, comme la plupart des îles du Pacifique, sont confrontées à l’érosion côtière
33
L’AMCC+ reconnaît l’importance
de l’appui budgétaire en tant
qu’outil permettant d’assurer
l’inclusion des questions
liées à l’environnement et au
changement climatique dans
les politiques de réduction de la
pauvreté et de développement.
Cultures en terrasses dans le district de Musanze, Rwanda
35
3
L’appui budgétaire lié au changement climatique
Piloter l’appui budgétaire pour lutter contre le changement climatique
L’OCDE définit l’appui budgétaire comme “une méthode
de financement du budget d’un pays partenaire via un
transfert de ressources d’un organisme de financement
externe vers le Trésor public du gouvernement parte-
naire” (OCDE 2006b: 30).
L’appui budgétaire s’inscrit dans la ligne des principes
de l’efficacité de l’aide énoncés dans la Déclaration de
Paris, conçus pour fournir une aide de meilleure qualité
et atteindre des résultats durables. L’appui budgétaire
contribue non seulement à réduire la pauvreté, mais aussi
à améliorer les droits de l’homme, la démocratie et l’État
de droit. Selon l’approche de l’UE, l’appui budgétaire
implique un dialogue politique, un transfert financier au
Trésor public du pays partenaire, l’évaluation des perfor-
mances et le développement des capacités dans le cadre
d’un partenariat et d’une redevabilité mutuelle.
L’AMCC+ considère l’appui budgétaire comme un outil
efficace pour assurer l’inclusion des questions liées à
l’environnement et au changement climatique dans les
politiques de développement et de réduction de la pau-
vreté. Élément central du processus d’appui budgétaire,
le dialogue politique permet de placer les thèmes de l’en-
vironnement et du changement climatique au cœur de
la planification nationale du développement. Le recours
à l’appui budgétaire plutôt qu’à des interventions sous
forme de projets permet de privilégier le dialogue poli-
tique avec les gouvernements concernant les stratégies
de réduction de la pauvreté et la manière dont la lutte
contre le changement climatique s’intègre dans les poli-
tiques et plans de développement.
Dans le cadre de l’AMCC, huit pays ont bénéficié jusqu’à
présent d’un appui budgétaire: le Bhoutan, le Guyana, le
Rwanda et les Samoa, sous la forme d’un appui sectoriel;
le Lesotho, Maurice, les Seychelles et les Îles Salomon,
sous la forme d’un appui budgétaire général. Un finance-
ment supplémentaire a été approuvé récemment pour le
Rwanda dans le cadre de l’AMCC+, qui prévoit de soute-
nir d’autres pays.
Au Guyana, l’AMCC a financé un programme d’ap-
pui sectoriel accompagnant la mise en œuvre d’un Plan
d’action national pour la gestion des mangroves. Dans
ce pays, l’expérience était limitée tant en matière d’ap-
pui budgétaire que dans le domaine technique de la res-
tauration des mangroves. Cette initiative a donc été un
moyen d’explorer de nouvelles façons de travailler. Elle
a été couronnée de succès, permettant d’atteindre un
niveau de durabilité élevé en comparaison des résultats
qui auraient été obtenus dans le cadre d’une approche
projet.
S’inspirer des stratégies existantes
Les programmes d’appui budgétaire de l’AMCC se
basent sur l’expérience acquise par l’UE et les pays par-
tenaires en matière de mise en œuvre de programmes
d’appui budgétaire général et/ou sectoriel. L’existence
d’autres programmes facilite la décision de recourir à
cette modalité pour l’aide liée au climat, car elle implique
que des évaluations fiduciaires et macroéconomiques
ont déjà été réalisées et que des activités sont en cours
pour renforcer les systèmes de gestion des finances
publiques. Dans plusieurs cas, l’appui budgétaire de
l’AMCC+ vient spécifiquement compléter ou renforcer
d’autres programmes d’appui budgétaire en cours.
Au Bhoutan, l’UE soutient le développement du sec-
teur des ressources naturelles renouvelables par le
biais d’un appui budgétaire sectoriel dont les objectifs
36 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Jeunes gens montrant des plants de palétuviers, Guyana
373. L’appui budgétaire lié au changement climatique
concernent des moyens de subsistance durables, la
promotion d’une production et d’une commercialisa-
tion agricoles durables, la sécurité alimentaire et la pré-
servation des ressources naturelles. Le financement de
l’AMCC complète ce programme en encourageant l’in-
tégration de mesures d’adaptation dans la stratégie sec-
torielle et le budget à moyen terme du secteur, ainsi que
l’amélioration des systèmes de suivi.
Aux Samoa, l’UE soutient le secteur de l’eau par le biais
d’un appui budgétaire sectoriel depuis 2010. Ce soutien
a contribué à intégrer les processus de planification, de
budgétisation et institutionnels du secteur dans les sys-
tèmes et processus plus généraux du gouvernement, et
à développer des capacités de planification et de mise
en œuvre. Grâce à cette expérience, il a été plus facile
de recourir à l’appui budgétaire pour le programme de
l’AMCC, qui renforce les activités en cours en accen-
tuant l’intégration de l’adaptation au changement clima-
tique dans le plan sectoriel de l’eau et en améliorant les
infrastructures de drainage.
Renforcer le suivi
La gestion axée sur les résultats est particulièrement
importante pour les programmes d’appui budgétaire,
qui doivent démontrer la contribution des transferts
financiers à des réalisations concrètes. Les critères
de suivi de ces programmes doivent idéalement être
extraits du cadre d’évaluation des performances asso-
cié à la politique ou la stratégie soutenue. L’AMCC a
acquis de l’expérience en matière de sélection d’indi-
cateurs dans les systèmes de suivi nationaux. En tout
état de cause, l’AMCC s’efforce d’utiliser les opérations
d’appui budgétaire pour renforcer les systèmes natio-
naux de suivi.
Au Bhoutan, l’amélioration du suivi sectoriel et de la
qualité des données statistiques est l’un des critè-
res retenus pour mesurer les progrès dans le secteur
des ressources naturelles renouvelables et déterminer
le décaissement des tranches d’appui budgétaire. Des
indicateurs et critères de résultats sont utilisés pour éva-
luer la mise en œuvre de pratiques agricoles capables
de réduire la vulnérabilité et/ou les émissions de gaz à
effet de serre. Le choix de ces indicateurs témoigne de
la volonté de mesurer la performance des fonds mis en
œuvre à travers le budget national du point de vue du
climat.
Au Guyana, les critères choisis pour déterminer le
décaissement des tranches variables de l’appui budgé-
taire ont été tirés directement du cadre d’évaluation des
performances du Plan d’action national pour la gestion
des mangroves. Le programme d’appui budgétaire a
contribué à renforcer la capacité nationale à effectuer
le suivi des mangroves et des résultats du plan d’ac-
tion, notamment via la réalisation d’un inventaire des
mangroves, l’élaboration d’un plan et de protocoles de
suivi des mangroves, ainsi qu’un suivi sur le terrain.
L’un des critères associés au décaissement de l’appui
budgétaire de l’AMCC au Lesotho concerne la finalisa-
tion des cadres de suivi et d’évaluation applicables aux
nouvelles stratégies en matière d’adaptation et d’éner-
gies renouvelables. Ces cadres fourniront notamment
des informations claires sur les sources de données,
la disponibilité de celles-ci et les méthodologies de
collecte des données.
Aux Seychelles, les critères de décaissement des tran-
ches d’appui budgétaire ont inclus la mise en place de
mécanismes de suivi applicables à la Stratégie natio-
nale de lutte contre le changement climatique, ainsi qu’à
l’intégration du changement climatique dans l’ensemble
des secteurs clés de la Stratégie de développement
durable 2011-2020.
Combiner appui budgétaire et assistance technique
L’assistance technique peut être un complément utile
aux opérations d’appui budgétaire, pour autant qu’elle
soit intégrée dans les structures nationales, qu’elle
repose au moins en partie sur l’expertise nationale et
qu’elle favorise le renforcement à long terme des institu-
tions et des capacités. Les cas du Guyana, du Lesotho,
de Maurice, des Seychelles et des Îles Salomon illus-
trent la façon dont l’assistance technique est – ou aurait
pu être – utilisée pour compléter l’appui budgétaire de
l’AMCC.
Au Guyana, l’assistance technique apportée avec l’ap-
pui budgétaire sectoriel pour la gestion des mangroves
s’est avérée très utile vu la rareté de l’expertise tech-
nique locale. L’expérience dans ce pays montre qu’il est
utile de recourir à ce type d’assistance relativement tôt
dans le calendrier d’un projet.
38 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Au Lesotho, une assistance technique complémentaire
a été mise en place pour soutenir le renforcement des
capacités des acteurs publics et non étatiques en vue
d’atteindre les objectifs convenus, notamment en ce qui
concerne le renforcement de la coordination sectorielle
et le suivi et évaluation (S&E) de la mise en œuvre des
politiques et stratégies soutenues.
Une petite composante d’assistance technique incluse
dans le programme de Maurice a permis l’élaboration
d’une politique et de lignes directrices relatives aux bâti-
ments et constructions durables, la définition des objec-
tifs de la stratégie “Bâtiments verts à Maurice à l’horizon
2025” et la mise au point d’un système d’évaluation des
bâtiments verts. Il a ainsi été possible d’accéder à un
savoir-faire spécialisé difficile à mobiliser autrement.
Aux Seychelles, où aucune disposition spécifique
n’était prévue pour l’assistance technique, un appui
technique institutionnel de haut niveau et un renforce-
ment des capacités ciblés auraient été utiles compte
tenu de la complexité du cadre institutionnel, du
manque de coordination et des capacités limitées en
personnel et en matière de gestion. Cet enseignement
sera pris en compte dans l’élaboration des futurs pro-
grammes.
Aux Îles Salomon, le suivi et l’établissement de rap-
ports pour certains critères de décaissement de la deu-
xième tranche de l’appui budgétaire se sont avérés
compliqués. Une expertise technique à court terme a
donc été mobilisée pour aider à finaliser certains élé-
ments du programme.
Défenses côtières par des blocs de rocher à Anse Marie-Louise sur l'île de Mahé, Seychelles
393. L’appui budgétaire lié au changement climatique
Une attention particulière est maintenant accordée à l’as-
sistance technique qui peut être nécessaire pour assu-
rer la mise en œuvre et le suivi des réformes convenues
dans le cadre des programmes d’appui budgétaire. L’ap-
port d’un appui technique dès le début du programme
peut jouer un rôle déterminant dans la capacité à soute-
nir la finalisation en temps voulu des réformes politiques
planifiées. À l’avenir, on veillera également à assurer la
coordination avec l’assistance technique apportée dans
le cadre de projets complémentaires.
L’utilisation de mesures de performance peut poser des
difficultés. Souvent, il n’existe pas d’indicateurs adap-
tés permettant d’assurer le suivi des impacts du chan-
gement climatique, de la vulnérabilité et/ou de l’effica-
cité des mesures d’adaptation et d’atténuation. Dans ce
cas, la mise en place de l’appui budgétaire de l’AMCC
stimule leur conception.
Au Lesotho, par exemple, l’appui budgétaire a consti-
tué un point d’entrée pour appuyer le processus d’éla-
boration d’une politique en matière de changement cli-
matique, avec un accent particulier sur la création d’un
mécanisme de coordination interministériel, l’adoption
et la budgétisation d’une stratégie relative au change-
ment climatique et la mise au point d’un système cré-
dible de S&E. Le choix de l’appui budgétaire géné-
ral cadrait avec l’objectif de promotion de l’intégration
du changement climatique dans la stratégie nationale
de développement. Les enseignements tirés d’autres
opérations d’appui budgétaire en cours – notamment
les points faibles dans la coordination, la gestion des
finances publiques et le processus de S&E – ont mené
à sélectionner des conditions de décaissement struc-
turées et définies avec précaution sur la base de pro-
cessus plutôt que d’indicateurs de résultats.
La pérennité des réformes soutenues par l’AMCC par
le biais de l’appui budgétaire continuera d’être évaluée
à mesure que les résultats des huit programmes d’ap-
pui budgétaire seront connus. Actuellement, 3 des 8
programmes sont en cours d’exécution, 4 sont en train
d’être achevés et un seulement (Rwanda) a été clôturé.
L’AMCC+ veillera à la poursuite des efforts des gouver-
nements dans les pays partenaires.
Au Rwanda, par exemple, un contrat de réforme sec-
torielle a été approuvé récemment afin de promou-
voir des investissements “résilients au climat” par les
agriculteurs via l’amélioration de la gestion des terres
et des capacités de suivi de leur utilisation par les auto-
rités centrales et locales. Ce nouveau programme per-
mettra de consolider les résultats de la première phase
de la réforme foncière, soutenue par l’AMCC. Il vise à
accroître les capacités décentralisées requises pour la
gestion du cadastre, la planification et le suivi de l’utili-
sation des terres, tout en assurant la viabilité financière
du cadastre. L’amélioration de la gestion des terres doit
contribuer à renforcer la résilience au changement cli-
matique.
Titre: Protection durable des zones côtières à travers la gestion des mangroves au Guyana
Domaines prioritaires: Adaptation, REDD
Secteur: Gestion des zones côtières, forêts
Budget: 4,165 millions €
Partenaires: Institut national de recherche et de vulgarisation agricoles
Période: 2009–2014
A vec ses plaines côtières de faible
élévation, son important réseau
fluvial et un système de protection des
côtes contre la mer en mauvais état, le
Guyana est particulièrement exposé
aux effets du changement climatique.
Le niveau de la mer s’élève de façon
continue et ce phénomène, combiné
aux risques liés aux événements cli-
matiques extrêmes, impose l’adoption
de mesures urgentes pour se proté-
ger des risques accrus d’inondation
côtière.
En 2012, le gouvernement a approuvé
la mise en œuvre d’une nouvelle Poli-
tique de défense maritime et fluviale
qui reconnaît notamment le rôle
des mangroves en tant que défense
contre la mer. Les forêts de palétu-
viers ou mangroves couvrent une
bonne partie du littoral. Elles amor-
tissent l’action des vagues, protègent
les bancs côtiers, et rendent un pré-
cieux service en termes de sécurité
alimentaire. En effet, 90% des terres
agricoles du Guyana sont situées le
long du littoral. Les brèches dans
les défenses contre la mer peuvent
s’avérer catastrophiques, détruisant
des bâtiments et des moyens de sub-
sistance dans les zones habitées et
rendant les terres agricoles inexploi-
tables pendant une décennie voire
plus du fait de la salinité accrue du
sol. Les mangroves se sont dégra-
dées au fil des ans du fait d’une com-
binaison de processus naturels et
de l’utilisation traditionnelle du bois
comme matière première.
La conservation des mangroves et la
protection des zones côtières figu-
rent donc au centre des priorités. Un
Plan d’action national de gestion des
mangroves a été adopté en 2010. La
même année, le ministre de l’agricul-
ture a décidé d’ajouter les palétuviers
à la liste des espèces protégées par
la Loi sur les forêts. L’AMCC a fourni
un appui budgétaire pour la mise
en œuvre du plan d’action, l’objec-
tif étant d’atténuer le changement
climatique (via la séquestration de
carbone dans les mangroves) et
d’accroître la résilience à ses effets
(via un soutien aux défenses contre
la mer et à la biodiversité). Le pro-
gramme visait également à sensibili-
ser et éduquer l’opinion publique sur
les avantages des mangroves pour
les communautés côtières et le pays
en général.
Principales réalisations à ce jour
Suite à l’adoption du Plan d’action
national en 2010, le Projet de restau-
ration des mangroves du Guyana a
établi un organe consultatif, composé
et créé une unité en charge du projet.
À ce jour, 7,5 kilomètres (soit 48,5 hec-
tares) de mangroves ont été restaurées
et 470 000 plants de palétuviers noirs
ont été produits et plantés avec la par-
ticipation des communautés locales.
Ces actions ont été complétées par la
plantation de prairies de spartine et,
dans certaines zones, la construction
de structures solides destinées à aug-
menter la sédimentation et favoriser la
régénération naturelle.
Neuf gardes forestiers ont été recrutés
dans le cadre du projet pour surveiller
et protéger 24 kilomètres de mangro-
ves. Sept comités d’action villageois et
des projets d’infrastructures commu-
nautaires ont été mis en place pour pro-
mouvoir la protection des mangroves à
l’échelle locale; un site internet fournit
des informations sur le projet; une coo-
pérative de producteurs, composée de
femmes a été constituée autour de la
réserve de mangroves pour promouvoir
des moyens de subsistance alternatifs
au sein des communautés côtières; et
un centre d’accueil a été créé; il recevra
3 000 étudiants par an et 200 visiteurs
chaque mois.
Pour sensibiliser la population, un
documentaire intitulé “Contenir la
mer” a été produit pour la chaîne édu-
cative du Guyana, et un manuel de
ressources sur les mangroves a été
élaboré à l’usage des enseignants.
Le projet a aussi financé 18 bourses
de recherche et soutenu la publi-
cation d’articles scientifiques sur la
capacité de stockage du carbone des
espèces de palétuviers du Guyana,
les pépinières et la conservation des
mangroves.
Sur le terrain: Guyana
Suriname
Guyana
Venezuela
40
Des femmes créent des débouchés commerciaux dans le cadre de la protection des mangroves
Le Projet de restauration des mangroves du Guyana est un exemple de réussite qui montre comment combiner la résilience au chan-
gement climatique – dans le cas présent, en protégeant les mangroves – et la création de nouveaux débouchés commerciaux pour les
communautés locales. Financé par le gouvernement du Guyana et l’AMCC, ce projet concerne cinq régions situées sur la côte nord du
pays et porte sur la sensibilisation, la recherche, la restauration des mangroves et le développement communautaire.
Annette Arjoon-Martins, entrepreneur social et fondatrice de la marque North West Organics (qui commercialise avec succès des
produits issus d’aires protégées pour la reproduction des tortues marines), a été nommée présidente du projet en 2010. . Elle a créé
une marque associée à la réserve de mangroves que les communautés sont autorisées à apposer sur les produits qui en sont issus,
dès lors qu’elles protègent les mangroves. Les producteurs, des femmes pour la plupart, proposent désormais une gamme complète
de produits tels que du miel ambré de mangrove, des bougies artisanales en cire d’abeille, du pain de manioc, des biscuits à la noix de
coco et de la sauce au poivre.
Leur gamme a été lancée sur un marché de producteurs fermiers sponsorisé par Digicel, un opérateur de téléphonie mobile des Caraïbes.
Des membres des cinq communautés ont également été formés en tant que guides touristiques. La visite commence au centre d’accueil
de la réserve, où une exposition retrace l’histoire des mangroves. Les touristes visitent ensuite une forêt de palétuviers et une zone humide,
voient le travail de conservation effectué, se rendent dans des villages et découvrent le patrimoine traditionnel du Guyana. Les villageois,
quant à eux, exercent de nouvelles activités en tant que guides touristiques, conducteurs de calèches, vendeurs de jus de canne à sucre,
musiciens, apiculteurs et producteurs agricoles. Ce groupe s’est vu décerner récemment le Prix de l’environnement de l’Association du
secteur touristique du Guyana, ainsi que le Prix de la conservation de la biodiversité de l’Organisation du tourisme des Caraïbes.
“Ces expériences montrent à quel point
ces initiatives locales peuvent être effica-
ces, notamment grâce à l’appui de men-
tors qui comprennent que la transition
vers un modèle économique moderne
ne peut être précipitée au détriment des
ressources les plus importantes de la
région”, souligne Annette Arjoon-Mar-
tins. “J’ai un profond respect pour ces
femmes très motivées qui ont adopté une
nouvelle vision à l’égard de la préserva-
tion des ressources naturelles de leur
communauté, tout en traçant des voies
innovantes en tant que bénéficiaires des
principes du commerce équitable et
d’une économie florissante.”
Enseignements tirés
Pour réussir la plantation de palétuviers,
il est important de bénéficier d’une assis-
tance technique à un stade précoce afin
d’analyser les sites pilotes du point de vue
de la force des vagues, du niveau de la
vase, de l’hydrologie et des activités côtiè-
res, tous ces facteurs pouvant affecter les
jeunes plants. Pour restaurer la ceinture
de mangrove à l’échelle et dans les délais
requis au Guyana, les plantations devront
être accompagnées à d’autres méthodes
de restauration (structures solides, plan-
tation de prairies de spartine, etc.).
Actions à venir
Pour rendre le système de suivi des
mangroves pleinement opérationnel, il
faudra renforcer les capacités en matière
de systèmes d’information géographique
et de gestion des données, ainsi que l’uti-
lisation des données satellitaires. La pour-
suite des recherches sur l’influence des
bancs de vase au large sur la restauration
des mangroves est aussi essentielle. Il
faudra également trouver des moyens
d’exploiter plus efficacement les produits
issus des mangroves afin d’accroître les
avantages que les communautés retirent
de leurs efforts de conservation.
L’ambassadrice de Norvège achète des produits issus de la mangrove
41
Les décideurs doivent savoir
quelles politiques, quels
programmes et projets
d’adaptation fonctionnent
réellement et pourquoi.
Collecte des eaux de pluie pour l'irrigation d'appoint, Éthiopie
43
4
Suivre et évaluer l’adaptation au changement climatique
L es pays en développement étant de plus en plus
nombreux à élaborer des politiques, stratégies
et plans d’action pour faire face au changement
climatique, il est essentiel de mettre en place des sys-
tèmes capables d’évaluer leurs impacts. Certains pays
sont déjà activement engagés dans la création de tels
systèmes, et les processus de mesure, notification et
vérification (MNV) de l’atténuation, ainsi que de suivi et
évaluation (S&E) de l’adaptation, ont figuré parmi les
principaux thèmes abordés lors de la Conférence mon-
diale d’appui au dialogue politique de l’AMCC organisée
en septembre 2013.
Si certaines difficultés techniques subsistent, les
méthodologies et les outils disponibles pour la MNV de
l’atténuation sont relativement avancés. Cet aspect fait
l’objet d’une attention particulière dans le cadre du pro-
cessus de la CCNUCC, et diverses initiatives visant le
renforcement des capacités dans des pays en dévelop-
pement sont en cours. En revanche, le S&E de l’adapta-
tion est une discipline relativement nouvelle et pose plus
de difficultés, l’adaptation étant un processus complexe
et spécifique à un contexte particulier, pour lequel il
n’existe pas d’indicateur unique permettant de mesurer
le succès. En effet, il n’existe aucun standard permet-
tant de mesurer la capacité d’une intervention à réduire
la vulnérabilité au climat. Si un certain nombre de cadres
de S&E ont été développés au cours de ces dernières
années, ce sont la nature et le contexte de l’intervention
qui dictent l’approche à adopter.
Alors que le montant des financements pour l’adapta-
tion augmente, il devient de plus en plus important de
garantir l’efficacité, l’équité et l’efficience des interven-
tions d’adaptation. Le S&E joue un rôle déterminant à cet
égard et doit apporter des données probantes pour les
futurs investissements dans l’adaptation. Les décideurs
doivent savoir quelles politiques, quels programmes et
projets fonctionnent réellement et pourquoi.
La mise en place de systèmes robustes de S&E peut
être confrontée à des problèmes méthodologiques.
De nombreux aspects du changement climatique (et
donc les résultats en termes d’adaptation) ne seront
pas apparents avant des années, mais les résultats des
programmes sont souvent évalués sur une durée beau-
coup plus courte. Il est probable que les contraintes et
les risques évoluent du fait du changement climatique
et d’autres facteurs contextuels, entraînant un déplace-
ment des niveaux de référence. Cela se traduira par des
difficultés à attribuer le succès (ou l’échec) à atteindre
les objectifs fixés. En outre, les impacts du changement
climatique sont dynamiques, et l’adaptation ne permet
pas d’éradiquer purement et simplement les effets
négatifs. Une approche à court terme focalisée uni-
quement sur le “climate proofing” (protection contre les
risques climatiques) permettra seulement de répondre à
l’évolution progressive des risques existants, et pourrait
passer à côté de changements non anticipés se mani-
festant à plus long terme (Brooks et al. 2011).
Tirer des enseignements de l’expérience de l’AMCC
Les programmes nationaux, régionaux et multi-pays
(plus de 50 au total) soutenus par l’AMCC à travers le
monde permettent de tirer des leçons pratiques sur la
manière dont est réalisé le S&E. Ces enseignements
peuvent être utilisés pour l’apprentissage mutuel dans
le cadre des programmes existants financés par l’AMCC
et pour guider le développement de l’AMCC+.
L’Institut international pour l’environnement et le déve-
loppement (IIED) a entrepris une revue des programmes
financés par l’AMCC afin d’évaluer la façon dont le S&E
y est intégré et d’identifier les approches novatrices
et concluantes en la matière. Cette revue a été axée
essentiellement sur le S&E au niveau des programmes
44 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
(approche pour en mesurer les réalisations) et au niveau
des systèmes (manière dont les programmes contri-
buent directement ou indirectement aux systèmes
régionaux, nationaux ou locaux de S&E de l’adaptation).
Un cadre analytique basé sur les meilleures pratiques
indicatives en matière de S&E a été mis en place et des
critères de référence préliminaires ont été définis à l’aide
du cadre de Suivi de l’adaptation et d’évaluation du
développement (TAMD) élaboré par l’IIED (Brooks et al.
2011), ainsi que d’autres sources. Un score a été attri-
bué à chaque programme sur base de ces critères. Le
spectre allant du coin inférieur gauche au coin supérieur
droit du graphique 4-1 représente un continuum indi-
quant le degré de sophistication avec lequel le S&E est
abordé.
Tous les programmes de l’AMCC analysés comportaient
des éléments de S&E de l’adaptation. Les principales
conclusions de la revue réalisée par l’IIED sont présen-
tées ci-dessous.
Indicateurs clairement définis. Certains des cadres
logiques analysés comprenaient des indicateurs
Graphique 4-1 S&E de l’adaptation aux niveaux des interventions et des systèmes: classification des programmes de l’AMCC analysés
S&E de l’adaptation au niveau des programmes/projets
A. S&E routinier: Le S&E repose exclusivement sur un cadre logique comprenant des indicateurs qui n’ont pas été spécifiquement conçus pour déterminer les effets de l’intervention sur la gestion des risques climatiques et/ou la vulnérabilité au climat.
B. S&E naissant: Certains indicateurs du cadre logique visent clairement à mesurer les effets de l’intervention sur la gestion des risques climatiques et la vulnérabilité au climat.
C. S&E établi: Un ensemble solide d’indicateurs a été élaboré et est régulièrement mis à jour; dans les cas les plus avancés, ils reposent sur une théorie du changement.
S&E de l’adaptation au niveau des systèmes:
A. Pas d’attention particulière: L’action ne met pas spécifiquement l’accent sur le renforcement des systèmes nationaux de S&E du changement climatique.
B. Contribution indirecte: Les activités du programme sont susceptibles de soutenir indirectement le développement des systèmes nationaux (p. ex. par le biais d’études de référence sur la vulnérabilité).
C. Accent particulier: Le développement ou le renforcement des systèmes nationaux est l’un des objectifs du programme à travers la mise en place d’un ensemble d’activités spécifiques.
C 9 5
B 11 6
A
A B CS&E au niveau des
systèmes
mesurant l’efficacité de la gestion des risques clima-
tiques (décisions intégrant des considérations relatives
au climat, utilisation d’informations sur le climat), ainsi
que des indicateurs visant à évaluer les résultats en
matière d’adaptation. Ils incluaient également des indi-
cateurs mesurant l’amélioration des systèmes de ges-
tion des financements ou l’évolution des dépenses liées
au changement climatique.
Ces indicateurs varient en termes de spécificité et
de qualité de conception. Les meilleurs reposent sur
des unités de mesure exactes. Si la mesure quantita-
tive directe n’est pas possible, des indicateurs de pro-
cessus précis offrent une alternative. Des indicateurs
utiles concernant les financements liés au climat ont
par exemple été identifiés dans le cadre logique du pro-
gramme de l’Éthiopie (“Lignes directrices sur les finan-
cements liés au climat élaborées par l’Agence de pro-
tection de l’environnement et diffusées”) et celui de
l’Initiative sur le changement climatique et l’adaptation
(ICCA) de la Commission du bassin du Mékong (“Contri-
butions financières des pays du bassin inférieur du
Mékong à l’ICCA augmentant proportionnellement au
transfert de fonctions clés”).
S&E au niveau des
interventions
454. Suivre et évaluer l’adaptation au changement climatique
Des indicateurs centrés sur les résultats globaux sont
nécessaires afin d’éviter une dépendance excessive
vis-à-vis d’indicateurs quantitatifs limités aux réalisa-
tions intermédiaires ou d’indicateurs de résultats ne
permettant pas de mesurer les processus de change-
ment sous-jacents. Les indicateurs qualitatifs permet-
tent d’utiliser des descriptifs, d’intégrer des exemples
de réussite et d’échec, de faire apparaître des thèmes
émergents, soulignant la manière dont le change-
ment s’est produit. Les indicateurs formulés pour le
programme éthiopien, par exemple, mesurent les
impacts, les résultats et les réalisations et utilisent à la
fois des mesures quantitatives et qualitatives. L’amé-
lioration des capacités institutionnelles de l’Agence
de protection de l’environnement est mesurée en éva-
luant la mise en place des systèmes requis pour garan-
tir une coordination et un soutien efficaces. La qualité
de ces nouveaux systèmes sera évaluée via des entre-
tiens avec des bénéficiaires sélectionnés au hasard,
ce qui permettra d’inclure des exemples pour étayer
les résultats.
Des indicateurs ventilés par sexe sont inclus dans les
cadres logiques de certains programmes. Par exemple,
le manuel de S&E élaboré pour le programme du Népal
mentionne explicitement que les données de suivi doi-
vent déterminer si les groupes les plus vulnérables par-
ticipent aux activités d’adaptation et en bénéficient – ce
qui implique que les données soient ventilées par sexe
lorsque cela est possible.
Processus de consultation et S&E participatif. La
revue menée par l’IIED révèle que l’élaboration des cadres
de S&E sur la base d’un processus consultatif contribue
à garantir une conception appropriée et réaliste tenant
compte des capacités et connaissances locales. Cela
permet aussi de définir clairement les rôles et responsabi-
lités. Comme le montre le cas de l’Ouganda (encadré 4-1),
l’utilisation d’une approche inclusive et participative pour
concevoir les cadres de S&E peut contribuer à dévelop-
per les capacités des agents responsables et des bénéfi-
ciaires, à tester et renforcer la logique de l’intervention, et
à encourager l’engagement des parties prenantes.
Plantation d'arbres à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, Cambodge
46 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Encadré 4-1 Adaptation au changement climatique en Ouganda: avantages découlant de l’établissement de valeurs de référence
Le cadre de S&E du programme de l’Ouganda a été élaboré selon un processus participatif fondé sur la consultation et la par-
ticipation de nombreuses parties prenantes. Le cadre a été perfectionné et validé par les gouvernements locaux ainsi que par
des ONG partenaires. Impliquer ces parties prenantes était particulièrement important et utile car ce sont eux qui sont chargés
de mener à bien certaines activités de S&E. Leur engagement précoce a contribué à favoriser l’appropriation et l’adhésion et
à surmonter les obstacles potentiels à la mise en œuvre sur le terrain.
Le programme de l’AMCC en Ouganda a établi des valeurs de référence pour le S&E peu après son lancement – là encore,
par le biais d’un vaste processus participatif impliquant aussi le niveau local. Cela a permis d’identifier des vulnérabilités spé-
cifiques au niveau des districts, et dès lors de mesurer avec plus de précision les changements pouvant être attribués aux
actions du programme. On a aussi pu cartographier la vulnérabilité au climat dans les différents districts impliqués, puis cibler
les communautés sur lesquelles centrer l’intervention. Les données recueillies peuvent également aider à mesurer l’impact
d’autres programmes mis en œuvre dans les mêmes zones.
L’implication des acteurs locaux a contribué à sensibiliser les communautés aux enjeux de l’adaptation et à améliorer leur
compréhension du changement climatique. Ces activités ont en outre permis à l’équipe en charge du programme d’interagir
avec les principaux bénéficiaires et de mieux comprendre les attentes des acteurs locaux.
L’un des enseignements clés de ce programme est que l’engagement des parties prenantes à divers niveaux (national, local)
est essentiel car il contribue à renforcer l’appropriation et l’adhésion aux activités de S&E.
Établissement de valeurs de référence. Des évalua-
tions de la vulnérabilité au climat et des études de réfé-
rence ont été menées pour certains programmes et sont
planifiées pour plusieurs autres. Les activités destinées à
établir des valeurs de référence peuvent être utiles pour
diverses raisons:
● Elles apportent des informations spécifiques pour la
conception des programmes.
● Elles permettent d’élaborer des indicateurs plus précis.
● Elles contribuent à générer des informations pour pilo-
ter la mise en œuvre.
● Elles jettent les bases nécessaires à l’évaluation finale
des programmes.
Comme le montre le programme de l’AMCC en Ouganda,
l’élaboration des valeurs de référence peut aussi générer
des avantages indirects importants en termes de déve-
loppement des capacités, de sensibilisation, d’appropria-
tion de la mise en œuvre et d’amélioration de l’engage-
ment.
Document-cadre de S&E. L’analyse révèle que les
systèmes de S&E les plus performants sont ceux
qui ont été soigneusement préparés, définis dans un
document-cadre spécifique et considérés d’emblée
comme une partie intégrante de l’intervention. Les cadres
de S&E comprennent des indicateurs clairement définis,
décrivent les activités d’établissement des valeurs de
référence et de collecte des données, et énoncent clai-
rement les rôles et responsabilités. La collecte d’informa-
tions pour documenter le cadre de S&E peut contribuer à
renforcer les capacités et la compréhension des parties
prenantes et à améliorer la conception globale du dispo-
sitif de S&E.
Dimension relative à l’apprentissage. Près de la moitié
des programmes analysés reconnaissent explicitement
l’apprentissage comme l’une des dimensions du cadre de
S&E. Les programmes en Ouganda (encadré 4-1) et en
Afrique (encadré 4-2) illustrent la manière dont cet aspect
a été intégré pour atteindre un équilibre satisfaisant entre
les fonctions de redevabilité et d’apprentissage du S&E.
Inclusion d’une théorie du changement. La théorie
du changement est un autre outil très utile pour plani-
fier la séquence logique d’un programme, des intrants
aux résultats. Elle offre un moyen non linéaire de consi-
dérer non seulement ce qui va changer, mais également
les dynamiques sous-jacentes au changement (Bar-
nett et Gregorowski 2013). Une analyse contrefactuelle
peut également s’avérer utile pour établir un “scéna-
rio de contrôle” (situation en l’absence de programme).
474. Suivre et évaluer l’adaptation au changement climatique
Encadré 4-2 ClimDev Afrique: utilisation d’une théorie du changement
Le programme Climat pour le développement en Afrique (ClimDev Afrique) est une initiative régionale conjointe
de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la Commission de l’Union africaine et la Banque
africaine de développement. Le système de S&E du programme – baptisé “cadre de suivi et méthode d’évaluation”
– vise à évaluer les retombées socio-économiques des investissements réalisés dans la collecte d’informations
sur le climat. Il cherche à mettre au point des indicateurs permettant de mesurer les rendements de divers types
d’investissements dans des services d’information sur le climat et l’efficacité des changements qu’ils induisent. Le
système soutient également un processus d’apprentissage permettant d’ajuster et réorienter le programme à l’issue
de chaque cycle.
Compte tenu du cadre institutionnel, une théorie du changement a été utilisée pour définir les rôles et responsa-
bilités des trois institutions impliquées. Le S&E n’avait pas été pleinement pris en compte lors de la conception du
programme. L’utilisation d’une théorie du changement a permis de remédier à cette situation et constitue une bonne
base pour la mise en œuvre d’un système de S&E robuste. La théorie du changement s’est avérée utile pour iden-
tifier précisément ce qui doit être mesuré, et elle fournit un point de référence harmonisé pour chacune des institu-
tions concernées. Le processus de développement de la théorie du changement a aussi permis d’impliquer toutes
les parties prenantes, favorisant l’appropriation du système de S&E et permettant aux donateurs de comprendre la
façon dont les résultats doivent être obtenus.
Dialogue sur le changement climatique dans les Caraïbes
48 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Quelques programmes, dont le programme ClimDev
Afrique soutenu par l’AMCC (encadré 4-2), ont actuelle-
ment recours à ces outils.
Contribution à l’élaboration du S&E au niveau des
systèmes. De nombreux programmes analysés appor-
tent une contribution au S&E au niveau des systèmes et
contribuent indirectement aux niveaux national et infra-
national. Pour améliorer les performances à cet égard, la
définition d’un objectif explicite ou d’un ensemble d’ac-
tivités précises en vue d’établir et renforcer les systè-
mes de S&E nationaux, infranationaux et régionaux doit
être encouragée. Le programme du Cambodge est un
exemple de contribution directe au S&E au niveau des
systèmes (encadré 4-3).
Les prochaines étapes
L’initiative de l’AMCC a ouvert un vaste champ d’ex-
périmentation, et la revue a mis en lumière une multi-
tude d’expériences et d’exemples illustrant les meil-
leures pratiques adoptées dans le domaine du S&E de
l’adaptation qui pourront éclairer le développement de
l’AMCC+. L’AMCC+ dispose d’une excellente opportu-
nité d’encourager le développement de pratiques inno-
vantes en matière de S&E du changement climatique
dans les programmes qu’elle soutient. Pour ce faire,
elle élaborera des politiques ou des lignes directrices
encourageant les programmes nationaux et régionaux
à entreprendre le S&E des activités d’adaptation. Des
outils et indicateurs visant à évaluer les résultats cumu-
lés de l’initiative pourront également être développés.
Le développement d’une approche de S&E couvrant tous
les programmes d’adaptation pourrait permettre aux pays
désireux de mettre en place un programme d’évaluation
de l’adaptation sur le long terme d’intégrer celui-ci dans
leurs systèmes nationaux de S&E. Les progrès accom-
plis en termes d’amélioration de la résilience pourraient
ainsi être mesurés à une échelle bien supérieure. Pour
encourager l’apprentissage, le S&E de l’adaptation doit
être conçu de façon à évaluer les changements au-delà
du niveau des interventions spécifiques, et à soutenir les
initiatives visant à mesurer les changements en matière
de résilience aux niveaux national et régional.
Par ailleurs, le système de S&E doit faire partie inté-
grante des interventions dès leur conception. Cela doit
permettre de définir et d’intégrer des objectifs clairs
ainsi que des résultats et activités structurés, énonçant
clairement les rôles et responsabilités de l’ensemble
des acteurs. Cet aspect devrait figurer dans les docu-
ments de projet et reposer sur la participation de tous
les acteurs. Ce type d’approche est aussi indiqué pour
les programmes impliquant plusieurs partenaires, pour
lesquels il est souhaitable de mesurer les résultats glo-
baux en ayant recours au même cadre de référence. La
mesure de la contribution spécifique de l’AMCC+ ne
devrait être envisagée que dans les cas où elle n’entraîne
pas la fragmentation du programme, ni des exigences
excessives en matière d’établissement de rapports.
Encadré 4-3 Contribution de l’Alliance cambodgienne contre le changement climatique au système national de S&E
L’Alliance cambodgienne contre le changement climatique (ACCC) vise notamment à contribuer à l’élaboration d’un
cadre national de S&E du changement climatique et de veiller à ce qu’il devienne partie intégrante de l’élaboration des
politiques. Le Plan stratégique de lutte contre le changement climatique 2014–2023 est l’élément central de la politique
mise en œuvre dans ce domaine. L’ACCC a soutenu la préparation de ce plan et fourni un appui technique au Ministère
de l’environnement pour renforcer ses capacités en matière de S&E. Le plan prévoit explicitement la mise en place d’un
cadre national pour le S&E des activités liées au changement climatique, Il doit aussi être intégré aux processus natio-
naux et infranationaux de planification du développement par le biais du Plan national stratégique de développement
et des plans de développement sectoriels. Il en résulte une base politique solide pour la mise en place d’un système
national de S&E du changement climatique clairement lié à la planification du développement.
Cette approche “descendante” présente un certain nombre d’avantages, dont celui d’œuvrer dans le sens d’une meil-
leure coordination, qui permettra aux institutions de mieux harmoniser leurs actions.
494. Suivre et évaluer l’adaptation au changement climatique
Femme récoltant des légumes de son potager, Cambodge
Dans sa nouvelle configuration
en tant qu’initiative phare,
l’AMCC+ répondra avec plus
d’efficacité aux besoins des
pays et groupes vulnérables.
Pêcheur à Zanzibar, Tanzanie
51
5
Des pistes pour l’avenir
Renforcer les domaines d’appui émergents
Depuis le lancement de l’AMCC en 2007, le nombre de
projets est passé de 4 à plus de 50. L’AMCC dispose
désormais d’un budget de plus de 315 millions d’euros
et soutient 38 pays, ainsi que 8 régions et sous-régions,
la priorité étant accordée aux PEID et aux PMA. En 2014,
l’AMCC s’est appuyée sur ces expériences pour étendre
son action et organiser sa transition vers une nouvelle
initiative phare: l’AMCC+.
L’AMCC+ répond de manière plus efficiente encore aux
besoins des pays et groupes vulnérables. Elle atteindra
ses objectifs en misant sur des approches ambitieuses
et novatrices et en s’appuyant sur la plateforme de dia-
logue et l’appui technique et financier mis en place par
l’AMCC. Parallèlement, l’AMCC+ concentre ses efforts
sur la poursuite du développement des capacités en
mobilisant les parties prenantes locales et en renfor-
çant leurs moyens d’action, et elle continue à soutenir
les négociations internationales sur le climat.
Dans le cadre de son premier pilier, axé sur le dia-
logue politique et le partage des enseignements tirés,
l’AMCC+ vise à renforcer l’attention portée à la ques-
tion des financements liés au climat, en particulier les
financements privés. Dans le cadre du second pilier,
l’AMCC+ se concentre sur les pays les plus vulnérables,
dont la population a le plus besoin de ce type de finan-
cements. Des efforts supplémentaires seront consentis
pour renforcer les questions d’importance stratégique
que sont l’adaptation basée sur les écosystèmes, les
migrations induites par le climat et l’égalité des sexes.
Soutenir l’adaptation basée sur les écosystèmes
La stratégie de l’AMCC+ aide les individus et les commu-
nautés à s’adapter aux effets négatifs du changement
climatique en misant sur une approche écosystémique,
qui soutient la biodiversité et les services rendus par les
écosystèmes locaux.
Les écosystèmes agissent comme des unités fondamen-
tales de maintien de la vie. Leur biodiversité est source de
moyens de subsistance. Les liens entre le climat et la biodi-
versité sont bien établis. D’après l’Évaluation des écosys-
tèmes pour le millénaire (2005), le changement climatique
pourrait devenir la principale cause directe d’érosion de la
biodiversité d’ici la fin du siècle. Ce phénomène contraint
déjà aujourd’hui la biodiversité à s’adapter soit par une
modification des habitats et des cycles de vie, soit par le
développement de nouvelles caractéristiques physiques.
La lutte contre le changement climatique contribue
donc directement à la conservation de la biodiversité
et au maintien des conditions de vie de l’humanité. La
perte de biodiversité affectera les services écosysté-
miques vitaux pour tous, tels que la purification de l’air
et de l’eau, la pollinisation, la production de nourriture,
la décomposition et le recyclage des nutriments, et la
séquestration du carbone.
Pour les communautés, la conservation de la nature
est un moyen d’adaptation au changement climatique
particulièrement efficace. La protection des écosystè-
mes réduit la vulnérabilité des populations les plus pau-
vres, celles qui dépendent le plus des services qu’ils
52 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
Projet de dessin dans une école pour sensibiliser les enfants à la protection des mangroves au Guyana
fournissent pour couvrir leurs besoins élémentaires
(nourriture, vêtements, médicaments, abri et revenus).
L’adaptation basée sur les écosystèmes présente une
multitude d’avantages. La conservation et la restaura-
tion des habitats a des effets positifs tant en matière
d’atténuation que d’adaptation: la conservation des
forêts, par exemple, peut réduire les émissions de gaz
à effet de serre; la préservation des écosystèmes peut
réduire les impacts désastreux des inondations et des
marées de tempête; les systèmes basés sur l’agrofo-
resterie, l’agriculture de conservation et la diversifica-
tion des cultures permettent de continuer à répondre
aux besoins alimentaires de base tout en minimisant les
répercussions négatives sur l’environnement. La préser-
vation d’écosystèmes sains ouvre par ailleurs la voie au
développement sobre en carbone.
Pour les populations rurales pauvres, l’adaptation basée
sur les écosystèmes est généralement plus accessible
que les actions basées sur l’ingénierie. Elle est compa-
tible avec l’adaptation au niveau communautaire, le
développement des capacités, les besoins locaux et
ceux des groupes les plus vulnérables, tels que les
femmes et les populations autochtones.
Par exemple, pour s’attaquer aux problèmes environne-
mentaux touchant les côtes du Sénégal – notamment
l’érosion du littoral, les inondations côtières, la salinisa-
tion des sols et de l’eau, la dégradation des mangro-
ves et la réduction des stocks de poissons – l’AMCC a
soutenu l’élaboration d’un plan de gestion intégrée des
zones côtières visant à remédier à l’érosion côtière, tout
en mettant en œuvre des mesures concrètes de protec-
tion des côtes. Le projet met l’accent sur la restauration
535. Des pistes pour l’avenir
des écosystèmes, le transfert de technologies et le ren-
forcement des institutions. Les activités sur le terrain
sont associées à des outils et mécanismes pour pro-
mouvoir la réplication et l’intégration des meilleures pra-
tiques dans les politiques et stratégies nationales.
À l’instar du Sénégal, la Gambie est confrontée à de
graves problèmes côtiers. L’AMCC soutient le renfor-
cement des capacités nationales de planification et de
réponse aux impacts du changement climatique dans
les zones côtières et contribue à l’intégration de cette
problématique dans la planification du développe-
ment. Des projets de démonstration et de recherche
visent à augmenter la résilience des écosystèmes et
des moyens de subsistance, réhabiliter les écosystè-
mes côtiers et développer des alternatives durables à
l’extraction de sable pour la construction. Des inter-
ventions encouragent aussi le renforcement des comi-
tés de développement villageois et l’implication d’ac-
teurs privés.
Au Guyana, l’appui de l’AMCC au Plan d’action national
pour la gestion des mangroves a produit de très bons
résultats dans les domaines de la réhabilitation, de la
protection et de l’exploitation durable des mangroves. Un
code de bonnes pratiques pour la gestion des mangro-
ves a été formulé, la sensibilisation et l’information du
public sur les avantages de la protection des mangroves
ont été renforcées, et les politiques et législations relati-
ves aux mangroves sont régulièrement mises à jour. La
protection et la réhabilitation des mangroves génèrent
des avantages considérables pour les communautés
locales, qui participent à la production de plants de
palétuviers ainsi qu’à la vente de produits forestiers non
ligneux, de miel et autres produits issus de la mangrove.
La coopérative de productrices constituée autour de la
réserve de mangroves a remporté un prix décerné par
l’Organisation du tourisme des Caraïbes en 2012 (voir
l’encadré à la fin du chapitre 3).
Par ailleurs, l’AMCC soutient activement le processus
REDD+, travaillant continuellement sur l’intégration et la
participation locale. Le programme d’appui au Burkina
Faso doit améliorer l’intégration du changement clima-
tique et de l’initiative REDD+ dans les cadres et stra-
tégies sectoriels; renforcer la planification et la ges-
tion participatives, la protection et la réhabilitation des
forêts, des ressources forestières ligneuses et non
ligneuses, tout en promouvant la gestion de la faune,
l’agroforesterie et les moyens de subsistance alternatifs;
soutenir les petites et moyennes entreprises; et encou-
rager la coordination et le renforcement des capacités
en vue du partage des connaissances. Au Mali, le pro-
gramme de l’AMCC contribue à l’amélioration et à la
mise en œuvre des politiques et stratégies liées au chan-
gement climatique, en mettant l’accent sur la foresterie.
En Tanzanie, des mesures innovantes d’adaptation
basée sur les écosystèmes ont été mises en œuvre avec
succès dans plusieurs communautés. Le modèle mis au
point va être reproduit dans d’autres zones du pays, et
constitue un exemple d’accroissement d’échelle horizo-
ntal (voir l’exemple de réussite sur le terrain présenté à
la fin du chapitre).
L’adaptation basée sur les écosystèmes contribue à
garantir la cohérence des actions de l’UE dans les
domaines de l’environnement, du changement clima-
tique et de la gestion des ressources naturelles en inté-
grant différentes initiatives phares de l’UE, telles que
l’AMCC+, l’initiative “Biodiversité pour la vie”, l’appui en
faveur d’une économie verte, et une nouvelle initiative
sur l’atténuation du changement climatique. Elle sou-
tient également de manière transversale la réalisation
des objectifs de plusieurs conventions et mécanismes
internationaux, tels que la CCNUCC, la Convention sur
la diversité biologique, les objectifs du Millénaire pour
le développement, la Convention des Nations Unies sur
la lutte contre la désertification et, prochainement, les
objectifs de développement durable.
L’AMCC+ continue d’appliquer le plus possible une
approche axée sur la conservation et la restauration
des écosystèmes en vue de renforcer la résilience aux
impacts du changement climatique et de réduire la pau-
vreté.
Faire face aux migrations induites par le climat
Le changement climatique et la dégradation de l’envi-
ronnement sont susceptibles d’avoir un impact crois-
sant sur les mouvements de population. Les impacts
négatifs seront plus marqués dans les pays en dévelop-
pement du fait des ressources limitées dont ils dispo-
sent pour s’adapter. Les régions arides, les zones côtiè-
res de basse altitude et les régions montagneuses sont
particulièrement vulnérables.
54 De l’action locale à l’appui budgétaire lié au changement climatique 2014
La migration résulte généralement d’une combinai-
son complexe de facteurs environnementaux, écono-
miques, sociaux, sécuritaires et politiques, les facteurs
environnementaux agissant directement et indirecte-
ment de par leurs impacts sur d’autres facteurs. La déci-
sion de migrer se situe sur une échelle entre le déplace-
ment volontaire et involontaire et dépend de divers
éléments. Des facteurs individuels, communautaires et
même régionaux peuvent influencer à la fois la capacité
à migrer et le désir de migrer. Les phénomènes clima-
tiques progressifs sont souvent liés à la migration volon-
taire, les populations concernées ayant une marge de
manœuvre pour décider du moment de leur départ et
de leur destination. Les populations affectées par des
événements soudains tels que des crues éclairs ou des
ouragans plus violents et plus fréquents sont contrain-
tes de migrer, généralement dans des conditions de
grande vulnérabilité. Même les impacts cumulés de phé-
nomènes progressifs peuvent, à long terme, rendre des
régions inhabitables, réduisant la marge de décision des
communautés affectées. Le lien entre changement cli-
matique et moyens de subsistance est particulièrement
important puisque la migration nécessite des ressour-
ces considérables susceptibles d’être érodées par les
changements environnementaux à un point tel que des
familles se retrouvent piégées.
Les liens entre changement climatique et migration sont
donc loin d’être évidents. À l’exception de certains cas,
comme celui des PEID affectés par l’élévation du niveau
de la mer, il est difficile de déterminer avec précision
le rôle du changement climatique dans la décision de
migrer.
Des études révèlent néanmoins que le changement cli-
matique est plus susceptible d’engendrer des flux de
migration internes ou intra-régionaux dans les pays et
régions en développement. La situation des zones d’ac-
cueil dans les pays en développement requiert de l’at-
tention, les migrations liées au climat ne se faisant pas
seulement à partir de régions exposées et vulnérables au
climat, mais également vers ces régions. La forte crois-
sance démographique des villes des pays en dévelop-
pement est exacerbée par les migrations liées au climat.
Lagon, Îles Salomon
555. Des pistes pour l’avenir
Consciente de l’importance croissante de cet aspect
dans les agendas politiques et de développement, la
Commission européenne a publié en 2013 le document
“Changement climatique, dégradation de l’environne-
ment et migration” pour accompagner sa communica-
tion intitulée “Stratégie de l’UE relative à l’adaptation au
changement climatique” (COM(2013) 216 final). Cette
question est aussi abordée dans la communication
“Maximiser l’effet positif des migrations sur le déve-
loppement” (COM(2013) 292 final). L’AMCC+ s’appuie
sur les orientations politiques et réflexions stratégiques
existantes et à venir pour aider au mieux les pays et
régions qui en font la demande à faire face aux migra-
tions liées au climat.
Autonomiser les femmes dans le contexte du changement climatique
L’AMCC+ intègre les droits des femmes et l’égalité des
sexes en tant qu’objectif transversal. L’UE vise à inté-
grer ces questions dans les programmes d’adaptation
à moyen et long terme pour garantir que les activités
de l’AMCC+ contribuent plus efficacement à réduire
les inégalités entre les sexes; à s’assurer que les pro-
grammes génèrent des impacts positifs en termes
d’égalité des sexes et n’aggravent pas les inégalités
existantes; et à intégrer ces questions aux proces-
sus de développement des capacités et d’appui tech-
nologique pour favoriser l’équilibre hommes/femmes
dans la prise de décisions aux niveaux local, national
et régional.
La réduction des inégalités entre les sexes implique
un changement d’approche tant en matière d’adapta-
tion que d’atténuation, requérant une meilleure intégra-
tion dans les programmes de l’AMCC+ et une attention
renforcée portée à l’amélioration de la résilience des
communautés – les femmes et les jeunes filles jouant
un rôle déterminant dans ce processus. Les activi-
tés d’adaptation et d’atténuation peuvent être conçues
pour garantir une participation égale des deux sexes à
la prise de décisions et à la mise en œuvre, atténuant
les inégalités. En retour, l’intégration de ces questions
dans les programmes d’adaptation et d’atténuation peut
accroître leur efficacité et garantir leur mise en œuvre au
sein des communautés.
Agricultrices dans une communauté agricole en Afrique du Sud
Titre: Alliance mondiale contre le changement climatique en Tanzanie
Domaines prioritaires: Adaptation, REDD
Secteurs: Développement global et réduction de la pauvreté, agriculture, forêts, gestion des terres et des ressources naturelles, eau et assainissement
Budget: 2,205 millions €
Partenaires: Division de l’environnement du Bureau du Vice-président, Ministère des finances
Période: 2010–2013
Sur le terrain: Tanzanie
E n 2013, partant du constat que
le changement climatique a déjà
commencé à affecter l’agriculture, la
sylviculture et l’approvisionnement en
eau, le gouvernement tanzanien a lancé
une stratégie et un plan d’action natio-
naux de lutte contre ce phénomène afin
de mobiliser des ressources pour la
mise en œuvre de projets d’adaptation
et d’atténuation. En effet, les rende-
ments de cultures essentielles comme
le maïs ou le riz ont diminué, et le niveau
des nappes phréatiques a baissé du
fait de la variabilité des précipitations,
de l’érosion et de la dégradation des
sols. Parallèlement, la déforestation
s’accentue en raison du surpâturage,
des feux de brousse, du défrichage lié
à l’agriculture, de l’utilisation du char-
bon de bois et de la surexploitation des
ressources en bois. Les impacts se font
directement ressentir dans les zones
rurales et isolées du pays, affectées par
des sécheresses et des inondations.
Les femmes, chargées de ramener
l’eau et le bois à brûler, supportent une
part importante de ce fardeau.
Le premier projet de l’AMCC en Tan-
zanie visait à accroître la résilience au
changement climatique des commu-
nautés vulnérables en renforçant leur
capacité à exploiter durablement les
ressources naturelles et à s’adapter aux
conditions climatiques changeantes. Il
a appuyé la création d’écovillages dans
trois types d’écosystèmes afin de tester
des mesures d’adaptation innovantes
dans les domaines de l’agriculture et
des pâturages, de l’eau et de l’assainis-
sement, de l’énergie et de la biomasse.
Les trois types d’écosystèmes sélec-
tionnés étaient les zones côtières et
insulaires, les zones arides et les zones
montagneuses. Trois projets (un dans
chaque type d’écosystème) se sont vus
octroyer une subvention:
● Île de Pemba. Les activités menées
dans cette communauté côtière ont
porté essentiellement sur le trans-
fert de la propriété des terres aux
communautés locales, l’agrofores-
terie, le boisement, les potagers, la
production de briquettes combusti-
bles et de blocs de terre, les foyers
économes en combustible, l’apicul-
ture, le compostage et la collecte
des eaux de pluie.
● Village de Chololo. Dans cette
zone aride, les principales activités
ont concerné la sensibilisation à
une meilleure gestion des ressour-
ces naturelles, l’amélioration des
techniques de production agricole
(sélection des semences, améliora-
tion des pratiques d’élevage et de la
disponibilité de fourrage), ainsi que
l’approvisionnement en eau.
● Montagnes de l’Uluguru. Les
activités de ce projet ont porté sur
la promotion et le développement
de pratiques agricoles durables,
l’utilisation rationnelle de l’eau, le
reboisement et la mise en place de
réseaux de bonnes pratiques pou-
vant être élargis pour plus d’impact.
L’écovillage de Chololo — un
exemple de réussite dans les zones
arides de Tanzanie
Le village de Chololo, dans la pro-
vince de Dodoma, est situé dans une
zone semi-aride. Le projet d’écovillage
de Chololo (2011–2014) a impliqué la
communauté afin d’identifier, d’intro-
duire et d’évaluer de nouvelles appro-
ches dans les domaines de l’agriculture,
de l’élevage, de l’eau, de l’énergie et de
la gestion des forêts. Il s’est avéré très
fructueux au niveau local et a été une
source d’enseignements sur l’adap-
tation pour d’autres communautés et
les décideurs aux niveaux régional et
national. Les stratégies sur lesquelles il
repose sont largement diffusées.
À Chololo, les témoignages des villa-
geois parlent d’eux-mêmes:
“Avant, je plantais à la fin de la saison
sèche, lorsque les premières pluies
arrivaient en novembre. Maintenant,
j’attends les grosses pluies avant de
labourer et de semer en veillant à
laisser suffisamment d’espace entre
les semis – et les rendements sont
bien meilleurs.” —Stefano Chifa-
guzi, agriculteur
Auparavant, les agriculteurs étaient
encouragés à semer leurs cultu-
res le plus tôt possible. Mais des
Tanzanie
Kenya
Mozambique
56
précipitations moins prévisibles ont
engendré une faible productivité, de
mauvaises récoltes et une pénurie ali-
mentaire. L’étude des régimes de pré-
cipitations a permis d’établir que les
graines semées au début de la saison
des pluies produisaient des plantes très
vulnérables à la sécheresse en février.
Les agriculteurs ont été invités à semer
leurs graines 3 à 4 semaines plus tard
qu’à l’ordinaire, soit fin décembre ou
début janvier. Ainsi, les plantes n’ont
pas encore atteint le stade critique de
floraison en février, lorsque survient la
sécheresse. Elles fleurissent en mars
lorsque la saison des pluies reprend,
garantissant ainsi des récoltes satisfai-
santes. Chololo a un nouveau slogan:
“Panda baada ya Krismasi” (“Plantez
après Noël”).
“Ce projet a changé mes habitudes.
Avant, je n’utilisais pas de fumier
dans mon exploitation. À présent,
son utilisation, alliée à de “bonnes
pratiques agricoles”, me permet de
produire assez de nourriture pour
ma famille, ainsi qu’un excédent
destiné à la vente.” —Gilbert Masiga,
agriculteur
Autrefois, les agriculteurs de Chololo
pratiquaient l’agriculture sur brûlis,
semant les mêmes cultures année
après année jusqu’à épuisement des
nutriments du sol. Ils changeaient
ensuite de champ et abattaient les
arbres pour défricher. Le projet a intro-
duit un ensemble de technologies
agricoles écologiques pour tirer le
maximum des précipitations limitées,
améliorer la fertilité des sols, réduire
la charge de travail des agriculteurs
et améliorer la qualité des semences
locales. Elles comprennent le labou-
rage à la charrue à bœufs, le traçage
de sillons pour faciliter la collecte des
eaux de pluie et prévenir l’érosion, l’u-
tilisation de fumier et de semences
améliorées, l’écartement optimal des
plantations, les cultures intercalaires
et la rotation des cultures. Le projet a
permis de former 400 agriculteurs à
des pratiques améliorées.
“On m’a remis des graines de sorgho
et de niébé. Je les ai semées en rang
avec un écartement suffisant en jan-
vier 2014. Début mars, les pieds de
sorgho commençaient à fleurir et
ceux de niébé étaient arrivés à matu-
rité. J’ai donc commencé à récolter
les feuilles et les haricots. Je pense
avoir de bons rendements pour
les deux cultures. J’ai conseillé à
d’autres agriculteurs d’avoir recours
aux cultures intercalaires.” —Minza
Chiwanga, agriculteur
Les cultures intercalaires permettent
d’obtenir de meilleurs rendements par
unité de surface, de se prémunir contre
les mauvaises récoltes d’une culture
unique et de protéger les plantes des
parasites et des maladies. Le fait de
planter des céréales et des légumi-
neuses dans le même champ réduit
aussi l’appauvrissement des nutri-
ments présents dans le sol et permet
aux familles d’avoir un régime alimen-
taire équilibré, composé de céréales de
base, de haricots riches en protéines et
de feuilles vertes, qui contiennent des
vitamines essentielles.
“Maintenant, je n’ai plus à demander
de l’argent à mon mari pour acheter
des vêtements et des médicaments
ou pour payer les frais de scola-
rité des enfants. J’ai suffisamment
d’argent pour notre ménage et je
peux même en mettre de côté pour
construire notre nouvelle maison.”
—Mary Mpilimi, agricultrice
La communauté a choisi l’élevage de
volailles comme étant l’activité la plus
lucrative pour les femmes de Chololo.
Alors que les hommes tirent souvent
leur revenu de l’élevage de chèvres et
de porcs, les femmes ont pris les rênes
de l’élevage de poulets. Elles ont croisé
des poules locales – bien adaptées aux
conditions climatiques extrêmes de la
région mais offrant un faible rendement
en œufs et en viande – avec 123 coqs
exotiques, des études ayant démontré
que ces croisements produisaient 3 à
4 fois plus d’œufs, et des œufs deux
fois plus gros que ceux des volatiles
locaux. Ces femmes ont été formées
à la gestion d’un élevage de volailles,
notamment dans les domaines de l’ali-
mentation, de la reproduction, de la
comptabilité, de l’entretien des poulail-
lers et de la surveillance des maladies.
Des pratiques agricoles durables ont permis à cet agriculteur de Chololo de produire assez de nourriture pour sa famille et un surplus destiné à la vente
57
“J’ai aménagé un vivier qui fournit
du poisson pour toute la famille.
J’utilise l’eau du bassin pour arro-
ser mes fleurs, les papayers et les
jeunes plants. Maintenant, je récolte
les papayes et je vends les plants
d’arbres aux gens du village et à l’ex-
térieur.” —Agnes Mwalimu, membre
de la communauté
Les petites exploitations piscicoles
peuvent fonctionner même dans des
régions arides et semi-arides. Durant
la première année, quatre fermiers de
Chololo ont construit des viviers et les
ont pourvus en poissons avec l’aide
d’un pisciculteur d’un autre district.
Il leur a montré comment fertiliser le
bassin avec de la fiente de poulets et
nourrir les poissons avec des ressour-
ces locales. Ils ont récolté les pois-
sons adultes pour leur consommation
personnelle et vendu des alevins à
d’autres pisciculteurs qui démarraient
leur exploitation. Aujourd’hui, le vil-
lage compte 11 viviers gérés au gré
des saisons: les bassins sont rem-
plis durant la saison des pluies puis
garnis d’alevins. Les poissons adultes
sont récoltés au bout de quatre mois
environ et l’eau est ensuite utilisée
pour l’irrigation. Ces poissons sont
une source de protéines importante
pour les familles.
“Les enfants ont accès à l’eau en
permanence pour boire et laver leurs
vêtements. Elle sert aussi à l’arro-
sage des arbres et des pépinières.
Les écoliers pourront transmettre
leurs connaissances sur la collecte
des eaux de pluie à leurs parents.”
—Amon Mada, institutrice
Au début du projet, le village n’était
pas approvisionné en eau potable, le
système de puisage étant hors ser-
vice. Les villageois – en particulier les
femmes et les jeunes filles – devaient
marcher deux heures chaque jour pour
ramener un seau d’eau du village voisin.
Même pendant la saison des pluies,
l’eau s’écoule rapidement, créant des
ravines et favorisant l’érosion du sol.
Les cours d’eau saisonniers se taris-
sent rapidement. Le projet s’est atta-
qué à ces problèmes à travers diverses
d’innovations:
● Le point d’eau du village fonctionne
désormais à l’énergie solaire plutôt
qu’au gasoil. Cela réduit le nombre
de pannes et les coûts de répa-
ration. Le prix de l’eau a été divisé
par deux et l’eau est fournie gra-
tuitement aux personnes âgées et
vulnérables.
● Un système de collecte des eaux de
pluie installé sur le toit de l’école pri-
maire remplit des réservoirs souter-
rains pouvant contenir 60 000 litres.
● Un barrage souterrain retient des
milliers de tonnes d’eau dans le lit
sableux d’une rivière, fournissant
ainsi de l’eau pour l’usage domes-
tique et le bétail tout au long de la
saison sèche.
● Un barrage de sable capte les
eaux de pluie saisonnières et ali-
mente une pompe manuelle pour
approvisionner les foyers. C’est une
source d’eau propre et sûre pouvant
approvisionner jusqu’à 1 000 per-
sonnes tout au long de l’année. Les
coûts d’exploitation et d’entretien
sont peu élevés et il a une durée de
vie de 50 ans environ.
“Nous avons décidé d’élaborer un
plan d’aménagement des terres
parce que la forêt du village a for-
tement régressé, ce qui a entraîné
une érosion massive des sols. Par-
fois, il y a aussi des conflits entre
les éleveurs de bétail et les agricul-
teurs.” —Yona Sudai, membre du
comité environnemental du village
Auparavant, les femmes devaient mar-
cher cinq à six heures pour aller cher-
cher du bois à brûler dans la forêt, les
arbres à proximité du village ayant été
coupés pour les besoins de l’agricul-
ture, la fabrication de charbon de bois
et la construction. La disparition des
arbres accélère l’érosion des sols, la
vitesse du vent et la dégradation des
terres. Le projet a permis de:
● former 133 membres de la commu-
nauté au boisement, à la gestion de
pépinière et à la plantation d’arbres;
● créer trois pépinières à l’école et
dans d’autres institutions du village;
● planter 33 650 jeunes arbres
(notamment des leucaenas, acacias
polyacantha, margousiers, man-
guiers et goyaviers) chez des parti-
culiers, autour des églises, à l’école
et au dispensaire;
● planter 3 000 arbres dans une
réserve forestière de 1,2 hectare.
Le village a aussi élaboré un plan d’amé-
nagement des terres pour garantir leur
exploitation durable. Il identifie les zones
adaptées à la production de cultures et à
l’élevage, aux établissements humains,
aux forêts, à la conservation, à l’apicul-
ture et aux activités industrielles.
58
Les femmes ont augmenté leur production de poulets et d'œufs et
gagné en autonomie grâce à des revenus supplémentaires
59
“Maintenant je peux mettre deux
marmites sur le feu en même temps,
et je n’ai plus de quintes de toux à
cause de la fumée.” —Mama Chifa-
guzi, membre de la communauté
Dans le cadre du projet, le village a
bénéficié d’un appui pour la mise à l’es-
sai et l’évaluation de technologies éner-
gétiques alternatives, notamment des
foyers de cuisson économes en com-
bustible et des installations de biogaz
domestique.
Généralement, les femmes de la région
cuisinent à l’intérieur en installant leur
marmite sur trois pierres disposées
autour d’un feu ouvert. Comme il n’y
a pas de cheminée, la maison est
enfumée, ce qui entraîne des maladies
respiratoires et oculaires, sans comp-
ter que le foyer représente un danger
pour la sécurité. Le projet a formé
12 femmes à la construction de foyers
économes en combustible, mené un
programme d’information auprès de
la communauté et fourni une subven-
tion pour couvrir les coûts de main
d’œuvre.
Les ménagères ont été invitées à
collecter de l’argile, de l’herbe et de
l’eau pour fabriquer les fourneaux. À
Chololo, environ 240 ménages utilisent
désormais ces fourneaux, qui permet-
tent de réduire l’utilisation de combus-
tibles de plus de 50%, de raccourcir
les temps de cuisson et d’évacuer la
fumée par la cheminée. Leur utilisation
réduit les émissions de CO2, ainsi que
le temps et les risques associés à la
collecte de bois de feu. Un fourneau ne
coûte que la moitié d’un poulet local et
l’investissement peut être amorti en 22
jours, compte tenu des économies de
bois de feu réalisées.
“Le biogaz m’est très utile. Il me
permet de préparer du thé et de cui-
siner rapidement le matin pour les
gens qui vont faire paître leur bétail.
Aujourd’hui, je n’ai plus à aller cher-
cher du bois. Il n’y a pas de fumée
pendant la cuisson et je ne détruis
pas l’environnement.” —Agnes
Mwalimu, éleveuse de bétail
Les digesteurs de biogaz convertissent
la biomasse disponible, notamment le
fumier de bétail, en gaz pouvant ali-
menter des lampes et des foyers de
cuisson. Ils produisent également des
boues riches en nutriments servant
d’engrais naturel.
Dix installations de biogaz domestique
ont été introduites à Chololo, où près
de la moitié des ménages élèvent du
bétail et où l’on compte plus de 2 000
bêtes. Les éleveurs possédant deux
ou trois vaches peuvent produire suf-
fisamment de gaz pour couvrir leurs
besoins quotidiens en termes d’éclai-
rage et de cuisson. La cuisson au gaz
élimine également la pollution à l’in-
térieur des habitations. Le processus
de production du biogaz est neutre du
point de vue des émissions de carbone,
et l’engrais produit dans le digesteur
contribue à réduire la dégradation et
l’érosion des sols. Le coût du digesteur
peut être amorti en quelques années
grâce aux économies de combustible
réalisées.
Enfin, le projet a permis l’installation
d’une station météorologique auto-
matique qui fournit des informations
sur les précipitations locales et autres
tendances météorologiques, dans le
but d’informer les agriculteurs et de
les aider à adapter leurs activités sai-
sonnières à l’évolution du climat.
Actions à venir
Le projet ayant établi un modèle de
bonnes pratiques, les efforts se pour-
suivent pour étendre ces innovations
à d’autres communautés de la région,
en partageant avec elles les résultats
obtenus. Le village a déjà son propre
site internet et une page Facebook, et
une troupe de danse et de théâtre swa-
hili a monté un spectacle sur les causes
et les effets du changement climatique,
ainsi que sur les innovations introduites
à Chololo, pour faire passer le mes-
sage auprès d’autres communautés.
Des étudiants, des agriculteurs et des
responsables politiques se sont rendus
dans le village pour constater par eux-
mêmes les résultats. Le projet et ses
participants ont également été pré-
sentés à la radio locale, dans la presse
nationale et à la télévision.
Femme utilisant un foyer amélioré dans l'écovillage de Chololo
60
Abréviations et acronymes
ACP Afrique, Caraïbes, Pacifique
AMCC Alliance mondiale contre le changement climatique
AMCC+ Alliance mondiale contre le changement climatique+ (initiative phare de l’UE pour la période 2014-2020)
CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
COMESA Marché commun de l’Afrique orientale et australe
FED Fonds européen de développement
IIED Institut international pour l’environnement et le développement
MDP Mécanisme de développement propre
MNV Mesure, notification et vérification
NU Nations Unies
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
ONG Organisation non gouvernementale
PANA Programme d’action national d’adaptation au changement climatique
PEID Petits États insulaires en développement
PMA Pays les moins avancés
REDD Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts
S&E Suivi et évaluation
UE Union européenne
Ressources
Références
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L’Alliance mondiale contre le changement climatique (AMCC) est une initiative de l’Union européenne (UE) qui vise à renforcer le dialogue et la coopération dans le domaine de la lutte contre le changement climatique avec les pays en développement les plus vulnérables.
L’AMCC concentre ses efforts sur les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont souvent les plus touchés par le changement climatique, mais qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour y faire face.
L’initiative a été lancée en 2007 et est coordonnée par la Commission européenne (CE).
Les trois domaines prioritaires de l’AMCC sont:
• L’intégration du changement climatique et la réduction de la pauvreté.
• Le renforcement de la résilience aux stress et chocs liés au changement climatique.
• Les stratégies sectorielles d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique.
Alliance mondiale contre le changement climatique+
E-mail: info@gcca.eu