Chez nous aussi, on cultive l'esprit start...FLORIAN LEGRIS Sa start-up, StarOfService, veut...

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s p é c i a l \L.\ii:mQLi:LES ENTREPRENEURS

EN FRANCE

Chez nous aussi,on cultive l'esprit start

t si la France était l'autre pays des start-up ? Sil'on en croit Xavier Niel, notre Zuckerberg na-tional, l'Hexagone serait un véritable «paradisfiscal» pour qui veut entreprendre dans le nu-mérique. On peut en effet y bénéficier d'aides,mais aussi y trouver des investisseurs prêts à

miser sur un projet, pour peu qu'il soit innovant et porté parquelqu'un de passionné, convaincu de pouvoir apporterquelque chose à la société... tout en faisant un business. Carl'angélisme des premières années est bien passé et nos entre-preneurs ont désormais compris que pour durer sur le Net, au-delà d'une bonne idée, il fallait - aussi - faire rentrer du cash.

Eric Delon, Aliette de Crozet,Benjamin Cuq et Florence Rajon

up

CÉLINE LAZORTHESLA JUSTICIÈRE«A l'école, j'étais dans la caté-gorie mieux ra-conte Céline Lazorthes. Leformat scolaire ne répondaitpas exactement à ma formed'esprit.» Après des annéesd'ennui, la jeune Toulousainedécroche de justesse sonbac S. «Ma chance a été quej'ai su très jeune que je voulaistravailler dans le Web.» Fautede trouver un chemin répon-dant à ses attentes, elle intègrel'Epita, une école d'ingé-nieurs, puis entre à l'Institutde l'Internet et du multimédia(IIM) et termine par un mas-ter en business à HEC.Responsable du week-endd'intégration de sa promo, lajeune femme ne trouve pas desolution virtuelle pour ras-sembler la cagnotte des parti-cipants. L'idée de Leetchi - unfruit, comme Apple etOrange - est née. Mais enpleine crise financière de2008, le démarrage de la start-up est poussif. Soutenue et en-couragée par ses parents, ellepersévère et décroche finale-ment un crédit, avant que desbusiness angels comme

Xavier Niel se penchent sur lacouveuse. «Etre entrepreneur,c'est comme apprendre à mar-cher en courant, dans une fo-rêt, les yeux bandés. On seprend des coups tout letemps !» La métaphore est ex-plicite. Alors la jeune femmeapprend à s'entourer: «J'ai sol-licité des gens meilleurs quemoi auxquels j'ai faitconfiance, en tâchant de lesrendre le plus autonomes pos-sible.» Parmi ses autres quali-tés, la débrouillardise : «C'estobligatoire pour être entrepre-neur. Tout semble long, diffi-cile. Il faut sans arrêt trouverdes solutions. Pour faire faceaux problèmes, on doit fairepreuve de créativité et mon-trer beaucoup de volonté. Lapugnacité, c'est la qualité nu-méro 1 des compétences d'unentrepreneur.» En 2015, aprèsavoir mené son entreprise à larentabilité, et alors qu'ellepensait lever des fonds pourse développer davantage, elleaccepte l'offre de rachat deCrédit mutuel Arkéa tout engardant la tête de ses équipes.A défaut de pouvoir changer lemonde, cette idéaliste sou-cieuse de justice et d'égalité

CELINE LAZORTHESC'est sur les bancsd'HEC qu'elle a eul'idée de sa cagnotteen ligne, Leetchi, pourfaciliter l'organisationde sorties et cadeauxcommuns. Elle en esttoujours la présidente,malgré le rachaten 2015 par Créditmutuel Arkéa.

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sociale veut faire avancer sasociété. «Très naïvement, pen-dant longtemps, j'ai ignoré lefait qu'on pouvait être traitédifféremment quand on estune femme ou issu de la diver-sité. Pour moi, avoir un travailépanouissant et un cadreconfortable rend plus heu-reux, fidèle et créatif. Tout çame paraît faire sens.» ChezLeetchi, le salaire maximaln'est que quatre fois supérieurau salaire minimal. Lesfemmes représentent 45% deseffectifs, et sur les trois diri-geants, un seul est masculin.«C'est très bénéfique pourtous. Ça nous a permis de re-cruter plus de femmes, de leurdonner de l'ambition.» CélineLazorthes est également fièred'en compter 26% parmi lesdéveloppeurs (la moyennetourne plutôt autour de 10-15%).«C'est énorme, mais c'est tout

FLORIAN LEGRIS

STAR DU SERVICE

Il est arrivé au printempsà StarOfService, le leaderfrançais du service auxparticuliers, après avoir

simplement parce que la per-sonne qui dirige les équipesde développement techniqueest une femme. Ça nous a per-mis d'intégrer des talentsféminins. Si on reste entre soi,on n'innove pas.» Désormaispassée dans la catégorie des«sages», elle conseille et sou-tient de jeunes projets et joueà son tour les business angels.Ses péchés mignons ? Lesvoyages et le yoga. CélineLazorthes aime citer JeffBezos : «Everyday is day one.»«Ça résume bien ce qu'unentrepreneur devrait avoiren tête tous les j ours : chaquejour est un nouveau jour.»

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1 novembre 2018 - N°51 - Edition Hors Série

FLORIAN LEGRIS Sa start-up,StarOfService, veut ubériser

les services aux particuliersen permettant de trouver enun clic un jardinier, un brico-

leur, un baby-sitter ou un chefà domicile, par exemple.

vendu Cleanio, sa start-up depressing à domicile créée en2014. Sur son biceps, un cœur

percé d'une flèche entoure lemot «Internet». A même pas30 ans, passé par Renault etTomTom, Florian Legris rêvede faire de StarOfService laprochaine licorne française.C'est bien parti. La start-upmet déjà à la disposition desparticuliers plus de140000 professionnels, duplombier au coach sportif enpassant par le... chasseur defantômes. Et il y a de la marge :«La France compte45 000 avocats. Pour l'instant,il y en a seulement 2 500 sur laplate-forme.» Ce commercialsurdoué consacre ses week-ends à ses vieilles voitures et àsa collection de vinyles - ilvient d'ailleurs de vendre, àun bon prix, un album deBooba.

JACQUES-ANTOINE GRANJONLE CHAMPIONDE LA VENTE PRIVÉE«Mieux vaut avoir des che-veux longs et propres quecourts et sales», a déclaré unjour, avec la franchise qui lecaractérise, celui que les mi-lieux économiques ont bap-tisé «le pape de la vente pri-vée». lacques-AntoineGranjon, 56 ans, est à la têted'une entreprise - Vente-privee.com - qui affiche au-jourd'hui un chiffre d'affairesde 3,3 milliards d'euros, avec6000 collaborateurs répartisdans 14 pays. «Une des plusbelles réussites de la tech eu-ropéenne», glisse un analystefinancier. Ce Marseillais d'ori-gine qui a grandi dans lesquartiers chics de Pariscultive un look de rock star.Au traditionnel costume-cravate, il a, depuis bien

longtemps opté pour les jeanset les tee-shirts échancrés.Derrière ses cheveux longs etsa barbe se cache pourtant la55e fortune du pays, avec1,6 milliard d'euros. Aprèsavoir obtenu péniblementson bac, raté Sciences poParis, il intègre une école decommerce. Quand il en sortdiplômé, au milieu des an-nées 1980, il affirme sa vo-lonté d'être «libre et indépen-dant». Traduction : il veutcréer son propre business. Ilfaut dire que l'esprit d'entre-prise est solidement ancrédans la famille Granjon, avecun grand-père ancien pré-sident de la chambre de com-merce de Marseille et unoncle, Pierre Bellon, fonda-teur de Sodexo, leader mon-dial de la restauration collec-tive. JAG, comme lesurnomment ses amis, a du ©

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EN FRANCE (suite)

LES ENTREPRENEURS

on souhaitait se développer.»En 2016, Nokia rachètel'entreprise pour 170 millionsd'euros. Un jackpot pour EricCarreel. Doublé d'un boncoup puisque, finalement,Nokia ne réussissant pas àdévelopper Withings, décidedeux ans plus tard de la re-vendre... à son créateur, pour«seulement» 30 millionsd'euros ! Ingénieur, inventeur,entrepreneur, Eric Carreelse souvient de ses débuts etdes mots d'un commissaireaux comptes : «Arrêtez, cen'est pas pour vous.»«Lorsque j'ai commencé,entreprendre n'était pas à lamode, mais aujourd'hui çal'est trop. Pourtant, tout lemonde n'est pas fait pour cemétier qui est une coursed'obstacles incroyables.

ERIC CARREEL AvecWithings, il a permis au grandpublic de comprendre l'intérêtconcret des objets connectés,notamment grâce à cettebalance communicante.

flair. Lorsqu'il voit Internetarriver, il fait muter son entre-prise de déstockage sur le Webet lance Vente-privee.com, en2001. L'idée ? Proposer auxmarques un canal de distribu-tion premium en ligne sur le-quel leurs stocks sont mis enscène et vendus avec soin. Unsystème gagnant-gagnantpuisqu'il permet d'apporterune réponse aux besoins ré-currents des marques enécoulant leurs stocks d'unefaçon rapide, sans dévaloriserleur image et sans concurren-cer les réseaux de distributionclassique. Le succès est fulgu-rant. «N'ayez pas peurd'échouer. Sachez rebondir etapprenez de vos erreurs, c'estune bonne école», aime rap-peler ce père de trois enfants,remarié. Il participe d'ailleurslui-même à la création dedeux écoles dédiées à l'ap-prentissage du numérique etdu code : l'Eemi (École euro-péenne des métiers de l'Inter-net), en 2011, avec ses deuxamis, eux aussi superstars dela nouvelle économie, XavierNiel (Free) et Marc Simoncini(Meetic), et l'école 42, deuxans plus tard, toujours avecXavier Niel. Depuis quelquesannées, l'entrepreneuréchange volontiers son cos-tume de businessman contrecelui de business angel pourla French Tech. Le fondateurde Vente-privee.com a ainsiinvesti dans certaines successstories françaises commeDevialet (enceintes haut degamme) ou Restopolitan(réservation de restaurants).Aux entrepreneurs qu'ilconseille, il rappelle l'ardentenécessité de ne diluer leurcapital que s'ils n'ont pasd'autre choix. Féru d'artcontemporain (il possèdechez lui un monochromed'Yves Klein d'une valeur de150 000 euros) et de bellesvoitures - il a racheté la RollsCorniche de feu l'humoristeThierry Le Luron, datée de1971 -, Jacques-Antoine

Granjon est aussi un pas-sionné de théâtre. Via sa fi-liale Vente-privee-entertainment, il possèdequatre salles dont le Théâtrede Paris, racheté en 2013, quiaccueillera l'immenseAl Pacino à l'automne pourdeux représentations factu-rées entre 190et... 950euros.Il n'y a pas de petit profit...

ÉRIC CARREEL

LEGOUROUDES OBJETS CONNECTÉS

Enfant, Eric Carreel passaitdes heures à observer, fasciné,la moissonneuse-batteuse deses parents agriculteurs. Trèsbon élève dans un lycéed'Amiens désormais célèbre(pour avoir accueilliEmmanuel Macron, NDLR),il intègre une école d'ingé-

nieurs. «Mes parentsn'avaient pas choisi leur mé-tier et ont donc poussé leursenfants à faire des études.»Il commence par faire de larecherche, enseigne, puiscrée, avec son ancien profes-seur Jacques Lewiner, sa pre-mière entreprise, Inventel.La société, qui fournit desLivebox à France Télécom, estrachetée par Thomson en2005. Trois ans plus tard, avecCédric Hutchings, il fondeWithings et invente le pèse-personne connecté. «On avaitcréé des dizaines de millionsde box, mais personne nenous avait dit : as changéma Soudain, nous avionsdes utilisateurs enthou-siastes ; nous avons alors réa-lisé que la santé connectéeétait le secteur dans lequel

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JULIE CHAPON De

plus en plus de gensarpentent les rayonsdes supermarchés lesmartphoneà la main:pas pour y lire la listedes courses, mais pourscanner les codes-barresdes produits afin de voir,grâce à l'appli Yuka crééepar cette jeune femme,s'ils sont bons pour lasanté avant de les mettredans leur panier.

JONATHAN ANGUELOV Sa start-up, Aircall, permetaux petites entreprises d'avoir un équipement téléphoniqueaussi performant que les grandes, grâce à son centred'appels entièrement dématérialisé dans le cloud.

Les histoires qui se passentbien sont exceptionnelles.»Comme la sienne ?

JULIE CHAPONLA BONNERECETTE DE YUKAGrâce à elle, près de six mil-lions de Français font leurscourses en scannant. En cli-quant, avec l'application Yukaillustrée d'une carotte, lescodes-barres des produits ali-mentaires, et aujourd'hui cos-métiques, on sait immédiate-ment si les crackers ou le

shampooing convoités serontbons pour notre santé. Quiaurait cru que Julie et ses as-sociés, Benoît et FrançoisMartin, révolutionneraient lesgondoles des grands maga-sins ? Bonne élève, prépa,Edhec, Julie enchaîne lesstages chez Nestlé et Milkaavant de s'envoler pour lePérou et d'en tomber amou-reuse... De retour en France,elle devient consultante«parce que ça paie bien».Suffisamment, en tout cas,pour financer ses allers-

retours avec l'Amérique la-tine. Son travail lui laisse aussile temps de danser la salsa,jusqu'à seize heures parsemaine. Mais Julie s'ennuie,son quotidien manque desens. C'est alors qu'un de sesamis développeur, BenoîtMartin, tout jeune papa,évoque sa difficulté à nourrirsainement ses enfants. Avecson frère François, égalementdéveloppeur, ils cherchent unmoyen de mieux sélectionnerles ingrédients du repas. Maiscomment ? «Je me disais : onne va pas faire une appli deplus, avoue franchementJulie. On a pensé à un objetconnecté, un aimant en formede carotte à fixer sur le frigo.»Les amis protestent : être in-formé quand on revient descourses ne sert à rien. Alors,pendant un week-end, le trioimagine une application,Yuka, qu'ils présentent en fé-vrier 2016 au Food Hackathonde la Gaîté Lyrique. Les éva-luations, fondées à 60% sur laqualité nutritionnelle, à 30%sur les additifs nocifs, à 10%sur la dimension bio, sonttirées de la base de donnéeslibre Open Food Facts. Ilsremportent le Hackathon.C'est un déclic ! Le trio selance et trouve son mode defonctionnement : à Françoisle développement techniquesur iOS, à Benoît celui surAndroid, à Julie la communi-cation et le service client.Rapidement, ils réalisent leurimpact social : «Les consom-mateurs ont un pouvoirénorme. Via Yuka, ils peuventarrêter d'acheter des alimentsnocifs, trop salés, trop sucrés,pousser les industries agroali-mentaire et cosmétique àaméliorer leurs produits.» Onpeut trouver l'application unpeu radicale (le sel n'est pastoujours mauvais, chaqueconsommateur a des besoinsparticuliers...), mais elle plaîtauxjeunes, «très sensibiliséssuite aux nombreux scan-dales autour de l'agroalimen-taire». Julie Chapon a moins

de temps pour danser la salsa,mais elle fait attention à sonenvironnement, utilise unegourde, du savon de Marseilleet se lève avec plaisir chaquematin. «Faire quelque chosequi améliore la santé quoti-dienne de tous est source debonheur.» En 2019, Yuka lan-cera une levée de fonds, sedéploiera à l'international, etelle étudie un label indiquantaux consommateurs lesproduits les plus vertueux.

JONATHAN ANGUELOV

LEBONNUMÉROD'AIRCALL«La France donne sa chance àtout le monde. Il faut la saisir !»a-t-il dit au G20 YEA, le G20des jeunes entrepreneurs àBuenos Aires. Né de père in-connu et d'une maman bul-gare arrivée à Paris dans lesannées 1980, Jonathan passeson bac technologique et fi-nance ses études grâce à l'im-mobilier avant de se lancerdans la finance. En 2014, ilfonde Aircall avec trois asso-ciés. Une start-up devenue lapépite française de la télépho-nie d'entreprise. Grâce à ce lo-giciel 100% cloud, une sociétémet en place sa téléphonie ouson centre d'appels enquelques minutes, et l'intègreaisément aux outils métiers,CRM ou Helpdesk. Aircall, quiréalise 80% de son chiffre d'af-faires à l'étranger, vient d'em-baucher son 150

e salarié. Et, à31 ans, Jonathan consacre sesweek-ends à l'ouverture d'unhôtel 4 étoiles à Paris, à prixaccessibles, et très automatisé.

JEAN-BAPTISTE BOUZIGE

LA PUB NÉE SOUS XLa pub fascine Jean-BaptisteBouzige depuis qu'il est toutpetit. «Parce qu'elle oblige àsimplifier la complexité», ex-plique-t-il sous les plafondsNapoléon III du siège parisiend'Ekimetrics. L'entreprise, au-tofinancée et détenue parcinq associés, affiche depuisdouze ans une croissance an-nuelle de 30%, près de Q

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SPÉCIAL \ L \lfiKIQLFLES ENTREPRENEURS

EN FRANCE (suite)400 clients et 4 bureaux àl'étranger grâce à une idée lu-mineuse : recruter des datascientists de haut niveau et lesmettre au service desmarques. En 2017, l'équipe aainsi mené une enquête sur leretour sur investissement dela publicité sur TF1, impli-quant près de 2185 marquessur trois ans. Jean-BaptisteBouzige, qui passe une se-maine par mois dans son bu-reau de New York, parle peude lui, préférant s'enthousias-mer pour son équipe, compo-sée de 170 consultants âgésen moyenne de 28 ans.

STANISLAS NIOX-CHÂTEAU

IL A RÉVOLUTIONNÉ LAPRISE DE RENDEZ-VOUSMÉDICAUX

Aurait-on pu un jour applau-dir Stanislas Niox-Château àRoland Garros ? Probablement,puisque le fondateur deDoctolib (plate-forme quipermet aux particuliers de ré-server un rendez-vous chez lemédecin) se destinait à unecarrière de tennisman. Maisà 16 ans, l'entrepreneur,aujourd'hui âgé de 31 ans,se blesse gravement et doitranger ses raquettes. A sa sor-tie d'HEC, il crée le fondsd'investissement Otium avecPierre-Edouard Stérin(Smartbox) et Antoine Freysz(Kerala Ventures). Pendantquatre ans, il gère des start-upcomme LaFourchette, dirigéepar Bertrand Jelensperger. Larencontre sera décisive : «Sonhumilité, sa capacité de tra-vail, le don de soi, l'empathie,l'écoute, toutes ces valeurshumaines qu'il transmet,m'inspirent davantage que laréussite économique», salueStanislas Niox-Château.Lorsqu'il fonde Doctolib en2013, le jeune homme est enquête de sens : «Je souhaitaiscréer une entreprise qui soitutile dans le domaine de lasanté ou de l'éducation.» Cesdeux mondes lui tiennentparticulièrement à cœur, lui

qui a longtemps souffert deson bégaiement. «Avant, je nepouvais même pas aller cher-cher du pain à la boulangerie,raconte-t-il. Aujourd'hui, jeprends la parole en public...Le handicap vous donne del'empathie ; il pousse à s'in-vestir dans une cause plusgrande.» En ex-sportif de hautniveau qui se respecte,Stanislas Niox-Château af-fiche une ambition sans li-mite : «Nous avons créé cettesociété avec deux missionsentrepreneuriales : transfor-mer la santé sous quinze ans(en façonnant les cabinets demédecin et les hôpitaux dufutur, en améliorant l'accès ausoin et la prise en charge despatients) et faire travailler desgens autour de valeurs huma-nistes.» Le souvenir de ses an-nées d'entraînement intensifl'a également accompagnédans sa nouvelle vie. «Lemonde de l'entreprise et dusport sont très proches,constate-t-il. Le travail, l'es-prit d'équipe, le calme, laconfiance et la sueur sont deséléments fondamentaux.» Etpour mettre en applicationses idées, il soigne ses 620 sa-lariés. Parce que la techno,c'est bien, mais «le plus im-portant, c'est d'avoir uneéquipe avec une culture duprogrès. On ne peut pas êtreutilisé chaque mois par20 millions de Français grâceau bouche-à-oreille et un ser-vice parfait si l'on n'est passoutenu par une grandeéquipe d'artisans». Le peu detemps qui lui reste est octroyéà sa famille, celle de toujours,très soudée, et celle qu'il esten train de fonder (il est pèred'une petite fille). Quant autennis, il pratique toujours...mais en amateur.

ROMAI N LACOMB E

UN CAPTEUR POURMIEUX RESPIRERFlow révolutionnera-t-il lemode de vie urbain ? Ce cap-teur tout juste mis en vente

STANISLAS NIOX-CHÂTEAU Adopté par les patients commepar les professionnels de santé, son service, Doctolib, fluidifieet simplifie la prise de rendez-vous médicaux. Une façonde contribuer à faciliter l'accès aux soins, partout en France.

(179 euros surPlumelabs.com) et qui tient dans unepoche évalue les concentra-tions en polluants de l'air am-biant. Il a fallu trois ans de tra-vail à Romain Lacombe,34 ans, et à son équipe dePlume Labs pour le mettre aupoint. Polytechnicien et di-plômé du MassachusettsInstitute of Technology (MIT),Romain aide à piloter de 2011à 2014 la mission Etalab quiouvre à tous les donnéespubliques (open data) deFrance. Tout gamin, ilconstruisait son ordinateurle week-end. Il dit de son pro-jet qu'il est bien plus quetechnologique : «La pollutionde l'air provoque 50 000 décèschaque année en France.Plume Labs s'attaque à unenjeu de société : mieux infor-mer les citoyens pour que lesélus agissent enfin.»

SANDR A REY

GLOWEE, LA LUMIÈREDES ABYSSES

Plongeuse, férue dévoilé,Sandra Rey a rencontré lespoissons bioluminescents quilui ont inspiré Glowee... surdes photos, lors de ses étudesde design à l'école de designStrate. «Je vais au fond», dit lajeune femme. Il faut le croire :

ROMAIN LACOMBE A défautde lutter contre la pollution,ce passionné d'informatique aimaginé un capteur qui permetaux particuliers de mesurer entemps réel la qualité de l'air.

elle reprend des études d'en-trepreneuriat social à l'ESCP,puis crée en 2014 Glowee,qui ambitionne de reproduirecette bioluminescence,produite par des bactéries,pour éclairer les panneauxpublicitaires puis les rues.Avec 17 salariés aujourd'hui,Glowee illumine des soiréeséphémères et devrait prochai-

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FREDERIC MAZZELLA

LA FRENCH TECH,QU'Y A-T-ILDERRIÈRE CELABEL?Derrière ce joli logo de coqfranchouillard façon origami,la French Tech est une initia-tive de l'Etat, lancée en 2013par Fleur Pellerin, alors mi-nistre du Numérique. Objectifde ce qui aurait pu être unnouveau «bidule» : fédérer nosstart-up sous une même ban-nière et promouvoir l'innova-tion made in France dans lemonde. Adoptant les codes dela nouvelle économie, le siteexplique «s'appuyer sur lesinitiatives des membres de laFrench Tech eux-mêmes, pourmettre en valeur ce qui existedéjà et créer un effet boule deneige. Ce n'est pas l'Etat quiencadre, c'est l'Etat qui sou-tient.» Un soutien qui com-mence au niveau local, avecune série de villes «labellisées»French Tech, où sont organisésdes événements pour favoriserles rencontres entre entrepre-neurs innovants, investisseursmais aussi décideurs etmédias. C'est aussi une bourse,financée par Bpifrance et l'Inpi,des voyages et conférencesafin de faire connaître nosentreprises dans le monde.Cinq ans après son lancement,le bilan est difficile à faire,mais, incontestablement, laFrench Tech est devenue unemarque et a contribué à fairereculer, voire taire, un certainFrench bashing.

Le fondateur deBlaBlaCar, leaderincontesté du covoitu-rage, prend souvent laparole pour défendrel'entrepreneuriaten France et n'estjamais avare de (bons)conseils pour ceux quel'aventure tente...

nement donner naissanceà des centres de relaxation :«Cette lumière couleurbleu lagon a des effetshypnotiques», assure-t-elle.

FRÉDÉRIC MAZZELLAREMERCIÉ POURBONNE CONDUITE

«Une fois par an, quelqu'unparvient à m'énerver.» Ceuxqui ont partagé sa voiture - caroui, il pratique le covoiturage- en se rendant dans saVendée natale en témoignent :le président fondateur deBlaBlaCar est curieux, affableet calme. Quinze millions deFrançais ont déjà eu recoursau leader mondial du covoitu-rage, qui rassemble 65 mil-lions de membres dans22 pays. En Russie, au Brésil, la

croissance est à trois chiffres.Outre son rôle à BlaBlaCar,l'homme conduit Wonderleonau sein de France digitale. Lebut est d'attirer les talents in-ternationaux (y compris lesFrançais expatriés) dans lessociétés de style «scale-up»(en hypercroissance). Il par-tage aussi ses pratiques dansle think tank The GalionProject. Et se réjouit de l'accé-lération formidable de l'éco-système entrepreneurial enFrance. «Aujourd'hui, il y abeaucoup d'incubateurs etbeaucoup de fonds. Au pre-mier semestre 2015,759 mil-lions d'euros étaient investis,1,952 milliard au premiersemestre 2018.» Quand il peutlever le pied, ce compositeuret pianiste écoute

Rachmaninov: «La musique,comme le sport, apprend l'exi-gence et l'excellence.»

VINCENT LUCIANI

LA PUB INTELLIGENTEPolytechnicien et adepte de larandonnée, Vincent Lucianipréférait la science à banque.Mais il aimait aussi le marke-ting. Du coup, il a combiné lesdeux en créant AugustaConsulting, une agence deconseil en stratégie spéciali-sée en datascience. Il fusionneavec Netbooster et devientArtefact, le champion françaisdu DMP (Data ManagementPlatform) et de l'intelligenceartificielle appliquée au mar-keting, qui compte déjà plusde 1000 employés dans unequinzaine de pays ! 0

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