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SommaireI- La Confrrie des Frres Musulmans: Aperu historique et racines.....................................4
Les frres musulmans: historique et aperu de l'organisation.............................................4
L'idologie islamo-jihadiste et ses instigateurs - 1946.....................................................13
Le financement des organisations terroristes par l'intermdiaire des associations
islamiques en Amrique du Nord.....................................................................................14
De la guerre froide la guerre sainte des Frres Musulmans...........................................15
La confrrie des Frres musulmans : Chronique d'une barbarie annonce.......................23
Les Brigades Al Qassam .................................................................................................30
Frre Tareq Ramadan refait surface: Nouveau visage et mme double langage...............34
Rponse de Roland Dajoux l'interview de T.Ramadan par L.Ruquier ..........................37
Sayed Qotb: le matre penser de l'islamisme radical .....................................................38
La Grande-Bretagne et la "Fraternit Musulmane" Collaboration pendant les annes 40 et
50 ....................................................................................................................................46
II- Les Frres musulmans: idologie, manoeuvres, leaders, discours...................................56
Amr MOUSSA dans ses propres mots ............................................................................56
Mohammed El Barade dans ses propres mots.................................................................59
Les Frres musulmans dans leurs propres termes. Extraits de la traduction par PMW du
livre de Moustafa Mashour, leur dirigeant de 1996 2002 .............................................62
Discours de Yusuf Qaradawi, Chef des Frres Musulmans, sur la place Tahrir son retour
au Caire............................................................................................................................68
III Les Frres Musulmans: Stratgies actuelles....................................................................79
La dclaration de guerre des Frres musulmans peu remarque par la presse
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internationale................................................................................................................79
La Conqute de l'Europe par les Frres Musulmans ........................................................80
La pntration de l'administration Obama par les Frres Musulmans..............................93
Etats-Unis : Qui a dit "Les frres Musulmans est un mouvement essentiellement laque et
pacifique" ? .....................................................................................................................99
Mark Steyn: Le responsable des services de renseignement amricain est un idiot ..100
USA : Un conseiller du Homeland Security li aux Frres musulmans et au Hamas,
ignorance crasse ou collaboration ? ...............................................................................100
Wikileaks : les liens iraniens des Frres musulmans......................................................108
Mohamed El-Barade est-il une vitrine moderne des Frres musulmans ? ....................111
Les Frres musulmans - "Nous sommes contre le sionisme !" ......................................114
gypte -Les Frres musulmans : la rvolution gyptienne est islamique, pas dmocratique
.......................................................................................................................................114
Suivre l'actualit du Moyen-Orient avec Aschkel.info...................................................115
2011 aschkel.info 3
I- La Confrrie des Frres Musulmans:
Aperu historique et racines
_________________________________________________
Les frres musulmans: historique et aperu de l'organisation
Source: armees.com
Les Frres musulmans est une organisation
panislamiste fonde en 1928 en gypte avec
comme objectif une renaissance islamique, la
lutte non-violente[1][2] contre linfluence
occidentale. Elle a rapidement essaim ces
ides dans les pays majorit musulmane du
Moyen-Orient, au Soudan et dans une moindre
mesure en Afrique du Nord, et a tabli des
ttes de pont jusquen Europe. Certains
groupes de partisans se sont constitus en
mouvements indpendants, comme par exemple
le Jamaa al-islamiya ou encore le Hamas.
Son opposition fondamentale et parfois violente
aux tats lacs arabes a amen son interdiction
ou la limitation de ses activits dans certains
pays comme la Syrie ou encore lgypte. La
lutte contre ltat dIsral est au cur du
mouvement depuis sa fondation, et le thoricien
du jihad arm, Sayyid Qutb, fut lun de ses
membres gyptiens les plus en vue. Nanmoins,
ses diffrentes branches ont depuis condamn le
recours la violence en dehors de la Palestine.
Le mouvement entretient avec les institutions
promouvant le wahhabisme saoudien des
relations alternant entre la coopration et la
rivalit.
La nbuleuse des Frres musulmans serait
coordonne par la Muslim Association of
Britain de Londres, sappuyant sur la banque
Al-Taqwa. Nanmoins, selon Xavier Ternisien,
elle ne constitue pas une structure pyramidale
centralise mais une mouvance htrogne,
labile et multiforme.
Historique Lassociation fut fonde en 1928 par Hassan el-
Banna en gypte aprs leffondrement de
lEmpire ottoman. Dtermine lutter contre
lemprise laque occidentale et limitation
aveugle du modle europen [rf. ncessaire],
son but tait dinstaurer un grand tat islamique
fond sur lapplication de la charia.
Lors du premier congrs du parti en 1933,
lorganisation comptait 2 000 militants, un an
plus tard ils sont 40 000, et en 1943 la confrrie
compte plus de 200 000 militants. La croissance
exponentielle du mouvement laisse penser que
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le Royaume-Uni a directement soutenu le
dveloppement de la confrrie. En 1935,
lorganisation rentre en contact avec Amin al-
Husseini, le grand mufti de Jrusalem, et
participe linsurrection palestinienne de 1936.
En 1945, Sad Ramadan cre une branche
palestinienne du mouvement qui a pour objectif
de combattre les organisations sionistes. Les
Frres musulmans connaissent ainsi un succs
fulgurant et de nombreux militants participent
la guerre de 1948 contre ltat dIsral.
En 1948, le 28
dcembre, lorga-
nisation assassine
le Premier minis-
tre gyptien de
lpoque, Mah-
mud Fahmi Nok-
rashi. En repr-
sailles, son fon-
dateur Hassan el-
Banna est assassin par les agents du
gouvernement le 12 fvrier 1949. Au dbut des
annes 1950, les tats-Unis sintressent aux
Frres musulmans comme allis potentiels
contre Nasser et ltablissement de rgimes
communistes ou socialistes au Moyen-Orient.
Talcott Seelye (en), diplomate en poste en
Jordanie, rencontre Sad Ramadan en 1953[3].
Selon un document des renseignements
allemands, les Amricains lui obtiennent un
passeport diplomatique jordanien pour faciliter
ses dplacements[4]. Ds 1954, la confrrie est
dissoute par les autorits gyptiennes. En 1957,
Nasser, qui craint pour sa personne, dcide
nouveau dinterdire lorganisation. Prs de 20
000 militants sont incarcrs, dont le numro
deux actuel dAl-Qaida, Ayman al-Zawahiri.
Certains, dont Sad Ramadan, aprs avoir tt le
terrain dans les pays arabes avoisinants, optent
finalement pour lEurope comme lieu
dimplantation de leurs nouvelles bases, avec
laide financire des Saoudiens.
partir du milieu des annes 1960, les Frres
musulmans redeviennent actifs en Isral. Dans
les territoires occups, la branche palestinienne
engendre lAl-Mujamma al-islami, qui
deviendra en 1987 le Hamas. Sa charte
comporte la destruction de ltat dIsral
comme objectif central. Lorganisation se
consacre ouvertement aux uvres sociales et
la construction de mosques, dont le nombre
augmente sans cesse en Cisjordanie et dans la
bande de Gaza entre 1967 et 1987. Elle recourt
aux actions armes et aux attentats, y compris
aux attentats suicides. Ses sources de
financement proviennent en grande partie de
lArabie saoudite.
En gypte dans les annes 1970, Sadate utilise
les Frres musulmans pour faire contrepoids
lextrme gauche et il leur promet lintgration
future de la charia dans les lois gyptiennes. En
1978, lanne de Camp David, ils renoncent
officiellement au soutien des actions violentes,
lexception du combat en Palestine. Cependant,
leurs partisans qui ne partagent pas cette
position se regroupent dans dautres structures,
comme la al-Gamaa al-islamiyya (Groupe
islamique) dont un des membres assassine
Sadate en 1981[5]. Les Frres entretiendront des
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contacts, plus ou moins troits selon lpoque,
avec cette organisation, qui commettra des
attentats contre des touristes occidentaux en
1992 et en 1993. Par ailleurs, un bras arm
clandestin se constitue ds le dbut des annes
1980. Certains de ses membres tentent
dinfiltrer les institutions gouvernementales,
mais le rgime laque dHosni Moubarak fait
obstacle la plupart des manuvres politiques,
lexception notable de certains syndicats
stratgiques actuellement infiltrs de toutes
parts par les Frres musulmans, par exemple
celui des avocats. En 1982, les organes de
presse des Frres sont dtruits et la quasi-
totalit de leurs publications saisies.
Cette mme anne, le prsident syrien Hafez el-
Assad limine le bras arm des Frres
musulmans, lal-Talia al-Muqatila (Avant-garde
combattante) dont les militants se dispersent en
Arabie saoudite, en Jordanie, au Kowet ainsi
quen Afghanistan. Les Frres musulmans
restent en 2007 hors la loi dans ce pays o
lappartenance lorganisation est punie de la
peine de mort.
En 1984, le pouvoir gyptien reconnat les
Frres en tant quorganisation religieuse mais
leur refuse linscription en tant que parti
politique. Les candidats frristes participent aux
lections comme indpendants ou comme
reprsentants dautres partis. Leurs militants
manifestent souvent contre le pouvoir aux cts
dautres mouvements dopposition gyptiens,
en faveur de rformes constitutionnelles et pour
la fin de ltat durgence. Lorganisation
sefforce dtre prsente sur le terrain en aidant
les classes dfavorises autant sur le plan social
que financier, fournissant, entre autres, aux
personnes dans le besoin des mdicaments ou
des prts dargent.
Dans les annes 1990, en gypte, la confrrie
saffiche publiquement comme un mouvement
respectueux de la dmocratie. Elle publie trois
manifestes importants : lun plaidant en faveur
de lindispensable dmocratie ; lautre
portant sur les droits des minorits, notamment
de nos frres et compatriotes coptes ; et le
troisime concernant le statut de la femme .
Ces manifestes, dus pour la plus grande part
de jeunes membres du mouvement, sont adopts
par la confrrie, mais sans grande conviction
pour ce qui est de la vieille direction dont la
plupart des membres sont gs de plus de 70
ans. Pour les jeunes, la vieille garde semble trop
conservatrice. En 1996, dix-sept dentre eux
demandent officiellement la cration dun
nouveau parti politique, Al Wasat. Ses
fondateurs ont peu prs le mme ge (entre 35
et 45 ans) et appartiennent pour la plupart aux
professions librales : avocats, mdecins,
pharmaciens ou encore ingnieurs. Ils ont
particip aux luttes estudiantines puis syndicales
de lpoque. Rceptifs aux volutions du monde
du fait de leurs dplacements ltranger au
cours desquels ils participent maints colloques
et confrences, ils ont acquis une exprience qui
a creus le foss entre eux et les ans de la
confrrie, mais leur profond conservatisme
religieux en comparaison dautres jeunes
musulmans reste un de leurs traits saillants.
Les fondateurs de ce nouveau parti politique
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reprochent aux dirigeants des Frres musulmans
leur manque de modernit et leurs concepts
archaques. Ils proposent ladoption d une
vision moderniste fonde, certes, sur les acquis
du pass, mais axe sur les dfis du
XXIe sicle . En opposition avec leurs ans,
ils tablissent un programme plutt libral,
fond sur le Coran mais reconnaissant les
volutions de la socit. Ils sont en faveur dun
systme gouvernemental l occidentale qui
respecte toutes les liberts collectives et
individuelles, des lections pluralistes,
lalternance politique et la primaut de la loi.
Un copte, Rafiq Habib, fils du prsident de la
communaut anglicane dgypte, est membre
du comit fondateur du parti. Mais Al Wasat ne
verra finalement jamais le jour : le 13 mai 1996,
les autorits gyptiennes dclarent irrecevable
sa demande de lgalisation. Deux jours aprs ce
rejet, les fondateurs sont arrts et dfrs
devant la Haute Cour militaire.
Les annes 1980 et 1990 voient galement un
dploiement dactivit au sein de la mouvance
europenne des Frres musulmans, qui cre
plusieurs organisations (UOIE, UOIF, CEFR...)
visant placer les communauts musulmanes
en pleine croissance sous leur influence, et
sefforce dtre reconnue par les gouvernements
comme reprsentante officielle de ces
communauts. Les Frres musulmans se dotent
dinstitutions financires propres (banque Al-
Taqwa, Fonds europen), le soutien direct des
institutions saoudiennes comme la Ligue
islamique mondiale (LIM) tant devenu
alatoire.
En 2007, reconnaissant leur poids au Proche-
Orient, le gouvernement des tats-Unis
sintresse de nouveau une alliance avec les
Frres. Le Dpartement dtat approuve une
politique de contacts futurs entre des diplomates
amricains et des leaders du mouvement dans
les pays arabes[6].
Aujourd'hui
En Egypte
Bien que disposant officieusement de 88
dputs (sur 454) lAssemble du peuple entre
2005 et 2010 (ce qui fait deux le premier
groupe dopposition), les Frres musulmans
font face un grave problme de stratgie
politique. La confrrie, qui fait passer un
message religieux (islamisation des murs, de
lhabillement et de la culture) largement adopt
par la socit, ne parvient pas transformer en
succs politique cette sympathie ainsi que son
important rseau de membres. Son principal
obstacle est son statut au sein de ltat gyptien
qui fait delle une association tolre mais non
lgale. Cela lui permet de prsenter des
candidats indpendants aux lections
lgislatives mais jamais sous son tiquette. Ce
handicap rsulte de deux facteurs : le refus du
pouvoir gyptien dassister la cration dun
parti politique des Frres musulmans et le rejet
des rgles du jeu dmocratique de la part de
certains membres de la confrrie. Malgr des
efforts, lassociation des Frres musulmans est
en pleine stagnation, incapable de prendre
linitiative face un pouvoir qui les manipule
aux gr de ses besoins. En effet, le pouvoir
gyptien tend miser sur la politique de la
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carotte et du bton, relchant de temps en temps
la pression pour lutiliser comme soupape la
colre populaire contre les politiques
israliennes et amricaines au Proche-Orient,
puis en resserrant la vis en arrtant, en torturant
ou en liminant plusieurs des membres de la
confrrie.
Depuis quelques annes, pour conqurir le
pouvoir les Frres musulmans ont appliqu une
vritable mtamorphose. La plupart des
membres de la confrrie ont fait un important
travail au niveau de leur apparence
vestimentaire et physique. Habill en costume
loccidentale, ils sont soit compltement rass,
soit portent une barbe finement taille. Ils sont
pour beaucoup issus des hautes coles, parlent
tous plusieurs langues trangres et se
prsentent dsormais en dmocrates. Daprs
lune des membres de la confrrie, Makram al-
Deiri, tous les candidats aux lections
lgislatives du mouvement ont bnfici dune
formation intensive aux techniques de
communication, aux stratgies de persuasion et
lart des ngociations. Officiellement, le
mouvement a abandonn tout projet dtat
thocratique, ils disent prendre comme modle
les mouvements islamistes marocains qui sont
connus pour leur pragmatisme. Ce, mme si
beaucoup de politologues et de journalistes en
doutent, et mettent lide quils aient mis fin
momentanment leur projet de rpublique
thocratique pour ne pas faire peur aux
gyptiens et prendre le pouvoir sans trop de
violence. La nouvelle garde se dclare
respectueuse de la souverainet du peuple, de
lalternance dmocratique et des droits des
minorits. Nanmoins, les Frres musulmans
dgypte ont dcid en novembre 2007 que les
coptes et les femmes ntaient pas assez
qualifis pour tre prsident de la
Rpublique[7].
Le logo de la confrrie qui tait constitu de
deux sabres croiss a t momentanment
abandonn au profit dun logo moins agressif,
deux mains jointes autour dune motte de terre
o prend racine une pousse verte.
Le mouvement a aussi choisi de ne plus
combattre directement le rgime de Moubarak.
Ils ont ainsi vot pour la reconduction de Fathi
Sorour (lun des hauts responsables du rgime)
au perchoir de lAssemble du peuple. Ils ont
galement applaudi le discours du prsident
Moubarak au parlement, et sont en contact
rgulier avec le gouvernement des tats-Unis.
LEuropean Strategic Intelligence and Security
Center accuse en fvrier 2006 la confrrie des
Frres musulmans davoir organis lescalade
dans laffaire des caricatures de Mahomet du
journal Jyllands-Posten[8].
Dans le monde
Le mouvement des Frres musulmans est un
mouvement panislamique, la confrrie a donc
des ramifications dans la plupart des pays
majorit musulmane, ainsi que dans de
nombreux ayant une minorit musulmane.
Syrie
En Syrie, le mouvement a t fond dans les
annes 1930 par des tudiants syriens, anciens
membres des Frres musulmans gyptiens. Le
mouvement ne se considre pas comme un parti
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politique, car pour eux, tous les partis politiques
sont des rassemblements dathes. La confrrie
joue un grand rle en Syrie, cest la principale
force dopposition au rgime baathiste, elle est
surtout prsente dans les grandes villes du pays,
Hama, Homs et Damas, les classes populaires
forment le gros des effectifs du parti[9].
A la fin des annes 1970, le mouvement initia
une lutte arme contre le rgime baasiste,
organisant des attentats, etc.[10]. Interdit, ils
firent lobjet dune rpression trs forte,
notamment lors du massacre de Hama (1982) :
les Frres musulmans ont tent de soulever la
population contre le prsident Hafez el-Assad,
mais ils ont chou, et larme a durement
rprim cette rvolte : le centre-ville fut ras et
prs de 20 000 personnes tues[11],[12]. En
juillet 1980, la loi n49 - toujours en
vigueur[11]- stipule qu est considr comme
criminel et sera puni de la peine capitale
quiconque est affili lorganisation de la
communaut des Frres musulmans[10].
La confrrie nest plus une force politique en
Syrie, mais elle maintient nanmoins un rseau
dappui men depuis Londres et Chypre.
Comme en gypte, le mouvement a
officiellement abandonn la violence, et
demande linstallation dune dmocratie en
Syrie, o le multipartisme serait assur[rf.
ncessaire]. Le leader syrien des Frres
musulmans est Ali Sadr ad-Din al-Bayanouni,
qui vit en tant que rfugi politique Londres. Palestine
Les membres de la confrrie ont combattu aux
cts des armes arabes pendant la guerre
isralo-arabe de 1948. La confrrie se
dveloppe dans la Bande de Gaza, met en place
un rseau daide social et fait construire
lUniversit islamique de Gaza.
Le Mouvement de la rsistance islamique
(Hamas) est cr en 1987, il est prcis dans la
charte du Hamas que le Mouvement de la
rsistance islamique est lune des ailes des
Frres musulmans en Palestine .
Le mouvement sattire la sympathie dune
partie de la population, grce son programme
daides sociales, ils construisent des coles, des
cliniques
Le parti participe aux lections lgislatives de
2006 et promet de rtablir la scurit, et de
dbarrasser le pays de la corruption. Le Hamas
gagne les lections avec 74 siges contre 45
pour le Fatah. Un nouveau gouvernement est
form, et Ismal Haniyeh en devient son
Premier ministre. Nanmoins, celui-ci ainsi que
son gouvernement est vinc par le prsident
Mahmoud Abbas en juin 2007, lorsque les
forces armes du Hamas prennent par la force le
contrle de la bande de Gaza. Jordanie
La branche irakienne des Frres musulmans est
le Parti islamique dIrak cr la fin des annes
1950. Le groupe est entr en clandestinit aprs
laccession du parti Baas (lac) au pouvoir.
la chute de Saddam Hussein, le parti revoit le
jour, et il se fait le porte-parole de la
communaut sunnite du pays. Le parti, aprs
avoir prsent 275 candidats aux lections
lgislatives de janvier 2005, fait un appel au
boycott, pour protester contre les oprations
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militaires menes par larme amricaine
Falloujah. Ensuite, le parti simplique plus
fortement dans la vie politique nationale, pour
promouvoir la communaut sunnite dans les
instances gouvernementales. Le parti a appel
voter oui lors du rfrendum pour la
ratification de la nouvelle Constitution
irakienne. Le mouvement possde galement
une chane de tlvision, nomm Bagdad .
Le leader du parti est Triq al-Hchim.
Des partis islamiques kurdes sont galement
plus ou moins proches des Frres musulmans.
LUnion islamique du Kurdistan est prsente au
Parlement kurde, mais reste minoritaire face
des partis laques comme lUnion patriotique du
Kurdistan et le Parti dmocratique du
Kurdistan. Arabie Saoudite
Les Frres musulmans, ont des dissensions
politiques avec le pouvoir wahabbite saoudien.
Le parti est tolr par le rgime, et maintient sa
prsence dans le pays. Soudan
Les Frres musulmans existent au Soudan
depuis 1949. Hassan al-Tourabi, le leader de la
confrrie stait rapproch du pouvoir
dictatorial soudanais, mais est maintenant
oppos au prsident Omar el-Bchir. Algrie
Depuis lavnement du multipartisme en
Algrie, suite lamendement de la
Constitution en 1988, le Mouvement pour une
socit de paix (MSP), anciennemt Mouvement
pour une socit islamique (HAMAS), demeure
le plus influent rprsentant des Frres
musulmans en Afrique du Nord. Fond par
Mahfoud Nahnah, les recommandations, les
conseils et la ligne politique quadopte ce parti,
proviennent des instances officielles des Frres
musulmans, bases Londres et au Caire. Les
partis dEl Islah et dEnnahda, fonds
successivement par Abdallah Djaballah, ont les
mmes objectifs politiques que les Frres
musulmans, mais au niveau local seulement. Europe
Cest dans les annes 1950, la suite de leurs
dboires en gypte et au Moyen-Orient, que les
Frres musulmans dbarquent en Europe,
toujours avec le projet de constituer des bases
dislamisation. Le plus connu dentre eux, Sad
Ramadan, obtient pour cela du prince saoudien
Fayal lassurance dun soutien financier. La
guerre froide favorise la bienveillance de
certains gouvernements vis--vis des ennemis
du socialisme et ils ne sont pas inquits,
parfois mme discrtement soutenus[13]. Ils
vont s implanter et se dvelopper sans
toutefois se constituer en association portant
leur nom en synergie, mais aussi en rivalit
avec dautres factions idologiquement proches,
les wahhabites et les partisans de Maududi. Les
premiers financent une grande partie de leurs
entreprises. Ils sappuient aussi sur une base de
musulmans issus du Proche et Moyen-Orient
venus en Europe faire leurs tudes.[rf.
ncessaire]
En 1961, Sad Ramadan, assist de Pakistanais,
fonde le Centre islamique de Genve et prend
vers la mme priode la tte dun organisme
islamique munichois (futur Islamische
2011 aschkel.info 10
Gemeinschaft in Deutschland) destin des
transfuges musulmans de larme rouge. Les
destinataires dorigine abandonnent le terrain
aux partisans arabophones de Ramadan, qui
dirigera lorganisme jusquen 1968, lorsquil
sera vinc par son partenaire Ghaleb Hammit.
Genve et Mnich sont les deux premires
bases europennes des Frres[14]. Une autre
tentative de reprise dun projet existant, destin
cette fois-ci des vtrans indiens, a lieu en
1964 Londres, avec moins de succs semble-
t-il. Le terrain est occup par les Pakistanais
partisans de Maududi et leur mission
islamique[15]. Toujours reprsents par Sad
Ramadan, les Frres musulmans jouent un rle
important dans la fondation en 1962 de la Ligue
islamique mondiale, organisme saoudien qui les
financera en grande partie.
partir des annes 1970, les Saoudiens
interviennent directement dans lislam
europen, tablissant leurs propres centres et
mosques financs par la Ligue mondiale,
parfois aux dpens des institutions frristes. En
1973, les Frres musulmans participent la
fondation du Conseil islamique dEurope, mais
cest surtout dans les annes 1980 quils
reviennent sur le devant de la scne avec la
fondation de lUnion des organisations
islamiques en Europe (UOIE) et de lUnion des
organisations islamiques de France (UOIF)
(1983), manation de la prcdente. La majorit
des cadres de lUOIE sont membres de lUOIF.
Bien que ces deux organisations ne se
reconnaissent pas officiellement comme
satellites des FM, elles sappuient
essentiellement sur les idologies dAl-Banna,
Qutb et Maududi, ainsi que sur les fatwas dAl-
Qardawi[16]. Fouad Alaoui avoue souvent
rencontrer Al-Houweidi, ambassadeur des
Frres en Europe. Par ailleurs, lUOIF partage
le projet panislamique des Frres
musulmans[17].
En 1988 est fonde la banque Al-Taqwa base
aux Bahamas, en Suisse et au Liechtenstein, qui
comprend comme actionnaires, entre autres, G.
Hammit et Youssef Al Qardawi ; elle devient le
principal organisme financier du mouvement.
Discrte, son rle est mis en vidence partir de
2001 o elle fait partie des organismes
financiers souponnes daider le terrorisme. En
1996, les difficults de financement en
provenance du Golfe Arabo-Persique,
consquence dune plus svre surveillance,
amnent la cration du Fonds europen
(European Trust) dont six administrateurs
appartiennent lUOIE. Les deux organismes
ont pendant une priode le mme directeur,
Ahmed Al Rawi[18].
En 1997 voient le jour le Conseil europen de la
fatwa (Dublin), dirig par Al-Qardawi, et
lAssociation musulmane de Grande-Bretagne.
Le premier organisme, sur lequel sappuient
lUOIE et lUOIF, sest donn pour mission
dmettre des fatwas spcialement destines aux
musulmans vivant en Europe afin quils
puissent rester intgralement gouverns par la
charia. Le second a pour but de renforcer la
prsence frriste face aux autres organisations
islamiques britanniques puissantes comme le
British Muslim Council. Deux instituts de
2011 aschkel.info 11
formation dimams lis lUOIE et lUOIF
sont crs : lInstitut europen des sciences
humaines de Chteau-Chinon (1990) et
lEuropean Institute for Humanitarian and
Islamic Studies au Royaume-Uni. Par ailleurs,
deux fils de Sad Ramadan, non officiellement
membres des FM mais disciples dclars de
Hassan el Banna, exercent comme prdicateurs
et activistes. Hani Ramadan, directeur du
Centre islamique de Genve depuis 1995 et
employ par lUnion des jeunes musulmans
(UJM) est actif en Suisse et en France, Tariq
Ramadan a une grande audience en Suisse,
France et Grande-Bretagne.
Depuis leur rsurgence, les Frres musulmans
rivalisent avec dautres groupes islamistes pour
tre reconnus comme interlocuteurs privilgis
des gouvernements europens et sous-traitant
officiels des affaires islamiques. Ils cherchent
se positionner en modrs en comparaison de
leurs concurrents (wahhabites, nosalafis,
tablighs), tout en salliant avec eux dans
certaines entreprises. Suivant une technique qui
a fait ses preuves dans dautres rgions, les
associations frristes sefforcent dtre les plus
prsentes sur le terrain. Idologie
Le principal objectif des Frres musulmans est
linstauration au lieu des rgimes en place de
rpubliques islamiques dans les pays majorit
musulmane telles que lgypte, la Libye, la
Syrie, ou encore la Tunisie. Les Frres
musulmans sopposent ainsi aux courants
laques des nations majorit musulmanes et
prconisent un retour aux prceptes du Coran,
impliquant autant un rejet des influences
occidentales que des influences soufies qui,
elles, prconisent une adaptation du Coran au
temps. Le mot dordre de lorganisation est :
Allah -Dieu en arabe- est notre objectif. Le
prophte Mahomet est notre chef. Le Coran est
notre loi. Le djihad -guerre juste, appel
improprement guerre sainte- est notre voie.
Mourir dans les voies dAllah est notre plus
grand espoir [19]. Il existe depuis 1944 une
branche fminine : les dames musulmanes .
Notes et rfrences 1.Egyptian Regime Resasserts Its Absolute Disrespect of Law [archive], February 6, 2007 2.History of Muslim Brotherhood Movement Homepage [lire en ligne [archive]] 3. R. Dreyfuss, Cold War, Holy Warrior , Mother Jones, janv.-fv. 2006 [archive] 4. How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam , The Wall Street Journal, 12 juillet 2005. 5.Pacific News Service, 25 juillet 2003 [archive]. 6.Worldtribune.com, 28 juin 2007 [archive]. 7.AHN 7-11-2007 [archive] 8.Caricatures de Mahomet : Histoire et consquences dune manipulation mondiale [archive] - Par Claude Moniquet, Prsident de lESISC 9. Hafez alAssad et le Baas en Syrie, Pierre Guingamp, p.46 10. a et b Damas liquide les Frres musulmans [archive], Jeune Afrique, 2 fvrier 2004 11. a et b Syrie : les Frres musulmans resurgissent [archive], Algrie DZ, 11 avril 2005 12. Profil de la Syrie [archive] sur le site de lUniversit de Sherbrooke (Canada). 13. Selon un document des renseignements allemands, les tats-Unis obtiennent de la Jordanie un passeport diplomatique pour Sad Ramadan : How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam , The Wall Street Journal, 12 juillet 2005 ; Lorenzo Vidino, Die Eroberung Europas durch die Muslim-Bruderschaft , Middle East Quarterly, hiver 2005. 14. How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam, The Wall Street Journal, 12 juillet 2005. 15. Robert Dreyfuss Devils Game : How the United States Helped Unleash Fundamentalist Islam New York : Henry Holt and Company, 2005 Lire le rsum en ligne [archive] 16. Fiammetta Venner OPA sur lislam de France : les ambitions de lUOIF, Calmann-Lvy, mai 2005 17. Selon lun de ses cadres Ahmed Djaballah, le premier stade du travail de lUOIF se fera suivant la dmocratie, le second sera linstauration dune socit islamique ; cit par Mohamed Sifaoui, La France malade de lislamisme, Le Cherche Midi, Paris, 2002, p. 49-50. 18. Islamic groups ties reveal Europes challenge Ian Johnson The Wall Street Journal 29 12 2005 [archive] 19. "General Strategic goal for North America" [archive], original suivi dune traduction, page 21 (7/18) par."4- Understanding the role of the Muslim Brother in North America :"
2011 aschkel.info 12
L'idologie islamo-jihadiste et ses instigateurs - 1946
Photo prise lors du diner offert par le Prsident du Congrs Islamique mondiale et ancien collaborateur du rgime nazi, Amin al Husseini au leader pro-partition indienne Mohammed Ali Jinnah au Caire en 1946.On retrouve sur la photo, premier rang de gauche droite:Assayed Idris Ansanussi, roi de Libye, Mohammed Amin al Husseini, de retour d'Allemagne
nazie, partisan avr de la solution finale (selon ses Mmoires), grand mufti de Palestine et
prsident du Congrs islamique mondiale (Motamar al Alam al Islami), Mohammed Ali Jinnah,
promoteur de la partition de l'Inde et d'un Etat strictement musulman, fondateur du Pakistan en
1947; Mustafa Abdul Razaq, Sheikh de l'universit Al Azhar, Abdul Rahman Azzam, secrtaire
gnral de la Ligue arabe connu pour son appel en 1948 au gnocide des Juifs de Palestine,
Makram Ubaid, secrtaire gnral du parti gyptien Wafd (nationaliste-libral) et ministre des
finances.
Second rang de gauche droite:Hassan al Banna, fondateur des frres musulmans (Ikhwan al Muslimim), Fawzi al Mulqi,
ambassadeur de Jordanie en Egype, Liaqat Ali Khan, futur premier ministre pakistanais et futur
chef d'Etat pakistanais, assassin en 1951 pour ne pas avoir poursuivi la guerre contre l'Inde, Abdul
Majid Ibrahim Saleh, ministre des communications gyptien, Ebrahim Abdul Hadi, premier
ministre gyptien, Yusuf Yassin, conseiller du roi Abdul Aziz d'Arabie Saoudite, Haji Mohammed
Salem, industriel gyptien, Jamal al Husseini, conseiller du roi d'Arabie Saoudite.
2011 aschkel.info 13
Le financement des organisations terroristes par l'intermdiaire des associations islamiques en
Amrique du Nord
Source: postedeveille.
2011 aschkel.info 14
De la guerre froide la guerre sainte des Frres Musulmans
Par Robert Dreyfuss. Adaptation franaise par Point de Bascule Canada le 1er juin 2010
l'automne de 1953, une rencontre trs
particulire a eu lieu la Maison Blanche entre
le prsident Dwight D. Eisenhower et un jeune
agitateur du Moyen-Orient. Une photo montre
le prsident, g alors de 62 ans, debout, les
poings serrs comme s'il voulait dfendre avec
fermet un point de vue. ses cts, un
gyptien au teint olivtre, portant un habit gris,
la barbe bien taille, serrant un paquet de
feuilles derrire le dos, et fixant avec intensit
le prsident. Il n'a que 27 ans, mais dj il a
plus de dix ans d'exprience au sein de l'islam
violent et militant, du Caire Amman et
Karachi. Prs de lui, des membres d'une
dlgation d'rudits, de mollahs et d'activistes
de l'Inde, de la Syrie, du Ymen, de la
Jordanie, de la Turquie et de l'Arabie saoudite,
certains vtus d'habits, d'autres portant des
costumes traditionnels.
Ce visiteur n'tait nul autre que Sad Ramadan,
un important idologue d'un groupe clandestin
d'islamistes, connu sous le nom des Frres
musulmans. Aux cts du prsident, Ramadan
a l'allure d'un homme respectable, d'un invit
bienvenu.
Officiellement, Ramadan se trouvait aux tats-
Unis pour assister un colloque sur la culture
musulmane, l'universit de Princeton,
coparrain par la librairie du Congrs.
L'vnement avait eu lieu en aot avec tout le
dcorum souhaitable dans le hall Nassau de
l'universit.
Le compte rendu de l'vnement laisse penser
que l'vnement tait le rsultat fortuit de la
prsence d'un grand nombre de personnalits du
Moyen-Orient en visite aux tats-Unis. On peut
y lire que: Durant l't de 1953, un nombre
particulirement important d'rudits musulmans
minents se trouvaient aux tats-Unis. Mais
ces visiteurs n'avaient pas travers l'ocan
Atlantique par hasard. Le colloque tait organis
par le gouvernement amricain, financ par lui
et les participants avaient t choisis en fonction
des services qu'ils pouvaient rendre. Les
organisateurs de la confrence s'taient rendu au
Caire, Bahrain, Beyrouth, New Delhi et
d'autres villes pour y slectionner des
participants. Comme beaucoup d'entre eux, Sad
Ramadan, un idologue intransigeant et pas du
tout un rudit, visitait les tats-Unis, tous frais
pays.
2011 aschkel.info 15
Une note de service, dsigne confidentielle et
qui est maintenant accessible, donne une ide
du but du projet. En surface, la confrence
apparat comme un rassemblement d'rudits.
C'est l'impression qu'on veut donner. Le vrai
but, souligne la note est de rassembler des
personnalits dont l'opinion peut avoir du
poids dans des domaines comme l'ducation, la
science, le droit, la philosophie et
invitablement la politique.....On s'attend
notamment que ce colloque donne lan et
direction un mouvement Renaissance de
l'islam. cette poque, les tats-Unis
commenaient s'intresser de prs aux
affaires du Moyen-Orient, et les islamologues
et universitaires amricains se demandaient
dans quelle mesure l'islam politique pouvait
servir tendre l'influence amricaine dans la
rgion.
Il peut paratre trange de considrer une
socit secrte, responsable d'assassinats et
d'actions violentes, comme un signe prcurseur
d'une renaissance de l'islam. Mais une telle vue
cadrait parfaitement avec la politique
amricaine de l'poque o prs tout ce qui
s'opposait au communisme pouvait tre
considr comme un alli possible. Tous les
officiels de la CIA ou du Secrtariat d'tat, qui
taient en fonction au Moyen-Orient entre la fin
de la Deuxime Guerre et la chute du
communisme sovitique, et que j'ai interrog,
m'ont dit que l'islam tait alors considr comme
une barrire l'expansion sovitique et
l'influence du marxisme auprs des
masses.Nous pensions que l'islam pouvait faire
contrepoids au communisme affirme Talcott
Seelye, un diplomate amricain, qui, a rendu
visite Sad Ramadan alors qu'il tait en poste
en Jordanie au dbut des annes 50. Il nous
apparaissait comme un lment modr et
positif. De fait, ajoute Hermann Eilts, un autre
diplomate amricain en fonction en Arabie
Saoudite vers la fin des annes 40, les officiels
Amricains au Caire rencontraient
rgulirement Said Ramadan, ainsi que Hassan
al-Banna alors chef des Frres musulmans et
nous le trouvions tout fait ouvert nos
ides.
Quarante ans aprs la visite de Sad Ramadan
la Maison Blanche, les Frres musulmans sont
devenus les inspirateurs et modles de
nombreux groupes islamistes de l'Arabie
Saoudite la Syrie, de Genve Lahore - et
Ramadan, son organisateur international en chef,
s'est transform en agent qui a jou un rle dans
presque toutes les manifestations de l'islam
politique. Les islamistes purs et durs du Pakistan
( voir "Among the Allies," page 44 ) dont les
compres ont form les talibans en Afghanistan
2011 aschkel.info 16
et qui ont aid al-Qaida depuis les annes
90, ont pris pour modles les Frres
musulmans. Le rgime des ayatollahs en Iran
est sorti d'une socit secrte, appele les
Fervents de l'islam, une filiale des Frres
musulmans dont le chef dans les annes 50
tait le mentor de l'ayatollah Ruhollah
Khomeini. Le Hamas, une organisation
terroriste palestinienne, a d'abord t une
branche des Frres musulmans. Le Djihad
islamique gyptien dont les membres ont
assassin le prsident Anwar Sadat en 1981 et
qui a fusionn avec al-Qaida en 1990, est n
des Frres musulmans dans les annes 70. Et
plusieurs des chefs afghans, fers de lance du
djihad anti-sovitique dirig par la CIA dans
les annes 80 et qui ont aid Ben Laden
construire son rseau d'Arabes afghans
anctres d'al-Qaida, taient membres des
Frres.
Il n'est pas exagr de dire que Sad
Ramadan est le grand-pre idologique
d'Osama ben Laden. Mais Ramadan de
mme que les Frres musulmans et leurs allis
islamistes n'auraient jamais pu planter les
graines qui ont donn naissance al-Qaida s'ils
n'avaient pas t considrs comme des allis
des tats-Unis durant la guerre froide et s'ils
n'avaient pas t appuys secrtement ou
ouvertement par Washington. Ramadan lui-
mme, des documents le prouvent, a travaill
pour la CIA.
Les tats-Unis et ses partenaires comme
l'Arabie Saoudite et le Pakistan n'ont pas cr
l'islam politique radical, dont les prmisses
thologiques ont t formules ds le 8e sicle.
Mais prenons l'exemple d'un mouvement plus
prs de nous. En Amrique, le fondamentalisme
chrtien remonte 1840 et l'vanglisme de
droite n'tait qu'une force dsorganise jusqu'au
20e sicle. La droite religieuse n'avait pas de
vrais chefs politiques et trs peu d'influence sur
le monde rel avant l'mergence de la Moral
majority, la Christian coalition et l'arrive, vers
la fin des annes 70, de porte-parole comme
Jerry Falwell, Tim LaHaye et Pat Robertson.
Pareillement, la droite islamique n'est devenue
un mouvement politique qu'avec des individus
comme al-Banna, Sad Ramadan et d'autres
penseurs. En tolrant, et dans certains cas, en
aidant ces activistes, les tats-Unis ont
contribu donner l'islamisme structure et
direction, le transformant en une tornade
politique mondiale.
Sad Ramadan naquit en 1926 Shibin el Kom,
village situ une quarantaine de miles au nord
du Caire. Il rencontra al-Banna et se joignit
son mouvement alors qu'il n'avait que 14 ans.
Six ans plus tard, diplm de l'universit du
Caire, il devint le secrtaire personnel de al-
Banna et son bras droit. Un an plus, Ramadan
fut nomm rdacteur en chef d'Al Shihab, le
2011 aschkel.info 17
journal des Frres musulmans et il pousa la
fille de al-Banna, ce qui lui permettait d'aspirer
lgitimement la direction de l'organisation.
Ramadan devint l'ambassadeur itinrant de al-
Banna, ce qui lui donna la possibilit d'tablir
de nombreuses relations travers le monde. En
1945, il se rendit Jrusalem (alors sous
contrle britanniques) o l'on pouvait discerner
les signes avant-coureurs de la guerre qui allait
clater entre les Arabes et les Juifs. Durant les
annes qui suivirent, Ramadan fit la navette
entre Jrusalem, Amman, Damas et Beyrouth
pour y tablir des filiales des Frres
musulmans. cette poque, la Palestine tait
un territoire sous contrle britannique: en fait
une rgion pauvre et quasi dsertique, peuple
d'Arabes et de Juifs en guerre. Ramadan
prcha l'islam militant dans les mosques et
dans des campus et participa la formation de
groupes paramilitaires composs de jeunes
hommes opposs au colonialisme britannique
et l'immigration sioniste. Ds 1947, il y avait
dj 25 filiales des Frres musulmans en
Palestine, comptant de 12 mille 20 mille
membres. En 1948, Ramadan aida les Frres
mobiliser des combattants contre l'arme juive
qui luttait pour la cration de l'tat d'Isral.
Compares aux forces armes gyptiennes et
syriennes, les forces des Frres taient
numriquement et militairement insignifiantes,
mais cette participation symbolique contribua
augmenter le prestige de l'organisation dans les
annes qui suivirent.
Le Pakistan, le premier pays imposer la
charia, la loi islamique, devait attirer de
nombreux idologues fondamentalistes et
devenir une sorte de deuxime pays pour
Ramadan. Le gouvernement inexpriment
donna Ramadan la possibilit de prcher la
radio nationale et le premier ministre Liaquat
Ali Khan crivit la prface de l'un de ses livres.
Au Pakistan, Ramadan travailla en troite
collaboration avec un jeune islamiste nomm
Abul-Ala Mawdudi, qui avait fond la Socit
islamique: mouvement trs semblable aux
Frres musulmans. Comme il l'avait fait en
Palestine, Ramadan aida Mawdudi organiser
une phalange paramilitaire d'tudiants fanatiss
pour lutter contre la gauche pakistanaise.
Connue par ses initiales en ourdou, IJT, elle
s'inspirait des escadrons fascistes de Mussolini.
Ses membres, souvent arms, attaqurent des
tudiants gauchistes sur les campus. Les
lancements d'ufs furent suivis d'agressions
plus graves, particulirement Karachi crivit
Seyyed Vali Reza Nasr, un spcialiste de ce
mouvement. Le IJT forma une gnration de
radicaux qui prirent le pouvoir au Pakistan en
1977 sous la direction du dictateur gnral Zia
ul-Haq. Ils soutinrent le djihad en Afghanistan,
et protgrent al-Qaida. Ils reprsentent toujours
une menace pour le rgime actuel.
Entre ces voyages au Pakistan, Ramadan
travailla galement avec des fondamentalistes
arabes, particulirement des Palestiniens et des
Jordaniens, qui fondrent le Parti de la libration
islamique. Ce parti devait donner naissance de
nombreuses branches en Asie centrale. Dans les
annes 90, le parti - connu maintenant sous le
nom arabe Hizb ut-Tahrir, et soutenu par
2011 aschkel.info 18
l'Arabie saoudite - est devenu une importante
formation radicale aligne sur al-Qaida. Elle a
maintenant des cellules Londres, en
Allemagne et dans d'autres pays europens.
Alors qu'il tait en Jordanie dans les annes 50,
Ramadan aida y fonder une branche des
Frres musulmans, qui, comme au Pakistan,
devait s'en prendre aux nationalistes de gauche.
Mais les efforts de Ramadan en Palestine, en
Jordanie et au Pakistan n'taient que des
escarmouches avant l'affrontement beaucoup
plus srieux qui allait se produire en gypte au
milieu des annes 50 avec le prsident
gyptien Gamal Abdel Nasser. Nasser, un
militaire charismatique acquit un statut
lgendaire du jour au lendemain en renversant
en 1952 le gouvernement monarchique dissolu
lors d'un coup d'tat. En rclamant
l'indpendance de l'gypte et en demandant
aux Britanniques de quitter leurs bases
militaires et de cder la gestion du canal de
Suez, voie commerciale stratgique, Nasser
devint un hros pour des millions d'Arabes - et
il fit peur la Grande-Bretagne et aux tats-
Unis, surtout parce que son nationalisme
menaait leurs intrts ptroliers dans le Golfe
(le premier ministre britannique Anthony Eden
envisagea mme de le faire assassiner).
Les Frres voyaient en Nasser un dtestable
lac, ayant abandonn l'islam et trop dispos
cooprer avec les communistes. En 1954, un
des Frres musulmans tira huit coups de feu
sur lui. Nasser rprima l'organisation, arrtant
plusieurs de ses chefs. Ramadan, alors ministre
des Affaires trangres de l'organisation, tait
en Syrie, cherchant monter les esprits contre
Nasser. En 1954, Nasser retira Ramadan son
passeport gyptien. Mais son exil ne devait pas
durer longtemps.
***
Une fois de plus, ce fut la Guerre froide qui
sauva Ramadan et son mouvement. Cette fois,
sa destination tait l'Allemagne, un alli du
fondamentalisme islamique durant la priode
nazi. Lorsque l'gypte et la Syrie tablirent des
relations diplomatiques avec l'Allemagne de
l'Est, l'Allemagne de l'Ouest voulut crer des
liens avec les oppositions dans ces deux pays -
notamment avec les Frres musulmans.
Ramadan, condamn mort en gypte, obtint
l'aide de l'Allemagne de l'Ouest pour se rfugier
Munich. Quelques annes plus tard, il s'installa
Genve, centre des intrigues de la diplomatie
internationale. C'est l qu'il fonda le Centre
islamique de Genve, qui allait servir de base et
de quartier gnral des Frres musulmans en
Europe dans les annes venir.
Alli de Washington contre Nasser, Ramadan
bnficia ainsi d'une dcision fatidique des
tats-Unis dans les annes 50 et 60. Au lieu
d'appuyer le nationalisme arabe de Nasser, les
tats-Unis commirent leur plus grosse erreur au
Moyen-Orient depuis la Deuxime Guerre
mondiale. Ils firent cause commune avec la
monarchie ractionnaire de l'Arabie saoudite.
Ds les annes 50, Washington encouragea cette
monarchie tablir un rseau d'tats islamiques
et d'organisations islamistes, contribuant ainsi
jeter les fondations sur lesquelles al-Qaida
devait se dresser. Le Centre islamique de
2011 aschkel.info 19
Ramadan profita largement de cette politique
et il reut de gnreux subsides de l'Arabie
saoudite.
Le centre devint aussitt un lieu de rencontre et
d'intrigues pour tous les islamistes du monde
musulman. Il devint galement une maison
d'dition des brochures et livres des islamistes.
L'objectif tait de promouvoir l'idologie des
Frres musulmans, reconnat Hani Ramadan,
l'un des fils de Sad Radaman, qui prit la
direction du centre aprs la mort de son pre.
La cration du Centre islamique devait
raliser le rve de mon pre, c'est--dire crer
un centre qui pourrait rpandre les ides de
Hassan al-Banna. dit-il un endroit o les
tudiants des pays arabes pouvaient se
rencontrer et tre endoctrins. Selon Richard
Labeviere, un journaliste franais, qui a crit
sur les liens entre les Frres et le terrorisme,
Sad Ramadan s'est servi de Genve comme
base pour l'expansion internationale des Frres.
Le groupe a mme cr une banque en Suisse,
Al Taqwa, qui a mme des bureaux aux
Bahamas. Aprs les attentats du 11 septembre,
2001, Washington a inscrit Al Taqwa sur la
liste des organisations qui ont financ le
terrorisme.
Cette priode de la vie de Ramadan incite se
poser une autre question. Travaillait-il pour la
CIA lorsqu'il se rendit aux tats-Unis en 1953?
La famille Radaman le nie, mais des
documents des Archives nationales de la Suisse
mis au jour par Sylvain Besson, journaliste au
quotidien Le Temps, rvlent que les autorits
suisses estimaient dans les annes 60 qu'il tait
un agent de renseignements des Anglais et des
Amricains. En juillet 2005, le Wall Street
Journal, aprs d'intenses recherches dans les
archives de la Suisse et de l'Allemagne
affirmait: Des lments historiques laissent
croire que Sad Ramadan travaillait pour la
CIA. Des documents provenant des archives du
Service de renseignement de l'Allemagne de
l'Ouest, dcouverts par le Wall Street Journal
rvlent que Ramadan voyageait avec un
passeport diplomatique de la Jordanie fourni par
la CIA, que ses dpenses taient payes par les
Amricains et que Ramadan travaillait
troitement avec un comit de la CIA, le Comit
amricain de Libration contre le Bolchevisme
qui oprait Radio libre d'Europe et Radio
Libert ( deux organisations paravents de la
CIA) dans les annes 50 et 60. Toujours selon le
Wall Street Journal, en mai 1961, un agent de la
CIA rencontra Ramadan pour planifier une
campagne de propagande contre l'Union
Sovitique.
Le Centre islamique de Genve n'tait que le
dbut des ambitions de Ramadan. En 1962, il
aida crer une organisation plus puissante, la
Ligue du monde islamique, qui devait devenir le
systme nerveux central de l'internationalisme
wahhabite. Mon pre n'a pas t seulement l'un
des pres fondateurs de la ligue dit Hani
Ramadan, c'est lui qui en eut l'ide pour la
premire fois.
Disposant des gnreux capitaux de l'Arabie
saoudite, la Ligue envoya des missionnaires,
imprima de la propagande, finana la
construction de mosques et d'associations
2011 aschkel.info 20
domines par le wahhabisme, de l'Afrique du
Nord l'Asie centrale, et mme hors du monde
musulman. Selon Gilles Kepel, politologue,
spcialiste franais de l'islam radical, la Ligue
servit de canal pour acheminer des capitaux
saoudiens aux islamistes les plus radicaux,
comme la Socit islamique du Pakistan,les
djihadistes afghans et les Frres musulmans.
La Ligue identifiait les bnficiaires
potentiels, les invitait en Arabie saoudite, et
leur fournissait des recommandations qui
devaient leur assurer les largesses de riches
donateurs privs: un membre de la famille
royale, un prince ou un homme d'affaires
ordinaire. Kepel crivit dans son livre: Jihad.
Expansion et dclin de l'islamisme: La Ligue
tait dirige par des membres de la classe
religieuse de l'Arabie saoudite....et des oulmas
du sous-continent indien relis aux coles
Deobandi ou au parti fond par Mawdudi. Le
mouvement Deobandi, un mouvement ultra-
orthodoxe fond en Inde, a jou un rle crucial
dans la multiplication des madrasas (coles
coraniques) au Pakistan d'o sont sortis les
talibans.
En 1970, les Frres et Ramadan se sentirent
totalement vengs quand Nasser mourut et
qu'Anwar Sadat, qui avait t membre des
Frres dans sa jeunesse, devint prsident de
l'gypte! Un an aprs l'lection de Sadat,
Ramadan retourna en gypte la tte d'une
dlgation des Frres musulmans organise et
finance par l'Arabie saoudite, afin de
convaincre Sadat de rtablir l'organisation des
Frres, illgale depuis 17 ans.
cette poque, Sadat essayait de rompre les
liens avec l'Union sovitique afin de placer son
pays, le plus puissant pays du monde arabe, dans
l'orbite des tats-Unis et de l'Arabie saoudite.
Mais Sadat n'avait pas de base politique relle et
il dut chasser de nombreux admirateurs des
ides de Nasser de postes importants au sein du
gouvernement. Il demanda aux Frres
musulmans de l'aider crer une nouvelle base
d'appuis, et le mouvement saisit sa chance.
Durant les annes 70, le mouvement islamiste
gyptien s'tendit frntiquement, prenant le
contrle d'institutions cls et engendrant de
nombreuses organisations qui en retour,
appuyrentle djihad antisovitique de la CIA en
Afghanistan dans les annes 80. Ces volontaires
crrent une nouvelle organisation, le djihad
islamique, qui devait s'affilier Al-Qaida. Et en
1981, les radicaux se retournrent contre leur
protecteur: un islamiste assassina Sadat durant
un dfil tlvis de l'arme.
Mme s'il exerait une grande influence au
Moyen-Orient dans les annes 60 et 70,
Ramadan tait pratiquement inconnu en
Occident.Les Amricains entendirent parler de
lui pour la premire fois cause d'un meurtre
bizarre commis Washington. Ce meurtre se
rvla tre le premier acte de terrorisme
islamique auxtats-Unis. Le 22 juillet 1980, un
jeune homme, vtu comme un postier, sonna la
rsidence d'Ali Akbar Tabatabai, un ex-
conseiller de la presse l'ambassade iranienne
Washington. Aprs la chute du shah d'Iran, en
1979, Tabatabai avait cr la Fondation pour la
2011 aschkel.info 21
libration de l'Iran et tait devenu l'un des
principaux adversaires du rgime de l'ayatollah
Khomeini. Le jeune homme qui sonna porte,
tira plusieurs coups de feu sur Tabatabai qui
mourut.
rvolution de Khomeini, avait galement
rencontr le fugitif Genve, et avait organis
son vasion avec la complicit de l'ambassade
iranienne en Suisse. Il avait mme tlphon
au fils de Khomeini pour s'assurer que Belfield
y serait bien accueilli en Iran. On dcouvrit
plus tard que Belfield avait parl Ramadan
avant d'accepter un emploi de gardien de
scurit l'ambassade d'Iran Washington.
Selon The New Yorker, Belfield reut cinq
mille dollars du gouvernement iranien pour ce
meurtre.
Belfield et Ramadan se rencontrrent pour la
premire fois en juin 1975 aux tats-Unis o
Ramadan tait en tourne. La premire
rencontre eut lieu dans une chambre d'htel.
Par la suite, Ramadan passa trois mois la
modeste rsidence de Belfield,
Washington. Ramadan passait son temps lui
raconter des histoires de djihad et le jeune
Amricain en vint presque vouer un culte
l'gyptien. Selon un compte rendu de cette
relation publi par le Washington Post, Belfield
devint le secrtaire personnel de Ramadan,
son missaire et son serviteur dvou.
Radaman devint son chef spirituel pour la
vie. Ramadan dit Belfield que s'il devait
recourir la violence pour soutenir la
rvolution islamique, il n'en serait pas marqu
motionnellement - qu'une fois accompli, l'acte
violent serait oubli. Belfield devait raconter
au The New Yorker: Que le ton de Ramadan
tait tranchant. Et pour moi, c'tait comme un
ordre auquel il fallait obir.
De l'Iran, Belfield devint une sorte d'missaire
de Ramadan. Il entra mme en contact avec
Muammar Qaddafi, le leader de la Libye au nom
de Ramadan; plus tard il livra une lettre de
Ramadan au prsident afghan Burhanuddin
Rabbani. Pendant deux ans, Belfield servit en
Afghanistan parmi les djihadistes combattant
contre l'occupation sovitique.
Durant les annes 80 et 90, les rgimes de
Khomeini en Iran et la dictature islamiste de Zia
ul-Haq au Pakistan tant solidement tablis, le
djihad afghan toujours en cours et les Frres
musulmans devenus une puissante opposition
clandestine en gypte, en Syrie, en Palestine et
ailleurs, on pouvait constater que le travail
prliminaire de Sad Ramadan avait port fruit
dans tout le Moyen-Orient. Mais, l'influence de
Ramadan qui prenait de l'ge devenait moins
importante, et en 1995, il mourut l'ge de 69
ans. Son fils Hani prit la relve de la direction
du Centre islamique de Genve alors que son
autre fils, Tariq, professeur en Suisse, vita le
radicalisme de son pre en public. En 2004,
l'Universit Notre-Dame l'invita mme venir y
enseigner, mais il fut interdit d'entre parce que
ministre de la Scurit intrieure refusa de lui
accorder un visa.
Aujourd'hui, l'hritage de Sad Ramadan est
visible partout. Les Frres demeurent une
socit internationale secrte et puissante, qui
travaille tablir des Rpubliques islamiques
2011 aschkel.info 22
gouvernes selon leur vision de l'islam du 7e
sicle. Ils ont profit de l'appui de l'Iran et des
potentats arabes du ptrole pour crer une
infrastructure politique puissante qui s'tend de
l'gypte la Syrie (o leurs activits
clandestines violentesmenacent le rgime
nationaliste et sculier de Bashar al-Assad) et
qui est l'une des causes du chaos qui svit en
Iraq, o l'opposition sunnite est oriente vers le
fondamentaliste cause, entre autres, du Parti
islamique iraquien, une branche des Frres
musulmans.
Malgr un bilan aussi dfavorable, les Frres
comptent encore des dfenseurs chez les
analystes amricains. Par exemple, les
professeurs John O. Voll et John L. Esposito de
l'Universit Georgetown, deux spcialistes de
l'islam, en parlent comme d'une organisation
islamique modre qui rejette la violence et
l'extrmisme. Ces deux experts' ne manquent
pas de souligner que certains officiels
Amricains considrent que les Frres comme
d'importants allis potentiels dans la guerre
contre le terrorisme. De mme, Reuel Marc
Gerecht, un ex-agent de la CIA, maintenant
membre de l'American Enterprise Institute, un
organisme noconservateur, soutient dans son
livre, The Islamic Paradox, (2004), que mme si
les Frres prenaient le pouvoir en gypte et
supprimaient la dmocratie, les tats-Unis s'en
tireraient mieux avec les Frres qu'avec
l'actuelle dictature sculire. De la thocratie
allie des tats-Unis en train d'merger
Bagdad aux islamistes ultraconservateurs du
Pakistan, la fascination mortelle des tats-
Unis pour le fondamentalisme continue.
La confrrie des Frres musulmans : Chronique d'une barbarie annonce
Par Alain CHOUET, Ancien Chef du Service de renseignement de scurit de la DGSE (Direction Gnrale de la Scurit Extrieure) - Chercheur invit lESISC
Repris par nuit dorient. (le 25/01/10)
Dans le sillage des violences terroristes de ces
cinq dernires annes, les tristes exploits du
groupe Zarkawi en Irak, la prise du pouvoir par
le Hamas Gaza, les succs lectoraux des
islamistes en gypte ont fini par attirer
lattention des observateurs sur lAssociation
des Frres Musulmans et sur ses manations
politico-militaires que sont les Jamaa'h
Islamiyyah (Groupes islamiques) souvent plus
connues sous leurs dsignations locales ou de
circonstance (Jihad islamique, GIA, GICM, Al-
Qada, Groupe Zerkawi, etc.).
Tardive dcouverte par les mdias occidentaux
dune mouvance qui rythme depuis le milieu du
20me sicle la plupart des volutions politiques
du monde arabe et musulman et dont lessence
mme implique lexclusion, la violence, la
coupure et laffrontement avec le reste du
2011 aschkel.info 23
monde.
Nourrie des contradictions internes du tiers
monde musulman, de lingalit et de
linjustice des rapports Nord-Sud, sachant
profiter de tous les dsordres politiques,
conomiques et sociaux affectant les
communauts musulmanes, la Confrrie est
devenue surtout aprs leffondrement du bloc
communiste - le seul acteur transnational
susceptible de grer et d'instrumentaliser son
profit les contentieux politiques et sociaux de
laire musulmane.
Naissance de la confrrie
Fonde en 1928 Ismalia (gypte) par
linstituteur Hassan al-Banna (grand-pre du
trs mdiatique Tariq Ramadan) qui navait
aucune formation ou lgitimit religieuse, la
Confrrie se voulait dabord dans la ligne
dun certain nombre de thoriciens musulmans
modernistes (Djamaleddin al-Afghani,
Mohammed Abdou, Rashid Rida) - un
mouvement de rforme dun Islam en
dliquescence dont les adeptes navaient pas su
faire face aux volutions du monde moderne et
se trouvaient de ce fait placs sous la
domination trangre de puissances coloniales
prdatrices.
Or, loin de sancrer dans la modernit et
ladaptabilit, Hassan al-Banna fait rsolument
le choix de la raction et de laffrontement.
Le postulat politique de base des fondateurs de
la Confrrie tenait de fait en un syllogisme
simple, voire simpliste :
- LIslam a connu une gloire et un rayonnement
ingals pendant lge dor de ses anctres
fondateurs (salaf),
- Or, toutes ses interprtations et volutions
novatrices nont conduit qu la ruine et
lasservissement,
- Donc, il faut faire table rase de toutes ces
volutions et revenir lIslam des origines,
limitation des fondateurs (tabligh), et en
particulier la lecture littrale des textes
rvls, pour retrouver lge dor.
Dans une gypte alors sous contrle britannique
relay par une monarchie dorigine
albanaise implante par lancien occupant
ottoman se dessinent, travers linstauration
dun Parlement, les prmices balbutiantes mais
relles dune dmocratie lective. La
dmonstration des "Frres" sduit
immdiatement nombre dlites intermdiaires
2011 aschkel.info 24
exclues du pouvoir et des privilges
notamment en termes de rente - qui y sont
attachs parce qu'elles n'ont aucune des
qualits ncessaires pour le conqurir et
l'exercer dmocratiquement. Il s'agit en gnral
de la frange la plus conservatrice et la moins
dynamique du commerce, de l'artisanat, des
employs moyens de la fonction publique, de
l'enseignement et de certaines professions
librales. Lordre thocratique islamique prn
par la Confrrie, rgi la lettre par des sources
du droit vieilles de quinze sicles, confrerait
ces cadres naturels de la socit une lgitimit
transcendantale et confortable qu'il n'est besoin
ni de conqurir ni de disputer, contrairement au
modle dmocratique et lectif de lOccident.
De fait, et ds sa naissance, la Confrrie
reproduit les schmas des organisations
dextrme droite partout dans le monde.
Elle en reproduit galement les modes de
fonctionnement : xnophobie, exclusion, rejet
de toute dmarche scientifique, insultes et
anathmes, violences physiques.
Hassan el-Banna est excut en 1949 pour sa
participation lassassinat du Premier Ministre
gyptien.
Associs la lutte nationaliste contre la
prsence britannique et contre la cration de
ltat dIsral, les Frres Musulmans
comptaient en retirer les bnfices ds 1952
par l'accession au pouvoir du Gnral Naguib,
sympathisant de la premire heure. Leur hte
vouloir liminer physiquement Gamal Abd-el-
Nasser, vritable organisateur du putsch, mais
considr comme trop incertain, leur vaut une
vigoureuse raction de ce dernier qui arrache le
pouvoir Naguib et dcrte contre eux une
politique de rpression impitoyable. Cette
rpression est marque par linterdiction lgale
de la Confrrie en 1954, des perscutions et
procs permanents, lexcution de plusieurs de
ses leaders dont, en 1966, Sayed al Qotb,
idologue dun nouveau radicalisme et pre
spirituel des activistes daujourdhui.
Stratgie de la Confrrie
La rpression dont elle est lobjet modle les
contours et la stratgie contemporaine de la
Confrrie, selon des axes dont elle ne se
dpartira plus: clandestinit, duplicit,
exclusion, violence, pragmatisme et
opportunisme. En se rfugiant dans la
clandestinit, la Confrrie abandonne toute
forme dorganisation hirarchise ou pyramidale
trop vulnrable. La direction idologique est
assure de faon informelle et consensuelle par
un collge danciens et la direction
oprationnelle revient une insaisissable
Organisation Secrte (Tanzim as-Sirri) trs
dcentralise. Quelles soient politiques ou
militaires, les actions subversives de la
Confrrie sont laisses linitiative de chaque
cellule de base. Ces actions nobissent aucun
plan concert ou tactique court terme. La seule
exigence est quelles sinscrivent dans une
stratgie long terme de prise du pouvoir par
tous les moyens. Et cette stratgie repose sur
deux piliers fondamentaux formaliss par Sayed
2011 aschkel.info 25
al Qotb : rupture du lien entre les populations
du monde musulman et leurs dirigeants, dune
part, et, dautre part, rupture du monde
musulman avec le reste du monde afin de
permettre dy prendre le pouvoir sans
intervention extrieure. Toute initiative allant
dans ces directions,
quelle soit lgale ou illgale, pacifique ou
violente, visible ou clandestine est la
bienvenue et intgre au plan densemble qui
doit mener les leaders de la Confrrieau
pouvoir et aux rentes qui y sont lies.
Dissmination de la Confrrie
Cette confrrie aurait pu rester un mouvement
populiste subversif, limit la vie publique
gyptienne. Elle va se dissminer lensemble
du monde arabe et musulman favorise par une
succession de conjonctions historiques
favorables. La premire vague de rpression
qui frappe les militants dans les annes 50-60
contraint plusieurs milliers dentre eux lexil.
Cette premire diaspora se situe dans une
priode de dcolonisation politique ou
conomique de nombre de pays arabes et
musulmans qui, par rflexe nationaliste et
identitaire, entendent promouvoir leurs propres
valeurs linguistiques et culturelles. Ils
manquent cependant le plus souvent de la
ressource humaine (enseignants, historiens,
religieux) ncessaires cette politique, les
puissances occupantes ayant videmment
dcourag toute espce de formation dans ces
domaines. Les militants exils de la Confrrie
fournissent bon compte les cadres utiles ces
politiques. Cest le cas au Maghreb, au Soudan,
dans les pays du Golfe, au Liban, en Jordanie,
en Syrie (en particulier la faveur de la brve
union syro-gyptienne de 1958-1962).
Les pays daccueil sinquitent rapidement des
efforts de propagande et de recrutement de ces
nouveaux zlotes. Si certains sen accommodent
de plus ou moins bonne grce (Jordanie,
Soudan), dautres (Syrie, Irak, Libye) passent
rapidement la rpression, alimentant la
diaspora des Frres de nationalits diverses, si
bien que le mouvement stend au sous-
continent indien, lIndonsie et la cte
orientale de lAfrique. Au Pakistan, les
Frres rencontrent les nationalistes
ultrareligieux de lcole Dobandie qui
remchent leur haine de lInde et leur rancoeur
de la partition et de lexode. Le cocktail se
rvlera plus tard explosif.
Financement de la Confrrie
Car, si le corpus doctrinal de la Confrrie est
maintenant peu prs fix, il leur manque
encore un lment dinfluence essentiel: les
moyens financiers permettant dacheter les
consciences, de constituer des clientles, de
former et entretenir les militants, de dresser les
masses contre les pouvoirs en place en
investissant le crneau ducatif et social trop
souvent dlaiss dans les pays du tiers-monde
ou les minorits migres en Occident. Ils leur
viendront essentiellement et massivement
dArabie Saoudite. La famille Saoud a bti sa
lgitimit politique sur la garde des lieux saints
de lIslam quelle a usurpe en 1926 au
2011 aschkel.info 26
dtriment des Hachmites. Son pouvoir est
donc menac sur deux fronts. Elle craint tout
autant une pousse dmocratique et lacisante
quune pression islamique qui prtendrait la
dpasser en matire de valeurs
fondamentalistes. Or, si les Sa oud disposent
grce aux revenus du ptrole des moyens
financiers de ce "double-containment ", il leur
manque eux aussi la ressource humaine de
cette politique. Le rseau, devenu mondialis,
des
Frres va leur fournir, non sans arrire-penses,
cet lment dterminant en assurant
lanimation des structures politiques,
religieuses, culturelles de contrle de lIslam
dans le monde entier et en organisant la
subversion dans les pays jugs menaants pour
la prennit du pouvoir des Saoud.
Influence iranienne
Dabord concentrs sur les pays musulmans
lacisants ou proto dmocratiques (gypte,
Syrie, Irak, Algrie, Ymen, Turquie), les
efforts de subversion des Frres stendent
rapidement aux monarchies rivales des
Saoud (Jordanie, Maroc).
Mais la vritable extension de leur influence
lchelle mondiale sera provoque par la
rvolution islamique iranienne partir de 1978.
Lmergence Thran dun vritable ple de
rivalit la lgitimit religieuse des Saoud
conduit ces derniers tenter de mettre en place
un systme plantaire dorientation et de
contrle de lIslam au travers dONG et
dassociations dont les Frres constituent
lossature. Les moyens ne manquent pas depuis
la
monte des revenus du ptrole en 1973, et ils
sont essentiellement consacrs aux zones ou un
Islam mal fix pourrait ouvrir la porte
linfluence iranienne, essentiellement lAfrique
et les communauts musulmanes migres en
Occident. La pntration de ces dernires est
facilite par le fait que la crise conomique qui
frappe lOccident aprs le premier choc ptrolier
les conduit des phnomnes
dappauvrissement, dexclusion, voire de rejet.
Traditionnellement places sous le contrle
conjoint mais assez superficiel des pays
daccueil et des pays dorigine, ces
communauts se montrent trs permables au
discours populiste, identitaire et revendicateur
des Frres qui en prennent majoritairement le
contrle via leurs manations locales (UOIF en
France) en une dizaine dannes avec un triple
objectif : monnayer leur capacit de
mobilisation auprs des sponsors saoudiens,
constituer une masse de manoeuvre contre les
rgimes des pays dorigine, rendre lIslam
hassable aux Occidentaux afin que ceuxci
naient pas la tentation dintervenir dans le
monde musulman.
Moyens militaires et oprationnels
Cest galement dans la dcennie 80-90 que la
Confrrie complte sa capacit idologique et
financire avec une capacit militaire. Elle le
doit au besoin complmentaire de lOTAN et de
lArabie de trouver des relais locaux de
2011 aschkel.info 27
rsistance et de lutte contre linfluence
iranienne et de provoquer lpuisement de
lUnion sovitique dans le bourbier afghan. Si
les membres de la Confrrie disperss dans la
zone concerne ont dj organis un bon
maillage idologique des populations pauls
par le fondamentalisme pakistanais et les fonds
saoudiens, ils nont gure daptitude
lorganisation oprationnelle et la lutte
arme. Ce vide sera rapidement combl.
Ds 1981, forts du soutien populaire acquis sur
le crneau social et protestataire, les Frres
pensent tre enfin mme de parvenir la
conqute du pouvoir au Caire en liminant le
Prsident Sadate. Faute davoir assur un
noyautage pralable suffisant de lArme et des
services de scurit, leur tentative choue et
plus de trois cent cadres de la Confrrie, dont
la quasi-totalit de lOrganisation Secrte, sont
arrts, incarcrs et mis en jugement. Une
cinquantaine dentre eux sont condamns
mort et rapidement excuts. Condamns des
peines de prison de dures diverses, les autres
sont progressivement librs la demande
pressante dorganisations caritatives islamiques
saoudiennes et dassociations de bienfaisance
amricaines
Parmi les librs qui sempressent de quitter
lgypte, on trouve Sheikh Omar Abd-el-
Rahman, organisateur du premier attentat la
bombe contre le World Trade Center New
York, Ayman Zawahiri, vritable cerveau de ce
qui allait devenir Al-Qaeda, et une centaine de
cadres oprationnels qui rejoignent rapidement
les principaux thtres doprations militaires du
mouvement pour former, encadrer et diriger les
troupes. Par leurs exploits rels ou mythifis,
notamment en Afghanistan, puis en Bosnie et en
Tchtchnie, ils contribuent largement
lgitimer et magnifier, dans le monde musulman
et ses communauts migres, la crdibilit et le
prestige de la Confrrie, de ses stratgies, de son
idologie et de ses mthodes, au point de
dconsidrer par avance tout autre mode de
pense et daction en Islam.
La Confrrie devient autonome
Pass cette priode dinstrumentalisation au
profit des Etats-Unis et de lArabie, la
Confrrie, nantie de moyens financiers
confortables et dune capacit oprationnelle
solide, reprend, partir du dbut des annes 90,
son autonomie de stratgie et de gestion. La
ligne du parti demeure immuable : couper le
monde musulman du reste de la plante pour
tre mme dy prendre le pouvoir par tous les
moyens. La vague de terrorisme
fondamentaliste qui frappe autant lOccident
que les rgimes musulmans "impies" partir de
1998, lengagement des militants sur toutes les
frontires du monde musulman, lagitation
pseudo-identitaire permanente des communauts
musulmanes migres en Occident, participent
de cette stratgie. Car, face au risque de voir se
tarir le soutien financier des ptromonarchies et
le soutien militaire amricain, les Frres doivent
rechercher au sein mme des masses
musulmanes les appuis ncessaires au
dveloppement de leur emprise et de leur image.
2011 aschkel.info 28
Cela suppose lexcution dactions
spectaculaires et une forte mdiatisation de ces
actions qui conduiront la vague plantaire
dattentats suicide des annes 1998-2005,
lengagement du Hamas dans un conflit
inexpiable avec Isral, loffensive
antioccidentale et anti-chiite du groupe
Zarkawi en Irak. La liste nest pas close et ce
cycle de violence en pleine expansion na
dautre raison de prendre fin que la prise tant
convoite par la Confrrie du pouvoir dans un
certain nombre de pays musulmans, de
prfrence les plus riches.
La conversion dmocratique de Mohammed
Mehdi Akef, grand matre de la Confrrie en
gypte, les vituprations dAyman Zawahiri
contre les Frres dgypte ou de Jordanie qui
ont ralli les processus lectoraux, lapparente
modration du discours dun Tareq Ramadan
face ses interlocuteurs institutionnels
europens ne devraient abuser personne.
Comme tout les mouvements fascistes en qute
de pouvoir, la Confrrie a acquis une parfaite
matrise du double langage. Il lui faut mnager
toutes les voies possibles daccession au
contrle des masses et au pouvoir.
Ds les annes 1935, Hassan el-Banna et
nombre de Frres de la premire heure avaient
offert leurs services lAbwehr. Au-del de la
rsistance la prsence britannique en gypte,
lengagement de Hassan el- Banna tait dict
par une vritable admiration pour Hitler et le
rgime nazi. En 1942, aux cts de Hadj Amin
el-Husseini, grand Mufti de Jrusalem et Frre
historique , il encourage les Musulmans
bosniaques, albanais et maghrbins sengager
dans les divisions SS Handschar, Kama et
Skanderbeg cres leur intention.
La Confrrie est une barbarie fasciste
Dans son historique, sa stratgie et ses tactiques,
la Confrrie sapparente de fait aux pires
mouvances fascistes: mme apptit de pouvoir
et de rentes, mme recrutement petit-bourgeois,
mme socle idologique fond sur des valeurs
identitaires mythiques excluant tous ceux qui ne
les partagent pas, mme duplicit pragmatique,
mme violence terroriste magnifie pour souder
les militants et ttaniser les opposants, mmes
assassinats politiques, mme haine de la
dmocratie que lon se rserve cependant
dutiliser en vue de parvenir au pouvoir pour
mieux lliminer ensuite, de dtournement des
procdures dmocratiques, mme volution
historique maille de putschs rats, de
terrorisme russi, de service
rmunr des puissants, dexploitation de la
misre et des peurs des plus dfavoriss, de
sacrifice mprisant des militants de base.
Mme si elle a eu lhabilet de saffubler de
lpithte "musulmans", la Confrrie des Frres
na pas plus voir avec lIslam que les
diffrents mouvements fascistes europens du
20me sicle navaient voir avec les valeurs
fondamentales de lEurope ou la chrtient.
Elle na fait que prendre la religion en otage et
la confisquer ses propres fins. Lerreur, tant
2011 aschkel.info 29
pour les Musulmans que pour les Occidentaux,
serait de faire son jeu et de la considrer
comme un interlocuteur reprsentatif de
lIslam et un mdiateur politique ou social.
Comme tous les fascismes, la Confrrie nest
porteuse que des apptits et des fantasmes
de ses chefs et grosse de barbarie.
________
Note
(1) De 1972 2002, M. Alain Chouet a fait toute sa carrire au sein du SDECE (Service de Documentation Extrieure et de Contre-Espionnage) puis de la DGSE (Direction Gnrale de la Scurit Extrieure), les services
spciaux franais. Il a altern les dtachements
ltranger ( Beyrouth, Damas, Rabat, Genve, Bruxelles)
et les fonctions ladministration centrale: Chef du
Bureau de coordination des recherches et oprations anti-
terroristes (1980- 1985), conseiller technique du Directeur de la Stratgie (1990-1992), conseiller
technique du Directeur du Renseignement, Chef du
Service du Renseignement de Scurit. Il est titulaire des
distinctions suivantes : Chevalier de la Lgion
dhonneur, Officier de lordre national du mrite,
Croix de la vale