28/01/10 21:45 - LE_SOIR du 29/01/10 - p. 41

● Alex Vizorek décorti-que l’art. Un spectaclesaisissant sur un sujetsi souvent ignoré.● C’est l’ humoriste bel-ge qui monte.● Des textes compara-bles à de l’orfèvrerieparsemés de jeux demots.

L ’historien et politologue amé-ricain Howard Zinn est décé-

dé mercredi, d’une crise cardia-que, à Santa Monica, en Califor-nie, à l’âge de 88 ans. Il était, avecle linguiste Noam Chomsky, l’in-tellectuel de gauche le plus im-portant des Etats-Unis.

Après s’être enrôlé très jeunedans l’US Air Force par convic-tion antifasciste, Howard Zinnentra au Spelman College d’At-lanta, dont il dirigea le départe-ment d’histoire et de sciences so-ciales. En 1963, il en fut renvoyépour avoir pris parti contre la sé-grégation. En 1964, il sera cepen-dant nommé professeur au dépar-tement de science politique del’Université de Boston et y pour-suivra son activisme, notammentcontre la guerre du Vietnam.

En 1980, Howard Zinn publiaune Histoire populaire des Etats-

Unis (éd. fr. Agone, 2002) qui fai-sait la part belle à des épisodes ha-bituellement occultés : ethnoci-de amérindien, combats syndica-listes et féministes, etc. Le millio-nième exemplaire du livre est sor-ti de presse au printemps 2003.

Le mois dernier, à l’occasion dela publication de La mentalitéaméricaine (Lux), une compila-tion de courts essais, l’auteurnous avait accordé une longue in-terview (Le Soir du 22/12). Nousl’avions notamment interrogésur Obama. « J’ai voté pour lui,expliqua Howard Zinn. Mais,connaissant l’histoire des prési-dents charismatiques – en réalitéattachés au double principe dusystème politique américain : lecapitalisme et l’expansion natio-nale – je n’ai pas été surpris quela promesse de changement n’aitpas été tenue. » ■ W. B.

Il a des airs d’Hugh Grant, un hu-mour façonné de jeux de mots etun hypothalamus renforcé. Et il

est belge, non pour nous déplaire. Lais-sez-moi vous présenter Alex Vizorek.Un petit nouveau sur le marché de l’hu-mour. Mais pas des moindres.

A 28 ans, il accouche de son premierone-man show « Alex Vizorek est uneœuvre d’art ». Un titre aguicheur maispas prétentieux. « Je me suis inspiré del’effet Magritte et de sa célèbre phrase :Ceci n’est pas une pipe. Dans un dessketches, je me statufie et c’est moi l’œu-

vre d’art. D’où le titre ». Et justement,l’art il en parle puisque c’est le sujet deson spectacle. Mais n’ayez crainte, pasl’art pompeux et ennuyeux que vouspensez. Non, un art surprenant, insoli-te et tout à fait innovant. Par exemple,les joueurs de cymbales et les écrivainsjaponais suicidaires. «Il s’agit d’unegrande farce sur un thème qui ne l’estpas. Je me moque de l’art, avec respect etrigueur bien sûr », précise l’artiste.

Une plus-value made in VizorekL’humoriste veut être un compromis

entre Fabrice Lucchini qu’il admire etGad Elmaleh. A mi chemin entre des ré-férences élitistes et des scènes du quoti-dien. Parce qu’Alex Vizorek ne doit sur-tout pas rougir de ses compétences. Sestextes viennent tous de sa propre plu-me. Un subtil mélange de Molière, Ro-land Barthes et Paul Valéry. « Certainsmettent en avant leur physique, moi,ma plus-value, c’est l’écriture ».

Diplômé de Solvay, il a ensuite étudiéle journalisme à l’ULB (il est d’ailleurscollaborateur sportif à Bel RTL). Soncostume de scène, une chemise blancheet une cravate noire serrée, lui donnentune image d’intello. Qu’il ne cultive pasmais il assume. « C’est une espèce de ca-rapace. Mon personnage pousse mes dé-fauts à l’extrême. Je représente l’ambi-guïté du gars qui lit des bouquins tor-dus mais adore regarder le foot. Je n’aipas beaucoup confiance en moi, si cen’est la maîtrise du langage. J’adore lesmots. Et c’est sans doute pour cela que

j’aime faire rire», avoue-t-il.Adolescent, il lisait déjà des poèmes

de Prévert lors des cours de diction. Il ajoué dans des pièces de théâtre sansavoir le courage de se lancer dans la ca-pitale française. Après ses études, samère l’y a poussé. L’humoriste a suiviles cours Florent et a été lauréat du PrixSilvant et du Grand Tremplin de l’hu-mour des Tanzmatten. «L’artiste fran-cophone ne réussit que s’il prospère à Pa-ris. Le belge est à l’image de Mannen-ken Pis : petit, humble et provocateur.Il pisse à la face du monde et tout lemonde aime ça ». Il y rencontre Stépha-nie Bataille qui deviendra son metteuren scène. En juin 2009, il rejoint la ban-de des Kings of Comedy. « C’est un com-bat d’orgueil permanent (rires). Noussommes comme une famille, il y a unesynergie entre les artistes et on s’entrai-de ».

A peine son premier one-man showsur pied, l’orfèvre de l’humour s’atta-que à la radio avec son collègue Kodydans des interviews posthumes de célé-brités. Alex Vizorek dans le rôle du pré-sentateur et son partenaire tantôt dansle rôle de Staline tantôt Jules César réin-carné en directeur de club échangiste.

Dans l’atmosphère ouatée du théâtrele Petit Chapeau Rond Rouge à Bruxel-les, Alex Vizorek dépose dès ce soir sesvalises pour cinq représentations, déjàsold-out. La Belgique en redemande ■ BARBARA MEYVAERT (st.)

ww.kingsofcomedy.be

Le groupe Ghinzu s’attaque à la scène de Forest National le 6 février 2010. Les cinqbelges interpréteront leur troisième opus « Mirror, Mirror » après leur succès avecl’album « Blow » vendu à 100.000 exemplaires. © ROGER MILUTIN

L’ESSENTIEL

Howard Zinnincarnait la gauche US

laculture

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Tirage du 28/1/2010

Tirage du 28/1/2010Kenophone : 0900/22880

Ceci n’est pas un comique

Histoire / Mort d’un rebelle de 88 ans

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Humour / « Alex Vizorek est une œuvre d’art », un one-man show 100% belge

ALEX VIZOREK n’estpas un fétichiste ducerveau. Quoiqu’ils’en serve abondam-ment pour son one-man show, n’emme-nez donc pas le vôtre,vous n’en avez pas be-soin. © ALAIN DEWEZ.

Le Soir Vendredi 29 janvier 2010

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